Chapitre premier
Le poids des aspects religieux
p. 24-41
Texte intégral
1Peut-être pourra-t-il paraître déroutant de commencer cette étude par l’examen des aspects religieux de relations commerciales lointaines, un thème qui a bien des égards pourrait paraître secondaire pour notre enquête. Pourtant, il convient de souligner que la critique de certaines fonctions marchandes par les clercs1, ainsi que la politique très restrictive adoptée par la papauté à l’égard du trafic avec les Mamelouks, ont constitué des éléments de fond qui ont exercé une influence considérable sur l’attitude des négociants mais aussi, et surtout, sur la politique maritime menée par les souverains et les autorités municipales des principaux ports de la Chrétienté. Certaines valeurs et attitudes religieuses conditionnaient de façon plus ou moins rigide les différents protagonistes du commerce du Levant, qui n’auraient pu totalement s’en affranchir, même à la fin du Moyen Âge.
2Les succès de la Reconquête en péninsule Ibérique, mais aussi la reprise de Jérusalem par Saladin en 1187, puis de l’ensemble de la Terre sainte en 1291, incitaient en effet les papes à considérer les Ayyūbides, puis leurs successeurs mamelouks comme les ennemis les plus redoutables de la Chrétienté. Ainsi se justifiaient à leurs yeux les strictes limitations commerciales imposées aux marchands chrétiens souhaitant faire du négoce avec l’Égypte et la Syrie, au nom des idéaux de croisade que le roi d’Aragon Jacques Ier avait lui-même tenté de mettre en application en 12692.
3Quelles furent donc exactement les interdictions décrétées par la papauté ? Furent-elles appliquées et, si tel fut le cas, dans quelle mesure ont-elles perturbé, voire interrompu le trafic des Catalans avec le sultanat mamelouk pendant les XIVe et XVe siècles ? Comment, enfin, les marchands catalans et les successeurs de Jacques Ier s’adaptèrent-ils à ce contexte bien particulier ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles il importe de répondre pour prendre la mesure du contexte religieux conditionnant le commerce de Barcelone avec le Levant.
I. — L’évolution de la politique pontificale à l’égard du commerce avec les Mamelouks
La prohibition du commerce avec l’Égypte et la Syrie
4L’historique des prohibitions conciliaires et pontificales a déjà été fort bien retracé par W. Heyd, puis plus récemment par J. Trenchs Odena dans le cadre des relations entre la Catalogne et les pays musulmans3, de sorte que nous pouvons nous contenter d’en résumer les étapes les plus marquantes.
5Dès le IIIe concile de Latran (1179), le commerce des armes, du fer et du bois — matériaux susceptibles d’approvisionner directement la machine de guerre en terre d’Islam et qui y faisaient précisément défaut — fut interdit sous peine d’excommunication4. Cette mesure fut ensuite étendue aux chevaux et aux victuailles (1229). Mais sa répétition tout au long du XIIIe siècle montre qu’elle ne fut sans doute qu’imparfaitement appliquée, ce qui ne surprend guère compte tenu de la difficulté à surveiller l’ensemble du trafic occidental avec les Sarrasins. Il est vrai que les papes eux-mêmes contribuèrent à affaiblir la portée de ces interdits en accordant des dérogations partielles de commerce, ou des possibilités d’absolution pour les contrevenants. Innocent IV autorisa ainsi en 1247 les Majorquins à vendre des victuailles aux musulmans, tandis qu’il concédait en 1253 à l’archevêque de Tarragone la faculté d’absoudre les marchands catalans qui s’étaient livrés au commerce interlope — sans oublier les négociants italiens, qui se voyaient également accorder des avantages du même type5. Au gré des circonstances et en fonction des rapports plus ou moins belliqueux avec les musulmans du Levant ou de la péninsule Ibérique, la ligne politique des papes successifs oscilla donc entre une attitude de sévérité ou de clémence.
6Ces premières mesures de prohibition s’appliquaient au commerce avec les « Sarrasins », c’est-à-dire les musulmans, en général ; mais peu à peu elles visèrent plus spécifiquement ceux d’Égypte et de Syrie, et en particulier ceux d’Alexandrie6. La chronologie des principales interdictions peut d’ailleurs être assez étroitement reliée aux événements survenus en Palestine7. Survenue le 18 mai 1291, la chute de Saint-Jean d’Acre, dernier bastion chrétien dans cette région, entraîna en effet à son tour une vigoureuse réaction pontificale : le 23 août suivant, le pape Nicolas IV prohiba l’exportation de toute marchandise vers l’Égypte, en plus de celles qui étaient traditionnellement interdites. L’ensemble du négoce des chrétiens avec les Mamelouks devait donc prendre fin et toutes les autorisations ou absolutions préalablement accordées devaient être annulées. À plusieurs reprises en 1295 et 1296, ces décisions furent confirmées par son successeur Boniface VIII, ce qui témoigne sans doute encore une fois de la difficulté à faire appliquer ces mesures, et dès le 5 avril 1297 la papauté autorisait de nouveau les évêques de Barcelone et de Tortosa à absoudre les marchands qui auraient vendu « in partes Alexandriam » du fer, du bois « et alia[m] re[m] prohibita[m] », tandis que d’autres autorités ecclésiastiques — en Sicile, à Pise, Gênes et Venise — se voyaient conférer les mêmes attributions un peu plus tard. Une telle attitude n’empêcha pas par la suite de réaffirmer épisodiquement les sanctions les plus sévères à l’encontre des Alexandrini, notamment à l’occasion de projets de nouvelles croisades, comme en 1308 ou encore en 13238. Le pouvoir pontifical poursuivait donc sa politique ambiguë selon laquelle, officiellement, tout commerce occidental avec le sultanat mamelouk devait cesser et être durement réprimé, tandis que dans la pratique il autorisait lui-même l’absolution des peines prononcées et allait jusqu’à accorder exceptionnellement des licences de commerce aux négociants qui souhaitaient se rendre dans ces contrées.
7De ces mesures équivoques devaient résulter deux types d’attitudes bien distincts de la part des nations marchandes. Les Vénitiens, qui pouvaient se replier sur leurs possessions de mer Noire et sur le royaume arménien de Cilicie pour s’approvisionner en produits orientaux, semblent pour leur part avoir fini par respecter les interdits pontificaux, au moins entre 1323 et 13449. En revanche les Catalans, qui ne disposaient pas de comptoir dans l’espace pontique, ne pouvaient guère se procurer des épices qu’en Égypte ou en Syrie, c’est-à-dire dans des conditions illicites. Il est vrai que les perspectives de gain offertes par ce commerce prohibé dissipaient les craintes de sanctions effectivement appliquées, dont les marchands pouvaient en fin de compte annuler les effets parle paiement d’une simple amende10. Les listes de négociants et patrons de navire catalans ainsi pénalisés entre 1302 et 1351 par les papes et les rois d’Aragon montrent en tout cas que les Catalans continuaient à fréquenter régulièrement le Sultanat, dans lequel ils écoulaient même les fameuses denrées interdites11. Dans ces circonstances, il était sans doute préférable, pour le pouvoir pontifical, d’accorder davantage de licences aux marchands, ce qui lui permettait, dans une certaine mesure, de contrôler le commerce avec l’Égypte et la Syrie, fût-ce au prix d’une attitude de duplicité. Et comme de plus ces autorisations étaient vendues, elles constituaient également une source de revenus supplémentaires pour le Trésor12.
