Chapitre IX
Les autres bailleurs de fonds
Profil socioprofessionnel et origines géographiques
p. 537-577
Texte intégral
1En dépit du très grand nombre de commerçants barcelonais recueilli dans cet échantillon de contractants impliqués dans le trafic avec le Levant, d’autres types de profils, certes minoritaires, mais parfois assez différents peuvent être relevés. Afin de mieux les identifier, il devient cependant nécessaire de séparer les deux groupes de contractants, bailleurs, puis preneurs de fonds, qui l’un et l’autre présentent des caractères assez différents, en particulier sur le plan des professions exercées.
I. — Les aspects socioprofessionnels
Les autres professions associées aux marchands
a) Les courtiers
2Nous avons déjà eu l’occasion, lors de l’étude des techniques commerciales1, d’apprécier le rôle essentiel d’intermédiaire et de relais des informations commerciales joué en Égypte et en Syrie par les courtiers. Ceux-ci pratiquaient une activité similaire à Barcelone, où ils surent s’imposer dans le négoce au long cours grâce à leur connaissance des affaires et à leur discrétion — une qualité que l’expression corredor d’orella (littéralement « courtier d’oreille »)2 exprime de façon particulièrement éloquente.
3Ils sont certes très peu nombreux — une vingtaine — à participer au commerce du Levant, mais l’on notera que leur présence devient régulière au moment de l’apogée du négoce avec cette région, soit dans les premières années du XVe siècle3. Cet engagement personnel de spécialistes des affaires commerciales constitue, à n’en pas douter, une autre manifestation de la professionnalisation du négoce avec la Méditerranée orientale, bien que les sommes qu’ils confient soient en général assez faibles (la moyenne est d’à peine 85 livres par contrat).
4Le plus intéressant est que l’on relève parmi eux un cas apparemment unique de spécialisation dans le trafic avec l’Égypte et la Syrie. Mis à part quelques rares contrats destinés à différents marchés de Méditerranée occidentale4, le courtier d’oreille Bernat Fabre confia en effet au moins 45 commendes vers le sultanat mamelouk entre 1399 et 14165, chiffre qui constitue un record absolu. Ce nombre considérable traduit incontestablement une stratégie commerciale bien définie. Certes, la moyenne des contrats qu’il confie est aussi faible que celle relevée pour l’ensemble de ses collègues, mais elle augmente sensiblement avec le temps, ce qui prouve bien que notre courtier s’enrichit grâce au commerce du Levant6. Les marchandises qu’il commercialise sont très variées : corail, chanvre, draps, huile, miel, fruits secs, safran, antimoine, toute la gamme des produits habituellement exportés par les marchands catalans se trouve ainsi réunie parmi ces opérations, qui comprennent également quelques changes confiés en commende. Cette diversité reflète sans doute également ses capacités professionnelles à lier contact avec des pourvoyeurs de matières premières très variées.
5À ce stade de l’analyse, Bernat Fabre incarne parfaitement le modèle du modeste bailleur de fonds qui cherche et parvient à s’enrichir par son engagement constant dans le commerce du Levant. Mais une autre facette du personnage le singularise : Bernat Fabre est également convers — ou juif converti —, de même que plusieurs autres courtiers7. Bien qu’aucun document ne l’atteste, on peut suggérer que son action opiniâtre était destinée à retrouver le rang que lui ou sa famille avait perdu quelques années avant qu’il ne se lance dans le commerce du Levant, lors des pogroms de 1391. Par ailleurs, à partir de 1411, Bernat Fabre n’apparaît plus dans la documentation notariée en qualité de courtier mais de boutiquier8. Deux documents datés de 1418 nous permettent de pénétrer dans sa boutique et de découvrir qu’on y vendait du corail et des épices, soit les principales marchandises d’import-export dans le trafic entre Barcelone et le Levant9. Ainsi s’expliqueraient ses investissements répétés dans ce négoce, soit pour s’approvisionner directement en épices, soit pour profiter d’occasions offrant des perspectives de fructueux bénéfices, notamment grâce à l’exportation de corail.
6Tout au long des deux décennies au cours desquelles nous pouvons observer ses opérations, Bernat Fabre participa donc activement au commerce avec l’Égypte et la Syrie, sans toutefois jamais appartenir au groupe des marchands10, mais en exerçant des fonctions qui en étaient très proches, voire directement associées. Nous saisissons ainsi un parcours pour le moins original, qui cependant conserve bien des points communs avec la stratégie adoptée par de nombreux professionnels du négoce11.
b) Les banquiers
Aperçu général
7Les banquiers ou changeurs sont aussi peu nombreux que les courtiers puisque leur part reste toujours inférieure à 5 % de l’échantillon des bailleurs12. En revanche, ils investissent dans le commerce du Levant des capitaux nettement plus importants que les autres courtiers13. La moyenne des sommes qu’ils confient atteint en effet près de 177 livres par contrat, contre moins de 130 livres pour l’ensemble des bailleurs : leur profession leur confère une aisance financière dont ne disposent pas les autres corps de métier. En dépit de cette richesse, aucun ne confie de commende investie en corail. En fait, ils ne paraissent pas s’intéresser à des produits particuliers dans ce négoce et confient souvent des sommes arrondies, dans des comuns de marchandises non précisées14. Par ailleurs, aucun d’entre eux ne participe à plus de cinq contrats destinés à l’Égypte ou à la Syrie, ce qui montre également que ce négoce n’est pour eux qu’un placement parmi d’autres, pour faire fructifier leurs capitaux.
8Parmi les banquiers mentionnés, certains sont qualifiés d’honrats, comme Pere Brunet ou Francesc et Manuel de Gualbes ; d’autres sont plusieurs fois membres du Consell de Cent, tels Pere de Puig Vert ou Guillem Colom15. Ils représentent donc, aux côtés des grands négociants, une élite politico-financière.
9Cependant, cette profession ne se distingue que de manière très floue par rapport à celle des marchands : dans la documentation, nombreux sont en effet les individus tour à tour réputés exercer l’une puis l’autre fonction, comme Joan Ses Avasses père et fils, que nous avons précisément déjà rencontrés en qualité de négociants, ou Guillem Colom, dont il vient d’être question, ou encore Llorenç Luques, pour ne citer que quelques exemples auxquels il faut bien sûr ajouter ceux des deux frères Manuel et Francesc de Gualbes16. Cette double qualification est en fait caractéristique de la multiplicité des tâches exercées par certains hommes d’affaires, déployant une activité variée grâce à leurs puissantes capacités financières.
10Pourtant, en dépit de ce constat, certains grands noms de la banque barcelonaise n’apparaissent pas ou du moins demeurent très discrets, tels ceux de Pere Descaus et Guillem d’Olivella, ou de Pere Pasqual et Arnau Esquerit17. Sans doute leurs faillites, intervenues en 1381 et 1383 respectivement, justifient-elles en partie leur absence puisqu’à ce moment, le commerce avec l’Égypte et la Syrie sortait tout juste de la longue crise qu’il traversait depuis les années 1350. Mais les insuffisances de la documentation notariales expliquent également cette discrétion. Alors qu’aucun acte notarié n’a pu révéler la participation de la banque de Pere Descaus et de Guillem d’Olivella dans le commerce du Levant, les comptes de cette institution, au cours des seules années 1376-1377, montrent en revanche que deux commendes de plus de 100 livres avaient été confiées par ces deux changeurs pour Beyrouth et Alexandrie, tandis qu’ils participaient également au trafic des licences de navigation pontificales18. Bien des données nous manquent assurément, puisque les comptes des autres banques, en particulier celles de Pere Brunet, de Guillem Colom et des Gualbes, ont disparu19. Il convient cependant de ne pas exagérer l’ampleur des pertes pour le commerce du Levant, puisque les comptes de la banque Descaus et d’Olivella attestent également que les opérations financières y tenaient une place bien plus considérable que les activités marchandes20. Un tel constat confirme donc que ces établissements ne constituaient généralement pas des banques d’investissement et que le commerce du Levant ne représentait en réalité qu’un placement intéressant mais sans doute secondaire parmi les activités financières des hommes d’affaires qui les dirigeaient21.
Les Gualbes
11Nous disposons cependant pour la famille de Gualbes, de sources notariées ainsi que d’une bibliographie22 un peu plus abondantes que pour les autres changeurs. Certains documents de chancellerie révèlent même l’existence de prêts accordés par les Gualbes, pour financer une ambassade auprès du sultan al-Asẖraf Sẖaʽbān23. Il serait donc tentant de dresser un bilan de leurs opérations destinées au Levant, en particulier d’après les sources notariales, et d’y évaluer la part du secteur bancaire par rapport aux autres activités du clan. Cependant, une telle démarche atteint très vite ses limites : en fait, les actes notariés relatifs au Levant et se référant explicitement à la banque sont assez peu nombreux. Nous savons seulement que les deux frères banquiers et honrats Manuel (no 94) et Francesc (no 86)24 confièrent 260 livres investies dans plusieurs changes emportés par Bernat Fuster à Alexandrie, en novembre 1402, puis que Manuel, seul, remit encore 800 livres en commende pour la même destination l’année suivante25. Si l’on étend l’investigation aux actes contractés par les mêmes personnages, qualifiés cette fois de marchands, la liste des commendes se révèle sensiblement plus longue et plus diversifiée26.
12Cependant, le règlement des comptes du marchand Antoni Des Puig, mort à Damas avant mars 140727, révèle qu’il avait également reçu au moins une commende en 1404, confiée par les honrats Ferrer (no 49) et Lluís (no 57) de Gualbes, qui étaient en fait associés aux deux frères changeurs28. Le même document montre en outre que d’autres membres de la famille — Galcerà (no 32), Bernat major (no 20 ou 44), et Bernat (no 154), fils de Francesc (no 86) — participaient également aux affaires de la banque. Or, les mêmes opérateurs confièrent aussi des commendes pour le Levant29 sans qu’il y fût jamais fait mention d’un quelconque lien avec l’établissement des frères Manuel et Francesc, exactement comme dans le cas de la commende qui fut remise en 1404 à Antoni Des Puig. Dès lors, la délimitation entre les affaires personnelles de ces différents marchands ou honrats et celles de la banque se révèle impossible à tracer, puisque les liens avec celle-ci ne sont généralement pas mentionnés dans les contrats.
13La nature des investissements n’aide pas non plus à déterminer la part des activités purement financières dans les affaires des Gualbes avec le Levant. Certes, les commendes investies en change sont assez nombreuses, mais elles continuent d’être confiées après la faillite de la banque en 140630, ce qui montre qu’elles ne sont pas directement liées à l’existence de cette dernière. De plus, sur l’ensemble des opérations réalisées par différents membres de la famille à destination du Sultanat, les exportations de marchandises sont en fait bien plus nombreuses que les changes, tant pour le nombre de contrats que pour le montant des capitaux investis31.
14Face à ces limites, l’examen minutieux des activités des différents membres de la famille Gualbes nous ramène aux conclusions essentielles déjà tirées de l’étude des Casasaja, avec toutefois pour nuance le constat d’une nette supériorité de moyens au profit des premiers. Les nombreux marchands qui composent ce clan sont bien sûr avant tout des bailleurs de fonds32 mais certains d’entre eux transportent également des biens vers le Levant, comme Pere (no 35 ou 53), Miquel (no 70), Baltasar (no 162), Bernat (no 154) et son frère Bartomeu (no 152)33. Les bailleurs de la famille ont ainsi l’occasion de confier à ces accommenditaires divers produits à destination de l’Égypte ou de la Syrie34, pendant que d’autres membres jouent un rôle de fidéjusseur ou encore de correspondant au Levant35. Mais certains représentants des Gualbes occupent également des fonctions complémentaires qui assurent au clan une emprise à la fois solide et diversifiée sur l’ensemble des affaires commerciales et financières gérées depuis Barcelone. Outre les banquiers déjà cités, la famille compte en effet au moins quatre patrons de navire commandant une embarcation partie pour le Levant entre 1395 et 1411 — soit le double des Casasaja —, dont certains nous sont déjà connus en tant que négociants, tels Ferrer (no 49) et Bernat (no 154), auxquels s’ajoutent Miquel (no 70) et Manuel (no 157 ?), ce dernier étant sans doute le fils du changeur déjà cité36.
15Par ailleurs, les Gualbes détenaient également bien des postes clés dans les rouages fiscaux, administratifs, et jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir municipal de Barcelone. D’une part, la perception du dret de les drassanes grevant les marchandises et les navires à destination du Proche-Orient mamelouk fut assurée par Nicolau de Gualbes (no 103 ?), entre 1418 et jusqu’à sa mort en 143537. D’autre part, la famille compta deux consuls des Catalans à Alexandrie : Bernat (nos 13, 20 ou 44), entre 1386 et 1390, puis Miquel (no 70) entre 1402 et 140538. Par ailleurs, quatre autres de ses membres occupèrent l’un des postes de consuls de la mer entre 1396 et 1430, notamment Miquel en 139639. Surtout, leur puissance leur assura une place de choix au sein de toutes les institutions municipales, y compris de la magistrature suprême, celle des cinq Conseillers de la Cité, dont l’un des sièges fut occupé en moyenne tous les deux ou trois ans par un des membres du clan Gualbes pendant une période remarquablement longue, soit entre 1385 et 144440. En outre, ces membres éminents de l’oligarchie municipale constituaient bien sûr des interlocuteurs privilégiés pour le pouvoir royal : certains remplirent en effet à plusieurs reprises les fonctions de bailli de Barcelone et de Mestre Racional (Trésorier du roi) ainsi que de représentant du monarque en Méditerranée orientale41. Enfin, les Gualbes étaient également bien introduits dans les arcanes du pouvoir religieux, en particulier—et ce n’est sans doute pas là un hasard — au sein de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, dont le siège était établi à Rhodes, alors centre des affaires en Méditerranée orientale pour les Catalans : Lluís de Gualbes occupait en effet les fonctions de prieur de l’Ordre en Catalogne au début des années 143042.
16Les Gualbes disposaient donc d’un réseau familial très étendu de marchands et d’officiers occupant des postes clés pour le commerce et les affaires, en particulier à destination de l’Orient méditerranéen. Dans cette organisation patiemment mise au point, la banque leur apportait en outre des capitaux à la mesure de leurs ambitions, du moins avant la faillite de 1406, laquelle n’entraîna cependant ni l’arrêt, ni même le déclin des activités marchandes de la famille. Ce réseau structuré permit donc aux Gualbes de jouer un rôle de premier plan dans le commerce du Levant, source d’enrichissement substantiel pour eux, comme pour les autres hommes d’affaires barcelonais. En outre, les hautes fonctions politiques remplies par plusieurs membres éminents du clan témoignent de la brillante réussite de leur stratégie d’ascension sociale43. En dépit de ces points communs essentiels avec les Casasaja, les Gualbes présentent donc un modèle d’organisation et de promotion bien plus achevé, même si la multiplicité des membres de ce clan et la diversité de leurs activités doit évidemment aussi amener à s’interroger sur la cohésion de ce groupe familial44.
