Introduction. Guerre d’Indépendance et libéralisme : à la croisée de deux rénovations historiographiques
p. 1-12
Texte intégral
1Ce livre repose sur un constat et sur un projet historiographique. Le constat est celui d’un contraste saisissant entre l’ampleur éditoriale, scientifique et sociale de la célébration du bicentenaire de la guerre d’Indépendance en Espagne1 et la très grande discrétion, pour ne pas dire plus, de l’écho de ce bicentenaire en France où seuls quatre colloques ont eu lieu2 et où les publications importantes en français se comptent sur les doigts d’une main. Depuis les travaux majeurs et pionniers de Jean-René Aymes qui ont été republiés et de Gérard Dufour, centrés sur le clergé et les afrancesados3, on ne compte que deux numéros thématiques de revues (les Annales historiques de la Révolution française en 2004 et les Mélanges de la Casa de Velázquez en 2008), quelques ouvrages qui n’apportent pas grand-chose de neuf4, à l’exception des aspects militaires, cinq thèses importantes, dont deux, celles de Richard Hocquellet et de Jean-Marc Lafon, ont été publiées en français5. À ceci s’ajoute la publication récente des Actes du colloque qui s’est tenu en 2008 à Aix-en Provence 6, ainsi qu’une poignée d’articles dispersés dans diverses revues ou publications collectives7. À quelques brillantes exceptions près, l’Empire ne fait plus guère recette dans l’historiographie française et les rares spécialistes de cette période ne se sont penchés que de manière secondaire sur l’épisode espagnol de l’Empire8. Pourtant, l’étude de la guerre d’Indépendance espagnole, déclenchée par l’invasion des troupes napoléoniennes, les abdications de Bayonne et le changement de dynastie, a été l’objet d’un profond renouveau depuis la fin des années 1990, renouveau dont témoignent bon nombre de publications et de colloques célébrés à l’occasion du bicentenaire. Or, en dehors des travaux évoqués précédemment, les lecteurs francophones ne peuvent avoir accès à ce mouvement puissant et pluriel de rénovation.
2En s’appuyant sur le désir de faire connaître cette production historiographique, notre projet scientifique repose sur la volonté de mettre en relation cette dernière avec un autre chantier historiographique qui a connu, lui aussi, un renouvellement profond : celui de la naissance et du développement du libéralisme en Espagne, de 1808 à la phase démocratique qui a suivi la Gloriosa, la grande révolution de septembre 1868. Ce renouveau est encore plus discret dans les travaux publiés en langue française puisque seuls quelques articles en témoignent9 et qu’aucun des ouvrages majeurs publiés en Espagne n’a été traduit. Quelle est la place de la guerre d’Indépendance dans la construction d’une idéologie et d’une pratique libérale en Espagne ? Les caractères du libéralisme espagnol sont-ils conditionnés par le contexte guerrier de naissance du mouvement ? Comment les libéraux ont-ils lu et interprété l’événement ? Comment s’en sont-ils approprié la mémoire ? Voici quelques-unes des questions soulevées par cet ouvrage qui s’inscrit par ailleurs dans un cadre qui dépasse les frontières de la péninsule Ibérique. Les nouvelles approches historiographiques que nous avons évoquées insistent sur l’inscription de la guerre d’Indépendance et du libéralisme espagnol dans un espace européen et hispano-américain. Cette dimension est essentielle sur le plan militaire, mais aussi sur les plans culturel et politique pour appréhender notre objet d’étude.
I. — LA GUERRE D’INDÉPENDANCE ET LA NAISSANCE DU LIBÉRALISME
3Les travaux menés autour du bicentenaire de la guerre d’Indépendance nous renvoient l’image d’un moment historique d’une rare complexité, irréductible à une lecture unique. La revalorisation de la portée de l’œuvre du comte de Toreno n’est pas un hasard car elle fut la première à traduire de manière aussi explicite l’emboîtement de divers processus en cours : le soulèvement national, la guerre, la révolution10. À ceci doit s’ajouter le fait que le conflit fut aussi une guerre civile, comme le prouvent les travaux sur les afrancesados et sur la collaboration avec les Français11, et que l’intensité de la crise de 1808 fut largement liée à de fortes tensions politico-sociales, comme l’a fort bien mis en lumière Ronald Fraser dans sa remarquable synthèse12.
4La révolution est une des facettes de la guerre qui débuta en 1808. L’invention de la souveraineté nationale, la réunion des Cortès et la Constitution de 1812 sont autant de marqueurs de la naissance du mouvement libéral espagnol. Le terme révolution est pris ici dans son sens politique le plus large, comme changement politique et juridique radical et il ne s’agit pas de revenir sur les vieilles lunes des débats des années 1970-1980 qui portaient sur l’existence ou non d’une authentique révolution à Cadix durant la guerre d’Indépendance. Révolution il y a eu indiscutablement ; l’important est la nature de cette révolution. Une première question a alors divisé les historiens à l’heure d’évaluer ce moment historique : la révolution est-elle le terme logique d’un processus politique de remise en cause de l’absolutisme, d’émergence lente d’une opinion publique et d’une nation, processus enclenché plusieurs décennies auparavant, ou est-elle le résultat d’un enchaînement de circonstances directement liées à la guerre ? La question peut être reprise sous un autre angle au travers de la phrase volontairement provocatrice de José María Portillo Valdès :
Así como no hubo revolución socialista en la Inglaterra preindustrial y sí en la agraria Rusia, hubo revolución en aquella España clerical, fanática y escasamente comercial, casi nada ilustrada13.