8Les événements survenus en Asie centrale, du fait du morcellement des khanats mongols, allaient bientôt fournir au pape Clément VI une occasion de modifier l’attitude pontificale. À la suite de ces bouleversements et des raids tatars en Crimée au début des années 1340, les grandes routes commerciales intercontinentales — animées un siècle plus tôt grâce à la « pax mongolica » — se trouvèrent interrompues. Les négociants durent alors réemprunter le parcours maritime traditionnel, longeant les côtes de l’océan Indien, de la mer Rouge et enfin de la Méditerranée, après avoir transité par l’Égypte et la Syrie. Les demandes de licences de commerce avec ces deux pays se firent donc plus pressantes de la part des principales nations marchandes. En 1344, en particulier, les Vénitiens insistèrent auprès du pape Clément VI pour envoyer à la cour du sultan al-Ṣāliḥ Ismāʽīl une ambassade qui devait permettre de relancer les échanges commerciaux avec les Mamelouks. Le pape répondit favorablement à cette requête et accorda même aux marchands de la Sérénissime une licence permettant d’envoyer, chaque année pendant cinq ans, six galées et six nefs à Alexandrie et dans les autres domaines placés sous l’autorité du sultan du Caire13. La même année, le roi d’Aragon Pierre IV se voyait lui aussi accorder le droit d’envoyer une nouvelle ambassade auprès du souverain mamelouk, dans le but officiel de solliciter la remise des reliques de sainte Barbe, qui se trouvaient dans la capitale égyptienne ; cette légation devait se rendre en Égypte à bord d’un bâtiment de commerce qui pour l’occasion était autorisé à emporter des marchandises. L’année 1344 constitue donc bien un tournant dans la politique pontificale. Certes, les papes n’avaient pas pour autant abandonné toute prétention de limiter le négoce de l’Occident en direction du Sultanat — en effet, les licences accordées prohibaient, comme par le passé, toute exportation des denrées interdites : armes, fer et bois pour la construction navale — mais ces autorisations furent alors bien plus nombreuses et régulières, de sorte que le négoce avec les Mamelouks put officiellement reprendre : après 1344, les actes notariés barcelonais mentionnent de nouveau par listes entières les destinations syriennes et égyptiennes, tandis que la muda d’Alexandrie, la ligne régulière des galées vénitiennes, était mise en place à partir de l’année suivante pour ne prendre fin qu’au XVIe siècle, si l’on excepte quelques interruptions momentanées avant ce terme14.
Les types de délits, les peines et leur absolution
9Deux types de délits étaient en fait distingués : le plus grave consistait à exporter vers l’Égypte ou la Syrie des marchandises expressément prohibées (voir supra), et le second visait le principe même du négoce avec ces pays, quels que fussent les biens transportés. J. Trenchs qualifie seulement le premier de délit et considère la seconde activité comme « licite », puisqu’elle ne portait pas sur des marchandises interdites. Toutefois, il utilise lui-même le terme d’« amendes » pour désigner les sommes versées au roi par les marchands faisant avec ces deux pays commerce de denrées non prohibées. Or, si l’on peut certes les considérer plutôt comme une sorte d’« impôt »15, leur justification n’en reste pas moins, à la base, l’interdiction par le pouvoir pontifical de tout commerce avec les Mamelouks16. Pour plus de clarté, nous tiendrons donc pour illicites tous les voyages et opérations commerciales en direction du Sultanat, quelles que fussent les marchandises exportées, sauf dans le cas des expéditions effectuées sous couvert d’une licence préalablement accordée par le pape, les seules qui permettaient d’éviter toute forme de sanction.
10L’étude novatrice de J. Trenchs, fondée sur des documents issus des archives du Vatican, nous renseigne avec minutie sur les sanctions infligées en cas d’exportation de marchandises prohibées — cas qui correspond au premier type de délit. Le contrevenant se voyait châtié par une excommunication, avec toutes les conséquences sociales majeures que cette peine impliquait. Mais si grave qu’elle fût, celle-ci pouvait être annulée grâce au paiement d’une amende, la sanction financière se substituant alors au châtiment canonique. L’absolution fut dans un premier temps accordée par le pape lui-même puis, en raison de la multiplication des cas à traiter, par divers officiers de la Sacrée Pénitencerie. Mais les évêques, les prêtres et les moines, ainsi que des collecteurs spécialement envoyés à cet effet, pouvaient eux aussi accorder cette grâce, dans les différents ports occidentaux17.
11Le montant des amendes variait selon les papes. Lors du IVe concile de Latran (1215), qui en avait pour la première fois déterminé le principe, il avait été fixé à la totalité des gains réalisés par les marchands. Mais à partir du pontificat de Boniface VIII (1295-1303), il fut par moments réduit à la moitié, au quart voire au cinquième des bénéfices réalisés. Les sommes ainsi recueillies étaient principalement affectées à la lutte contre les musulmans, dans le cadre d’une future croisade en Orient ou dans celui de la Reconquista, ou encore au rachat des captifs chrétiens détenus en terre d’Islam ; mais elles pouvaient tout aussi bien servir à financer d’autres objectifs de la politique pontificale fort éloignés des précédents18. Ces amendes constituaient donc une source de revenus non négligeable pour le Trésor de la papauté19, et c’est sans doute la principale raison d’un maintien aussi tardif des prohibitions commerciales, en dépit de leur absence évidente d’effet sur les agissements des marchands.
12Quelques rares cas connus d’opérations prohibées montrent en effet que les contrevenants ne furent apparemment pas inquiétés. Cl. Carrère cite l’exemple de la nef d’Antoni Roig, dont la vente à Alexandrie pour 1.200 livres en 1426 avait été signalée aux receveurs du dret de les drassanes (« droit des arsenaux »)20, précisément chargés de percevoir les impôts frappant le commerce avec l’Égypte et la Syrie et destinés à financer la lutte contre les musulmans21 ; mais le patron du navire n’eut pas à acquitter de taxe ou d’amende particulière pour cette transgression flagrante des prohibitions pontificales. Il est vrai que les monarques eux-mêmes ne donnaient guère l’exemple : c’est ainsi que le roi Pierre IV fit expédier un vieux pàmfil de sa flotte à Alexandrie, où en 1375 ce navire fut finalement vendu en pièces détachées par le patron auquel il avait été confié22. Certes, le choix de conduire ce navire en Égypte et de l’y vendre appartenait vraisemblablement à Bertran Sala, le patron désigné, mais à son retour celui-ci ne fut pas désavoué pour ses décisions. Bien au contraire, Pierre IV le récompensa de ses services et de l’argent ainsi gagné en le nommant officier des arsenaux, un poste qui devait l’amener à superviser les autorisations royales vendues aux marchands souhaitant se rendre dans le Sultanat23. La contradiction entre ces nouvelles responsabilités et l’infraction caractérisée commise par ce patron en 1375 ne semble même pas avoir effleuré le roi, qui vit en fait en Bertran Sala un patron de navire dévoué ayant l’expérience des voyages vers ces destinations.
13Enfin, le second délit, celui d’avoir exporté des marchandises licites chez les Mamelouks, était lui aussi sanctionné par une amende. Mais celle-ci, à la différence de la précédente, fut bientôt perçue par des officiers royaux et pour le compte du roi, puisque Jacques II avait promis au pape de préparer une croisade contre les infidèles. Nous aurons l’occasion de voir que par la suite les sommes ainsi collectées furent affectées aux arsenaux de Barcelone, officiellement pour armer davantage de navires contre les musulmans24.