Les autres métiers
17Les autres professions ne totalisent que des pourcentages insignifiants, tant pour le nombre de bailleurs que pour le montant des capitaux investis vers le Sultanat. Toutefois, certaines sont un peu mieux représentées que d’autres en raison de la nature des produits qu’elles fabriquaient ou commercialisaient et qui jouaient un rôle important dans le trafic avec le Levant.
a) Les professions liées à la fabrication des draps
18Le vif succès rencontré par les draps de laine catalans sur les marchés de Méditerranée orientale a évidemment attiré un certain nombre de ceux qui participaient à leur production. Certes, ce phénomène doit être apprécié à sa juste valeur, puisque les métiers du textile ne représentent qu’un peu plus de 5 % des bailleurs, et que nous avions déjà eu l’occasion de constater, lors de l’étude relatives aux draps, que les grandes compagnies textiles barcelonaises ne s’intéressaient que de très loin au commerce avec le Levant. Cependant, les individus participant à la fabrication des draps totalisent tout de même un effectif équivalent à celui de tous les autres artisans réunis45.
19Il importe tout d’abord de préciser que l’expression de « professions liées à la fabrication des draps » regroupe des métiers très différents, tant sur le plan du savoir technique que sur celui du niveau social. La palette des fonctions exercées s’étend en effet des simples pareurs (27 au total), aux drapiers (20), en passant par les peigneurs, les tisserands (9), les meuniers de draps (molinerii pannorum) ou les teinturiers. La moyenne des sommes investies reflète bien le niveau social de ces différents métiers : elle atteint 135 livres pour les drapiers, 81 pour les pareurs et 52 pour les tisserands. Ce sont donc les premiers qui permettent au groupe des artisans du textile de rester présent entre 1393 et 1417 dans la tranche des investissements de plus de 500 livres46.
20Tous connaissent grossièrement la même évolution irrégulière : dès la fin des années 1340, ces trois corps de métiers sont représentés dans des proportions presque identiques à celles relevées pour l’ensemble de la période étudiée (5,3 % du total). La crise que subit le grand commerce aux cours des années 1350-1370 (provoquée par la peste, la guerre contre la Castille et le raid contre Alexandrie) les frappe ensuite de plein fouet, puisqu’ils disparaissent complètement, du moins d’après le faible échantillon de bailleurs de fonds que nous avons pu recueillir47. Puis, avec la relance du commerce du Levant au cours des trois dernières décennies du XVIe siècle, ils sont de nouveau nombreux à expédier des draps vers l’Égypte et la Syrie (ils représentent jusqu’à près de 15 % des bailleurs au cours des années 1370-1380), participant pleinement au mouvement de démocratisation relevé lors de l’étude des capitaux. Cependant, cet élan s’essouffle rapidement et les effectifs passent sous la barre des 5 % dès les premières années du XVe siècle. Enfin, les derniers tisserands disparaissent de ce trafic après 1405, suivis après 1413-1414 des drapiers et des pareurs, tous victimes de la professionnalisation du grand commerce au profit des marchands. Cette évolution, également représentative de celle de tous les artisans à quelques nuances près (voir tableau 71, p. 497), est donc tout à fait révélatrice des mouvements de fonds qui affectent le négoce au long cours.
b) Pharmaciens et boutiquiers
21Les pharmaciens s’intéressaient eux aussi particulièrement au commerce du Levant puisque de très nombreuses épices entraient dans la composition des remèdes, potions et confits qu’ils préparaient48. Ils participaient donc parfois à ce trafic pour s’approvisionner directement sur les marchés de Méditerranée orientale, ce qui leur donnait également l’occasion de réaliser des opérations commerciales souvent fructueuses. Une vingtaine d’entre eux apparaissent ainsi dans les listes de bailleurs de fonds, entre 1349 et 1415 — en fait, surtout durant la période d’apogée des relations de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie, soit essentiellement entre 1395 et 1405. Les sommes qu’ils investissaient restaient limitées à un peu plus de 72 livres en moyenne par contrat, ce qui prouve que l’opération commerciale qu’ils réalisaient n’était pas leur principal objectif. En revanche, les commendes confiées par des pharmaciens font apparaître des listes d’épices particulièrement variées et riches en produits rares. Ainsi le 28 novembre 1400, l’especier Bernat Verdaguer donna en commende 42 livres et 4 sous investis dans une balle de six draps de laine de la terra, afin d’obtenir à Chypre, en Syrie ou en Égypte, un pot de myrobolans confits, deux ròtols d’astorach calamita, un ròtol de bois d’aloès et un ròtol et demi de camphre blanc ; ce qui resterait de la vente des draps après ces achats devait être réinvesti pour moitié en sucre domasquí, de triple cuisson — soit de première qualité — et l’autre moitié en sucre candi domasquí49 Cette énumération de denrées, en grande partie quantifiées, est tout à fait exceptionnelle et montre que l’opération était avant tout destinée à réapprovisionner à bon prix l’officine de ce pharmacien en épices rares ainsi qu’en sucre permettant de réaliser les confits. Cependant, comme les drapiers et les pareurs, les pharmaciens, qui pourtant écoulaient les épices du Levant, s’effacent eux aussi après 1415 au profit des hommes d’affaires, à la suite du mouvement de professionnalisation du commerce au long cours.
22Un métier semble pourtant avoir bien résisté à ce processus d’élimination, comme l’a déjà révélé l’exemple de Bernat Fabre, qui de courtier s’était reconverti en boutiquier50. Cette profession n’apparaît que tardivement dans la documentation notariale — pas avant 1394, d’après les contrats —, mais perdure jusqu’à la fin de la période considérée, soit 143051. Les boutiquiers sont en fait assez peu nombreux (nous en avons seulement relevé onze), mais ils témoignent souvent d’un dynamisme assez étonnant dans le domaine du commerce du Levant. Certes, aucun ne se montre aussi actif que Bernat Fabre, cependant Francesc Sa Grau confie tout de même au moins sept commendes pour le Levant entre 1407 et 1415 et Arnau Sant Just, dix entre 1394 et 141552. Néanmoins, les deux mêmes personnages sont également qualifiés de marchands en d’autres occasions, souvent antérieures aux dates citées53 ; au total, tous deux donnèrent respectivement onze et dix-sept commendes à destination de l’Égypte et de la Syrie. Ces deux exemples de boutiquiers, corroborés par d’autres54, montrent donc que cette profession semble s’être progressivement distinguée de celle des marchands, d’où son apparition tardive dans la documentation. La moyenne des contrats que les membres de cette profession concluent pour l’Orient méditerranéen reste légèrement inférieure à 100 livres, somme qui peut être qualifiée de faible pour des contrats essentiellement instrumentés pendant le premier tiers du XVe siècle — caractérisé par des investissements de plus en plus élevés dans ce trafic — et qui paraît donc contradictoire avec le maintien de leur participation au grand commerce.
23Que vendaient donc ces botiguers dans leur boutique, qui puisse à la fois les distinguer des marchands, et en même temps leur permettre de poursuivre leurs investissements aux côtés de ces derniers dans le commerce du Levant ? Le cas de Bernat Fabre nous a fourni un élément de réponse : des épices et du corail, sans doute entre autres produits. Une autre brève indication relative à un conflit opposant le marchand Francesc Des Carner au boutiquier Guillem Sagrera, à propos d’épices, confirme qu’à Barcelone ces denrées étaient bien commercialisées palles botiguers55. L’examen des produits d’importation demandés dans les commendes qu’ils confièrent montre en effet qu’ils laissaient rarement le choix à leurs accommenditaires, comme c’est pourtant souvent le cas avec d’autres bailleurs56. Des épices précises sont en effet réclamées, mais surtout les principales, comme le poivre, le gingembre, la cannelle et les clous de girofle, à la différence des pharmaciens, qui recherchaient également des produits beaucoup plus rares et exotiques. Sans doute le maintien des boutiquiers parmi les bailleurs du commerce du Levant s’explique-t-il en grande partie par cette fonction de redistribution des épices à une clientèle plus large que celle des pharmaciens. Eux non plus, pourtant, ne se cantonnaient pas au XIVe siècle à la seule vente de produits aux vertus médicinales, mais leur champ d’activités semble s’être progressivement limité à cette tâche spécialisée au cours du siècle suivant57. Toujours est-il que les boutiquiers paraissent bien se substituer aux apothicaires dans cette double tâche caractéristique de bailleurs du commerce du Levant et de revendeurs d’épices au détail à Barcelone au début du XVe siècle58. Cette transition a peut-être été facilitée par la commercialisation d’une gamme de produits plus variés, non limités aux seules épices dans le cas des boutiquiers, qui auraient ainsi bénéficié de réseaux de clientèle plus étendus, hypothèse que notre documentation centrée sur le trafic avec le Levant ne permet évidemment pas de vérifier.
24Bien d’autres professions apparaissent encore, en nombre plus restreint, parmi les listes de bailleurs de fonds du commerce du Levant, mais il n’est évidemment pas possible de les étudier toutes, même sommairement. Dans la plupart des cas, leur lien avec le trafic au long cours paraît assez évident : orfèvres ou pelletiers savent par exemple que le produit de leur travail est apprécié sur les marchés du Levant, ce qui les incite occasionnellement à confier quelques commendes à destination de Beyrouth ou d’Alexandrie59. Quant aux notaires et aux juristes, souvent chargés de régler des différends entre marchands, ils étaient les témoins privilégiés des fortunes acquises grâce à ce négoce et se laissaient eux aussi parfois tenter, de même que — détail plus insolite mais non dénué d’intérêt — certains officiers royaux60. Dans d’autres cas encore, seuls des liens personnels peuvent expliquer la participation de profils sociaux plus inattendus, tels des ecclésiastiques ou des chevaliers61. Ainsi, la domination sans partage des marchands parmi les bailleurs de fonds du commerce du Levant barcelonais laissa tout de même la place à de très nombreuses autres professions, qui avaient toutefois généralement pour point commun d’animer la vie économique de Barcelone et/ou d’être représentatives des milieux aisés.
Quelques groupes marginaux de l’activité marchande
a) Les femmes
25Quatre-vingt-neuf femmes62 confient également des capitaux à destination de l’Égypte et de la Syrie. Leur identité est toujours définie par rapport à celle de leur époux, de sorte que nous ne disposons jamais de renseignements précis relatifs à leurs origines géographiques et sociales personnelles, sauf pour celles, très peu nombreuses, qui ne sont pas mariées — dans ce cas, en effet, la fonction et le lieu d’habitat de leur père sont indiqués63. La plupart de ces femmes — 65, soit près des trois quarts — jouent seulement ce rôle de bailleurs de fonds après la mort de leur époux, alors qu’elles bénéficient de leur dot et de l’usufruit des biens du mari, du moins lorsque celui-ci exerçait les fonctions de marchand64. Les veuves de négociants constituent en effet le groupe de femmes le plus nombreux à investir des capitaux dans le commerce du Levant, mais avec seulement 20 cas relevés, soit un peu moins du quart de l’échantillon, proportion nettement plus faible que les 60 % de marchands, parmi l’ensemble des bailleurs. Les autres professions sont très variées et souvent assez éloignées des préoccupations du grand commerce — forgerons, tonneliers, couteliers, officiers royaux, etc. —, ce qui incite à supposer que la famille de l’épouse était davantage liée au milieu du négoce.
26Les sommes qu’elles confient sont en général faibles puisque leur moyenne par contrat n’atteint pas les 60 livres. La répartition des bailleurs par tranche d’investissements indique en effet qu’aucune des femmes mentionnées ne participe à un contrat de plus de 500 livres et que la plupart des commendes qu’elles confient restent inférieures à 100 livres, entre 1393 et 141765. Rien d’étonnant dans ces conditions à les voir disparaître du commerce du Levant, après 1420, comme la plupart des professions non marchandes, dépassées par les moyens que seuls les véritables hommes d’affaires peuvent consacrer à cette activité.
27Pourtant, certaines étaient lors des transactions mariées à des membres de l’élite sociale de Barcelone. Six d’entre elles ont eu pour époux un citoyen honrat ; parmi elles figurent Margarida et Eulalia, femmes de Francesc (no 86) et de Bernat (no 154) de Gualbes respectivement, ainsi que Constança, épouse du banquier Guillem Colom, qui confie au moins quatre commendes pour le Sultanat entre 1395 et 141166. Eulalia, femme de Bernat de Gualbes, agit alors peut-être en l’absence de son époux et selon ses instructions, puisque nous savons en effet que ce dernier exerçait les fonctions de marchand itinérant et de patron de navire67. Cependant, les commendes qu’elles remettent restent également inférieures à cent livres, ce qui montre que ces investissements étaient pour elles surtout occasionnels68.
b) Les juifs et les convers
28La documentation relative aux juifs et aux convers participant au commerce de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie se caractérise par une distribution très inégale. Dès le début du XIVe siècle, les listes d’amendes absolutoires payées au Trésor royal par les négociants et les marins qui s’étaient livrés au trafic prohibé avec ces contrées témoignent déjà de cette particularité : entre 1302 et 1313, des juifs y figurent assez régulièrement, puis ils disparaissent complètement jusqu’à la fin des années 133069. Au cours de la même période, aucun ne figure parmi les listes d’Alexandrini mis à l’amende par les autorités pontificales70. Pourtant, une vingtaine d’entre eux acquittent à nouveau quatorze amendes absolutoires au Trésor royal entre 1338 et 134471, date à partir de laquelle ces sanctions sont remplacées par les licences pontificales et royales. En dépit de leur brusque irruption au cours de cette brève période, certains paraissent être des habitués du trafic avec le Levant, tels Perfet Bonafos ou Benvenist de la Cavalleria, qui doivent acquitter des amendes, chacun pour trois voyages différents72. Et comme pour confirmer cette impression de participation active mais décousue au commerce prohibé avec le sultanat mamelouk, le 14 janvier 1345 le roi Pierre le Cérémonieux accorde sa rémission à tous ses sujets juifs qui s’y étaient livrés avant 131573. Enfin, la première série de contrats pour l’Orient méditerranéen, datée de mai 1349, montre que l’un d’entre eux — Abraham Issach Bonavia — confia au moins deux commendes pour Candie, Rhodes et Chypre74.
29Après 1350, nous n’en trouvons à nouveau plus guère de traces : à de très rares exceptions près, les juifs n’apparaissent pas parmi les bénéficiaires de licences royales, ni dans la documentation notariale entre 1350 et 138075, certes peu abondante pendant cette période. Toutefois, la tendance s’inverse à nouveau radicalement au cours des années 1380 : plusieurs juifs confient des sommes en commendes sur certains navires en partance pour l’Égypte et la Syrie en 1382, 1383, puis au cours de l’hiver 1388-138976, dont nous avions vu qu’un certain nombre étaient investies en corail. Fait exceptionnel, cette dernière série de commendes est confiée à deux accommenditaires dont l’un est chrétien et l’autre juif : Francesc Fogassot, le patron du navire, et Bonjuha Samuel Bolaix, seul juif rencontré exerçant cette activité de preneur de fonds. Mais cette participation est encore une fois de courte durée, puisqu’après les tragiques pogroms de 1391 plus aucun juif ne prend part au commerce de Barcelone avec le Levant77.
30Toutefois, un certain nombre de ceux qui se sont convertis après ces événements continuèrent d’animer le négoce avec l’Égypte et la Syrie, comme le courtier Bernat Fabre, précédemment étudié, ou les nombreux marchands engagés dans le trafic du corail, tel Bernat Oral78. Bien qu’adoptant alors un patronyme chrétien souvent identique à celui de familles barcelonaises bien connues79, certains sont relativement aisés à identifier, puisque la mention convers suit généralement leur nom, dans les contrats. Une quinzaine d’entre eux participent ainsi régulièrement au commerce du Levant en tant que bailleurs, au moins jusqu’en 1415, de même qu’une dizaine de marchands itinérants, surtout actifs au cours des années 1420-143580. Mais il n’est évidemment pas certain que les notaires aient toujours scrupuleusement porté la mention convers, de sorte que quelques-uns se confondent sans doute avec les nombreux contractants chrétiens, ce qui constituait probablement l’un des objectifs de cette homonymie avec les vieilles familles barcelonaises dont ils portaient le nom.
