Chapitre premier. L’affrontement des deux Hercule
p. 11-22
Texte intégral
1La rivalité entre les deux grandes monarchies européennes repose, au milieu du XVIe siècle, sur un héritage bien constitué. Il est difficile de faire la part de ce qui relève de l’épreuve de force entre deux puissances, d’une opposition dynastique et de l’hostilité personnelle. Est-il possible de trancher alors que les décisions sont généralement collectives mais les relations diplomatiques vécues, décrites et envisagées comme un rapport d’homme à homme ? Face à leurs pairs, les souverains, en tant qu’incarnation des États qu’ils gouvernent, sont principalement mus par deux principes d’action. Ils doivent défendre leur capital d’honneur, conformément aux conceptions nobiliaires du temps. Leur second bien le plus précieux est la réputation, qui recouvre, dans l’acception du temps, le rang du prince au sein de la hiérarchie des monarques, son influence politique en Europe, mais aussi son image : il se doit, idéalement d’être victorieux sur le champ de bataille, mais aussi prudent et pacifique1. Dans ce mode de relations, se voir reconnu comme un inférieur, par l’acte le plus insignifiant, pouvait conduire à l’incident, voire au conflit ; la part réservée à l’apaisement était bien moindre. Entre Henri II et Charles Quint ne s’exprime guère que l’hostilité. À une période où leurs relations sont marquées par un antagonisme sourd (1547-1551) puis ouvert (1551-1554), on peut surtout mesurer les obstacles auxquels s’est heurté l’établissement de relations pacifiques.
I. — UNE RIVALITÉ DE TRADITION ET D’AMBITION
2La répétition des affrontements au cours des guerres d’Italie tendrait à faire considérer leur retour comme cyclique. Il convient néanmoins de comprendre pourquoi Henri II et Charles Quint sont immédiatement devenus des rivaux, en définissant la nature de leurs relations durant la période de coexistence pacifique qui a précédé le déclenchement de la guerre, entre 1547 et 1551.
3Le principal legs des conflits antérieurs était une longue lutte cristallisée autour de la domination de l’Italie, considérée comme la clef de la domination du monde. Au milieu du XVIe siècle, l’empereur exerçait une influence prédominante dans la Péninsule, fort des États qu’il y détenait : le duché de Milan et le royaume de Naples. Les rois de France s’en estimaient les légitimes détenteurs et les revendiquaient. Faute d’obtenir satisfaction, François Ier avait incorporé à son royaume l’essentiel du duché de Savoie en 1536 — et surtout son versant italien, le Piémont. Il avait gagné une solide marche pour intervenir militairement au-delà des Alpes ainsi qu’une possible monnaie d’échange. Au duc Charles II, il n’était plus resté que le comté de Nice et le Val d’Aoste, protégés par les garnisons impériales, et le soutien diplomatique de Charles Quint. La possession de tous ces territoires, avec toute leur charge stratégique et symbolique, mais aussi la recherche d’un compromis accepté par l’ensemble des parties constituaient le cœur de la lutte entre les deux principaux souverains européens.
4À l’initiative d’Henri II et de ses conseillers, elle a repris avec une nouvelle vigueur. Dès son avènement le 31 mars 1547, à l’âge de 28 ans, il a fait sienne la tradition belliqueuse et expansionniste de ses prédécesseurs. Personne n’exprime mieux que le roi lui-même un enthousiasme qui a longtemps été de mise. Il déclare ne vouloir « reffuzer ne desdaigner les belles occasions qui s’offrent et presentent » : « je les veulx chercher et trouver s’il m’est possible »2. Le jeune souverain a néanmoins apporté sa propre touche à un long contentieux. Ses griefs personnels envers Charles Quint étaient vifs. Il ne lui pardonnait manifestement pas l’épisode de sa captivité en Castille, où pendant quatre ans il avait remplacé son père, capturé à la bataille de Pavie. Juan Ginés de Sepúlveda, qui n’a pas de mots assez durs pour évoquer « son aversion congénitale et invétérée pour les monarques espagnols », en est convaincu3. La détermination d’Henri II s’est révélée supérieure à celle de François Ier et il s’est attaqué directement à l’empereur plutôt que de chercher à conquérir les terres italiennes revendiquées par les rois de France4.