Les licences pontificales de commerce avec le sultanat
14À partir de 1344, comme on l’a vu, Clément VI25 comprit qu’il pouvait assouplir la position pontificale sans renoncer pour autant aux revenus que pouvait lui procurer le commerce avec le sultanat mamelouk, grâce à la multiplication des licences payantes. Grâce à cette attitude habile, il ne donnait pas non plus l’impression de renoncer à toute sévérité, puisque le négoce avec l’Égypte et la Syrie restait en principe prohibé. En outre, les premières licences étaient souvent accordées dans un but bien précis qui participait de la défense de la foi chrétienne ou de la lutte contre les musulmans — rachat de chrétiens prisonniers des Mamelouks, transport de pèlerins, etc. —, ce qui sauvait également les apparences.
15Bien entendu, les papes n’avaient pas attendu le règne de Clément VI pour délivrer de telles autorisations. D’après J. Trenchs, les trois premières licences destinées à des marchands catalans furent accordées par Jean XXII entre 1317 et 1321. Un très grand nombre allaient suivre, surtout après 1344-1346, comme le montre le tableau de l’appendice III26, principalement établi grâce au relevé effectué par J. Trenchs pour les années 1317-134927, puis grâce à la série des Registra Comunium de l’Arxiu Diocesà de Barcelona pour la période s’étendant de 1350 au début du XVe siècle28. Comme l’attestent les documents qui y sont conservés, la plupart de ces licences n’étaient pas délivrées à des négociants mais à différents personnages appartenant le plus souvent à la cour pontificale ou à celle du roi d’Aragon. Ceux-ci les revendaient ensuite à des marchands ou à des patrons de navire qui en avaient besoin pour pouvoir se rendre légalement en Égypte ou en Syrie. Lorsque le navire était prêt à appareiller, le patron devait présenter sa licence pontificale au vicaire de l’évêque de Barcelone et jurer que son bâtiment n’emportait pas de marchandises prohibées29. À cette occasion, divers membres de l’équipage du navire, ainsi que quelques marchands participant à son expédition, promettaient à leur tour de ne pas emporter de denrées interdites. Ces serments écrits ont donc une importance capitale puisque, d’une part, ils fournissent le maillon manquant entre les bénéficiaires directs des licences — souvent évoqués dans les documents de l’Arxiu de la Corona d’Aragó — et leurs utilisateurs réels, c’est-à-dire les marchands ou patrons de navire mentionnés dans les documents notariés, et que, d’autre part, ils révèlent avec régularité l’identité du personnel d’encadrement des embarcations (pilotes, gardiens, scribes des marchands et des navires)30, ainsi que celle de certains négociants participant à ces voyages.
16La liste de ces nombreuses licences montre que leur nombre s’est effectivement accru à partir de 1346 : alors que seulement huit d’entre elles ont pu être réunies entre 1317 et 1339, plusieurs furent accordées chaque année à partir de 1346, esquissant ainsi une évolution comparable à celle des autorisations délivrées en faveur des Vénitiens31. Du côté catalan, une première interruption peut certes être relevée au cours du pontificat d’Innocent VI (plus exactement entre 1352 et 1361). Elle s’explique sans doute par l’apparition d’une nouvelle catégorie de bénéficiaires d’origine bien particulière : les nobles du Midi de la France. Avant 1361, ceux-ci ne paraissent pas avoir entretenu de contacts avec les milieux marchands de Barcelone32 ; mais après cette date, ils revendirent effectivement aux négociants du Principat les précieuses licences qui leur avaient été accordées (voir l’appendice III). Quant à l’interruption des années 1366-1371, elle est manifestement due au sac d’Alexandrie par le roi de Chypre Pierre Ier en octobre 1365, qui pendant plusieurs années entraîna une suspension du trafic occidental avec le Sultanat33. Cependant, une fois le calme revenu, Grégoire XI reprit une politique active de concession de licences : la première de son pontificat fut en effet délivrée le jour même de son élection, le 5 janvier 1371.
17Le contraste entre l’origine géographique et sociale de la plupart des bénéficiaires de licences et le profil des marchands et patrons de navire catalans qui les utilisaient reste quant à lui pour le moins surprenant. Les premiers sont en effet le plus souvent des membres de la noblesse, parmi lesquels se détachent tout d’abord les souverains catalano-aragonais et majorquins eux-mêmes ainsi que leur entourage proche, comme les comtes de Ribagorça et d’Empúries, frères du roi Alphonse IV et oncles de Pierre IV, ou encore le jeune comte Pere d’Urgell, neveu de ce monarque, cobénéficiaire de licences avec sa mère la comtesse Cecilia. Mais d’autres membres moins éminents de la noblesse apparaissent également, comme en témoigne la présence de nombreux chevaliers dont certains, tel Bernat de Cabrera34, se distinguent également par leur rôle de conseillers royaux. Cependant, à partir des pontificats d’Innocent VI et surtout de Grégoire XI, on voit apparaître divers membres de la noblesse du duché de Guyenne, du Limousin, du Gévaudan et autres principautés du Sud-Ouest du royaume de France, comme les vicomtes de Turenne ou un membre de la famille des Lusignan. Bien que n’ayant probablement entretenu aucune relation avec les Mamelouks, ces nobles avaient en fait obtenu une licence, car ils étaient originaires des mêmes régions que certains papes d’Avignon — par exemple ceux que l’on vient de citer — qui sans doute entretenaient ainsi d’anciennes amitiés ou quelque lien familial. Dans le sillage des milieux auliques pontificaux émergent également quelques noms italiens et notamment — détail qui ne manque pas d’intérêt — plusieurs membres de la famille gibeline des Visconti de Milan, auxquels des licences furent accordées, probablement pour sceller définitivement une réconciliation récemment conclue35.
18Indépendamment des nobles et de l’entourage des papes ou des rois d’Aragon, le pouvoir municipal ne fut pas oublié, mais il joua un rôle nettement plus discret, bien que ses membres fussent souvent issus de l’aristocratie marchande, pourtant très engagée dans le commerce au long cours. Les Conseillers (Consellers) de la ville obtinrent des licences en 1363,1397 et 1409, cette dernière étant même accordée pour dix nefs et deux galées. Quant aux négociants, ils furent en définitive assez peu nombreux parmi les bénéficiaires directs de licences, mais dominèrent subitement l’échantillon relevé à l’extrême fin du XIVe siècle et au début du siècle suivant, au moment où des cardinaux et des abbés de grands monastères commencèrent eux aussi à pouvoir accorder ces autorisations.
19Ce système, qui consistait à délivrer des licences pontificales à des personnes qui n’allaient pas les utiliser, ne pouvait que susciter d’intenses trafics, comme W. Heyd l’a déjà montré à partir de quelques cas bien précis. Certaines autorisations comprenaient d’ailleurs des avantages considérables : l’une d’entre elles permettait en effet le départ vers l’Égypte de trente galées et dix nefs, pour un prix de 12.000 écus d’or. Elle avait été délivrée par Clément VI à son neveu, le vicomte de Turenne et comte de Beaufort Guillaume Roger III, et fut finalement vendue au doge de Venise par l’intermédiaire d’un tiers36. Or, nous retrouvons précisément dans notre liste (aux années 1362 et 1371) ce même Guillaume Roger. Cet exemple montre donc que les destinataires de licences pouvaient être des habitués et bénéficiaient ainsi d’une véritable rente de situation37. Un minutier du notaire barcelonais Jaume Ferrer, très riche en informations sur le commerce avec l’Orient méditerranéen, témoigne également du cheminement complexe de certaines licences. Dans de nombreux cas, celles-ci devaient passer par plusieurs mains avant de parvenir finalement à celui qui allait les utiliser38. Ces étapes, lorsqu’elles peuvent être reconstituées, font souvent apparaître les mêmes intermédiaires — parmi lesquels figuraient aussi des banques —, qui semblent ainsi s’être spécialisés dans un véritable commerce des licences pontificales. Celles-ci étaient donc devenues un placement financier que l’on pouvait diviser en différentes parts et surtout faire fructifier en le revendant à meilleur prix, lorsqu’un patron de navire en avait besoin pour organiser légalement un voyage vers le Sultanat39.
