Chapitre VIII
Un territoire d’échanges
p. 221-246
Texte intégral
1Les échanges avec les populations établies à la frontière de l’Afrique proconsulaire et au-delà, loin d’avoir eu une portée limitée et exclusivement économique, constituent probablement le facteur essentiel concourant à expliquer les spécificités de la frontière provinciale au début du iiie siècle1. Bien des interrogations pèsent encore toutefois sur la nature et l’organisation de ces échanges. Elles résultent notamment des différences très fortes dans les moyens d’échanges employés par le monde romain et les populations vivant au sud de l’Afrique romaine. Contrairement à la situation observée dans d’autres régions situées au-delà du territoire romain — dans des contextes très variés, à l’exemple de l’Inde et de l’Europe du Nord2 —, rares sont les monnaies qui furent découvertes au sud du Maghreb, ce qui tient probablement au fait que les populations établies là n’avaient pas de tradition monétaire3. Le faible nombre de monnaies arabes trouvées au sud du Sahara l’induit fortement4.
2La question majeure concerne alors l’éventualité d’un commerce transsaharien développé avant la période arabe. Elle demeure l’objet de vifs débats5. Le « mirage » de tels échanges pour l’Antiquité est mis au compte de l’absence de témoignages écrits constituant des preuves irréfutables et permettant de restituer le tracé avéré des itinéraires empruntés, largement évoqués en revanche par les sources arabes à l’époque médiévale. Sans succomber à la tentation de projeter rétrospectivement dans l’Antiquité des faits attestés postérieurement, la fréquentation régulière des itinéraires décrits par les auteurs arabes suggère néanmoins une longue pratique de leur parcours aux périodes antérieures, avant que certains ne deviennent de véritables axes commerciaux. En ce sens, les découvertes archéologiques récentes réalisées au nord-est du Burkina Faso, dans la boucle du Niger, apportent aujourd’hui la trace matérielle de contacts et d’échanges transsahariens entre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest à l’époque romaine, selon des modalités qui restent encore à comprendre6.
3Une opposition majeure à l’éventualité de relations, en particulier commerciales, à travers le Sahara à l’époque antique, tient à la vision souvent répandue de grandes caravanes de dromadaires réalisant d’une seule traite le voyage7. Cela suppose une organisation logistique et un système d’échanges perfectionnés, qui soulèvent en outre la question longtemps débattue de l’introduction du dromadaire dans le désert libyque8. Or le modèle de la caravane chamelière au long cours était sans doute loin d’être la norme, quelle que soit la période considérée9 : les pratiques contemporaines soulignent les limites des voyages que pouvaient accomplir des dromadaires, dont les tolérances à la salinité de l’eau et le régime alimentaire étaient très variables selon les espèces et les zones d’Afrique concernées. Aussi faut-il probablement songer, dans le cadre de la circulation saharienne, à un système d’échanges complexe, fondé sur la complémentarité entre différents réseaux commerciaux impliquant un transport sur petite, moyenne et longue distance : c’est ce que suggère A. Wilson, qui insiste notamment sur la place des échanges sur courte distance entre, d’une part, la frontière romaine de Tripolitaine, et, d’autre part, les communautés établies dans les oasis ponctuant les itinéraires traversant le désert10.
4Jusqu’où, d’un point de vue géographique, les échanges en direction des régions subsahariennes ont-ils rayonné ? La réponse est étroitement liée à l’utilisation de l’âne et surtout du dromadaire (camelus dromedarius), qui fournissent la force motrice indispensable à la réalisation du commerce transsaharien. La circulation à travers le désert libyque prit appui sur le transport à dos d’âne non seulement au cours des périodes les plus reculées11, pour lesquelles l’emploi du dromadaire est discuté12, mais également au cours de périodes plus récentes comme en témoignent certaines observations faites dans le désert occidental d’Égypte13. L’endurance de ces animaux s’y prêtait tout à fait14. Certes, leur capacité de transport était moindre que celle des dromadaires15, mais le coût de leur entretien et les dépenses occasionnées par ce mode de transport étaient inférieurs16. La présence de l’âne n’est toutefois attestée qu’à partir de la période comprise entre le ier et iiie siècle au sud du Sahara, dans la moyenne vallée du Sénégal, tandis que les indices les plus anciens concernant le dromadaire remontent au iiie siècle, ce qui suggère alors des échanges relativement limités avant cette date, avec cette région méridionale17.
5Au cœur du désert, les connaissances sur la période antique furent largement renouvelées par les missions italiennes et anglaises conduites au sud de la Libye18. Les découvertes archéologiques accomplies dans le Fezzan ont permis de lever un certain nombre d’hypothèques relatives au commerce saharien en révélant, à travers la culture matérielle, l’ampleur des échanges réalisés entre le monde garamante et l’Empire romain19. Parmi les nombreux apports que présentent ces travaux, il faut noter la place inédite, semble-t-il d’une importance inégalée à l’époque romaine, occupée par les Garamantes dans le cadre des échanges réalisés au sud du Maghreb. La connaissance du Sahara et de ses routes échappait largement aux Romains qui n’ont jamais donné de nom à ce désert20, et ne prirent jamais une part active dans les échanges sahariens. En revanche, le rôle joué par les Garamantes dans la circulation au sud de la province constituait une donnée dont ils avaient pleinement pris la mesure : en atteste la politique de constructions militaires déployée par Septime Sévère dans les confins méridionaux du territoire provincial, sur des itinéraires d’échanges dont il convient d’examiner l’intérêt qu’ils revêtaient pour Rome.
I. — La frontière romaine au contact d’itinéraires sahariens
6La fondation du Castellum Dimmidi, des camps de Gholaia et de Gheriat el-Garbia, ainsi que l’installation d’une garnison à Cidamus, constituent une avancée notable de la présence militaire romaine en direction du Sahara, à l’initiative de Septime Sévère. L’édification des forteresses de Gholaia, de Gheriat el-Garbia, et l’implantation d’une unité à Cidamus traduisent clairement la volonté d’affirmer l’autorité romaine sur les pistes principales entre le Fezzan et la province africaine21, progressivement ouvertes à la connaissance des Romains à partir du Principat augustéen. La piste par Cidamus fut semble-t-il empruntée par L. Cornelius Balbus pour gagner Garama22. L’axe médian, qui était aussi le plus court pour joindre le Fezzan, passait par Garian et Mizda et longeait l’extrémité orientale de la Hamada el-Hamra, afin de conduire par Gheriat el-Garbia et Scineref au pays des Garamantes : il s’agirait du raccourci découvert par Valerius Festus au début du règne de Vespasien23. Un troisième itinéraire, plus long mais semble-t-il d’un parcours plus aisé24, permettait enfin de rejoindre le Fezzan depuis la côte syrtique par les étapes de Gholaia et Socna. Ce serait la plus ancienne voie conduisant au pays des Garamantes : elle fut identifiée à l’itinéraire décrit par Hérodote, et à celui que suivirent peut-être Septimius Flaccus puis Julius Maternus25. L’armée romaine prit place sur cet itinéraire sous Septime Sévère, avec la construction de la forteresse de Gholaia qui abritait un peu moins de 500 hommes.
7Si l’hypothèse d’une fonction similaire revêtue par la construction du Castellum Dimmidi, en lien avec des itinéraires parcourant l’espace saharien, n’a pas été explorée en profondeur, elle mérite toutefois de s’y attarder. Un certain nombre d’éléments, même considérés avec scepticisme, permettent aujourd’hui d’envisager cette éventualité. L’édification du Castellum Dimmidi fut régulièrement expliquée par la présence d’une zone d’insécurité au nord du fort, imputée par G. Picard aux tribus du Sud marocain26. La garnison aurait eu pour fonction la surveillance des monts des Ouled Naïl et de la vallée de l’oued Djedi, au carrefour desquels elle était située. C’est dans un esprit de conquête symptomatique de la politique de l’empereur africain proclamé « propagator imperii »27, à destination d’un territoire gétule encore insoumis, que le déploiement militaire au Castellum Dimmidi fut aussi considéré28. L’hypothèse de la persistance de foyers de rébellion fut soutenue par l’interprétation de l’inscription d’El Agueneb, découverte sur le versant nord du jbel Amour, à l’ouest du Castellum Dimmidi et du massif des Ouled Naïl29, dans une région qui restait, sans doute encore à cette date, très éloignée des ressorts immédiats de la Numidie et de la Césarienne proprement dits30. Cette dédicace à un génie local répondant au nom de Thasunus fut gravée en 174. Pour G. Picard31, elle rappelait une expédition punitive menée dans la région des hauts plateaux marocains par le groupe de soldats mentionnés par l’inscription, semble-t-il en petit effectif, appartenant à la cohors VI Commagenorum32 et à l’ala Flauia33, auxquels était adjoint un centurion de la IIIe légion Auguste. La mise en cause d’un foyer d’hostilité fut régulièrement avancée comme motif de la mission menée par ces militaires34, dans une région restée à l’écart des lieux de garnisons romaines attestés à ce jour35. Certes, une dédicace à Jupiter découverte à El Bayadh, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest d’El Agueneb, conserve le souvenir d’une bataille au cours de laquelle le procurateur de Maurétanie césarienne — au sud de laquelle la présence militaire se développait alors — a conduit une répression contre des Bavares sous le règne de Septime Sévère36. Les motifs de cette intervention restent toutefois obscurs, et il est possible qu’elle résulte d’une tentative de prise de contrôle par Rome de ce territoire37. Il n’est en revanche pas fait mention de tels heurts dans l’inscription d’El Agueneb, aussi a-t-il été suggéré d’interpréter l’évocation énigmatique de lions qui semble ressortir à la lecture du texte, encore discuté38, dans le sens d’une expédition de chasse conduite par l’armée afin de fournir des animaux sauvages aux jeux financés par l’empereur, selon une organisation attestée par ailleurs39, à moins qu’il ne faille lier l’image des lions à certains aspects de la religion des militaires40. L’expeditio menée par Catulus et les soldats l’accompagnant avait peut-être pour objectif d’obtenir in fine des renseignements sur les peuples du jbel Amour41. Au-delà des incertitudes qui continuent de peser sur la compréhension de la pierre d’El Agueneb, il reste quoi qu’il en soit difficile d’établir un lien étroit entre un danger présumé dans cette région et le Castellum Dimmidi, établi à plus de 200 km en direction de l’est. On imagine mal en outre que le Castellum Dimmidi, construit à distance des autres bases militaires romaines, ait été implanté de façon isolée en milieu hostile.
8L’occupation du site avant la construction du Castellum Dimmidi est mal connue42. L’emploi, exceptionnel dans un sens militaire, du substantif castellum utilisé de façon courante dans les sources épigraphiques et littéraires pour évoquer des communautés locales indigènes43, pourrait suggérer l’existence d’un noyau de peuplement antérieur à l’installation de la garnison44. La présence d’un puits protégé par une abside bâtie sur le côté des principia, associée à la découverte d’un ex-voto dédié à Apollon, Esculape et Hygie mis au jour sur le forum, devant le casernement des lampes45, fut considérée par G. Picard comme la preuve d’un culte préromain des sources célébré autour de la cavité, à qui le chercheur conférait alors une valeur sacrée46. L’hypothèse a toutefois été contestée par une autre interprétation de la structure, qui pourrait être plus simplement un habitat47.
