La conformation des equitii de l’Afrique romaine d’après les sources textuelles et les mosaïques
p. 25-37
Texte intégral
1Les chevaux de races africaines les plus célèbres, tel le caballus mauriscus1 ou l’equus numidicus2, utilisés pour la course hippique, la guerre ou encore la chasse à courre étaient élevés dans des haras : des exploitations spécialisées dans l’élevage des chevaux. Un haras est plus qu’un simple bâtiment d’élevage, c’est un véritable lieu consacré à la reproduction et au développement d’une race. Mais les villae rusticae romaines étaient par essence pluriactives. Dès lors, il semble que ces haras s’inscrivaient, en général, au sein d’un corps de ferme où les chevaux côtoyaient d’autres animaux. Dans certains textes antiques et tardo‑antiques, les bâtiments d’élevage sont soigneusement décrits. De fait, on trouve dans les traités agronomiques et d’architecture de langue latine de longues descriptions des proportions à respecter, du choix de l’orientation, de l’emplacement et plus rarement des dimensions. Ces données littéraires peuvent-elles être corroborées par l’iconographie ? Seuls quelques pavements provenant de l’Afrique du Nord peuvent éventuellement apporter des réponses. En effet, c’est dans cette région qu’est né un thème spécifique figuré sur des mosaïques : les villae associées à des chevaux3. Cette série, certes très restreinte, nous fournit quelques informations sur la conformation des haras (écuries et pâturages).
2Toutefois, nous devons garder à l’esprit que les bâtiments, figurés sur les mosaïques et décrits dans les différents traités auxquels nous nous référons dans cet article, sont des versions normatives voire idéalisées et doivent donc être utilisées avec précaution.
Les haras d’après les sources textuelles
Les termes utilisés pour désigner les bâtiments d’élevage
3On peut distinguer plusieurs termes qu’il est nécessaire de définir afin de mieux analyser les structures et les emplois des bâtiments d’élevage. À l’époque classique, le terme equile désignait l’écurie ; ce terme est employé par Varron, auteur d’un traité d’agronomie écrit en 37 av. J.‑C.4, et par Vitruve, qui écrivit son De architectura entre les années 35 et 25 av. J.‑C.5. Selon G. Lafaye le terme equile permettait de distinguer l’écurie de l’étable, désignée sous le terme stabulum6. En réalité stabulum pouvait aussi à cette période désigner une écurie. De fait Varron l’utilisait également pour désigner la bergerie7, l’étable pour les bœufs8 ou l’écurie pour les chevaux9. Stabulum s’employait donc dans un sens large. Rappelons également que les stabula du cursus publicus étaient des gîtes d’étape dotés d’une écurie. On y trouvait un bâtiment de réception pour les voyageurs, un hangar pour ranger les véhicules, des granges à fourrage et une écurie pour les chevaux de poste.
4Le contexte permettait donc de préciser le sens de ce terme, comme dans ce passage sur les soins à donner aux chevaux dans le De re rustica de Columelle qu’il rédigea vers les années 60-65 apr. J.‑C. :
Il est très important de ménager la force du corps et la solidité des pieds : on parvient à ce double but en conduisant en temps convenable les chevaux à l’écurie, à l’abreuvoir, à l’exercice, et en les plaçant dans un lieu sec pour que l’humidité n’amollisse point la corne de leurs pieds ; inconvénient qu’on peut d’ailleurs éviter en planchéiant les écuries en bois de chêne, ou en nettoyant avec soin le sol, qu’on couvre ensuite de litière10.
5Dans l’Antiquité tardive, le terme stabulum semble être systématiquement employé pour désigner l’écurie que ce soit dans les codes de lois romains11 ou barbares12, dans les lettres des aristocrates13, dans les œuvres poétiques14, dans les textes hagiographiques15 et enfin dans les textes hippiatriques16. Par ailleurs, au sein de l’administration impériale, stabulum est associé au titre que le personnel, en charge des chevaux et donc des écuries, porte. Le grand écuyer porte le titre de comes stabuli17, le tribun des écuries, celui de tribunum stabuli18. De plus, comme T. Kleberg l’avait constaté, stabulum, avec le sens d’hébergement pour animaux et surtout d’écurie, passa dans les langues romanes et perdit après les ve et vie siècles la signification d’auberge19. Le terme equile n’était alors plus employé.
6Le problème est qu’il est difficile, à partir des sources et de l’emploi de ces deux termes, de faire la différence entre une simple écurie, un bâtiment servant à abriter les chevaux qui dès lors peut être aussi bien situé en ville qu’à la campagne, et un haras, un bâtiment où sont entretenus les reproducteurs pour la multiplication et l’amélioration d’une race. Ce type de structure était logiquement, vu le besoin d’espace requis pour les pâturages, et nécessairement situé à la campagne. Un terme particulier, equitium, qui apparaît chez Columelle, pourrait désigner un haras :
Ceux qui prennent l’élevage des chevaux de race avec sérieux, doivent avant tout s’assurer de posséder un régisseur travailleur et du fourrage en quantité ; car si pour le reste du bétail on peut se contenter de produits de qualité moyenne, un haras nécessite énormément d’application et de grande quantité20.
7Il est aussi utilisé dans le Digeste de Justinien à propos du legs d’une villa21. D’equitium découlerait le terme equitiarius : l’intendant d’un haras. Mais ce dernier n’est employé que dans une seule source, qui plus est un ouvrage d’astrologie, le Mathesis de Firmicus Maternus22. Effectivement, le terme haras, sous la forme haraz, au sens de « troupeaux d’étalons et de juments réunis dans un lieu en vue de la reproduction » n’est attesté dans un texte français qu’aux alentours de 118023. Cependant, les textes des agronomes et des hippiatres étaient destinés à des spécialistes, des éleveurs, ou au moins à des grands propriétaires terriens soucieux d’améliorer leurs cheptels. Aussi peut-on raisonnablement admettre que même si c’est le terme stabulum qui était employé, il désignait bien un haras, puisqu’il était bien question de reproduction. Il en est de même pour les différentes sources mentionnant les chevaux issus des élevages impériaux. Les haras des aristocrates et des empereurs devaient le plus souvent être intégrés au sein d’un grand domaine à la campagne à l’image de la Villa Hadriana24.