20En dépit de ces nombreuses manipulations, les prix des licences sont très rarement indiqués. Seules les opérations consignées dans les livres de comptes de la banque Descaus et d’Olivella révèlent que deux de ces autorisations pontificales avaient été acquises le 29 janvier 1377 et payées 100 florins (ou 55 livres) chacune, soit un prix très abordable40 ; cependant, dès le 15 mars suivant, elles étaient partiellement revendues pour une valeur totale de 160 florins chacune, soit un appréciable bénéfice de 60 %41.
21En outre, la longue énumération des licences pontificales utilisées par les marchands et les patrons de navire catalans fait clairement apparaître un phénomène de réutilisation des licences, alors qu’il était pourtant précisé que celles-ci étaient délivrées pour un seul bâtiment42. L’hypothèse d’une erreur de copie doit évidemment être écartée puisque la procédure en vigueur imposait au patron du navire de présenter sa licence au vicaire de l’évêque au moment où il prêtait serment. Il faut donc en déduire que le nonce épiscopal ne vérifiait pas si l’autorisation produite avait déjà été utilisée — ce qui en effet n’était guère réalisable, compte tenu du grand nombre d’autorisations accordées à partir du milieu du XIVe siècle — et que des patrons de navire réintroduisaient sur le marché des licences dont certains s’étaient déjà servis.
22Le système des autorisations pontificales engendra donc rapidement des pratiques guidées par des considérations purement vénales, très éloignées des objectifs - fort théoriques il est vrai – de défense de la Chrétienté face à l’Islam. Cependant, la dérive du système prit encore de plus amples proportions lors du Grand Schisme.
23Entre 1377 et 1386, d’après la liste des licences utilisées par des patrons de navire catalans, aucune autorisation pontificale ne fut plus délivrée ; mais ensuite leur nombre s’accrut, surtout à partir de la dernière décennie du XIVe siècle. Elles furent toutes délivrées parles antipapes d’Avignon Clément VII et Benoît XIII, qui entendaient sans doute ainsi favoriser les sujets des rois qui leur étaient restés fidèles : Jean Ier d’Aragon puis son successeur Martin les soutinrent en effet. C’est dans ce contexte favorable à la multiplication des licences que les cardinaux nommés par ces antipapes, ainsi que certains abbés de grands monastères de la couronne d’Aragon, furent autorisés à délivrer eux-mêmes ces autorisations, ce qui contribua encore à en accroître le nombre : un document notarié montre que le patron d’une barxa de Santander, à peine arrivé à Barcelone, était personnellement reparti pour Avignon pour y acquérir une licence, afin de pouvoir conduire son embarcation « ad partes ultramarinas », en avril 139043. L’épisode montre avec quelle facilité on pouvait se procurer une telle autorisation, laquelle apparaît bien, d’après le contrat, comme une simple formalité administrative, la seule contrainte étant alors de se déplacer jusqu’en Avignon. Cependant, lorsque les cardinaux nommés par les papes d’Avignon et les principaux abbés du royaume d’Aragon bénéficièrent eux aussi du pouvoir d’accorder des licences, cette ultime difficulté disparut à son tour.
24À partir du concile de Constance, le nombre des autorisations pontificales délivrées décrut enfin. Après 1418, les registres de l’Arxiu Diocesà de Barcelona ne font plus mention de la pratique du serment prêté par les patrons de navire auprès du vicaire de l’évêque. Néanmoins, les licences pontificales continuaient d’être théoriquement obligatoires pour se rendre en Égypte ou en Syrie, puisqu’un registre fiscal de l’Arxiu de la Corona d’Aragó mentionne le cas d’une nef partie sans ce document en octobre 1424. L’absence d’autorisation pontificale n’interdisait pas le départ du navire ; elle imposait simplement de doubler la taxe grevant les marchandises chargées à son bord44. Les licences avaient donc cessé d’être un instrument privilégié de la politique du pape pour n’être plus qu’une sorte de droit formel à acquitter au profit du Trésor pontifical au moment du départ des embarcations.
25Enfin, comme le suggère l’exemple de ce navire parti sans autorisation, il serait évidemment illusoire de croire que tous les bâtiments occidentaux en partance pour le sultanat mamelouk appareillaient munis de leur licence en bonne et due forme. En effet, le roi Pierre IV et les Conseillers de Barcelone prirent en 1373 des dispositions pour taxer les marchandises et les navires qui franchissaient la Méditerranée sans autorisation pontificale, ce qui prouve que cette pratique n’était pas rare45. En l’absence de tout document comptable relatif à ce commerce illicite, dont les marchands cherchaient évidemment à effacer les traces, il est bien sûr vain d’avancer un chiffre ou une estimation.
II. — Barcelone, point de départ de pèlerinages vers la Terre sainte
26Un aspect bien particulier des relations avec l’Égypte et la Palestine était souvent invoqué pour solliciter ou autoriser nombre de ces licences pontificales : le désir d’effectuer un pèlerinage ou de conduire des pèlerins en Terre sainte, où le Saint-Sépulcre avait déjà attiré de nombreux Catalans au moins depuis la fin du Xe siècle46. L’accès aux Lieux saints devint certes un peu plus difficile au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle, du fait de la reconquête du dernier État latin en Palestine et des efforts de croisade auxquels participa notamment le roi Jacques Ier. Mais dès la fin du siècle et le début du suivant, les Mamelouks permirent de nouveau les pèlerinages de chrétiens dans cette région, en particulier pour ceux qui possédaient un sauf-conduit du roi d’Aragon47.
27Pourtant, à cette époque, Barcelone ne semble avoir joué qu’un rôle assez limité comme point de départ vers la Terre sainte : c’est ainsi que le pèlerin Guillem Treps, qui a laissé une brève relation de son voyage effectué en 1323, s’embarqua à Tarragone et non dans la capitale catalane48. Par ailleurs, au cours de la première partie de son règne, le roi Pierre le Cérémonieux délivra peu de sauf-conduits aux pèlerins qui souhaitaient aller en Palestine49. Certes, des contrats de nolis pour Chypre, Beyrouth et Alexandrie, conclus entre 1353 et 1357, attestent la possibilité de transporter des pèlerins, mais le nombre de ces derniers est toujours restreint à un maximum théorique de quarante ou cinquante individus, pour des voyages à vocation avant tout commerciale50. Assurément, Barcelone ne jouait pas à l’époque un rôle déterminant, contrairement à Venise où un navire destiné à cet usage, la galère pèlerine, embarquait chaque année des passagers venus de toute l’Europe pour de véritables voyages organisés à destination de la Palestine51.
