Préparer et exporter la guerre
La poliorcétique berbère dans le détroit de Gibraltar du ve/xie au viiie/xive siècle
p. 167-179
Résumés
En plus de représenter un bouleversement majeur en ce qui concerne la théorie du pouvoir en Islam, l’apparition des dynasties berbères au Maghreb occidental (Almoravides, Almohades, Mérinides) a donné naissance à une configuration territoriale originale. Le détroit de Gibraltar assurait en effet, sous les premiers, une fonction de connexion entre le cœur du régime, situé à Marrakech, et ses provinces andalouses ; sous les derniers, il permettait au pouvoir de tenter d’intervenir pour freiner la Reconquête chrétienne. En ce sens, il a été investi d’une manière bien spécifique par les souverains. En premier lieu, le Détroit servit de vecteur de projection militaire, fréquemment employé. Ensuite, ses sites défensifs se virent soigneusement fortifiés, afin d’assurer l’ancrage du pouvoir dans cet espace stratégique.
Además de haber sido un agotamiento en lo que concierne la teorización del poder en el mundo islámico, la aparición de las dinastías bereberes en el Magreb occidental (almorávides, almohades y meriníes) inició una configuración territorial nueva. En época de los primeros, el Estrecho tenía un papel de conector entre la sede del Estado (Marrakech) y sus dominios en al-Andalus; en época de los últimos, permitió al poder intervenir para frenar la Reconquista cristiana. En este sentido, ha sido investido de una manera muy específica por los soberanos. Sirvió primero como un vector de proyección militar, frecuentemente empleado. Luego, sus sitios defensivos fueron fortificados con gran cuidado, asegurando el anclaje del poder en este espacio estratégico.
Entrées d’index
Mots-clés : Almohades, Almoravides, géostratégie, histoire de la guerre, Mérinides, poliorcétique
Palabras claves : Almohades, Almorávides, geoestrategia, historia de la guerra, Meriníes, poliorcética
Texte intégral
Les gens sur cette terre ne sont que
des ouvriers
qui travaillent chacun au palais bâti en
commun,
puis quittent l’un après l’autre les murs qu’ils ont
bâtis
afin que les suivants viennent couronner
l’édifice.
Labīd,
« Vêtements élimés », dans Khawam, 1995, p. 84.
1En observateur attentif des mutations de son siècle, Labīd (m. 40/661) montrait, à travers ces quelques vers, que dès son avènement, l’Islam s’inscrivait de facto, et ce malgré les ruptures civilisationnelles, dans un processus global de continuité historique. Outre la dimension ouvertement métaphorique exprimée en arrière-plan, le poète évoquait également une pratique multiséculaire parfaitement transposable à l’incursion des dynasties berbères (almoravide, almohade et mérinide) dans le Détroit. Arabe durant plus de trois cents ans et unifié sous une seule et même autorité depuis la conquête des Omeyyades de Cordoue au ive/xe siècle, le bras de mer n’est plus, à partir de 422/1031, que l’ombre de lui-même. Dommage collatéral des luttes intestines pour la succession au califat et victime indirecte d’une histoire orientée vers et pour Cordoue, la périphérie de l’empire, à l’image d’al-Andalus, amorce au ve/xie siècle une profonde transformation tant sur les plans politiques que territoriaux. Si les Ḥammūdides, successeurs testamentaires des Banū Marwān, ont pu un temps conserver une relative unité centrée sur Málaga et s’exerçant sur Algésiras, Tarifa, Tanger et Ceuta1, la menace exercée par les potentats locaux voisins, en al-Andalus comme au Maġrib al-Aqṣā, a rapidement fini d’achever le rêve expansionniste arabe. Incapables de se regrouper et de contenir les pressions extérieures, les mulūk al-ṭawāʾif (rois des taïfas) ne peuvent empêcher le morcellement du pouvoir et l’inexorable affaiblissement militaire qui l’accompagne. La chute de Tolède, dès 1085, est un aveu d’impuissance de la part de ces jeunes dynasties dans leur lutte pour le rétablissement d’une autorité centrale et fédératrice. Depuis le front septentrional, la Reconquista menace activement les principautés indépendantes arabo-andalouses qui n’ont plus alors qu’une échappatoire possible, celle de solliciter l’aide des royaumes berbères, almoravide, almohade puis mérinide, demande réitérée à chaque vacance du pouvoir.