9La construction du Castellum Dimmidi s’inscrit dans le prolongement de la fondation des garnisons d’Ad Maiores et de Gemellae, qui ponctuent l’itinéraire tracé par l’oued Djedi. Son identification à l’oued Nigris, limite ancienne entre l’Éthiopie et la Gétulie, puis frontière de la province africaine, permet d’expliquer le mouvement pris par l’implantation des garnisons romaines qui lui sont étroitement liées d’un point de vue géographique. L’oued Djedi se forme en aval de Laghouat, ce qui justifie aussi probablement le choix du site où fut construit le Castellum Dimmidi, sur la route en direction de cette proche oasis48. Le paramètre lié au passage de la frontière ne justifiait pas à lui seul la construction d’un camp, dont la fonction ne se limitait pas elle-même à une occupation symbolique des lieux. La présence d’une population locale, installée ou de passage, représentait le véritable enjeu propre à motiver l’implantation d’une garnison. Si aucune trace d’occupation romaine n’a pu être repérée avec certitude à Laghouat49, les nécropoles protohistoriques découvertes récemment dans la région montrent qu’elle était peuplée de longue date50. Elle n’échappait alors probablement pas à la connaissance des Romains51. Y vivaient peut-être les Éthiopiens Tarraelii que Pline l’Ancien situait à la source du Nigris52. Ou est-ce sur la zone de peuplement, voire de déplacement, de la tribu des Fraxinenses, que le fort de Gemellae et le Castellum Dimmidi eurent pour fonction d’exercer une surveillance ? L’hypothèse fut émise à partir de la relation établie entre le rétablissement de la IIIe légion Auguste à Gemellae en 253, et la mention des Fraxinenses parmi la coalition de tribus soulevées à la frontière de la Maurétanie et de la Numidie et razziant le territoire provincial à la même période53. Rien n’indique toutefois une turbulence particulière de la tribu à l’époque sévérienne et avant même le milieu du iiie siècle. Aucun indice ne permet plus généralement de postuler des relations tendues entre les populations locales et la garnison du Castellum Dimmidi54, qui semble en outre avoir profité sans difficulté des ressources locales de l’élevage pour assurer son ravitaillement55.
10L’horizon géographique de Rome pourrait s’être étendu bien au-delà de l’oasis de Laghouat, en direction du Touat si le témoignage des chroniqueurs arabes, rapportant l’arrivée de juifs au début de l’Empire, est exact56. L’hypothèse d’une liaison entre le Touat, les régions prédésertiques au sud de l’Aurès, et vers l’est la région des chotts tunisiens et le Fezzan, est plus concrètement suggérée à propos de la diffusion du système de foggaras, mise en lien avec le développement du commerce transsaharien à l’époque romaine57. La fréquentation de l’axe de circulation qu’elles dessinent pourrait expliquer la distribution singulière des zones de concentration de foggaras observées uniquement dans ces régions58. La diversité des contextes géologiques et environnementaux sollicités dans la mobilisation des ressources hydriques incite néanmoins à ne pas exclure l’éventualité d’une réponse locale, à des époques diverses, à un problème plus largement répandu dans le milieu désertique saharien59.
11L’organisation sociale qu’impliquaient la construction et le fonctionnement des foggaras, ainsi que la terminologie appliquée aux techniques utilisées60, suggèrent toutefois des rapprochements étroits entre les vestiges observés au Fezzan et dans le Sahara algérien61. Le système de foggaras élaboré par les Garamantes paraît avoir été en fonction dès le ive siècle av. J.-C.62. Au nord du Sahara, la zone d’utilisation de foggaras semble avoir été limitée au Sud tunisien et au revers méridional de l’Aurès à l’époque romaine63. La diffusion capillaire d’un savoir-faire depuis les zones de concentration de foggaras découvertes au Fezzan, où la technique fut anciennement expérimentée, pourrait alors expliquer la présence ponctuelle de foggaras dans le Sud de la Tunisie et de l’Algérie à l’époque romaine, selon un itinéraire emprunté plus largement par les échanges avec le monde garamante et longeant la frontière d’Afrique proconsulaire, via Ghadamès : cette place paraît effectivement avoir constitué un nœud d’échanges important à l’époque romaine64, et elle connut peut-être dès cette période l’utilisation de foggaras dont subsistent aujourd’hui les vestiges65. En revanche, l’organisation de galeries drainantes reste apparemment inconnue au Maroc à la même période66.
12L’installation et la maintenance des foggaras du Fezzan, selon toute vraisemblance dès la période antique, ainsi que des feggaguir des oasis algériennes, pourraient avoir reposé de façon similaire sur l’emploi d’une main-d’œuvre d’origine servile : cette situation contraste fortement avec le système des khettarat du Maroc, introduit par les Almoravides au cours de la première moitié du xiie siècle selon Al-Idrīsī67, et placé sous la responsabilité de spécialistes reconnus et hautement qualifiés68. L’emploi d’esclaves en milieu agricole, qui varia sans doute selon les zones rurales69, reste néanmoins à confirmer dans le cadre des foggaras repérées dans le sud de la province romaine de Proconsulaire. La présence et l’utilisation d’une main-d’œuvre servile dans la région sont attestées par le tarif de Zarai qui fait état d’esclaves parmi les marchandises taxées, mais il reste difficile de tirer des conclusions de la tarification — dont le montant d’un denier et demi correspond à la même somme prélevée sur certaines étoffes étrangères — qui leur est appliquée70. Tout au plus peut-on postuler une clause tarifaire relativement peu élevée, de façon analogue à ce qui est pratiqué à Palmyre71. La provenance de ces esclaves est également discutée72. Leur mention dans le tarif de Zarai suggère tout au moins un commerce conséquent, impliquant un transport organisé. Faut-il y voir des Éthiopiens73, victimes de razzias perpétrées notamment par des Garamantes74 ? C’est ce qu’il fut postulé à partir de l’ample utilisation d’une main-d’œuvre servile dans le cadre du fonctionnement des foggaras au Fezzan75.
13Le transfert technologique des foggaras a peut-être par la suite gagné la région du Touat, depuis le Sud de l’Aurès76. La route conduisant à cette oasis pourrait avoir pris une importance nouvelle lorsque s’amorça à partir du ive siècle le déclin des cités de la côte tripolitaine qui avaient jusque-là constitué le débouché du commerce avec le Fezzan, dès lors lui aussi en perte de vitesse. Les échanges transsahariens paraissent alors avoir connu une réorientation géographique, privilégiant à l’ouest les routes passant notamment par le Touat77. Celles-ci bénéficiaient de l’apport réalisé par l’utilisation du système de foggaras, qui constitua un facteur majeur de développement des oasis du Sahara algérien et accompagna l’essor du commerce transsaharien auquel elles offraient d’indispensables lieux d’étape, entre le Niger et la Méditerranée, à l’époque médiévale.
14La diffusion de la technique de galeries drainantes depuis le Fezzan put aussi s’appuyer sur la maîtrise des pistes du désert acquise aux Garamantes dès la période antique. Sans doute n’est-ce pas une coïncidence si plus tard, selon le témoignage d’Ibn Battûta, le chemin entre l’Égypte et le Niger passait par Ghat et le Fezzan78. Son parcours s’inscrivait dans la longue tradition de voyages réalisés par les Garamantes au sud du Hoggar à l’époque romaine, jusqu’au mystérieux pays d’Agisymba que J. Desanges proposa de localiser entre le Tibesti, l’Aïr et le Tchad79. Certains indices matériels pourraient confirmer les relations établies à cette période entre le Fezzan et les régions du Tchad et du Niger80. L’hypothèse fut avancée à propos de tessons peints découverts sur le site de la citadelle d’Aghram Nadharif, occupé à partir du ier siècle et abandonné au ive siècle : leur fabrication locale présente de fortes similitudes avec des céramiques originaires du bassin du Tchad, dont la production était largement développée au iiie siècle et pourrait avoir servi de modèle81. À Jarma et dans ses environs, les relations avec l’Afrique subsaharienne sont suggérées par la découverte d’ivoire, de cauris et de perles en bois d’ébène82, dont ce n’était toutefois pas la seule provenance possible — en particulier pour les cauris83 et l’ivoire84.
15L’itinéraire reliant le Fezzan aux chotts tunisiens et au piémont méridional aurasien, envisagé dans le cadre du tarif de Zarai85, passait par la place de Ghadamès dont l’importance économique ne cesse de croître jusqu’à l’époque médiévale86. Ghadamès était à quatorze jours de marche de Gabès87, et à vingt jours d’Ouargla88 d’où il était également possible de gagner Laghouat89 puis le Touat90. La route conduisant à Biskra depuis le Jérid empruntait, selon Ibn Hawkal qui mentionne sur celle-ci les étapes de Tâmadît, Bâdis et Tahûdhâ au xe siècle, un itinéraire antique dont on voit qu’il correspondait à celui que suivait la frontière méridionale de l’Afrique proconsulaire91. Cette route est évoquée au xie siècle par Al-Bakrī, qui confère alors sur cet itinéraire une importance particulière au carrefour de Qaytûn Bayyâda92, lieu de rassemblement de caravanes et de départ vers le sud qu’il fut proposé d’identifier avec le site antique d’Ad Maiores93, peut-être lié aux échanges en direction du sud dès l’Antiquité94. Certains éléments pourraient suggérer au cours de cette période un lien avec les régions sahariennes. Les « monuments à chapelle tréflée de la région de Négrine » d’époque préromaine, identifiés par G. Camps, présentent effectivement des ressemblances frappantes avec des édifices découverts plus au sud dans le Tafilalet, qui pourraient les rattacher à une culture architecturale saharienne particulière dans le monde libyque95. De façon plus assurée, la liaison entre la région de l’Aurès et des chotts tunisiens en direction d’Ouargla puis du « pays des Noirs » est régulièrement empruntée au ixe siècle selon le témoignage d’Ibn Khaldoun qui rapporte les périples de l’aventurier Abū Yazīd96, surnommé « l’homme à l’âne », né semble-t-il à Gao où son père voyageait fréquemment pour faire du commerce, depuis le Jérid97.
16S’il demeure difficile de conclure à l’existence d’un courant d’échanges à partir de la découverte fortuite d’objets isolés, les quelques trouvailles d’époque romaine réalisées au sud-est de Laghouat, à El Oued, Ghourd el-Oucif, Hassi el-Hajar et Fort Miribel, posent toutefois la question de l’existence d’itinéraires, sans doute encore faiblement fréquentés, entre le monde romain et l’espace saharien98. La position de Fort Miribel mérite particulièrement d’être notée, entre El Golea au sud de Laghouat, en direction du Touat, et In Salah, sur l’itinéraire conduisant à Tadmekka et Gao par Abalessa et Timmissao, dont le tracé est déduit du témoignage des sources arabes99.