28Les départs individuels depuis Barcelone sont toutefois attestés en plus grand nombre à partir des années 1370-138052. Puis, au cours de la dernière décennie du XIVe siècle, apparaissent quelques exemples de navires spécialisés dans le transport des pèlerins vers la Terre sainte. Grâce au contrat d’engagement du pilote, en date du 6 avril 1390, nous avons connaissance du départ d’une barxa dirigée par un patron de Santander qui devait mener depuis Barcelone jusqu’à Jaffa ou Acre des pèlerins souhaitant visiter le Saint-Sépulcre53. Une vingtaine de navires voyageant sans doute dans ce but sont documentés entre 1390 et 1422. Outre la mention explicite de leur objectif de pèlerinage, attesté dans quelques cas54, tous ces voyages présentent la particularité de débuter en avril — ou parfois en mai — et d’avoir pour destination Jaffa, qui était effectivement le port de débarquement des pèlerins en Palestine55. On notera également le rôle important joué dans ce domaine par les patrons de navire de la couronne de Castille, puisque dans un cas sur trois ce sont eux qui assuraient la direction du voyage vers la Terre sainte à partir de Barcelone56. Cependant, c’est à bord d’un bâtiment catalan que Nompar de Caumont, qui nous a laissé un récit de pèlerinage des plus intéressants, s’embarqua en mai 141957. : la nef commandée par Ramon Serra et Francesc Ferrer, qui le conduisit à Jaffa, est en effet citée dans le registre fiscal du dret de les drassanes, lequel confirme bien qu’elle conduisait des pèlerins vers « les terres du sultan de Babylone58 ».
29Durant cette période de relations soutenues, et parfois même dès le milieu du XIVe siècle, se dessine une géographie bien particulière de l’origine des pèlerins embarqués. Parmi eux, on trouve bien entendu surtout des sujets de la couronne d’Aragon mais aussi des Castillans et des Léonais59 ; hors de la Péninsule, Gascons, Béarnais, Bordelais et autres habitants du duché de Guyenne sont également présents60 ; enfin, profitant du rôle d’étape joué par ce duché, qui appartenait alors à leur souverain, plusieurs pèlerins anglais partirent eux aussi de Barcelone61. Remarquons en effet qu’avant cette période — un siècle plus tôt plus précisément —, l’Irlandais Symon Semeonis s’était embarqué pour la Terre sainte à Venise après être passé par Paris62. Telle était également en 1419 l’intention du Gascon Nompar de Caumont, mais en raison de la guerre qui sévissait en Languedoc son cousin le comte de Foix le dissuada de se rendre à Venise et lui conseilla d’entreprendre la traversée de la Méditerranée à partir de Barcelone63. L’épisode est en définitive révélateur de l’attraction que continuait d’exercer la Sérénissime, y compris parmi les pèlerins dont le point de départ était plus proche de la Cité Comtale.
30Des quittances et reconnaissances de dettes permettent de déterminer le montant d’une traversée à bord d’un navire spécialisé : en 1417, il en coûtait par personne de 6 à 12 florins d’Aragon, soit entre 3 livres 6 sous et 6 livres 12 sous de Barcelone ; ces sommes couvraient l’aller-retour entre Jaffa et Barcelone sur la nef de Bernat Oliva64. La variation de prix — du simple au double — s’explique sans doute par la diversité des conditions de voyage proposées aux passagers65.
31Dans bien des cas, les pèlerins prolongeaient encore leur périple en se rendant également au monastère de Sainte-Catherine sur le mont Sinaï. C’est sans doute pour perpétuer le souvenir de son passage dans ce couvent qu’Antoni Amodier, consul des Catalans de Damas, offrit aux moines, en 1387, un retable représentant la martyre, que l’on peut d’ailleurs toujours admirer sur place66.
32Après 1422, les navires spécialisés dans le transport des pèlerins disparaissent apparemment du trafic de Barcelone avec la Méditerranée orientale, alors que la concession de sauf-conduits royaux pour se rendre dans ces régions cesse dès le début du règne d’Alphonse le Magnanime, ce qui trahit la dégradation des relations diplomatiques entre ce souverain et les sultans mamelouks67. En tant que port d’embarquement des pèlerins vers la Terre sainte, Barcelone n’a donc véritablement joué un rôle important que durant une période d’une trentaine d’années qui coïncide presque exactement avec la phase d’apogée des relations commerciales entre la capitale catalane et le sultanat mamelouk68. Cependant, même au cours de ces années, qui marquent le tournant du XIVe au XVe siècle, cette activité n’a représenté qu’une part somme toute assez secondaire du trafic de Barcelone avec l’Égypte et la Syrie-Palestine69.
Conclusion
33Les effets des mesures pontificales destinées à limiter le commerce occidental avec les Mamelouks, et, d’une manière générale, l’ensemble des valeurs religieuses caractérisant le contexte de la fin du Moyen Age, n’ont eu en définitive qu’un impact limité sur ce négoce. Il est vrai que le pouvoir papal avait lui-même largement contribué à réduire la portée de cette politique, en tolérant un commerce dont il profitait en fait largement, par le biais des amendes absolutoires tout d’abord, puis des licences de navigation que les négociants devaient lui acheter. En fait, il n’était pas dans l’intérêt des papes que le trafic de l’Occident chrétien avec l’Égypte et la Syrie disparût.
34Cependant, en dépit de ses effets directs plutôt limités sur le commerce, l’attitude pontificale devait se révéler déterminante pour la stratégie adoptée par les souverains catalano-aragonais, ainsi que pour celle des Conseillers de Barcelone, qui allaient tour à tour s’efforcer de contrôler ce commerce avec le Sultanat, comme nous pourrons le constater dans le chapitre qui suit.
35Enfin, une autre conséquence marquante de cette politique de prohibitions commerciales reste sans doute, pour l’historien, l’extrême rareté des documents privés relatifs aux échanges avec ces contrées, durant la première moitié du XIVe siècle, puisque les marchands veillèrent eux-mêmes à effacer toute trace de ces activités70. Le cas est particulièrement net pour le trafic de Barcelone, pour lequel les sources les plus complètes sont bien, pour cette époque, les différentes séries documentaires correspondant aux amendes perçues pour chaque type de délit par les agents du pape ou du roi. Les mesures pontificales ont donc bien constitué un cadre officiel longtemps contraignant, bien que souvent contourné par ceux qu’elles visaient directement, c’est-à-dire les marchands.
Notes de bas de page
1 Au regard de bien des théologiens en effet, les objectifs du marchand — en particulier l’esprit de profit — pouvaient apparaître tout à fait contraires aux valeurs de la morale chrétienne. Voir à ce sujet Raymond De Roover, La pensée économique des scolastiques. Doctrines et méthodes, Paris, J. Vrin et Montréal, Institut d’Études Médiévales, 1971 : les valeurs de justice défendues par la morale scolastique s’opposaient en particulier à l’esprit de profit qui animait les marchands (pp. 43-44, 54 et 61-62). De nombreuses recherches ont cependant démontré depuis fort longtemps que les positions souvent très théoriques de l’Église étaient largement restées sans effet sur le développement des pratiques marchandes au Moyen Âge (ibid., p. 91) ; voir aussi Jacques Le Goff, « Au Moyen Âge : temps de l’Église et temps du marchand », Annales ESC, 15, mai-juin 1960, pp. 417-433, spéc. p. 417 ; Julius Kirshner, « Les travaux de Raymond de Roover sur la pensée économique des scolastiques », Annales ESC, 30, 1975, pp. 318-338, spéc. p. 320 ; etc. Par ailleurs, certains ecclésiastiques, tels les scolastiques, allaient jusqu’à reconnaître ouvertement l’utilité des négociants pour l’ensemble de la société, pourvu que leur rôle s’inscrivît dans le cadre de règles de base définies par l’Église ; voir en particulier, pour les pays de la couronne d’Aragon, les sermons du dominicain valencien Vincent Ferrier, étudiés dans Miguel Llop Catalá, San Vicente Ferrer y los aspectos socioeconómicos del mundo medieval, Valence, Ayuntamiento de Valencia, 1995, pp. 181, 185, 187 et 201 ; parmi ces règles de base figurait bien entendu la prohibition de l’usure.