Sur la construction et l’emplacement d’une écurie au sein d’une villa
Les conseils d’un spécialiste grec : Xénophon
8A. Blaineau rappelait que Xénophon fut le premier sinon le seul des auteurs de l’époque classique (son ouvrage l’Art équestre est daté des années 60 du ive siècle av. J.‑C.) à évoquer, dans ses livres, les actions des hommes à cheval de son temps, notamment parce qu’il a été lui-même cavalier25. Par la suite, les ouvrages, qu’ils soient d’auteurs grecs ou latins, portant sur le cheval, auraient été rédigés dans l’ombre tutélaire de l’auteur athénien. L’écurie et ses abords sont évoqués dans le chapitre IV de l’Art équestre :
Lorsqu’on achète un cheval qui a séduit et qu’on l’emmène chez soi, il est indiqué que son écurie soit dans un endroit de la maison tel qu’il se trouve constamment sous les yeux du maître ; il est bon encore que la mangeoire soit disposée de telle sorte qu’il n’y ait pas davantage moyen de dérober la nourriture du cheval dans sa mangeoire que celle du maître dans son cellier […]. Les écuries gâtent les sabots même bien conformés si elles sont humides et lisses ; pour éviter l’humidité, elles doivent avoir un écoulement et, pour éviter le sol lisse, un lit de pierres posées l’une contre l’autre, d’une grosseur à peu près analogue à celle des sabots. Car de telles écuries offrent encore l’avantage de fortifier les pieds des chevaux même arrêtés. Pour avoir d’autre part les meilleurs abords de l’écurie, qui durcissent les pieds, il faudra verser à terre, pêle-mêle, quatre ou cinq charretées de pierres arrondies, d’une largeur de main, du poids d’une mine à peu près, et les entourer d’un rebord de fer pour éviter leur dispersion. Arrêté, sur ce sol, il pourrait marcher régulièrement une partie du jour comme sur une route empierrée26.
9Pour reprendre une expression célèbre dans le milieu équin « pas de pied, pas de cheval » : à raison donc, l’hygiène du pied était primordiale pour Xénophon. Des efforts prolongés sur des sols durs provoquent une usure prématurée de la corne du sabot qui peut être à l’origine de blessures. À l’écurie, il est nécessaire de veiller à ce que le pied du cheval ne macère pas dans une litière mal entretenue, la sole et la fourchette pouvant alors être attaquées par l’ammoniaque due à la fermentation. Il faut donc trouver un juste équilibre entre une sole relativement dure qui pourra résister à des efforts prolongés et aux chocs, et une sole qui possédera une certaine souplesse, en étant correctement hydratée, afin que le sabot conserve son rôle premier d’amortisseur. La nature difficile des sols grecs, associée à l’absence de ferrure pendant toute l’Antiquité classique, nécessitait que la corne des sabots soit assez dure pour éviter les abcès. Le sabot doit aussi être régulièrement hydraté pour ne pas « éclater » et provoquer des seimes. Les chevaux vivant à l’année en pâturages vont naturellement mettre leurs sabots dans la boue ou dans l’eau pour l’hydrater et conserver ainsi de la souplesse. Les chevaux vivant à l’année à l’écurie n’ont pas cette possibilité. Pour pallier ce manque, des soins sont indispensables. On comprend mieux cette longue digression de Xénophon sur les différents moyens d’affermir les sabots des chevaux et sur la nécessité d’éviter l’humidité dans une écurie.
Les conseils des agronomes et des architectes latins
10Varron dans son traité d’agronomie traita de l’importance de respecter les proportions entre les bâtiments et les terres, d’avoir de l’eau à volonté et de choisir judicieusement l’emplacement et l’orientation de ces bâtiments27. C’est dans le chapitre consacré aux chevaux qu’il donna quelques indications sur les écuries et uniquement en parlant des soins particuliers à prodiguer aux poulinières :
Quand les juments sont pleines, il faut les ménager au travail, et ne pas les exposer au froid, ce qui leur serait fatal pendant la gestation. Par ce motif, il faut préserver de toute humidité le sol de leurs écuries, et tenir closes portes et fenêtres. On adaptera aussi de longues barres [l’équivalent des bat-flancs ?] aux mangeoires pour séparer les poulinières, et les empêcher de se battre entre elles28.
11La proposition de séparer les poulinières laisse à penser qu’elles devaient avoir un endroit à part, au calme, qui leur était réservé dans les écuries. Cela suppose d’ailleurs des écuries d’assez grande taille pour que les chevaux soient répartis en fonction de leur sexe. Columelle décrivit également les bâtiments et leur emplacement au sein de la villa :
La distribution et le nombre des pièces à construire dépendent de l’étendue de la propriété. La division se fera en trois parties : l’habitation du maître, les bâtiments agricoles et les réserves […]. Pour le gros bétail, on bâtira des étables doubles, les unes pour l’hiver, les autres pour l’été […]. Ces étables seront ordonnées de manière qu’il n’y puisse filtrer aucune humidité, et que celle qui s’y formera s’en écoule promptement, et ne pourrisse ni les fondations des murs ni la corne des pieds des animaux. Les étables à bœufs devront être larges de dix pieds ou de neuf au moins car cette étendue est nécessaire pour que le bœuf puisse se coucher, et pour que le bouvier puisse circuler aisément autour de l’animal. Il n’est pas nécessaire que les mangeoires soient plus élevées qu’il ne suffit au bœuf ou au cheval pour atteindre sa nourriture étant debout. Près de la porte on établira l’habitation du villicus, afin qu’il puisse mieux surveiller […]. Les chambres des gardiens seront près des animaux qui leur sont confiés, afin qu’il soit facile de les soigner29.