5L’historiographie libérale du XIXe siècle voulait voir dans le soulèvement populaire anti-français un sentiment de défense mêlé à un désir de réformes ainsi que l’expression d’une communauté naturelle qu’était la nation. Dans sa célèbre Histoire d’Espagne, Modesto Lafuente décrivait une nation espagnole qui retrouvait, dans la lutte contre les Français et dans la révolution, le sens de la liberté qu’elle avait perdu depuis l’avènement des Habsbourg. Dans les années 1950, Miguel Artola reprenait en partie cette tradition et insistait sur l’effondrement brutal de l’Ancien Régime, l’avènement de la nation et de la légitimité populaire. Un peu plus tard, Antonio Elorza partait à la recherche des origines de la révolution et les trouvait dans un pré-libéralisme qui serait apparu dans le milieu des Lumières dès les années 179014. Toutes ces interprétations ont en commun une approche marquée, à un degré plus ou moins important, de téléologisme. Elles ont été remises en cause à partir des années 1990, en particulier au travers des travaux devenus célèbres qui décortiquaient la création du mythe de la guerre d’Indépendance comme soulèvement de la nation espagnole15. En s’inspirant des thèses forgées par François Xavier Guerra pour le Mexique, Richard Hocquellet fut le premier à offrir dans sa thèse une archéologie de la révolution dans le court terme des années 1808-1810. À partir de l’étude des débats qui animaient les juntes, il montra par quels chemins le soulèvement, de nature profondément traditionaliste en mai 1808, devint révolutionnaire à partir de 1809 pour déboucher sur la convocation des Cortès sous une forme nouvelle. Avec l’absence du roi, la communauté qui s’incarnait par ses juntes se réappropria provisoirement cette souveraineté, dans l’attente du retour du souverain. L’ensemble des juntes se découvrit comme formant une communauté unique, unie par un projet commun, une communauté devenue nation. Si l’on ajoute l’apparition d’une opinion publique, on passe de la patrie à la nation, « du bien public à la volonté générale16 ».
6Les thèses libérales traditionnelles sont toujours bien représentées dans la production éditoriale du bicentenaire et Antonio Elorza a défendu avec virulence par voie de presse le fait que « la nación española no fue un invento de la revolución liberal17 ». Sans nier l’existence d’une réflexion puis d’une exaltation de la nation par la monarchie même, pour son propre profit au XVIIIe siècle18, les travaux récents les plus stimulants insistent sur l’absence d’une situation prérévolutionnaire en 1808, malgré l’existence d’une crise multiforme (morale, sociale, politique et économique) de la monarchie19. Ainsi, pour Claude Morange :
La radicalisation des Cortès, qu’elle fût due ou non à l’anormalité de la situation, ne saurait être considérée comme l’aboutissement logique du processus antérieur20.
7Par conséquent, sans même tenir compte du caractère très particulier de la réunion des Cortès, dans cette ville assiégée qu’était Cadix, l’effondrement brutal de l’appareil d’État, l’absence du roi et la guerre contre les Français auraient joué le premier rôle dans la recherche d’une nouvelle voie politique.
8Cette nouvelle voie politique est devenue révolutionnaire et libérale avec la promulgation de la souveraineté de la nation puis de la Constitution de 1812, mais qu’y a-t-il derrière ce qualificatif de « libéral » ? Quelle est la nature de ce moment révolutionnaire ? Il s’agit là de la deuxième question qui fait débat. Je renvoie à l’excellent article récent de Claude Morange « Sur la “révolution” de 1808-1814 » pour une large mise au point qui n’est pas l’objet de l’introduction à notre livre. Je me limiterai ici à quelques considérations. Alors que le terme liberalismo ne commence à être utilisé qu’à partir du Trienio Liberal, l’adjectif et le substantif liberal associé aux réformateurs puis aux partisans de la Constitution s’est imposé très rapidement dès 1811, à la faveur de la lutte contre les conservateurs. « Las gentes — écrivait en 1813 un patriote sévillan — andan locas con los partidos de liberales y serviles y apenas se habla de otra cosa »21. Pour la première fois, la dénomination liberal était associée à un parti et à une révolution, c’est donc en Espagne que s’est forgé ce concept de révolution libérale qui s’est répandu dans une grande partie de l’Europe et de l’Amérique ibérique. Durant la guerre d’Indépendance, les libéraux étaient stigmatisés par la presse et les pamphlétaires réactionnaires et étaient volontiers renvoyés à l’expérience jacobine française : « los liberales o libertinos, que es lo mismo, son por lo general unos sanculotes, monos y ridículos imitadores de los de París » pouvait-on lire dans le Censor General en 181122. Les libéraux rejetaient une telle assimilation et refusaient même très souvent d’apparaître comme des révolutionnaires. Ceci était lié bien sûr aux circonstances, le terme « révolution » étant trop associé à l’expérience de la Révolution française dont les envahisseurs de 1808 étaient les héritiers. Il existait cependant aussi des raisons de fond. En effet, la révolution espagnole de Cadix n’est en aucun cas jacobine. La monarchie et le catholicisme constituent deux de ses principales caractéristiques. C’est d’ailleurs cette originalité qui a rendu l’exemple espagnol attractif hors de ses frontières, comme le montre dans ce livre Gonzalo Butrón Prida pour le Piémont. On serait passé, d’après José María Portillo Valdès, d’une « monarchie catholique » à une « nation de catholiques »23.