2Pour plusieurs raisons, la période allant du ve/xie au viiie/xive siècle peut être analysée comme une charnière historique importante. Sur le plan politique, on assiste d’abord à un revirement ethnique — les Berbères passant de subordonnés à subordonnants —, mais aussi, suite à des changements de capitales, à une inversion des axes régaliens s’exerçant sur le Détroit (passage de nord/sud à sud/nord). Enfin, sur le plan urbanistique, ces quatre siècles sont marqués par l’essor des villes2, une phase de progressive réoccupation côtière elle-même dynamisée par le nouvel attrait économique que constituent les nombreux débouchés maritimes. On l’aura compris, tous ces changements sont autant de sources de conflits qui eurent des répercussions directes sur l’histoire médiévale du Détroit. Dans un contexte où la gestion du bras de mer alterne entre guerre et paix, entre ruptures politiques et continuités urbanistiques, entre préexistence ethnique et affirmation identitaire, mais aussi entre lieu de passage et frontière naturelle, on peut s’interroger sur la manière dont les dynasties berbères se sont positionnées dans la région du Détroit. Ainsi, de la consolidation de l’autorité à la mise en place de systèmes de défense urbains, quelle place fut accordée à l’architecture dans les politiques berbères ? En outre, une fois les problèmes de légitimité résolus, la nécessité de s’étendre se fit vite ressentir. À ce titre, de quelles manières la guerre fut-elle exportée ? Et par quels moyens les dynasties berbères ont-elles pu anticiper les attaques extérieures ?
3Pour tenter de mettre en lumière ces transformations, nous consacrerons une première partie à la préparation de la guerre sur le territoire. Nous aborderons alors le développement poliorcétique des principaux centres côtiers en portant une attention particulière à certains sites paradigmatiques de l’empreinte historique berbère. Dans une seconde partie, nous traiterons du second volet de notre thématique, c’est à dire le fait d’exporter le conflit en dehors du sol berbère. Il sera question du ǧihād — vu à travers les ports utilisés à cet effet — et de la surveillance des côtes à partir d’une infrastructure particulière : la tour de vigie.
Préparer la guerre au sein du territoire : les fortifications berbères, de la fonction régalienne au faire-valoir politique
Les Almoravides ou l’adaptation défensive d’un réseau urbain préexistant
4Lors de l’incursion almoravide dans le détroit de Gibraltar, les franges littorales sont déjà considérablement urbanisées. Depuis l’Antiquité, des sites comme Ceuta (Septem Fratres), Qaṣr al-Ṣaġīr, Tanger (Tingis), Asilah, Larache (par déplacement de la population de Lixus) en rive sud du Détroit, ou comme Algésiras (Iulia Traducta), Carteia, Cadix (Gades), Séville (Ipsal), Málaga (Malakka) en rive nord assurent déjà des fonctions portuaires importantes. Si ces sites sont directement plus ou moins réinvestis, on observe toutefois un net repli intérieur généralisé au lendemain de la conquête et durant les phases émirales, les Omeyyades et les Idrissides étant davantage préoccupés par le renforcement de leurs autorités politiques au sein de leurs capitales respectives, Cordoue et Fès, placées alors sur les principaux axes commerciaux des iie/viiie et ive/ixe siècles. Les rives à cette période sont donc loin d’être sûres. Elles sont même fréquemment attaquées par les Maǧūs (Vikings)3 quand elles ne servent pas d’échappatoire, de centre de communication ou de base d’approvisionnement aux dissidences locales comme ce fut le cas avec Ibn Ḥafṣūn4. Il faut alors attendre le califat et la conquête du Maġrib al-Aqṣā (ive/xe siècle) pour que les deux côtes se retrouvent à nouveau placées sous une seule et même autorité. Cette période correspond à une lente mais progressive réoccupation des côtes qui, sans nouvelles fondations mais uniquement par transfert de population, se fait au détriment des châteaux isolés et situés sur les hauteurs. Un phénomène urbanistique et démographique qui est largement prorogé durant la première période des taïfas (ve/xie siècle) sous l’égide des Ḥammūdides, des Zirides de Grenade et des Abbadides de Séville, et poursuivi par le pouvoir almoravide.
5Si l’on ne dénombre aucune nouvelle fondation urbaine almoravide au niveau du Détroit, cela ne signifie pas pour autant que l’impact urbanistique fut nul, bien au contraire. Après avoir consolidé leur autorité politique à partir de la nouvelle capitale Marrakech, Yūsuf b. Tāšufīn et ses successeurs lancèrent une vaste politique de dynamisation des localités côtières. La première ville du Détroit à échoir sous leur autorité est Tanger. La prise de la ville leur permit alors de devenir maîtres de toute la côte atlantique. Si nous ne disposons que de très peu d’informations textuelles pour cette période — les auteurs médiévaux mettant davantage l’accent sur le passé glorieux de la ville5 — on peut cependant penser que la localité fut fortifiée et que son port continua à jouer un rôle important, en particulier grâce à son arsenal6. Plus à l’est, le petit château et la muraille de Qaṣr al-Awwāl7 sont également rénovés. L’espace portuaire semble être plus ou moins actif, mais sans preuves textuelles et matérielles il nous est impossible d’en juger l’ampleur. On retiendra que la localité reste secondaire et qu’à cette époque le principal site sur le Détroit est et reste Ceuta. Longtemps convoitée, ce n’est qu’après un siège laborieux8 que les Almoravides finissent par s’emparer de la ville, en 476/1083. Ils percent alors une porte permettant d’accéder au littoral et dotent la ville d’une tour navale9 affichant dès lors leur orientation expansionniste vers la péninsule et les prémices d’une politique de contrôle étendue du Détroit.