12Columelle indique clairement que l’on prenait les mêmes dispositions pour les bœufs et les chevaux. C’est sûrement pour cette raison qu’à l’instar de Varron, il ne mentionne pas les dimensions des écuries. Il devait être convenu qu’il fallait faire comme pour les bœufs. Ces animaux ayant des statures à peu près équivalentes, il paraît en effet assez logique de prendre des dimensions identiques. En considérant qu’un pied romain équivaut à un peu moins de 30 cm, on arriverait à une largeur de 3 m, ce qui correspond par ailleurs à la largeur requise aujourd’hui pour un box (environ 3 m x 3 m) et qui permet effectivement à l’animal de se coucher et au soigneur de circuler sans risque d’être écrasé contre un mur si l’animal bouge. Donc même si Columelle n’indique pas de longueur, on comprend, par ses recommandations complémentaires, qu’elle devait être au moins identique à la largeur. Ces données sont reprises, en partie, par deux auteurs latins ayant publié un traité d’architecture. Vitruve, que nous avons mentionné dans la première sous-partie, détailla l’habitation urbaine puis rurale. Il faut certainement considérer ses plans et ses proportions pour les bâtiments comme des standards pour la période. Il exposa comment, selon lui, une villa devait être idéalement placée et proportionnée :
Il faut d’abord s’occuper de la salubrité […]. La cuisine sera placée dans l’endroit le plus chaud de la cour, et les étables à bœufs attenantes seront tournées vers la cheminée et le soleil levant […]. Leur largeur ne doit pas avoir moins de dix pieds ni plus de quinze ; quant à leur longueur, elle devra être dans la proportion de sept pieds au moins pour chaque paire de bœufs […]. Les étables à brebis et à chèvres doivent être assez grandes pour que chaque bête puisse avoir quatre pieds et demi de place au moins, et six au plus. Les greniers seront élevés et en direction des vents ; ces précautions empêcheront le grain de s’échauffer, et la fraîcheur du vent les conservera longtemps. Les autres expositions engendrent les charançons et tous ces insectes qui rongent ordinairement le blé. Il faut que les écuries soient bâties tout auprès de la maison, dans l’endroit le plus chaud, pourvu toutefois qu’elles ne soient pas tournées vers la cheminée, car les chevaux qui se trouvent placés dans le voisinage du feu perdent l’éclat de leur poil […]. Les granges, les greniers à foin et à blé, le moulin doivent être construits à une certaine distance de la maison, pour qu’elle n’ait rien à craindre du feu […]. Tous les édifices doivent être parfaitement éclairés ; le point est important30.
13D’après les dimensions indiquées par Vitruve il faudrait donc retenir une largeur de 3 m et une longueur de 2,10 m, ce qui paraît peu. Mais nous reviendrons sur ce problème. Deux siècles plus tard, Cetius Faventinus proposa de réorganiser l’ouvrage de Vitruve en un programme plus limité et mieux adapté aux besoins des particuliers. L’abrégé d’architecture privée était destiné aux propriétaires qui étaient désireux de faire bâtir et qui, possédant quelques connaissances, pouvaient dès lors contrôler la bonne marche d’une construction ou jeter un œil averti sur un futur achat. Le chapitre 13 reprend, en gros, les indications de Vitruve sur la disposition des bâtiments :
Tout d’abord, les cours et les cuisines seront disposées aux endroits chauds. Les étables à bœufs seront dans la partie méridionale de sorte que les bœufs regardent vers le lever du soleil ou vers le foyer ; ils gagnent en effet un plus beau lustre à diriger la tête vers la lumière. On établira une largeur de quinze pieds et on laissera à chaque couple de bêtes huit pieds. Il faut que les écuries (equilibus) soient bâties tout auprès de la maison, dans l’endroit le plus chaud, pourvu toutefois qu’elles ne soient pas tournées vers la cheminée, car les chevaux qui se trouvent placés dans le voisinage du feu perdent le brillant de leur poil […]. Les greniers regarderont vers le nord ou le nord-est, pour que les grains se conservent mieux à l’abri grâce à l’air plus froid ; les régions chaudes en effet entretiennent des charançons et d’autres espèces d’insectes qui font des dégâts dans les grains. Les granges, les fenils, les fournils doivent être établis en dehors de la ferme, pour que celle‑ci soit mieux à l’abri du risque d’incendie31.
14Cetius indique des dimensions légèrement supérieures pour la place nécessaire aux bœufs. Il pourrait y avoir deux explications : l’auteur a pu mal recopier le texte de Vitruve ou bien la taille des animaux d’élevage s’étant accrue entre le ier et le iiie siècle apr. J.‑C., un espace plus important était logiquement nécessaire. La deuxième explication est tout à fait probable. Elle est, par ailleurs, corroborée par les données archéozoologiques, tout du moins pour la Gaule. En effet, les archéozoologues français ont mené depuis plus d’une trentaine d’années un grand nombre de fouilles sur différents sites principalement dans le nord et l’est de la Gaule32. Ces fouilles ont permis, entre autres, de répertorier et de mesurer un très grand nombre d’os et de squelettes d’équidés datés entre la Tène finale et le début du Moyen Âge. La synthèse de ces travaux, notamment ceux de Fr. Audoin‑Rouzeau33, P. Méniel34, S. Lepetz35 et de R.‑M. Arbogast36, met en évidence une véritable stratégie d’élevage appliquée par les Romains entraînant une évolution générale et constante de la stature des chevaux. En effet, la morphologie des chevaux gaulois avant la conquête romaine est désormais bien connue : il s’agissait d’un animal caractérisé par une taille modeste, un peu moins de 125‑130 cm en moyenne (avec des spécimens allant de 100 à 140 cm)37. Pour les iie‑iiie siècles, la taille moyenne des chevaux aurait ainsi atteint 138 cm avec des spécimens plus robustes allant jusqu’à 160 cm.
Les conseils d’un agronome de l’Antiquité tardive : Palladius
15Palladius est l’auteur, au ve siècle, du dernier traité agronomique de langue latine. Il sut s’affranchir de certaines idées des agronomes antiques ; c’est en partie le cas pour la construction des écuries et des étables :
Les écuries comme les étables doivent être exposées au midi, mais avoir aussi des lucarnes au nord qui, l’hiver, ne nuiront en rien aux bêtes, pourvu qu’on les tienne fermées, et qui les rafraîchiront l’été, si on les laisse ouvertes38. Étables et écuries doivent être surélevées, afin qu’elles ne soient pas humides, ce qui serait mauvais pour les sabots des bêtes. Les bœufs deviendront plus beaux, s’ils ont auprès d’eux un foyer et s’ils voient la lumière du jour. Pour une paire de bœufs debout, un espace de huit pieds est suffisant, et de quinze dans le sens de la longueur. L’endroit pour les chevaux doit être en plancher de chêne, doux pour leurs flancs lorsqu’ils seront couchés, mais dur pour leurs sabots lorsqu’ils seront debout39.