9Les historiens du droit ou les spécialistes de sciences politiques ont été particulièrement actifs dans la réflexion sur la nature de la révolution de Cadix. Une rénovation importante a eu lieu à partir des années 1990 dans l’interprétation des textes politiques, philosophiques et juridiques qui étaient le reflet d’une culture préconstitutionnelle. Elle a permis de sortir d’une lecture traditionnelle d’un libéralisme issu de la Ilustración et s’opposant à une culture catholique traditionnelle, pour insister sur la complexité des influences : l’absolutisme ilustrado, l’économie politique, le libéralisme anglais, la culture préconstitutionnelle catholique historiciste, le républicanisme, le droit naturel catholique, l’influence de Rousseau… À cette recherche de la diversité des influences s’ajoute la volonté d’une approche globale qui croise les disciplines (constitutionnalisme, sciences politiques et histoire)24.
10Ce mouvement a conduit à ne plus considérer la Constitution de Bayonne de 1808 comme une traduction pure et simple des institutions du Consulat, en réinscrivant ce texte dans l’histoire constitutionnelle espagnole25. Il a ensuite favorisé une nouvelle lecture de la Constitution de Cadix et un débat de fond sur sa nature même dont trois textes de ce livre se font l’écho directement ou indirectement (Ignacio Fernández Sarasola, Jean-Baptiste Busaall et Carmen García Monerris). Tous les spécialistes s’accordent à ne plus voir dans la Constitution de 1812 une adaptation de la Constitution française de 1791. Il s’agissait là d’un lieu commun transmis par la tradition contre-révolutionnaire pour dénoncer la Constitution, puis repris dans d’autres sphères politiques sous l’effet d’un gallocentrisme qui voit dans l’expérience française la matrice principale de toutes les expériences révolutionnaires européennes. Tous soulignent aussi le poids de l’historicisme, le refus de la table rase avec le passé qui avait marqué la France révolutionnaire et la volonté de s’inscrire dans une tradition nationale. Derrière ces points d’accord, il existe cependant deux analyses très différentes du texte constitutionnel. La première, partagée par exemple par José María Portillo Valdés, Marta Lorente, Jean-Baptiste Busaall ou Carmen García Monerris, privilégie l’héritage, c’est-à-dire une lecture de la Constitution comme une constitutionnalisation des lois fondamentales de la monarchie26. L’autre lecture, celle de Joaquín Varela Suanzes-Carpegna ou d’Ignacio Fernández Sarasola, insiste sur la rupture en analysant une part de l’historicisme comme le fruit des circonstances : la lutte contre les Français rendait politiquement et intellectuellement difficile de se réclamer, au moins en partie, des postulats théoriques privilégiés dans l’expérience révolutionnaire menée au nord des Pyrénées27. Cette interprétation rejoint celle d’historiens du politique tels María Cruz Romeo ou Juan Sisinio Pérez Garzón28 qui insistent sur la radicalité des positions des libéraux en 1811-1813, un libéralisme vécu comme la promesse d’une nouvelle société, plus égalitaire.
11La révolution politique et les indépendances en Amérique hispanique ne peuvent être séparées de l’expérience vécue dans la Péninsule. Les manifestations scientifiques et les publications du bicentenaire de 1808 s’en sont fait l’écho, relayées par l’ampleur des manifestations prévues en Espagne et surtout en Amérique pour célébrer les deux cents ans de la Constitution de 1812 et les premières indépendances. L’espace américain faisait partie d’un tout qui était la monarchie espagnole. Il existe certes des différences majeures avec la Péninsule (la question des races, la distance physique avec le pouvoir royal, l’immensité de l’espace), néanmoins, on trouve sur les deux rives de l’Atlantique une même culture politique, le sentiment indiscuté, à quelques rares exceptions près, d’appartenir à un même ensemble. Depuis les travaux menés dans les années 1990 dans le prolongement de la voie ouverte par François-Xavier Guerra, on sait que la guerre d’Indépendance et la vacance du pouvoir sont à l’origine du processus indépendantiste, et non un prétendu sentiment national américain qui aurait été étouffé par la monarchie jusqu’en 1808. Comme dans la Péninsule, la guerre a ouvert un espace politique. La résistance, menée dans un premier temps dans un cadre mental traditionnel, s’est transformée en révolution libérale dans certains territoires américains29. Le texte de Geneviève Verdo que l’on trouvera dans ce livre montre le chemin parcouru entre 1808 et 1814 qui mène à la naissance du constitutionnalisme moderne en Amérique hispanique. Les textes qui y ont été produits sont issus de la même culture politique et « constitutionnelle » que celle qui donna naissance à la Constitution de Cadix. Pour cette raison, rien n’était encore joué avant 1814 : l’idée de sauver la Monarchie hispanique restait tout à fait envisageable.
