Préambule à la première partie

1Cette première partie étudie l’émergence d’un ministère de l’écriture dans la Compagnie de Jésus et, partant, celle du scriptor jésuite au sein du « lieu » religieux qui le vit naître. Il s’agit de mener cette enquête dans une perspective interne à l’ordre pour approcher l’apparition d’une figure de l’écrivain dans le champ religieux dont l’institution ignatienne est l’une des modalités.

2Pour ce faire, il faut se garder de considérer l’usage exceptionnel de la correspondance jésuite comme la prémisse nécessaire de l’entrée de la Compagnie de Jésus dans une première République des lettres. Analyser le passage de l’écriture épistolaire à l’écriture littéraire est un préalable indispensable pour interroger la Compagnie de Jésus comme « corps écrivant » et examiner comment l’apostolat de plume se détache des autres pratiques de l’écrit mises en œuvre dans l’ordre ignatien. C’est à partir de cette enquête préliminaire sur l’émergence d’un corps de spécialistes de l’écrit que nous pourrons appréhender la figure de Pedro de Ribadeneyra comme scriptor jésuite.

3S’attacher à la fois aux produits de l’activité scripturaire, les textes — dont il convient de discerner les différentes fonctions —, et à leurs modalités de production permet de ressaisir la constitution d’un espace littéraire dans l’ordre ignatien. En d’autres termes, nous examinerons dans quelle mesure l’activité scripturaire participa pleinement de la politique apostolique menée par la Compagnie de Jésus.