5Son entourage le poussait à mener une politique agressive. Mentor du roi, le connétable Anne de Montmorency, réputé pour sa prudence, jouissait d’une autorité sans égale ; elle n’a cependant pas été suffisante pour faire prévaloir une attitude pacifique à l’égard de Charles Quint, et ce n’était pas son objectif premier. Les autres proches du roi, Charles de Lorraine, cardinal de Guise — le futur cardinal de Lorraine —, son frère François de Lorraine, futur duc de Guise, la maîtresse royale, Diane de Poitiers et, dans une moindre mesure, Jacques d’Albon de Saint-André l’engageaient à mener une politique ambitieuse. Leur attention était, semble-t-il, tournée principalement vers l’Italie5. La reine Catherine de Médicis, les fuorusciti, exilés politiques de Toscane et du royaume de Naples pour la plupart, les réseaux financiers lyonnais — les plus puissants du royaume — dominés par des lignages italiens, les familles régnantes de la Péninsule alliées à la France exerçaient eux aussi une forte pression.
6Les premiers actes du règne ont constitué une démonstration de la puissance et des prétentions d’Henri II. À l’instar des autres souverains, il se devait de marquer son accession au trône en faisant montre de sa valeur sur le champ de bataille. Sa première campagne, menée contre l’Angleterre, a été un brillant succès qui a démontré les capacités militaires et financières françaises. À l’issue de trois ans de conflit, la paix signée le 24 mars 1550 constitue un bilan plutôt flatteur. L’Écosse, dont la souveraine Marie Stuart était mineure, passa sous tutelle française, échappant à la menace d’une domination anglaise. Une blessure à l’honneur du royaume fut effacée : la place de Boulogne, perdue en 1544, fut reconquise. Enfin, le traité initia une période de rapprochement avec l’Angleterre6. Cette entreprise s’est accompagnée d’une réaffirmation de la vocation du Roi Très Chrétien à conduire les destinées de la chrétienté. Une telle aspiration à la monarchie universelle s’affichait comme un défi direct à Charles Quint. La devise d’Henri II, celle d’un souverain digne de gouverner la terre entière (Donec totum impleat Orbem), répond au Plus Ultra de son rival. De même, la figure de l’Hercule gaulois a été généreusement mise à l’honneur pendant tout le règne. Le demi-dieu était aussi une pièce maîtresse de la propagande impériale. Non seulement il était intégré aux lignées royales espagnoles, mais il symbolisait le dépassement de soi et, à travers les colonnes d’Hercule accompagnant la devise de Charles Quint, la conquête du monde par les mers7.
7Son adversaire manifestait une hostilité qui, si elle n’était pas aussi bruyamment affichée, n’en était pas moins ferme. Charles Quint n’avait, en effet, aucune illusion ni à propos des rois de France, ni concernant Henri II en particulier. François Ier n’avait cessé, selon lui, de provoquer la guerre ou de chercher, avec dissimulation, à lui nuire ; son fils semblait avoir hérité des mêmes mauvais desseins envers la maison de Habsbourg8.
8Alors au faîte de sa gloire, l’empereur n’a pas répondu aux provocations d’Henri II. L’équilibre des forces lui était entièrement favorable. Son titre d’empereur était conforté par l’ampleur des États sur lesquels il exerçait son autorité. Outre ses terres en Europe occidentale et en Amérique, son frère Ferdinand régnait sur les possessions patrimoniales des Habsbourg et détenait les couronnes électives de Bohême et de Hongrie9. Depuis la paix de Crépy, signée en 1544, la monarchie française ne s’était plus véritablement montrée menaçante et Charles Quint apparaissait sans conteste comme le souverain le plus puissant de la chrétienté. Il assumait avec confiance la conduite des affaires. Ses conseillers les plus influents étaient sa sœur Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, et Antoine de Perrenot, sr de Granvelle, chef d’une famille de grands commis de l’État ; son fils Philippe, prince d’Espagne, jouait alors un rôle effacé. Encore pleinement maître du gouvernement, l’empereur a accordé moins d’importance au comportement d’Henri II qu’une partie de son entourage l’aurait souhaité10.
9Face à ce manque de réaction, les gouvernants français ont pourtant montré une volonté toujours plus affirmée d’en découdre. Ils ont donné presque systématiquement le ton des relations entre monarchies. Durant la guerre avec l’Angleterre, en 1547-1550, ils se sont opposés avec fermeté à une intervention de leur principal adversaire tout en menant, par l’intermédiaire de l’ambassadeur Charles de Marillac, des négociations en vue d’un rapprochement. La cour impériale, soucieuse de préserver la paix, s’est accommodée de cette attitude. Surpris par la résolution du jeune souverain, l’empereur est pourtant resté en marge du conflit, se contentant de démarches diplomatiques trop modérées pour être suivies d’effet11. Une fois signée la paix avec l’Angleterre, soit à partir du milieu de l’année 1550, la diplomatie française a engagé toute son énergie dans la constitution d’une ligue contre Charles Quint : le moment semblait venu pour l’Hercule gaulois de s’attaquer au « vieil et moribond » Hercule12. Même si l’empereur a eu vent des contacts noués avec les princes protestants allemands et avec la Sublime Porte, il a continué à minimiser le danger.
