Chapitre VIII. Le traité de papier, fondement d’un modus vivendi et d’une réconciliation
p. 125-132
Texte intégral
1Après s’être insinué dans les débats diplomatiques et dans l’esprit des négociateurs, l’heure est venue, comme ils l’ont fait eux-mêmes, de contempler d’un seul regard l’œuvre accomplie. Le traité de paix, agrégat de tractations, acquiert au moment de sa signature un caractère unitaire. C’est néanmoins en demeurant fidèle aux critères d’évaluation du XVIe siècle — en écartant la perspective d’une construction d’un territoire national — qu’il faut porter ce jugement d’ensemble.
I. — UN COMPROMIS DÉSÉQUILIBRÉ
2L’aspect le plus frappant du traité est sans doute l’ampleur des concessions d’Henri II, tendant à faire penser qu’il a été signé au profit du seul roi d’Espagne. Il convient néanmoins de définir précisément les gains de chacun et de déterminer, question essentielle au XVIe siècle, si le capital d’honneur des souverains s’en est trouvé renforcé.
LA PAIX DANS L’HONNEUR
3On peut résumer brièvement les avantages acquis par le roi d’Espagne. L’accord est bien plus favorable qu’il n’aurait pu le souhaiter en entamant des pourparlers. Comme il a peu perdu de territoires, il en récupère peu pour lui-même. La restitution de Mariembourg et la destruction de Thérouanne lui permettent de renforcer la frontière flamande. Contrairement à Henri II, il n’abandonne pas ses alliés, même s’il ne les contente pas tous. Le roi des Romains, pour l’Empire, et le roi du Portugal, désireux de maintenir des relations exclusives avec les terres brésiliennes, ont placé leurs intérêts entre ses mains, mais n’obtiennent pas satisfaction. La reine d’Angleterre et le duc de Savoie ont tiré quelque rancœur du compromis final. Il reste que le Roi Catholique a ménagé les puissances qu’il s’est engagé à soutenir, tout en empêchant qu’elles se rapprochent de son rival. Son véritable coup de maître est cependant de s’être imposé comme seul véritable arbitre en Italie. Le désengagement français consacre son influence grandissante dans la Péninsule et lui permet d’y renforcer son emprise territoriale. En Italie du nord, les possessions du roi de France, considérablement amoindries, ne sont plus au contact du duché de Milan. Philippe II, certes, perd le bénéfice de l’occupation d’une partie du Montferrat, lieu privilégié de cantonnement des troupes espagnoles — ce que ses plénipotentiaires ne cessent de regretter —, mais il conserve des postes avancés dans les États de Savoie. En Italie centrale, depuis l’été 1557, la république de Sienne est soumise à sa souveraineté et plusieurs places côtières (Ortobello, Talamone, Porto Ercole, Porto San Stefano et Monte Argentario) relèvent directement de son autorité. Enfin, il a placé sous sa domination l’« État des présides », soit Piombino et l’île d’Elbe, gouverné par la dynastie des Appiani1. Ainsi le Roi Catholique a-t-il signé un accord qui renforce considérablement son prestige.
DES AVANTAGES DISCRETS
4On peut se demander si Henri II, pour sa part, n’a pas privilégié le réalisme. Il sacrifie une grande partie de ses conquêtes tout en essayant de préserver le gain stratégique qu’elles lui procurent. D’une manière générale, les contreparties dont il bénéficie sont assorties de dispositions qui en réduisent la portée ou ne figurent pas dans le traité, dans lequel se lisent surtout ses concessions.