31Que faut-il déduire d’une participation au commerce du Levant aussi décousue ? Les sources citées sont-elles bien représentatives d’une activité effectivement irrégulière ? Ou bien, au contraire, présentent-elles des lacunes concernant spécifiquement les marchands juifs, entre 1313 et 1338, puis entre 1350 et 1380 ?
32Un certain nombre d’arguments plaident tout d’abord en faveur de cette seconde hypothèse. Nous savons en effet que la documentation notariale est peu abondante et mal répartie au cours des années 1350-138081. Elle pourrait donc ne pas être représentative de l’engagement des juifs catalans dans le commerce avec le Levant. Par ailleurs, les autres types de sources dont nous disposons pour la même période ont un caractère religieux nettement marqué : qu’il s’agisse des licences pontificales ou des serments à prêter par-devant le vicaire de l’évêque au moment du départ d’un navire vers le sultanat mamelouk. Il n’est donc pas surprenant de ne pas retrouver de juifs parmi les listes de négociants bénéficiant de telles autorisations ou jurant de ne pas emporter de marchandises interdites par le pape vers l’Égypte ou la Syrie. Nous savons en outre que les juifs disposaient de leurs propres notaires à Barcelone82, dont les minutiers n’ont malheureusement jamais été retrouvés à ce jour. C’est donc peut-être dans ces recueils qu’ont été consignés d’éventuels contrats manquants pour la Méditerranée orientale. Enfin, quelques documents de la chancellerie royale montrent que les communautés juives de Catalogne et du Proche-Orient entretenaient toujours des contacts, sans doute moins intenses que du temps de la Geniza mais toujours bien réels83. Les familles de marchands juifs pouvaient sans doute ainsi compter sur des facteurs commerciaux de même religion d’une rive à l’autre de la Méditerranée, ce qui les dispensait sans doute d’avoir recours à un notaire chrétien ou même israélite. On notera cependant que la plupart de ces éléments ne sont attestés par aucun document conservé et ne reposent donc que sur des déductions.
33L’hypothèse d’activités effectivement irrégulières mérite donc également d’être examinée de près. S’il est difficile d’expliquer l’absence des marchands juifs dans le commerce du Levant entre 1313 et 1338, puisque cette période sort assez largement du cadre chronologique de notre étude, en revanche, leur quasi-disparition entre 1350 et 1380 paraît assez simple à expliquer. Cette trentaine d’années correspond en effet à la crise que subit le grand commerce à la suite des épidémies de peste, du long conflit contre la Castille et du raid lancé par le roi de Chypre contre Alexandrie. Ces difficultés n’ont évidemment pas épargné la communauté juive, laquelle, comme bien des marchands chrétiens, a sans doute dû limiter ses activités pour faire face à l’adversité. En revanche, avec la reprise du trafic vers le Levant au cours des années 1380, les juifs jouent de nouveau un rôle actif, grâce aux facilités dont ils disposent pour se procurer du corail, dont nous avions vu qu’ils assurent en grande partie la taille à Barcelone. Le cycle de cette précieuse matière dans le commerce de Barcelone avec l’Orient peut donc enfin commencer grâce à eux84, même s’ils sont éliminés du négoce au long cours vers le Levant ou contraints de se convertir pour continuer d’y participer après les violents pogroms de 1391.
34Un autre élément peut aussi contribuer à expliquer les irrégularités relevées. Les témoignages relatifs à la participation des juifs dans le commerce du Levant nous les présentent presque toujours groupés. Qu’il s’agisse des contrats notariés ou des listes de marchands absous avant 1344 pour s’être livrés à ce trafic prohibé, les juifs apparaissent très rarement seuls, à la différence des convers après 1391, ce qui met en évidence des phénomènes d’entraînement au sein de la communauté. Cette particularité traduirait donc une certaine appréhension à participer seul à des activités risquées et largement dominées par des marchands chrétiens ; que le contexte paraisse donc moins favorable, ou que les éléments les plus entreprenants parmi la communauté juive ne puissent s’engager dans ce trafic, et ce sont du coup l’ensemble des marchands israélites qui disparaissent des relations commerciales de Barcelone avec l’Orient méditerranéen.
35Enfin, cette seconde hypothèse privilégiant le caractère irrégulier des contacts marchands des juifs avec l’Orient méditerranéen correspond assez bien aux constats relevés par A. Rich dans sa récente thèse consacrée aux juifs barcelonais dans la seconde moitié du XIVe siècle85. En substance, celle-ci note en effet que les activités commerciales des juifs en Méditerranée sont « très rares » d’après la documentation notariale conservée, si l’on excepte quelques séries de commendes dans le courant de la décennie 1380. La plupart du temps, les juifs n’interviennent dans les circuits du négoce qu’après réception de marchandises, lorsque celles-ci doivent être redistribuées, et seulement dans certains domaines particuliers — on notera que cette remarque s’applique parfaitement à la réexportation du corail par les juifs vers le Levant. Enfin, poursuit A. Rich, beaucoup de contractants israélites qualifiés de marchands dans la documentation notariale sont en réalité davantage impliqués dans des affaires financières que dans des opérations véritablement commerciales86. Au regard de cette analyse, la participation irrégulière des marchands juifs de Barcelone au commerce du Levant n’a donc rien de surprenant et sans doute reflète-t-elle sans déformation excessive les caractères essentiels de ce négoce.
36La moyenne des sommes investies par les marchands juifs confirme en tout cas pleinement le caractère limité de leurs activités, puisqu’elle n’atteint que 81,5 livres par contrat — contre une moyenne générale de 127 livres pour l’ensemble de la période étudiée ; seules trois commendes dépassent les 120 livres87. Notons enfin que Jucef Abbes, l’un des hommes d’affaires juifs les plus actifs d’après les recherches d’A. Rich, ne confie quant à lui que deux commendes pour Chypre, Beyrouth et Alexandrie, d’un montant total de seulement 135 livres88.
37Quant aux convers qui prennent la relève de ces marchands juifs après 1391, rien ne les singularise véritablement, puisqu’ils s’engagent de manière continue dans le commerce du Levant et participent à l’exportation de marchandises variées, en dépit d’une prédilection de certains d’entre eux pour le corail, que nous avions constatée lors de l’étude cette matière précieuse. Et, comme l’avait par ailleurs déjà relevé Cl. Carrère, leur intégration et leur réussite dans le monde du commerce dépassent largement celles de leurs prédécesseurs juifs89.
c) Les musulmans
38De ce rapide panorama des différentes professions et groupes sociaux animant le commerce de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie, l’absence des musulmans apparaît a priori comme une surprise majeure. Ils restaient en effet nombreux après la Reconquête dans la couronne d’Aragon et de plus participaient aux échanges avec le Maghreb et le royaume de Grenade90. Quelques-uns d’entre eux avaient bien embarqué à bord des navires catalans pour Alexandrie afin d’effectuer le pèlerinage de La Mecque, voire pour s’installer définitivement dans le sultanat mamelouk91, mais ils ne paraissent pas s’être intéressés au négoce92. En fait, en observant plus attentivement l’origine géographique des musulmans qui participaient au commerce avec le Maghreb, on constatera qu’ils provenaient surtout du Royaume de Valence93, où ils étaient effectivement plus nombreux que dans le reste de la couronne d’Aragon. Ceux qui résidaient en Catalogne, essentiellement concentrés dans la basse vallée de l’Èbre et de ses affluents, étaient en effet bien mal situés pour participer au négoce maritime de Barcelone94. C’est pourquoi l’État mamelouk, principale puissance musulmane au sein du monde méditerranéen du XIVe siècle, représentait avant tout pour eux une terre d’émigration et non une destination commerciale95.
II. — Les origines géographiques
39Les contrats notariés ayant permis d’établir le tableau ci-dessous constituent bien entendu une source partielle qui laisse échapper de multiples investisseurs s’intéressant au trafic avec le Levant au départ de Barcelone. Néanmoins, le grand nombre d’agents du grand commerce qu’ils permettent d’identifier autorise tout de même à analyser les données recueillies sous forme de valeurs relatives, qui reflètent sans aucun doute une répartition significative des investissements. Les résultats ainsi obtenus confirment donc la part largement prépondérante des Barcelonais, tant en nombre d’individus qu’en capitaux. La capitale catalane, par sa spécialisation marchande, concentrait donc bien l’essentiel des activités de grand commerce pour l’ensemble de la Catalogne. Aucun autre port du Principat n’était en effet en mesure d’envoyer vers le Levant plusieurs navires par an, permettant ainsi à tout moment à l’un de ses habitants d’investir des capitaux dans ce négoce et de percevoir aussi régulièrement les bénéfices de ses placements.
40Cette situation de domination de Barcelone dans le grand commerce du Levant évoque inévitablement celle de Gênes dans le négoce avec la Romanie : à quelques unités près, les pourcentages de capitaux obtenus pour chacune des zones distinguées, réparties de façon concentrique autour de leur capitale portuaire, sont en effet identiques96. Un même modèle de répartition géographique des investissements et de forte concentration entre les mains des habitants du centre portuaire rapproche donc Barcelone de Gênes, pour leurs activités commerciales avec la Méditerranée orientale. La seule nuance qui puisse être observée entre les deux séries réside dans le fait que la part des moyens déployés par les Génois, surtout, mais aussi par les Ligures, dépasse légèrement celle des Barcelonais et des Catalans, laissant ainsi moins de place pour l’élément « étranger » dans l’expansion génoise vers la Romanie, que dans celle de Barcelone vers le sultanat mamelouk (2,3 % contre 5,6 %).
Tableau 85. — Origines géographiques des bailleurs et des capitaux investis dans le commerce de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie (1334 1430) [d’après les contrats notariés] (sommes en livres de Barcelone)
Origine | Nombre | % | Capitaux | % |
Barcelonais | 949 | 73,6 | 252.296,82 | 82,6 |
Reste de la Catalogne | 124 | 9,6 | 18.170,20 | 6,0 |
Reste de la couronne d’Aragon | 26 | 2,0 | 5.099,04 | 1,7 |
Provence et Languedoc | 5 | 0,4 | 10.403,98 | 3,4 |
Italie | 17 | 1,3 | 6.856,15 | 2,2 |
Indéterminés | 168 | 13,0 | 12.633,20 | 4,1 |
Total | 1.289 | 100 | 305.459,39 | 100 |
41D’autres différences révélatrices des modèles d’organisation commerciale et de domination des deux grands ports sur leur arrière-pays peuvent en outre être relevées si l’on étudie plus en détail les activités des bailleurs non barcelonais.
Les autres catalans
42Nos sources barcelonaises déforment sans doute cet échantillon, exagérant la part des marchands du grand port, mais les listes d’amendes absolutoires de l’Arxiu de la Corona d’Aragó ou du Vatican, qui ne privilégient pas la capitale catalane par rapport au reste du royaume, ne modifient pas sensiblement ce rapport très inégal, pas plus que la documentation italienne, qui témoigne également de la nette prééminence de Barcelone au sein de l’ensemble catalan97. La comparaison avec la répartition des capitaux génois et ligures fait par ailleurs ressortir la faiblesse des investissements provenant de la côte catalane, par rapport à ceux de l’arrière-pays, dans le cadre des relations de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie. Le rapport entre les capitaux respectivement fournis par les habitants de ces deux zones reste légèrement défavorable aux premiers en dépit de la forte participation des Perpignanais et de l’engagement pourtant actif des patrons de navire de localités côtières dans le commerce vers la Méditerranée orientale (tableau 86, pp. 566-567, et carte 6, p. 568)98. En Ligurie, la proportion est inverse et nettement favorable aux ports des Riviere du Ponent et surtout du Levant.
43Cette comparaison trouve ainsi ses limites et montre qu’en fait la participation des Catalans au commerce de Barcelone avec le Levant répond à une logique différente. Les données recueillies mettent en évidence une nette hiérarchie entre les différentes localités citées. Les autres centres urbains — Perpignan surtout, mais aussi Gérone, Tortosa, Tàrrega, Lleida99 et, dans une moindre mesure, Tarragone — sont en effet bien mieux représentés que les modestes bourgades, même lorsqu’il s’agit de ports. Les fonctions marchandes de ces principales villes jouent donc un rôle plus déterminant que la vocation maritime des cités côtières dans le négoce au long cours vers le Levant. Le constat est plus nuancé quant aux centres drapiers ; certains, comme Berga, apportent des capitaux non négligeables à ce trafic, tandis que d’autres, plus nombreux, tels Puigcerdà, Villefranche de Confient ou Ax-les-Thermes, y participent très peu, voire pas du tout, bien que leur production soit fréquemment exportée vers l’Égypte et la Syrie au départ de Barcelone. Les Perpignanais ont ici sans doute joué un rôle décisif d’intermédiaires entre la production de ces centres textiles pyrénéens proches de la capitale roussillonnaise et sa commercialisation vers le Levant au départ de Barcelone. Enfin, la carte 7 (p. 569), qui fait apparaître les origines des contractants participant au commerce avec le Sultanat, met aussi en valeur les petites villes de l’arrière-pays barcelonais, bien reliées à la capitale catalane par les vallées du Llobregat et du Cardener ; les cités de Solsona, Cardona et Berga totalisent en effet dix-sept bailleurs, contribuant de manière significative — avec plus de 1.500 livres — aux investissements dans le trafic de la Cité Comtale avec le Levant.
Tableau 86. — Les autres bailleurs catalans engagés dans le commerce de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie (1334-1430)
Origines | Bailleurs | Preneurs | Total | |
Nombre | Capitaux | Nombre | Nombre | |
Côtes | ||||
Blancs | 1 | 172,07 | 1 | |
Castelló d’Empúries | 1 | 50,00 | 1 | |
Collioure | 1 | 36,00 | 1 | |
Palamós | 1 | 18,00 | 1 | |
Perpignan | 49 | 8.538,13 | 18 | 67 |
Reus | l | 1 | ||
Sant Feliu de Guíxols | 3 | 3 | ||
Sitges | l | 1 | ||
Tarragone | 3 | 83,70 | 3 | 6 |
Tossa | 1 | 1 | ||
Intérieur | ||||
Balaguer | 1 | l | ||
Banyoles | 2 | 135,00 | 1 | 3 |
Berga | 7 | 446,37 | 7 | |
Besalú | 1 | 4,30 | l | |
Caldes de Montbui | l | 543,12 | 1 | 2 |
Camp de Tarragone | 1 | 1 | ||
Cardona | 4 | 269,33 | 1 | 5 |
Céret | 1 | 146,70 | 1 | |
Cervera | 3 | 182,00 | 3 | |
Gérone | 13 | 1.143,84 | 4 | 17 |
Lleida | 2 | 951,73 | 2 | |
Manresa | 2 | 312,51 | 2 | |
Montmaneu | 1 | 10,50 | 1 | |
Montblanc | 2 | 2 | ||
Puigcerdà | 1 | 214,00 | 1 | |
Ripoll | 2 | 168,80 | 2 | |
Sabadell | 1 | 56,10 | 3 | 4 |
Sant Cugat del Vallès | 1 | 25,00 | 1 | |
La Selva del Camp | 1 | 111,56 | 1 | |
Solsona | 6 | 834,76 | 1 | 7 |
Sant Llorenç de Morunys | 1 | 38,07 | 1 | |
Tàrrega | 1 | 1.441,77 | 1 | |
Tortosa | 10 | 1.994,55 | 1 | 11 |
Tremp | 2 | 260,70 | 1 | 3 |
Vic | 3 | 155,00 | 3 | |
Vilafranca del Penedès | 2 | 139,10 | 2 | 4 |
Villefranche de Conflent | 1 | 1 | ||
Bailleurs | Preneurs | Total | ||
Nombre | Capitaux | Nombre | Nombre | |
Total | 124 | 18.170,20 | 47 | 171 |
44Parmi toutes les localités catalanes, seule Perpignan se démarque nettement, puisque plusieurs dizaines de ses habitants prirent part au commerce avec la Méditerranée orientale à partir de Barcelone, totalisant ainsi près de la moitié des capitaux recueillis pour l’ensemble des bailleurs catalans (Barcelonais exclus). Pourtant, d’autres auteurs avaient déjà mis en évidence un trafic direct de Perpignan et Collioure avec l’Égypte et la Syrie, qui toutefois restait loin derrière celui de Barcelone100. On notera qu’en dépit de ces relations directes, certains marchands de Perpignan préférèrent donc passer par les services de la navigation barcelonaise, ce qui souligne encore davantage les capacités d’attraction commerciale de la Cité Comtale.