17Cet itinéraire fut-il emprunté à l’époque romaine ? Les objets romains découverts à Abalessa laissent la question en suspens. C’est là que fut mis au jour le tumulus de la légendaire princesse Tin Hinan100. Le mobilier funéraire trouvé dans la fosse de la chambre 1, dont les circonstances de la découverte et la composition exacte restent entourées d’un certain mystère101, semble avoir compté une collection d’objets romains, considérés comme exotiques, rassemblés au profit d’un chef local : les éléments datables comprenaient une lampe romaine dont la fabrication est antérieure au iiie siècle, un brûle-parfum présentant de grandes ressemblances avec un exemplaire retrouvé dans une tombe du ive siècle à Garama, semble-t-il plusieurs empreintes de monnaies de Constantin, ainsi que des éléments d’orfèvrerie gréco-romaine postérieurs au iiie siècle102. L’ensemble de ces données, associé à une datation au carbone 14 des fragments de bois du lit funéraire, suggèrent une datation de la construction du monument funéraire entre le ive et le ve siècle. M. Mattingly et D. Edwards proposent en outre de rapprocher l’utilisation du cuir de couleur rouge, qui couvrait la personne défunte découverte dans la tombe d’Abalessa103, de l’ocre rouge employé dans le traitement de certains corps dont les tombes appartiennent à la même période, mises au jour au Fezzan104. L’utilisation de la couleur rouge, ainsi que le choix d’objets d’origine romaine pour constituer le mobilier funéraire, témoignent de similitudes dans les pratiques funéraires caractérisant ces différentes communautés105, et suggèrent des contacts dont il est malheureusement difficile de préciser davantage la teneur106.
18À 220 km au sud-ouest d’Abalessa, à Timmissao, sur la route en direction de Gao, une inscription peinte fournit une preuve plus concrète d’un voyage effectué à l’époque romaine par un habitant de l’Empire107. Des monnaies romaines furent semble-t-il également découvertes sur le site108. À l’époque médiévale, c’est par Abalessa et Timmissao que passait une route conduisant du Touat à Gao ; elle était d’un parcours relativement aisé puisqu’elle était empruntée encore au début du xxe par les pasteurs et leurs troupeaux remontant du Soudan vers le Touat et Tidikelt109.
19L’ensemble des indices découverts à différentes étapes ponctuant ces itinéraires110, décrits par les sources arabes à l’époque médiévale, pourrait alors suggérer que les routes du Sahara central qui conduisaient du Fezzan par Abalessa et Timmissao et peut-être du Touat par les mêmes étapes en direction de Gao, étaient parcourues sous l’Empire romain111. La question demeure concernant la liaison, peut-être d’une importance plus déterminante que les précédentes à l’époque romaine, entre Ghadamès, Ouargla et Laghouat, sur laquelle le Castellum Dimmidi serait alors idéalement situé, au sud de la Numidie : malgré l’absence de données archéologiques et historiques, les vingt jours de voyage qui séparaient Ghadamès de l’oasis d’Ouargla, située elle-même à sept jours de marche de Laghouat112, constituaient un voyage tout à fait réalisable dès la période antique, offrant une ouverture occidentale à la circulation que l’on pressent déjà importante à l’époque romaine, passant par la place de Ghadamès. La fréquentation de ces itinéraires sur lesquels, parmi les tribus qui en avaient la maîtrise, les Garamantes113 semblent avoir tenu un rôle majeur de « passeur du désert114 », permit l’essor des relations commerciales transsahariennes qui prirent une ampleur inédite au Moyen Âge. Peut-être a-t-elle aussi constitué le motif principal qui présida à l’édification du Castellum Dimmidi. L’hypothèse est confortée par la direction que suivit la construction de garnisons ordonnée par Septime Sévère en Tripolitaine, sur les axes de circulation empruntés par les Garamantes entre le Fezzan et la côte tripolitaine, dont l’importance fut confirmée par les découvertes archéologiques réalisées en territoire garamante.
II. — Les courants d’échanges
20Les marchandises concernées par les échanges impliquant la région de la frontière provinciale, au moins au titre de sa traversée, renvoient à différents contextes de consommation, qu’il s’agisse de biens ou de matières nécessaires, d’objets domestiques ou encore de marchandises à haute valeur ajoutée, sans qu’il soit possible toutefois d’en établir une liste exhaustive. Certains exemples particulièrement significatifs permettent néanmoins de mesurer les enjeux économiques, politiques et sociaux, induits par leur circulation.
21Le sel semble à ce titre avoir joué un rôle majeur aux marges de la province. Il appartient à la catégorie des produits indispensables à l’existence humaine115. L’intérieur des terres de l’Afrique proconsulaire en était richement pourvu, les lacs salés, chotts et sebkhas constituant des réserves naturelles remarquables produisant des mélanges de sels accompagnés d’argile et de sable116. Dans l’Antiquité, l’importance économique du sel rejoint le domaine religieux à travers le culte d’Ammon117. Arrien, évoquant la visite d’Alexandre au sanctuaire du dieu, mentionne le sel naturel déposé en offrande à la divinité118. L’emploi de la forme adjectivée hammoniacus désigne chez Pline l’Ancien une catégorie de sel qui devrait son nom à sa présence sous le sable119. Pour Cr. Carusi, il s’agit d’une étymologie erronée du naturaliste, cette catégorie de sel devant plus probablement être liée à l’origine au temple d’Ammon qui lui aurait donné son nom, sans doute alors au titre de versements120. De telles offrandes concernèrent peut-être également par la suite les autres sanctuaires consacrés à la divinité et construits à proximité de sources de sel. Selon Pline l’Ancien, le sel était présent en Afrique « à travers les pays de la soif jusqu’à l’oracle d’Ammon121 ». Son témoignage pourrait faire écho aux mots d’Hérodote décrivant un itinéraire à travers le désert libyque, ponctué d’étapes où la présence de sel était systématiquement signalée : son point de départ était le sanctuaire d’Ammon, dans l’oasis de Siwa122. Le sel constituait alors une ressource indispensable à la vie oasienne, à laquelle le culte d’Ammon semble avoir été étroitement lié.
22Le témoignage du naturaliste sur le sel qu’il qualifie d’hammoniacus, découvert sous les sables de Cyrénaïque, suggère qu’à l’époque romaine, il était l’objet d’une extraction à visée commerciale123. Il est tout à fait possible que l’exploitation à des fins lucratives du sel, qui était peut-être également l’objet de ponctions fiscales, perturba l’équilibre fragile des économies oasiennes et des pratiques pastorales124, en confisquant une ressource indispensable à l’organisation économique de communautés pour qui le sel participait également à la vie religieuse si l’on songe au culte d’Ammon125. L’enjeu revêtu par l’accès aux lieux de production du sel entra aussi peut-être dans les motifs qui conduisirent les peuples vivant au sud de la province, en particulier les Nasamons dont on a vu le lien étroit qui les unissait à Ammon126, à se révolter contre l’autorité romaine. Vivant en milieu aride, les Nasamons semblent avoir largement fondé leurs moyens de subsistance sur les ressources fournies par les oasis127. Leur repli, à la suite de la répression menée sous Domitien, autour de la place d’Augila qui était traditionnellement riche en sel128 et accueillait peut-être déjà un sanctuaire d’Ammon129, serait alors tout à fait significatif. La maîtrise des routes du sel à travers le désert libyque, qui connaissent un essor inédit à l’époque médiévale, était alors très ancienne : les sources arabes en font une exclusivité des populations berbères130.
23L’importance du sel pour les communautés vivant de l’élevage pourrait expliquer également le flux d’échanges dont le tarif de Zarai se fait l’écho. Il ne figure pas parmi les marchandises circulant dans la région, sans doute parce qu’elle compte une importante réserve de sel : il s’agit du chott el-Hodna, au sud-ouest de Zarai. La Table de Peutinger y fait référence avec la mention des Salinae Nubonenenses, dans le voisinage de Tobna131. Les éleveurs, venus du piémont de l’Atlas saharien comme on le présume pour vendre les produits issus de leur labeur, pouvaient s’en fournir au passage : le Hodna était sur leur route132. À l’exemple des autres dépressions salées du pourtour subdésertique du Sahara septentrional, les bordures du chott el-Hodna offraient en outre une végétation spécifique constituant d’excellents pâturages salés133.
24Dans le désert libyque, le commerce du sel, dont la présence est attestée au Fezzan, pourrait avoir été pratiqué par les Garamantes134. Son exportation suggérée en direction des territoires subsahariens a peut-être servi de monnaie d’échange contre des esclaves utilisés notamment pour le fonctionnement des foggaras en territoire garamante135. Une partie des esclaves pourrait en outre avoir été l’objet d’un commerce avec le monde romain, qui aurait soutenu en retour le flux important de marchandises, en particulier des céramiques — céramique fine, lampes, céramique commune et vaisselle de table, amphores —, ainsi que des verreries, en direction du Fezzan136. Les spécificités régionales de ce courant d’échanges sont soulignées par le volume exceptionnel de produits céramiques importés à travers le désert en territoire garamante : par comparaison, il est sans commune mesure avec les céramiques romaines exportées au-delà des frontières romaines en Bretagne ou au nord de l’Europe137. Les fouilles menées à Jarma, sur des sites d’habitat et en contexte funéraire, montrent que les produits importés du monde romain au Fezzan (céramiques, verreries) incluaient à la fois des objets de consommation courante et des marchandises plus luxueuses. Le courant d’échanges impliquant cette dernière catégorie dépassait le cadre exceptionnel d’articles de prestige offerts dans le contexte de relations diplomatiques138, qui sont attestés par ailleurs. Tel est le cas d’objets en verre de facture romaine, de qualité exceptionnelle et datant des débuts de l’Empire, qui pourraient avoir participé aux échanges officiels entre les États romain et garamante139.
25L’exportation d’articles au sud de la frontière, en direction du territoire garamante, traduit une influence romaine en termes de culture matérielle et d’habitudes de consommation qui toucha l’ensemble de la société garamante, même si ce fut à des degrés divers140. De façon générale, le cadre de vie romain suscita un certain engouement au Fezzan141. En atteste la transmission de savoir-faire concernant l’architecture privée, incluant notamment la construction de thermes à partir de matériaux (briques, tuiles, marbre) importés depuis le littoral tripolitain142, ainsi que l’usage de la brique crue143 et de la maçonnerie en pierres de taille144. L’influence méditerranéenne se fait également sentir dans le domaine de la production artisanale avec la diffusion et l’usage du métier à tisser vertical à poids au Fezzan à l’époque romaine145, ainsi que dans le domaine agricole avec l’utilisation de pressoirs destinés semble-t-il à la viniculture146. L’attrait exercé par la culture romaine constitue aussi un marqueur social dont il est fait usage non seulement dans la vie quotidienne mais également dans le domaine funéraire, comme semble le montrer le monument de Watwat, près de Garama, présentant des similitudes avec le mausolée de Flavius Secundus à Kasserine147.