6En mettant le pied en al-Andalus les Almoravides poursuivent l’effort de fortification côtière et les accroissements urbains entrepris durant la première période des taïfas. Ce phénomène est perceptible à Algésiras où Yūsuf b. Tāšufīn fait construire une barbacane et creuse un fossé devant les murs de la ville, mais aussi dans le faubourg oriental de Tarifa, qui reçoit un développement défensif analogue10. À Séville l’ancien palais et les murailles sont largement réutilisés et rénovés — un impôt est même levé à cet effet11 — alors que plus à l’ouest, les Berbères réinvestissent le palais ziride de Málaga qu’ils dotent d’un faubourg (partie septentrionale), puis développent une seconde extension urbaine, vraisemblablement emmurée, sur le côté occidental12. Au début du vie/xiie siècle, ils érigent un ribāṭ, la forteresse de Fuengirola, sur les ruines d’un château omeyyade : destiné à protéger la ville, celui-ci finit très vite par constituer un véritable noyau de peuplement. La place forte, de plan octogonal irrégulier, est accolée à une enceinte en pisé — sur soubassements de pierres — flanquée de six tours13.
Les Almohades, du réemploi urbanistique à l’ancrage symbolique du pouvoir
7Comme les Almoravides, les Almohades14 ont largement réemployé, en les adaptant à leurs besoins, les nombreux centres côtiers préexistants répartis autour du bras de mer : le contrôle des côtes passe alors par une politique systématique de fortification portuaire. Au Maġrib al-Aqṣā, en raison de l’indépendance politique de Ceuta, c’est principalement Qaṣr Maṣmūda, renommée Qaṣr al-Maǧāz (« château du passage »), qui fait l’objet des modifications les plus importantes : le château et l’arsenal sont conservés et l’enceinte urbaine à nouveau fortifiée et entretenue. En al-Andalus, Tarifa, bénéficiant déjà d’une forteresse, est dotée d’une tour et voit sa muraille prolongée dans le faubourg septentrional ; Algésiras reçoit des aménagements similaires.
8En 555/1160, la fondation de Gibraltar met en lumière une autre perspective. Tout en se démarquant de ses prédécesseurs almoravides, ʿAbd al-Muʾmin, premier calife almohade, inscrit physiquement le nouveau pouvoir au sein de son empire, mais aussi au cœur du monde islamique, ce qui se traduit par l’élection de sites chargés d’une dimension symbolique plurielle, à la fois historique, religieuse et militaire. En plus d’inscrire son règne dans le prolongement de la conquête de la péninsule Ibérique, menée par Mūsā b. Nuṣayr (92/711), le calife assume en effet une importante symbologie religieuse, déjà évoquée.
9La seconde innovation urbaine est d’ordre administrative, avec la promotion de Séville au rang de capitale d’al-Andalus, pour des raisons essentiellement pratiques, quoique cette décision puisse aussi être interprétée comme la volonté, portée par un pouvoir berbère, de se détacher de la tradition arabe, représentée par les Omeyyades. Conséquence matérielle de cette ascension, la ville voit son architecture défensive profondément renouvelée.
Le fait urbain mérinide ou la manifestation physique du pouvoir politique
10À l’instar des deux dynasties berbères précédentes, les Mérinides perpétuent, de manière active, l’occupation des anciennes villes du Détroit. Cependant, et contrairement aux Almoravides et aux Almohades, on distingue ici d’un point de vue archéologique deux grandes phases de transformations urbaines ; la première coïncidant avec l’arrivée des Mérinides dans le Détroit, la seconde correspondant à la réaction militaire entreprise pour mettre fin aux ingérences chrétiennes et nasrides dans la zone.
La première phase
11À la suite de la prise de pouvoir de part et d’autre du bras de mer, pour faire face à la hausse démographique toujours croissante dans la région, ainsi qu’à la saturation progressive de certains centres urbains, plusieurs aménagements sont alors mis en place. C’est par exemple le cas de Ceuta, dont l’expansion territoriale est considérablement restreinte en raison de sa position géographique, qui se voit ainsi pourvue de six nouveaux faubourgs15. Dans le même temps, les Banū Marīn ont initié ce que nous pourrions qualifier de totale « redynamisation » des localités côtières qui étaient alors jugées jusque-là secondaires ou inadaptées à leur politique maritime. À cette période, le littoral constitue plus que jamais l’espace à maîtriser. C’est d’ailleurs en fonction de ce principe que des réfections sont apportées à la muraille de Tanger16 et que Tétouan — auparavant détruite par les troupes du calife omeyyade dans sa lutte pour le contrôle de Ceuta — est restaurée dès 685/1286 par le sultan Abū Yūsuf Yaʿqūb (656/1258-685/1286) qui la dote d’une qaṣaba17. Ce phénomène pourrait également expliquer, en partie, les raisons du transfert de population de Tušummus à Larache (al-ʿArāʾiš) survenu au cours du viie/xiiie siècle, car Abdelatif Elboudjay a bien montré que « les deux localités coexistaient jusqu’à ce que la seconde », située en bordure de mer, « ne vienne supplanter la première18 ».
