Chapitre VI. Les ambassadeurs du roi : des spécialistes ?
p. 221-251
Texte intégral
1Les ambassadeurs du roi ont précédemment été examinés à travers le prisme des exigences du pouvoir royal. Il est apparu que leur diversité les rendait difficilement réductibles à un improbable profil-type de « l’ambassadeur de Jacques II ». En effet, malgré l’importance considérable des familiers et des conseillers du roi, aucun groupe n’accapare l’intégralité des missions diplomatiques durant le règne. Pour mieux saisir ce qui se joue entre le pouvoir royal et les ambassadeurs, il faut alors envisager autrement la pratique diplomatique, ne plus considérer les ambassades seulement comme des charges décidées par le gouvernement royal, mais aussi comme des moments de la vie d’un homme, des étapes qui peuvent s’avérer cruciales… ou secondaires selon les trajectoires de chaque individu. Dans cette perspective, le problème ne consiste plus seulement à rechercher si un groupe d’hommes d’une origine déterminée accapare ou non les tâches diplomatiques, mais à savoir si des experts se forment en ce domaine. Malgré la variété de leurs origines, la diversité des liens qui les rattachent au pouvoir royal et la discontinuité intrinsèque à l’accomplissement de missions ad hoc, existe-t-il des spécialistes de la diplomatie durant le règne de Jacques II ? Quel profit les ambassadeurs peuvent-ils espérer retirer de leurs missions ?
I — LES SPÉCIALISTES… ET LES AUTRES
VUE D’ENSEMBLE
2L’expérience de la diplomatie n’a pas la même importance pour tous les hommes envoyés en ambassade au nom de Jacques II. L’examen du nombre de missions effectuées fournit à cet égard un bon indice (tableau 14, p. 222). Même si le dépouillement d’autres registres de la chancellerie royale est susceptible de faire apparaître de nouvelles ambassades, l’étude des 349 hommes identifiés pour avoir accompli au moins une mission diplomatique à l’étranger au nom de Jacques II conduit à distinguer nettement deux groupes. La majorité des ambassadeurs effectuent un faible nombre de missions, plus de 80 % ne sont connus que pour une ou deux ambassades. En revanche, une soixantaine d’hommes partent au moins trois fois en mission à l’étranger et une vingtaine d’entre eux à plus de quatre reprises. Ces derniers accomplissent à eux seuls près du tiers des missions diplomatiques, alors qu’ils ne représentent que 6,6 % de l’ensemble des ambassadeurs. Il y a donc bien deux catégories d’ambassadeurs, les occasionnels et de véritables spécialistes des tâches diplomatiques.
TABLEAU 14. — Les ambassadeurs du roi, spécialistes et occasionnels*
Nombre d’ambassades effectuées | Nombre d’ambassadeurs (sur 349) | % des ambassadeurs | % des ambassades (sur un total de 692) |
1 | 232 | 65,3 | 32,9 |
1-2 | 288 | 82,5 | 41 |
1-4 | 328 | 94 | 67,5 |
3-24 | 61 | 17,7 | 59 |
5-24 | 21 | 6,6 | 32,5 |
SOURCES
ACA, reg. 235-239, 252, 334-339, 347, 1521 ; dictionnaire des ambassadeurs, voir annexe I (CD-ROM)
LES HAPPY FEW : LES SPÉCIALISTES DE LA DIPLOMATIE ROYALE
3Plusieurs profils de spécialistes des tâches diplomatiques se dégagent. Certains ambassadeurs se consacrent exclusivement à une zone géographique déterminée, d’autres sont plutôt employés en raison de l’objet de la mission. D’autres encore sont véritablement des spécialistes de la diplomatie du roi de manière générale. Par spécialistes, il faut entendre ici les individus susceptibles d’accomplir au service du roi des missions diplomatiques particulièrement variées, que ce soit par la destination ou par la nature de la tâche à effectuer. La délimitation de l’ensemble de ces spécialistes est nécessairement floue sur ses marges, mais l’on peut raisonnablement y inclure les hommes qui se sont rendus dans au moins trois cours étrangères différentes et qui ont participé à un minimum de trois ambassades distinctes pour le compte de Jacques II. Parmi les 349 représentants du roi, 38 répondent à ces caractéristiques. Représentant un peu plus de 10 % des hommes envoyés en ambassade par Jacques II, ils totalisent à eux seuls près du tiers des participations aux legationes et forment le noyau dur de la diplomatie royale. Le nombre des membres de ce petit cercle d’élus est en fait plus réduit encore, puisque les 38 hommes identifiés se répartissent sur les 37 années du règne de Jacques II. D’après les sources rassemblées dans les trajectoires biographiques, il faut plutôt compter entre 10 et 25 individus réunissant ces caractéristiques et se trouvant effectivement disponibles pour servir le roi à un moment donné.
a) Des hommes d’expérience
4On trouve parmi eux, surtout en début de règne, une forte proportion d’hommes qui ont déjà accompli des missions diplomatiques pour des souverains de la Maison d’Aragon avant que Jacques II ne monte sur le trône. Guillem na Muntaguda, Bernat de Fonollar, Bernat de Segalars, Guillem de Jafèr, Guillem Durfort et Ponç de Vilaró ont tous mené des ambassades pour Alphonse III, alors que Gilabert de Cruïlles et Pere Sacosta ont pour leur part représenté Pierre III et Alphonse III d’Aragon à l’étranger. Certains ont acquis l’expérience de l’action diplomatique au service du futur Jacques II, alors qu’il était encore roi de Sicile. Bernat de Sarrià a été son ambassadeur auprès d’Alphonse III et du roi angevin Charles II, tandis que Ramon de Muntanyana et Bertran de Canelles ont même œuvré comme ambassadeurs de Jacques roi de Sicile et d’Alphonse III d’Aragon1.
5L’emploi de ces hommes d’expérience s’avère essentiel pour les missions les plus cruciales du règne. Les quatre ambassadeurs envoyés à Rome en 1295 pour négocier avec le pape et les représentants angevins le texte du traité d’Anagni (Gilabert de Cruïlles, Guillem Durfort, Pere Sacosta, Guillem Galvany) ont tous déjà servi la diplomatie de Jacques en Sicile ou celle de ses prédécesseurs sur le trône aragonais. Leur présence confère une certaine continuité à l’action diplomatique royale, qui bénéficie de la sorte de l’utilisation de trois types d’expériences complémentaires : celle acquise au service des prédécesseurs du roi, celle des hommes qui représentaient Jacques roi de Sicile et celle peu à peu accumulée par des « hommes neufs » entrés plus tardivement en diplomatie.
b) Domination des conseillers et familiers du roi
6Quel que soit leur parcours antérieur, ces spécialistes sont principalement des familiers (26 sur les 38) et/ou des conseillers du roi (21 sur 38)2. Lorsqu’ils n’appartiennent pas à ces cercles de faveur ou de décision politique privilégiés, il s’agit de grands nobles (Jaspert de Castellnou), de très hauts dignitaires ecclésiastiques (Romeu Ortiç, ministre général de la province d’Aragon de l’ordre franciscain) ou bien encore de grands officiers des administrations centrales (Pere Boyl, trésorier puis mestre racional, le trésorier Pere Marc) et de très proches du roi, comme son confesseur Ponç Carbonell. La forte présence des conseillers et des familiers parmi les spécialistes « tout terrain » confirme l’importance cruciale de ces hommes pour la diplomatie royale. Celle-ci tient néanmoins une place très variable dans l’activité des différents conseillers ou membres de la familiaritas, comme l’illustre la mise en regard de quelques trajectoires individuelles nettement différenciées.
7Considérons d’abord l’exemple de Gonzalo García, sans nul doute l’un des ambassadeurs les plus importants du règne de Jacques II. Écuyer au service du roi en 1293, attesté comme grand portier (hostiarius maior) de la reine Blanche depuis 1297, Gonzalo García est familier de Jacques II depuis 1298, l’accompagne dans son voyage en Sicile en 1299 et est qualifié de conseiller du roi depuis 1302 au moins3. Il va ensuite servir pendant près de trente ans le roi dans d’innombrables ambassades. Ses pérégrinations rendent perceptible la place que la diplomatie peut occuper dans la vie d’un proche conseiller de Jacques II. Gonzalo García se rend en Castille en mars 1298 avec Jaime de Jérica auprès du noble castillan Juan Núñez, puis, en 1299, auprès du pape pour le compte de Jacques II (pro aliquibus serviciis nostris) lors de son séjour en Italie4. Il reprend la route à la fin du mois de novembre 1302 et se dirige cette fois-ci vers Narbonne avec Joan de Torrefeta pour négocier avec des émissaires français une éventuelle rencontre royale entre Jacques II et Philippe le Bel5. Les années suivantes sont celles d’une spécialisation dans les relations avec la Castille. Après qu’une mission censée obtenir des infants de la Cerda une rencontre avec Jacques II eut finalement été annulée en avril 1303, il est présent aux côtés du roi d’Aragon lors des rencontres de Játiva le 9 mai 1303 avec Juan Manuel, prête à cette occasion serment au nom de son souverain de respecter les accords qui sont passés avec l’infant castillan et est avec Bernat de Sarrià et Jaspert de Castellnou l’un des trois hommes auxquels Jacques II remet un château en otage pour garantir l’accord6. Il rend ensuite visite à Juan Manuel au nom de Jacques II au mois de septembre de la même année7, avant de représenter le roi avec Domingo García de Echauri devant Ferdinand IV et María de Molina au mois de mars 13048. Leur mission consiste à obtenir les trêves nécessaires pour que des rencontres royales puissent avoir lieu l’été suivant. Il échange durant cette période des lettres avec le roi de Castille, auquel il demande de limiter les conflits frontaliers, et avec l’infant Juan, fils du défunt Alphonse X, qui le sollicite pour accélérer la venue de Jacques II à la rencontre du roi portugais Denis9. Son rôle diplomatique ne se limite donc pas aux seules ambassades. Gonzalo García repart en mission (legatio) pour le compte de Jacques II avec l’évêque de Saragosse à la fin du mois de juin 1304, toujours dans le but d’établir des trêves, mais ajoute cette fois-ci à son itinéraire castillan la cour du roi Denis Ier du Portugal10. Il passe à son retour auprès de l’infant Juan, puis est chargé par le monarque aragonais de rédiger des lettres relatives à des conflits portant sur les châteaux d’Elda et de Novella, qu’il a le pouvoir de recevoir des mains de Ferdinand IV et de María de Molina en mars 130511. À la fin de cette année, il quitte à nouveau la péninsule Ibérique et se dirige en Avignon avec un autre grand spécialiste de la diplomatie royale, le conseiller et familier du roi Joan Borgunyó12. Tous deux doivent mener à bien une ambassade particulièrement complexe, lors de laquelle il s’agit à la fois d’évaluer les possibilités d’un mariage princier entre l’Aragon et la France, d’avancer les négociations sur le Val d’Aran et de sceller à nouveau l’amitié entre les deux souverains. À cette occasion, Gonzalo García doit par ailleurs renouveler devant le pape Clément V l’hommage prêté par Jacques II pour le royaume de Sardaigne et de Corse, et négocier d’autres affaires encore avec le souverain pontife13. Revenu de cette mission en mars 130614, il repart deux ans plus tard en ambassade dans la Castille voisine. Il se charge alors avec Bernat de Sarrià, un autre grand conseiller du roi, d’obtenir un accord avec Ferdinand IV pour lutter contre l’émirat de Grenade et récupère également auprès de nombreux nobles castillans la promesse de respecter les accords passés aux rencontres royales (vistas) d’Alcalá de Henares15. Quelques semaines plus tard, au mois de janvier 1309, il est envoyé en mission à Elche pour accueillir des messagers marocains et conclure au nom des rois d’Aragon et de Castille une alliance avec le Maroc contre Grenade16. En avril 1310, il est accrédité ad invicem par Ferdinand IV auprès de Jacques II, puis se rend en juin auprès du comte d’Empúries pour préparer l’armement de galères17. Il repart ensuite à la fin du mois de février 1311 avec Domingo García de Echauri en Castille pour les difficiles négociations (pro aliquibus arduis negociis expediendis) relatives au mariage de l’infant Pedro de Castille avec María d’Aragon, une mission dont il revient probablement à la fin du mois de juin18. Les ambassades se succèdent régulièrement dans les années suivantes : en mars 1314 auprès de l’infant Juan Manuel pour réparer un affront porté au maître de l’ordre de Calatrava, en janvier 1315 pour traiter d’affaires secrètes avec Jaime de Jérica19. Gonzalo García est convoqué par le roi à Barcelone au mois de mai de cette même année. Il doit le cas échéant se tenir prêt à partir avec l’archevêque de Tarragone et l’infant Philippe de Majorque pour une mission de médiation entre Angevins et Aragonais de Sicile, c’est-à-dire pour une ambassade solennelle de très grande importance20. Après quelques années moins mouvementées — mais il s’agit peut-être ici d’un reflet déformant des sources — il prend à nouveau le chemin de la Castille à plusieurs reprises, en 1321 pour aider l’archevêque de Tolède, fils de Jacques II, en 1325 pour négocier avec Alphonse XI et l’infant Juan Manuel une issue au conflit qui oppose ce dernier à l’archevêque tolédan. En 1326, il reçoit du roi le pouvoir d’engager le mariage entre Blanca, fille de l’infante María d’Aragon, et le noble Juan de Biscaya. Inépuisable, il se trouve encore en 1327 à la cour du roi de Castille Alphonse XI pour y négocier le mariage de l’infant Alphonse d’Aragon (le futur Alphonse IV) et de Leonor de Castille21.