2 L’expédition tourna court cependant, en raison d’une tempête qui dispersa ses galères au large des Baléares (M. Fernández Navarrete, « Disertación histórica sobre la parte que tuvieron los españoles en las guerras de Ultramar o de las Cruzadas » ; R. Röhricht, « Der Kreuzzug des Königs Jakob I von Aragonien » ; et F. Carreras i Candi, « La crevada a Terra Santa »).
3 W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen Âge, t. II, pp. 23-51 ; et J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 245-252. Sur ce thème, voir en outre J. Trenchs Odena, « Les “Alexandrini” ou la désobéissance aux embargos conciliaires ou pontificaux contre les musulmans », pp. 169-193, ainsi que J. Richard, « Le royaume de Chypre et l’embargo sur le commerce avec l’Égypte » (en particulier les pp. 125-126,129 et 132, consacrées aux Catalans).
4 Jean-Dominique Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, Florence et Lucques, 1759, réimpr. Paris, 1902, col. 250. Pour les références des autres conciles, voir J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 245-252.
5 W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen Âge, t. II, pp. 23-51 ; et J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 245-252.
6 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 254-255. Au sujet du terme sarracenum, on se reportera à Catherine Otten-Froux, « Encore à propos des “Sarraceni” », dans Laura Balletto (éd.), Oriente e Occidente tra Medioevo e Età Moderna. Studi in onore di Geo Pistarino, Gênes, G. Brigati, 1997 (2 vol.), t. II, pp. 931-938. De son côté, J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », p. 317, fait remarquer en conclusion qu’Alexandrie était certes l’un des ports les plus fréquentés par les marchands catalans mais que les papes avaient une idée très vague des limites des territoires arabes et que la prohibition pontificale visant ce port devait en fait s’étendre à l’ensemble du monde musulman méditerranéen. Ce jugement doit toutefois être nuancé car, après l’expérience des croisades, les papes et leurs principaux conseillers ne pouvaient guère ignorer que le grand port égyptien et la Terre sainte étaient sous la domination du sultan mamelouk du Caire. L’expression d’ailleurs la plus souvent utilisée dans les licences pontificales est « Alexandrie et autres terres soumises au sultan de Babylone » — nom par lequel les coptes, et à leur suite les chrétiens d’Occident, désignaient le sultan du Caire. Le terme Alexandria pouvait donc, à la limite, englober l’ensemble du territoire dominé par les Mamelouks, mais ne pouvait guère désigner la totalité de l’espace méditerranéen occupé par les musulmans.
7 En 1179, au moment où étaient prises les premières mesures de prohibition dans le cadre du concile de Latran III, Saladin affirmait en effet son pouvoir en Égypte et en Syrie et préparait la reconquête de Jérusalem (J.-Cl Garcin, « Les Zanquides et les Ayyubides », pp. 244-245). Le durcissement des interdictions, en février 1229, fut décidé alors que Frédéric II de Hohenstaufen négociait avec le sultan ayyūbide al-Kāmil pour tenter de mettre en difficulté l’Empereur, ennemi irréductible de la papauté (Ernst Kantorowicz, L’empereur Frédéric II, trad. et rééd., Paris, Gallimard, 1987, pp. 175-178 ; et Pierre Racine, Federico II di Svevia, Milan, Giuffré, 1998, pp. 258-259).
8 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 252 et 267 ; et W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen Âge, t. II, p. 27.
9 W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen Âge, t. II, pp. 43-44 ; et G. Arnaldi, G. Cracco et A. Tenenti (éd.), La formazione dello Stato patrizio, p. 551.
10 Voir infra, pp. 30-32. Peut-être cet argument avait-il également convaincu les Génois d’adopter la même attitude que les Catalans bien que disposant, comme les Vénitiens, de comptoirs en mer Noire et en mer Égée où ils pouvaient acquérir de la soie et des épices ; voir W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen Âge, t. II, pp. 34-37.
11 Voir les listes de marchands sanctionnés par les agents du roi entre 1302 et 1334 dans J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », tableaux 1-15, pp. 274-288, établies d’après les Libros de tesorería de la Casa Real de Aragon, éd. E. Gonzalez Hurtebise et d’après À. Masià i de Ros, La Corona de Aragon y los Estados del Norte Africa ; pour les marchands sanctionnés par le pape et ses représentants entre 1317 et 1351, voir J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 290-316). Au sujet de ces amendes, voir infra, pp. 30-32.
12 N. Housley, The Avignon Papacy and the Crusades, pp. 206 et 209.
13 Une nouvelle ambassade vénitienne parvint au Caire l’année suivante (W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen Âge, t. II, pp. 44-46 ; F. C. Lane, « The Venetian Galleys to Alexandria », pp. 433-436 ; Id., Venise, une république maritime, p. 192 ; E. Ashtor, Levant Trade in the Later Middle Ages, pp. 64-69).
14 AHPB Jaume Ferrer, Liber (mars-mai 1349), ffos 80v°-102r° et 106v° ; et Llibre comú (mai 1349), ffos 7r°, 14r° et 35r°-v° ; commendes commerciales à destination de Chypre, Beyrouth et Damas, partiellement publiées par J. M. Madurell i Marimon et A. Garcia i Sanz, Comandas comerciales barcelonesas de la Baja Edad Media, doc. 101-105. Concernant la reprise de la muda d’Alexandrie, voir D. Stöckly, Le système de l’incanto des galées du marché à Venise, p. 2 et tableau 8.3.3. (pp. 378-381) ; et G. Arnaldi, G. Cracco et A. Tenenti (éd.), La formazione dello Stato patrizio, pp. 552, 598-599 et 635-638. Sur le tournant de la politique pontificale concernant les licences de commerce à partir des années 1342-1343, voir également N. Housley, The Avignon Papacy and the Crusades, pp. 208-209.
15 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 253 et 255-256.
16 Telle est également la logique suivie par N. Housley, The Avignon Papacy and the Crusades, p. 202.
17 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 256-260 et 268-269.
18 Ibid, pp. 261-263 ; le produit de ces amendes fut également destiné à financer la conquête de la Sardaigne par Jacques II, ou encore le conflit contre les Gibelins en Lombardie.
19 Entre 1316 et 1351, la Chambre apostolique recueillit, au titre de ces amendes et dans le seul cadre des pays de la couronne d’Aragon, 4.320 florins, 3.309 livres de Barcelone, plus de 8.29 livres de Majorque, 121 écus et plusieurs autres sommes inférieures à celles-ci, exprimées en diverses monnaies ; voir J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », tableau p. 316.
20 Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 20 (d’après ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2910/1, f° 26v°).