12Ces quelques exemples montrent bien que gérer l’afflux de population dans les villes du Détroit est rapidement devenu une problématique capitale. Or si bon nombre de centres urbains se déploient de manière plus ou moins organisée spatialement, les Mérinides ont su habilement tirer profit de cette situation à des fins stratégiques et délibérément ostentatoire en se lançant dans une véritable politique de planification urbaine. C’est avec le développement des conurbations princières que les sultans expriment au mieux leurs desseins politiques. Désormais capitale de l’empire, Fès fait l’objet de profondes transformations (677/1279). Au noyau existant, hérité des Idrissides, Abū Yūsuf Yaʿqūb adjoignit en effet une extension urbaine, Fès-la-Neuve (Fās al-ǧadīd), destinée à recevoir un palais symbole de son pouvoir19. Ce procédé lui permet alors d’apposer sa marque et de s’inscrire, de fait, dans le passé déjà prestigieux de la ville. En outre, soucieux de conserver la paix dans une al-Andalus dorénavant réduite par rapport aux prétentions territoriales des Almoravides et des Almohades, les Mérinides font, en raison de son importance, le choix d’Algésiras comme base de la décentralisation de leur pouvoir. Par ailleurs et conformément aux modifications urbaines entreprises à Fès, la nouvelle ville forte du Détroit se voit elle aussi dotée d’une conurbation princière. Au centre de cette dernière, on retrouve un complexe palatial20 autour duquel s’organise une architecture consacrée au prestige mérinide : une enceinte maçonnée de forme trapézoïdale percée de trois portes et munie de tours quadrangulaires, un avant-mur en pisé et un fossé. Après six ans de travaux (677/1279-683/1285), al-Binya voit le jour sur le versant nord du río de la Miel, qui divise désormais la ville en deux21.
13On terminera l’inventaire relatif à cette première phase de modifications urbaines par le cas paradigmatique de Qaṣr al-Ṣaġīr. Refondée en 685/1287, la ville centrale du Détroit devint alors l’un des exemples les plus représentatifs et surtout les plus aboutis de la planification urbanistique mérinide. Savamment pensée, la localité s’inscrit, de manière géométrique, dans une enceinte maçonnée quasi-circulaire de 195 mètres de diamètre, munie de vingt-huit tours de flanquement et percée de trois portes (barbacanes) formant un triangle équilatéral22. Le traitement stylistique de l’enceinte, des tours et des portes est fait avec emphase, conférant au nouvel établissement maritime la fonction ostentatoire tant recherchée par les souverains. Reconstruite à un moment où les menaces extérieures ne constituaient pas un réel danger, la ville sert avant tout de faire-valoir politique vis-à-vis des chrétiens, des Nasrides de Grenade, mais aussi des Abbassides dont l’ancienne capitale, Bagdad, ravagée trente ans plus tôt, adoptait un plan analogue. Peut-être Qaṣr al-Ṣaġīr symbolisait-elle l’émancipation politique de la tutelle abbasside ?
La seconde phase
14Avec l’inversion du rapport de force au niveau du Détroit, durant le premier tiers du viie/xiiie siècle, les Mérinides se voient contraints de relancer des campagnes de transformations urbaines. En 728/1328, alors que Ceuta est passée aux mains des Nasrides, le sultan de Fès Abū Saʿīd (710/1310-731/1331), qui en entreprend le siège, fonde devant l’isthme marocain la ville-campement d’al-Āfrāġ — une technique déjà éprouvée lors du siège de Tanger (666/1267-672/1273)23. Terminée sous Abū‑l‑Ḥasan (731/1331-748/1348), cette dernière, munie en son centre d’une zone palatiale et ceinte d’importantes fortifications (mur en pisé de forme triangulaire et tours quadrangulaires)24, a pour vocation d’afficher physiquement la suprématie des Mérinides sur leurs coreligionnaires andalous.
15De l’autre côté du Détroit, les villes mérinides ont fait l’objet d’incessants sièges de la part des chrétiens. Algésiras, Tarifa et Ronda sont donc régulièrement rénovées. On reviendra toutefois pour finir sur le cas atypique de Gibraltar qui, s’il fallait une preuve supplémentaire de la dimension ouvertement ostentatoire des fortifications mérinides, confirme encore une fois l’importance portée par les sultans aux développements urbanistiques et défensifs des côtes, ainsi qu’à l’image véhiculée par la dynastie. À la suite du siège victorieux sur les troupes d’Alphonse XI de Castille (1331-1350), les Banū Marīn redeviennent maîtres de la ville (733/1333). Plusieurs travaux sont alors entrepris sur ordre du sultan Abū ʿInān (749/1348-759/1358), avec l’édification de la Calahorra, la réfection de l’arsenal, le prolongement de la muraille et divers embellissements urbains25. De manière exceptionnelle, une maquette est réalisée à cet effet dont la fonction nous est décrite comme suit :
Le souverain fut si soucieux de Gibraltar qu’il ordonna de construire une maquette de la ville où furent représentés les remparts, les bastions, la citadelle, les portes, l’arsenal, les mosquées, les entrepôts de matériel de guerre, les magasins à grain, la montagne et la turbat al-ḥamrāʾ voisine. On dressa ladite maquette dans l’heureux mišwār. Elle était superbe et parfaitement réussie par les maîtres d’œuvre et quiconque comparait la réalité à cette représentation pouvait juger de la ressemblance parfaite. Le souverain ne fit réaliser cette maquette que parce qu’il désirait être instruit de la situation de Gibraltar, et prendre soin de ses fortifications et de son équipement26.