16Reprenons à présent les données sur les dimensions nécessaires pour qu’un bœuf ou un cheval dispose de suffisamment de place dans une étable ou une écurie :
- Columelle : une largeur de 9 à 10 pieds,
- Vitruve : une largeur de 10 à 15 pieds et une longueur de 7 pieds par paire de bœufs,
- Cetius Faventinus : une largeur de 15 pieds et on laissera à chaque couple de bêtes 8 pieds,
- Palladius : pour une paire de bœufs debout, un espace de 8 pieds, et de 15 dans le sens de la longueur.
17On décèle un problème dans les dimensions avancées par les deux architectes. Il est illogique que bœufs comme chevaux aient plus de place dans la largeur que dans la longueur : soit, si on retient les dimensions de Cetius Faventinus, pour un animal 4 pieds (1,20 m) en longueur et 15 pieds (4,50 m) en largeur. Palladius a en fait rectifié l’erreur ou tout du moins l’imprécision des termes employés par les architectes, bien que nous n’ayons pas la certitude qu’il ait eu connaissance de leur ouvrage respectif : la paire de bœufs debout sous-entend qu’ils étaient placés dans des stalles de chacune 4 pieds de large. Une stalle est bien moins large qu’un box. Les animaux sont généralement attachés et n’ont pas la possibilité de se coucher. Ils restent donc debout, ce qui correspond au fait qu’ils mangent debout. Dans ce cas, la longueur de 15 pieds (4,50 m) est cohérente. Ce qui est tout de même très grand.
18Au final, on peut retenir les dimensions pour un cheval ou un bœuf de 3 m x 3 m, sous-entendues par Columelle, ce qui serait la taille d’un box (ce qui permet à l’animal de se coucher) et de 1,20 m x 4,50 m pour une stalle, d’après Palladius. Il est donc évident que les deux architectes n’étaient pas des spécialistes de la question animale et qu’ils ont probablement recopié, avec des erreurs, le texte de Columelle sur ce sujet.
19Malgré ces discordances métriques, les traités se recoupent sur plusieurs points importants. Tout d’abord sur l’orientation des bâtiments afin qu’ils soient les plus sains possibles ; il faut éviter l’humidité, profiter du soleil et du vent. Les chevaux sont des animaux très sensibles à l’humidité et pas seulement à cause du pourrissement de leurs pieds. Ils sont, en effet, sujets à des problèmes respiratoires, allant du simple rhume à la bronchite qui peuvent dégénérer en emphysème s’ils sont mal soignés ou placés dans un environnement qui n’est pas suffisamment sain. Un cheval qui tousse ne pourra pas fournir un effort prolongé, il est alors difficilement utilisable. C’est pourquoi, à juste titre, le bâtiment doit être placé près des cuisines ou des salles d’eau afin de profiter du système de chauffage. La taille des bâtiments doit être proportionnelle au nombre d’animaux afin que chaque bête profite du maximum d’espace. Il faut écarter le risque d’incendie en éloignant grange et grenier du reste de l’ensemble. Ces principes simples, mais éclairés, apparaissent également dans la littérature hippiatrique latine des ive‑ve siècles apr. J.‑C.
Les conseils dans les traités de médecine vétérinaire
20Dans l’Ars veterinaria de Pélagonius, daté de la seconde moitié du ive siècle, quelques lignes sont consacrées aux écuries40. C’est une synthèse satisfaisante des écrits de Xénophon et des agronomes latins.
21Végèce, qui écrivit son ouvrage intitulé Mulomedicina au début du ve siècle, propose une série de recommandations pour maintenir le cheval en bonne santé. Il s’est montré plus prolixe que Pélagonius sur l’entretien et la qualité des installations. On trouve les mêmes conseils que chez Xénophon, Columelle, Pélagonius et Palladius sur la qualité des sols et sur l’évacuation des urines41. Il se montre par contre plus original, et à juste titre, sur la nécessité de tenir bien propre la mangeoire (patena)42. Comme Varron, il insiste sur le fait que celles-ci doivent être suffisamment éloignées les unes des autres pour que certains chevaux ne se fassent pas voler leur nourriture et puissent manger l’intégralité de leur ration43. Le râtelier à foin (cratis) doit être bien proportionné et à bonne hauteur pour ne pas fatiguer le cheval44. Enfin les écuries doivent être lumineuses, contrairement à ce que recommandait Faventinus, et bien tempérées45.
22On note que Végèce ne propose aucune indication sur les dimensions des installations. D’après ces recommandations sur les mangeoires, qui doivent être bien éloignées, on pourrait penser à un système en stabulation et non en boxes. Les chevaux n’étant alors pas séparés, il n’y avait pas de délimitation à réaliser. D’après M.‑Th. Cam, la nomenclature des installations des écuries est complexe parce que Végèce associe langue courante, latin classique, langue technique de l’architecture et langue populaire (comme le terme zaca46), ainsi que des emprunts au grec47.
Les sources iconographiques : les equitii figurés sur les mosaïques africaines
23L’Afrique du Nord a livré 65 pavements figurant des chevaux. Les mosaïques abordent divers thèmes, principalement les chevaux vainqueurs à la course hippique et la chasse à courre. À travers un thème secondaire, mais spécifique à l’Afrique du Nord, les figurations de villae rurales associées à des chevaux, on trouve quelques equitii.
L’equitium des thermes d’Oued Athmenia
24Les thermes du « Val d’Or » à Oued Athmenia, situés à 32 km de Cirta, sont aujourd’hui célèbres grâce aux mosaïques qui y ont été découvertes. Ces thermes se situent à proximité de l’equitium identifié comme tel par A. Berthier48. Sur deux pavements, les activités préférées du propriétaire des lieux, Pompeianus, ainsi que son domaine ont été figurés. Datées entre le début du iiie siècle et le début du ve siècle et provenant du même atelier, les mosaïques sont construites de façon identique. Elles sont découpées en deux plans. Le plan supérieur représente les différents bâtiments composant la villa et le plan inférieur, les activités auxquelles s’adonnait Pompeianus. Ces mosaïques ont été très endommagées puis ont fini par disparaitre pendant les campagnes de fouilles qui ont eu lieu entre la fin du xixe et le début du xxe siècle49. Des relevés des deux pavements ont été effectués par l’abbé Rousset lors de la première campagne de fouille dans les années 1870 et ont été publiés en 1880. Leur fiabilité a rapidement été remise en cause. É. Morvillez a récemment fait le point sur l’histoire de ces relevés et sur leur liberté « fantaisiste50 ». Malgré la publication de nouveaux relevés beaucoup plus fidèles aux pavements originaux effectués par J. Chabassière et publiés en 190851, ce sont les dessins de l’abbé Rousset qui continuent de circuler52. Dans la partie supérieure de la première mosaïque (fig. 1) est figurée la villa de Pompeianus, clairement identifiée puisque son nom est inscrit entre les bâtiments.