21 Voir infra, pp. 114-117.
22 AC A, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2312-2314.
23 Voir infra, le développement consacré aux licences royales, pp. 98-113.
24 J. T Renchs Odena, « “De Alexandrinis” », p. 273 et le développement consacré aux amendes absolutoires, infra, pp. 87.
25 Sur ce thème, voir N. Housley, The Avignon Papacy and the Crusades, pp. 208-213.
26 Voir pp. 825-835.
27 J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », pp. 269-271.
28 Cette série a pour la première fois été exploitée en fonction des objectifs de cette recherche par M. Riu i Riu, « El comercio prohibido con el Oriente islámico ». L’un de ces documents a été intégralement publié dans J. N. Hillgarth et G. Silano (éd.), The Register « Notule Communium » 14 of the Diocese of Barcelona, doc. 557.
29 Dans tous les cas d’utilisation de licence pontificale, ce serment devait être prêté devant l’évêque du port d’embarquement ou son représentant ; voir N. Housley, The Avignon Papacy and the Crusades, p. 210.
30 Voir infra, pp. 165-166, le développement consacré aux états-majors et équipages des navires.
31 E. Ashtor, Levant Trade in the Later Middle Ages, pp. 66-67.
32 Ils vendaient en effet volontiers les autorisations ainsi reçues aux marchands italiens ; voir dans E. Ashtor, Levant Trade in the Later Middle Ages, p. 67 et infra p. 34, le cas de Guillaume Roger III, vicomte de Turenne.
33 Voir infra, pp. 171. Pour sa part, le pape Urbain V tenta de profiter des conséquences de cette expédition pour réaffirmer les interdits théoriques de commerce avec les Mamelouks, en août 1366, puis en juillet 1369 ; mais à chaque fois, la prohibition générale fut de courte durée (N. Housley, The Avignon Papacy and the Crusades, pp. 211-112).
34 Voir l’appendice III, année 1352.
35 Voir ibid., décembre 1375 et mars 1377.
36 W. Heyd, Histoire du commerce du Levant au Moyen Âge, t. II, p. 47 ; K. M. Setton, The Papacy and the Levant, t. I, p. 263. Cet exemple présente en outre l’intérêt de montrer que dès le pontificat de Clément VI (1342-1352), la noblesse du Midi de la France fut associée à ce système de licences qui, dans le cadre du trafic de Barcelone, n’apparaît qu’à partir de 1361, soit à l’extrême fin du pontificat de son successeur Innocent VI.
37 Convenons toutefois que le cas de Guillaume Roger III était peut-être exceptionnel, compte tenu de son lien de parenté étroit avec son oncle Clément VI et de son engagement personnel dans le raid contre Alexandrie, aux côtés du roi de Chypre Pierre Ier ; voir G. de Machaut, La Prise d’Alexandrie, vv. 3322-3377, pp. 101-102.
38 Ainsi, la licence accordée au comte de Ribagorça le 22 novembre 1351 avait-elle été vendue le 23 août 1353 aux marchands Bernat Ferrer, Francesc Des Clapers, Francesc Sa Closa et Bernat Marri par l’intermédiaire d’un certain Julià Viabrea et de son procureur Antoni Gircos ; voir AHPB, Jaume Ferrer, Llibre comú (juin 1353 - octobre 1357), f° 14r°-v°. La licence confiée au comte d’Urgell le 24 septembre 1350 suivit un cheminement plus complexe encore : elle fut une première fois vendue à deux marchands de Manresa, le 18 mars 1355, puis cédée aux banquiers Guillem Amargos et Bernat Bertran ainsi qu’au marchand Bernat Ferrer, le 2 juin 1355 ; le 18 mai de l’année suivante, elle restait entre les mains de ce dernier, mais cette fois en association avec les marchands Francesc Des Clapers et Francesc Sa Closa (intervenant dans le transfert de la précédente licence) ; elle fut enfin partagée en sept parts égales avec Guillem de Turri, Pere Macià, Pere de Galliners et Bernat Martí, le 2 juillet de la même année (on compte donc au total huit marchands, mais peut-être deux d’entre eux n’en possédaient-ils qu’une demi-part) ; voir AHPB, Jaume Ferrer, Llibre comú (juin 1353 - octobre 1357), ffos 37v°-41v° et 77r°-78v°. D’autres exemples pourraient également être cités.
39 Pour la division en parts et le rôle des banques dans la revente des licences pontificales, voir le cas de celle du comte d’Urgell, accordée le 24 septembre 1350, détaillé dans la note précédente. Voir en outre l’exemple des licences achetées en 1377 par la banque de Pere Descaus et Andreu d’Olivella : deux d’entre elles avait été acquises auprès de « madona d’en Francesc d’Aversó per mà de Samuel de Caules e d’en Mase Sansón » ; elles furent ensuite partagées, l’une à raison de trois quarts pour le marchand Berenguer Martí et le quart restant pour la banque, et l’autre selon la proportion inverse, à savoir un quart pour le même marchand et trois quarts pour la banque ; voir R. Conde i Delgado de Molina, « Las actividades y operaciones de la banca barcelonesa trecentista de Pere Descaus y Andreu d’Olivella », p. 163. Ces nombreux intermédiaires ne sont malheureusement pas précisés dans la série des Registra communium de l’Arxiu Diocesà de Barcelona.
40 Sans citer de chiffres, E. Ashtor, Levant Trade in the Later Middle Ages, p. 67, laisse cependant entendre que les prix étaient assez élevés au moment où ces licences pontificales commencèrent à se généraliser, soit au milieu du XIVe siècle.
41 R. Conde i Delgado de Molina, « Las actividades y operaciones de la banca barcelonesa trecentista de Pere Descaus y Andreu d’Olivella », p. 163.
42 Voir les cas de la licence accordée au comte de Ribagorça le 2 décembre 1352 ; de celle attribuée au roi Pierre IV (prévue pour quatre bâtiments, mais finalement utilisée par cinq embarcations) ; voir également la licence accordée le 11 décembre 1371 ; puis celle du comte d’Urgell, datée du 20 avril 1372, etc. (on trouvera à l’appendice III les départs multiples correspondant à chacune de ces licences).
43 AHPB, Bernat Nadal, Manual (octobre 1389 - juin 1390), f° 79v°2.
44 ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2910/1, f° 21r°1.
45 Voir infra, pp. 87-89 et 111-113, les développements consacrés aux amendes absolutoires et aux licences royales. Voir également les divers témoignages produits lors du procès de Joan Ribalta (1375), signalant le départ depuis la Catalogne d’au moins trois nefs sans licence au cours des dernières années précédant cette affaire ; voir ACA, Cancelleria Reial, Procesos en folio, leg. 129, n° 18, ffos 8v°-9r°, 15v°-16r°, 37v° ; il s’agirait des coques d’Arnau Guerau et d’en Rovira, ainsi que d’une coque génoise partie de Blanes (sans indication de dates de départ).
46 J. Gudiol, « De peregrins i peregrinatges religiosos catalans », pp. 95-103.
47 Voir le traité de 1290 conclu entre Alphonse III et al-Manṣūr Ḳalāwūn (P. M. Holt [éd.], Early Mamluk Diplomacy, clause 18, p. 137) ; voir en outre B. Dansette (intr. et trad.) Le voyage d’outre-mer à Jérusalem [de Nompar, seigneur de Caumont], pp. 1057-1123.