8Quoi de commun entre ce parcours brillant où les ambassades se succèdent à un rythme vertigineux et le caractère laconique des sources relatives à d’autres familiers de Jacques II, tels G [uillem] sa Sula qui n’est attesté que pour une mission mineure avec un hospitalier en Castille ou bien encore Guillem de Santa Coloma dont on ne connaît qu’une seule ambassade à Majorque22 ? La spécialisation des familiers ou des conseillers du roi dans l’action diplomatique n’est donc pas générale. Mais un petit groupe d’hommes, constitué de Gonzalo García, de Bernat de Sarrià, de Vidal de Vilanova, de Joan Borgunyó et de Bernat de Fonollar constitue véritablement le noyau dur de la diplomatie de Jacques II. Plus encore que les autres ambassadeurs spécialistes, leur action s’inscrit en effet dans la durée : tous effectuent plus de onze ambassades au service de Jacques II et le temps écoulé entre la mention de la première et de la dernière mission est celui d’une génération, entre vingt et trente années23. Ce petit groupe de spécialistes parmi les spécialistes se caractérise par la grande variété des types de missions qui leur sont confiées. Le cas de Bernat de Sarrià le démontre clairement. Il doit signifier la paix d’Anagni au roi Charles II, obtenir une trêve avec le sultan de Tunis, négocier le mariage de la fille de Jacques II avec l’infant Juan Manuel de Castille ou bien encore prévenir la guerre entre Frédéric III de Sicile et les Angevins24. Il n’y a donc pas ici de spécialisation géographique ou thématique exclusive pour des hommes auxquels reviennent très souvent les missions les plus importantes. Plus que sur le groupe des conseillers dans son ensemble, la diplomatie de Jacques II repose donc pour une bonne part sur quelques individus qui font partie de ces cercles de faveur du pouvoir royal. Sans que l’on puisse parler d’ambassadeurs permanents, il semble bien que ces hommes soient toujours susceptibles d’être envoyés au nom du roi en ambassade, ce qui confère une continuité et une homogénéité certaines à sa diplomatie.
DES SPÉCIALITÉS
9Les spécialistes polyvalents demeurent toutefois trop peu nombreux pour prendre à leur charge l’ensemble des ambassades expédiées au nom du roi. Y a-t-il alors d’autres spécialistes dont le domaine d’action serait plus restreint ? Peut-on distinguer une répartition générale des tâches diplomatiques selon les destinations et les types de missions ?
a) Spécialisations géographiques des ambassadeurs
10Des spécialisations géographiques apparaissent lorsque l’on met en relation les destinations des ambassades avec l’origine sociale et géographique des ambassadeurs (tableau 15, pp. 236-237)25. Dans les relations avec la curie, les clercs occupent une place plus importante que pour l’ensemble des ambassades, mais l’écart demeure relativement minime. Ils n’accaparent pas, loin de là, l’ensemble des missions dépêchées auprès du pape26. Les nobles — chevaliers essentiellement, souvent membres de la maison du roi, de la reine ou de l’un des infants — jouent eux aussi un rôle primordial dans ce domaine essentiel de la diplomatie aragonaise. Si Rome puis Avignon ne constituent pas un pré carré pour les clercs, il existe en revanche de véritables spécialistes des relations avec la curie pontificale. La figure emblématique de Vidal de Vilanova occupe à ce titre le devant de la scène. Chevalier, grand portier (hostiarius major) de la reine Blanche d’Aragon, conseiller et familier du roi (depuis 1288), il est le véritable pilier des relations avec la curie, surtout en Avignon. Il effectue au moins douze ambassades (legationes) pour le compte de Jacques II auprès des papes Boniface VIII, Clément V et Jean XXII27, participe aux missions les plus importantes du règne, comme celle qui se rend en 1303-1304 auprès du pape, des rois de Majorque, de France et de Naples28, mène notamment les ambassades successives pour l’obtention de la décime nécessaire à la conquête de la Sardaigne29. Seule manque à son actif l’ambassade solennelle dépêchée par Jacques II au concile de Vienne en 1311-1312.
11Les legationes destinées au roi de France, de même que celles que le roi envoie en Italie, se caractérisent quant à elles par une prédominance plus nette des clercs, qui cumulent entre 45 % et 60 % des participations à ces missions. Là encore, importance ne signifie pas exclusive, car nobles et officiers du roi sont bien représentés. Certains ambassadeurs apparaissent comme des spécialistes de ces seules cours. Toutes les missions effectuées par le noble Gilabert de Centelles au nom de Jacques II le mènent ainsi auprès de souverains de la péninsule italienne, qui l’utilisent parfois en retour comme ambassadeur auprès du roi d’Aragon. Charles II d’Anjou l’accrédite auprès de Jacques II en 130430 ; devenu familier de Jacques II, il est chargé en 1307 par ce dernier de traiter de l’affaire sarde avec le roi angevin31. En 1309, il tente de négocier avec le roi d’Aragon pour le compte, respectivement, de Frédéric III et de Robert d’Anjou, le mariage d’un fils de Frédéric III de Sicile avec une fille de Jacques II, et, d’autre part, une alliance entre l’infant Ferdinand de Majorque et Clémence de Hongrie32. Au début de l’année 1311, il est à nouveau reçu en tant qu’ambassadeur de Robert par Jacques II, et il est prévu de le renvoyer ad invicem auprès du souverain angevin33. En 1312, il poursuit avec Florence et Lucques des négociations sur la Sardaigne et œuvre au début de l’été 1313 en Italie pour le compte de Jacques II34. L’année suivante, Gilabert se rend en Calabre pour traiter au nom de Jacques II de la concorde entre Naples et la Sicile et, après qu’il a échappé à un naufrage, on le retrouve encore comme ambassadeur de Robert d’Anjou à la cour d’Aragon en avril 131635. Ce tropisme italien n’est pas isolé. La France et l’Italie constituent des terres de prédilection pour les conseillers et les familiers de Jacques II, qui réunissent à eux seuls plus de la moitié des participations à des legationes pour chacune des cours concernées (tableau 15, pp. 236-237).
12La situation apparaît radicalement différente lorsque le regard se porte vers les terres islamiques et l’Orient. Les nobles y conservent une place au sein des ambassades royales et l’on trouve encore des religieux pour se rendre en Orient (des hospitaliers notamment), mais les clercs disparaissent complètement des legationes en terres infidèles, sans aucun doute parce que leur condition pourrait compliquer l’accomplissement des missions menées au nom du roi. Ils s’effacent au profit des hommes des villes et des marchands qui, en particulier pour les relations avec le sultanat égyptien, combinent les missions diplomatiques avec des activités commerciales et offrent souvent l’avantage de connaître préalablement les territoires36.
13Dans la péninsule Ibérique, les représentants de Jacques II auprès des souverains portugais et castillan présentent des profils différents encore. Les citoyens des villes sont presque totalement évincés au bénéfice des officiers du roi, des clercs et des nobles (tableau 15, pp. 236-237). L’examen des trajectoires biographiques révèle ici l’existence de véritables spécialistes. Ce sont notamment des religieux, surtout séculiers, militaires ou mendiants. Entre 1303 et 1305, à un moment où les échanges diplomatiques s’intensifient entre les différentes cours de la Péninsule pour tenter de résoudre le conflit castillano-aragonais sur le royaume de Murcie et sur le sort des infants de la Cerda, plusieurs ambassadeurs de Jacques II se distinguent ainsi par une activité diplomatique que l’on peut sans ambages qualifier de frénétique. Domingo García de Echauri, chanoine de Calatayud, puis sacristain de Tarazona, et Ramon de Montrós, archidiacre de la Guàrdia, sont envoyés à de multiples reprises en Castille, à la cour royale de Ferdinand IV comme auprès des nobles engagés dans le(s) conflit(s) : au moins dix ambassades au nom de Jacques II pour Ramon de Montrós dans ces deux seules années et huit pour le sacristain de Tarazona37. Ils se rendent aussi à la cour royale portugaise pour établir des trêves et préparer les importantes rencontres royales de Badajoz (1303), Torellas (1304) et Ágreda-Elche (1305). Ces clercs gyrovagues, presque constamment sur les routes, partent soit seuls, soit en ambassade solennelle. De manière tout à fait remarquable, ils accomplissent très souvent des missions ad invicem, retournant auprès du souverain aragonais munis de lettres de créance remises par le(s) roi(s) ou les grands au(x)quel(s) ils viennent de rendre visite. Il serait alors restrictif de considérer ces hommes uniquement comme des ambassadeurs de Jacques II, d’autant plus qu’ils ne repartent pas nécessairement directement à la cour royale aragonaise. Ramon de Montrós, après avoir été dépêché par Jacques II à la cour du roi de Castille Ferdinand IV, est ainsi chargé d’une mission au Portugal par l’infant Juan, fils d’Alphonse X38. Le même Ramon de Montrós est tout à la fois clerc et familier du roi portugais Denis, archidiacre de Jacques II et clerc du roi de Castille39. Pour sa part, Domingo García de Echauri, originaire d’une zone frontalière entre la Castille et l’Aragon, officie parfois comme représentant de Jacques II aux Cortes castillanes (Medina del Campo, mai 1305) et passe à partir de 1312 au service de Leonor de Castille40. Spécialistes des relations diplomatiques dans la péninsule Ibérique, certains de ces hommes ne dépendent donc pas du seul roi d’Aragon. Même liés de manière préférentielle à celui-ci, ils sont en fait au service de plusieurs souverains.
14Dès lors, l’expérience accumulée entre les différentes cours de la Péninsule, souvent bien au-delà de 1305, conduit à confier à ces clercs des missions qui nécessitent des compétences et des connaissances dans divers royaumes. Domingo García de Echauri est par exemple chargé de défendre les droits en Aragon de María, la femme de l’infant Juan de Castille41. De plus, leur qualité de spécialiste est explicitement reconnue. Alors que les ambassadeurs envoyés à l’étranger sont d’ordinaire nommément mentionnés dans la correspondance des souverains, Domingo García de Echauri, l’un des seuls ambassadeurs à figurer dans la Crónica de Fernando IV (« un sacristán de Tarazona del rey de Aragón »)42, est ainsi souvent désigné simplement comme le sagrista dans les échanges épistolaires, sans que soit précisé le lieu d’exercice de sa charge ecclésiastique. De manière similaire, Ramon de Montrós est mentionné comme l’arcidiano dans une lettre adressée à Jacques II par Vatatza, une importante femme de pouvoir d’origine grecque à la cour de Ferdinand IV43. Il va donc de soi pour les rédacteurs de ces lettres que les destinataires comprendront immédiatement de qui il s’agit. Connus, reconnus comme des spécialistes des relations entre les cours, les quelques hommes qui mènent l’essentiel des tractations diplomatiques au nom de Jacques II dans la péninsule Ibérique entre 1303 et 1305 conduisent encore fréquemment des ambassades dans les années qui suivent, Domingo García de Echauri tout particulièrement44. Leur spécialisation n’est donc pas simplement conjoncturelle. Ces ambassadeurs qui se consacrent exclusivement à la Péninsule, auxquels s’adjoint dans les années suivantes le scribe (scriptor) du roi Guillem Palazín, sont alors logiquement attendus, voire exigés par les protagonistes lorsque l’affaire est jugée importante45. L’infant Juan de Castille en formule la demande explicite à Jacques II :
… Je vous fais savoir que j’ai vu la lettre de créance que vous m’avez envoyée avec Rodrigo Gil, juge de votre maison, en raison des lettres que moi et don Juan, mon frère, nous avions envoyées et dans lesquelles nous vous demandions de bien vouloir nous envoyer ici ou bien Gonzalo García ou bien le sacristain de Tarazona, afin que nous parlions avec eux de choses dont nous devions parler avec vous et que nous ne pouvions vous envoyer dire par personne, si ce n’est par l’un de ceux-là, Gonzalo García ou le sacristain46.