45Bien qu’aucun Perpignanais n’apparaisse parmi les listes Alexandrini compilées par J. Trenchs Odena pour la première moitié du XIVe siècle, ceux-ci semblent pourtant avoir constamment participé au commerce de Barcelone avec le Levant, à partir des années 1330. Entre 1336 et 1344, il n’est en effet pas rare de découvrir que l’un ou l’autre d’entre eux fut absous à la suite de ses collègues barcelonais, au retour de différents voyages vers les « partes prohibides » de Méditerranée orientale. Puis, au cours des années 1350, quelques-uns prirent part au nolis d’au moins deux navires de Barcelone appareillant pour Chypre101. Leurs traces se perdent certes après cette date, pendant une vingtaine d’années, soit au cours de la crise que subit le commerce du Levant pendant le troisième quart du XIVe siècle, mais ils reparaissent en octobre 1376 parmi les bailleurs de la nef commandée par Pere Blan — lui-même Perpignanais — à destination de Rhodes, Chypre et Beyrouth102. Ils animent ensuite régulièrement le trafic de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie au moins jusqu’en 1430, comme en témoignent plus d’une cinquantaine d’autres contrats échelonnés entre 1389 et 1416 et aussi les registres du dret de les drassanes entre 1417 et 1430103. Pourtant, entre 1387 et 1410, plus d’une vingtaine de navires quittèrent Collioure pour se rendre directement à Beyrouth et Alexandrie104. Cette même période marque donc également l’apogée du commerce de Perpignan avec l’Égypte et la Syrie ; mais le départ apparemment régulier de plus d’un bâtiment par an depuis Collioure vers ces pays n’a manifestement pas suffit à contenir l’engouement des marchands roussillonnais, qui continuèrent donc constamment à faire appel aux navires barcelonais.
46Les sommes qu’ils donnent en commende à partir de Barcelone sont assez élevées, puisqu’elles atteignent en moyenne 152,5 livres par contrat, contre 127 pour l’ensemble des opérations notariées, quels que soient leurs bailleurs. Le Perpignanais Guillem Camprodon confie en effet parfois d’impressionnantes quantités de marchandises, telles ces 200 jarres d’huile qu’accompagnent 94 canters de miel de Banyuls et 60 draps de Villefranche de Confient, pour une valeur totale de 1.116 livres de Barcelone, le 13 août 1409, ou ces 1.803 canters de miel valant 949 livres, avec trois sacs de noisettes et sept draps de laine, remis le 7 juillet 1413105. Plus originale, enfin, cette commende confiée par une association de huit artisans du textile perpignanais, investie dans 69 draps de laine, 17 livres de corail taillé en boutons ou en branches polies et 14 coffes d’antimoine, pour une valeur totale de 676 livres, 8 sous et 11 deniers, témoigne également des capacités des Perpignanais à s’associer pour rassembler des capitaux106. Tout au long de la période considérée, ceux-ci ont donc apporté une contribution régulière et importante au trafic de Barcelone avec les territoires du sultan mamelouk.
47Quant aux autres marchands catalans relevés, leur échantillon est trop maigre pour autoriser le même type d’analyse détaillée par localité. La faiblesse de leurs effectifs et des capitaux qu’ils investirent prouve manifestement que leurs activités ne furent pas aussi déterminantes que celles des Perpignanais pour les relations commerciales de Barcelone avec le Levant.
Les autres marchands de la couronne d’Aragon
48Les effectifs des autres représentants de la couronne d’Aragon mettent également en valeur de grands centres urbains : on y dénombre en effet six habitants de Saragosse, mais également dix-huit autres bailleurs qui se répartissent équitablement entre Majorque et Valence. Leur nombre total et leurs investissements restent toutefois assez limités. Deux raisons différentes expliquent ces modestes résultats : d’une part, la participation effectivement très limitée de leurs habitants au commerce du Levant, dans le cas des Saragossans qui n’ont à l’évidence pas pour vocation de participer activement au négoce méditerranéen au long cours ; et, d’autre part, la déformation due à l’exploitation de sources barcelonaises. Car il est bien évident que Majorque, première escale sur la route qui depuis Barcelone menait les navires jusqu’en Méditerranée orientale, a constitué une base autonome d’opérations commerciales pour le Levant, même si son trafic était surtout centré sur le Maghreb, comme M. D. López Pérez l’a bien montré107. De fait, les amendes absolutoires qui étaient versées par tous les sujets du roi d’Aragon, quel que fût leur port de départ, mettent davantage en valeur la participation des Majorquins au commerce du Levant. Pour la seule période comprise entre 1330 et 1350 — rappelons que ces sanctions sont remplacées par les licences de navigation et de commerce à partir de 1344 — plus de onze d’entre eux ont pu être répertoriés, principalement à partir des archives du Vatican108 — mais ne sont pas comptabilisés dans le tableau 85 (voir p. 564), puisque leur port de départ n’est pas indiqué. Les Majorquins jouaient donc assurément dans ce trafic un rôle actif, qu’il ne nous est malheureusement pas possible d’évaluer à partir des sources étudiées. En définitive, cette participation s’inscrit davantage dans une problématique de relations directes entre les îles Baléares et le Levant109, qui nous fait perdre de vue notre centre d’observation barcelonais.
49Les résultats obtenus par les Valenciens sont un peu plus significatifs, puisque les onze commendes recueillies, confiées par eux entre 1388 et 1414, atteignent tout de même 3.500 livres de Barcelone, soit une moyenne de près de 320 livres par contrat110. Mais gageons que ces données ne reflètent elles aussi qu’un aspect très partiel de leurs activités commerciales vers le Levant. Peut-être cette participation au trafic de la Cité Comtale incita-t-elle les Valenciens à se lancer eux aussi depuis leur propre port dans le négoce avec l’Égypte et la Syrie, comme le montrent quelques documents de chancellerie, tous postérieurs au début du XVe siècle, ainsi que les travaux de J. Guiral, reposant sur des témoignages encore plus tardifs111.
Provençaux et languedociens
50Les marchands du Midi sont très peu nombreux, d’après les sources barcelonaises, à participer, via la capitale catalane, au commerce du Levant112. Les activités éparses de ces négociants ne mériteraient sans doute pas de développement particulier si l’on ne comptait parmi eux l’un des plus importants hommes d’affaires marseillais de la fin du XIVe siècle, Estève Symondel, ainsi qu’un marchand d’origine italienne mais citoyen d’Avignon et lié au milieu pontifical, Giacomino Calvi. Nous avons en fait déjà rencontré ces deux personnages lors de l’étude du commerce du corail, qui révélait que tous deux, et particulièrement Estève Symondel, avaient investi à Barcelone de très importantes sommes d’argent — la plus grosse commende relevée, d’un montant de 6.300 livres — dans l’exportation de cet article vers l’Orient mamelouk.
51Il n’y a pas lieu de revenir en détail sur ces activités, mais il n’est pas inutile d’ajouter que Giacomino Calvi s’est aussi intéressé au commerce d’une autre marchandise de prix au départ de Barcelone, le safran, et qu’entre 1393 et 1398 les deux hommes ont encore confié plusieurs commendes investies en change monétaire113. Nous saisissons donc ainsi les activités d’opulents hommes d’affaires alternant opérations financières et trafic de marchandises coûteuses tout en restant à l’affût des bonnes affaires à saisir dans les grandes places du négoce méditerranéen.
52En outre nous avons déduit, lors de l’étude des exportations de corail, que l’organisation de convois de galées armées vers le Levant entre 1395 et 1397 avait sans doute déterminé ces deux hommes d’affaires à participer au trafic de Barcelone. Cependant, des liens particuliers les avaient sans doute également amenés à s’intéresser de près à ces échanges quelque peu avant ces dates. Giacomino Calvi était en effet le frère de Guiran Calvi, principal propriétaire d’un navire et « marchand italien d’Avignon et de Chypre, dont le nom revient souvent dans les contrats intéressant le trafic » avec le Levant au départ de Marseille au cours des années 1380 et 1390114. Or l’élection en 1394 de l’Aragonais Pero de Luna au pontificat, sous le nom de Benoît XIII, avait sans aucun doute facilité les liens d’affaires entre Avignon et Barcelone à partir de cette date — comme l’atteste d’ailleurs l’important nombre de licences de commerce avec le Sultanat délivrées sous ce pontificat115. Ajoutons enfin que les marchands italiens d’Avignon étaient également connus pour avoir financé l’armement des nefs marseillaises à la fin du XIVe siècle116. Des connections multiples et déterminantes expliquent donc la participation de ces hommes d’affaires de stature « internationale » au trafic de Barcelone avec le Levant.
Les italiens
53Enfin, dix-sept marchands italiens complètent cette liste composite de bailleurs de fonds du commerce de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie. Quelques rares Génois et surtout des Florentins, solidement installés à Barcelone117, confient en effet une douzaine de commendes entre 1400 et 1406, au moment de l’apogée des relations commerciales avec ces contrées. Cinq d’entre elles, dont l’une d’un montant de près de 1.125 livres, ont déjà été détaillées par M. T. Ferrer i Mallol, dans son étude consacrée à l’homme d’affaires florentin Filippozzo Soldani, bailleur de ces contrats118. D’autres représentants de grandes compagnies toscanes, telles celles de Francesco di Marco Datini ou de Francesco Manelli, participent également à ces activités119. Leur rôle reste toutefois limité, en dépit du fait que la succursale barcelonaise de la compagnie Datini entretint un facteur à Alexandrie au moins en 1409 et 1410120 ; mais peut-être faut-il au contraire y voir une raison justifiant le faible nombre de documents notariés : du fait de la présence de ces représentants à Barcelone et à Alexandrie, cette société n’avait vraisemblablement pas besoin de faire appel à un notaire pour consigner par écrit ses opérations d’import-export entre ces deux cités marchandes. Toujours est-il que le montant de la seule commende retrouvée, fournie par le représentant de cette société à Barcelone, n’est que de 55 livres, somme dérisoire au regard de la puissance financière de cet établissement. On notera en outre que toutes ces opérations sont remises aux mêmes marchands itinérants en 1406121, autre indice d’activités réduites dans ce domaine, du moins d’après la documentation notariée.
54En fait, la véritable spécialité des Italiens, et des Florentins en particulier, réside dans les assurances, comme nous avons déjà pu le constater lors de l’étude de ce type de contrat L’une des toutes premières rencontrées à destination du Levant est précisément contractée par Filippozzo Soldani, auprès de ses compatriotes Simone d’Andrea, représentant de la compagnie Datini, et Andrea de’ Pazzi, pour garantir le transport de 98 draps de Perpignan sur le trajet Collioure-Beyrouth, le 10 septembre 1399122. Une trentaine d’années plus tard, au moment où cette pratique s’est généralisée, le minutier spécialisé du notaire Bartomeu Masons major (1428-1429) permet d’identifier six autres assureurs italiens s’intéressant de près aux transports vers le Levant. Nous avions déjà pu détailler les activités du plus puissant d’entre eux, le Florentin Francesco Tosinghi ; mais à ses côtés interviennent également, et souvent en association avec lui, ses compatriotes Leonardo Frescobaldi, Fantino de’ Medici, Giovanni Ventura et son associé Galvano de’ Salviati, ainsi que le Génois Raffaele Arpa, qui comptent effectivement parmi les principaux assureurs étrangers à Barcelone à la fin des années 1420123. Au total, d’après les contrats instrumentés par le seul notaire Bartomeu Masons, ces six hommes d’affaires italiens s’engagent à rembourser au moins 3.710 livres — dont Francesco Tosinghi fournirait près de la moitié — sur des opérations commerciales destinées à Rhodes et Alexandrie en 1428 et 1429. Mais bien entendu, le trafic de Barcelone avec le Levant ne constituait pour eux qu’un centre d’intérêt parmi de nombreux autres, ce qui en dit long sur la puissance financière des compagnies qu’ils représentaient dans la Cité Comtale.
Conclusion
55L’étude des origines géographiques des bailleurs de fonds souligne le rayonnement commercial de Barcelone à travers la Méditerranée124. À partir de la fin du XIVe siècle, la capitale catalane a donc attiré par ses relations marchandes soutenues avec le Levant des hommes d’affaires provenant des principales places de négoce voisines : de Majorque, de Valence et de Perpignan dans la couronne d’Aragon, mais aussi de Marseille et d’Avignon et même de Gênes et de Florence. Et si les commerçants étrangers à la Cité Comtale étaient certes peu nombreux à participer à ce trafic en dehors des Perpignanais, ils n’en étaient pas moins issus pour la plupart des rangs de l’élite marchande, comme l’atteste l’ampleur de leurs investissements, animant ainsi des réseaux d’affaires de dimension internationale. Dans ces relations marchandes, Barcelone constituait donc bien un nœud d’échanges de première importance, comme Gênes et Venise, en grande partie grâce à l’axe commercial du Levant.
56Toutefois, la nette spécialisation des hommes d’affaires italiens dans le domaine des assurances confirme que leur présence à Barcelone était bien liée à une activité indispensable au grand commerce, mais que leurs collègues barcelonais ne dominaient pas encore complètement avant la fin années 1420125. C’est sans doute là l’une des raisons tout à fait révélatrices expliquant l’importance de la part des « étrangers » dans le commerce de Barcelone avec le Levant, par rapport à celle qu’ils occupaient dans l’expansion de Gênes vers la Romanie.
Notes de bas de page
1 Voir supra, p. 285.
2 F. Plazolles-Guillen, « Les courtiers de commerce à Barcelone au XVe siècle », pp. 129-130 : « De l’oreille comme métaphore du secret :[...] il semble établi qu’il s’agit bien de courtiers d’oreille dont l’instrument de travail est cet organe. »
3 Voir tableau 72, p. 497.
4 AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), ffos 2v°4 et 69r°1. Commerce avec le Maghreb : voir M. D. López Pérez, La Corona de Aragón y el Magreb en el siglo XIV, p. 175, n. 13 (1414) et p. 416, n. 17. Une autre commende confiée par Bernat Fabre est également expédiée vers la France en 1414, mais on notera qu’elle est investie en borax, marchandise sans doute acquise sur les marchés du Levant au cours d’une précédente opération ; voir J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc. 192.
5 Un échantillon de ces contrats a été publié par J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc. 182, 187-190 et 195.