II. — LA GUERRE D’INDÉPENDANCE DANS LE MOUVEMENT LIBÉRAL (1814-1874)
12La rénovation historiographique menée depuis le milieu des années 1990 sur la révolution libérale et le libéralisme espagnol antérieur au régime de la Restauration du dernier quart du XIXe siècle a conduit à un changement majeur de perspective que l’on peut observer en comparant les bilans historiographiques réalisés en 1995 par Irene Castells et ceux de Pedro Ruiz Torres, Ángeles Lario ou Raquel Sánchez García en 2004 et 200530. Jusqu’au début des années 1990, la thèse dominante, incarnée en particulier par Josep Fontana ou Alberto Gil Novales, reposait sur la conviction de l’existence d’une révolution démocratique ratée entre 1808 et 183431. Les années 1808-1840 auraient ainsi vu une confiscation précoce de la politique, dès le Trienio Liberal, par des élites nouvelles s’alliant aux élites d’Ancien Régime et constituant ainsi un bloc oligarchique fermé et conservateur. Le processus aurait trouvé son achèvement dans l’avènement des libéraux modérés dans les années 1840, puis dans l’élaboration d’un régime idéal-type, celui de la Restauration de 1875. Il s’agissait d’une version rénovée de la vieille thèse de la trahison de la bourgeoisie.
13Le changement de perspective opéré par la rénovation des années 1990 n’est pas incarné par quelques grands livres, mais par de nombreux articles et par quelques publications collectives32. Le renouveau repose sur l’abandon d’une perspective téléologique pour inscrire le phénomène dans son altérité. Ainsi, l’association privilégiée entre démocratie et révolution est rejetée, ainsi que la lecture de la Restauration de la fin du XIXe siècle comme le fruit logique d’un processus antérieur33. Les conspirations de la fin du règne de Ferdinand VII étudiées par Irene Castells, la conspiration de 1819 décryptée par Claude Morange34, tout comme les travaux sur la phase révolutionnaire des années 1830 indiquent que la famille libérale dans son ensemble se perçoit comme révolutionnaire car elle veut renverser l’absolutisme ou éviter son retour, supprimer les privilèges juridiques d’Ancien Régime, au nom de la liberté. Le tournant anti-démocratique que connaît le libéralisme dans les années 1830 ne lui enlève en rien son caractère révolutionnaire et sa capacité mobilisatrice, nécessaires pour briser l’Ancien Régime juridique et politique et écarter le danger carliste. Ce premier libéralisme est à aborder sous l’angle d’un processus politique qui se construit dans l’action, dans l’expérience et ne se caractérise pas par une idéologie mais par « un état d’opinion publique » où dominent le refus du despotisme, du carlisme et le recours à la rhétorique de la liberté35. Le libéralisme constitue un mouvement et une culture politiques pluriels, vécu très souvent à l’échelle locale et en mutation rapide, au moins jusqu’aux années 1840. Jusqu’aux révolutions de 1848, la démocratie n’est pas un horizon naturel de la révolution en Espagne, tout comme chez la grande majorité des mouvements d’opposition aux régimes conservateurs en place en Europe, car la démocratie reste largement associée à l’expérience française de la Terreur. Cela n’empêche pas le libéralisme progressiste de conserver un potentiel révolutionnaire et une capacité de mobilisation, y compris dans les milieux populaires, alors que le libéralisme modéré au pouvoir devient de plus en plus conservateur. Sous la pression croissante des démocrates et des républicains, l’idée démocratique finit par s’imposer parmi les libéraux progressistes, sous la forme du suffrage universel, même si la représentation que l’on s’en faisait était parfois éloignée de celle que nous connaissons de nos jours36.
14L’étude de la mémoire de la guerre d’Indépendance a renforcé l’image de diversité que la rénovation historiographique du libéralisme a mise à jour. Mythes et mémoire de la guerre d’Indépendance constituent sans nul doute le thème nouveau le plus important de ceux qui émergent des travaux menés autour du bicentenaire. L’impulsion a été donnée dès 1994 par José Álvarez Junco dans un article célèbre puis s’est confirmée par la place accordée à ce thème dans les colloques organisés et par la publication de trois livres majeurs37. La perspective constructive de cet auteur qui parle « d’invention de la guerre d’Indépendance » à partir des années 1830 permit une réflexion globale sur la construction de la mémoire de l’événement et sur son rôle dans l’élaboration d’une identité nationale et locale38. La portée du débat dépasse largement les limites étroites de la guerre d’Indépendance puisqu’il mène de plain-pied vers la vaste réflexion, de nature parfois polémique, menée par les historiens depuis le milieu des années 1990 sur la nation espagnole, son origine, sa construction, ses limites et sa nature. Dans le sillage des pistes ouvertes par Álvarez Junco, des travaux souvent novateurs ont été menés sur les différents supports de transmission de la mémoire : les arts (la musique, la peinture, le théâtre), les fêtes, avec en particulier la thèse pionnière de Christian Demange sur les célébrations du 2 mai 1808, les monuments, la production historiographique39. Ces travaux révèlent la rareté d’initiatives prises à l’échelon central et confirment donc le fait que le libéralisme, tout comme plus globalement le politique, se vit d’abord à l’échelon local.