15Une telle lettre conduit à relativiser singulièrement le degré de liberté dont dispose le pouvoir royal pour la désignation des ambassadeurs. Le choix d’un représentant est ici tout autant le fruit de la décision du souverain que la résultante de l’expérience diplomatique de l’ambassadeur et des pressions émises par les cours étrangères.
16Il existe donc une réelle répartition géographique des tâches diplomatiques entre les ambassadeurs de Jacques II selon leurs origines, très variées. Les nobles et les officiers du roi n’ont certes pas de destination de prédilection, mais les citoyens des villes et les marchands sont de préférence envoyés en Italie, en terres islamiques et en Orient, selon une cartographie qui épouse les grands axes du commerce catalan. Le pouvoir royal procède corrélativement à une répartition implicite des destinations qui épouse de manière assez remarquable les compétences et les zones d’influence respectives des clercs et, surtout, des différents ordres religieux. Les clercs ne partent guère en terres impies pour le compte du roi. Les séculiers, les dominicains et les abbés des grands monastères (Ripoll, Santes Creus, Poblet) liés à la dynastie aragonaise prédominent à la curie où ils disposent de soutiens et d’intérêts extrêmement importants. Les franciscains sont pour leur part très souvent envoyés dans la péninsule italienne, notamment à l’occasion des réunions répétées du chapitre général de l’ordre du poverello. En 1316, Jacques II met ainsi à profit le voyage que Romeu Ortiç, ministre des franciscains dans la Province d’Aragon, entreprend pour ce motif, et lui confie une mission de médiation auprès de Robert d’Anjou, en demandant au ministre général de l’Ordre de le dégager de son obligation d’assistance au chapitre général47. Avant que leur Ordre ne soit dissous, les Templiers sont surtout destinés aux royaumes frontaliers de Majorque et de Castille. Enfin, les Hospitaliers, installés à Malte depuis la chute de Saint-Jean d’Acre en 1291, prédominent parmi les religieux envoyés à Chypre et en Orient. Quelques conseillers et familiers qui interviennent dans de multiples cours, des destinations de prédilection selon l’appartenance sociale, mais sans caractère systématique, la mise à profit des réseaux et des compétences propres aux différents ordres religieux et militaires, de véritables spécialistes des missions diplomatiques pour certaines destinations, des cours qui accueillent en revanche des ambassadeurs de Jacques II de conditions sociales très variées : n’existerait-il pas alors un autre type de spécialisation diplomatique, selon la nature des missions à accomplir ?
b) Spécialisations par type de mission
17Il est à ce sujet particulièrement difficile d’effectuer une approche statistique globale sur l’ensemble du corpus des ambassades. On ne connaît pas pour chacune d’entre elles le ou les mobiles de leur envoi et il serait artificiel de réduire par encodage certaines ambassades à une seule catégorie… lorsqu’elles comportent en fait souvent des objectifs multiples. Deux groupes peuvent néanmoins être abordés de manière relativement sûre. Il s’agit des hommes versés en droit et des clercs et religieux envoyés à l’étranger par le souverain.
18Fort logiquement, les spécialistes en droit sont mis à contribution pour accomplir des missions diplomatiques dans lesquelles doivent être réglés ou sont susceptibles de surgir des contentieux juridiques48. L’expert en droit (jurisperitus) Francesc de Luna est ainsi envoyé auprès de la cour de Majorque en septembre 1324 afin de faire valoir les droits successoraux de Jacques II sur le trône baléare49. Pour sa part, Pere Despens, savant en droit, assesseur du veguer et cort de Lérida, est mandé en juillet 1312 par Jacques II avec l’archidiacre d’Urgell Berenguer de Argilaguer, lui aussi docteur en lois, auprès des messagers français pour négocier le statut du Val d’Aran50. Pere Despens part ensuite en décembre 1326 à la curie pour traiter du mariage de l’infant Pedro d’Aragon51. L’exemple du docteur en droits Ramon Vinader est plus éclairant encore. Il est reçu par le pape Jean XXII à Avignon en 1322 en tant que représentant de Jacques II et de Sanche de Majorque afin de défendre les droits de ce dernier sur Montpellier, des droits sur lesquels empiète alors le roi de France52. Ramon repart ensuite à la curie avec le noble Ot de Montcada au mois de mai de la même année et, après le rappel de son compagnon d’ambassade, y demeure seul à partir du mois de septembre pour mener la défense des droits de Sanche et de Jacques II53. Désormais expert des relations avec le royaume majorquin, il se rend en ambassade en 1324 auprès de l’infant de Majorque Jacques (Jacques III) après la mort du roi Sanche. Il doit alors présenter avec Bernat de Fonollar les protestations (protestationes) par lesquelles le roi d’Aragon dénie à l’infant la légitimité de ses aspirations au trône de Majorque et met en avant ses propres droits sur la succession54. Ramon Vinader peut donc à bon droit être considéré à la fois comme un spécialiste des relations avec le royaume de Majorque et des missions à caractère matrimonial ou juridique.
19Les clercs et les religieux envoyés en ambassade par le pouvoir royal aragonais accomplissent fréquemment des tâches diplomatiques intrinsèquement liées à leur état d’hommes d’Église. Poursuivant l’objectif du maintien ou du rétablissement de la concorde entre chrétiens, ils travaillent à l’instauration de trêves, garantissent comme témoins les traités de paix, agissent comme arbitres dans les conflits entre princes, par exemple dans les commissions mixtes réunies en 1305 pour la répartition du royaume de Murcie. Leur présence est notoire dans les missions de médiation entre princes chrétiens. Jacques II propose par exemple à de multiples reprises ses bons offices entre les rois de Naples et de Sicile, avant et surtout après le traité de Caltabellotta en 1302. Les ambassadeurs qui le représentent alors auprès des différents souverains (Frédéric III de Sicile, Charles II puis Robert d’Anjou à partir de 1309) sont essentiellement des religieux que leur condition de clerc prédestine aux missions de pacification55. Lorsque la situation entre Angevins de Naples et Aragonais de Sicile devient en 1315 particulièrement tendue, Jacques II envisage d’envoyer en Italie son conseiller Gonzalo García et l’infant Philippe de Majorque avec le prélat possédant le titre le plus élevé dans la couronne d’Aragon, l’archevêque de Tarragone Gastó de Montcada, afin que cette imposante troïka effectue une médiation entre les deux puissances rivales. Le but poursuivi et revendiqué par le roi d’Aragon est double : tenter de sauver la paix pour pouvoir conquérir la Sardaigne ; sauvegarder son honneur devant le jugement de Dieu et des hommes56. L’accomplissement de son devoir de prince chrétien nécessite alors impérativement l’emploi d’un dignitaire religieux de haut rang susceptible de renforcer le caractère solennel de l’ambassade. Même en cas d’échec, « il sera [alors] connu de Dieu et de tous les hommes que nous avons accompli notre devoir à ce sujet, principalement en raison de la si grande autorité de ces ambassadeurs »57. D’autre part, probablement en raison du vœu de chasteté qu’ils ont prononcé, les clercs sont souvent habilités à examiner les femmes susceptibles d’être épousées par les membres de la famille royale aragonaise58.
20Sans se restreindre exclusivement au travail en faveur de la paix, aux relations avec la curie ou à l’expertise pré-nuptiale, les clercs et les religieux, de même que les juristes, concentrent donc une partie importante de leur activité dans des domaines bien spécifiques. La diplomatie du roi peut alors largement reposer sur la complémentarité entre divers types de spécialisations : l’une, individuelle, de quelques hommes susceptibles d’intervenir dans de nombreuses cours ou qui effectuent régulièrement des ambassades auprès d’une ou de deux cours étrangères, l’autre, relative, des membres de certains états (clercs, juristes) versés particulièrement dans des types déterminés de missions. Cependant, la pratique diplomatique n’est pas seulement une affaire de spécialistes, car le roi envoie aussi à l’étranger des hommes dont l’expérience en ce domaine est visiblement assez faible. Ce sont les « occasionnels ».
LES « OCCASIONNELS » DE LA DIPLOMATIE DU ROI
21Par « occasionnels » de la diplomatie de Jacques II, il faut entendre ici les hommes pour lesquels ne sont avérées qu’une ou deux missions à l’étranger au service du roi. Ils représentent un peu plus de 80 % des individus qui ont mené une ambassade59. Cette importante proportion doit évidemment être considérée avec précaution, car de nombreuses missions ont sans aucun doute échappé aux dépouillements effectués, en particulier pour les années postérieures à 130560. Qui sont-ils et pourquoi les envoie-t-on en ambassade ? La question est difficile à résoudre de manière pleinement satisfaisante avec la documentation retenue dans le corpus, car les quelques informations disponibles à leur sujet se limitent bien souvent à la seule mention de l’ambassade qu’ils effectuent au nom de Jacques II. Plusieurs « profils d’occasionnels » se dégagent néanmoins assez nettement. On peut tout d’abord distinguer les messagers renvoyés ad invicem par le souverain aragonais auprès de leur mandataire. Particulièrement fréquent pour les relations avec les cours de Castille, du Portugal, de Majorque et de Sicile, souvent — mais pas seulement — employé pour des missions d’importance mineure, le procédé de l’ambassade en retour suppose une confiance réciproque entre les deux cours concernées et s’explique par des impératifs pratiques de rapidité et d’économie. Alfonso Núñez d’Aguilar, Antonio Nunes et Fernando Gómez de Agonçiello, dont le statut social demeure inconnu, repartent ainsi de la cour royale aragonaise avec des accréditations de Jacques II adressées respectivement à Juan Manuel, fils de l’infant Manuel, à Denis et à Afonso, roi et infant du Portugal, aux infants Alfonso et Fernando de la Cerda, à Juan Núñez et à Martín Gil de Aguda61.
22Parmi les hommes qui ne sont attestés que pour une seule ambassade de Jacques II, on relève aussi la présence d’un grand nombre de chevaliers du roi d’Aragon62. G [uillem ?] de Castinada se voit ainsi confier une legatio pour aller en Égypte avec Arnau Sabastida en 1314 ; Jaume de Compons se rend en mission à la cour du roi de Majorque en 1305. Johann Rory[?] de Mores représente pour sa part Jacques II auprès de Ferdinand IV et de María de Molina en 1296, tandis que le chevalier et alcalde de Castelhabib Lope Alvárez d’Espeio dirige une ambassade de Jacques II devant le roi Denis en 132463, etc. Les chevaliers sont donc utilisés par le pouvoir royal comme une réserve importante pour son action diplomatique, sans qu’ils deviennent tous nécessairement pour autant des spécialistes des ambassades.
23Enfin, parmi les « occasionnels » de la diplomatie de Jacques II, certains individus possèdent un rang social très élevé qui leur permet de mener des ambassades solennelles ou de prestige, mais leurs obligations personnelles et le coût de leur envoi limitent dans le même temps la possibilité de les employer fréquemment. Tel est notamment le cas d’un certain nombre de grands prélats, de nobles et de parents du roi. L’évêque de Tarazona Miguel Jiménez de Urrea ne représente ainsi Jacques II à l’étranger qu’à l’occasion d’une importante mission à la curie pontificale en 1311, où il conduit l’infant Juan avec le conseiller du roi Vidal de Vilanova64. De façon similaire, Guillem de Vilamarí, évêque de Gérone, se rend semble-t-il une seule fois à la curie au nom de Jacques II, en 131565. Le noble catalan Guillem de Angularia (ou Anglesola) n’est requis par le roi pour une mission diplomatique qu’à l’occasion d’une importante ambassade de médiation auprès du roi de Sicile en 1326, alors que le frère de Jacques II, Juan, n’a apparemment effectué qu’une seule mission à l’étranger, mais d’une grande portée, puisqu’il fait office en 1312 de médiateur entre les rois de Castille et du Portugal alors en conflit66.