Exporter les conflits en dehors du sol berbère
Les villes du Détroit : têtes de pont du ǧihād en al-Andalus
16Le moyen le plus sûr d’éviter les destructions sur le sol berbère reste encore d’exporter la pratique guerrière aux marges de l’empire, ou du moins en dehors des villes et du terroir, richesses sur lesquelles se structure toute la société de l’époque. Le ǧihād constitue, à ce titre, un excellent thème d’analyse dans la mesure où la pratique fut continue du ve/xie au viiie/xive siècle et que le Détroit, de par sa position géographique et sa concentration urbaine, y occupe un rôle primordial. Or, bien que le nombre des localités côtières aille toujours croissant, toutes ne disposent pas d’infrastructures adéquates pour assurer la traversée. Paradoxalement, si l’ensemble des villes s’organise autour d’un espace portuaire, Bernard Rosenberger27 a montré qu’en raison de la pauvreté de la documentation textuelle — à laquelle on peut ajouter les lacunes archéologiques résultant des rénovations successives — il est impossible de retenir le port comme seul élément architectural permettant le ǧihād. L’arsenal, sur cette question militaire, est beaucoup plus porteur. Nous en livrons ici un résumé de la situation28 (tableau 1) :
Tableau 1. — Arsenaux et structures défensives dans les ports du Détroit, d’après les sources médiévales
pré-Almoravides | Almoravides | Almohades | Mérinides | |
Tanger | X | X | X | X |
Qaṣr al-Ṣaġīr | X | X | X | |
Ceuta | X | X | X | X |
Málaga | Nasride | |||
Gibraltar | X | |||
Algésiras | X | X | X | X |
Séville | X | X | Chrétien |
17Avec ce tableau synthétique, on obtient, de manière indirecte, une première idée des politiques maritimes berbères. On remarque dans un premier temps que le nombre d’arsenaux sur les côtes croît progressivement, et dans un second temps, que trois villes maghrébines peuvent alors servir de points de départ pour mener à bien une entreprise militaire en al-Andalus, à savoir Tanger, Qaṣr al-Ṣaġīr et Ceuta. Il nous est ensuite possible d’affiner ces informations grâce à une lecture croisée des chroniques. Ces dernières viennent, en effet, corroborer tout en les contextualisant, le choix d’axes privilégiés à différentes périodes (tableau 2).
Tableau 2. — Les itinéraires du ǧihād conduit en péninsule Ibérique par les souverains des dynasties berbères, d’après les sources médiévales
Les Almoravides |
Yūsuf b. Tāšufīn (456/1065-500/1106) |
479/1086 : Ceuta /
Algésiras - Algésiras / Ceuta. 481/1088 : Ceuta / Algésiras - Algésiras / Ceuta. 483/1090 : Ceuta / Algésiras - retour inconnu. 491/1097 : aller-retour inconnu. |
ʿAlī b. Yūsuf (500/1106-537/1143) |
496/1102 : aller-retour
inconnu. 503/1109 : Ceuta / Algésiras - retour inconnu. 512/1118 : aller-retour inconnu. 515/1121 : aller-retour inconnu. 520/1126-532/1137 : aller-retour inconnu, par Tāšufīn b. ʿAlī. |
Les Almohades |
ʿAbd al-Muʾmin (524/1130-558/1163) |
556/1161 : Ceuta / Gibraltar - retour inconnu. |
Abū Yaʿqūb Yūsuf (558/1163-580/1184) |
558/1163 : aller-retour
inconnu. 564/1169 : inconnu / Tarifa - retour inconnu, fait par Abū Ḥafṣ. 580/1184 : Ceuta / Gibraltar - mort du calife, près d’Algésiras. |
Abū Yūsuf Yaʿqūb al-Manṣūr (580/1184-595/1199) |
586/1190 : Qaṣr al-Maǧāz / Tarifa
ou Algésiras - retour inconnu. 587/1191-593/1197 : Qaṣr al-Maǧāz / Algésiras - retour inconnu. |
Muḥammad al-Nāṣir (595/1199-610/1213) |
607/1210-609/1212 : Qaṣr al-Ṣaġīr / Tarifa - retour inconnu. |
Les Mérinides |
Abū Yūsuf Yaʿqūb (656/1258-685/1286) |
674/1275 : Qaṣr al-Ṣaġīr / Tarifa
- Algésiras / Qaṣr al-Ṣaġīr (deux expéditions, l’une en avril,
l’autre en juillet). 676/1277 : Qaṣr al-Ṣaġīr / Tarifa - retour inconnu 678/1279 : de Ceuta à Tanger / Gibraltar - retour inconnu 681/1282 : Qaṣr al-Ṣaġīr / Algésiras – Algésiras / Tanger 684/1285 : Qaṣr al-Ṣaġīr / Tarifa – Algésiras / al-Qaṣr al-Ṣaġīr. |