48 J. Pijoan, « Un nou viatge a Terra Santa en català », p. 374.
49 Jusqu’aux années 1360, seuls trois sauf-conduits ont pu être relevés (ACA, Cancelleria Reial, reg. 875, ffos 153r°4 et 204v° [1343] et reg. 896, f° 102r° [1353]).
50 AHPB, Jaume Ferrer, Llibre comú (juin 1353 - octobre 1357), f° 6v° (nolis pour Chypre, 1353) ; f° 53r° (nolis pour Chypre et Beyrouth) ; f° 88r° (aucun pèlerin ne pourra être accepté à bord sans le consentement des marchands ; nolis de 1356, pour Alexandrie) ; f° 114v° (nolis de 1357, pour Chypre).
51 B. Dansette, « Les relations du pèlerinage Outre-mer : des origines à l’âge d’or » dans Danielle Régnier-Bohler (dir.), Croisades et pèlerinages. Récits, chroniques et voyages en Terre sainte (XIIe-XVIe siècle), Paris, R. Laffont, 1997, pp. 881-892 (voir p. 892) ; voir également D. Stöckly, « Sur le chemin des galères vénitiennes vers la Terre sainte. L’étape de Rhodes ».
52 A. Rubió i Lluch (éd.), Documents per l’història de la cultura catalana mig-eval, t. II, doc. 177 et 221 ; J. Vielliard, « Pèlerins d’Espagne à la fin du Moyen Âge », p. 269 ; et ACA, Cancelleria Reial, reg. 1867, f° 25v° (1387).
53 AHPB, Bernat Nadal, Manual (octobre 1389 - juin 1390), f° 71v° ; signalé par Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 229, n. 1.
54 Il s’agit des navires suivants : a) Barxa de Diego Pérez, partie en 1390 (Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 229, n. 1) ; b) nef de Martín Lopis de Guirra, appareillant au printemps 1392 (ibid., p. 228) ; c) nef de Francesc Colomer, partie en mai 1397 (ACA, Cancelleria Reial, reg. 2332, f° 66r°) ; d) nef appartenant à Roger de Montcada, appareillant en avril 1398 (AHPB, Bernat Nadal, Manual [janvier-mai 1398], f° 85v°) ; référence signalée par Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 229, n. 1 ; e) nef de Francesc Des Puig, partie en avril 1417 (AHPB, Guillem Donadeu, Llibre comú [1414-1419], non numéroté, 28 avril 1417) ; signalée par Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 229, n. 1. Plusieurs navires ayant également transporté des pèlerins, mais apparemment pas de marchandises, vers l’Égypte et la Syrie sont également signalés dans le premier registre du dret de les drassanes : f) nef de Bernat Oliver, partie en mai 1419 (ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2910/1, ffos 3r°2 et 4r°3) ; g) net de Ramon Serra et de Francesc Ferrer, ayant appareillé an même moment (ibid., f° 2r°2) ; h) nef de Bernat Perpenyà, partie en avril 1420 (ibid., f° 10v°2) ; i) nef de Bernat Perpenyà, ayant appareillé en mai 1421 (ibid., f° 2r°4) ; j) nef de Bonanat Conill, partie en avril 1422 (ibid., f° 2r°1).
55 Voir l’appendice I, pp. 718-770.
56 Voir le cas de Diego Pérez de Santander, précédemment cité, et ceux de Guillermo Reiola, castillan (1391), Martín Lopis de Guirra, castillan (1392), Juan Comes de Séville (1405), Rodrigo Guterris de Santander (1412 et 1415), Juan Angles, basque (1414) ; voir l’appendice I, pp. 718, 720, 746, 756, 758 et 760.
57 B. Dansette (intr. et trad.) Le voyage d’outre-mer à Jérusalem [de Nompar, seigneur de Caumont], p. 1075.
58 ACA, Reial Patrimoni, Mestre Racional, reg. 2910/1, f° 2r°2. Cette spécialisation dans le transport des pèlerins n’empêchait bien sûr nullement les navires d’emporter également quelques marchandises vers le Levant ; voir D. Stöckly, « Sur le chemin des galères vénitiennes vers la Terre sainte. L’étape de Rhodes », pp. 85-87. La nef de Ramon Serra et de Francesc Ferrer, sur laquelle voyageait Nompar de Caumont, transportait en effet également du miel et des draps de laine ; voir AHPB, Bernat Pi, Manual (avril-décembre 1419), f° 4r°-v° (nolis pour Rhodes et Jaffa).
59 ACA, Cancelleria Reial, reg. 1867, f° 25v° (1387) ; reg. 2359, f° 114r°-v° (1413) ; AHPB, Guillem Donadeu, Llibre comú (1414-1419), [non numéroté], 28 avril 1417 (signalé dans Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 229, n. 1).
60 J. Vielliard, « Pèlerins d’Espagne à la fin du Moyen Âge », pp. 269-270 (1380, puis dates non précisées) ; Nompar de Caumont était gascon lui aussi.
61 ACA, Cancelleria Reial, reg. 875, f° 153r°4 (1343) ; reg. 2190, f° 42r° (1397) ; J. Vielliard, « Pèlerins d’Espagne à la fin du Moyen Âge », pp. 269-270 (1382, puis dates non précisées).
62 S. Semeonis,« Le voyage de Symon Semeonis d’Irlande en Terre sainte », p. 968 ; Symon Semeonis effectua son voyage en 1323.
63 Ibid., pp. 1059 et 1073.
64 AHPB, Antoni Brocard, Manuale undecimum (décembre 1416 - mai 1417), f° 76r° (nolis de 12 florins pour deux personnes) ; AHPB, Guillem Donadeu, Llibre comú (1414-1419), [non numéroté], 28 avril 1417 (nolis de 119 florins pour un groupe de dix personnes). Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 228, a également relevé le prix de 8 florins ou 4 livres 8 sous par pèlerin à destination de Rhodes ou de Chypre en 1392.
65 La location de cabines pouvait en effet justifier des prix élevés (Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 228). Autre exemple de prix, très différent mais bien antérieur : AHPB, Jaume Ferrer, Llibre comú (juin 1353 - octobre 1357), f° 9r° : 20 livres par personne à bord de la nef de la Companya qui devait gagner Chypre chargée de marchandises en 1353 et qui emmenait également Éléonore, cousine de Pierre IV, qui devait y épouser le futur roi de Chypre Pierre Ier de Lusignan.
66 J. Couyat-Barthoux, « Sur une peinture catalane du XIVe siècle trouvée au monastère du Sinaï », Anuari de l’Institut d’Estudis Catalans ; Ve année, 1913-1914, t. I, pp. 729-733. Par ailleurs, plusieurs sauf-conduits accordés aux membres d’un ordre placé sous l’invocation de sainte Catherine montrent l’intérêt porté, notamment par Alphonse V, au monastère du mont Sinaï (ACA, Cancelleria Reial, reg. 2673, ffos 19r°, 24r° et 127r° [1421]) ; l’année suivante, la venue à Barcelone de frères de l’ordre de Sainte-Catherine du Sinaï est également attestée dans des actes notariés (AHPB, Bernat Pi, Manual [juin 1422 - mars 1423], ffos 26v°-27r°).
67 Voir infra, pp. 55-57.
68 Voir infra, pp. 172-173.
69 Cl. Carrère, Barcelone, centre économique à l’époque des difficultés, t. I, p. 229, aboutit à la même conclusion.
70 Les autorités pontificales vérifiaient en effet le contenu des minutiers notariaux et des livres de bord (J. Trenchs Odena, « “De Alexandrinis” », p. 253).
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