24Le fossé est immense entre les obscurs chevaliers désignés par le roi pour des missions de faible importance et les grands prélats ou les principaux nobles des territoires de la Couronne mis à contribution pour des ambassades solennelles. Leur présence révèle néanmoins un même phénomène essentiel : l’action diplomatique menée au nom de Jacques II ne s’appuie pas exclusivement sur des individus spécialement versés dans le domaine des ambassades. Les spécialistes constituent bien le noyau dur de la diplomatie du roi, ils en sont la caractéristique la plus originale ; mais la disponibilité en hommes et les exigences de prestige requièrent souvent la participation d’autres personnes pour les besoins de la cause royale. Les ambassades occupent ainsi une place très variable dans la vie des individus. Ont-elles un effet sur leur carrière ? Quels bénéfices peuvent-ils en escompter ?
II. — AMBASSADES ET INTÉRÊTS DES AMBASSADEURS
AMBASSADES ET CARRIÈRES
25À Venise, à la fin du XVe siècle, les patriciens urbains partent en ambassade essentiellement en milieu de carrière, entre 40 et 50 ans67. Pour la couronne d’Aragon de Jacques II, la variété plus grande des représentants du roi et des sources moins précises ne permettent pas de dresser un constat dont la portée soit aussi générale. La configuration de la documentation, notamment l’absence de mémoires personnels des ambassadeurs, et l’état de l’historiographie rendent difficile la mesure du rôle des missions dans le parcours des chevaliers et des nobles. En revanche, on le distingue plus nettement pour les officiers du roi et les citoyens des villes.
a) Les officiers
26Pour les officiers, l’accomplissement d’une ambassade a rarement lieu en tout début de carrière, mais plutôt après une première expérience au service des rois d’Aragon. Certains ambassadeurs sont ainsi d’anciens serviteurs de Pierre III (1276-1285) et d’Alphonse III (1285-1291). Pere de Montagut, qui effectue au moins deux legationes pour le compte de Jacques II (à Naples en 1304 et à Grenade en 1311) a déjà servi Alphonse III et exercé pour le compte de Jacques II comme sobrejuntero de Huesca en 1294, puis comme procureur du royaume de Murcie en 130468. Pour sa part, Bertran Desvall, d’abord attesté comme notaire royal à Lérida en 1286, apparaît ensuite fréquemment comme scribe (scriptor) du roi d’Alphonse III dans ses registres financiers. Il participe à une mission en Hongrie, dans l’Empire et en Italie entre le 17 octobre 1292 et le 18 septembre 1293, avant de se rendre immédiatement après en Castille. Il demeure à la chancellerie royale sous Jacques II, toujours comme scribe, puis est nommé bailli général de Catalogne le 19 août 1305, une fonction qu’il exercera jusqu’au 17 juin 1307. Sa trace disparaît après 1310, date de sa dernière apparition dans les sources comme scribe de Jacques II69.
27Corrélativement, les données des registres Officialium de la chancellerie royale rassemblées par Ignasi Baiges i Jardí suggèrent que les officiers du roi en exercice partent en ambassade de préférence en milieu ou en fin de carrière. Bertran de Canelles, Bertran de Gallifa, Berenguer Desmàs, Berenguer de Conques, Berenguer de Jorba, Bernat Sabadia, Bernat Çespujades, Enrico de Quintavalle, Ferrer de Vilafranca, Galacian de Tarba, Guillem de Canet et Vidal de Vilanova ont tous, au moment où ils effectuent leur première ambassade, déjà exercé un office pour le roi, en général une dizaine d’années auparavant70. Guillem de Jafèr, juge de cour sous Alphonse III, déjà envoyé comme ambassadeur auprès du pape en 1290, fait ainsi partie de la délégation catalano-aragonaise à Tarascon en 1291. Durant le règne de Jacques II, il est attesté à nouveau comme juge de cour au moins jusqu’en 1314 et effectue durant cette période plusieurs ambassades, auprès de Charles II d’Anjou en 1293, comme avocat du roi dans l’affaire du Val d’Aran en 1301 et auprès du comte d’Urgell en 1314. Par la suite, devenu vice-chancelier à partir de 1320, il n’est plus attesté comme ambassadeur et finira sa carrière comme conseiller d’Alphonse IV d’Aragon71. Certains des ambassadeurs de Jacques II, tels Guillem Durfort, Ponç Vilaró ou Simó de Bell·lloc, sont encore en mission à l’étranger peu de temps avant leur mort, mais ces cas demeurent relativement peu nombreux72. En dépit de la difficulté à leur assigner un âge précis (la documentation est plus prolixe sur les morts que sur les naissances), les officiers ambassadeurs apparaissent comme des hommes expérimentés au service du roi, certainement âgés de plus de trente ans, la plupart des missions devant être effectuées par des hommes qui ont entre 35 et 55 ans — la fourchette est naturellement indicative. En somme, il faut trouver un équilibre entre l’expérience des hommes et leurs capacités physiques à subir les chocs des voyages.
b) Les citoyens des villes
28Il est fréquent que les citoyens des villes envoyés en ambassade aient exercé auparavant la fonction de jurat. Toutefois, en l’absence d’informations suffisantes sur l’ensemble de ces hommes, il paraît ici préférable de suivre le parcours de l’un des plus importants ambassadeurs de Jacques II, Guillem Llull, sur lequel les données sont plus fournies73. Issu d’une famille de patriciens qui a exercé de nombreuses charges dans le municipi au XIIIe siècle, lui-même conseller de Barcelone en 1286 et 1292, ciutadan honrat de la capitale catalane, marchand, il sert au cours de sa vie le roi comme officier, le représente dans des missions diplomatiques et exerce des fonctions importantes au sein des institutions municipales. Déjà au service d’Alphonse III, il est pour le compte de Jacques II et de Charles II l’économe des infants angevins gardés en prison, avant d’apparaître comme familier du roi à partir de 1297 au moins et batlle de Barcelone au début du XIVe siècle. En raison de ses grandes disponibilités financières, il devient en 1300 le trésorier de la reine Blanche, la femme de Jacques II, et prête aussi de l’argent au roi. Corrélativement, il effectue de 1291 à 1301 un nombre considérable de missions diplomatiques au service du monarque. Elles le mènent surtout dans les territoires angevins, en Provence notamment, où il œuvre à la récupération des sommes dues par Charles II aux Aragonais. Guillem Llull prend également en charge la redistribution d’une partie de cet argent une fois de retour dans la couronne d’Aragon. À l’occasion de ses déplacements liés à l’emprisonnement des infants d’Anjou, il effectue des missions diplomatiques ad invicem pour le compte de Charles II et lui prête de l’argent, tant pour l’entretien des infants otages que pour subvenir aux besoins de messagers angevins en Catalogne. Charles II intervient par la suite avec succès en sa faveur auprès des rois d’Aragon pour qu’il soit exempté de toute prestation de service militaire. Après 1301, s’il continue à écumer les routes, il se met surtout au service du consell de Barcelone. Il avait déjà été signataire pour la ville aux Corts de 1292, il est ensuite presque continûment jurat entre 1307 et 1319, conseller à cinq reprises entre 1286 et 1320, et effectue désormais des missions diplomatiques comme représentant du consell de Barcelone. Il rencontre à ce titre le roi de Majorque dans l’affaire de la leude en 1305, Jacques II d’Aragon en août 1307 et en septembre 1308, garantit le 31 octobre 1314 les libertés de la cité comtale lors de l’achat du comté d’Ager par la Couronne, renégocie au nom de la ville un impôt avec le roi à Manresa en avril 1315, est à nouveau accrédité par le Consell devant Jacques II en juillet 1317, qui prévoit même de l’envoyer à Montpellier cet été-là, une mission qu’il ne pourra finalement mener à bien… On pense qu’il est mort avant 1321.
29Cette trajectoire individuelle révèle un homme qui travaille à la fois — en alternance ou au même moment — pour la ville et pour le roi, dont les services rendus à Jacques II ne se limitent pas à l’accomplissement de quelques missions à l’étranger, même s’il est visiblement spécialisé dans les relations avec les Angevins. Ses ambassades ont sans doute accru le prestige de Guillem Llull auprès du souverain et vis-à-vis des autres citoyens de Barcelone, mais la documentation fait ici défaut pour démontrer complètement cette hypothèse. À la différence du cas des officiers, les ambassades effectuées au nom du roi se concentrent ici dans la première partie de la « vie active » de ce citoyen de Barcelone, un constat qui ne peut qu’inciter à la prudence face à toute généralisation sur l’âge des ambassadeurs et sur la place des missions à l’étranger dans les carrières.
30De ce qui précède, il se dégage donc que ces ambassadeurs de Jacques II — officiers et citoyens des villes — sont des hommes mûrs, d’une maturité qui ne se traduit pas nécessairement par un grand âge, mais plutôt par la possession d’une première expérience au service du roi. Les ambassadeurs ne peuvent en fait être considérés de manière univoque comme des hommes du roi dans l’attente d’une mission qui leur serait confiée à une étape déterminée de leur « carrière ». Ils sont certes au service de leur souverain, mais ils semblent aussi posséder certains intérêts, ou au contraire éprouver des réticences à partir en mission à l’étranger.
LE(S) PROFIT(S) DES AMBASSADES POUR LES AMBASSADEURS
31Les ambassades coûtent souvent très cher. Or, leur financement revient pour une part aux ambassadeurs eux-mêmes, qui doivent fréquemment avancer l’argent requis pour leurs frais de mission74. Dans quelle mesure la prise en charge personnelle du coût de la diplomatie, dont le remboursement tarde parfois fort longtemps, est-elle compensée par d’autres avantages ?
a) Les récompenses octroyées par le roi
32Le bon accomplissement d’une mission à l’étranger pour le compte du roi semble se traduire fréquemment par la remise d’une récompense aux ambassadeurs. L’approche de ce phénomène est néanmoins rendue difficile par le caractère généralement imprécis du mobile des concessions — gracieuses ou non — qui émanent du souverain aragonais. Le roi octroie certes souvent de l’argent ou des biens à un serviteur, mais en alléguant des raisons très générales : Guillem Durfort, ambassadeur à plusieurs reprises, reçoit ainsi en 1296 des terres à La Daya (province d’Orihuela) pour l’ensemble des services qu’il a pu rendre aux différents souverains aragonais, sans que sa très récente participation à l’ambassade d’Anagni soit mentionnée75. En outre, la récompense octroyée par le roi pour une mission se distingue souvent mal du simple remboursement des frais engagés et avancés par son représentant.
33Certaines concessions du roi d’Aragon contiennent néanmoins heureusement des exposés des motifs plus explicites, qui permettent de rattacher directement une récompense à l’accomplissement d’une ambassade. Dans un contexte de difficulté financière chronique, le pouvoir royal recourt à des modalités extrêmement variées pour remercier les hommes qui ont effectué avec succès une mission à l’étranger. Certains d’entre eux reçoivent directement une somme d’argent — 2.000 sous de Barcelone sont par exemple remis en récompense à Ramon de Vilanova pour le succès d’une mission à Tunis76 —, d’autres se voient remettre des terres, à d’autres encore l’on cède l’autorisation d’exporter et de commercer du blé de Sicile77. La variété des procédés adoptés dans un système non exclusivement monétaire fait ici logiquement écho aux méthodes parfois acrobatiques employées pour le financement des ambassades.