10C’est un conflit entre les Farnèse et le pape Jules III, mettant en jeu la possession des duchés de Parme et de Plaisance qui, au printemps 1551, a mis le feu aux poudres. Le roi de France prit Ottavio Farnèse, duc de Parme, sous sa protection, l’empereur la défense du souverain pontife. Il fallut attendre que son influence en Italie fût en péril pour que Charles Quint réagît, avec la plus grande violence cette fois13. Les actes d’hostilité se multiplièrent entre juillet et septembre. Dans le camp impérial, on data a posteriori le début du conflit du 15 septembre 1551, qui correspond au renvoi de l’ambassadeur Simon Renard. Les propos tenus à cette occasion de la part d’Henri II équivalaient, de fait, à une déclaration de guerre. En France, celle-ci est officiellement intervenue le 12 février 1552 : Henri II la proclama dans un discours au parlement de Paris, qui reprenait la déclaration faite au représentant de Charles Quint14.
11L’empereur est demeuré dans une attitude d’expectative qui a manifestement permis à son rival de porter une attaque au moment où il l’a choisi. Il semble considérer ne pas avoir face à lui un adversaire à sa mesure. Au moment d’entrer en guerre, Henri II s’est d’ailleurs plaint d’avoir été méprisé — « comme s’il était d’un grade moindre et inférieur en qualité » — et d’avoir vu ses offres d’amitié repoussées15. Selon le principe voulant qu’un souverain incarne la puissance de son royaume, Charles Quint a estimé qu’un souverain inexpérimenté ne présentait pas une menace, et n’est entré en action que lorsque celui-ci a joué les trouble-fêtes dans les affaires italiennes.
12L’alchimie mêlant la compétition entre princes ainsi que la revendication de la domination de l’Italie et, au-delà, de l’hégémonie, a conduit une nouvelle fois à un conflit européen. Si la cour impériale n’admettait pas de voir l’influence de la France s’accroître au détriment de la sienne, elle semblait s’accommoder d’une forme d’entente cordiale. Elle a souvent réagi avec retard et, en 1551, a compris assez tardivement que l’on s’acheminait vers un conflit généralisé qu’Henri II appelait de ses vœux.
II. — LA FORCE TROMPEUSE DES ARMES (1551-1554)
13À l’initiative du roi de France et de ses conseillers, la guerre qui s’est engagée en 1551 a nettement pris le caractère d’un duel où l’enjeu est de porter à l’adversaire une estocade décisive. Fait significatif, le principal champ de bataille a cessé d’être l’Italie pour se situer sur la frontière du Nord, où les deux souverains sont face à face16. Il est important, pour comprendre la volonté d’apaisement qui s’est manifestée à partir de la fin de l’année 1554, de mesurer les conséquences de leur affrontement sur l’état de leurs relations.
14C’est par un véritable coup de force qu’a débuté la guerre. Henri II avait ni plus ni moins le dessein de renverser l’empereur. L’accord qu’il conclut avec les princes protestants allemands, ratifié à Chambord en janvier 1552, laisse entrevoir les ambitions françaises. L’acte envisageait l’élection d’un nouvel empereur — le Roi Très Chrétien ou un candidat agréé par lui. Il s’agissait de priver les Habsbourg du siège impérial, à court ou à moyen terme, et, si possible, de le contrôler17.
15La violence de l’attaque portée au cours du printemps et de l’été 1552 prit une nouvelle fois l’empereur au dépourvu. Elle donna à Henri II un avantage tel qu’il apparut comme un prétendant sérieux à la suprématie en Europe. Alors que les troupes des princes allemands tentèrent de capturer Charles Quint, l’obligeant à une retraite précipitée, l’armée française s’empara facilement des évêchés lorrains de Metz, Toul et Verdun, et plaça le duché de Lorraine sous protectorat. Il fut décidé que le duc Charles III, encore mineur, serait élevé à la cour de France. Parallèlement, le gouvernement de régence fut recomposé : la duchesse douairière, Chrétienne, nièce de Charles Quint, dut partager le pouvoir, principalement avec le comte de Vaudémont, oncle du duc18. Après l’échec des rebelles allemands, Henri II et ses généraux hésitèrent : les troupes continuèrent à progresser dans l’Empire sans jamais dépasser la limite symbolique du Rhin, puis se dirigèrent vers les Pays-Bas. Elles s’emparèrent de plusieurs places d’importance à la frontière entre ceux-ci et la Lorraine : Damvilliers, puis Ivoix (Carignan) et Montmédy. Les soldats furent licenciés à la fin du mois de juillet : le climat était peu propice à une poursuite des opérations, l’armée ennemie proche, et on n’envisageait pas de mener un nouveau siège19.