25L’effet de perspective est remarquable et unique, et laisse entrevoir la présence d’une cour intérieure. La structure de la villa paraît conforme aux normes architecturales de l’époque. Au fond de la cour, les bâtiments plus imposants pourraient figurer la pars urbana (la partie de la villa habitée par le propriétaire). Les bâtiments à l’avant de la cour pourraient symboliser la pars rustica (les bâtiments agricoles). Dans la partie inférieure, six chevaux prennent place. Quatre d’entre eux sont dits « affrontés » car figurés face à face. On remarque que les chevaux sont disposés de façon à respecter une certaine symétrie. Les trois premiers chevaux sont directement rattachés au moyen d’une longe aux bâtiments, ce qui pourrait confirmer leur fonction d’écurie. Au centre de ce qui pourrait donc être une écurie, se trouverait une tour de garde pour surveiller les pâturages. Sur la seconde mosaïque, située dans l’atrium des thermes, la villa est beaucoup moins détaillée53. La présence d’une tour de surveillance, au centre, est confirmée par la mention placée au-dessus : « saltuarii janus » (« l’entrée du garde forestier »). À droite est figurée une tour plus imposante dotée de nombreuses fenêtres. Dans la partie inférieure, Pompeianus et d’autres chasseurs à cheval effectuent une capture d’animaux sauvages au moyen d’un vaste filet. Si la fonction de chacun des bâtiments, dont les écuries, ne peut être établie avec certitude, il s’agit bien d’un très grand domaine où étaient élevés des chevaux pour la course et la chasse.
L’écurie du trifolium de Tabarka
26Datés de la fin du ive siècle, trois pavements ornent le trifolium d’une villa dite « de la ferme Godmet » à Tabarka. Ils pourraient provenir du même atelier que la mosaïque du domaine de Julius retrouvée à Carthage54. Ces trois pavements représentent une propriété dans son ensemble : le premier, la maison du propriétaire, le second, les bâtiments de la ferme avec une écurie, des magasins et une scène de pâturages, le troisième, des bâtiments d’exploitations avec des granges, et des vignes à l’arrière-plan. Le bâtiment figuré sur le pavement de l’abside droite (fig. 2), peut être identifié comme étant une écurie à cause du cheval qui est attaché à droite de celui-ci. T. Sarnowski en a proposé un croquis perspectif (fig. 3). Ce procédé est identique à celui de l’equitium d’Oued Athmenia, où au moins un des chevaux est relié au bâtiment par une longe (fig. 1 p. 000)55. D’ailleurs, comme pour l’equitium d’Oued Athmenia, un long bâtiment, qui serait l’écurie, s’ouvre sur une cour intérieure. Il est doté d’une série d’ouverture en arches. À l’arrière, nous pourrions identifier une tour de garde, également présente sur les deux mosaïques des thermes de Pompeianus. L’écurie est flanquée de chaque côté d’un bâtiment, doté d’un étage qui pourrait servir de logement au personnel, le rez-de-chaussée servant alors de hangar pour les attelages et le matériel. Les deux tours à l’opposé de la cour pourraient être les greniers où pailles et fourrages auraient été stockés. Cette interprétation a l’avantage de suivre les préconisations des agronomes sur la nécessité d’éloigner ces bâtiments des autres pour limiter les risques d’incendie. Bien sûr, ces interprétations, à partir de croquis perspectifs, sont sujettes à caution ; N. Duval appelait ainsi à la plus grande prudence tout en proposant d’autres hypothèses56.
27La technique de l’ouverture en arches pour les écuries est bien connue grâce aux mosaïques figurant des hippodromes dotés de carceres : des pièces voûtées dotées d’une grille à simple ou double battant (fig. 4)57. Cette composante architecturale se trouverait sur un des pavements qui compose la mosaïque en damier de la « maison aux chevaux » présentée à l’Antiquarium de Carthage. J. W. Salomonson s’est demandé si le bâtiment à l’arrière-plan aurait pu être une écurie58. On voit effectivement trois ouvertures en arc surmontées d’un chapiteau (fig. 5). Les carceres étaient des stalles d’où les chars attendaient le départ de la course dans l’enceinte du cirque. Si on ne peut pas les considérer comme des écuries à proprement parler, elles servaient bien au logement de chevaux, même pour un court laps de temps et devaient donc répondre aux mêmes contraintes architecturales que les écuries classiques.
L’equitium de la mosaïque d’Hadrumète : une scène de pâturages
28Un autre equitium aurait été identifié avec certitude sur deux mosaïques retrouvées à Hadrumète59. Elles sont datées de la fin du iie-début du iiie siècle. La première mosaïque dite « Les chevaux » (fig. 6) représente une scène de pâturage de juments suitées avec des poulains tétant ou en train de jouer, à l’arrière-plan une montagne à quatre sommets au-dessus trois bâtiments ont été figurés.
29Le premier situé au faîte de la montagne pourrait être un pavillon de chasse car le bâtiment est décoré d’une paire de bois de cerf. Le second bâtiment pourrait être la villa du propriétaire ou le haras. Le troisième bâtiment pourrait être une tour de surveillance. Aux quatre coins de la mosaïque, une paire de chevaux vainqueurs prend place dans un médaillon. Sur chacun de ces chevaux apparaissent les mêmes marques : sur la fesse droite « SORO », sur l’épaule droite « THI » et sur la fesse gauche un symbole. Les marques de SORO/THI ne laissent pas de doute quant au nom de l’éleveur : Sorothus. La deuxième marque a été interprétée à tort, selon nous, par J. Lancha60 comme étant un syrinx (une flûte de Pan). Or il est évident que la marque est une reproduction de la montagne bien particulière et bien reconnaissable figurée au centre de la mosaïque61. Cette montagne est le symbole de la propriété de Sorothus. Nous sommes donc en présence d’une marque qui symbolise un élément géographique du paysage et qui montre clairement que les chevaux naissent et sont élevés à cet endroit dans le but de devenir des chevaux de course. C’est bien un equitium qui est figuré sur cette mosaïque, mais qui montre les pâturages et non les écuries, finalement la partie la plus importante puisque c’est là où les chevaux passent le plus de temps et où les poulains grandissent au côté de leur mère jusqu’au sevrage. Cette représentation de poulinières et de poulains est unique pour toute la partie occidentale de l’Empire62.