6 La moyenne des commendes qu’il confie est de 52,2 livres entre 1399 et 1407, puis de 98,9 livres entre 1408 et 1416. Le nombre des contrats auxquels participa Bernat Fabre va également en augmentant : une quinzaine ont pu être recueillis au cours de la première période (1399-1407) contre 27 au cours de la seconde, alors que le nombre total des commendes pour le Sultanat diminuait sensiblement au même moment.
7 F. Plazolles-Guillen, « Les courtiers de commerce à Barcelone au XVe siècle », pp. 129-133 ; Bernat Fabre est d’ailleurs recensé dans le tableau des courtiers convers compilé par le même auteur (voir le tableau II, p. 153). Sur le rôle des courtiers juifs au cours de la seconde moitié du XIVe siècle, voir A. Rich i Abad, La comunitat jueva de Barcelona entre 1348 i 1391, pp. 195-197.
8 AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio (août 1407 - novembre 1417), ffos 35v°4, 37v3 et 51r°1 ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Tercium manuale comandarum (avril 1406 - janvier 1414), ffos 82v°1, 93r°1, 94r°2, 98r°, etc. On peut évidemment douter qu’il s’agisse bien du même personnage, d’autant plus que l’orthographe de son patronyme varie (Fabre ou Fabra) et qu’il est même parfois encore qualifié de courtier après 1411 (J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc 190) ; mais la constance de ses nombreux investissements dans le commerce du Levant indique à elle seule que le boutiquier et le courtier ne font qu’un.
9 AHPB, Antoni Brocard, Manuale comune quartum decimum (avril-novembre 1418), f°12r°-v° : contrat d’apprentissage d’un esclave musulman appartenant à Bernat Fabre auprès du corailleur barcelonais Maries Ballester ; les deux premières années, l’esclave devra apprendre à « foradar e taylar coral » (percer et tailler le corail, soit apprendre à faire des grains de chapelets, forme sous laquelle cette matière précieuse coûtait le plus cher), tandis que Bernat Fabre déclare que la troisième année d’apprentissage devra être consacrée « ad plenum dictum meum officium » (24 mai 1418). Trois mois plus tard, Bernat Fabre donne une procuration pour exiger le paiement d’une dette contractée lors d’un achat d’épices dans sa boutique pour un prix total de 135 livres 5 sous et 3 deniers (AHPB, Antoni Brocard, Manuale comune quartum decimum [avril-novembre 1418], f° 64v° [22 août 1418]).
10 Il est certes parfois qualifié de marchand ; mais cette fonction paraît lui être attribuée accidentellement, puisqu’elle est exceptionnelle dans une série de contrats assez nombreux.
11 On ne peut évidemment s’appuyer sur ce cas isolé pour mettre en avant la participation de plus en plus active des « artisans et des boutiquiers » parmi les bailleurs de fonds dans le commerce, comme le font J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, p. 83.
12 Voir tableau 71, p. 497.
13 Voir tableau 75 (p. 501) et surtout 79 (p. 503).
14 AHPB Jaume Ferrer, Liber (mars-mai 1349), f° 101r° (150 livres) ; AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), f° 112v° (60 livres) ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), ffos 29v°1 (50 livres), 80v°3 (150 livres) et 98v°5 (300 livres) ; AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes (mai 1394 - janvier 1404), f° 17v°1 (260 livres) ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), f° 46r°3 (800 livres), etc.
15 AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), ffos 137r°1, 138v° et 185r°2 (Pere Brunet, honrat) ; AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes (mai 1394 - janvier 1404), f° 17v°1 (Francesc et Manuel de Gualbes, honrats). Pere de Puig Vert, participation au commerce du Levant : voir AHPB, Jaume Ballester, Manual de comandes (septembre 1363 - juillet 1385), f° 34v°3 ; membre du Consell de Cent : voir AHCB, Fons Municipal, Llibre del Conseil, vol. XXI, f° 3v° (1360), vol. XXIII, f° 3r° (1366) et f° 51v° (1367). Guillem Colom, participation au commerce du Levant : voir AHPB, Jaume Ballester, Manual de comandes (septembre 1363 - juillet 1385), ffos 77v°4 et 78r°2 ; et AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), f° 62r°2 ; membre du Consell de Cent : voir AHCB, Fons Municipal, Llibre del Consell, vol. XXV, f° 12r° (1390), vol .XXVII, f° 57v° (1396) et vol. XXVIII, f° 97r° (1407).
16 Joan Ses Avasses major, banquier (AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], f° 189r°, et A. García i Sanz et M.T. Ferrer i Mallol, Assegurances i canvis marítims medievals a Barcelona, t. II, doc. iii). Joan Ses Avasses menor, banquier (AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum [décembre 1397 - août 1403], ffos 80v°3 et 98v°5). Guillem Colom, banquier : voir la note précédente ; marchand (AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum [déc. 1397 - août 1403], f° 85r°2, et AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio [août 1407 - novembre 1417], ffos 10r°2 et 63r°3). Llorenç Luques, banquier (AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum [oct. 1404 - août 1410], f° 25r°2) ; marchand (AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum [octobre 1404 - août 1410], ffos 4r°1, 4r°3 et 61v°1). Manuel et Francesc de Gualbes, banquiers : voir la note précédente ; marchands : voir infra le développement à leur sujet pp. 542-549.
17 Sur les activités bancaires privées à Barcelone, voir A. P. Usher, The Early History of Deposit Banking in Mediterranean Europe, pp. 237-268 ; et M. Riu i Riu, « La banca i la societat a la Corona d’Aragó, a finals de l’Edat Mitjana i començaments de la Moderna », pp. 198-212.
18 R. Conde i Delgado de Molina, « Las actividades y operaciones de la banca barcelonesa trecentista de Pere Descaus y Andreu d’Olivella », pp. 161-163. Pour les licences, voir le développement consacré à ces documents et le commentaire relatif aux autorisations pontificales possédées par la banque Descaus et d’Olivella, voir supra p. 35(n.39). Les contrats notariés ne permettent également de saisir que deux commendes pour Chypre et Beyrouth, fournies par le banquier Francesc Castelló au cours du mois de mai 1349 (AHPB, Jaume Ferrer, Liber [mars-mai 1349], f° 101r°), celui-là même qui devait périr décapité pour cause de faillite en novembre 1360 ; voir M. Riu i Riu, « La banca i la societat a la Corona d’Aragó, a finals de l’Edat Mitjana i començaments de la Moderna », p. 207.
19 R. Conde i Delgado de Molina, « Las actividades y operaciones de la banca barcelonesa trecentista de Pere Descaus y Andreu d’Olivella », p. 116.
20 Ibid., pp. 118-161.
21 Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. II, p. 683. Les mêmes raisons expliquent certainement l’absence de participation de la Taula de Canvi de Barcelone — créée en 1401 — au commerce du Levant. Sur cette institution, voir A. P. Usher, The Early History of Deposit Banking in Mediterranean Europe, pp. 269-300 ; et M. Riu i Riu, « La banca i la societat a la Corona d’Aragó, a finals de l’Edat Mitjana i començaments de la Moderna », pp. 212-218.
22 Outre les éléments relatifs à cette famille de banquiers fournis par A. P. Usher, The Early History of Deposit Banking in Mediterranean Europe, pp. 304-306, et M. Riu i Riu, « La banca i la societat a la Corona d’Aragó, a finals de l’Edat Mitjana i començaments de la Moderna », pp. 207-210, un mémoire inédit de llicenciatura de María Teresa García Panadés, Una familia de ciudadanos honrados de Barcelona : los Gualbes, soutenu en 1977 à Barcelone, a été consacré à ce vaste clan (les numéros attribués par M. T. García Panadés pour distinguer les différents membres du clan, qui portaient souvent les mêmes prénoms, seront réutilisés ici afin d’identifier clairement ceux qui participaient au commerce du Levant). Deux articles complètent enfin cette étude : M. T. García Panadés, « Los bienes de Ferrer de Gualbes, ciudadano de Barcelona » ; et E. Serra i Puig, « Els Gualbes ciutadans de Barcelona ».
23 Le 9 octobre 1373, Bernat de Gualbes, qualifié de marchand, s’engageait à fournir au roi une somme de 2.000 florins (soit 1.100 livres) destinée à payer les frais de l’ambassade que Francesc Sa Closa allait conduire auprès du Sultan pour solliciter une nouvelle fois les reliques de sainte Barbe. Il devait être remboursé, soit directement par le roi si celui-ci obtenait le corps de la martyre, soit grâce aux présents que te Sultan lui enverrait, soit encore sur la somme que Pere de Margens devait au roi pour avoir obtenu une licence de navigation vers l’Égypte ou la Syrie, au cas où le Sultan n’enverrait ni les reliques de la sainte ni aucun présent ; voir A. López de Meneses, « Pedro el Ceremonioso y las reliquias de santa Barbara », doc. xxvi.
24 Voir p. 543 l’arbre généalogique de la famille de Gualbes.
25 AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes (mai 1394 - janvier 1404), f° 17v°1 ; et AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), f° 55v°1. La seconde commende, d’un montant de 800 livres investies dans un comú de marchandises non précisées, avait en fait été confiée une première fois au début de l’année 1403 (ibid., f° 46r°3), mais ce contrat ne fut pas cassé, à la différence du second qui, à quelques détails près, est identique (l’accommenditaire est dans les deux cas un Florentin de la famille des Manelli).
26 Au total, Francesc (no 86) confie 400 livres supplémentaires entre 1394 et 1403, investies dans des comuns de marchandises non précisées, tandis que Manuel (no 94) remet, entre 1397 et 1404, 2.012 livres et 10 deniers, somme investie en draps de laine, raisins secs, corail et changes, ainsi que dans des comuns de biens non précisés ; voir AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes (mai 1394 - janvier 1404), ffos 2v°2 et 43r°1 ; AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), f° 185r° ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), ffos 94r°3, 132v°, 163r°, 170r° ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), ffos 16r°4, 18r°3, 21r°3, 21v°2.
27 AHPB, Bernat Nadal, Llibre de testaments (1393-1410), ffos 79v°-80r°.
28 AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), f° 160v° (commende d’un peu plus de 420 livres, confiée te 10 septembre 1404). Règlement de la commende : voir AHPB, Bernat Nadal, Quintus liber apocarum diversarum [manumissoriarum] (1407-1417), ffos 181r°-185v° (6 mai 1410) ; Francesc et Manuel y sont qualifiés d’« autrefois changeurs ».
29 Ferrer (no 49 ?) : trois commendes pour l’Égypte ou la Syrie pour un total près de 690 livres encre 1394 et 1404 (en incluant celle confiée à Antoni Des Puig en 1404) ; voir AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes (mai 1394 - janvier 1404), f° 3r°2 ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (déc. 1397 - août 1403), ffos 160v° et 16yr°. — Lluís, honrat (no 57) : commende de 100 livres (en plus de celle confiée à Antoni Des Puig en 1404) ; voir AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), f° 62r°4. — Bernat, major, marchand (no 13 ou 76) : change maritime de 185 livres pour Alexandrie en 1374 ; voir ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, Parchemins, carpeta 13, no 614. — Bernat, fils de Francesc, honrat (no 154) : cinq commendes pour uu total de près de 878 livres entre 1394 et 1409.
30 AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio (août 1407 - novembre 1417), f° 42v°2 (1411), f° 52r° (1409), f° 62v°2 (1414) et f° 67v°2 (1416). Commendes confiées avant 1406, voir AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes (mai 1394 - janvier 1404), f° 5r°2 (1394), ffos 17r°2 et 17v° (1401) ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), f° 167r° (change de 4.492 dirhams et 3 carats de Damas, soit environ 170 livres, intégré dans une commende d’une valeur totale de 218 livres et 13 sous ; 1404), f° 170r° (1404).
31 Parmi les contrats conservés, 29 sont investis en marchandises pour une somme totale de 6.764 livrés, entre 1394 et 1416, contre 9 investis en change pour un montant total de 1.034 livres seulement. La moyenne des sommes confiées est donc également supérieure dans le cas des exportations de biens par rapport aux changes : 233 contre 115 livres, soit un rapport du simple au double.
32 Il n’est guère envisageable d’énumérer l’ensemble des investissements des membres de la famille Gualbes dans le commerce du Levant, tant les contrats qu’ils ont conclus sont nombreux. Il s’agit sans aucun doute du clan familial le plus actif dans ce domaine sur toute la période considérée. Dès les années 1334-1342, les deux frères drapiers Jaume (no 17) et Pere (no 14) de Gualbes avaient en effet déjà investi 500 livres en draps de Châlons, destinés à Chypre et Alexandrie, en association avec la compagnie de Pere de Mitjavila (J. M. Madurell i Marimon, « Contabilidad de una compañía mercantil trecentista barcelonesa », ffos 152r° et 155r°). Si le rôle de la famille s’estompe ensuite au cours de la crise que subit le commerce avec le Levant pendant les années 1350-1370, il s’affirme de nouveau avec vigueur après 1370 (voir dans la note suivante les activités de Pere | no 35 ou 53] et de Miquel [no 70]) et se poursuit, avec certes quelques irrégularités, au moins jusqu’en 1428 (pour se limiter aux bornes chronologiques de notre étude), comme le montrent les nombreuses assurances qu’ils contractent pour des chargements de marchandises à destination de Rhodes et de Constantinople au cours de cette année ; voir AHPB, Bartomeu Masons, major, Manual d’assegurances (juillet 1428 - décembre 1429), ffos 17r°-18r°, 22v°, 24r°2, 25r°-v° et 26v°2 ; sur l’importance de l’activité des Gualbes dans le commerce oriental au cours de ces ultimes années, voir également M. Del Treppo, Assecurazioni, 70, pp. 52-53. Pendant toute cette période (1370-1430), leurs investissements furent parfois considérables, comme en témoigne la commende de 1.500 livres confiée par l’honrat Joan (no 28) de Gualbes le 12 mai 1394 ; voir AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes (mai 1394 - janvier 404), f° 5r°2.
33 Pere (ADB, Registrum Communium, 36, ffos 86-88 [1373], et AHPB, Jaume Ballester, Manual de comandes [septembre 1363 - juillet 1385], ffos 75v°3, 76r°2 [1379]) ; Miquel (ADB, Registrum Communium, 40, ffos 111r°-112r° [1379] ; 42, f° 14r°-v° [1383] ; 43, f° 94r°-v° [1389] et f° 179r°-v° [1390], et AHPB, Jaume Ballester, Manual de comandes [septembre 1363-juillet 1385], ffos 31r° et 34r°2 [1388 et 1389]) ; Bernat (ADB, Registrum Communium, 49, ffos 73v°-74r° et f° 74r°-v° [1402] ; AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum [octobre 1404 - août 1410], f° 25r°2 [1406], et AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes [septembre 1402 - avril 1406], f° 97r°2 [1406]) ; ce dernier contrat est également confié à Baltasar de Gualbes ; sur Bartomeu, voir la note suivante.
34 Le 15 février 1405, Bernat de Gualbes confie près de 569 livres à Bartomeu de Gualbes, investies dans un comú de marchandises non précisées à destination d’Alexandrie ; voir AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), f° 76v°3. Comme pour les Casasaja, il existe en fait peu d’exemples de ce type associant différents membres des Gualbes entre eux, les uns dans les fonctions de bailleurs, les autres àdans celles de preneurs de fonds d’une même commende, sans doute en raison du climat de confiance qui devait présider à ce type d’accord et qui ne nécessitait donc certainement pas de le faire consigner par un notaire. En revanche, lorsque des tractations commerciales associent certains membres du clan Gualbes à des banquiers issus d’autres familles, les contrats notariés sont effectivement un peu plus nombreux ; voir A. García i Sanz et M. T. Ferrer i Mallol, Assegurances i canvis marítims medievals a Barcelona, t. II, doc. iii (change maritime de 3410 dirhams de Damas — soit environ 130 livres — confié parle banquier Joan Ses Avasses et son associé Pere Serra à Miquel [no 70] de Gualbes) ; voir également AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 25r°2 (commende donnée par le banquier Llorenç Luques, à Bernat [no 154] de Gualbes).