16Cette campagne atteignit profondément Charles Quint dans son honneur. Il avait été contraint à une fuite honteuse face à des vassaux et n’avait pu réagir à une agression contre des terres d’Empire. Jugeant opportun d’adopter une attitude conciliante envers les princes allemands, il rejeta toute la faute sur le roi de France. Il chercha dès lors à venger l’injure qui lui avait été faite. Contre l’avis de son Conseil et des généraux de son armée, il décida d’attaquer en plein hiver. Il assiégea Metz en vain du 10 novembre au 26 décembre, avec des effectifs compris, selon les estimations, entre soixante mille et quatre-vingt mille hommes — un record pour un souverain occidental au XVIe siècle20. Sa réputation en sortit plus amoindrie encore.
17Les conditions d’un duel sans merci étaient alors réunies. Charles Quint, extrêmement découragé par un renversement de situation inattendu, n’en demeurait pas moins résolu à prendre sa revanche ; Henri II, pour sa part, ne se contentait pas de l’avantage qu’il avait acquis et poursuivait ses efforts pour porter un coup fatal. Les deux rivaux choisirent de participer aux combats et donc d’engager directement leur réputation. Dans ces conditions, toute défaite serait considérée comme un revers personnel.
18Malgré la détermination de chaque camp, les armes ne sont pas parvenues à les départager ; au contraire, le rapport des forces tendit à s’équilibrer. La campagne de l’année 1553 permit en effet à l’empereur de redresser quelque peu la situation. Alors qu’on l’attendait en Champagne, il s’empara tout d’abord de Thérouanne en juin. Cet avant-poste du dispositif français enclavé en Artois, dont la garnison menait des incursions fréquentes en territoire flamand, symbolisait la menace incarnée par la monarchie voisine. Sa conquête réjouit l’empereur autant que « si c’eust esté l’empire de Constantinople »21. Son armée longea ensuite la frontière avec le Boulonnais et la Picardie, pour s’emparer le 18 juillet de la forteresse d’Hesdin avant de la détruire. Évitant le combat, elle s’installa ensuite à proximité de Valenciennes. Henri II réunit l’ensemble de ses troupes tardivement : elles furent passées en revue le 1er septembre, puis se dirigèrent vers le camp de Charles Quint. Le 17 septembre, les deux armées se rangèrent en ordre de bataille. Le combat cessa au bout d’une heure, à la tombée de la nuit, alors que son issue était incertaine. Le roi de France, jugeant les circonstances et le terrain peu favorables, décida de se retirer ; il ne fut pas poursuivi.
19Le second face-à-face, l’année suivante, n’a pas été plus décisif. Henri II et ses généraux étaient décidés à envahir les Pays-Bas. Ils débutèrent la campagne par un brillant succès, enlevant le 28 juin 1554 la place de Mariembourg. La possibilité de se diriger vers Bruxelles s’offrait à eux. Il aurait fallu pour cela attaquer l’armée adverse, en courant le risque d’être pris en tenaille entre celle-ci et les places du Hainaut. Les Français, jugeant qu’il leur était impossible de combattre dans de telles conditions, ont préféré se dérober. Ils traversèrent l’Escaut et s’arrêtèrent à Crèvecœur ; l’armée impériale, qui les avait poursuivis, s’installa à Cambrai. Sous le prétexte que celle-ci refusait le combat, les troupes françaises décampèrent le 2 août et allèrent assiéger Renty, place flamande faisant face au Boulonnais. On estimait que Charles Quint ne laisserait pas tomber la place sans intervenir. De fait, un engagement eut lieu le 13 août, au cours duquel le camp français remporta une victoire à la Pyrrhus : ses adversaires eurent dix fois plus de tués, mais Renty fut ravitaillée et mise hors de danger. Sur ce maigre résultat, Montmorency, général des troupes d’Henri II, prit le parti de jeter le gant. L’empereur aurait voulu prendre une revanche : son Conseil s’y opposa22. Le grand affrontement était à nouveau remis à une autre occasion.