5Sur des questions capitales, tout d’abord, les dispositions favorables à Henri II sont conditionnelles et limitées dans le temps. La restitution de Calais est formulée comme une obligation, accompagnée de clauses très précises de non-agression mutuelle. Pourtant, les plénipotentiaires français ne considèrent pas véritablement qu’elle aura lieu. Ils font remarquer au roi le principal avantage qu’il pourra tirer de cette solution : « ce vous est un moyen d’avoir huict ans de paix », alors que ses droits sont préservés : « chacun demeure en ses actions jusques après lad. restitution, qui ne nous semble que bon ». Dès le mois d’août 1559, les Français sont soupçonnés d’incliner à se prévaloir de la clause de non-agression pour déclarer nuls les droits d’Élisabeth Ire sur Calais2. Quant aux places retenues en Piémont, elles doivent être conservées trois ans. Le traité précise néanmoins qu’au terme de ce délai, il sera fait justice des prétentions des rois de France. Ces droits se fondent sur le non-paiement de la dot de Louise de Savoie, grand-mère d’Henri II, rendant nulle sa renonciation à l’héritage de ses ancêtres. Dès 1555, Du Tillet considère que l’exécution incomplète du contrat de mariage de la princesse ne permet pas de revendiquer tout le duché, mais au moins une partie de celui-ci ; depuis le début de l’année 1558, c’est la ligne suivie par la diplomatie française, qui espère ainsi se voir reconnaître au terme de trois ans des avantages territoriaux plus fermes — et aussi, sans doute, de pouvoir à ce moment exclure les troupes espagnoles des États d’Emmanuel-Philibert. Au cours de l’entrevue de Marcoing, Chrétienne de Lorraine fait remarquer au cardinal de Lorraine que le traité de Crépy évoque l’« occupation » française des États de Savoie. Le prélat admet que le traité emploie effectivement ce terme, et même « qu’il y avoit bien quelque chose entre lesd. biens à quoy ilz n’avoient si grand droit ». Pourtant, les terres conquises ne seraient pas abandonnées car elles constituent un gage « pour avoir rayson de luy (le duc) d’aultre chose »3. Cette prise de position semble correspondre à l’interprétation française du traité : le Piémont est abandonné au profit de quelques têtes de pont dont la possession serait sanctionnée par un accord avec le duc.
6D’une manière générale, Henri II a voulu préserver l’essentiel de l’avantage stratégique gagné sur le champ de bataille. Sans souci particulier de la continuité territoriale, il a préféré conserver les terres proches de son royaume. Aux conquêtes qu’il garde, il faut ajouter le protectorat qu’il exerce sur la Lorraine. Depuis l’intervention française de 1552, la diplomatie des Habsbourg cherche à rétablir la domination de la duchesse douairière, afin d’imposer un pouvoir ducal proche de Bruxelles. Philippe II exprime clairement ses intentions dans l’instruction envoyée aux députés impériaux à Vaucelles :
Quant à la Lorraine, vous pourrés encore remontrer que s’ils portent si grande affection au duc comme ils dient, aussy bien luy peuvent-ils consentir qu’il vive en ses pays et avec ses sujets que ailleurs, et ne peuvent avec aucuns fondement de raison refuser que la duchesse de Loraine sa mère ne jouisse de son dot et douaire et de la tutelle4.
7Henri II a réglé la question juste avant la reprise des pourparlers de paix au Cateau-Cambrésis, en mariant le duc Charles III à sa fille Claude : si ce dernier demeure dans l’orbite française, il est alors prince souverain et majeur, libéré du système de régence. Avec Saluces, les places piémontaises, les Trois-Évêchés et son protectorat sur la Lorraine, il se réserve la possibilité d’intervenir sur les principaux théâtres d’opération d’Europe occidentale. Un revers mérite d’être mentionné : ses plénipotentiaires ont renoncé à Bonifacio, escale idéale pour prendre pied en Italie centrale ou méridionale. À propos de Saluces, le gouverneur du duché de Milan notait qu’il permettait aux Français de soutenir presque l’ensemble des troupes qu’ils avaient au-delà des monts à peu de frais, avec l’opportunité, dès qu’ils en auraient les moyens financiers, de reprendre les hostilités5. De plus, ne l’oublions pas, les places du Vermandois ont été restituées, principalement Saint-Quentin.