26À l’exception de l’hypothèse d’une diffusion de la technologie des foggaras jusqu’au Sud de la Numidie148, les échanges prenant la direction de la province romaine depuis le Fezzan restent mal connus149. La situation africaine ne fait pas exception en matière d’interactions entre Rome et les territoires extérieurs à la frontière : comme pour d’autres régions de l’Empire, les échanges sont essentiellement identifiés à travers les articles d’origine romaine importés en terre étrangère150. Les échanges entre le Fezzan et le monde romain n’en furent pas moins profitables à l’économie provinciale. Les Garamantes, et le marché de consommation qu’ils représentaient, ont sans conteste pesé sur la production régionale agricole et soutenu son développement : le phénomène concerna de façon très claire la zone littorale comme en attestent le volume des importations de céramiques issues de la région et prenant la direction du Fezzan, ainsi que peut-être, par le jeu d’un commerce de redistribution réutilisant les conteneurs après la vente de leur contenu aux populations du prédésert, le produit des cultures obtenu en surplus dans les espaces intérieurs de la province où la production de céramiques reste attestée de façon très limitée151.
27La société garamante semble alors avoir entretenu un courant d’échanges avec le monde romain, qui était indépendant de ses relations avec les zones subsahariennes. En effet, le flux important d’importations romaines en territoire garamante ne paraît pas avoir dépassé les limites du Fezzan. Les Garamantes auraient eu la capacité productive de commercer avec les sociétés subsahariennes sans recourir aux biens issus des échanges avec le monde romain152. Cette organisation des échanges a été largement profitable à l’essor de l’économie garamante au cours des premiers siècles de l’Empire, ce qui suggère que les relations étroites établies avec les autorités romaines et le monde romain au cours de cette période constituèrent un facteur important dans l’impulsion prise par le commerce garamante. Sa prospérité explique aussi l’essor et l’évolution que semble connaître la société garamante sous le Haut-Empire153. L’équilibre des échanges entretenus par les Garamantes avec le monde romain d’une part, et les sociétés établies au sud du Fezzan d’autre part, ainsi que l’indépendance entre ces courants commerciaux, confirment que Rome n’avait ni la maîtrise des itinéraires au sud de la province, ni les moyens d’établir des relations commerciales au-delà de l’intermédiaire garamante.
28Le rapprochement entre les sources écrites d’Afrique et d’Égypte romaines pourrait en donner la mesure154. L’intervention de l’intermédiaire garamante, ou d’un autre peuple ayant joué un rôle similaire sur les marges méridionales de l’Afrique romaine, entre la Syrte et les oasis présahariennes, participant à un commerce de redistribution sur les marchés à l’intérieur de l’Empire, constitue une explication tout à fait envisageable de l’emploi combiné de peregrinus et d’afer qualifiant de manière indifférenciée l’ensemble des étoffes contenues dans la lex uestis peregrinae du tarif de Zarai155. Le commerce des esclaves a peut-être eu aussi une origine garamante, de même que l’alun qui était présent dans les régions de Ghat et de Sederles (al-‘Uwaynat)156. Celui-ci était également connu au Nefzaoua157, ce qui n’exclut pas néanmoins qu’il ait pu être chargé au passage de caravaniers, éventuellement garamantes, en même temps que les dattes mentionnées dans le tarif de Zarai et qui renvoient clairement à une production des oasis de la zone présaharienne158.
29Peut-être est-ce également par l’intermédiaire des Garamantes que furent acheminées les étoffes dites « syriennes » semble-t-il mentionnées dans le corpus des ostraca de Gholaia159, par un itinéraire joignant, à travers les oasis du désert libyque, l’Égypte où il n’est pas exclu que ces étoffes aient été produites160. Le croisement de la documentation écrite et archéologique liée à l’oasis de Baharia pourrait suggérer la fréquentation de cet itinéraire au cours de la même période, à des fins commerciales. Découvert à l’un des plus proches débouchés de l’oasis de Baharia dans la vallée du Nil, P. Oxy. Hels., 40161, qui daterait du iiie siècle162, prend la forme d’un registre à plusieurs entrées détaillant des « droits de douane » correspondant à une liste de vêtements, qui paraît alors appartenir à un bureau de douane local163. Les textiles dont il est fait état étaient achetés par des marchands qui devaient ensuite régler des droits de douane pour exporter ces produits en dehors d’Oxyrhynchos, mais sans que l’on sache vers quelle direction. L’ampleur accordée aux possibilités de production et d’exportation d’articles textiles déduite du document reste discutée164. Le volume d’articles textiles que laisse néanmoins supposer le texte conduit à envisager une production importante au sein de la localité, destinée à un commerce qui dépassait peut-être les limites de la province d’Égypte. La documentation papyrologique souligne par ailleurs le rôle joué par les ateliers textiles d’Oxyrhynchos, sollicités également pour le ravitaillement militaire165. Selon une estimation récente, le nombre de tisserands produisant des étoffes à des fins commerciales aurait ainsi représenté au moins 5 % de la population du lieu166.
30Or, au iie et au iiie siècle, l’oasis de Baharia connaît un arrivage massif d’amphores africaines présentant une forte homogénéité167. Elles ne semblent pas provenir des ateliers majeurs localisés sur les côtes africaines, mais des régions les plus méridionales d’Afrique proconsulaire (amphores africaines précoces). À la même période, seules Baharia et Alexandrie importent cette catégorie de céramiques africaines en Égypte, suggérant alors une demande spécifique en denrées africaines, transportées par ces conteneurs (peut-être des salsamenta168). Quel itinéraire ont-ils emprunté ? Ont-ils été acheminés par voie terrestre à travers le désert libyque169 ? La possibilité, discutée170, d’un transport terrestre de lourds conteneurs en céramique sur de grandes distances, en milieu aride, fut confirmée par les études récentes sur les importations de céramiques dans le prédésert de Tripolitaine, à Gheriat el-Garbia ou encore à Garama au cœur du territoire garamante171. Les sources littéraires du début de l’Empire évoquent un itinéraire intérieur172, dont il pourrait être déjà question dans les écrits d’Hérodote au ve siècle av. J.-C.173 : courant du royaume garamante au Fezzan, jusqu’à l’oasis de Siwa, il permettait de gagner la Petite Oasis et, au-delà, la vallée du Nil174 en passant par Augila175, peuplée par les Nasamons176 avec lesquels les Garamantes semblent avoir entretenu une certaine proximité177. Les liens entre les Garamantes et l’Égypte, bien attestés par l’archéologie178, fournissent un indice supplémentaire sur la fréquentation des pistes du désert libyque à l’époque romaine : c’est d’ailleurs d’Égypte que semblent provenir principalement les marchandises importées au Fezzan au ive siècle179.
31Les données qui viennent d’être évoquées suggèrent les possibilités, dès l’époque romaine, d’une circulation caravanière à travers le désert libyque, qui pourrait expliquer l’arrivage conséquent d’amphores africaines aux iie-iiie siècles dans l’oasis de Baharia180. La fréquentation de cet itinéraire intérieur laisse également ouverte l’hypothèse d’une exportation d’articles textiles depuis le nome oxyrhynchite181, faisant ici figure de pôle de concentration en matière de production d’étoffes182. Les études menées par M. Bonifay sur la céramique africaine confirment, dans un autre contexte, des importations parfois lointaines, au sud de l’Afrique romaine : l’itinéraire caravanier de direction est-ouest, longeant la frontière méridionale de la Numidie, paraît ainsi avoir été mis à profit pour alimenter Zarai et sa région183. Il s’agit du même axe auquel songe P. Trousset à propos du tarif de Zarai184. Son utilisation fut suggérée plus particulièrement au cours de cette étude pour les étoffes africaines signalées par l’inscription185.
III. — Lieux et espaces d’échanges
32L’essor de l’oléiculture qui toucha les confins de l’Afrique romaine entraîna probablement un besoin de main-d’œuvre saisonnière. Fut-elle fournie par les populations qui étaient supposées vivre de l’élevage et pratiquer la transhumance ? L’hypothèse a été avancée pour expliquer l’expansion de l’oléiculture en Tripolitaine186. L’embauche saisonnière d’ouvriers agricoles parmi les populations vivant au-delà de la frontière provinciale est attestée à la fin du ive siècle par la correspondance de saint Augustin, à propos des différents emplois assurés à l’intérieur de la province par les barbarae gentes au pays des Arzuges187. Ils assuraient notamment la garde des récoltes et la sécurité des transports pour le compte des propriétaires ruraux ou de leurs fermiers. Il n’est pas exclu qu’ils aient joué ce rôle à la période précédente, au cours de laquelle les Arzuges semblent avoir occupé la partie méridionale du Nefzaoua.
33Le tarif de Zarai pourrait se faire l’écho d’un processus similaire, dans le Sud de la Numidie188. La place importante des animaux et des produits issus de l’élevage mentionnés sur la pierre suggère que les éleveurs venaient eux-mêmes vendre leurs marchandises. Une fois cette tâche accomplie, ils constituaient une réserve de main-d’œuvre potentiellement disponible pour les travaux agricoles. Leur rôle dans la vie économique de la province expliquerait la taxation relativement faible qui affectait leurs marchandises et conférait un caractère incitatif et attractif à la réalisation de leurs voyages.
34L’embauche d’une main-d’œuvre saisonnière pour les travaux agricoles constitue un phénomène bien documenté à partir du iiie siècle dans le Centre de la Proconsulaire189. Elle pouvait se faire sur le lieu des marchés ruraux (nundinae)190. Il s’agit en Afrique d’une institution sociale et économique majeure, semble-t-il d’origine préromaine et intégrée sous l’Empire dans le cadre des structures socio-économiques romaines191. Le lien direct entre nundinae et lieux d’échanges traditionnels est établi par l’emploi de ce substantif dans l’inscription d’Hassanawa, à proximité du Bordj Bou Arreridj, dans l’antique province de Césarienne192. Il renvoie à un marché tenu lors du rassemblement annuel d’un groupe tribal et permet de postuler plus largement l’existence de lieux de ralliements périodiques de gentes, devenus des établissements durables à l’époque romaine193.
35La tenue d’un marché local au lieu de rassemblement de la tribu pourrait justifier le choix fait par les autorités romaines d’implanter une garnison à Ad Maiores, peut-être à l’endroit du site principal de la tribu des Nigrenses Maiores194. L’absence de vestiges connus qui soient antérieurs à l’installation de la garnison, tout à fait imputable au hasard des découvertes, pourrait aussi s’expliquer par une occupation ponctuelle du lieu à l’occasion de ralliements périodiques, contribuant par la suite à générer l’établissement d’une « agglomération spontanée » telle qu’elle est caractérisée par les données archéologiques195. Il faut invoquer, à l’appui de cette éventualité, l’influence supposée des mapalia sur l’architecture des macella d’Afrique romaine196, qui a conduit à suggérer leur utilisation dans le cadre des marchés ruraux indigènes de la zone du prédésert d’Afrique du Nord197. Ce type de structure légère, qui était aisément transportable198, constituait selon Salluste l’habitat traditionnel des paysans numides199. S’il n’y a pas de lien direct établi entre mapalia et marchés ruraux / nundinae, de tels lieux d’échanges pouvaient néanmoins trouver logiquement leur place dans le voisinage des hameaux constitués par les mapalia : l’exemple est donné par l’inscription d’Henchir Mettich, datée de l’année 117 apr. J.-C., qui mentionne la « Villa Magna Variani siue Mappalia Siga » à proximité de laquelle se déroulait un marché rural hebdomadaire (« octonarius ager »)200. Est-ce alors pour une simple raison structurelle, ou par perpétuation d’une longue tradition de point de rencontre, que le site d’Ad Maiores constitua au xie siècle, selon le témoignage d’Al-Bakrī, le point de ralliement de caravanes en partance notamment vers le sud201 ? La question reste posée.