20À l’échelle européenne, les rapports de force militaires et diplomatiques entre les deux monarchies ont évolué de manière assez semblable à l’affrontement direct : une série de revers retentissants pour l’empereur, en 1552, puis un rééquilibrage progressif. En Italie, les armées françaises se sont tout d’abord montrées conquérantes et ont contesté l’influence dominante qu’y exerçait Charles Quint. En avril 1552, une suspension d’armes est signée avec Jules III. Malgré l’opposition du pape et de l’empereur, Henri II avait victorieusement soutenu le duc de Parme. Il fut alors question d’ouvrir un nouveau front dans la Péninsule. À l’issue d’une assemblée au sommet entre des représentants du roi et de ses alliés, on décida de prendre possession de la république de Sienne, étape toscane en Italie centrale pour une future conquête du royaume de Naples. Quelques semaines plus tard, le 8 juillet 1552, les Siennois chassèrent la garnison impériale imposée par Charles Quint et acceptèrent la tutelle et les troupes françaises. Tout au long de la frontière entre le Piémont et le duché de Milan, une longue guerre d’usure s’était engagée entre leurs deux gouverneurs, Charles de Cossé, comte de Brissac, et Ferrante Gonzaga. Elle a été la plupart du temps favorable au premier, qui s’empara de plusieurs places d’importance, telle Vercelli, terre du duc de Savoie, en novembre 1553. La conquête de la Corse, en août 1553, grâce à l’assistance de la flotte turque, vint couronner, mais aussi achever, ce cycle expansionniste. Le poids acquis par la France commença à véritablement inquiéter les puissances italiennes. Côme de Médicis, duc de Florence, décida de s’engager aux côtés de l’empereur. Des troupes espagnoles et florentines pénétrèrent en janvier 1554 sur le territoire siennois et infligèrent des revers retentissants à leurs adversaires. Au terme d’une année de siège, le 17 mars 1555, elles obtinrent la capitulation de Sienne. Les garnisons françaises détenaient encore la plus grande partie du territoire de la République ; elles se replièrent plus au sud, dans la zone montagnarde de Montalcino23. Le crédit d’Henri II en Italie s’en ressentit.
21Le véritable coup de maître de Charles Quint a cependant été de nature diplomatique. Confrontée à une forte opposition dans son royaume, Marie Tudor s’est appuyée dès son avènement en juillet 1553 sur le soutien de son impérial cousin — sa mère, Catherine d’Aragon, était la tante de celui-ci —, acceptant d’épouser Philippe, prince d’Espagne24. L’Angleterre, alors alliée à la France, changea de camp.
22Trois années consécutives de conflit généralisé ont finalement montré que l’empereur était vulnérable et permis au roi de France d’affirmer sa puissance. Les deux adversaires ne sont cependant pas parvenus à se départager : une lourde défaite ou l’épuisement plus rapide de l’un d’entre eux l’auraient permis, mais le combat décisif n’a jamais eu lieu. Quelles qu’en soient les raisons, les deux souverains ont toujours reculé au moment crucial. L’intense effort de guerre des deux monarchies — chaque année, leur armée principale atteignait au moins le chiffre de quarante à quarante-cinq mille hommes environ — a abouti à des résultats décevants. Les relations entre les souverains se sont dégradées au point qu’ils ne se sont jamais réconciliés ; la prise de contrôle de nombreux territoires par l’un et l’autre a engendré de nouvelles prétentions, venant s’ajouter aux anciennes, ainsi que de nouveaux intérêts stratégiques. Ce sont autant d’écueils auxquels s’est heurté le rétablissement de la paix.
III. — RUSES DIPLOMATIQUES (1552-1554)
23Au milieu d’un conflit armé, un prince cherche à ne montrer aucun signe de faiblesse. Jamais il ne doit donner l’impression de désirer la paix ou même de prendre l’initiative de vouloir engager des discussions. Dans l’esprit du temps, l’épreuve de force diplomatique doit être menée avec autant de détermination que la guerre. Ceci explique que les belligérants agissent souvent par le biais de tiers. Le dialogue, que l’on souhaitait discret, est pourtant incessant à partir du début de l’année 1553. Si son échec est patent, il permet néanmoins de déterminer la stratégie adoptée par les deux camps ainsi que l’équilibre entre eux.
24Les contacts directs noués entre les souverains ont laissé peu de sources, mais on peut en saisir la fréquence et les diverses formes. À plusieurs reprises, les dirigeants français ont utilisé comme intermédiaire le comte de Vaudémont, placé à la tête du gouvernement de régence du duché de Lorraine en 155225. De plus, les généraux des deux armées, sous couleur d’échanges de prisonniers, ont correspondu entre eux. Le secret qui entoure ces démarches exploratoires est compensé par l’information fournie par la diplomatie pontificale, qui s’est érigée en porte-étendard de la paix. Elle s’est imposée comme médiatrice, même si son rôle n’a pas toujours été bien accepté. Une part essentielle des contacts entre les deux monarchies s’est déroulée par son entremise. Le pape intervint tout d’abord à travers ses nonces ordinaires, à partir de l’été 1552. Accentuant sa pression, il décida en avril 1553 d’envoyer deux légats : Girolamo Dandino auprès de Charles Quint et Girolamo Capodifero à la cour d’Henri II. Dès le mois de septembre suivant, il s’en remit à un légat unique mais d’une autre envergure, Reginald Pole, du sang royal d’Angleterre. Durant les quatre premiers mois de l’année 1554, celui-ci voyagea d’une cour à l’autre26.