L’absence de figurations d’auge ou d’abreuvoir
30Nous n’avons au final aucune représentation d’auges ou d’abreuvoirs dans une écurie. Ce qui est, par ailleurs, tout à fait logique puisque ce sont seulement les façades des bâtiments qui sont figurés sur les quelques mosaïques que nous avons présentées. Toutefois, une mosaïque de la maison des Laberii à Uthina, datée de la fin du iie-début du iiie siècle apr. J.‑C., figure une scène de la vie rurale avec en son centre un équidé (probablement une mule) en train de boire ou de manger (fig. 7). Il est difficile de connaître la nature de l’objet : un panier, une céramique ? Il est en tout cas d’une dimension certaine et est posé à même le sol.
31En conclusion, les données tant littéraires qu’iconographiques sur les écuries et les haras sont très minces. Les écuries décrites par les agronomes doivent bien être comprises comme étant des idéaux à atteindre. On peut juste affirmer que les chevaux comme les bœufs étaient disposés dans des espaces de type box et/ou stalle (conformes aux normes modernes), bien aérés, assurant un maximum de confort et d’hygiène. Les abreuvoirs ou mangeoires étaient situés en hauteur et les animaux étaient attachés séparément pour éviter les conflits au moment des repas. Les données iconographiques proposent elles aussi une version idéalisée de ces bâtiments. Le thème des villas rurales avec des chevaux figurés sur des mosaïques est très restreint et uniquement africain. Les equitii étaient composés de bâtiments vraisemblablement organisés autour d’une tour carrée et de vastes pâturages à proximité. Mais en ce qui concerne la conformation de l’intérieur de ces bâtiments, les mosaïques ne délivrent aucune information. Dès lors, il est impossible en l’absence de données archéologiques d’avancer de réelles conclusions et nous en sommes réduits, comme souvent, à émettre des hypothèses.
Notes de bas de page
1 D’après les auteurs antiques et tardo‑antiques tel Oppien, Cynégétiques, I, 288-290 ; Némésien, Cynégétiques, 258‑272 et 278‑283 ; Corippe, La Johannide, I, 535-540 ou encore Procope, Guerre contre les Vandales, II, 12, 9, le caballus mauriscus était réputé pour son usage à la guerre et à la chasse.
2 L’equus numidicus, d’après la formule de Tite‑Live, Histoire Romaine, XXX, 6, 9, était quant à lui réputé pour sa vitesse et sa rage à remporter les palmes comme le confirment Gratius Faliscus, Cynégétiques, 517‑522, Oppien, Cynégétiques, I, 290‑299 et le Corpus Hippiatricorum Graecorum, I, 115, 2.
3 Ce thème a été développé plus rarement et plus tardivement sur au moins un autre support : la vaisselle d’argent. Par exemple, dans la partie inférieure d’un grand plateau daté du milieu du ive siècle apr. J.‑C. provenant de Cesena (Pirzio Biroli Stefanelli, 1991, fig. 228‑229, p. 219, n. 158) est figuré un étalon harnaché, portant une marque sur la cuisse faisant face à ce qui pourrait être un palefrenier. À droite du cheval est placé un édifice. L. Pirzio Biroli Stefanelli ne propose pas d’interprétation, mais le cheval semble sortir de l’édifice par une porte à double battant. L’association entre l’animal et le bâtiment pourrait être figurée par le pavage au sol.
4 Varron, De re rustica, II, 7, 14.
5 Vitruve, De architectura, VI, 6, 4 (voir p. 7). Il emploie le même terme au paragraphe suivant (VI, 7, 1).
6 Lafaye, 1969 [1892], s. v. « Equile », p. 743. Dans le vocabulaire agricole moderne, le bétail est dit en stabulation lorsqu’il est maintenu dans un espace restreint et clos, couvert (bâtiment) ou non (parc enclos). Les régions tempérées ont toujours contraint les éleveurs à garder les animaux d’élevage en intérieur, au moins de façon saisonnière. Cette pratique était courante dans l’Antiquité que ce soit pour les bœufs ou les chevaux, comme le confirme Columelle, De re rustica, VI, 3, 1 et 2. La stabulation permet une meilleure gestion du cheptel en contrôlant les différents stades de développement (reproduction, gestation, croissance).
7 Varron, De re rustica, II, 2, 15.
8 Ibid., I, 13, 1.
9 Ibid., II, 7, 10, voir p. 5.
10 Columelle, De re rustica, VI, 30, 2 : « Quod utrumque custodiemus, si idoneis temporibus ad praesepia, ad aquam, ad exercitationem pecus duxerimus ; curaeque fuerit ut stabulentur sicco loco, ne humore madescant ungulae. Quod facile euitabimus, si aut stabula roboreis axibus constrata, aut diligenter subinde emundata fuerit humus, et paleae superiectae », trad. de l’auteur.
11 Code théodosien, XV, 10, 2 et VIII, 5, 34, 2 ; Code justinien, XII, 50, 7, 1.
12 Lex ribuaria, III, 78.
13 Sidoine Apollinaire, Correspondance, I, 2, 5.
14 Luxorius, Épigramme, XXVI : « De Fama picta in stabulo circi » (« sur une célèbre peinture d’une écurie de cirque », trad. de l’auteur).
15 Venance Fortunat, Vita sancti germani, XXI.
16 Pélagonius, Ars veterinaria, 226.
17 Code théodosien, XI, 17, 3.
18 Ammien Marcellin, Histoires, XIV, 10, 8, désigne Agilon sous ce titre.
19 Kleberg, 1957, pp. 18-19.
20 Columelle, De re rustica, VI, 27, 1 : « Quibus cordi est educatio generis equini, maxime convenit providere auctorem industrium, et pabuli copiam; quae utraque vel mediocria possunt aliis pecoribus adhiberi, summam sedulitatem et largam satietatem desiderat equitium », trad. de l’auteur.
