Avant-propos
p. IX-XX
Texte intégral
1L’ambition de ce livre est de proposer un regard nouveau sur le Guzmán de Alfarache, sur le Quichotte, et, plus généralement, sur ce qu’il est convenu d’appeler la naissance du roman moderne en Espagne. Pour mener à bien ce programme, cet ouvrage adopte un angle d’attaque singulier qui consiste à étudier ces deux chefs-d’œuvre de la prose de fiction du Siècle d’or en relation avec leurs continuations dites « apocryphes ».
2Les Premières parties du Guzmán alémanien et du Quichotte cervantin ont en effet en commun d’avoir donné lieu à des continuations dues à d’autres auteurs, parues alors qu’Alemán et Cervantès préparaient eux-mêmes des suites de leurs romans. Publiés sous des pseudonymes, respectivement à Valence en 1602 et à Tarragone en 1614, le Guzmán de Luján et le Quichotte d’Avellaneda ont suscité depuis longtemps la défiance de nombreux lecteurs, notamment parce qu’Alemán et Cervantès les critiquèrent vigoureusement. Dans leurs propres Secondes parties, en 1604 et en 1615, ils accusent ces auteurs masqués de tromper le public en se livrant à une appropriation abusive de leurs textes, qui dénature leurs projets d’écriture. L’entreprise des continuateurs peut donc apparaître à certains égards comme une imposture.
3Il est vrai que Luján et Avellaneda mettent en œuvre une pratique très libre de l’emprunt : ils se permettent l’un et l’autre des écarts importants par rapport à leurs modèles et introduisent même des innovations. Mais ces éléments ne sont-ils pas précisément le signe que leurs romans comportent une part remarquable de création ? Contrairement aux apparences, cette prise de distance par rapport aux œuvres premières ne traduit pas des maladresses ou des « erreurs », mais relève, bien au contraire, d’initiatives délibérées. Ces gestes créateurs méritent d’autant plus d’attention qu’ils nourriront et stimuleront, par la suite, l’inventivité des auteurs originaux. Ils conduiront ces derniers à porter un regard rétrospectif sur leurs œuvres et à remanier — voire à réécrire — leurs propres Secondes parties, les écrivains initiaux et leurs compétiteurs méditant puis s’appropriant ainsi tour à tour les réussites et les audaces des fictions concurrentes. C’est la fécondité et la richesse de ces différentes interactions romanesques, sans doute jusqu’ici sous-estimées, que ce livre aimerait mettre en lumière et analyser.
4Cet ouvrage est la version remaniée et considérablement allégée d’une thèse de doctorat (Pratiques de l’apocryphe dans le roman espagnol au début du XVIIe siècle) soutenue à l’université Michel de Montaigne - Bordeaux 3 le 12 novembre 2010, devant un jury composé par Maria Aranda (université Bordeaux 3), Frédéric Bravo (université Bordeaux 3), Anne Cayuela (université Stendhal - Grenoble 3), Jean-Pierre Étienvre (université Paris-Sorbonne), et Pedro Ruiz Pérez (université de Cordoue).
5Je remercie chaleureusement chacun des membres de ce jury pour ses précieux conseils, avec une mention particulière pour ma directrice de recherche, Maria Aranda, qui m’a apporté un soutien indéfectible tout au long de mon parcours et dont les remarques ont constamment éclairé ma démarche. Je tiens aussi à exprimer ma gratitude au personnel de la Casa de Velázquez, qui m’a accueilli pendant deux ans, et plus particulièrement à son directeur, Jean-Pierre Étienvre, sans qui cet ouvrage n’aurait sans doute jamais vu le jour. Mes remerciements s’adressent enfin à tous ceux qui, à différents stades de la rédaction, m’ont patiemment aidé à relire ce manuscrit : Lauren Alvarez-Debost, Anna Alvarez, Marie Alvarez, Océane Debost, Pierre Rigoulot, Philippe Rabaté, Olivier Biaggini, Héloïse Daubert et Olivier Merlin.
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