34À l’occasion de certaines des plus importantes legationes du règne, les représentants du roi reçoivent même de Jacques II la promesse préalable d’une récompense supplémentaire s’ils mènent leur mission à bonne fin. Permettant au pouvoir de s’assurer en principe d’un dévouement sans faille de l’ambassadeur, l’intéressement de ce dernier à la réussite de l’entreprise diplomatique peut alors prendre des proportions considérables. Romeu de Marimon et Ramon Alamany recevront ainsi 6.000 sous de Barcelone s’ils s’avèrent convaincants auprès du sultan d’Égypte, 3.000 seulement s’ils échouent78. Le succès de la mission menée par le conseiller du roi Vidal de Vilanova, qui se rend en 1317 à la curie pour tenter d’obtenir la fondation dans les terres de Valence d’un Ordre qui rassemble les biens de l’ordre dissous du Temple à ceux de l’Hôpital, doit même se solder par la concession à Vidal d’un violari (rente viagère) de 10.000 sous royaux de Barcelone, pour une durée de cinquante ans79 ! L’intéressement financier des ambassadeurs au succès de leur mission demeure néanmoins une pratique relativement isolée. Les récompenses directes que les ambassadeurs peuvent escompter de leur mandataire s’inscrivent en fait surtout dans une relation des sujets avec leur souverain où l’exercice de la bonne volonté et la diffusion de la grâce royales jouent encore un rôle fondamental.
b) Bénéfices et charges ecclésiastiques
35D’autres sources de profits demeurent néanmoins accessibles. Les missions auprès du pape constituent ainsi une voie privilégiée pour l’obtention de charges ou de bénéfices. En elle-même, la présence à la curie d’un religieux lui fournit une opportunité remarquable, car il se trouve alors au cœur du système bénéficial, dans une période où la papauté revendique avec force l’exercice de son droit de collation gracieux80. Berenguer de Vilaró, archidiacre de Ger dans l’église d’Urgell, qui a œuvré de manière importante au rapprochement des souverains aragonais et angevin lors des négociations relatives au traité d’Anagni81, reçoit du pape en 1298 un canonicat à Barcelone « en raison des travaux qu’il a accomplis pour la réforme de la paix entre nos très chers fils dans le Christ les rois Charles de Sicile et Jacques d’Aragon »82. De même, Guerau de Albalat est remercié par le souverain pontife pour ses bons offices comme procureur du roi d’Aragon à la curie par un canonicat dans l’église cathédrale de Lérida83. Le profit retiré par les sujets du roi d’Aragon de leur mission à la curie n’est pas exclusivement personnel. Guillem Durfort, ambassadeur de Jacques II à Rome pour les négociations qui aboutissent en 1295 à la conclusion du traité d’Anagni, parvient par exemple à soutirer au pape Boniface VIII un canonicat à Barcelone pour son fils Bernat avant même que celui-ci ne soit tonsuré. L’action diplomatique menée par Guillem constitue de ce point de vue un argument essentiel pour justifier la concession octroyée à son enfant84.
36Au-delà, la fréquentation régulière de la curie renforce pour certains clercs ambassadeurs de Jacques II leur posture de candidat à des dignités ecclésiastiques importantes. Ainsi Joan Borgunyó, l’un des représentants du roi d’Aragon les plus assidus auprès des papes d’Avignon, est-il recommandé à de multiples reprises par Jacques II aux papes Clément V, puis Jean XXII, afin que lui soit conféré un siège épiscopal. Le roi sollicite en sa faveur le diocèse d’Urgell en 1308 et 1309, celui de Gérone en 1312, puis en 1317 le nouvel évêché de Játiva — toujours en vain il est vrai85. D’autre part, il est possible que certains clercs de Jacques II désirent eux-mêmes se rendre à la curie. Quand l’archidiacre de La Guàrdia Ramon de Montrós affirme au roi d’Aragon qu’il souhaite aller à la cour de Rome pour le compte d’Isabelle du Portugal, il est probable que le souci affiché de servir la reine n’exclue pas le désir de visiter la curie pour des raisons personnelles86. Que ces mobiles demeurent impénétrables et que le roi d’Aragon refuse parfois, comme en ce cas, de laisser partir le religieux désireux de prendre le chemin de la Ville éternelle, ne change rien à l’essentiel : la présence à la curie au nom du roi constitue un atout considérable pour un religieux dans sa carrière ecclésiastique, en raison du contact direct avec un pape dispensateur de bénéfices et du soutien immédiat ou ultérieur que le souverain aragonais peut apporter à des sollicitations de dignités ecclésiastiques en intercédant auprès du chef de l’Église.
c) Les profits de l’intercession
37En ce sens, et sans gommer les spécificités évidentes des relations entretenues par la curie avec les différents pouvoirs séculiers, les religieux qui obtiennent un bénéfice à l’issue de leur ambassade participent et tirent parti d’une pratique fondamentale dans les échanges entre les cours et dans les rapports entre roi et sujets : l’intercession. Les ambassadeurs de Jacques II peuvent en effet également retirer de nombreux profits de leurs missions auprès de souverains laïcs. Le soutien du roi d’Aragon aux revendications personnelles de ses représentants apparaît toutefois ici de manière moins nette. Souvent munis d’une lettre de recommandation devant faciliter le déroulement de leur mission, les nuncii semblent en général dépourvus de toute requête d’intercession émise par Jacques II à des fins personnelles auprès des souverains qu’ils doivent rencontrer. Dans les limites imposées par une argumentation a silentio, cette absence contraste fortement avec l’importance des requêtes royales emmenées par les ambassadeurs au bénéfice d’autres sujets du souverain87. Le pouvoir royal semble ici vouloir éviter à tout prix que l’ambassade ne se transforme pour l’ambassadeur en une entreprise trop personnelle.
38Les hommes qui partent en legatio pour le compte de Jacques II auprès de souverains laïcs tirent néanmoins un grand profit des mécanismes de l’intercession à leur retour de mission. Les rois étrangers, parfois imités par les membres importants des cours dans lesquelles ils ont pu se rendre, leur remettent très fréquemment des lettres de recommandation auprès de leur mandataire, Jacques II. En réponse à une sentence d’arbitrage (pronunciació) par laquelle Guillem de Calerca statue sur le devenir des châteaux de Calabre que lui dispute le roi angevin, Frédéric III de Sicile notifie ainsi à Jacques II que son ambassadeur a agi correctement88. Le pape est plus laudatif encore lorsqu’il renvoie à Jacques II Arnau de Torrelles après une mission de médiation entre les rois de Naples et de Sicile en 1315 :
Et nous n’oublions pas que ledit Arnau, ainsi que nous l’avions auparavant appris par les lettres de nos ambassadeurs, et comme nous l’avons entendu par leur discours (sermo) explicite, s’est comporté dans toutes ces affaires, en général et en toutes choses, de façon très audacieuse, virile, ingénieuse et loyale, comme un gardien empressé du bon plaisir royal. C’est pourquoi assurément il mérite abondamment ta royale bienveillance et nous te le recommandons pour cette raison afin que ta munificence le considère favorablement89.
39À travers des formules qui témoignent d’une gradation subtile — de la recommandation stéréotypée de l’homme qui a effectué correctement son travail à son apologie —, les remerciements et les réponses envoyés à Jacques II par les souverains étrangers intercèdent de manière forte en faveur des ambassadeurs du roi.
40Réciproquement, Jacques II recommande aussi aux souverains étrangers leurs ambassadeurs lorsqu’il juge qu’ils ont bien accompli leur travail. Janucius de Parisa, représentant de Frédéric III, repart ainsi avec une lettre du monarque enjoignant au roi de Sicile de bien vouloir lui manifester une grâce spéciale90. Cette pratique ne se limite pas exclusivement aux ambassadeurs directement adressés à Jacques II. Après une mission au Portugal, l’ambassadeur du roi de Sicile Giovanni de Palazo, prieur de l’ordre de Saint-Augustin à Messine, repart après une étape à Barcelone muni de lettres du souverain aragonais qui le dépeignent en termes favorables auprès du roi Frédéric III, de l’infant Pierre, du maître de la chapelle du roi, de Sancho, fils de Pierre III d’Aragon, du comte Francesco de Vintimille, du chancelier, du maître des comptes et du trésorier du royaume de Sicile, c’est-à-dire de quelques-uns des membres les plus influents de la cour de Palerme91. Les recommandations s’alimentent les unes les autres en un cercle vertueux qui, lorsqu’il n’y a pas d’anicroches, rend plus fructueuse chaque nouvelle étape de l’ambassadeur à son retour. Plus nettement encore, Jaspert de Castellnou, un noble catalan passé au service du roi de Castille, reçoit lui aussi une lettre de recommandation remarquable du roi d’Aragon au retour d’une ambassade effectuée à la curie pour le compte de Ferdinand IV en 1311. Jacques II informe d’abord le roi de Castille de sa discussion avec Jaspert, qui a bien mené la mission à son terme. Il s’en réjouit en soulignant l’identité de leurs intérêts, avant de procéder à un bref éloge de l’ambassadeur, qui a sans aucun doute très bien servi son seigneur, comme il le ferait en toute autre occasion. Pour cette raison, et en vertu du bon travail effectué par Jaspert ainsi que des autres bons et loyaux services qu’il pourra à l’avenir rendre à l’honneur et au profit (honra et pro) de Ferdinand IV, mais aussi par honneur et par amour (por honra e por amor de nos) pour lui-même, Jacques II demande à son hermano (« frère ») de faire grâce et honneur au noble : que l’on sache que ses bons services sont reconnus comme ils doivent l’être et que les demandes (rogarias) de Jacques II auprès de Ferdinand ne restent pas sans effet92 ! La lettre rédigée en faveur de Jaspert de Castellnou s’appuie ici à la fois sur l’argument de la nécessaire récompense d’un ambassadeur pour son efficacité et sur un mobile classique des procédures d’intercession : faire honneur à celui pour lequel on intercède, c’est aussi rendre honneur à l’intercesseur. Le recours dans l’argumentaire à l’honneur et à la grâce sert alors à forcer la main du souverain étranger qui ne peut se dédire sans risquer de mettre en péril sa relation avec le roi d’Aragon, dans laquelle le respect de l’honor de l’autre constitue un élément fondamental.
41La recommandation des souverains en faveur des ambassadeurs étrangers qui ont bien accompli leur mission apparaît donc comme une pratique fréquemment répandue entre les cours au temps de Jacques II. La compétition et la réciprocité de l’honneur, les jeux circulaires de l’intercession entre les cours concernent non seulement les souverains et les dynasties, mais ils peuvent aussi se traduire positivement pour des ambassadeurs — ceux de Jacques II comme les autres — susceptibles de les utiliser à des fins personnelles.
d) Des liens de faveur renforcés avec le roi d’Aragon
42Récompenses octroyées par Jacques II aux ambassadeurs à leur retour de mission, interventions du souverain aragonais en vue de l’octroi de bénéfices ecclésiastiques aux clercs qui le représentent ou l’ont représenté à la curie, ou bien encore intercessions étrangères auprès du roi d’Aragon en faveur de ses nuncii, tous les éléments convergent pour faire de la mission diplomatique — réussie, bien sûr — une remarquable occasion pour l’ambassadeur de resserrer les liens qui le rattachent à son souverain, d’accroître la faveur dont il dispose déjà à la cour royale. Les effets de ce gain immatériel sont difficiles à saisir dans la documentation, mais ils peuvent néanmoins être suivis dans quelques cas, comme celui de Ponç de Mataró. Serviteur de Jacques II, probablement issu d’une famille de patriciens barcelonais93, ce chevalier, attesté comme lieutenant du majordome de l’Hôtel du roi en 1300, s’est rendu en ambassade en Castille en 1294, a effectué une mission particulièrement délicate auprès de Philippe le Bel en 1304 et est aussi allé à Naples en 1309 rencontrer le souverain angevin94. Un parcours brillant donc, mais assombri en 1311 par une terrible nouvelle : son fils Francesc est accusé de l’assassinat à Alicante d’un certain Castellar et est par conséquent sommé de comparaître devant le lieutenant du procureur de Valence. Ponç de Mataró remet alors au roi une supplique en faveur de son fils. Jacques II n’accorde pas de rémission plénière à Francesc, mais, eu égard aux services rendus par Ponç à lui-même et à ses prédécesseurs, prenant aussi en considération les prières du noble Artal de Luna et de l’amiral Bernat de Sarrià, Jacques II concède au fils indigne la possibilité de présenter ses excuses devant le lieutenant du royaume de Valence. Surtout, il ordonne un complément d’enquête sur l’assassinat95. Dans cette ténébreuse affaire, les services rendus au roi par Ponç de Mataró, parmi lesquels les ambassades jouent un rôle primordial, renforcent sans aucun doute l’argumentaire paternel déployé pour obtenir du souverain des concessions rassurantes.