21 Digeste de Justinien, XXXIII, 7, 19, 1.
22 Firmicus Maternus, Mathesis, VIII, 13, 3 : « In Scorpii parte XII. Oritur Centaurus. Hoc oriente quicumque natus fuerit, aut auriga aut equorum nutritor et cultor, aut certe exercitator aut mulomedicus, aut certe equitiarius ».
23 Roman d’Eneas, 3937, à propos des haras situés en Cappadoce.
24 En Italie, à Tivoli (ancienne Tibur), la Villa Hadriana est un des rares vestiges de ces domaines impériaux qui étaient dotés d’immenses écuries. La villa porte le nom de l’empereur qui la fit bâtir au iie siècle apr. J.-C. C’est un ensemble monumental qui était réparti sur 120 hectares. Les écuries, situées dans le secteur occidental de la villa, pouvaient accueillir une centaine de chevaux. Selon Gros, 2001, pp. 365-366, les écuries souterraines indiquent que la villa était entourée par des pâturages pour permettre aux chevaux de bénéficier du soleil, élément indispensable à leur bonne santé. En l’absence d’informations complémentaires et en considérant le nombre de chevaux que pouvait contenir l’écurie, nous ne pouvons que supposer que la villa abritait bien un haras.
25 Blaineau, inédite, p. 9.
26 Xénophon, Art équestre, IV, 1, 3‑4.
27 Varron, De re rustica, I, 11-12.
28 Ibid., II, 7, 10 : « Cum conceperunt equae, uidendum ne aut laborent plusculum aut ne frigidis locis sint, quod algor maxime praegnatibus obest. Itaque in stabulis et umore prohibere oportet humum, clausa habere ostia ac fenestras, et inter singulas a praesepibus intericere longurios, qui eas discernant, ne inter se pugnare possint », trad. de l’auteur.
29 Columelle, De re rustica, I, 6 : « Modus autem membrorumque numerus aptetur uniuerso consepto, et diuidatur in tres partes, urbanam, rusticam et fructuariam […]. Pecudibus fient stabula, quae neque frigore neque calore infestentur. Domitis armentis duplicia bubilia sint, hiberna atque aestiua […]. Sed omnia stabula sic ordinentur, ne quis humor influere possit: et ut quisque ibi conceptus fuerit, quam celerrime dilabatur, ut nec fundamenta parietum corrumpantur, nec ungulae pecudum. Lata bubilia esse oportebit pedes decem uel minime nouem : quae mensura et ad procumbendum pecori et iugario ad circumeundum laxa ministeria praebeat. Non altius edita esse praesepia conuenit, quae ut bos aut jumentum sine incommodo stans uesci possit. Villico iuxta ianuam fiat habitatio, ut intrantium exeuntiumque conspectum habeat […].Bubulcis pastoribusque cellae ponantur iuxta sua pecora, ut ad eorum curam sit opportunus excursus », trad de l’auteur.
30 Vitruve, De architectura, VI, 6 : « Primum de salubritatibus […]. In chorte culina quam calidissimo loco designetur. Coniuncta autem habeat bubilia, quorum praesepia ad focum et orientis caeli regionem spectent. […]. Bubilium autem debent esse latitudines nec minores pedum denum nec maiores Vdenum ; longitudo, uti singula iuga ne minus pedes occupent septenos. Balnearia item coniuncta sint culinae ; ita enim lauationi rusticae ministratio non erit longe. […]. Ouilia et caprilia ita sunt magna facienda, uti singula pecora areae ne minus pedes quaternos et semipedem, ne plus senos possint habere. Granaria sublinita et ad septentrionem aut aquilonem spectantia disponantur ; ita enim frumenta non poterint cito concalescere, sed ab flatu refrigerata diu seruantur. Namque ceterae regiones procreant curculionem et reliquas bestiolas, quae frumentis solent nocere. Equilibus, quae maxime in uilla loca calidissima fuerint, constituantur, dum ne ad focum spectent; cum enim iumenta proxime ignem stabulantur, horrida fiunt. […]. Horrea, fenilia, farraria, pistrina extra uillam facienda uidentur, ut ab ignis periculo sint uillae tutiores. Si quid delicatius in uillis faciendum fuerit, ex symmetriis quae in urbanis supra scripta sunt constituta, ita struantur, uti sine inpeditione rusticae utilitatis aedificentur. Omniaque aedificia ut luminosa sint, oportet curari », trad. de l’auteur.
31 Cetius Faventinus, Abrégé d’architecture privée, XIII : « De fabrica villae rusticae disponenda. Primo ita cortes et culinae cadicis locis designentur. Bubilia in parte meridiana, ita ut ad ortum aut ad focum boves spectent : nitidiorem enim cultum recipiunt, si ad lumen attendant. Latitudo XV pedibus disponatur et in singulis paribus VIII pedes relinquantur. Equilia calidis locis ordinentur et obscuriora fiant, ut securi equi pabulentur […].Granaria ad septentrionem vel aquilonem spectent, ue aere gelidiori fruges tutius serventur ; vaporatae enim regiones curculiones et alia genera bestiolarum nutriunt quae fruges corrumpunt. Horrea, fenilia, pistrina extra villam sunt constituenda, ut ab ignis peicula villae sint tutiores », trad. de l’auteur.
32 Il serait illusoire de vouloir établir une bibliographie complète de ces études tant la recherche a été prolifique depuis les années 1980, avec des centaines de sites fouillés.
33 Audoin‑Rouzeau, 1994 ; Ead., 1995a et 1995b.
34 Méniel, 1996 reprenant les données de Id., 1984 et Arbogast, Méniel, Yvinec, 1987.
35 Lepetz, inédite et Id., 1996.
36 Arbogast, Clavel, Lepetz, 2002.
37 En référence à la hauteur au garrot.
38 Palladius ne mentionne pas sa source, mais le point de vue de Columelle, De re rustica, I, 6 était différent, voir ci‑dessus p. 28 (« Les conseils des agronomes et des architectes latins »).
39 Palladius, Traité d’agriculture, I, 21 : « De stabulis equorum et boum. Stabula equorum vel boum meridainas quidem respiciant partes ; non tamen egeant a septemtrione luminibus, quae er hiemen clausa nihil noceant, per aestatem patefacta refrigerent. Ipsa stabula propter ungulas animalium ab omni umore suspensa sint. Boves nitidiores fient, si focum proxime habeant et lumen intendant. Octo pedes as spatium standi singulis boum paribus abundant, et in porrectione quindecim. Plancae roboreae subponantur stationibus equorum, ut iacentibus molle sit, stantibus durum », trad. de René Martin.