Abū Yaʿqūb Yūsuf (685/1286-707/1307) |
690/1291 : Qaṣr al-Ṣaġīr / Tarifa - Algésiras / inconnu |
Abū-l-Ḥasan (731/1331-748/1348) |
732/1332 : inconnu / Algésiras -
retour inconnu 740/1340 : Ceuta / à proximité de Tarifa – Gibraltar / Ceuta 741/1341-743/1343 : Ceuta / Algésiras – Algésiras / Ceuta |
18Peu enclins à ériger de nouvelles fondations sur le Détroit, les Almoravides ont conservé, durant leurs neuf incursions armées en al-Andalus (479/1086-520/1126), l’ancien axe Ceuta / Algésiras. Il faut alors attendre les Almohades pour percevoir les prémices d’une réelle appropriation de l’espace côtier. Cette dernière répond avant tout à des prétentions légitimistes. Si, de 496/1102 à 520/1126, l’ancien itinéraire est toujours utilisé, la fondation de Gibraltar en 555/1160 et les améliorations effectuées à Tarifa réorientent les points d’arrivées (556/1161-580/1184), Ceuta étant toujours utilisée comme point de départ. Ce n’est que contraints par des dissensions politiques survenues à Ceuta, à la suite de la prise du pouvoir par le cadi ʿIyāḍ (476/1083-544/1149), un proche de Tāšufīn b. ʿAlī29, que les Almohades réorganisent totalement leur manière d’effectuer les traversées. De 586/1190 à 606/1210, Qaṣr Maǧāz devient le point de départ attitré vers les ports de Tarifa (le chemin le plus court selon al-Idrīsī30) et d’Algésiras qui, contrairement à Gibraltar, dispose d’espaces extra-urbains plus adaptés à recevoir des troupes en campagnes. Sous les Mérinides, l’ancien point de départ almohade, refondé et rebaptisé Qaṣr al-Ṣaġīr, est plus que jamais opérationnel. De 674/1275 à 690/1291, les armées sultaniennes y embarquent à six reprises pour Tarifa ou encore Algésiras. Cependant, sous le règne d’Abū‑l‑Ḥasan, à l’heure où al-Andalus, en proie aux attaques chrétiennes, n’est plus considérée que comme une marche31, on observe un retour de Ceuta sur le devant de la scène. Il ne s’agit plus ici d’exporter le conflit, mais bien de venir en aide aux dernières prétentions mérinides en al-Andalus. Le choix des axes se fait alors de manière raisonnée, à partir du centre portuaire le plus performant, et en direction des villes menacées par les armées chrétiennes.
19Si l’on se penche maintenant sur les villes d’arrivée, on constate qu’exporter la guerre implique, outre le caractère ordalique que constitue la traversée en elle-même32, des préparations préalables afin que l’entreprise ne se solde pas par un échec. Yūsuf b. Tašfīn n’envisage la perspective andalouse qu’une fois Ceuta conquise33 et après s’être assuré du soutien matériel du prince de Séville al-Muʿtamid (461/1069-484/1091), à Algésiras34. Moins d’un siècle plus tard, ʿAbd al-Muʾmin en fit autant et ne posa le pied sur le sol de la Péninsule qu’après la fondation de Gibraltar35. Toutes ces précautions montrent que la guerre occupe une importance de premier ordre dans la société et plus particulièrement encore au sein de la classe dirigeante soucieuse de légitimer, par un acte belliciste, une autorité forte et apte à s’étendre. Les chroniqueurs, mandatés par le pouvoir, participent alors pleinement à ce phénomène, se faisant l’écho des exploits militaires et contribuant ainsi à alimenter une mémoire collective bien souvent embellie, dans laquelle il en va de la victoire comme du prestige du chef militaire et de celui de la dynastie36. En d’autres termes, si le succès est porté au pinacle, la défaite — par les pertes humaines et pécuniaires engendrées — peut, quant à elle, conduire à la déchéance de places fortes stratégiques, à l’affaiblissement des armées, au désaveu du souverain, ou pire, au déclin de l’empire. On comprend alors aisément les raisons qui ont incité Abū Yūsuf Yaʿqūb al-Manṣūr (580/1184-595/1199) à refuser de fournir une aide matérielle et humaine à Saladin, occupé à combattre les Croisés37.