43On comprend mieux dès lors le besoin ressenti et exprimé par certains ambassadeurs de faire valoir leur action auprès de leur mandataire. Acard de Mur, un noble catalan qui détient au cours de sa vie de nombreux offices (procureur et lieutenant général du royaume de Majorque, sobreveguer de Gérone, veguer et cort de Lérida, veguer du Pallars96), sollicite ainsi très vivement du notaire garde des sceaux Bernat d’Aversó son intervention auprès de Jacques II. Le roi doit être informé au mieux de la qualité des services qui lui ont été rendus par Acard auprès de l’émir de Grenade :
… En ceci et en toutes autres choses, nous faisons notre pouvoir pour servir le seigneur roi. C’est pourquoi nous vous demandons, comme à un ami spécial et comme à celui que nous avons cœur et volonté de servir en tout ce que nous pouvons, que vous veuillez nous faire savoir comment le roi est satisfait de notre service, car nous sommes sûrs que s’il est une personne qui le sait, vous devez le savoir97…
44Comme les autres travaux accomplis pour le souverain, dont elles sont parfois difficiles à distinguer, les ambassades sont utilisées par ceux qui les effectuent dans des stratégies plus générales de valorisation aux yeux du mandataire. Déjà exprimée dans leur désignation par le roi, la consolidation de la faveur du souverain constitue donc pour les représentants de Jacques II l’un des enjeux et des intérêts principaux des missions qu’ils effectuent à l’étranger. Toutefois, au-delà de cette caractéristique commune à l’ensemble des tâches effectuées pour le compte du roi, l’action à l’étranger offre un autre avantage essentiel : la possibilité pour les ambassadeurs de renforcer leur position dans des cours et des pays amis.
e) Des liens de faveur renforcés avec les souverains étrangers
45Outre les traditionnels présents remis à leur départ, certains d’entre eux se voient ainsi remettre des biens par les rois ou les princes étrangers auxquels ils rendent visite98. En mai 1311, Guillem Palazín, un notaire du roi spécialisé dans les relations avec la Castille, se voit ainsi assigner 4.000 maravédis d’or de Castille par l’infant Juan, le fils d’Alphonse X, en provision de ce qu’il a fait auparavant, et le même infant lui octroie ensuite en juillet 1315 une rente de 2.000 maravédis d’or annuels99. Selon une logique identique à celle en vigueur dans les relations qu’ils entretiennent avec Jacques II, les ambassadeurs les plus chevronnés du roi d’Aragon mettent alors à profit leurs missions diplomatiques pour renforcer, puis utiliser la faveur dont ils disposent auprès des princes et souverains étrangers. Une telle instrumentalisation par les ambassadeurs de la diplomatie royale à des fins personnelles apparaît clairement dans le cas de deux spécialistes, Joan Borgunyó et Ramon de Montrós. Le premier, sacristain originaire de Majorque où il exerçait comme juge en 1300, est peu à peu devenu un homme incontournable pour les relations de la cour d’Aragon avec la curie — il y exerça un temps la charge de procureur de Jacques II — et avec le royaume de Majorque. Il effectue notamment dans les années 1303-1311 au moins 12 ambassades au service de Jacques II et 4 au service du roi de Majorque100. Joan Borgunyó bénéficie alors de la faveur des deux rois, dont il peut jouer à son avantage en situation délicate. En juillet 1311, alors qu’il est en mission au nom de Jacques II auprès du roi de Majorque, une affaire familiale assez trouble resurgit. Son frère Jaume est en effet soupçonné d’avoir assassiné sa femme, retrouvée en 1303 « suspendue dans sa chambre » (suspensa in camera sua) à Palma de Majorque. Prenant le parti de la fuite, Jaume Borgunyó s’était soustrait à la justice du lieutenant de l’île, mais le roi (alors Jacques II de Majorque) témoignait déjà de son intérêt pour l’affaire, puisqu’il demandait à son lieutenant de poursuivre l’enquête, de l’informer des procédures suivies et d’attendre ses ordres avant toute prise de décision101. Il est possible que Joan Borgunyó ait à ce moment fait pression sur le souverain pour gagner la clémence de celui-ci envers son frère. Quoi qu’il en soit, huit années plus tard, Jaume n’est visiblement pas réapparu et ses biens sont demeurés vacants. En raison de sa fidélité éprouvée envers les rois de Majorque, de mérites qui le rendent digne d’honneurs et de bénéfices exceptionnels, Joan Borgunyó reçoit alors de Sanche de Majorque la jouissance des possessions de son frère102. La fréquentation assidue du roi de Majorque à l’occasion des ambassades aragonaises et la fonction de pivot entre les deux cours exercée par Joan Borgunyó lui ont ici permis de renforcer sa position auprès du souverain majorquin et de tirer un trait honorable — et lucratif — sur les désagréments provoqués par son frère, pourtant un assassin présumé.
46Ramon de Montrós, archidiacre de La Guardià, possède pour sa part des intérêts au Portugal, en Castille et dans la couronne d’Aragon. Qualifié par le roi portugais Denis dans une lettre adressée à Jacques II de « notre clerc et familier Ramon de Montrós, votre archidiacre » (clerigo et familiar nuestro Ramon de Monros vuestro arçidiagno)103, il tire un bénéfice personnel important de sa position privilégiée et des services qu’il rend aux trois principales puissances chrétiennes de la péninsule Ibérique. Le roi de Castille Ferdinand IV lui donne ainsi une maison à Albalat avec du bétail, alors que la reine Isabelle du Portugal prie son frère Jacques II de lui envoyer une lettre de merci le concernant, rédigée sur sa demande104. L’archidiacre possède alors un statut d’intermédiaire indispensable entre les cours, et ne manque pas d’en faire usage. En 1308, il convainc la reine de Castille Constance d’intercéder auprès de Jacques II afin d’obtenir pour Bartolomé Sánches, un homme qui a été son « nourri » (criado) et qui souhaite à présent quitter l’hôtel de la reine, une place d’huissier (portero) dans l’hôtel du roi d’Aragon ou dans celui de son fils l’infant Jaime105.
47La logique arrive ici à son terme : la faveur accumulée par les représentants du roi d’Aragon auprès des grands étrangers leur offre la possibilité de jouer sur plusieurs tableaux et de développer leurs propres réseaux de faveur, notamment lorsqu’ils sont spécialistes des relations avec une cour. En cas de réussite, les missions permettent aux ambassadeurs de recueillir chaque fois un peu plus les fruits de leur participation au(x) cercle(s) vertueux de la faveur des rois et des grands. L’obtention d’un titre de familier auprès d’un souverain étranger apparaît alors comme un élément important de ce processus, car il octroie aux hommes qui en disposent la possibilité de se rapprocher plus encore du détenteur du pouvoir106. Pour qui accomplit une ambassade au nom de Jacques II, le principal bénéfice possible, plus qu’une récompense ponctuelle ou le franchissement d’une étape dans une carrière préétablie, est donc le renforcement de la faveur que lui témoignent le souverain aragonais et, pour certains ambassadeurs seulement, les princes étrangers auprès desquels ils se rendent.
48La spécialisation de certains hommes dans les tâches diplomatiques, que Bernard Guenée place entre le XIIIe et le XVe siècle, est donc très nettement visible dès le règne de Jacques II. Ces spécialistes sont en grande partie des conseillers du roi ou bien des familiers et des hauts responsables des administrations royales, mais on trouve aussi quelques grands ecclésiastiques et des nobles issus de puissantes familles. La concentration des missions les plus importantes dans les mains d’un petit groupe d’hommes témoigne d’un mode d’exercice du pouvoir fondé sur le rôle prépondérant de quelques individus proches du roi. La spécialisation des ambassadeurs, un phénomène déjà observé pour de nombreuses diplomaties du XVe siècle, révèle également le souci certain d’une réelle unité d’action dans les affaires diplomatiques. Avec les archives, les spécialistes de la diplomatie royale constituent les véritables garants de la continuité dans le traitement des affaires avec l’étranger. Une telle méthode est fragile, car elle repose sur un petit nombre d’hommes seulement, mais elle présente l’avantage indéniable de l’efficacité et de la certitude des compétences pour les missions les plus périlleuses. Néanmoins, les spécialistes généraux de la diplomatie côtoient dans l’action diplomatique des ambassadeurs spécialisés dans une tâche ou une destination particulière, ainsi que des hommes pour lesquels le départ en mission au service du roi demeure exceptionnel. Le pouvoir royal fait donc appel à divers cercles de faveur non exclusifs, use des compétences des marchands comme des réseaux religieux et des ordres militaires pour trouver des ambassadeurs aptes à mener les missions à leur terme. À la diversité des individus choisis fait alors écho l’importance très variable que la diplomatie a pu avoir dans le parcours de chacun des représentants temporaires de Jacques II. Si l’ambassade demeure pour certains l’exception dans une vie, l’action diplomatique constitue pour d’autres une tâche importante parmi les différents services qu’ils rendent au roi. Pour tous néanmoins, le rapport entretenu avec le souverain mandataire en cours de mission offre, au moins potentiellement, la possibilité de resserrer, voire de créer des liens de proximité et de faveur avec leur mandataire et avec les membres des cours étrangères. L’ambassade, toujours limitée dans le temps, constitue dès lors pour le gouvernement royal comme pour l’ambassadeur une véritable expérience politique, fondée sur le voyage, la mise à l’épreuve du rapport du roi avec ses représentants et les rencontres de ces derniers avec les membres des cours étrangères.
Notes de bas de page
1 Voir les notices en annexe I (CD-ROM), notices 41, 72, 96, 113, 145, 226, 227, 289, 304, 308, 344.
2 Artau Desllor, Berenguer de Cardona, Berenguer de Vilaragut, Bernat de Montalegre, Bernat de Sarrià, Bernat de Fonollar, Bernat de Segalars, Bertran de Canelles, Domingo de Jaca, Jiménez de Tovia, Francesc Despí, Guerau de Albalat, Gil de Jaca, Gilabert de Cruïlles, Giovanni di Procida, Gonzalo García, Guillem Llull, Guillem de Jafèr, Guillem de Lacera, Guillem Durfort, Guillem Oulomar, Jaspert de Castellnou, Joan Borgunyó, Jofre de Cruïlles, Miguel Pérez de Ayerbe, Miguel del Corral, Pere Boyl, Pere Marc, Pere Sacosta, Pere de Lledó, Ponç de Vilaró, Ponç de Mataró, Ponç Carbonell, Ramon de Vilanova, Ramon Despont, Romeu Ortiç, Simó Desllor, Vidal de Vilanova. Pour les précisions biographiques, voir annexe I (CD-ROM).
3 ACA, C, reg. 98, f° 67r°[3], reg. 261, f° 75r°[2] ; reg. 264, f° 401r° ; reg. 266, ffos 53r°[1] et 292r° ; reg. 334, f° 93r° ; ACA, RP, MR 262, f° 3r° ; J. E. Martínez Ferrando, Jaime II de Aragón, t. II, p. 34.
4 ACA, C, reg. 252, f° 184v°[1] ; reg. 266, f° 339r°[2].
5 ACA, C, reg. 334, ffos 93r°-97r°, éd. partielle H. Finke, Acta Aragonensia, t. I, doc. 86, pp. 123-125.
6 J. M. del Estal, Corpus documental del reino de Murcia, t. I(3), doc. 76, pp. 111-113 ; ACA, C, reg. 334, ffos 108v°-109v°, 110r°[1]), reg. 292, f° 14r°.
7 Lettres de créance du 1er et du 2 septembre 1303 (A. Giménez Soler, Don Juan Manuel, doc. LIX [3], p. 275 [sans cote], ACA, C, reg. 292, f° 26r°).
8 Pouvoir de Jacques II et d’Alfonso de la Cerda pour une trêve avec Ferdinand IV, deux blancs d’Alfonso et une lettre de créance auprès de María de Molina (J. M. del Estal, Corpus documental del reino de Murcia, t. I(3), doc. 114, pp. 154-155 [= ACA, C, P. de Jaume II, carp. 168, n° 1987], ACA, C, reg. 334, ffos 123v°-124v°[2]).
9 ACA, C, CR de Jaume II, caixa 17, n° 2166 (20 mai 1304, Morella], n° 2256 (10 juin 1304, Viseu).
10 Accréditations pour le roi Denis, la reine Isabelle, Marie reine de Castille, l’infant Juan, Vatatza, Alfonso de la Cerda, littera de statu pour Isabelle (ACA, C, reg. 235, f° 93r° et 93v°[2] [28 juin 1304, Saragosse]).