15Les textes de Mariano Esteban de Vega, de Pierre Géal et de Christian Demange que l’on trouvera dans ce livre, sont le reflet de cette approche qui privilégie l’importance des discours dans la construction des identités collectives. La mythification de la guerre d’Indépendance a débuté lors du conflit même et, par exemple, les Cortès ont suscité et reçu jusqu’en 1814 une profusion de projets de monuments commémoratifs40. Toutefois, un véritable discours cohérent sur la guerre d’Indépendance ne s’impose vraiment parmi les libéraux qu’à partir des années 1830, parce que l’épisode « guerre d’Indépendance » n’est pas clairement défini par les acteurs eux-mêmes. Des carlistes aux libéraux, tous vantent l’héroïsme du peuple qui s’est soulevé contre l’envahisseur, mais divergent sur les causes et les conséquences du soulèvement, même si, comme le remarque Mariano Esteban de Vega dans ce livre, la dimension d’une lutte pour l’indépendance face à un envahisseur étranger est présente dès l’origine. Les récits étudiés par Richard Hocquellet, à partir des sources peu utilisées que sont les sources administratives dans lesquelles les acteurs de la guerre retraçaient leur expérience, sont le reflet de la complexité de l’événement. En effet, à la diversité de la décennie postérieure au conflit, suit à partir de la deuxième restauration de Ferdinand VII un discours stéréotypé, un récit normé des événements fondés sur l’héroïsme des patriotes41. Dans ce livre, Richard Hocquellet poursuit son enquête jusqu’aux années 1860 et montre comment le libéralisme des années 1850 offre une vision de la guerre comme le moment où l’essence libérale de la nation a pris forme. Le moment sert d’exemplarité pour les générations présentes et futures, mais la réalité politique et institutionnelle de Cadix est rejetée dans le passé et limitée à une forme adaptée aux circonstances particulières de l’invasion. « Avec Lafuente, écrit-il, nous entrons dans une façon de fabriquer l’histoire qui penche vers la célébration du passé à but politique ». Comme le montre Mariano Esteban de Vega, l’apport du positivisme au tournant des XIXe et XXe siècle se traduit par un effort intense de compilation et de publication de sources, sans pour autant modifier l’interprétation forgée plusieurs décennies plus tôt.
16L’image d’une nation pluri-séculaire luttant pour sa liberté en 1808 est reprise, y compris parmi la mouvance démocrate et républicaine qui s’est développée à partir de la fin des années 1830 et qui peut être considérée comme une variante démocratique du libéralisme espagnol que Florencia Peyrou a étudié dans le texte que l’on trouvera dans ce livre42. L’historicisme de 1812 a donc marqué profondément de son empreinte la mémoire de l’événement, y compris à l’extrême gauche de l’échiquier politique. La famille libérale se divise ensuite sur l’héritage à donner à la mobilisation populaire et sur la place de la Constitution de 1812. L’examen de la politique commémorative montre que les modérés, soucieux le plus souvent d’éviter de renvoyer l’image positive d’une mobilisation populaire, abandonnent ou limitent fêtes et commémorations. Le désir contraire existe, non sans ambiguïtés chez les progressistes et les démocrates, mais, au pouvoir, les progressistes n’en déploient pas pour autant une politique globale et cohérente, y compris, comme le montrent Pierre Géal et Christian Demange dans ce livre, au moment du Sexenio démocratique (1868-1874). Pour l’aile gauche du libéralisme, 1808 devient un mythe de combat, de la violence légitime d’un peuple guidé par ses héros, mythe réinvesti jusqu’en 1868. Cette même mouvance sacralise la Constitution de Cadix jusqu’aux années 1830 où l’émergence du libéralisme progressiste impose un aménagement du texte de 1812 qui est considéré par la suite come dépassé. De leurs côtés, les libéraux conservateurs avaient rejeté très tôt cette Constitution, avant même la révolution de 182043. Le texte de Jean-Baptiste Busaall montre comment la critique du code gaditain repose sur un changement de paradigme constitutionnel opéré chez une partie des libéraux durant le Trienio Liberal.
III. — CULTURES POLITIQUES ET POLITISATION
17Moment d’une rare complexité qui échappe à une lecture univoque, la guerre d’Indépendance a progressivement été l’objet d’une reconstruction mémorielle prenant plusieurs facettes et alimentant la culture politique des principaux mouvements politiques qu’elle a vu naître : la contre-révolution devenue carlisme et le libéralisme dans toutes ses composantes. Cet apport des deux rénovations historiographiques dont il est largement question ici est largement lié à l’engouement pour l’histoire culturelle du politique dans laquelle « l’historien partage parfois les mêmes terrains que le sociologue ou l’anthropologue dont il adopte le regard, les objets et les méthodes »44.