8La libération des prisonniers de guerre est aussi à porter au crédit d’Henri II. Même si toutes les modalités ne sont pas définies par l’accord, le principe en est acquis6. Ainsi disparaît un handicap qui a lourdement pesé sur le cours des négociations depuis 1556. Le camp français est même, lors de la dernière assemblée, en plus mauvaise posture encore qu’à Vaucelles. Pour la bataille de Saint-Quentin et la prise de la place, la liste des tués et des prisonniers est si impressionnante qu’on l’a imprimée. Les troupes adverses ont fait près de sept mille prisonniers, dont six cents gentilshommes, et parmi ceux-ci des membres éminents du gouvernement et tous les chefs de l’armée7. L’histoire s’est répétée, à une moindre échelle, durant l’été 1558, lors de la défaite subie sur le maréchal de Thermes à la bataille des Dunes. La paix a donc permis à Henri II de se libérer de ce fardeau, de retrouver ses ministres et nombre de grands seigneurs, et finalement d’effacer cette tache faite à son honneur.
9En dernier lieu, il convient de noter que le traité ne comporte aucune des conditions peu glorieuses admises par François Ier sans contrepartie directe, que Charles Quint avait toujours fixées pour prix de son amitié. Ainsi le Roi Très Chrétien avait-il systématiquement promis de participer militairement et financièrement à la lutte contre le Turc8. Il s’était aussi engagé à plusieurs reprises à ne pas avoir un comportement offensif et à s’abstenir de toutes « pratiques » en Italie et en Allemagne9. Enfin, il a toujours renoncé à des droits de sa Couronne qui ont été défendus comme inaliénables lors de la conférence de Marck : la souveraineté sur la Flandre et l’Artois et des droits sur le royaume de Naples et sur le duché de Milan. Henri II s’est catégoriquement refusé à inscrire des clauses similaires dans le traité du Cateau-Cambrésis. Non seulement il s’oppose à toute mention de la Sublime Porte, et plus encore à une entreprise contre son alliée, mais aussi à toute disposition définissant la conduite qu’il doit tenir sur la scène européenne. Le premier article précise que les deux rois « eviteront tant qu’ilz pourront loyaument le dommage l’un de l’autre », formule à laquelle les plénipotentiaires espagnols ont proposé d’ajouter la précision suivante :
… ny en la Germanie ny en Italie ny ailleurs où que ce soit en la chretienneté ou dehors et se déportent (renoncent) et donnent à toutes alliances et intelligences que l’un ou l’autre pourroit avoir que directement ou indirectement peut porter préjudice à la quiétude, repos ou tranquilité du Saint Empire, membres, États et confédérés d’iceluy10.
10Ces conditions acceptées par François Ier n’ont jamais été respectées ; il est néanmoins significatif que son fils, en meilleure posture, rompe avec cette tradition.
11L’honneur du roi de France est malmené par le traité du Cateau-Cambrésis. Tous les avantages qu’il obtient sont loin de pouvoir être comparés au grand enjeu de la lutte entre monarchies : la domination de l’Italie. On ne peut néanmoins affirmer qu’il y renonce totalement, puisqu’il conserve de solides points d’ancrage sur le versant oriental des Alpes. Pour Henri II, la cause la plus honorable et aussi la plus sage semble être, en 1559, la recherche de la paix.
II. — EN QUÊTE DE LA PAIX IDÉALE ?
12Un bilan formel du traité du Cateau-Cambrésis est loin d’être suffisant, ni même satisfaisant. En s’y limitant, on oublie un de ses grands acquis : la paix. Dans l’idéal du temps, elle suppose que l’ensemble des différends entre princes trouvent une solution ou une réparation et soient oubliés. Le chancelier l’exprime avec force :
… (il) ne fault poinct penser que entre deux monarques qui imperent (commandent) à nations bellicqueuses on puisse jamais planter une paix stable et asseurée sinon par traictez equitables ou approchemens d’equité, d’aultant que celluy qui se sentira spollié et traicté injurieusement et contre toute raison reprendra facillement les armes à la premiere occasion qui s’offrira, et s’il ne le faict, son successeur le fera11.
13En outre, un accord de paix transforme fondamentalement les relations de ceux qui y consentent : « y aura bonne, seure, ferme et stable paix, confederation et perpetuelle alliance et amitié », précise le premier article du traité du Cateau-Cambrésis. Il ne s’agit pas uniquement, pour les ennemis de la veille, de déposer les armes, mais de se réconcilier pleinement et se comporter en amis. Même si une telle exigence comporte un caractère formel, on peut se demander si la principale signification des concessions acceptées par les souverains mais aussi de leur attitude au cours des négociations n’est pas à chercher dans une volonté mutuelle de paix.