36Le tarif de Zarai fait explicitement mention d’un lieu d’échanges désigné par le substantif nundinae : « pecora in nundinium immunia » précise-t-il, ce qui signifie que les animaux destinés au marché local étaient exempts de droits202. Cette exemption doit être rapprochée de l’immunité touchant un autre marché local (nundinae qualifiées d’immunes), tenu sur le domaine de Munatius Flavianus, à Emadaucapensis (Aïn Kerma) au nord-est de Zarai, en 287-289 apr. J.-C.203. À Zarai, l’immunité portait sur le paiement de portoria, tandis qu’à Aïn Kerma, elle concernait des droits locaux perçus sur la tenue du marché, ce qui suggère que les nundinae étaient régulièrement soumis à la même période à une taxation fiscale204, même si celle-ci est attestée plus tardivement dans les sources205.
37Les nundinae signalées dans le tarif de Zarai furent interprétées comme des marchés urbains périodiques se tenant à Zarai même206, dont ce serait alors l’une des rares mentions dans le cadre des villes africaines207. La dimension civique de la communauté de Zarai fut déduite de sa mention par Ptolémée comme polis208, et de la notification épigraphique d’un ordo decurionum dont l’existence est toutefois attestée dans le cadre de simples uici209. D’un point de vue archéologique, les indices sont très minces car l’occupation du site demeure mal connue pour la période du Haut-Empire : les quelques vestiges relevés se rapportent pour l’essentiel à l’époque tardive210. Il pouvait en outre arriver que la présence militaire soit à l’origine de l’institution de nundinae sur le modèle italien, dans les villes de garnison : c’est ce qui se produit à Europos Doura, au iie siècle apr. J.-C.211. Qu’il s’agisse d’un marché rural hérité du cadre traditionnel des échanges entre groupes tribaux, ou bien de nundinae renvoyant à l’organisation de marchés en milieu romanisé, l’une ou l’autre hypothèse ne s’oppose pas au fait que la place commerciale de Zarai ait été fréquentée en majorité par des groupes d’éleveurs, comme l’implique la nature des marchandises énumérées dans le tarif de Zarai.
38Selon P. Trousset, ces individus pourraient être de même origine que ceux dont il présume la présence aux nundinae d’Aïn Kerma : il s’agirait alors de Nicibes pratiquant une double transhumance, en été dans les hautes plaines selon le principe de l’’achaba observé à l’époque contemporaine, en hiver dans le Hodna sur le modèle du ’azib212. L’hypothèse s’appuie sur la diversité des lieux d’établissement attribués aux Nicibes selon les sources écrites213. Leur lecture n’exclut pas toutefois la possibilité d’un fractionnement214, ou encore d’un déplacement de tribus en direction de la Maurétanie, éventualité dont J. Desanges donne pour preuve la mention de populi noui constitués en Césarienne à partir d’éléments importés sous les Sévères depuis l’Africa215. Il reste en somme difficile de trancher sur la question de l’identité des pasteurs venus vendre le produit de leur élevage à Zarai.
39La force de travail fournie nonobstant par la main-d’œuvre d’origine indigène, vivant aux marges de la province, fut rendue peut-être d’autant plus importante que les mesures visant les dépendants ruraux se renforçaient. En atteste la disposition attribuée à Callistrate, au iiie siècle216. Elle stipule que les travailleurs ruraux, « cultores agrorum uel piscatores » — peut-être des coloni ou des esclaves ruraux217 —, requis pour vendre leurs productions agricoles aux foires urbaines (c’est-à-dire en gros et non pas au détail, afin de gagner du temps218), au nom déduit-on de leurs employeurs, devaient regagner rapidement le lieu de leur emploi. Le motif est clairement exposé par le législateur. Pour l’État romain, il s’agissait de contrôler la circulation des travailleurs ruraux afin qu’elle n’ait pas de conséquences directes sur la productivité agricole, et par voie de conséquence sur les ponctions fiscales219. L’exemple donné à la même période par le moissonneur de Mactar, dont l’épitaphe est datée des années 260-270220, montre que les restrictions de déplacement ne semblent toutefois pas avoir affecté les travailleurs ruraux libres, employés de façon saisonnière.
40C’est aussi au titre de mesures favorables à la circulation de part et d’autre de la frontière de groupes humains d’origine indigène participant à la vie économique de la province, que P. Salama proposa d’interpréter la dédicace d’un monument semble-t-il construit autour de la source actuelle d’Aïn Sidi Mansour, au sud de l’Ouarsenis dans la région de la frontière de Césarienne, et placé sous la protection d’une divinité des eaux (peut-être Neptune)221. La mention de l’empereur Probus confère à l’entreprise un caractère officiel. Pour P. Salama, l’aménagement de la source de Sidi Mansour au cours des années 276-282 matérialisait alors une volonté de l’autorité romaine de faciliter les échanges avec les populations vivant du pastoralisme au sud de la province222, dans une zone où les vestiges d’occupation d’époque romaine sont peu nombreux223. P. Salama fondait son interprétation sur le parallèle établi avec l’organisation rationnelle de l’’achaba, introduite à l’époque contemporaine. Les réflexions récentes sur la notion de pastoralisme et ses traces archéologiques invitent toutefois à revoir ces vues224.
41L’invocation d’une divinité des eaux dans la région ne rend pas explicite l’existence de pratiques nomades ou pastorales, en lien avec lesquelles l’autorité romaine aurait qui plus est souhaité faciliter les échanges. À Zarai, deux dédicaces à Neptune conservent le souvenir d’une aire consacrée à la divinité, dont l’une fut laissée par un chevalier de l’ala Flauia225, peut-être sous les Sévères226. L’inscription est malheureusement trop allusive pour qu’il soit possible de préciser les fonctions qui étaient affectées au Neptune de Zarai. Tout au plus peut-on observer que le préfixe « Aïn » (« la source »), que reprend le toponyme moderne d’Aïn Zraïa, rappelle très certainement la présence de cette ressource aquifère dont il souligne l’importance. D’autres dédicaces à Neptune en Afrique montrent que ses fonctions pouvaient être diversifiées. Au rôle de protecteur des eaux était parfois associée une fonction guérisseuse affectée au dieu, reprenant alors les traits d’une divinité indigène des sources et de la santé227. La concentration des monuments consacrés à Neptune à l’intérieur du territoire provincial, en particulier sur les hauts plateaux tunisiens et constantinois, et non sur le littoral, ajoutée à l’absence à peu près complète des Nymphes comme divinités des sources, a conduit à interpréter Neptune comme le dieu de toutes les eaux courantes, empruntant à de nombreux génies indigènes des eaux, et prenant l’image d’une divinité traditionnelle protectrice des sources et de la santé. La présence d’un point d’eau dans le voisinage des sanctuaires ou des dédicaces à la divinité découverts en Afrique conforte cette hypothèse228.
42Pour conclure, loin d’être isolées, les diverses régions de la frontière africaine apparaissent à différents titres comme des espaces intégrés dans des circuits d’échanges, tournés vers le sud du territoire provincial d’une part, vers la Méditerranée d’autre part. Le développement de l’oléiculture, qui touche les confins de la Proconsulaire sous le Haut-Empire, suggère notamment la proximité de routes commerciales229. L’essor des échanges impliquant ces régions pourrait aussi expliquer, à partir du iie siècle, l’implantation de nouvelles garnisons en lien avec la surveillance des axes de circulation conduisant jusqu’aux limites de la province. Au-delà de celles-ci, l’état des recherches actuelles permet d’envisager, avant le viiie siècle, le développement des relations entre l’Afrique du Nord et le Sahara, dans la réalisation desquelles les Garamantes eurent une implication déterminante. Dans le contexte de l’Empire, la circulation sur les pistes du désert libyque, qui étaient tenues et fréquentées surtout par les tribus africaines, pourrait avoir joué un rôle non négligeable en termes de transport de marchandises230. Les spécificités de la circulation au sud de la province et l’importance des populations d’origine indigène dans la maîtrise des itinéraires, notamment en Tripolitaine orientale, contribuent par ailleurs à expliquer les particularités de l’occupation humaine dans cette région de la frontière provinciale.
Notes de bas de page
1 L’idée est encore parfois défendue que la nature de la frontière romaine en Afrique, avant tout considérée d’un point de vue militaire — le fameux limes —, exerçait une forte contrainte sur les possibilités d’échanges en contrôlant, voire en refoulant les étrangers : Ennabli, 2004.
2 La situation africaine n’est en rien comparable avec les nombreuses monnaies romaines répertoriées par Turner, 1989, découvertes sur 79 sites dispersés à travers l’Inde ; voir également Tomber, 2013. Pour l’Europe du Nord, voir les articles de Hunter, 2013, sur l’Écosse, ou encore Grane, 2013, sur la Scandinavie.
3 Mauny, 1956, p. 249. À propos des Garamantes : Munzi, 2005 ; Liverani, 2006, p. 1043.
4 MacDonald, 2011, p. 76.
5 Pour une vision positive de ce commerce : Law, 1967 ; Bovill, 1968 ; Garrard, 1982 ; Liverani, 2005c ; Schörle, 2012. L’hypothèse de véritables transports transsahariens à l’époque romaine fut mise en doute par Mauny, 1961, pp. 398-399 ; Swanson, 1975 ; Euzennat, Trousset, 1978, p. 154 et n. 132 ; Thiry, 1995, pp. 449-452 ; Brett, 2006 ; Austen, 2010, pp. 1-22.
6 Fenn et alii, 2009 ; Magnavita, 2009, 2013.
7 Le leitmotiv de la caravane de dromadaires conduisit régulièrement à minorer l’importance potentielle d’un transport à dos d’âne à travers le désert : Bülow-Jacobsen, 2013, p. 564.
8 Liverani, 2005c, en particulier pp. 450-453 ; id., 2006, pp. 1035-1041.
9 Mukasa-Mugerwa, 1981, p. 9 ; Scheele, 2010, pp. 298-299 ; Wilson, 2012, pp. 413-414.
10 Id., 2012.
11 Sur les origines de l’âne en Afrique : Camps, 1988. La circulation et le transport à dos d’âne à travers le désert occidental d’Égypte sont attestés depuis l’époque pharaonique : Churcher, 1986 ; Wagner, 1987, pp. 301-304, 313-316 ; Hamilton-Dyer, 2001, pp. 255-258 ; Bülow-Jacobsen, 2003, pp. 401-403 ; Förster, 2007 ; id. et alii, 2010 ; Bülow-Jacobsen, 2013, pp. 565-566.