11 ACA, C, CR de Jaume II, caixa 17, nos 2198, 2212, 2234, 2241 ; RAH 9/2 [= col. Salazar, A-2], doc. 226, f° 177v° ; A. Benavides, Memorias de Fernando IV de Castilla, t. II, pp. 391-392.
12 Voir annexe I (CD-ROM), notice 12.
13 ACA, C, CR de Jaume II, caixa 129 (AG), n° 117 [rapport de Gonzalo, non daté] ; reg. 335, ffos 202r°-210v° et reg. 236, ffos 57v°-67v°, 105v°, partiellement publiés : V. Salavert y Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón, t. II, doc. 133, pp. 174-176, doc. 135, p. 178, doc. 136-140, pp. 178-184, doc. 145-146, pp. 188-191 ; H. Finke, Papsttum und Untergang des Templerordens, doc. 9, pp. 10-11.
14 Lettre de Jacques II à Philippe le Bel (ACA, C, reg. 335, f° 318v°[2] [6 mars 1306, Barcelone]).
15 ACA, C, reg. 1521, ffos 88r°[1] (= reg. 335, f° 247r°, éd. À. Masià de Ros, Aragó, Granada i Marroc, p. 317), 88v°[1] (= reg. 335, f° 247v°[2]), 89r°-v°. Juan Manuel, fils de l’infant Manuel, a reçu les messagers (ACA, C, CR de Jaume II, caixa 29, n° 3745 [14 février 1309, Alcalá]), la mission est mentionnée par Ferdinand IV à Jacques II (ACA, C, CR de Jaume II, caixa 29, n° 3689 [11 avril 1309, Tolède]).
16 ACA, C, reg. 335, ffos 250v°-251v° (19 janvier 1309).
17 ACA, C, CR de Jaume II, caixa 31, n° 3861 ; ACA, C, reg. 336, f° 7v°.
18 ACA, C, reg. 337, f° 319r°[2] ; Cortes de los antiguos reinos de Aragón y de Valencia y Principado de Cataluña, t. I, p. 208.
19 ACA, C, reg. 241, f° 130v°[2], reg. 337, f° 345r°.
20 ACA, C, reg. 337, f° 351r°[3].
21 J. E. Martínez Ferrando, Jaime II de Aragón, t. II, doc. 357, pp. 265-266, doc. 417, pp. 302-303, doc. 435, pp. 316-317 ; ACA, C, reg. 339, f° 210r° ; BNE, ms. 18635, n° 37 ; Gran Crónica de Alfonso XI, p. 219.
22 ACA, C, reg. 101, f° 75r°[2] (3 mai 1295) ; reg. 336, f° 105v° (6 juin 1313).
23 Voir les notices en annexe I (CD-ROM).
24 Ibid.
25 Les compétences culturelles ont été exclues faute d’informations suffisantes et significatives.
26 Ils représentent 30 des 73 participations à des legationes à la curie, soit 41 % contre 31,1 % pour l’ensemble des legationes (voir tableau 9, p. 195).
27 Voir annexe I (CD-ROM), notice 341.
28 S. Péquignot, « Interponere partes suas ».
29 V. Salavert y Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón, t. I, passim.
30 ACA, C, reg. 334, ffos 151v°[2]-152r° (24 janvier 1304).
31 ACA, C, reg. 335, f° 323r°[1] (27 mai 1307, Huesca).
32 BNM, ms. reservado 626 [= antiguo ms. 18691], n° 61 (28 septembre [1309], lettre de Frédéric III à Jacques II) ; V. Salavert y Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón, t. II, doc. 410, pp. 529-530 (3 décembre 1309, siège d’Almería) ; H. Finke, Acta Aragonensia, t. III, doc. 98, pp. 211-212.
33 H. Finke, Acta Aragonensia, t. I, doc. 183, pp. 267-268, doc. 188, pp. 271-272 ; ACA, C, reg. 239, f° 69r°[2] (20 avril 1311, Valence) ; V. Salavert y Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón, t. II, doc. 431, pp. 550-551.
34 V. Salavert y Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón, t. II, doc. 471, pp. 606-607 (23 septembre 1312, Barcelone [ordre de Jacques II]), doc. 475, p. 610 (6 janvier 1313, San Gimignano [rapport à Bernat d’Aversó]) ; H. Finke, Acta Aragonensia, t. II, doc. 601, pp. 928-929 (24 juillet 1313, Orta [lettre de Jaques II à Gilabert]).
35 F. Giunta et A. Giuffrida (éd.), Acta Siculo-Aragonensia, t. II, doc. XCVII, p. 141 (19 avril 1314, Messine [lettre de Frédéric III à Jacques II]) ; ACA, C, reg. 337, ffos 296r°[1], 298v°-300r°).
36 À. Masià de Ros, La Corona de Aragón y los estados del norte de África, chap. iii. Sur les relations avec l’Égypte, voir D. Coulon, Barcelone et le grand commerce d’Orient au Moyen Âge, pp. 44-51 ; M. Viladrich, « Els Catalans a la Mediterrània oriental a l’edat mitjana ».
37 Pour les détails, voir les notices en annexe I (CD-ROM), notices 125, 225.
38 ACA, C, CR de Jaume II, caixa 17, n° 2218.
39 ACA, C, reg. 334, f° 5r° ; CR de Jaume II, caixa 25, n° 3163.
40 A. Giménez Soler, Don Juan Manuel, doc. CXX, pp. 315-316 ; ACA, C, reg. 239, f° 244v°[2].
41 ACA, C, CR de Jaume II, caixa 26, n° 3364 (18 septembre 1308, Priades de Nava [lettre de Constance à Jacques II]).
42 Crónica de Fernando IV, p. 154.
43 « … Vi vuestra carta de creença que me enbiastes con el arcidiano… » (ACA, C, CR de Jaume II, caixa 158 [ES], n° 1335 [6 juillet 1303, Burgos], lettre de Vatatza de Vintimille à Jacques II).
44 Voir annexe I (CD-ROM), notice 125.
45 Voir par exemple ACA, C, reg. 238, f° 141r°[2].
46 « … Vos ffago ssaber que vi vuestra carta de creençia que me enbiases con Rodrigo Gil juge de vuestra casa ssobre rrasón de las cartas que nos enbiamos yo e don Johan mío cormano, en que vos enbiamos pedir que enbiassedes acé a nos a don Gonçalo García o al sacristán de Taraçona con quien fablasemos algunas cosas que teniemos de fablar con vusco, que nos non podiemos enbiar desir con otro ninguno, si non con qualquier destos, don Gonçalo Garçía o con el sacristán » (ACA, C, CR de Jaume II, caixa 29, n° 3635 [23 août 1309, siège d’Algésiras]).
47 Lettre de Jacques II au ministre général de l’Ordre (ACA, C, reg. 337, f° 295r°[2] [20 février 1316, Santes Creus]).
48 Pour une approche statistique, voir tableau 9, p. 195.
49 ACA, C, reg. 347, f° 29r°.
50 I. Baiges i Jardí, Els registres Officialium, doc. 204, doc. 325 ; J. Reglá Campistol, La lucha por el Valle de Arán, t. I, p. 108.
51 ACA, C, reg. 339, f° 229r°.
52 ACA, C, reg. 338, f° 81r°[1] (19 janvier 1322, Avignon [lettre de Jean XXII à Jacques II]). Sur l’affaire, voir A. Santamaría, « Tensión Corona de Aragón - Corona de Mallorca » ; A. Riera Melis, « El regne de Mallorca en el context internacional de la primera meitat del segle XIV ».
53 ACA, C, reg. 338, ffos 85r°-96r°, 95r°[2] (2 septembre 1322, Barcelone [lettre de Jacques II aux ambassadeurs]).
54 ACA, C, reg. 347, ffos 15r°-16v°, 18r°, 19r°-20v°, 21r°-24v°, 36r°-46v°. Sur cette mission : S. Péquignot, « Enantar a tractar ».
55 E. Haberkern, Der Kampf um Sizilien ; V. Salavert y Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón ; F. Giunta et A. Giuffrida (éd.), Acta Siculo-Aragonensia, t. II, pp. 1-20. Sont envoyés successivement le chanoine de Valence Bernat de Montalegre, le sacristain de Majorque Joan Borgunyó, l’évêque de Huesca, le frère dominicain Ferrer d’Abella, l’archidiacre Pere d’Espelugues, le prieur franciscain du couvent de Barcelone et confesseur du roi Ponç Carbonell.
56 Lettre de Jacques II à Gonzalo García : « … nostri nuncii et legati ad illustres principes reges Robertum et Ffredericum se in proximo conferant pro tractanda et utique inter eos reformanda pace, quam speramus indubie ad Dei cultum et christianitatis profectum atque honorem nostrum, operante Domino, utiliter profuturum… » (ACA, C, reg. 337, f° 351r°[3] [15 mai 1315, Barcelone]).
57 « … Vel si aliud, quod absit, evenerit, Deo et universis hominibus notum erit, nos nostrum super eo principaliter propter tantes auctoritates nunciorum missionem debitum persoluisse… » (ibid.).
58 Les chevaliers sont rarement chargés de ce type de missions. Toutefois, l’écuyer Guillaume de Gueriaco, serviteur de Charles de Valois, doit rencontrer Violant d’Aragon, à laquelle on songe comme future épouse de Charles IV le Bel. L’écuyer doit la voir, parler et rester avec elle, mais aussi l’examiner poitrine nue afin de vérifier sa fécondité : « … Et ideo domine [Jacques II], placeat vobis et necessarium est, quod sibi exibeatur ad videndum, colloquendum, solaciandum et comedat scutifer coram ea. Habet eciam in mandatis, quod vidat pectus eius nudum. Nam secundum iudicia sibi data cognoscetur, an sit apta ad prolem, quam multum desiderat dominus rex… » (H. Finke, Acta Aragonensia, t. I, doc. 319, p. 479 [15 mai 1322, lettre de l’ambassadeur Miguel del Corral à Jacques II]). Exemples d’expertises pré-nuptiales par des clercs pp. 463-465.
59 Voir tableau 14, p. 222.
60 Notamment dans les registres Curiae de cette période (ACA, C, reg. 241-250).
61 ACA, C, reg. 251, f° 33v°[1] (15 février 1311) ; reg. 238, f° 174r°-v° (3 juillet 1310, Daroca) ; reg. 252, ffos 178v°-179r° (29 novembre 1297).
62 On ne fournit pas ici de pourcentage, car il demeurerait peu significatif en raison des registres Commune et Curiae de la chancellerie royale qui n’ont pas été pris en considération.
63 ACA, C, reg. 337, f° 231r° ; reg. 347, f° 3v° ; reg. 252, f° 133v°[2] ; reg. 339, f° 173 r° ; ACA, RP, MR 620, f° 86r° ; RP, MR 774, f° 25r°.
64 ACA, C, reg. 239, ffos 54r° sq.
65 ACA, C, reg. 337, f° 342r°.
66 ACA, C, reg. 339, f° 187v°[1] (8 août 1325) ; reg. 336, ffos 84r° sq.
67 C. Lutter, Politische Kommunikation an der Wende vom Mittelalter zur Neuzeit, p. 291.
68 ACA, RP, MR 620, f° 24r° ; ACA, C, reg. 235, ffos 78r°, 148v° ; reg. 335, f° 198r° ; À. Masià de Ros, Aragó, Granada i Marroc, pp. 444-445.
69 Références bibliographiques en annexe I (CD-ROM), notice 94.
70 Annexe I (CD-ROM), notices 41, 42, 67, 80, 116, 152, 263, 265, 286, 321, 335, 341.
71 Idem, notice 145.
72 Guillem Durfort décède moins de quatre ans après sa mission à Anagni en 1295, son testament est daté du 16 juillet 1298 et sa femme est veuve le 23 juillet 1299 ; Ponç de Vilaró, qui rédige le 13 septembre 1304, à Perpignan, un rapport sur sa mission auprès du roi de Majorque, est mort le 5 juillet 1306, alors que Simó de Bell · lloc, après avoir effectué sa dernière legatio à Avignon au début de l’été 1322, meurt le 29 ou le 30 novembre 1322. Références bibliographiques en annexe I (CD-ROM), notices 26, 96, 344.