« DERACINER CETTE PEPINIERE ET SEMENCE DE DIVISION »
14On ne peut se contenter de considérer qu’un traité est négocié comme un règlement territorial. Pour gagner la paix, il faut aussi faire montre de son désir de l’obtenir. Si Philippe II consent à restituer Saint-Quentin et si le roi de France abandonne ses vues sur Milan et se garde la plupart du temps de s’appuyer sur le jus belli, c’est aussi en gage de leur volonté de parvenir à un accord. Henri II, surtout, s’est engagé très loin dans cette voie. Non seulement il renonce à revendiquer le principal objet qu’il convoite — le duché de Milan —, mais il délaisse sa monnaie d’échange — le duché de Savoie. Les Habsbourg, au contraire, ont systématiquement posé la restitution des terres alpines comme un obstacle au rapprochement entre monarchies. Dissimulant leurs hésitations, ils ont toujours semblé appuyer les ducs déchus depuis 1547, alors que Charles Quint commence à se préoccuper du devenir de son empire12. Ainsi, quand il se défait des États de Savoie, Henri II entend peut-être réparer une injustice ; François Ier le lui aurait demandé sur son lit de mort, selon l’ambassadeur impérial Jean de Saint-Mauris. Il est en revanche certain que, par ce geste, le roi de France donne un témoignage éclatant de sa volonté de paix13. Le cardinal de Lorraine proclame à l’ouverture des négociations qu’il s’agit de régler l’ensemble des motifs de rancœur et des querelles qui ne semblaient jamais devoir finir : « deraciner cette pepiniere et semence de division »14. Un jugement qu’il porte à la fin de l’assemblée semble y faire chorus :
… la necessité des temps nous a contraincts de accorder pour estaindre toutes les querelles qui estoyent au jugement de tout le monde immortelles entre ces deux princes15.
DEUX SOUVERAINS SUR UN MÊME PIÉDESTAL
15Si elle constitue le moteur de l’affrontement, la question de l’équilibre entre puissances n’a pas été abordée en tant que telle, sinon de manière symbolique, à travers la question de la préséance. Les réunions de Cercamp et du Cateau-Cambrésis constituent, en effet, une étape oubliée dans une longue lutte que se livrent les rois d’Espagne et de France. À Marck puis à Vaucelles, les négociateurs nommés par Charles Quint, comme il est normal, se sont vus reconnaître un rang supérieur à leurs interlocuteurs, puisque l’empereur est, par son titre, le premier d’entre les souverains temporels16. À la première réunion des pourparlers de Cercamp, les plénipotentiaires espagnols, une nouvelle fois plus prompts que leurs adversaires, font en sorte d’arriver les premiers à la table des négociations et se placent du côté droit, le plus prestigieux17. Les représentants français ne considèrent pourtant pas que, de la sorte, ils ont pris le pas sur eux. En fait, dans les différentes trêves signées pour permettre la tenue de l’assemblée en 1558-1559, les règles de la préséance paraissent hésitantes. Elles le sont plus encore dans le « contexte » commun, dans lequel chaque délégation a consigné tour à tour des articles en vue de l’établissement de l’acte final : l’ordre dans lequel sont mentionnés les souverains change constamment, trahissant leur auteur18. De même, si le roi de France accepte d’effectuer le premier les restitutions territoriales prévues par le traité (art. 48), Philippe II s’engage en revanche à prêter serment avant lui. Il s’exécute le 15 mai et Henri II le 18 juin. L’ambassadeur espagnol à Rome le précise quelques années plus tard : les deux rois ont chacun la préséance dans les exemplaires du traité qui leur ont été remis. On a en effet opté pour le système de l’« alternative »19. Y a-t-il eu des débats à ce propos ? Le silence des sources induit à penser que la question de la préséance a été résolue d’un commun accord et assez rapidement. Par la solution retenue, les deux souverains se reconnaissent comme des égaux. Faut-il y voir une petite victoire d’Henri II plutôt qu’un arrangement satisfaisant pour le fils de Charles Quint ? Il est difficile de trancher.