35 Dans deux changes et un prêt maritimes contractés par le patron de navire Miquel (no 70) de Gualbes afin de préparer son embarcation à un voyage pour Beyrouth, Bernat (no 154) de Gualbes, scribe du navire, se porte garant des accords conclus en engageant les sommes qui lui seront remises à titre de nolis (ainsi que le navire et ses agrès, dans le prêt), tandis que le dernier change devra être remis à Beyrouth à Manuel (no 157 ?) de Gualbes (A. García i Sanz et M. T. Ferrer i Mallol, Assegurances i canvis marítims medievals a Barcelona, t. II, doc. 111-113 [27-28 novembre 1399]).
36 Voir l’appendice I : Ferrer : patron de galée et commandant de la flottille de cinq galées partie en 1396 ; Miquel : patron de galée en 1395 puis d’une nef en 1399 et 1411 ; Manuel : patron de nef ou de barca en 1403 et 1404 ; Bernat : patron de nef en 1406 ; Bernat avait également rempli les fonctions de scribe du navire sur la nef commandée par Miquel de Gualbes en 1399 ; voir A. García i Sanz et M. T. Ferrer i Mallol, Assegurances i canvis marítims medievals a Barcelona, t. II, doc. 111-113. Sur les membres de la famille Gualbes qui furent patrons de navires, voir Cl, Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 265.
37 ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2910/1, f° 1r° ; ACA, Cancelleria Reial, reg. 2611, ffos 154v°-155v° et reg. 3129, ffos 8r°-9r°.
38 Voir supra le tableau des consuls (tableau 3, pp. 76-79). Un troisième membre de la famille, Bartomeu (no 152 ou 161), était bien le candidat du roi Alphonse V au même poste en 1432, mais compte tenu de la brouille survenue entre les autorités municipales et le monarque cette année-là, il ne put finalement exercer cette fonction, voir supra p. 84 ; et ACA, Cancelleria Reial, reg. 3225, f° 4r°.
39 M.T. García Panadés, Una familia de ciudadanos, p. 28 ; Galcerà (no 32) est élu en 1408, Benet (non identifié) en 1429 et Pere (n°53 ou 158) en 1430.
40 Voir Rúbriques de Bruniquer, vol. I, pp. 35-39 ; bien entendu, au cours de la même période, plusieurs membres des Gualbes figurent chaque année parmi les listes du Consell de Cent.
41 Ferrer (no 49) de Gualbes occupait les fonctions de bailli de Barcelone au moment des pogroms de 1391, et son fils Joan Nicolau (no 98) les exerça au début des années 1450, tandis que Bernat (no ?) fut Mestre Racional à partir de 1415 (C. Batlle i Gallart, La crisis social y económica de Barcelona a mediados del siglo XV, pp. 106 et 176). En outre, le même Bernat, l’un des compromissaris réunis à Casp en 1412 pour désigner le successeur du roi Martin, mort sans héritier, fut le seul Catalan à voter pour Ferdinand d’Antequera, le futur Ferdinand Ier, ce qui ne pouvait manquer de renforcer les liens entre cette famille et la nouvelle dynastie (M, T. García Panadés, « Los bienes de Ferrer de Gualbes, ciudadano de Barcelona », p. 153). Enfin, depuis Rhodes, Pere (no 153 ?) de Gualbes et Guillem de Cabanyelles faisaient appliquer l’interdiction de commercer avec le sultanat mamelouk, en raison des opérations de course contre l’Égypte directement encouragées par Alphonse V lui-même, au début de son règne (ACA, Cancelleria Reial, reg. 2740, ffos 95v°-96r° [4 mai 1419]).
42 Le rapprochement entre les fonctions de Lluís au sein de l’ordre des Hospitaliers et les affaires commerciales en Méditerranée orientale a déjà été établi par M. Del Treppo, « Assicurazioni e commercio internazionale a Barcellona », p. 52, n. 4. Ce personnage n’apparaît pas parmi les tableaux de M. T. García Panadés ; voir à son sujet P. Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, en particulier pp. 365-366.
43 Pour prolonger l’étude de cette ascension réussie au-delà du XVe siècle, voir E. Serra i Puig, « Els Gualbes ciutadans de Barcelona ».
44 Le clan semble en effet s’être scindé en deux au moment de la guerre civile des années 1462-1472 : le poids des citoyens honrats, qui le composaient et appartenaient à l’oligarchie au pouvoir, permet en effet de présenter les Gualbes comme l’une des familles les plus représentatives de la Biga (P. Vilar [dir.], Història de Catalunya, t. III, p. 274), mais de nombreux membres de la famille furent partisans de la Busca, favorable aux réformes (par exemple, Ferrer Nicolau, Jaume et Ponç) ; voir C. Batlle i Gallart, La crisis social y económica de Barcelona a mediados del siglo XV, t. II, p. 649.
45 Voir le tableau 71, p. 497.
46 Voir le tableau 79, p. 503. Le 16 juin 1397, le drapier Joan de Junyent investit un peu plus de 1.245 livres dans une commende à destination de Chypre et Beyrouth, qu’il confie à son fils Joan ainsi qu’à Berenguer Pomar ; tandis que le 8 octobre 1406, le drapier Ramon Sa Font donne une commende de plus de 502 livres, investies en 54 draps de laine de la terra et en vingt cannes de verví, pour la Sicile, Rhodes, Chypre et Beyrouth ; voir AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), f° 173r°1 ; et AHPB, Tomàs de Belimunt, Tercium manuale comandarum (avril 1406 - janvier 1414), f° 15v°1.
47 Voir tableau 79, p. 503.
48 Voir les inventaires de biens de pharmaciens barcelonais publiés : T. López Pizcueta, « Los bienes de un farmacéutico barcelonés del siglo XIV », pp. 26-46 (milieu du XIVe siècle) ; C. Batlle i Gallart, « Francesc Ferrer, apotecari de Barcelona vers 1400, i el seu obrador », pp.515-523 et 536 (vers 1400). Voir également les comptes du pharmacien Francesc Canes, transcrits dans C. Vela i Aulesa, L’obrador d’un apotecari medieval segons el llibre de comptes de Francesc Canes.
49 AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), f° 100v°2 ; pour tous ces produits, voir supra le chap. vii relatif aux importations. L’astorach calamita est une résine provenant d’un arbre oriental, utilisée en médecine et en parfumerie ; voir F. B. Pegolotti, La pratica della mercatura, p. 431 (storace calamita), et M. Gual Camarena, El primer manual hispánico de mercadería, p. 235 (estorachs). J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz ont également publié une commende très intéressante dans laquelle apparaît une longue liste d’épices : le pharmacien Joan de Masramon y demande de la scamonée (corrompue en « esca monera » dans le texte du contrat), de la rhubarbe, de la tutie canonada ou assafetida, de l’amomi (momia ?), du turbit canonat, des fruits de tamarindis, de la civette (siveta) et du musc ; à défaut de ces produits, l’accommenditaire devait rapporter du gingembre vert avec du jus de citron (J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc 198 [31 août 1415]). Pour la définition de ces denrées, voir supra le chap. vii, consacré aux importations ; et M. Gual Camarena, El primer manual hispánico de mercadería, p. 245 (mumia). 257 (siveta) et p. 258 (tamarindis).
50 Voir supra pp. 538-539.
51 Deux exemples seulement ont pu être relevés pour la dernière décennie du XIVe siècle : ceux d’Arnau Sant Just et de Pere Ferrer (AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes [mai 1394 - janvier 1404], f° 5v°1 [1394] ; et AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], f° 173v° [1397]). Deux autres boutiquiers confient ensemble une commende à destination de Rhodes et d’Alexandrie en 1430 : il s’agit de Pere Baldir et de Francesc Rajola (AHPB, Bernat Sans, Manual de comandes [août 1428 - octobre 1430], f° 24r°3) ; par ailleurs, Pere Baldir fit également assurer des marchandises pour les mêmes destinations en 1428 (AHCB, Fons Notarial, IX.12 Assegurances marítimes [8 avril 1428]).
52 Francesc Sa Grau : AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 68v°2 ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Tercium manuale comandarum (avril 1406 - janvier 1414), ffos 34r°1, 94v°2 ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Quartus liber manuale comendarum (janvier 1414 - janvier 1417), ffos 10r°2, 16v°2 ; AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio (août 1407 - novembre 1417), f° 9r°1 ; Bibl. de Catal., Junta de Comerç, reg. 199 V, no 12. — Arnau Sant Just : AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), f°76r°1 ; AHPB, Tomás de Bellmunt, Tercium manuale comandarum (avril 1406 - janvier 1414), f° 16v°2 ; AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), ffos 20v°3, 44r°4 ; AHPB, Arnau Lledó, Llibre de comandes (mai 1394 - janvier 1404), f° 5v°1 ; AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio (août 1407 - novembre 1417), ffos 14r°, 36r°2, 62v°1, 63v°1 ; Bibl. de Catal., Junta de Comerç, reg. 199 V, no 70.
53 Francesc Sa Grau, marchand : quatre commendes pour l’Égypte et la Syrie, échelonnées entre 1393 et 1405 (AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], ffos 12r°, 34r°, 87v°2 ; et AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes [septembre 1402 - avril 1406], f° 75r°2). Arnau Sant Just, marchand : sept commendes pour les mêmes destinations, comprises entre 1395 et 1404 (AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], ffos 87v°3, 87v°4, 89v°,188v° ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), ffos 58r°, 167r° ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes [septembre 1402 - avril 1406], f° 55r°3).
54 Voir les deux cas suivants : a) Bartomeu Reig, marchand : AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), f° 133r° ; AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 21r°2 ; AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio (août 1407 - novembre 1417), f° 41v°2 ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Quartus liber manuale comendarum (janvier 1414 - janvier 1417), f° 15v°2 ; boutiquier : AHPB, Tomàs de Bellmunt,Tercium manuale comandarum (avril 1406 - janvier 1414), f° 34v°1 ; b) Guillem Sagrera, marchand : AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), f° 173r° ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), f° 110v° ; AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 21r°3 ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), f°52r°4 ; boutiquier : AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 70v°2, et Bibl. de Catal.,Junta de Comerç, reg. 199 V, no 25. À cette liste de personnages devenant boutiquiers au début du XVe siècle, il faut bien sûr ajouter Bernat Fabre.
55 AHPB, Bernat Pi, Manual (janvier-juillet 1426), ffos 77r°-v°, 86r° ; et AHPB, Bernat Pi, Manual (juillet 1426 - mars 1427), f° 23r°-v°. Au sujet de Francesc Des Carner, accommenditaire habitué des voyages vers l’Orient méditerranéen, voir supra p. 530 n. 105.
56 Nous avions relevé lors de l’étude des commendes que les accommenditaires pouvaient eux-mêmes choisir les marchandises d’importation dans un quart des contrats environ. Dans le cas des contrats confiés par des boutiquiers, cette proportion n’est que de 10 %.
57 T. López Pizcueta, « Los bienes de un farmacéutico barcelonés del siglo XIV », p. 25 ; C. Vela i Aulesa, « Aportacions per a un cens dels especiers i candelera de Barcelona a la segona meitat del s. XIV », p. 24 ; et Id., L’obrador d’un apotecari medieval segons el llibre de comptes de Francesc Canes.
58 C’est indirectement ce que confirme Ramon Jordi González, « Boticarios y drogueros en Cataluña (siglos XIV-XV) », Cuadernos de Historia Económica de Cataluña, 14, 1976, pp. 141-167, montrant que les botiguers se sont progressivement spécialisés dans des fonctions d’apothicaires, à la différence des droguers.
59 Voir par exemple les cas du pelletier Francesc Codina (AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], f° 106v° ; et AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), ffos 17v°2 et 82v°1), et de l’argenter Francesc Costa (AHPB, Tomàs de Bellmunt, Tercium manuale comandarum [avril 1406 - janvier 1414], f° 34v°2 ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Quartus liber manuale comendarum [janvier 1414 - janvier 1417], f° 14v°2 ; AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio [août 1407 - novembre 1417], ffos 27r°1, 40v°1, 41v°2 et 41v°3).
60 Parmi les notaires, voir en particulier l’exemple d’Antoni Brocard (AHPB, Reniu, Manual [juin-décembre 1426], 10 juillet 1426 [deux contrats ; folios non numérotés] ; AHPB, Bernat Sans, Manual de comandes [août 1428 - octobre 1430], f° 15v°3). Voir également le cas de Joan Marot, licencié « ès lois » (AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], f° 144r° ; et AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum [déc. 1397 - août 1403], ffos 48r°2, 77r°1, 106v° et 170r°). Parmi les officiers royaux, Pere Marçal, de domo domini regis, et Gabriel Sa Pila, de officio magistri racionalis domini regis, tous deux officiers du roi Martin, confièrent chacun au moins une commende pour le Levant (AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio [août 1407 - novembre 1417], f° 24r°2 ; et AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum [déc. 1397 - août 1403], f° 43v°3).
61 Pere de Mataró, moine du monastère de Sant Pau del Camp de Barcelone, Francesc Pinosa et Berenguer Rosell, tous deux prêtres à Barcelone, ainsi que Berenguer Codo, majordomus prioris Montiserrati, confient chacun au moins une commende pour le Levant (voir respectivement AHPB, Francesc de Ladernosa, Quintum manuale [octobre 1358 - mars 1360], f° 4v° ; AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum [octobre 1404 - août 1410], ffos 38v°3, 68r°2 ; AHPB, Jaume Ballester, Manual de comandes [septembre 1363 - juillet 1385], ffos 2r°2 et 2r°3 ; et AHPB, Jaume Ferrer, Liber [mars-mai 1349], f° 92v°1), de même que Pere Febrer, Francesc de Perilionibus et Galcerà de Santa Pau, tous trois milites ; voir AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), f° 43r°3 ; et AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 22v°2.
62 Sur les activités des femmes dans la société barcelonaise à la fin du Moyen Âge, voir Teresa Maria Vinyoles i Vidal, Les barcelonines a les darreries de l’Edat Mitjana (1370-1410), Barcelone, Fundació Salvador Vives Casajuana, coll. « Publicacions de la Fundació Vives Casajuana » (42), 1976.
63 Voir le cas de Francesca, fille de feu Pere Ferrer, citoyen de Barcelone (AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], f° 83r°2).
64 J. Aurell i Cardona, Els mercaders catalans al quatre-cents, pp. 43 et 46. M. Balard, La Romanie génoise, t. II, p. 517, constate également que les femmes agissent surtout en tant que veuves ou au nom d’un mari absent de Gênes.
65 Voir le tableau 79, p. 503.
66 Margarida : AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), f° 21r°7 ; Eulalia : AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), f° 73r°1 ; Constança : AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), ffos 61v°4 et 173r° ; AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio (août 1407 - novembre 1417), ffos 10r°3 et 34r°2.