12 Résumé des termes du débat dans Liverani, 2005c, p. 450.
13 Förster et alii, 2013.
14 Parcourant entre 25 et 30 km par jour, ils pouvaient se passer d’eau durant environ deux ou trois jours : Bagnall, 1985 ; Förster, 2007 ; id. et alii, 2013 ; Riemer, 2013 ; Vetter et alii, 2013, p. 479.
15 La charge portée par un dromadaire était trois fois supérieure à celle d’un âne : Liverani, 2005c, p. 452.
16 Shaw, 1979, pp. 706-707 ; Förster et alii, 2013, pp. 194-195.
17 MacDonald, MacDonald, 2000, pp. 140-142 ; MacDonald, 2011, p. 77.
18 Pour un état des lieux de la documentation sur la question des échanges entre la côte africaine subsaharienne et les provinces maurétaniennes : Rebuffat, 2003b ; MacDonald, 2011.
19 Voir les synthèses proposées par Liverani, 2003 ; Mattingly, Wilson, 2010 ; Mattingly, 2011a ; Wilson, 2012 ; Mattingly, 2013 ; Mattingly et alii, 2013b, 2015.
20 Voir Desanges, 2003, qui souligne l’absence, que ce soit en langue latine ou en langue grecque, d’une désignation globale ou partielle de l’étendue désertique au sud du Maghreb.
21 Merlin, 1921 ; Trousset, 1997d, pp. 2802-2803. Sur l’installation de ces garnisons, voir le chap. iv de cet ouvrage.
22 Pline, Histoire naturelle, 35-36. Voir Trousset, 1974, pp. 26-28 ; Desanges, 1980a, pp. 389-390.
23 Pline, Histoire naturelle, 5, 38. Commentaire : Desanges, 1980a, p. 413. Sur cet itinéraire, également Brogan, 1965b.
24 Gsell, 1920a, p. 138 ; Pace, 1951, col. 171.
25 Hérodote, Histoires, 4, 183 ; Ptolémée, Géographie, 1, 8, 4. Voir Gsell, 1915, pp. 147-150 et 1920a, p. 138 ; Trousset, 1997d, p. 2803.
26 Picard, 1947, pp. 65-66 ; voir également Le Bohec, 1989a, p. 435.
27 Pflaum, 1969 ; Birley, 1974.
28 Rushworth, 1996, p. 308.
29 CIL, VIII, 21567 (AE, 2011, nos 1782-1783).
30 Benseddik, Laporte, 2016, p. 413.
31 Picard, 1947, pp. 58-62.
32 Sur cette unité, voir Le Bohec, 1989b, pp. 73-76 : son lieu de garnison reste inconnu et fait débat ; sa présence est mentionnée sous Hadrien et sous Septime Sévère à Lambèse.
33 Voir id., 1978-1979, 1989b, pp. 28-33, sur cette unité dont le camp principal de rattachement n’est pas établi avec certitude.
34 Id., 1989a, pp. 380-381 ; Morizot, 2011 ; Hamdoune, 2012a, pp. 196-197. Sur cette inscription, voir la mise au point récente proposée par Leveau, Faure, 2015, pp. 125-126.
35 Morizot, 1999b.
36 Id., 2014, p. 224 ; Drici, 2015 ; surtout Benseddik, Laporte, 2016.
37 Ibid.
38 « Vt scias [tu] / quicum[que] / in hac ex[pe]/ditione [cau/t]us fueri[s et] / hos titul[os] / legeris mut[os] / Genio summ[o] / Thasuni et de/o siue deae [nu]/mini sanc[to] l<a>enones [in] dieb(us) XL fu[isse] ; scripsi Fl[ac]/co et [Gallo / co(n)s(ulibus) a(nte) d(iem) --- / k]al(endas) Iun(ias) : eo d[ie ex] / dec(urione) sum pro[mo]/tus ; uotum [sol]/ui meo no[m(ine)] / Catulus (centurio) [leg(ionis)] / III Aug(ustae) » (« Afin que tu saches, toi, qui que tu sois, qui as fait preuve de circonspection dans cette expédition et as lu cette inscription, qu’il y a eu, pendant (ces) quarante jours, des lions sans inscription pour le très grand génie de Thasunus et pour sa puissance divine, qu’elle soit dieu ou déesse. J’ai écrit sous le consulat de Flaccus et Gallus, le [---] avant les calendes de juin : c’est ce jour-là que j’ai été promu du rang de décurion au centurionat ; je me suis acquitté de mon vœu en mon nom, moi, Catulus, centurion de la IIIe légion Auguste » [AE, 2011, no 1783, face b ; trad. Hamdoune, 2012a]). Voir les différentes lectures proposées par Morizot, 2011, 2014 ; Hamdoune, 2012a.
39 Cette hypothèse, avancée par Th. Mommsen, est reprise par Leveau, Faure, 2015, pp. 125-126.
40 Le Bohec, 2015, s’appuie sur l’étude de Brizzi, Sigurani, 2010.
41 Le Bohec, 2015.
42 Les dommages irréparables causés sur le site laissent peu espérer la possibilité de nouvelles découvertes : id., 1998.
43 Voir le chap. v de cet ouvrage.
44 Picard, 1947, pp. 31-33 ; Rushworth, 1996, p. 313.
45 AE, 1948, no 213.
46 Picard, 1954, pp. 6-7.
47 Benseddik, 2010, vol. 2, p. 143.
48 Picard, 1947, pp. 32, 63.
49 Mangin, 1893, pp. 368-369 ; Gsell, 1911, fo 47, no 23.
50 Sahed, Aliche, 2008. L’occupation à l’époque romaine du jbel Amour, où furent repérés un certain nombre de vestiges, est présumée, mais elle reste à confirmer par des études de terrain : Morizot, 1999b.
51 Picard, 1947, pp. 63-64.
52 Pline, Histoire naturelle, 5, 44. Voir Desanges, 1962, p. 239 et 1980a, p. 463.
53 Christol, 2005, pp. 248-263.
54 Voir les remarques de Picard, 1947, p. 96.
55 Ibid., p. 98.
56 Martin, 1908, pp. 37-38 ; Oliel, 2004. Il faut rapprocher cette présence de celle, présumée à partir des informations fournies par des manuscrits hébreux remontant au xiie siècle, d’une communauté juive dans la vallée du Draa au sud du Maroc, à l’époque romaine : Jacques-Meunie, 1972.
57 Sur cette hypothèse : Wilson, 2009, 2012, pp. 420-423.
58 Birebent, 1964, pp. 51-58, 63-66, 81-83, 203-205, 213-215, 267-268, 387-389 ; Goblot, 1979, pp. 119-121, 159-165 ; Gast, 1997 ; Bisson, 1999 ; Wilson, 2009.
59 Voir les remarques de Reddé, 2012 ; Boucharlat, 2015 ; Leveau, 2015a.
60 Gast, 1997, p. 2868.
61 Wilson, 2009, pp. 31-32.
62 Mattingly, Wilson, 2003, pp. 261-265 ; Wilson, Mattingly, 2003 ; Wilson, 2009.
63 Ibid., p. 33. Au nord du massif aurasien, un système hybride associant foggaras et aqueducs romains paraît avoir été employé : Fentress, 1979, pp. 168-171, 174, n. 23 ; Wilson, 2009, 2012, p. 430.
64 Mattingly et alii, 2015, p. 62.
65 Goblot, 1979, p. 117 ; Wilson, 2012, p. 430.
66 Id., 2009, p. 39.
67 Al-Idrīsī, Description de l’Afrique et de l’Espagne, trad. Dozy, de Goeje, 1866, p. 78.
68 Grandguillaume, 1973 ; Joffé, 1989, p. 202 ; Wilson, 2009, p. 31.
69 Gsell, 1932 ; Whittaker, 1978 ; Mattingly, 1986 ; Carlsen, 1991 ; Mattingly, 2011a, p. 153.
70 Morizot, 2009, p. 160.
71 Scheidel, 2011, p. 302.
72 Darmon, 1964 ; Trousset, 2002-2003, p. 364 ; Morizot, 2009, p. 160. Également les remarques plus générales de Desanges, 2003, pp. 55-56.
73 Est-ce également la présence d’esclaves éthiopiens qu’il faut déduire de la mention d’Égyptiens, contraints d’affronter dans un combat mortel Perpétue lors de son martyre à Carthage en 203, selon le récit de sa Passion rapportée par une tradition écrite remontant au ve siècle (sur la question de la datation, mise au point de Romanacce, 2012) ? Sur les différentes hypothèses d’interprétation concernant ces personnages, et leur mention symbolique : Habermehl, 2004, pp. 145-188. Pour Robert, 1982, pp. 272-273, puis Baslez, 2012, p. 20, il s’agirait tout simplement d’athlètes égyptiens, que l’on retrouve plus généralement en grand nombre dans les festivals grecs de la Méditerranée. À l’époque vandale, Luxorius dédie son poème à un uenator égyptien employé dans l’amphithéâtre de Carthage, dont la peau était de couleur sombre : Desanges, 2006b, pp. 134-136.
74 Cette pratique est évoquée par Hérodote (Histoires, 4, 183), pour une période reculée. Ptolémée (Géographie, 1, 8, 5) rapporte que l’expédition au pays d’Agisymba, à laquelle participa Julius Maternus aux côtés du roi des Garamantes sous la dynastie flavienne, était destinée à rétablir l’ordre chez ses sujets éthiopiens, dont certains furent peut-être ramenés comme esclaves à cette occasion. Sur la présence d’esclaves dans la société garamante à l’époque romaine : Fentress, 2011. Il faut ajouter à ces témoignages l’épigramme d’Hadrumète mentionnant un esclave noir, « faex Garamantarum » : Desanges, 2006b, pp. 130-133.
75 Trousset, 2002-2003, p. 364.
76 Mattingly, Wilson, 2003, p. 39.
77 Wilson, 2009, p. 32 et 2012, p. 411.
78 Voir les témoignages utilisés à l’appui par Thiry, 1995, p. 382.
79 Mise au point sur la question dans Desanges, 1985b.
80 Nous laissons de côté la question très débattue des « routes des chars » dont il demeure difficile de tirer parti, au-delà du constat d’un répertoire symbolique communément répandu et représenté dans diverses zones du Sahara : mise au point proposée par MacDonald, 2011, p. 74.
81 Gatto, 2005, pp. 237-238 ; Liverani, 2005c, p. 446. M. Liverani établit un lien avec les vestiges appartenant au même horizon chronologique que la citadelle d’Aghram Nadharif et qui semblent ponctuer au sud de ce site la route en direction du Tchad, ainsi que celle vers le Niger : id., 2003.
82 Mattingly et alii, 2013b, p. 516. R. Wilson évoque une origine éthiopienne pour les éléphants représentés sur les mosaïques de Piazza Armerina : Wilson, 2004.