73 Références bibliographiques détaillées : annexe I (CD-ROM), notice 163.
74 Sur ce point, voir pp. 158-164.
75 J. M. del Estal, Corpus documental del reino de Murcia, t. I(1), doc. 6, pp. 113-116.
76 ACA, RP, MR 265, f° 112 (15 septembre 1302), cité par Ch.-E. Dufourcq, L’Espagne catalane et le Maghrib, p. 417, n. 3.
77 Lope Ferrench de Luna reçoit pour les services qu’il a prêtés entre la Castille et l’Aragon à l’occasion des rencontres de Monteagudo en 1291 le permis d’extraire 1.000 salmes de froment des ports de Sicile (G. La Mantia, Codice diplomatico dei re aragonesi di Sicilia, t. II, doc. LV, pp. 74-75 [17 janvier 1292, Valence]).
78 À. Masià de Ros, La Corona de Aragón y los estados del norte de África, p. 75.
79 ACA, C, reg. 337, f° 191v° (11 février 1317, Barcelone).
80 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII (1316-1334), pp. 131-132 pour l’Espagne et le Portugal.
81 Lettre de Boniface VIII à Jacques II (Registres de Boniface VIII, t. I, 817 [29 août 1295, Vatican]).
82 « … Ob labores quos pro reformanda pace inter carissimos in Christo filios C[arolum] Sicilie ac J[acobum] Aragonum reges pertulerat… » (ibid., t. II, 2416 [31 janvier 1298, Vatican]).
83 Ibid., t. III, 4505 (2 avril 1302, Latran).
84 « … Considerantes […] idque dilectus filius nobilis Guillelmus Durforti, nuncius Jacobi filii quondam Petri olim regis Aragonum circa reformationem pacis et tranquillum dicti status, ad quam ferventer intendimus, nobis fideliter et utiliter astitit, dignum duximus, ut personam dilecti filii Bernardi, nati eiusdem Guillelmi, apostolico dono gratie prosequi [-]m[-] illa sibi concedentes ex gratia que hoc tempore aliis negaremus… » (ACB, Div. C, 1-6-4220 [11 juin 1295, Anagni]). Guillem Durfort nomme le 26 août suivant un procureur qui doit recevoir ce canonicat au nom de son fils (ACB, Div. C, 1-2380).
85 V. Salavert y Roca, Cerdeña y la expansión mediterránea de la Corona de Aragón, t. II, doc. 323, p. 404 ; J. Vincke, Staat und Kirche in Katalonien und Aragón, p. 302.
86 Lettre de Jacques II à Isabelle de Portugal : « … Ramon de Mont Rós nos dixo de vuestra part algunas cosas que vos aviades a fazer en la cort de Roma et que el querría ir alla et aquesto lexavades a nuestro consello… » (ACA, C, reg. 334, ffos 120v°[2]-121r° [30 décembre 1303]). Le roi renvoie cependant Ramon au Portugal.
87 Sur ce point, voir pp. 360-372.
88 F. Giunta et A. Giuffrida (éd.), Acta Siculo-Aragonensia, t. II, doc. LXVIII, pp. 114-115.
89 « Nec ommittimus quod idem Arnaldus, sicut dudum ex ipsorum nunciorum nostrorum accepimus litteris et nunc etiam ab eis audivimus expliciti relatione sermonis, in predictis omnibus et singulis se multum audacter, viriliter, solerter et fideliter habuit, veluti regii beneplaciti sedulus prosequtor. Unde nimirum regalem benivolenciam meretur uberius et nos eum propterea favorabiliter prosequentes tue munificencie ipsum propensius comendamus » (ACA, C, reg. 337, f° 289r°[3]-v° [17 décembre 1317, Avignon]).
90 ACA, C, reg. 235, f° 88v°[4] (13 juin 1304, Saragosse), éd. partielle H. Finke, Acta Aragonensia, t. I, doc. 161, p. 244.
91 Note de chancellerie et copie des lettres de Jacques II aux autorités évoquées : ACA, C, reg. 339, f° 242r°-v° (29 juin 1327, Barcelone).
92 « Al rey de Castiella. Rey hermano, fazemos vos saber quel noble don Juçbert veçcomte de Castellnou en viniendo se agora para vos de la mandadería en que lo avíades embiado al papa, legó a nos a Barchinona e febló hy con nuscho e dio nos a entender en como éll avía recaudado muy bien todas aquéllas por que vos lo avíades enviado. Et nos, como aquéll que los vuestros fechos e nuestros tenemos todos por unos, oviemos muy gran plaçer en ello. E segurament tal es don Juçbert que en esto fecho e end todo otro sabría muy bien servir su senyor e assí pareçe que lo ha fecho en esto. Por que, rey hermano, nos vos enviamos mucho rogar que, pues él tan bien servido ha e somos certos que servirá d’aquí adelante en quanto el meior podiere a la vuestra honra e pro, que vos non solament por los sus buenos servicios, mas por honra e por amor de nos le querades façer mercé e honra, en guisa que es conosca que los sus buenos servicios lo son conocidos assí como nos tenemos que serán e que las nuestras rogarías le valen con vos mucho… » (ACA, C, reg. 239, ffos 135v°-136r° [25 août 1311, Barcelone]).
93 S. P. Bensch, Barcelona i els seus dirigents, p. 163.
94 Références bibliographiques : annexe I (CD-ROM), notice 199.
95 « Dilecto suo Poncio de Materone […] Recepta littera vestra et intellectis hiis que nobis significastis in ea super facto Ffrancisci filii vestri et super preconitzacione seu citatione ei facta in villa de Alacant per gerentem vices procuratoris in ipsis partibus occasione mortis de Castellar, qui fuit interfectus in dicta villa, de qua dictus filius vester extitit inculpatus, vobis taliter respondemus quod bene scitis vos remissionem aliquam minime fore factam per nos dicto filio vestro seu aliquibus alisis de morte predicte set proinde, consideratis serviciis per vos antecessoribus nostris et nobis exhibitis et intervenientibus etiam precibus nobilium Artaldi de Luna et Bernardi de Sarriano ammirati nostri, recepimus firmam juris. Ideoque dictus filius vester debet comparare coram gerente vices predicto, et proponere excusationes et deffensiones suas super petitione, si qua fiat contra ipsum. Nos enim signifficamus dicto gerenti vices per litteram nostram quam vobis mittimus pro parte ipsius filii vestre est firmatum idonee in posse nostro quod parebit juri super morte predicta et fa[-] utibus justicie complementum, sicquod a dicto filio vestro excusationes et deffensiones suas recipiat [-] ipso procedat negocio, ut de foro et ratione fuerit faciendum… » (ACA, C, CR de Jaume II, caixa 32, n° 4056 [7 mai 1311, Morella]). Le contenu de cette lettre est aussi signifié au lieutenant du procureur du royaume de Valence (ibid., n° 4057 [7 mai 1311, Morella]).
96 J. Lalinde Abadía, La Corona de Aragón en el Mediterráneo Medieval, p. 360 ; I. Baiges i Jardí, Els registres Officialium, doc. 12, p. 310, doc. 321.
97 « … En açò e en totes altres coses, fem nostre poder en servir lo senyor rey. Perquè us pregam, axí com a especial amich e axí com a aquell a que nós avem cor e voluntat de servir en tot ço que nós puscam, que · ns façats saber el senyor rey com és pagat del nostre servey, per ço com som çert que si nuyl hom ho sap, que vós ho devets saber… » (ACA, C, CR de Jaume II, caixa 153 [ES], n° 881 [17 avril (s. a.), Orihuela]).
98 Sur les cadeaux remis aux ambassadeurs à leur départ, voir pp. 277-284.
99 ACA, RP, MR 628, f° 33r°-v° (12 mai 1311, Dueñas) ; MR 279, f° 34r° (juillet 1315).
100 Pour les références, voir annexe I (CD-ROM), notice 33.
101 « … Cum intellexerimus quod quidam casus infortunatus accidit in civitate Maiorice, scilicet quod uxor Jacobi Burgundi fuit inventa suspensa in camera sua et quod dictus Jacobus affugit et se absentavit ratione predicta, etiam quod ipsum fecistis bandiri et credamus quod de predictis ad inveniendum veritatem procedi et inquiri feceritis. Mandamus vobis quatenus inquisitione qua super dicto facto facta fuerit, quando perfecta fuerit et completa, nobis sub vestro sigillo et curie nostre Maiorice mitere procuretis, quia de dicto facto scire volumus veritatem, antequam in dicto facto ad aliud procedatur et quod interim faciatis supersederi ad procedendum circa dictum Jacobum donec a nobis inde aliud habuertis in mandato… » (ARM, LR 1, f° 39v° [7 juillet 1303, Villa de Prades]).
102 « Nos, Sancius, Dei gratia rex Maiorice […] Accedentes presentia nostra venerabilis et ffidelis noster Johannis Bergundi sacriste Maiorice conditiones que ex[-] se ad obtinendam gratiam reddit dignam sinceramque devotionem illam qua ad serenissimum principem dominum regem Jacobum [Jacques II de Majorque] clare memorie patrem nostrum semper nos obsequiosum exhibuistis et nunc ad serviendum nobis voluntarium vos offertis gratam considerationem pensantes dignum ducimus, ut vos specialibus honoriis, benefficiis et gratiosis favoribus prosequemur. Hinc est quod, cum Jacobus Bergundi de Maiorice, ffrater germanus vester, jam pridem fuerit de uxoris quondam sue morte delatus, et quia citatus super hoc non comparuerit, eius bona omnia procuratoriam nostram Maiorice annotata fuerunt et demum per lapsum anni, cum nec tunc comparuerit nostre curie fuerint conffiscate, inter quidem bona est jus quoddam quod in spe ad dictum Jacobum in alqueria vocata Beni Luatmar et Raffallis Oteris ac Tendone Tort que sunt supra Portum Pinum pertinebant ratione substitutionis eidem super hoc a vestro et eius avo materno facte, si comunis vobis et dicto Jacobo mater ipse Jacobus superstitens moreretur, nos de speciali gracia vinculum illud substitutionis […] ex nunc vobis remittimus, concedimus et donamus, ita quod si m[-] rem vestram eidem Jacobus [-] predecedere vos, non ut sacrista sed ut Johannes Burgundi ius illud et quicquid eius occasionem nos in predictis potuissemus confequium ac habere consequeremini et habeatis. Et nichilominus interim possitis de illo […] disponere seu etiam ordinare, sicut melius dici et intelligi potest ad vestrum sanum et rectum intellectum… » (ARM, Gobernacio, LR 3, ffos 3v°-4r° [4 juillet 1311, Palma de Majorque]).
103 ACA, C, reg. 334, f° 5r° (14 novembre 1300, Valence), éd. partielle A. Giménez Soler, Don Juan Manuel, doc. XXVII, p. 245.
104 La maison a été pillée par Ramon Ruiz de Foces (ACA, C, CR de Jaume II, caixa 25, n° 3163 [3 février 1308, Zamora]). La lettre d’Isabelle du Portugal est pour sa part datée du 2 décembre (s. a.) [ACA, C, CR de Jaume II, caixa 26, n° 3256]. Ramon de Montrós doit par ailleurs recevoir annuellement 300 sous de Jaca sur le péage de Montalbán, près de la frontière avec la Castille, un bénéfice personnel concédé par le maître de l’ordre de Santiago Juan Osores et qu’il est difficile d’obtenir (R. Sáinz de la Masa Lasoli, La orden de Santiago en la Corona de Aragón, t. I, p. 371 [21 août 1316, Tarazona]).
105 Lettre de Constance à Jacques II (ACA, C, CR de Jaume II, caixa 26, n° 3328 [13 septembre 1308]).
106 Sur les familiers, voir pp. 215-219.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les archevêques de Mayence et la présence espagnole dans le Saint-Empire
(xvie-xviie siècle)
Étienne Bourdeu
2016
Hibera in terra miles
Les armées romaines et la conquête de l'Hispanie sous la république (218-45 av. J.-C.)
François Cadiou
2008
Au nom du roi
Pratique diplomatique et pouvoir durant le règne de Jacques II d'Aragon (1291-1327)
Stéphane Péquignot
2009
Le spectre du jacobinisme
L'expérience constitutionnelle française et le premier libéralisme espagnol
Jean-Baptiste Busaall
2012
Imperator Hispaniae
Les idéologies impériales dans le royaume de León (ixe-xiie siècles)
Hélène Sirantoine
2013
Société minière et monde métis
Le centre-nord de la Nouvelle Espagne au xviiie siècle
Soizic Croguennec
2015