67 Voir supra p. 83 n. 157, p. 159 n. 73 et p. 380 n. 241.
68 Seule semble véritablement faire exception Elionor, veuve de Francesc de Casanova, marchand de Barcelone ; elle confie en effet pas moins de sept commendes pour l’Égypte et la Syrie entre 1394 et 1400, pour un total d’un peu plus de 1.000 livres ; voir AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), ffos 48r°1, 63v°1 (commende de 200 livres), 164r°, 187r° ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), ffos 29r°1, 87r°2 (commende de 460 livres) et 87r°3. Notons que la première d’entre elles, datée du 15 mai 1394 est encore instrumentée du vivant de son mari ; mais à peine un an plus tard, le 6 avril 1395, Elionor est déclarée veuve. Sa dernière commende, datée du 28 novembre 1400, est cassée par ses exécuteurs testamentaires le 19 mars 1403 ; Elionor avait rédigé son testament le 23 juin 1402 ; voir la cancellation de la dernière commende. Un dénommé Francesc de Casanova apparaît en effet comme bailleur, puis preneur de commendes à destination de Beyrouth en mai 1349 ; voir J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc. 101 [3] et 101 [4] ; il pourrait s’agir de son mari.
69 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », tableaux 1-4 et 6, pp. 274-279 ; Libros de tesorería de la Casa Real de Aragon, éd. E. González Hurtebise, t. II (non utilisé par J. Trenchs Odena), pp. 139, 143-144, et J. Régné, History of the Jews, nos 2840, 2878, 2975 et 2983.
70 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 290-313 (années 1317-1351).
71 ACA, Cancelleria Reial, reg. 864, f° 118r° (1338) ; reg. 865, f° 155v° (1338), f° 198r° (1339) ; reg. 871, f° 195r° (1341) ; reg. 873, ffos 149r°, 164v°, 220v°, 223v° et 224r° (1342) ; reg. 874, f° 32v° ; reg. 875, f°125r° (1343) ; reg. 876, ffos 137r° et 140r° (1344) ; (la mention du paiement de certaines de ces amendes au trésorier du roi a été publiée par F. Baer, Urkunden und Regesten. Aragonien und Navarra, doc. 212). Le total de ces quatorze amendes absolutoires atteint près de 650 livres.
72 Perfet Bonafos : amendes absolutoires payées en septembre 1338 en compagnie d’Abraham Issach Bonavia, puis en septembre 1342, avec Cresques Alfaquin et Bonet (?) Cahim, et, enfin, en juin 1344, en compagnie d’Astruch de Muntsó ; ACA, Cancelleria Reial, reg. 864, f° 118r° ; reg. 873, f° 223v° et reg. 876, f° 140r°. — Benvenist de la Cavalleria : voir ACA, Cancelleria Reial, reg. 871, f° 195r° (1341 ; avec Cresques Alfaquin et Vidal Muntsó) ; reg. 873, f° 224r° (1342 ; seul) ; (mention de certains de ces paiements dans F. Baer, Urkunden und Regesten. Aragonien und Navarra, doc. 212).
73 Dans un premier temps, le roi Pierre IV demanda de surseoir aux poursuites contre les juifs qui s’étaient livrés au commerce avec Alexandrie ; ACA, Cancelleria Reial, reg. 874, f° 118r° (7 mai 1343). Puis il accorda sa rémission à ceux qui avaient participé à cette activité trente ans auparavant ou davantage, c’est-à-dire avant 1315 ; ACA, Cancelleria Reial, reg. 877, ffos 63v° et 83v° (14 janvier et 28 février 1345).
74 J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc. 99 [9] et 99 [23] ; commendes de 47 et 112 livres. Abraham Issach Bonavia avait également payé deux amendes absolutoires au Trésor royal, en 1338 puis en 1344 (ACA, Cancelleria Reial, reg. 864, f° 118r° et reg. 876, f° 137r°).
75 M. Sáez Pomés a cependant relevé une licence royale de navigation accordée entre autres à deux marchands juifs de Barcelone en 1365 (M. Sáez Pomés, « Los aragoneses en la conquista saqueo de Alejandría por Pedro I de Chipre », p. 366, n. 9). Un juif confia également une modeste commende à destination d’Alexandrie en octobre 1360 (AHPB, P. Borrell, Manual [juillet 1359 - novembre 1360], f° 187v°).
76 AHPB, Gombau, Manual (1382-1384), ffos 10v°-11v° (coque de Jaume Carbó à destination de la Romanie, Chypre et Beyrouth) ; A. Rich i Abad, La comunitat jueva de Barcelona entre 1348 i 1391, tableau 17, p. 193 et doc. 33-63 (nef de Mateu Gerald, en partance pour la Sicile, Chypre, Beyrouth et Alexandrie, en 1383) ; et AHPB, Joan Nadal, Manual de comandes (novembre 1388 - mai 1389), ffos 4r°-6v°, 17v°-18r°, 23v°, 24v°, 26r°-v°, 29r° et 31v° (nefs de Francesc Fogassot et de Guillem Pete de Costabella, à destination de Chypre, Beyrouth et Alexandrie). Au cours de cette dernière série de contrats, la personnalité de Salomó Atzara se détache de l’ensemble des bailleurs juifs puisqu’il confie cinq commendes pour un total de 630 livres, dont la plus importante, d’un montant de près de 402 livres, en commun avec Pere de Casasaja.
77 À l’exception de Jucef de Basers, juif de Solsona (AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum [décembre 1397 - août 1403], f° 174v° [18 septembre 1404]). L’exemple de Simó Vasques, « juif de Barcelone » parti en Égypte en 1414 et cité par A. Boscolo et E. Ashtor (A. Boscolo, La política italiana di Ferdinando I d’Aragona, p. 28 ; E. Ashtor, « The Jews in the Mediterranean Trade in the Later Middle Ages », p. 165), est en fait erroné puisqu’il s’agit d’un chevalier de l’ordre de Sainte-Catherine du Sinaï, rattaché aux Hospitaliers de Rhodes (ACA, Cancelleria Reial, reg. 2382, f° 149r°-v°) ; il est d’ailleurs recommandé au pape dans ce même document.
78 Voir respectivement pp. 338-339 (Bernat Fabre) et 378 (Bernat Ortal).
79 Voirie cas de Pere de Casasaja, convers, que nous avons précédemment étudié (voir supra p. 320), ainsi que ceux de Ferrer et de Joan Bertran, Berenguer Des Cortell, Bernat Ortal, etc. ; voir également AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), ffos 25r°2, 135v° ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), f° 194r° (Berenguer Des Cortell). AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 69r°1 (Ferrer Bertran). AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 16r°3 ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Tercium manuale comandarum (avril 1406 - janvier 1414), ffos 3v°1 et 4v°1 (Joan Bertran). AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), f° 121v° ; AHPB, Bernat Nadal, Securtdus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), ffos 54r°2, 154r° ; AHPB, Bernat Nadal, Manuale instrumentorum contractuum comandarum quintum (octobre 1404 - août 1410), f° 69r°1 (Bernat Ortal ; le premier de ces quatre contrats précise exceptionnellement son nom juif avant son baptême : Boninfant Botarell).
80 Voir en particulier les registres du dret de les drassanes ; ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2910/1, f° 24v°2 (Berenguer Martí, corailleur) ; f° 20r°3 (Llorenç Pere) ; f° 33r°3 (Antoni Gordiola) ; reg. 2910/2, f° 7r°-v° (Francesc Sa Calm, Pere Pau et Francesc Des Pla).
81 Nous ne disposons que de m commendes couvrant les années 1358-1365, puis 1370-1379, six changes maritimes (en 1374-1375) et huit contrats de nolis (entre 1353 et 1357) à destination de Chypre, Beyrouth et Alexandrie.
82 F, Baer, Die Juden im christlichen Spanien, pp. 1024-1080, et Maria Teresa Ferrer i Mallol et Jaume Riera i Melis, « Miscellània de documents per a la història del notariat als estats de la Corona catalano-aragonesa », Estudis Històrics Documents dels Arxius de Protocols, 4, 1974, pp. 429-445, voir pp. 435-436 et doc C-2.
83 Le 8 mai 1340, le juif Bonafos Alfaquin, fils d’Astruch Alfaquin, autrefois habitant de Barcelone, était absous pour s’être rendu accompagné d’une femme à Alexandrie, malgré les interdictions en vigueur et alors qu’il avait laissé sa propre épouse à Barcelone (ACA, Cancelleria Reial, reg. 868, f° 105v°). Le 31 juillet 1344, Pierre le Cérémonieux absolvait également Astruga, veuve de David Adret, juif de Cervera, et leur fils Saltell Adret, pour être partis en Syrie dix ans auparavant environ, et s’y être installés, alors qu’ils souhaitaient à présent revenir dans le royaume (ACA, Cancelleria Reial, reg. 876, f° 147v°). Saltell et sa mère avaient d’ailleurs acquitté une somme de 25 livres pour obtenir cette concession, trois ans auparavant (ACA, Cancelleria Reial, reg. 872, f° 1v°). Il est peut-être question de la même famille dans cette licence accordée en février 1339 à Adret Davidis, juif de Cervera, pour pouvoir aller à Damas récupérer les biens de son père qui y serait mort en pèlerinage. En outre, dans le même document, Saltell, le frère d’Adret, est absous pour s’être rendu dans ce pays avec son père (ACA, Cancelleria Reial, reg. 865, f° 198r°). Voir également J. Régné, History of the Jews in Aragon, doc. 3338 (9 juillet 1325) ; et A. López de Meneses, « Los consulados », doc. xiii (10 mai 1380).
84 Sur ces éléments, voir supra la section consacrée aux exportations de corail après 1380, pp. 362-363.
85 A. Rich i Abad, La comunitat jueva de Barcelona entre 1348 i 1391, pp. 188-189.
86 Ibid. Ces constats avaient déjà été sommairement dégagés par E. Ashtor dans le cadre d’une étude beaucoup plus limitée, dans laquelle il concluait que les juifs catalans n’animaient qu’une faible part du commerce du Levant au début du XIVe siècle (E. Ashtor, « The Jews in the Mediterranean Trade in the Later Middle Ages », p. 164).
87 Celle confiée par Salomó Atzara, exceptionnellement associé avec Pere de Casasaja, d’un montant de 401 livres et 13 sous (AHPB, Joan Nadal, Manual de comandes [novembre 1388 - mai 1389], f° 26r°, 5 janvier 1389) ; celle confiée par Salomó Gracia, d’une valeur de 160 livres, 6 sous et 10 deniers (A. Rich i Abad, La comunitat jueva de Barcelona entre 1348 i 1391, tableau 17, p. 193 et doc. 56) ; et celle de 310 livres remise par Jucef de Basers de Solsona, seul juif participant encore au commerce du Levant après 1391 et à ne pas être originaire de Barcelone (AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum [décembre 1397 - août 1403], f°174v° [18 septembre 1404]). Notons enfin que le juif Vidal, de Ripoll, n’a fourni qu’un peu plus de 86 livres dans la commende à destination du Levant et atteignant un total de près de 784 livres mentionnée dans A. Rich i Abad, La comunitat jueva de Barcelona entre 1348 i 1391, tableau 17, p. 193 et doc. 63.
88 A. Rich i Abad, La comunitat jueva de Barcelona entre 1348 i 189 ; et AHPB Joan Nadal, Manual de comandes (novembre 1388 - mai 1389), ffos 4r° et 5r° (8 décembre 1388).
89 CL Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. II, p. 679.
90 M. D. López Pérez, La Corona de Aragón y el Magreb en el siglo XIV, pp. 318-327, et Roser Salicrú i Lluch, « La Corona de Aragón y Génova en la Granada del siglo XV », dans Maria Teresa Ferrer i Mallol et Damien Coulon (éd.), L’expansió catalana a la Mediterrània a la Baixa Edat Mitjana (Barcelona, 20 d’abril de 1988), Barcelone, CSIC, 1999, pp. 121-144, spéc. pp. 126-128.
91 Voir les études relatives au dret de la porta que payaient les musulmans qui souhaitaient quitter le royaume à partir de Barcelone (D. Romano, « Musulmanes residentes y emigrantes en la Barcelona de los siglos XIV y XV », tableaux pp. 68-81). La destination la plus fréquente était Alexandrie : il s’agissait alors d’une émigration définitive (ibid., p. 62 et graphique p. 87). Sur ce thème, voir également, M. T. Ferrer i Mallol, « La redempció de captius a la Corona catalano-aragonesa », tableau III pp. 283-284 ; et Id., « L’emigració dels sarraïns residents a Catalunya, a Aragó i al País Valencià durant la Baixa Edat Mitjana », dans L’expulsió dels moriscs. Conseqüències en el món islàmic i el món cristià. Actes du congrès international 380 aniversari de l’expulsió dels moriscos (Sant Carles de la Ràpita, 5-9 de desembre de 1990), Barcelone, Generalitat de Catalunya, 1994, pp. 19-26. Voir par ailleurs M. de Epalza, « Dos textos moriscos bilingües de viajes a Oriente ». Enfin, parmi les documents apparemment inédits, voir ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 321, f° 16r° (départ d’une centaine de musulmans sur la coque d’Agusti Pallares et de Ramon Sabater, en 1343) ; et ACA, Cancelleria Reial, reg. 878, f° 188r° (pèlerinage, 1345).
92 À quelques exceptions près, dont celle de Mohamedellum, fils de Daydoni, musulman et citoyen de Barcelone, qui obtint une rémission du roi en juin 1339 pour s’être rendu à Alexandrie en 1333 ; voir A. López de Meneses, « Florilegio documental del reinado de Pedro IV de Aragón », 13 (1950), doc. 4 ; (voir également le tableau 5, pp. 90-97, supra). Autre cas de rémission pour un voyage à Alexandrie et Jérusalem : ACA, Cancelleria Reial, reg. 890, f° 156r° (1350). Ces deux documents ne précisent cependant pas quels étaient les objectifs réels de ces voyages ; aucune allusion n’est en tout cas faite au paiement d’une somme destinée à obtenir la rémission royale, à la différence de la procédure habituellement suivie dans le cadre des amendes absolutoires.
93 M. D. López Pérez, La Corona de Aragón y el Magreb en el siglo XIV, pp. 318-327 ; sur ce sujet, voir également Jacqueline Guiral-Hadziiossif, « L’apport des communautés juives et musulmanes au commerce maritime de Valence au XVe siècle », dans Économies méditerranéennes. Équilibres et intercommunications (XIIIe-XIXe siècles). Actes du IIe colloque international d’histoire (Athènes, 18-25 septembre 1983), Athènes, Fondation nationale de la recherche scientifique, 1985-1986 (3 vol.), t. I, pp. 461-474.
94 Les témoignages recueillis par M. de Epalza, « Dos textos moriscos bilingües de viajes a Oriente », font précisément état de départs pour La Mecque à partir de Tortosa et non de Barcelone. M. T. Ferrer i Mallol confirme par ailleurs que « le port de Tortosa était probablement le plus utilisé » par les musulmans de cette région (basse vallée de l’Èbre et ses derniers affluents) : voir Maria Teresa Ferrer i Mallol, « Les phénomènes migratoires entre les musulmans sujets de la Couronne catalano-aragonaise, au Moyen Âge », dans Michel Balard et Alain Ducellier (éd.), Migrations et diasporas méditerranéennes (Xe-XVIe siècles). Actes du colloque (Conques, octobre 1999), Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, coll. « Byzantina Sorbonensia » (19), pp. 259-284.