25La ténacité des représentants pontificaux a été mal payée en retour. Découragé au bout de plus d’une année d’efforts, le nonce de France dresse le bilan suivant :
La pratique de paix a été négociée rudement jusqu’à présent, sans que ces princes n’aient jamais voulu sortir de la généralité et de leurs prétentions ordinaires27.
26Pourtant, si les deux cours ne souhaitaient pas dévoiler leurs intentions, elles étaient avides de percer à jour celles de l’adversaire. Elles finirent par accepter de mettre par écrit leurs exigences mutuelles pour un retour à la paix. Charles Quint délivra des articles datés du 1er septembre 1553, soit immédiatement après que ses troupes eurent rasé Thérouanne et Hesdin. Tenant sa revanche sur le roi de France, il était peu porté à la conciliation. Henri II eut connaissance de leur teneur au milieu de son armée à Crèvecœur-sur-l’Escaut. Il se contenta d’assurances orales, n’acceptant de répondre par écrit que plus tard. Le cardinal Pole finit par triompher des résistances françaises le 15 avril 1554. Dans les deux documents, chaque souverain exprime ses prétentions dans toute leur ampleur : celles-ci étaient, bien entendu, excessives28. Grâce à la diplomatie pontificale, on dispose néanmoins de précieuses indications sur les exigences, mais aussi sur les postures, diamétralement opposées, que les gouvernements ont adoptées.
27En toute occasion, le camp impérial a affiché son inflexibilité. Il affirme que le seul responsable de la guerre est Henri II et qu’il lui revient de formuler des propositions permettant d’y mettre un terme. Aussi, la décision d’envoyer Reginald Pole en premier lieu à la cour de Bruxelles a suscité l’indignation : elle s’estimait désignée comme l’agresseur29. De fait, la diplomatie romaine semble considérer qu’elle oppose une résistance plus grande au rétablissement de la paix. Les offres de médiation y sont toujours mal accueillies : on accorde difficilement des audiences au légat Girolamo Dandino et la désapprobation à la mission confiée à Pole est clairement affichée. Charles Quint, surtout, montre une véritable obstination. Ses préventions contre les souverains français, incapables de respecter un accord de paix et susceptibles des manœuvres les plus viles, sont alors à leur comble. Henri II, rapporte le légat, affirmait qu’il n’existait pas avec lui les mêmes « causes d’inimitié » qu’entre l’empereur et François Ier ; l’intéressé répondit « qu’au contraire, il n’avait pas reçu de son père durant de longues années ni autant ni de si graves injures qu’il n’en avait reçues de lui en peu de temps »30. L’empereur apparaît plus intransigeant que jamais. Non seulement les échecs subis sur ses vieux jours l’avaient vivement blessé dans son honneur, mais l’avaient rendu sujet à de fréquentes crises de dépression. Il demeurait parfois incapable de prendre la moindre décision plusieurs mois d’affilée, paralysant l’activité gouvernementale. Granvelle et Marie de Hongrie, qui exerçaient dans les faits la direction des affaires, maintenaient une position en apparence tout aussi dure. Les articles remis à Reginald Pole, qui sont sans doute en grande partie leur œuvre, exigent purement et simplement qu’Henri II renonce à toutes ses conquêtes récentes, à ses prétentions anciennes et à l’occupation du duché de Savoie ; ils réclament même une contrepartie financière aux dommages subis au cours du conflit31. Dans l’entourage de Charles Quint, on préparait cependant déjà l’accord de paix à venir. La campagne de l’année 1554 s’était achevée par une impossibilité de riposter à l’attaque menée par l’adversaire, en grande partie pour des raisons financières.