18Toutefois, derrière les mythes et les reconstructions, les circonstances particulières de la naissance du libéralisme, en plein conflit, ont contribué à conférer des caractères spécifiques au libéralisme espagnol : un libéralisme historiciste, monarchique, populiste, localiste, insurrectionnel, un libéralisme vouant un culte à la nation45. Cette voie révolutionnaire est très différente de celle qui a été suivie en France avec la Révolution de 1789. Elle a cependant connu un écho très important au Portugal et surtout en Italie, c’est-à-dire dans des pays catholiques aux pouvoirs locaux forts qui connaissaient, sous des formes diverses, une occupation étrangère46, mais aussi chez les décembristes russes. Le texte de Gonzalo Butrón Prida, qui peut être considéré comme un prolongement de l’ouvrage qu’il a publié sur la révolution piémontaise de 1821, est une facette de l’influence du code gaditain hors d’Espagne47. Beaucoup plus connue est l’influence, le plus souvent dans l’exil, des penseurs libéraux anglais ou français sur le libéralisme espagnol. Ainsi, malgré ses spécificités, le libéralisme espagnol appartient donc à un mouvement caractéristique du monde euro-américain au XIXe siècle, un mouvement marqué par une circulation des modèles élaborés dans chaque pays, par son cosmopolitisme, son patriotisme, son intérêt pour le fédéralisme. Ce mouvement est resté relativement cohérent jusqu’aux révolutions de 1830 car il se fondait sur l’opposition aux régimes conservateurs issus du congrès de Vienne, puis il ressurgit avec force lors de la vague révolutionnaire de 184848. L’expérience espagnole de la guerre d’Indépendance a nourri cette culture politique européenne.
19Élargir le regard sur la guerre d’Indépendance et le libéralisme en Espagne conduit à une question plus large : celle de la naissance de la politique moderne49. Comme nous l’avons vu, la guerre d’Indépendance a permis en Espagne l’ouverture brutale de l’espace public politique. Elle a joué un rôle de catalyseur dans la politisation du pays et de laboratoire de la modernité politique, avec une presse libre, l’apparition des débats, l’importance des lieux de sociabilité politique (tertulias, cafés, clubs…) et le premier apprentissage du parlementarisme. Le libéralisme est la face la plus évidente de cette modernité, mais la contrerévolution et le carlisme en constituent une autre face. En effet, la dialectique révolution-réaction constitue une caractéristique essentielle du phénomène de politisation durant la première moitié du XIXe siècle, en Europe comme en Amérique hispanique. Ce phénomène était déjà souligné il y a cinquante ans par Jacques Godechot :
Ainsi, le sens des expressions « révolution » et « contre-révolution » nous apparaît-il assez relatif. Ce sont des phénomènes qui s’insèrent dans une évolution générale du monde où l’interdépendance des hommes et des états est plus grande qu’on ne croit50.
20De manière irréversible, la Monarchie hispanique d’Ancien Régime mourut avec la guerre d’Indépendance car cette monarchie ne représentait plus le seul horizon imaginable et que tout retour en arrière était impossible. Pour cette raison, le texte de Pedro Rújula a une place qui s’impose dans ce livre centré sur le libéralisme. Il montre tout d’abord comment la contre-révolution et le carlisme eurent d’une certaine manière à construire eux aussi un langage mobilisateur et utopique. Il montre ensuite comment la guerre a politisé la mobilisation populaire et comment elle a légitimé la violence dans le combat politique, conférant ainsi au processus de politisation espagnol la forme d’une longue guerre civile ouverte ou larvée jusqu’en 1840, puis une forte tendance au recours à l’insurrection dans les années suivantes. Durant les années 1808-1814, les armes, écrit Pedro Rújula
quedaron manchadas de una sustancia política dificil de limpiar que podría ser invocada con posterioridad sin que hiciera falta muchas explicaciones nuevas51.
21Mes remerciements vont d’abord aux auteurs des chapitres de ce livre. Une pensée particulière en direction de notre ami Richard Hocquellet qui fut l’un des premiers à accepter de participer à cet ouvrage, puis à me livrer son texte, quelques mois avant sa disparition. Merci à María Cruz Romeo pour ses conseils. Enfin, cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans le soutien du Centre d’Histoire Espaces et Cultures (Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand) et de la Casa de Velázquez qui, par ses publications et ses activités scientifiques, a joué et joue un rôle majeur dans le mouvement de rénovation historiographique du bicentenaire de la guerre d’Indépendance.