La tour de vigie : l’élément d’un système réticulaire défensif étendu à la côte
20Avec le rattachement d’al-Andalus au Maġrib al-Aqṣā, aux moments où les trois dynasties berbères sont à l’acmé de leur suprématie, le Détroit n’a plus le rôle de « frontière » qu’on lui connaissait lors des différentes périodes de taïfas. Au contraire, et du fait de sa position centrale, ce dernier est désormais intégré à des empires plus vastes, tout en restant paradoxalement une zone de relatif libre passage. Si, d’un point de vue strictement économique, cette ouverture maritime constitue un formidable atout, amenant les villes côtières à supplanter l’hinterland, l’aspect militaire de la question, quant à lui, est beaucoup plus problématique. Ainsi, parallèlement à la hausse des échanges commerciaux — avec le reste du Dār al-Islām et avec les puissances chrétiennes38 —, le nombre possible d’incursions étrangères augmente également. Le Détroit devient alors l’un des points les plus vulnérables des empires par les richesses qui y transitent, et également par la porte d’entrée en territoire berbère qu’il constitue. Devant ce phénomène, que l’on peut approximativement dater du ve/xie au viiie/xive siècle, les villes côtières, bien qu’imposantes, restent néanmoins, par leur mode de répartition éparse, incapables de prévenir de manière efficace les menaces venues de l’extérieur. Pour remédier à ce point faible, les dynasties berbères entretiennent tout en l’accroissant le réseau antique interurbain de tours de vigie, ou ṭalīʿa, assurant, de ce fait, un contrôle étatique effectif des côtes.
21D’un point de vue pratique, le concept est simple. À l’aide de tours maçonnées réparties de façon assez uniforme sur une ligne parallèle au littoral, tirant généralement profit des nombreuses contraintes orographiques de la zone, l’information d’une attaque, relayée à l’aide de volutes de fumée le jour et de signaux lumineux la nuit39, circule rapidement d’un centre côtier à l’autre, et également à l’intérieur des terres, vers les ḥuṣūn et les villes plus importantes. Instrument capital du maillage défensif développé à cette période, les tours de vigie souvent associées à un ribāṭ — celui du Ǧabal Mūsā40 assume des fonctions analogues — n’en demeurent pas moins quasi-absentes des sources textuelles. À l’exception du musnad d’Ibn Marzūq (m. 780/1379) qui, au début du viiie/xive siècle, nous apprend que le sultan mérinide Abū‑l‑Ḥasan en a fait construire sur toute la côte africaine41, ce type de structures architecturales, pourtant omniprésent sur les deux rives, n’est mentionné de manière significative dans les sources, par les chroniqueurs chrétiens, qu’à partir du moment où ils en prennent possession, comme lors de la prise de la Torre del Rocadillo en 743/1343 par Alphonse XI42, et par les auteurs arabo-musulmans, que lorsque le Détroit ne leur appartient plus. Ainsi, dans l’élan nostalgique qui suit la conquête portugaise de Ceuta (818/1415), al-Anṣārī mentionne, dans sa description de la ville perdue, quelque « dix-huit tours de garde installées sur [une distance de] douze milles, à partir de la ville [Ceuta] et [s’étendant] hors d’elle, [dans la région], des deux côtes et bien au-delà aussi, dans [l’arrière-]pays du Rif et de Tanger43 ».
22L’apport archéologique n’est guère plus concluant. Souvent rénovées, occasionnellement abandonnées, parfois totalement détruites ou quelques fois érigées ex nihilo, les tours de vigie utilisées continuellement de l’Antiquité à la Reconquista et jusqu’à l’occupation espagnole du Maroc sont loin d’avoir livré tous leurs secrets. Si les structures se trouvant sur la rive ibérique font depuis quelques années l’objet d’un travail de terrain de plus en plus poussé44, le manque de prospections et de fouilles sur la rive marocaine limite considérablement nos connaissances en matière de répartition spatiale, d’identification et de datation. Seule la méticuleuse analyse de terrain effectuée par Carlos Gozalbes Cravioto45 autorise, pour une période allant du viiie/xive au xe/xvie siècle, un possible et hypothétique recoupement avec les structures mentionnées par Ibn Marzūq ou par al-Anṣārī.
23À partir de ces quelques informations urbanistiques et poliorcétiques, on s’aperçoit qu’en l’espace de quatre siècles l’utilisation première de la ville et des structures défensives qui la composent a profondément changé. Bien que celle-ci ait toujours représenté un espace de représentation de la figure du pouvoir, par la présence en son sein du dār al-imāra (« palais de l’émirat », siège du pouvoir), la fonction des forteresses, des murailles, des tours et des portes est, quant à elle, rapidement passée d’un cadre exclusivement régalien et fonctionnel à une dimension ouvertement propagandiste46. D’un point de vue chronologique, ce sont essentiellement les Almohades qui, dans une politique d’uniformisation esthétique également perceptible dans le traitement stylistique des minarets de Marrakech, de Rabat et de Séville, ont, avec les Nasrides, généralisé la barbacane et un nouveau mode de construction mixte alternant couches de pisé et couches de pierres. Cette conception de la ville comme instrument du politique atteint son paroxysme sous les Mérinides qui, forts d’une émancipation orientale depuis longtemps effective, utilisent ouvertement le fait urbain (les villes campements, Algésiras-al-Binya, Qaṣr al-Ṣaġīr et Gibraltar) dans le but de glorifier le pouvoir sultanien.