28Le roi de France, quant à lui, n’a cessé d’afficher une attitude conciliante. Du premier au dernier jour de la guerre, il déclare être disposé à entretenir des relations pacifiques avec l’empereur et le donne à voir en accueillant toujours favorablement les avances pontificales. Dès son arrivée en France, en septembre 1552, le nonce Prospero Santa Croce a le sentiment qu’Henri II est disposé à mettre fin aux hostilités, et même qu’il serait prêt à accepter de s’en remettre à l’arbitrage du pape. À Rome aussi, on finit par en être convaincu : le secrétaire d’État Giovanni Morone estimait qu’il fallait « avoir confiance et espérer beaucoup en la bonté et la magnanimité de ce roi »32. S’agit-il uniquement d’un masque ? Le souverain ne fait aucune proposition précise et conserve lui aussi des exigences élevées — principalement la cession de l’ensemble des possessions impériales en Italie. Comme le note Reginald Pole, il suggère toutefois de reprendre la solution, déjà envisagée par le traité de Crépy, consistant à remettre certaines des terres en contestation à un de ses fils cadets, qui aurait épousé une princesse Habsbourg33. La cour de France paraît donc souhaiter plus nettement l’ouverture de négociations. On invoque souvent, pour l’expliquer, la menace constituée par le mariage entre le prince Philippe et Marie Tudor et le fait qu’Anne de Montmorency y inclinait fortement ; il semble aussi que les dirigeants français estimaient le moment venu de profiter de la faiblesse de l’empereur pour lui imposer leurs conditions. C’est l’avis exprimé par le chancelier Olivier dans l’instruction qu’il remit aux plénipotentiaires français à la conférence qui s’ouvrit à Marck en 1555 :
À ce l’on peult estimer de l’intention de l’empereur au fait de la paix, il y a apparence qu’il y va de grande affection, la faisant chercher par tant et sy divers moiens, ce que se peult confirmer par le besoing que l’on veoit qu’il en a et la necessité en quoy il est reduict de tous costez, assez cogneue d’un chacun34…
29Ainsi, au moment où les opérations militaires font rage, chaque camp évalue presque continuellement la possibilité d’un accord. Il ne s’agit pas uniquement d’un jeu de faux-semblants. Sans qu’aucun des adversaires ne se dévoile, certains signes montrent, à la fin de l’année 1554, que la volonté d’en découdre sur le champ de bataille apparaît moins forte que la recherche d’une paix aux meilleures conditions. Le redressement de la situation de Charles Quint pouvait le permettre ; l’épuisement général des ressources financières y engageait fortement.
Notes de bas de page
1 F. Pommier Vincelli, « Il concetto di reputazione ».
2 Henri II au cardinal de Guise, Fontainebleau, 27 novembre 1547, BNF, Fr. 3125, f° 47r°, minute.
3 J. G. de Sepúlveda, Historia de Felipe II, t. IV, p. [xi].
4 R. Babel, « Francia y Carlos V », pp. 439-440.
5 La synthèse réalisée par Lucien Romier demeure l’étude de référence sur Henri II et sur son entourage. Voir Id., Les origines politiques des guerres de religion.
6 M.-N. Baudouin-Matuszek, « Henri II et les expéditions françaises en Écosse » ; D. Potter, « Documents concerning the negociation of the anglo-french treaty of march 1550 ».
7 A. Y. Haran, Le lys et le globe, pp. 105-128 ; F. Checa Cremades, Carlos V, pp. 114-124 ; H. Hermant, Guerres de plumes et campagnes d’opinion, t. II, pp. 801-804 ; C. Vivanti, Guerre civile et paix religieuse dans la France d’Henri IV, pp. 79-88.
8 Instruction de Charles Quint à Philippe II, Bruxelles, 18 janvier 1548, Corpus documental de Carlos V, t. II, p. 579.
9 Sur la construction de cet empire, voir J.-M. Sallmann, Charles Quint, pp. 79-105.
10 M. J. Rodríguez Salgado, Un imperio en transición, p. 72 ; M. Van Durme, El Cardenal Granvela, pp. 137 sq.
11 P. de Vaissière, Charles de Marillac, pp. 79-193.
12 Selon les mots de Marillac (lettre à Henri II, Cologne, 9 septembre 1551, Mémoires de François de Lorraine, p. 52).
13 Sur cette montée des tensions, voir Renard à [Marie de Hongrie], 11 avril 1551, AGS, K 1489, n° 41, trad. ; Renard à Philippe, prince d’Espagne, Poissy, 20 juin 1551, AGS, K 1489, n° 70b, déch. ; L’Aubespine, résident aux Pays-Bas, à Henri II, Bruxelles, 21 juin 1551, Mémoires de François de Lorraine, pp. 54-55 ; et Marillac à Henri II, Cologne, 25 et 30 juin 1551, ibid., pp. 57 et 57-58.
14 Renard à Charles Quint, 14 septembre 1551, AGS, K 1489, n° 58b, trad. du déchiffré ; les plénipotentiaires impériaux à la conférence de Marck à Charles Quint, Gravelines, 25 mai 1555, BNF, NAF 6168, pp. 775-780 ; « Manifeste du roy sur les raisons qu’il a de faire la guerre à l’Empereur », G. Ribier, Lettres et Mémoires d’Estat, t. II, pp. 371-[373].
15 Renard à Charles Quint, 14 septembre 1551, AGS, Est. K 1489, n° 58b, trad. du déchiffré.
16 J. I. Israel, « Carlos V y el papel estratégico de Flandes en la Monarquía española ».
17 J.-D. Pariset, Les relations entre la France et l’Allemagne, pp. 107-115.
18 É. Duvernoy, Chrétienne de Danemark, pp. 241-260 ; J. D. Pariset, « La Lorraine dans les relations internationales au XVIe ».