Notes de bas de page
1 Un état des lieux au début des années 2000 dans : F. J. Maestrojuan Catalán, « La Guerra de la Independencia : una revisión bibliográfica ». Les premiers essais historiographiques sur l’apport du bicentenaire : G. Butrón Prida et J. Saldaña Fernández, « La historiografía reciente de la Guerra de la Independencia » ; A. Calvo Maturaba et M. Amador González Fuertes, « Monarquía, Nación y Guerra de la Independencia » ; J. -R. Aymes, « La commémoration du bicentenaire de la guerre d’Indépendance ». Sur l’apport des colloques et séminaires tenus à l’occasion du bicentenaire, je renvoie à mon article : « Balance historiográfico del bicentenario de la Guerra de la Independencia ».
2 Il s’agit des colloques suivants : La Guerra de la Independencia en las revoluciones españoles del siglo XIX (1808-1868) [Clermont-Ferrand, 8-9 novembre 2007] ; L’Espagne en 1808. Régénération ou Révolution (Aix-en-Provence, 24-25 avril 2008) ; Napoléon, Bayonne et l’Espagne (Bayonne, 22-24 mai 2008) ; Les origines du constitutionnalisme et la Constitution de Bayonne de 1808 (Bayonne, 4-5 juillet 2008). On peut rajouter la table ronde : Francia y la historia constitucional española : en torno a la constitución de Bayona 1808 qui s’est tenue à Paris au Colegio de España le 15 mai 2008 et la journée d’étude L’Espagne devant Napoléon 1808-2008 (Marseille, 21 juin 2008).
3 La plupart des nombreux travaux de ces auteurs sont en espagnol. Parmi leurs ouvrages en français sur la guerre d’Indépendance : J. -R. Aymes, L’Espagne contre Napoléon ; G. Dufour et E. La Parra, El clero afrancesado, ainsi que les actes du colloque Les Espagnols et Napoléon.
4 Par exemple, J. -J. Bregeon, Napoléon et la guerre d’Espagne. J. -R. Aymes donne un état exhaustif de ces publications dans « La commémoration du bicentenaire de la guerre d’Indépendance ».
5 R. Hocquellet, Résistance et révolution durant l’occupation napoléonienne ; J. M. Lafon, L’Andalousie de Napoléon, X. Abeberry Magescas, Le gouvernement central de l’Espagne sous Joseph Bonaparte ; J. B. Busaall, La réception du constitutionnalisme français. La thèse de Christian Demange a été publiée en espagnol (El Dos de Mayo. Mito y fiesta nacional).
6 G. Dufour et E. Larriba (dir.), L’Espagne en 1808. Régénération ou révolution ?
7 Parmi les articles récents en français : G. Dufour, « Les correspondances interceptées publiées dans les presses officielles » ; J. -R. Aymes, « La mise en cause des élites ».
8 Voir les précisions de N. Petiteau, « Napoléon et l’Espagne ».
9 P. Fournier et alii, Institutions et représentations du politique dans l’Europe méridionale.
10 Historia del levantamiento, guerra y revolución de España. L’ouvrage a été republié en 2008 par les éditions Urgoiti de Pampelune, avec une introduction et un appareil critique réalisés par Richard Hocquellet.
11 J. López Tabar, Los famosos traidores ; J. M. Lafon, L’Andalousie de Napoléon.
12 R. Fraser, La maldita guerra de España. J’ai examiné les tensions à Séville, dans : « La Guerra de la Independencia y las elites locales ».
13 J. M. Portillo Valdés, Revolución de Nación, p. 14.
14 A. Elorza, La ideologia liberal en la Ilustración española.
15 J. Álvarez Junco, Mater dolorosa ; R. García Cárcel, El sueño de la nación indomable. Une approche historiographique récente du bicentenaire : A. Rodríguez de las Heras et R. Ruiz Franco (éd.), 1808. Controversias historiográficas.
16 R. Hocquellet, « La notion de bien public pour les membres des municipalités espagnoles », p. 53.
17 El País (21 novembre 2005), p. 13.
18 P. Fernández Albaladejo, Materia de España ; M. V. López-Cordón Cortezo, « De monarquía a nación ».
19 Un article stimulant sur l’insertion de la guerre d’Indépendance dans un processus de transfor-Un article stimulant sur l’insertion de la guerre d’Indépendance dans un processus de transformation économique et social sur le long terme, voir J. Millán, « Colapso del Antiguo Régimen ».
20 C. Morange, « Sur la “révolution” de 1808-1814 », p. 165.
21 M. Moreno Alonso, Memorias inéditas de un ministro ilustrado, p. 254. Cité dans J. Fernández Sebastián et J. F. Fuentes, Diccionario político y social del siglo XIX español, p. 417.
22 J. Fernández Sebastián et J. F. Fuentes, Diccionario político y social del siglo xix español, pp. 417-418.
23 « De la monarquía católica a la nación de los católicos ».
24 C. García Monerris, « El debate “preconstitucional” » ; J. M. Portillo Valdés, « Constitucionalismo antes de la Constitución » ; I. Fernández Sarasola, Proyectos constitucionales en España.
25 Pour plus de détails, voir Cl. Morange, « Lecture critique de l’ouvrage d’Ignacio Fernández Sarasola, La Constitución de Bayona ».