UNE RÉCONCILIATION
16Assurer sa défense ou préparer des opérations futures sont des enjeux de la conclusion d’un traité ; ses négociateurs se préoccupent cependant aussi du nouveau mode de relation qui s’instaure. Le souci de le faire reposer d’emblée sur des bases cordiales semble surtout avoir été la préoccupation des souverains. Montmorency, dont c’est le leitmotiv, et sans doute Ruy Gómez de Silva, y sont sensibles. Néanmoins, les rois se montrent souvent plus ardents encore à désirer la paix que leurs conseillers. C’est une des principales raisons des conflits qui ont opposé la cour de Bruxelles et la délégation présente à l’assemblée. Si Philippe II partage sans doute les craintes de Granvelle et du duc d’Albe à l’égard des desseins français, il ne désire pas faire montre d’une trop grande dureté. Ainsi repousse-t-il la proposition de ses plénipotentiaires d’user des prisonniers comme d’un moyen de pression — en empêchant leur libération tant que le camp français n’a pas effectué les restitutions prévues par le traité20.
17En 1559, le Roi Très Chrétien comme le Roi Catholique acceptent et recherchent même une réconciliation. Ils semblent s’être mutuellement convaincus de leur volonté d’apaisement. Des témoignages en sont donnés dès le début de l’année 1558, alors que le premier sollicite l’ouverture d’un congrès et que le second tente d’entamer des négociations par l’intermédiaire de Montmorency et de Saint-André. L’« Histoire des choses advenues en France », écrit semi-officiel, estime que cette initiative de Philippe II « meit le roy en esperance d’accord »21. La meilleure preuve de ces velléités de rapprochement, outre les concessions diplomatiques françaises principalement, est l’enthousiasme que l’un comme l’autre montrent à l’idée d’un mariage entre Don Carlos et Élisabeth de Valois. La conclusion d’une union entre les deux maisons les plus prestigieuses d’Europe ne peut que réjouir les deux pères, au plan politique comme personnel. Elle est déjà envisagée dans les pouvoirs remis aux deux délégations ; Henri II et ses représentants montrent même ouvertement qu’ils considèrent ce mariage comme le principal acquis du futur traité. Aucune question n’a été moins discutée au cours des pourparlers. Du fait de la substitution effectuée à la dernière minute entre Philippe II et son fils, les liens noués par les deux rois sont rendus plus intimes encore. Les unions nouées à l’occasion d’une paix sont considérées comme la seule assurance de sa longévité. Elles en sont même l’incarnation22.
18À prêter une attention trop importante à l’équilibre international, selon une lecture moderne des rapports de force, ainsi qu’aux luttes entre les partis nobiliaires au sein des gouvernements, on a oublié de souligner un aspect essentiel du traité : il est d’abord l’expression de la volonté des souverains et doit sceller une alliance politique et personnelle. Leur désir de rapprochement se manifeste dès que des pourparlers sont engagés. Pour Philippe II et Henri II, dans l’euphorie de la signature de la paix, le compromis signé au Cateau-Cambrésis se résume peut-être de la manière suivante : chacun a satisfait aux exigences minimales de l’autre, l’ensemble de leurs querelles, qu’elles soient le produit de l’histoire récente ou héritées des guerres d’Italie, sont considérées comme éteintes ou pouvant se régler grâce à l’union dynastique réalisée, et la voie pour des relations pacifiques est ouverte.
Notes de bas de page
1 R. Cantagalli, La guerra di Siena, pp. 503-505 ; E. Romero García, El imperialismo hispánico en la Toscana durante el siglo xvi, pp. 101-103 ; A.-M. Graziani, « Sur la route de Naples à Gênes, l’État des présides ». Sur l’influence croissante de Philippe II en Italie, voir infra, pp. 148-150.
2 Les plénipotentiaires français à Henri II, [Le Cateau-Cambrésis], 8 mars 1559, Traicté de paix fait à Chasteau-Cambresis, pp. 113-114 (d’où sont tirées les citations) ; Chantonnay, ambassadeur auprès d’Henri II, à Philippe II, Paris, 22 août 1559, Negociaciones con Francia, t. I, p. 55.