19 Sur les opérations militaires lors de ce « voyage d’Allemagne », voir I. Cloulas, Henri II, pp. 315-326, et D. Le Fur, Henri II, pp. 334-351.
20 K. Brandi, Charles-Quint et son temps, pp. 626-632 ; M. J. Rodríguez Salgado, Un imperio en transición, pp. 81-82 ; M. Wolfe, « Au-delà du possible : comprendre la défaite des impériaux lors du siège de Metz ».
21 F. de Rabutin, Commentaires, éd. C. Gailly de Taurines, t. I, p. 206. Sur l’importance stratégique de la place, voir L. Vissière, « Thérouanne sur l’échiquier européen ».
22 Sur les campagnes des années 1553-1554, voir F. Lot, Recherches sur les effectifs des armées françaises des guerres d’Italie, pp. 136-147 ; C. Baes, « La campagne d’Henri II de France dans l’Entre-Sambre-et-Meuse » ; I. Cloulas, Henri II, pp. 396-409 ; M. J. Rodríguez Salgado, Un imperio en transición, pp. 145-148. Sur la bataille de Renty, voir D. Le Fur, Henri II, pp. 383-390.
23 Sur la stratégie de la France et de ses alliés, voir M. François, Le cardinal François de Tournon, pp. 278-281 ; sur les opérations en Italie, voir L. Romier, Les origines politiques des guerres de Religion, t. I, pp. 317-456 ; et sur Sienne, voir R. Cantagalli, La guerra di Siena.
24 M. J. Rodríguez Salgado, Un imperio en transición, pp. 127-136 ; M. Tridon, Simon Renard, pp. 66 sqq. ; D. Loades, The Reign of Mary Tudor, pp. 171-222.
25 A. Segre, « La questione Sabauda », pp. 407-408 ; É. Duvernoy, Chrétienne de Danemark, pp. 251-252 et 263 sq. (à propos de Vaudémont).
26 T. F. Mayer, Reginald Pole, pp. 203-230. Les correspondances des diplomates pontificaux ont presque toutes été éditées par Heinrich Lutz (Nuntiaturen des Pietro Camaiani und Achille de Grassi, Legation des Girolamo Dandino et Friedenslegation des Reginald Pole) et Francesco Giannetto et Jean Lestocquoy (Correspondance du nonce en France Prospero Santa Croce).
27 « Il negozio della pace è stato trattato fin qui rudemente, non avendo mai voluto questi prencipi uscir dal generale e dalle loro pretensioni ordinarie » (Santa Croce à Pole, Paris, 20 octobre 1553, Friedenslegation des Reginald Pole, p. 70) ; voir aussi la Correspondance du nonce en France Prospero Santa Croce, pp. 19-41.
28 Pour le mémoire remis par Charles Quint, voir Nuntiaturen des Pietro Camaiani und Achille de Grassi, Legation des Girolamo Dandino, pp. 436-438 ; pour celui d’Henri II, voir Friedenslegation des Reginald Pole, pp. 347-350 — sa date est mentionnée dans une copie : MAE, MD, Espagne 306, ffos 237-238 — et les jugements portés par Jules III et par le cardinal Morone (Friedenslegation des Reginald Pole, pp. 166-168 et 172).
29 Ce sont les propos tenus par Charles Quint lors des audiences accordées à Pole en février 1554 (Friedenslegation des Reginald Pole, pp. 134-137).
30 « … non essendo maxime intervenute tra loro quelle cause d’inimicitia che erano occorse tra S. Mtà et il re suo padre, etc. A questo S. Mtà disse che anzi dal re suo padre non haveva in molti anni ricevute tante né così gravi ingiurie quante non haveva in poco tempo ricevute dallui » (Pole à Jules III, Bruxelles, 24 avril 1554, ibid., p. 168).
31 Mémoire remis par Charles Quint à Dandino, Bruxelles, 1er septembre 1553, Nuntiaturen des Pietro Camaiani und Achille de Grassi, Legation des Girolamo Dandino, p. 437.
32 « … confidar et sperar molta nella bontà et magnanimità di quel re » (Morone à Pole, Rome, 9 mars 1554, Friedenslegation des Reginald Pole, p. 148).
33 Mémoire remis par Henri II à Pole, [15 avril 1554], ibid., pp. 347-350 ; Pole à Morone, Dilligen, 25 mai 1554, ibid., p. 178.
34 MAE, CP, Autriche 2, f° 296v°. Sur l’attitude du connétable, qui souhaitait entre autres faire oublier ses résultats décevants à la tête des troupes royales en 1553 et 1554, voir F. Decrue, Anne de Montmorency, p. 159.
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