40 Pélagonius, Ars veterinaria, 226 : « Roborandae sunt et solidandae ungulae diligenter stabuli munditia, ut sine stercore et sine umore stabuletur, ut stabula roboreis axibus constrata sint » (« Il faut endurcir et consolider les sabots en tenant soigneusement l’étable propre : que le cheval séjourne dans un endroit débarrassé du crottin et de l’humidité, que l’écurie soit pavée de planches de chêne », trad. de Valérie Gitton‑Ripoll).
41 Végèce, Mulomedicina, I, 56, 2-3 : « Diligens itaque dominus stabulum frequenter intrabit et primum dabit operam ut constratum pontilis emineat ipsumque sit non ex mollibus lignis, sicut frequenter per imperitiam uel neglegentiam euenit, sed roboris uiuacis duritia et solidate compactum. Nam hoc genus ligni equorum ungulas ad saxorum instar obdurat. Tum praeterea fossa, quae lotium recipiat, deductorium debet habere cuniculum, ne pedes iumentorum redundans urina contingat ».
42 Il est en effet courant de trouver des crottins dans les mangeoires et dans les abreuvoirs, il est donc nécessaire de les nettoyer régulièrement.
43 Végèce, Mulomedicina, I, 56, 3-4 : « Patena quae appellatur, hoc est alueus ad hordeum ministrandum, sit munda semper, ne aliquae sordes cibariis admisceantur et noceant ; loculis praeterea uel marmore uel lapide uel ligno factis distinguenda est, ut singula iumenta hordeum suum ex integro nulla praeripiente consumant. Nam sunt alia ad edendum auidissima, quae cum celeriter propriam deuorauerint, partem consortis inuadunt ; alia uero naturali fastidio tardius comedunt, et nisi acceperint, uicinis eripientibus marcescunt ».
44 Ibid., I, 56, 6 : « Cratis, quae et zaca uocatur a uulgo, pro equorum nec nimis alta sit, ne cum iniuria guttur extendatur, nec nimis humilis, ne conterat oculos et caput ».
45 Ibid., I, 56, 7 : « Luminis plurimum stabulo infundi oportet, ne tenebris assueta, cum producuntur ad solem, uel caligent uel aciem uisus minuant. Aestate in apertis locis tam noctibus quam diebus iumentis libera aura praestanda est, hieme uero tepere debent stabula potius quam calere: nam nimius calor licet custodiat pinguedinem et reficere uideatur, tamen indigestionem facit et uehementius nocet. Nam praeter haec, quod diuersa genera morborum ex uapore ipso animalibus generantur, si producuntur ad frigus insolitum, statim aegritudinem ex frigoris nouitate percipiunt. Curandum est praecipue, ut, siue faenum siue paleas uel manipulos uiciae pro regionum usu uel copia animalibus praebeas, incorrupta ac bene olentia et munda mittantur ».
46 Sur les problèmes de ce terme : étymologie, origine, traduction, voir Cam, 2008, pp. 285-286.
47 Ibid., p. 282.
48 Berthier, 1965, pp. 9-12.
49 De nouvelles fouilles sur ce site exceptionnel n’ont pas pu être réalisées car il a été entièrement recouvert par les eaux à la suite de la construction et de la mise en service du barrage d’Oued Athmenia dans les années 1970.
50 Morvillez, 2012, pp. 304-322 et Id.,2013, pp. 111-118, ainsi que Koumas, Nafa, 2003, pp. 65-68.
51 Chabassière, 1908.
52 Plan d’ensemble, 1880, pl. III (d’après les relevés de l’abbé Rousset) ; Lafaye, 1969 [1892], s. v. « Equitium », p. 792, fig. 2750 ; Vigneron, 1968, t. II, pl. 9, a ; Sarnowski, 1978, pl. 16 et 17 ; Pellicer, Rosario, 1986‑1987, p. 231, fig. 4.
53 La qualité de l’image dons nous disposons ne nous permet pas d’en présenter une reproduction dans cet article mais elle est [disponible en ligne].
54 Pour cette mosaïque, nous renvoyons aux ouvrages de Dunbabin, 1978, pl. XLII ; de Yacoub, 1995, p. 216, fig. 112 ; de Blanchard-Lémée, Ennaifer, Slim, 1995, p. 170, fig. 170 et, pour sa restitution, au dessin de Y. Junius d’après N. Duval [disponible en ligne en cliquant sur « Types de documents » puis « Dessins et relevés » : il s’agit de la troisième restitution de villa sur la droite]. On remarque effectivement une grande ressemblance entre les pavements, surtout si on compare les deux restitutions.
55 On la distingue nettement sur l’essai d’interprétation de la villa d’après le relevé de J. Chabassière (dessin Étienne Barthélémy) dans Morvillez, 2013, p. 115.
56 Duval, 1980.
57 Pour la mosaïque du cirque de Carthage, nous renvoyons à Yacoub, inédite, vol. 4, fig. 1, pour celle du Circus maximus de la Piazza Armerina à Dunbabin, 1999, p. 135, et pour celle du Circus maximus de Gérone à Fabre, Mayer, Roda, 1997. Sur ces mosaïques, les carceres sont placés à droite de la piste. Sur la mosaïque de l’aurige Eros de la faction des verts, les carceres sont placés à l’arrière-plan.
58 Salomonson, 1965, p. 117, fig. 45 dessin de la pl. XLIV (1).
59 Foucher, 1960, pp. 58-59, no 57.120 et 57.121, pl. XXVII, XXX-XXXI.
60 Lancha, 2000, p. 261.
61 Cette idée est confirmée par la seconde mosaïque dite « Les vainqueurs ». Nous y retrouvons des chevaux vainqueurs avec les mêmes marques et la même montagne au centre de la mosaïque (voir Laporte, Lavagne, 2006.).
62 Une scène similaire, un poulain sous la mère, est figurée sur la mosaïque du péristyle du Grand Palais de Constantinople, datée entre le ve et le début du viie siècle (pour la figuration de cette mosaïque nous renvoyons à Dunbabin, 1978, pl. LXXX et Id., 1999, p. 233, fig. 246, pour une discussion sur la datation à Balty, 1995, pp. 22‑26).
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Les « salles à auges »
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