3 AGS, Est. K 1643, n° 8 ; voir aussi les articles 34 et 39 du traité (infra, pp. 210-211 et 212) et l’avis de Du Tillet (MAE, CP, Autriche 8, f° 131r°).
4 BNF, NAF 6168, pp. 570-571.
5 « … podrán sostener a poca costa de Francia quasi la gente que oy tienen desa parte de los montes, y si hallan esta frontera flaca, della no les pondrán menos gana las occasiones que se les presentarán para la rotura de la paz que el demasiado gasto » (Sessa à Philippe II, Milan, 30 avril 1559, AGS, Est. 1210, n° 266, orig.). Sur la politique d’Henri II, voir G. Zeller, « Saluces, Pignerol, Strasbourg ».
6 Consultation des plénipotentiaires espagnols à propos des prisonniers de guerre, [vers le 19 mars 1559], AGS, Est. K 1492, n° 20, minute ; lettre de ceux-ci du 3 avril 1559, AGS, Secretaría del Consejo de Flandes y Borgoña 2557, n° 62, orig.
7 Une liste figure en annexe d’une relation attribuée à Lazarus von Schwendi, publiée en 1557 à Nuremberg par Jean Weygel (éditée dans E. Lemaire et alii, La guerre de 1557 en Picardie, pp. 106-107).
8 Voir le préambule et les articles 23 et 25 du traité de Madrid (Ordonnances des rois de France : règne de François Ier, t. IV, pp. 179 et 196-201), les articles 29 et 30 de celui de Cambrai (ibid., t. V, pp. 242-243) et les dispositions du traité de Crépy (BNF, Mél. Colbert 367, n° 330, f° 1v°, orig.).
9 Voir par exemple le traité de Cambrai, Ordonnances des rois de France : règne de François Ier, t. V, p. 241.
10 « Contexte » commun du traité, [16 mars 1559], BNF, NAF 6168, pp. 32-33. Pour le texte du traité, voir infra, pp. 198-199.
11 Discours du chancelier Olivier sur les traités de paix de Madrid, Cambrai et Crépy, [avril 1555], MAE, CP, Autriche 2, ffos 294v°-195r°.
12 P. Merlin, « Il Piemonte nel sistema imperiale di Carlo V ».
13 R. J. Knecht, Un prince de la Renaissance. François Ier et son royaume, pp. 548-549.
14 Harangue en faveur de la paix prononcée à Cercamp par le cardinal de Lorraine, [début octobre 1558], BNF, Fr. 18062, f° 196v°.
15 Lettre à Antoine de Bourbon, Coucy, [début avril 1559], BNF, NAF 6011, f° 11.
16 Les représentants impériaux s’assoient à droite de Reginald Pole lors des négociations du printemps 1555 (BNF, NAF 6168, p. 790) ; dans la trêve de Vaucelles, Charles Quint est toujours mentionné avant Henri II (AGS, Est. K 1643, n° 3b, copie coll. de Courtewille).
17 Emmanuel-Philibert, Diari, p. 96, n. 1 (à la date du 13 octobre 1558).
18 Voir le « contexte » commun, [16 mars 1559], BNF, NAF 6168, pp. 30-49.
19 L’expression est employée par Marguerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas, en 1565 (Correspondance de Marguerite d’Autriche, t. III, p. 539). Sur le mode de rédaction du traité, voir Requesens à Philippe II, 6 avril 1564, Pío IV y Felipe segundo, p. 281.
20 Les plénipotentiaires espagnols à Philippe II, Le Cateau-Cambrésis, 19 mars 1559, BNF, NAF 6168, p. 51.
21 BNF, Fr. 4742, f° 67r°. Voir aussi H. de La Popelinière, L’histoire de France, t. I, ffos 131r° et 132r°.
22 L. Bély, La société des princes, pp. 165-194 notamment. La Popelinière évoque les mariages comme les principaux acquis des négociations (L’histoire de France, t. I, ffos 130v°-131r° et 132r°-v°).
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