83 Voir les remarques de Cole, 2013, à propos de cauris découverts à Jarma. Les cauris, recueillis en grand nombre dans les gisements capsiens, servirent d’amulettes aux populations d’Afrique du Nord : cet usage semble s’être généralisé après le Néolithique. Ces coquillages connurent un engouement à l’époque punique : Cintas, 1946, pp. 5, 94, 100, 118 ; Gobert, 1951, pp. 5-6 ; Camps-Fabrer, Morin-Barde, 1987, p. 614.
84 Au ier siècle apr. J.-C., Pline l’Ancien (Histoire naturelle, 8, 11, 32) rapporte que les éléphants étaient chassés en Maurétanie et dans la région des Syrtes. Sur la présence de l’éléphant dans l’Afrique romaine, voir Espérandieu, 1996.
85 Trousset, 2002-2003.
86 Sur l’importance de Ghadamès comme nœud routier à l’époque médiévale : Devisse, 1972, p. 51 ; Thiry, 1995, pp. 337-343.
87 Aboul Fida, Takwīm al-Buldān, § 143, trad. de Joseph Toussaint Reinaud, Géographie d’Aboulféda, t. II, 1re partie, Paris, Imprimerie nationale, 1848, p. 198.
88 Kitāb al-Istibṣār, trad. d’Edmond Fagnan, « L’Afrique septentrionale au xiie siècle de notre ère, extraits du K. al-Istibṣār », Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de Constantine, no 1, 1900, p. 209, qui évoque une vingtaine d’étapes à travers un désert mal pourvu en eau.
89 Lewicki, 1976, p. 13, d’après le témoignage d’Abū Zakarīyā, Kitāb as-sīra wa-akhbār al-a’imma.
90 Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale, t. I, trad. de William Mac Guckin de Slane, Alger, Imprimerie du gouvernement, 1852, pp. 240-241. Sur l’itinéraire entre le Touat et Ghadamès, voir également Thiry, 1995, p. 414.
91 Ibn Hawqal, Configuration de la terre, § 85 (trad. Kramers, Wiet, 2001, t. I, p. 85). Voir Vanacker, 1973, p. 664.
92 Al-Bakrī, Description de l’Afrique septentrionale, trad. de William Mac Guckin de Slane, Paris, Imprimerie impériale, 1859, p. 175.
93 Hypothèse émise par Pianel, 1951, p. 4, et reprise par Laporte, Dupuis, 2009, p. 55, n. 24 et p. 64.
94 Ibid., p. 77.
95 Camps, 1961, pp. 182-184.
96 Pour une vue synthétique sur ce personnage, voir la notice proposée par Golvin, 1984 ; également Thiry, 1995, pp. 179-180.
97 Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale, t. III, trad. de William Mac Guckin de Slane, Alger, Imprimerie du gouvernement, 1856, pp. 201 sq.
98 Rebuffat, 2003b, pp. 238-243 ; Salama, 2010.
99 Lewicki, 1976, pp. 35-36, avec les références au témoignage d’az-Zuhrī ; Mauny, 1961, p. 433 ; Thiry, 1995, p. 414. À propos des données archéologiques concernant Tadmekka : Nixon, 2013.
100 Baistrocchi, 1990 ; Camps, 1993-1995 ; Salama, 2010.
101 Camps, 1993-1995.
102 Ibid., p. 193.
103 Reygasse, 1950, p. 98.
104 Mattingly, Edwards, 2003, p. 227.
105 Ibid., p. 229.
106 Liverani, 2005a, p. 443, étend l’aire d’expansion du royaume garamante jusqu’à Abalessa. En l’état actuel de la documentation, cette vue paraît excessive.
107 AE, 1990, no 1028, dont la lecture suscite encore bien des réserves qui ne semblent toutefois pas mettre en doute l’authenticité de l’inscription : « Tib(erius) Qui[n]tinus Narnutinu[s] qui / cum Amase / mu[---]ntada / [---]acum me /[---] ». Voir Euzennat, Camps, 1994 ; Beltrami, 1996 ; Rebuffat, 2003b, pp. 253-257.
108 Mauny, 1956, p. 252 ; Law, 1967, p. 198 ; Rebuffat, 2003b, p. 243.
109 Données rassemblées par Mauny, 1961, pp. 433-434.
110 Témoignages énumérés par Rebuffat, 2003b, pp. 238-243.
111 Sur ces routes du Sahara central : Mauny, 1961, pp. 432-434.
112 Blanchet, 1900, p. 141.
113 C’est aux Garamantes que Blanchet, 1900, attribuait l’origine des nombreux puits artésiens creusés à Ouargla : l’absence de données rendant possible leur datation interdit malheureusement de la faire remonter avec certitude à la période antique. Les influences présumées de Carthage puis de Rome, sur la population d’Ouargla (voir Lethielleux, 1983, pp. 5-20), restent également à confirmer. L’expédition de jeunes Nasamons dans le désert ne semble pas avoir atteint Ouargla comme cela fut supposé à partir du témoignage d’Hérodote (Histoires, 2, 32-33), mais paraît s’être dirigée plus à l’est, depuis Augila vers le sud en direction de Koufra : Desanges, 1978, pp. 178-183.
114 Expression empruntée à id., 2003, p. 57.
115 Mise au point récente proposée par Morère, 2014.
116 Sur la localisation de ces réserves de sel en Afrique du Nord : Lefond, 1969, pp. 265-266.
117 Sur cet aspect : Morère, 2014, p. 449.
118 Arrien, Anabase, 3, 4, 3-4.
119 Pline, Histoire naturelle, 31, 79.
120 Carusi, 2008, p. 109.
121 Pline, Histoire naturelle, 31, 79. Synésios de Cyrène (Lettres, 148) évoque les « sels d’Ammon » qui se rencontrent au sud de la Cyrénaïque, mais qui sont sans rapport avec ceux qui étaient produits initialement dans l’oasis de Siwa. Sur l’itinéraire dessiné par ces oasis à travers le désert libyque : Rebuffat, 1970, 2003b, p. 251.
122 Hérodote, Histoires, 4, 181-184. Sur cette hypothèse : Carusi, 2008, pp. 107-109. Également Delrue, 2008, qui revient sur les gisements de sel évoqués dans le témoignage d’Hérodote.
123 « Il faut dire aussi que les étendues de la Cyrénaïque sont célèbres par le sel ammoniac, ainsi appelé lui-même parce qu’on le trouve sous le sable. Il est d’une couleur semblable à celle de l’alun nommé “schiston”, formant des blocs allongés, non transparents, d’un goût désagréable, mais il est utile en médecine. On estime celui qui est le plus diaphane et dont le clivage est rectiligne. On rapporte sur ce sel un phénomène remarquable : très léger à l’intérieur des excavations où il se forme, il s’alourdit d’un poids à peine croyable lorsqu’on l’apporte au grand jour. La raison est évidente : l’air humide des galeries soutient les ouvriers qui déplacent les blocs comme l’eau soutient. On le falsifie avec le sel de Sicile que nous avons appelé Cocanicus et avec celui de Chypre qui lui ressemble étonnamment » (Pline, Histoire naturelle, 31, 79 ; éd. et trad. de Guy Serbat, Paris, CUF, 1972).
124 Sur la place du sel et ses implications, positives et négatives, dans l’économie oasienne : Job, inédite, pour le Sud tunisien ; El Shaer, 2009, à propos des oasis égyptiennes.
125 D’après le témoignage d’Arrien (Anabase, 3, 4, 3), les prêtres d’Ammon semblent avoir eu en main la gestion des sources de sel de l’oasis de Siwa.
126 Voir le chap. iii de cet ouvrage.
127 Pour la période du Haut-Empire, voir les témoignages de Strabon, Géographie, 17, 3, 23, selon qui leur territoire est quasiment infertile et aride ; Pline, Histoire naturelle, 5, 33-34 ; Ptolémée, Géographie, 4, 5, 12, qui les place parmi les peuples de la Marmarique comprenant également les Augilae de l’oasis d’Augila, avec lesquels il fait cohabiter les Nasamons dans un autre passage (ibid., 4, 5, 13). Sur ce peuple et les questions relatives à sa localisation : note de synthèse proposée par Desanges, 2012b.
128 Hérodote, Histoires, 4, 182.
129 Voir le chap. iii de cet ouvrage.
130 Thiry, 1995, pp. 498-500.
131 Table de Peutinger, 2, 1-2.
132 Sur ce courant de circulation : Trousset, 2002-2003. À l’époque médiévale, Al-Bakrī (Description de l’Afrique septentrionale, pp. 126-127) évoque, plus au sud, la colline de sel qui s’élevait à proximité de Biskra.
133 Rabâa, 2003, p. 206.
134 Mattingly et alii, 2003, pp. 359-360 ; Schrüfer-Kolb, 2007, pp. 453-457 ; Wilson, 2012, pp. 425-426.
135 Liverani, 2000a ; Wilson, Mattingly, 2003, p. 277 ; Liverani, 2005c, pp. 453-454.
136 Sur les importations de céramiques romaines au Fezzan : synthèse récente proposée par Mattingly, 2013. Également les données rassemblées par Liverani, 2003 ; Felici, 2005 ; Liverani, 2005c, p. 447, à propos du site d’Aghram Nadharif, dans l’oasis de Ghat ; Leitch, 2014, concernant plus particulièrement le contenu des amphores.
137 Mattingly, 2013 ; id. et alii, 2013b, p. 515.
138 Ibid., pp. 515-516.
139 Hoffmann, 2013 ; Mattingly et alii, 2013b, p. 516.
140 Wilson, 2012.
141 Ibid., pp. 427-428.
142 Mattingly et alii, 2001, p. 140 ; Mattingly, 2003c, p. 165.
143 Ibid., pp. 166-168 ; Hawthorne et alii, 2010, pp. 71-77 ; Sterry et alii, 2011.
144 Mattingly, 2003c, pp. 163-165 ; id., Edwards, 2003, pp. 189-192.
145 Mori, 2005 ; Hoffmann et alii, 2010, pp. 487-488 ; Mattingly, Wilson, 2010, p. 528.
146 Mattingly et alii, 2003, p. 353 ; Wilson, 2012, p. 428.
147 Mattingly, Edwards, 2003, pp. 189-192 et 2007, pp. 106-108 ; Leone, Moussa, 2013, p. 781.
148 Wilson, 2009, 2012.
149 Id., 2012 ; Mattingly, 2013, p. 188.
150 Wells, 2013, p. 1.
151 Wilson, 2012, p. 431.
152 Mattingly, 2013, p. 188.
153 Id. et alii, 2003, pp. 355-362 ; Wilson, 2012.
154 Sur cette hypothèse : Guédon, 2017.
155 Id., 2014c. Voir le chap. vi de cet ouvrage.
156 Mattingly et alii, 2003, p. 360.
157 Pline, Histoire naturelle, 35, 184 : le gisement qu’il évoque en Africa (la province d’Afrique) fut identifié au Nefzaoua, voir Lange, Mauny, 1987, p. 553.
158 Trousset, 2002-2003, p. 366.
159 O. Bu Njem, 73.
160 Voir le chap. vi de cet ouvrage.
161 P. Oxy. Hels., 40. L’éditeur l’interpréta comme un compte de blanchisseur. Cette hypothèse fut mise en doute et corrigée par les commentateurs postérieurs de l’inscription.