26 Voir, en français : J. -B. Busaall, « La révolution constitutionnelle de 1812 » ; J. Álvarez Junco et J. Moreno Luzón (coord.), La Constitución de Cádiz ; J. M. Portillo Valdés et M. Lorente Sariñena, Pueblos, Nación, Constitución ; C. Garriga et M. Lorente Sariñena, Cádiz, 1812.
27 J. Varela-Suanzes Carpegna, « Las Cortès de Cádiz y la Constitución de 1812 » ; I. Fernández Sarasola, Poder y libertad. Sur les deux points de vue voir aussi J. Álvarez Junco et J. Moreno Luzón (coord.), La Constitución de Cádiz.
28 M. C. Romeo Mateo, « Liberales y liberalismo en un contexto de guerra » ; J. S. Pérez Gar zón, Las Cortes de Cádiz..
29 Dans une bibliographie foisonnante, je me limiterai à quelques titres marquants : F. X. Guerra, Modernidad e independencias ; F. X. Guerra et A. Lempérière, Espacios públicos en Iberoamérica ; A. Lempérière, « Revolución, guerra civil, guerra de independencia » ; J. M. Portillo Valdés, Crisis atlántica, autonomía e independencia ; R. Breña, El primer liberalismo español.
30 I. Castells Oliván, « La rivoluzione liberale spagnola » ; P. Ruiz Torres, « Contribuciones recientes al estudio del primer liberalismo en España » ; Á. Lario, « La monarquía de Isabel II y el liberalismo post-revolucionario » ; R. Sánchez García, « La Revolución liberal en España ».
31 J. Fontana est revenu récemment sur cette interprétation pour mieux la confirmer (De en medio del tiempo).
32 I. Burdiel et M. Pérez Ledesma (coord.), Liberales, agitadores y conspiradores ; A. Gil Novales (coord.), La Revolución liberal ; J. F. Fuentes et L. Roura (éd.), Sociabilidad y liberalismo en la España del siglo XIX ; E. La Parra et G. Ramírez (coord.), El primer liberalismo ; R. Robledo et alii (éd.), Orígenes del liberalismo ; C. Forcadell et M. C. Romeo Mateo (éd.), Provincia y nación. On peut rajouter à ces quelques titres les numéros 29 (1999) et 61 (2006) de la revue Ayer.
33 J. Millán, « La herencia política de la revolución liberal ».
34 I. Castells Oliván, La utopía insurreccional del liberalismo ; C. Morange, Una conspiración fallida y una constitución nonata.
35 I. Burdiel, « Morir de éxito », p. 187.
36 A. Annino, « El voto y el xix desconocido ».
37 J. Álvarez Junco, « La invención de la Guerra de la Independencia ». Les trois livres : J. Álvarez Junco, Mater dolorosa ; Ch. Demange et alii (éd.), Sombras de mayo ; R. García Cárcel, El sueño de la nación indomable.
38 Les premières histoires de « la guerre d’Indépendance » sont celles de Cecilio López et José Muñoz Maldonado en 1833.
39 Plusieurs articles sur ces thèmes dans Sombras de Mayo. Voir aussi A. Gil Novales, « El dos de mayo, realidad y memoria » ; Ch. Demange, El Dos de Mayo. Mito y fiesta nacional ; M. C. Lécuyer, « Fêtes civiques et libéralisme en Espagne » ; M. Esteban de Vega, « Castilla y España en la “Historia general” de Modesto Lafuente » ; L. F. Toledano, « La Guerra de la Independencia como mito fundador de la memoria » ; M. Salgues, Teatro patriótico y nacionalismo en España.
40 P. Géal, « Un siglo de monumentos a la Guerra de la Independencia ».
41 R. Hocquellet, « Una experiencia compleja ».
42 Plus globalement, sur ces groupes politiques, voir A. Duarte, « El pueblo indómito » ; F. Peyrou, Tribunos del pueblo.
43 C’est en particulier ce que prouve la conspiration de 1819 (Cl. Morange, Una conspiración fallida y una constitución nonata).
44 D. Cefaï (dir.), Les cultures politiques, p. 14.
45 Voir à ce sujet l’article très suggestif de J. Fernández Sebastián, « Levantamiento, guerra y revolución ».
46 I. Fernández Sarasola, « La Constitución española de 1812 ».
47 Le cas piémontais dans : G. Butrón Prida, Nuestra sagrada causa. Voir aussi V. Scotti Douglas, « La guerra de guerilla y la Constitución de Cádiz ».
48 I. Castells Oliván, « Le Libéralisme insurrectionnel espagnol ».
49 Pour une approche méthodologique de cette notion, voir M. V. López-Cordón Cortezo et J.-Ph. Luis (coord.), La naissance de la politique moderne en Espagne ; J.-Ph. Luis, « Questions autour de l’avènement de la modernité politique en Espagne ».
50 Cité dans I. Peiró Martín, La Guerra de la Independencia y sus conmemoraciones, p. 194.
51 P. Rújula, « La guerra como aprentizaje político ». Une réflexion sur l’implication politique de la violence, voir J. -Ph. Luis, « Violences politiques et conciliations en Espagne ».
Auteur
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
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