Préambule de la première partie
p. 33
Texte intégral
1Le tableau qu’offrent au xie siècle aussi bien al-Bakrī que les documents de la Geniza montre au Maghreb une façade maritime ponctuée de ports actifs et prospères, intégrés dans des réseaux d’échanges à la fois terrestres et maritimes. Il est cependant le résultat d’une lente construction qui s’étale sur les premiers siècles de la présence musulmane dans la région. Les choix opérés par les conquérants suggèrent en effet, sinon une méfiance absolue vis-à-vis de la mer, du moins une priorité donnée aux axes terrestres et aux régions intérieures, parfois très éloignées de la mer. La compréhension des logiques à l’œuvre dans les réseaux d’échanges et leur relation aux espaces maritimes nécessite donc d’analyser comment, selon quelles logiques et suivant quelle chronologie, les villes portuaires se sont peu à peu affirmées et intégrées à des circuits commerciaux, mais aussi dans des espaces politiques. L’étude de la genèse des réseaux n’est jamais aisée, car le plus souvent ils n’émergent dans les textes que lorsqu’ils sont déjà constitués et opérants1. Dans le cas du Maghreb des premiers siècles de l’Islam, la tâche est rendue plus délicate encore par le caractère tardif de ces textes et leur point de vue centré sur les deux principales capitales de l’Occident musulman que sont Kairouan et Cordoue, laissant dans l’ombre une grande partie de l’espace considéré, notamment tout le Maghreb central. En outre, la place qu’occupent dans les chroniques les faits militaires conduit à privilégier des logiques politiques et stratégiques, alors que le mouvement lent de construction des réseaux marchands est plus difficile à mettre en lumière. Ces sources, avec leurs limites, permettent pourtant de voir un mouvement continu, avec parfois des moments d’accélération, de construction d’un espace maritime et portuaire et son intégration dans des réseaux d’échanges de plus en plus dynamiques, le tout dans un contexte marqué par la formation d’un vaste ensemble de territoires gagnés par l’Islam, qui forment un premier « système-monde » cohérent et articulé.
Notes de bas de page
1 Coulon, Valérian, 2010, p. 8.
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