95 On notera que la centaine de musulmans partis pour l’ultramar sur la coque d’Agusti Pallares et de Ramon Sabater venaient en effet de Lleida (ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 321, f° 16r°). Par ailleurs, comme le supposait bien D. Romano, « Musulmanes residentes y emigrantes en la Barcelona de los siglos XIV y XV », p. 62, la coque de Guillem Arnau Sa Bastida, qui en 1335 emmena 69 musulmans vers une destination inconnue, selon les registres du dret de la porta, devait bien gagner Alexandrie (ACA, Cancelleria Reial, reg. 858, f° 7r°-v° ; et appendice I). Ces deux groupes nombreux doivent donc être ajoutés aux effectifs déjà relevés par D. Romano, confirmant ainsi pleinement que le sultanat mamelouk représentait bien le principal centre d’émigration pour les musulmans de Catalogne.
96 Les Génois proprement dits fournissent 85,4 % des investissements, les Ligures 8,7 %, les représentants de l’Italie padane 0,9 %, les « étrangers » 2,3 % et les bailleurs d’origine indéterminée, 2,8 % (M. Balard, La Romanie génoise, t. II, p. 507) ; le terme simplificateur d’« étrangers » recouvre globalement, dans le cadre de l’expansion génoise, les représentants de l’Italie péninsulaire, de l’Outre-Mont et ceux ne provenant pas d’Italie. Comme pour l’étude des capitaux, on aimerait pouvoir disposer de séries chiffrées aussi précises pour d’autres grands ports méditerranéens, afin d’élargir la comparaison.
97 Pour les sources italiennes, voir F. Melis, « Note sur le mouvement du port de Beyrouth d’après la documentation florentine aux environs de 1400 », p. 372 (archives Datini) ; et E. Ashtor, Levant Trade in the Later Middle Ages, appendice 3, pp. 522-524 (archives Datini, principalement) la quasi-totalité des navires catalans relevés par E. Ashtor et appareillant pour l’Égypte et la Syrie proviennent de Barcelone (voir note a, p. 526). Pour tes amendes absolutoires, il convient de distinguer selon leur provenance : celles payées au Trésor royal et dont la trace écrite est conservée à l’Arxiu de la Corona d’Aragó font clairement apparaître l’origine des contrevenants aux dispositions pontificales, dont le port de départ est bien le plus souvent Barcelone. En revanche, dans les tableaux établis par J. Trenchs Odena à partir des archives du Vatican, l’origine des marchands acquittant les amendes absolutoires n’est que rarement précisée, ce qui invite à déduire qu’il s’agit le plus souvent de Barcelonais car ta capitale catalane n’est en fait jamais mentionnée dans ces documents, à la différence d’autres localités telles Gérone, Tarragone ou Majorque ; voir J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », tableaux pp. 290-313. Les individus répertoriés dans ces séries d’amendes n’ont pas été pris en compte ici, puisque leur port de départ n’est pas connu ; à titre indicatif, signalons que les Catalans ne provenant pas de Barcelone, relevés par J. Trenchs Odena entre 1330 et 1351 — terme chronologique de son étude — ne sont que quinze et sont originaires des villes suivantes : Elne (1), Gérone (3), Reus (1), Sant Cugat del Vallès (2), Sant Feliu de Guíxols (1), la Seu d’Urgell (1), Tamarit (1), Tarragone (4) et Vilafranca del Penedès (1).
98 Voir supra le développement consacré aux patrons de navire, p. 159 et, infra, la carte 6 (p. 568) de l’origine des capitaux investis.
99 Parmi les plus gros contrats fournis par des bailleurs originaires de ces villes catalanes à destination de l’Égypte et de la Syrie, voir les cas de Bartomeu Gil de Villero, citoyen de Tortosa, qui les 4 et 5 novembre 1411 remet deux commendes d’une valeur totale de près de 1.530 livres de Barcelone, investies en 667 quintaux et deux arrobes (de Peñíscola) de miel du magistrat de Montesa et en 96 quintaux (de Barcelone) de miel de Tortosa (AHPB, Tomàs de Bellmunt, Tercium manuale comandarum [avril 1406 - janvier 1414], f° 77v°1 et 2).Trois jours plus tard, Antoni Frontera, citoyen de Lleida, confie lui aussi une commende investie en 486 quintaux de miel de Mequinensa, pour une valeur de 905 livres de Barcelone et 10 sous (AHPB, Tomàs de Bellmunt, Tercium manuale comandarum [avril 1406 - janvier 1414], f° 78v°). Enfin, le 2 juin 1396, Berenguer Solsona, de Tarrega, confiait pour sa part une commende investie en marchandises non précisées pour une valeur de près de 1.442 livres de Barcelone (AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], f° 126r°). Pour les activités déployées par les marchands de Perpignan voir infra, pp. 570-572.
100 Voir les travaux de F. Melis et d’E. Ashtor cités à la note 97.
101 Voir les exemples de Pere de Garriguella, marchand de Perpignan, qui avait participé avec onze Barcelonais au voyage de la coque d’Arnau Guillem de Bastida, qui appareilla pour Alexandrie en 1335, ou celui de Pere Des Puig, parti avec vingt Barcelonais en 1336, puis deux ans plus tard avec seize autres marchands de Barcelone, et enfin en 1344, pour la même destination (ACA, Cancelleria Reial, reg. 858, f° 7r°-v° ; reg. 860, f° 114v° ; reg. 864, f° 118r°3 ; et reg. 876, f°51v°). De même, Bernat Arnau, Arnau Mudat et Pere Payró, tous trois marchands de Perpignan, participent-ils à tour de rôle à l’affrètement de navires vers Chypre en 1353 et 1357 (AHPB, Jaume Ferrer, Llibre comú [juin 1353 - octobre 1357], ffos 4r°-10r° et 112r°-118v°).
102 AHPB, Jaume Ballester, Manual de comandes (septembre 1363 - juillet 1385), f° 69v°2, publié par J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc. 141 [2] et f° 170r°1 ; les accommenditaires étaient autorisés à utiliser un autre navire au retour pour se rendre à Perpignan, Narbonne et Montpellier, puisque celui de Pere Blan devait regagner Barcelone.
103 Pour cette dernière source, voir ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2910/1, ffos 13r°2, 18v°1, 18v°4 et 22r°3.
104 F. Melis a relevé le départ de 23 navires depuis Perpignan-Collioure vers le seul port de Beyrouth entre 1394 et 1408, tandis qu’E. Ashtor cite quelques-uns d’entre eux entre 1387 et 1410, essentiellement partis vers ta même destination, mais aussi vers Alexandrie ; voir F. Melis, « Note sur le mouvement du port de Beyrouth d’après la documentation florentine aux environs de 1400 », p. 372, et E. Ashtor, Levant Trade in the Later Middle Ages, appendice 3, pp. 522 et 524, appendice 4, pp. 527-528. Sur les activités des marchands de Perpignan avec le Levant, voir en outre P. Vidal, « Expéditions des marins et marchands roussillonnais sur les côtes de la Syrie et de l’Égypte pendant le Moyen Âge » ; et G. Romestan, « Un marchand perpignanais au XVIe siècle : Bernard Saquet », en particulier les pp. 452-456.
105 AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio (août 1407 - novembre 1417), ffos 21r°3 et 46v°.
106 J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc. 157 ; parmi les huit bailleurs figurent six pareurs de draps, un meunier de draps (molinerius pannorum), ainsi qu’un teinturier ; à ces huit artisans s’ajoute un marin de Perpignan qui n’est autre que le père de l’accommenditaire. La commende est confiée à deux marchands, l’un de Barcelone, l’autre de Perpignan, qui doivent gagner Beyrouth à bord des galées barcelonaises parties en juin 1395.
107 La Corona de Aragón y el Magreb en el siglo XIV, pp. 172 et 852.
108 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », tableau 9, p. 298, tableau 3, p. 308, tableau 5, p. 310 et surtout tableau 7, p. 312 (dans lequel sont répertoriés plus de six Majorquins). Deux autres peuvent encore être identifiés grâce aux comptes de la Trésorerie royale (ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 323, f° 35v°).
109 P. Macaire a par exemple relevé dix-neuf navires partis de Majorque à destination d’Alexandrie entre 1402 et 1438 (Pierre Macaire, « Mallorca y el comercio con el Mediterráneo oriental », Estudis Baleàrics, 15, 1984, pp. 43-67, spéc. p. 67). À titre indicatif, notons que sur cette liste de dix-neuf bâtiments, cinq ont en fait appareillé de Barcelone : ceux de Sanglada (9 juillet 1402), Garcià Amat (22 mars 1426), Francesc Maries (21 mai 1432), Lluís Ferrer (3 septembre 1432 et 5 mars 1433 ?) ; pour le départ de ces navires depuis Barcelone, voir l’appendice I.
110 Parmi les plus gros contrats, relevons celui confié par Pere Pujol le 28 novembre 1388, investi en 1.250 livres de Barcelone, et celui baillé par Ramon Torrent le 21 août 1409 pour une valeur de 800 livres, aucun des deux ne précisant de marchandises d’importation (AHPB, Joan Nadal, Manual de comandes [novembre 1388 - mai 1389], f° 12r°3 ; et AHPB, Arnau Lledó, Liber quartus comandarum de viagio [août 1407 - novembre 1417], f° 22r°2). Pere Arau, également citoyen de Valence, avait quant à lui confié un peu plus de 500 livres investies dans 55 draps de la terra et dans 2,5 quintaux de verdet, le 16 juin 1397 (AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes [septembre 1393 - octobre 1397], f° 164v°).
111 Dès le 5 décembre 1405, le roi Martin demandait au bailli général du royaume de Valence de sanctionner les cas d’envois de marchandises pour les terres du sultan du Caire, sans licence, depuis ce royaume (ACA, Cancelleria Reial, reg. 2249, ffos 18v°-19r°). Voir en outre le document daté du 23 juillet 1413, faisant allusion au voyage de la galée commandée par Miquel de Granollers, de Valence, qui n’avait finalement pas conduit un ambassadeur égyptien d’Alexandrie à Tunis, comme cela avait pourtant été convenu dans le contrat de nolis de ce navire, conclu à Alexandrie ; la galée était partie de Valence en septembre 1412 (ACA, Cancelleria Reial, reg. 2365, ffos 173v°-174v°). Voir également le départ d’une galée de Valence appareillant pour le sultanat mamelouk dans le registre du dret de les drassanes (ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2910/1, ffos 1v°5 et 6v°4 [1425 ?]) ; J. Guiral-Hadziiossif, Valence, port méditerranéen au XVe s., p. 148 (1424), p. 151 (1439-1457), etc.
112 L’Arxiu Històric de Protocols de Barcelone révèle en effet la participation de trois marchands de Montpellier, de deux Marseillais et d’un citoyen d’Avignon au trafic de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie, entre 1379 et 1415. Pour les Montpelliérains, voir AHPB, Jaume Ballester, Manual de comandes (septembre 1363 - juillet 1385), f° 77r°5 ; AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), ffos 63v°, 86r°2 et 101V° ; AHPB, Tomàs de Bellmunt, Quartus liber manuale comendarum (janvier 1414 - janvier 1417), f° 21v°2 ; aucune de ces commendes n’atteint 75 livres. Pour les autres négociants, voir infra.
113 AHPB, Bernat Nadal, Manual de comandes (septembre 1393 - octobre 1397), ffos 35v°1, 35v°2, 37r°1, 129r° ; et AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août 1403), f° 16r°.
114 É. Baratier et F. Reynaud (coord.), De 1291 à 1480, p. 238. La cancellation de la commende confiée par Giacomino le 22 juin 1398, elle-même datée du 21 janvier 1400, révèle en effet que celui-ci était décédé à cette date et que son frère et héritier Guiran s’était chargé de faire casser le document, une fois l’opération terminée (AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum [décembre 1397 - août 1403], f° 16r°).
115 Voir l’appendice III, pp. 825-871.
116 E. Baratier et F, Reynaud (coord.), De 1291 à 1480, p. 238.
117 Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 585.
118 M.T. Ferrer i Mallol, « Intorno all’assicurazione sulla persona di Filippozzo Soldani », pp. 457-458 ; commendes confiées en 1401-1402, à destination d’Alexandrie.
119 AHPB, Bernat Nadal, Secundus liber comandarum (décembre 1397 - août [403), f° 52r°2 (compagnie Manelli ; 10 janvier 1400) ; et AHPB, Tomàs de Bellmunt, Tercium manuale comandarum (avril 1406 - janvier 1414), f° 17v°3 (compagnie Datini ; 12 octobre 1406). Nous avions par ailleurs déjà eu l’occasion de rencontrer Antonio di Guccio, Florentin habitant Barcelone, et son associé Giovanello di Giovani, de Pérouse, lors de l’étude des associations commerciales, pp. 239 et 242. Pour les autres commendes à destination du Levant confiées par des Italiens, voir AHPB, Tomàs de Bellmunt, Manual de comandes (septembre 1402 - avril 1406), f° 46r°2 ; et AHPB, Tomàs de Bellmunt, Tercium manuale comandarum (avril 1406 - janvier 1414), ffos 17v°1, 17v°4, 20v°1.
120 J. Ainaud, « Quatre documents sobre el comerç català amb Siria i Alexandria », doc. iii et iv ; ces lettres du représentant de la succursale barcelonaise de la compagnie Datini à Alexandrie ne nous apprennent malheureusement rien au sujet des éventuels investissements que celle-ci aurait effectués dans le trafic de Barcelone avec le Levant et soulignent au contraire l’atonie du marché dans le grand port égyptien en 1410.
121 Ramon Mantell et Bernat Sa Closa, cous deux marchands de Barcelone ; d’où la concentration de ces commendes parmi les actes du notaire Tomàs de Bellmunt.
122 A. García i Sanz et M. T. Ferrer i Mallol, Assegurances i canvis marítims medievals a Barcelona, t. II, doc 107 ; la valeur totale des draps est estimée à 750 livres mais ils sont assurés pour seulement 200 livres. Sur cette opération et l’assuré, voir en outre M, T. Ferrer i Mallol, « Intorno all’assicurazione sulla persona di Filippozzo Soldani », p. 456.
123 AHPB, Bartomeu Masons, major., Manual d’assegurances (juillet 1428 - décembre 1429), ffos 13v°2, 17v°2, 18r°2, 38r°, 51v°2, 53r°-v°, 59r°-v°, 93r°-v°, 98r°2. Pour l’ensemble des assurances fournies par ces six hommes d’affaires, voir M. Del Treppo, « Assicurazioni e commercio internazionale a Barcellona », p. 521 ; Id., I mercanti catalani e l’espansione della Corona d’Aragona nel secolo XV, pp. 470-474 ; et le tableau dressé par Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. II, p. 872.
124 Il est en outre confirmé par certaines procurations : celles-ci, par leur nature de contrat permettant d’agir à distance, constituent un ensemble de documents privilégiés pour apprécier la dimension internationale des affaires. L’une d’entre elles fut par exemple délivrée par le Barcelonais Miquel Venrell, qui chargeait le Génois Rigo Squarzafico de recouvrer le montant de commendes à destination de Beyrouth confiées six ans plus tôt à un Florentin mort entre-temps, tandis que d’autres encore mettent en scène des marchands de Montpellier participant — parfois involontairement — au commerce de Barcelone avec le Levant (AHCB, Fons Notarial, IX. 13 Documents mercantils [1400-1420], 24 juillet 1409 et 17 novembre 1411 ; AHPB, Antoni Brocard, Manual [février-juin 1431], f° 6v° [27 février 1431]). Nous retrouvons ainsi les principales places de négoce de Méditerranée occidentale liées au trafic de la Cité Comtale avec le Levant. Sur les procurations, voir infra, pp. 600-602.
125 Comme le montre très nettement la succession de tableaux des assureurs établis par Cl. Carrère, entre 1428-1429 et 1459 (Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. II, pp. 870-879).
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