162 Pour la discussion sur la datation du papyrus : Bagnall, 1993, p. 82, n. 229.
163 L’étude majeure de ce document est celle de Van Minnen, 1986. Voir également Sijpesteijn, 1987, p. 86 ; Bagnall, 1993, pp. 82-83 et 1995, pp. 80-81 ; Wild, 2000, p. 211 ; Carrié, 2004, pp. 30-32.
164 Voir les arguments avancés par Wild, 2003, pp. 41-43 ; également Droß-Krüpe, 2011, pp. 78-85.
165 Voir à ce propos la vue synthétique proposée par Wild, 2003, pp. 41-43.
166 Ruffing, 2007, pp. 43-44 ; Droß-Krüpe, 2011, pp. 78-85, qui revient sur les modalités de calcul choisies par K. Ruffing ; id., 2012, p. 15.
167 Bonifay, 2004, pp. 454-456 et 2007 ; Ballet et alii, 2012, pp. 100-102, 114-116 ; Colin, 2012, pp. 148-150.
168 Ballet et alii, 2012, p. 105.
169 Ibid., pp. 114-116.
170 Ibid., p. 116 et n. 232.
171 Bonifay, 2013, pp. 552-553, 558.
172 Sur cet itinéraire à travers le désert libyque à l’époque romaine, bien attesté plus tard par les sources arabes : Wilson, 2012.
173 Hérodote, Histoires, 4, 181-184. Voir Liverani, 2000a, 2000b, rejoint sur cette hypothèse par Mattingly, 2002, pp. 188-189 et 2003a, pp. 81-82.
174 Leclant, 1950, pp. 202-203 ; Luni, 1980, p. 133 ; Adams, 2007a, p. 31.
175 Strabon, Géographie, 17, 3, 19 ; 17, 3, 23 ; Pline, Histoire naturelle, 5, 26. Voir Leclant, 1950 ; Rebuffat, 1970.
176 Table de Peutinger, 8, 2-3. Voir id., 1969-1970a ; Modéran, 2003, pp. 222 sq.
177 Voir le chap. iii de cet ouvrage.
178 Mattingly, Wilson, 2010, pp. 529-530 ; Wilson, 2012, p. 419.
179 Ibid.
180 Ballet et alii, 2012, p. 115.
181 Sur cette hypothèse, voir Guédon, 2017.
182 Carrié, 2004, p. 29.
183 Bonifay, 2013, pp. 546, 555-556.
184 Trousset, 2002-2003.
185 Voir le chap. vi de cet ouvrage.
186 Mattingly, 1988, pp. 51-52 ; Wilson, 2012, p. 415.
187 Augustin, Lettres, 46. Voir le chap. vi de cet ouvrage.
188 CIL, VIII, 4508, reproduit au chap. vi de cet ouvrage.
189 L’exemple le plus fameux reste celui du moissonneur de Mactar : CIL, VIII, 11824 (= ILS, 7457).
190 Saumagne, 1962b, pp. 289-293 ; Lepelley, 1992, col. 935 ; Lancel, 1999, p. 1016 ; Guédon, 2010, pp. 127-128.
191 Sur cette institution, voir l’étude majeure de Shaw, 1981b ; également celles de Nollé, 1982 ; Pavis d’Escurac, 1984 ; Ligt, 1993, pp. 51-54, 186-196 ; Chaouali, 2002-2003 ; Hamdoune, 2012b. Voir, plus généralement, les remarques de Bintliff, 2002, sur les marchés ruraux et urbains.
192 « Nundina / annua quod / praecipit / Iouis et Iu/ba et genius / Vanisnezi / quod precepe/runt dii Ingi/rozoglezim » (CIL, VIII, 20627). Voir Nollé, 1982, pp. 153-155 ; Hamdoune, 2001b, 2012b, p. 5673.
193 Id., 2001b, 2012b, p. 5674.
194 Laporte, Dupuis, 2009, p. 58.
195 Ibid.
196 Gaggiotti, 1990.
197 Cordonova, 2012, pp. 483-484.
198 Selon un leitmotiv souvent repris par les auteurs latins, il s’agit à l’origine de l’habitat caractéristique des populations nomades : voir la note de synthèse proposée par Lassère, 2010.
199 « Du reste, aujourd’hui encore, les habitations des paysans numides, qu’ils appellent mapalia, avec leur forme allongée, les flancs recourbés qui leur servent de toit, ressemblent à des carènes de navires » (Salluste, La guerre de Jugurtha, 18, 8 ; éd. et trad. d’Alfred Ernout, Paris, CUF, 2003).
200 CIL, VIII, 25902 ; Benzina Ben Abdallah, 1986, no 388.
201 Al-Bakrī, Description de l’Afrique septentrionale, p. 175, à propos de la place de Qaytûn Bayyâda, identifiée selon l’hypothèse émise par Pianel, 1951, p. 4, et reprise par Laporte, Dupuis, 2009, p. 55, n. 24 et p. 64, au site antique d’Ad Maiores.
202 CIL, VIII, 4508, reproduit au chap. vi de cet ouvrage.
203 AE, 1903, no 243. Sur cette inscription : Shaw, 1981b, p. 59 ; Trousset, 2002-2003, p. 369 ; Chaouali, 2002-2003, p. 377.
204 Une inscription de Carthage, malheureusement très mutilée, pourrait évoquer le prélèvement de uectigalia, lié aux nundinae : CIL, VIII, 24609. Voir Charbonnel, Demougin, 1976, p. 565 ; Shaw, 1981b, p. 58.
205 Ibid., pp. 58-60.
206 Darmon, 1964, p. 20, n. 18 ; Ligt, 1993, p. 121.
207 Ibid. Pour Fentress, 2007, les nundinae se rapportent principalement à des marchés en liaison avec des zones urbaines, ce que la documentation ne permet pas toutefois de confirmer : Shaw, 1981b. Voir également Hamdoune, 2009.
208 Ptolémee, Géographie, 4, 2, 7.
209 CIL, VIII, 4511. Voir Ligt, 1993, p. 121, n. 69.
210 Gsell, 1893b, pp. 142-157 et 1911, fo 26, no 69 ; sur les deux édifices chrétiens découverts à Zarai : Gui et alii, 1992, pp. 128-131.
211 Snyder, 1936 ; Ligt, 1993, p. 127.
212 Trousset, 2002-2003, p. 370, qui s’appuie sur l’hypothèse développée par Berthier, 1968, pp. 293-300, à partir des observations de J. Despois sur le Hodna.
213 Voir les données rassemblées par Desanges, 2012c.
214 C’est l’hypothèse avancée par Lancel, 1955.
215 Desanges, 2001.
216 « Si quis ipsos cultores agrorum uel piscatores deferre utensilia in ciuitatem iusserit, ut ipsi ea distrahant, destituetur annonae praebitio, cum auocentur ab opere rustici : qui confestim ubi detulerint mercem, tradere eam et ad opera sua reuerti debeant » (« S’il a été ordonné à ces cultivateurs des champs ou aux pêcheurs de transporter des provisions à la ville pour les vendre, la fourniture de l’annone va être interrompue lorsque ces ruraux seront détournés de leurs tâches ; ils doivent, aussitôt après avoir vendu leurs marchandises, les remettre et retourner à leurs travaux » [Callistrate, Digeste, 50, 11, 2]). Sur ce texte : Ligt, 1993, pp. 221-222.
217 Ibid. Sur les esclaves ruraux et notamment les piscatores : Morabito, 1981, pp. 80-83.
218 Dardaine, Pavis d’Escurac, 1986, p. 297.
219 Ligt, 1993, p. 222.
220 Saumagne, 1962b, pp. 288-289 ; Picard, Rougé, 1969, pp. 224-227 ; Desideri, 1987.
221 Salama, 1973, p. 340, propose la restitution suivante : « [Neptuno ou Genio ?] / conser/uatori a/quae inco/luminitate / i[mp(eratoris)] Pro/ḅi d(omini) n(ostri) ».
222 Ibid.
223 Gsell, 1911, fo 23, no 20 ; Le Glay, 1954, pp. 275-276.
224 Faure, Leveau, 2015, pp. 134-135.
225 BAC, 1936-1937, p. 232, nos 7-8 ; AE, 1939, no 159. Sur le culte rendu à Neptune en Afrique : Cadotte, 2002.
226 Le Bohec, 1978-1979, pp. 144-145, n. 11 et 1989b, p. 28.
227 Le Glay, 1975, p. 141 ; Ben Baaziz, 1985 ; Cadotte, 2002 ; Benseddik, 2012, qui propose une étude récente sur un autel consacré à Neptune dans la région de Théveste. Les mentions du culte de Neptune à Lambèse montrent que, même au lieu de garnison principal de la IIIe légion Auguste, la divinité ne se résumait pas à un simple dieu italique importé par les militaires : id., 2005, pp. 281-282.
228 Petitmengin, 1967, pp. 196-203, qui propose la liste et la carte des sites répertoriés ; Le Glay, 1975, p. 141 ; Cadotte, 2002 ; Benseddik, 2005, pp. 281-283.
229 Mattingly, 1988, p. 34.
230 La documentation de Gholaia signale occasionnellement la présence d’Égyptiens, circulant en compagnie de Garamantes : O. Bu Njem, 71. Également O. Bu Njem, 104 : « Amnon Mededet, desertor », que R. Marichal suggère d’identifier à un transfuge d’une tribu étrangère (voir Marichal, 1992, p. 110). Les pistes intérieures du désert libyque reliant l’Égypte à l’Afrique n’ont pas constitué toutefois une voie de migration privilégiée entre les deux provinces. Les 108 Égyptiens recensés dans les sources épigraphiques d’Afrique romaine, sur lesquels seulement 18 ont une origine égyptienne assurée, étaient en majorité des militaires de la IIIe légion Auguste, en grande partie originaires d’Alexandrie ; la plupart furent établis à Lambèse, Carthage, Césarée de Maurétanie et Lepcis Magna, au iie et au iiie siècle apr. J.-C. : voir Cristofori, 2000 ; Podvin, 2007. Également Baslez, 2012, sur les relations culturelles entre Carthage et Alexandrie abordées à travers le témoignage de la passion de Perpétue.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les archevêques de Mayence et la présence espagnole dans le Saint-Empire
(xvie-xviie siècle)
Étienne Bourdeu
2016
Hibera in terra miles
Les armées romaines et la conquête de l'Hispanie sous la république (218-45 av. J.-C.)
François Cadiou
2008
Au nom du roi
Pratique diplomatique et pouvoir durant le règne de Jacques II d'Aragon (1291-1327)
Stéphane Péquignot
2009
Le spectre du jacobinisme
L'expérience constitutionnelle française et le premier libéralisme espagnol
Jean-Baptiste Busaall
2012
Imperator Hispaniae
Les idéologies impériales dans le royaume de León (ixe-xiie siècles)
Hélène Sirantoine
2013
Société minière et monde métis
Le centre-nord de la Nouvelle Espagne au xviiie siècle
Soizic Croguennec
2015