Notes de bas de page
1 Crónica anónima de los reyes de taifas, trad. de Maíllo Salgado, 2001, pp. 20-21.
2 Garcin, 1991.
3 Ibn al-Aṯīr, al-Kāmil fī-l-taʾrīẖ, trad. de Fagnan, 1898, p. 220 ; Al-Bakrī, Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, trad. de McGuckin De Slane, 1865, pp. 219-220.
4 Ibn Ḥayyān, Muqtabis V, éd. de Chalmeta, Corriente, Ṣubḥ, 1979, pp. 87-88 et trad. de Viguera Molins, Corriente, 1981, pp. 76-77.
5 Al-Bakrī, Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, trad. de McGuckin De Slane, 1865, pp. 213-214.
6 Picard, 1997a, p. 68.
7 Le site nous est également connu sous le nom de Qaṣr Maṣmūda.
8 Bosch Vilá, 1998, pp. 131-132.
9 Gozalbes Cravioto, 2004, p. 67 ; al-Anṣārī, Iẖtiṣār al-aẖbār, éd. de Benmansour, 1983, pp. 32-33 et trad. de Turki, 1982-1983, p. 134.
10 Torremocha Silva, 2004, p. 110.
11 Marcos Cobaleda, inédite, pp. 678-679.
12 Ibid., pp. 860-862.
13 Ibid., pp. 895 sqq.
14 Sur la période almohade, voir, dans ce même volume, la contribution d’Erwan Le Balch et Christophe Picard, qui développe longuement ces problématiques.
15 Al-Anṣārī, Iẖtiṣār al-aẖbār, éd. de Benmansour, 1983, pp. 43-44 et trad. de Turki, 1982-1983, pp. 144-145.
16 Gozalbes Cravioto, 2000, p. 840.
17 Ferhat, 2000, pp. 549-550.
18 Elboudjay, 2002, p. 520.
19 Ibn H̱aldūn, ʿIbar, trad. de McGuckin de Slane, 1852-1856, t. IV, pp. 83-84.
20 Ibid., p. 81.
21 Torremocha Silva, Navarro Luengo, Salado Escaño, 1999.
22 Redman, 1986, pp. 49-58.
23 Gozalbes Cravioto, 2011, p. 567.
24 Pavón Maldonado, 1970, p. 74.
25 Ibn Baṭṭūṭa, Tuḥfat al-nuẓẓar, trad. de Charles-Dominique, 1995, p. 1014.
26 Ibid., pp. 1015-1016.
27 Rosenberger, 2005. Dans les descriptions médiévales les auteurs désignent sous le terme général de « port » plusieurs infrastructures sans en livrer les spécificités. Un port peut donc correspondre à une jetée, à un embarcadère, à une rade ou encore à un bassin de radoub.
28 Voir entre autres Torres Balbás, 1946 ; Redman, 1986 ; Molina López, 1995 ; Picard, 1997a, pp. 242-244.
29 Chérif, 1996, pp. 29-31.
30 Al-Idrīsī, Nuzhat, trad. de Jaubert, Bresc, Nef, 1999, p. 247.
31 Ibn Baṭṭūṭa, Tuḥfat al-nuẓẓar, trad. de Charles-Dominique, 1995, p. 380 ; Ibn Ḫaldūn, ʿIbar, trad. de McGuckin de Slane, 1852-1856, t. IV, p. 71.
32 C’est en effet un passage obligé, durant lequel le muǧāhid, du souverain au simple soldat, éprouve sa fidélité au regard de Dieu.
33 Ibn Abī Zarʿ, Rawḍ al-Qirṭās, trad. de Beaumier, 1860, p. 202.
34 Ibid., p. 204.
35 Al-Marrākušī, Muʿǧib, trad. de Fagnan, 1893, p. 183.
36 L’ensemble des chroniques — même tardives — relatives à l’Occident musulman médiéval fait toujours référence aux conquêtes du début du iie/viiie siècle. Ces dernières sont perçues comme l’élément historique fondateur permettant l’occupation d’al-Andalus. Les différents protagonistes, Ṭārif b. Mālik (91/710), Ṭāriq b. Ziyād (92/711) et Mūsā b. Nuṣayr (93/712), y sont mentionnés de manière élogieuse instituant une sorte de modèle à suivre pour les dynasties postérieures.
37 Gaudefroy-Demombynes, 1925.
38 Voir Bautier, 1955 ; Caillé, 1957 ; Dufourcq, 1966 ; Chérif, 1991 ; Picard, 1995 ; Hammam, 1997 ; Jehel, 2001.
39 Ainsi, il ne faudrait qu’une nuit pour que l’information partie de Ceuta n’arrive jusqu’à Alexandrie. Voir Sáez Rodríguez, 1988, p. 393.
40 Gozalbes Cravioto, 2011, p. 581.
41 Ibn Marzūq, Musnad, trad. de Viguera Molins, 1979, p. 330.
42 Le site correspond à l’ḥiṣn Qarṭāǧana (d’après le toponyme latin Carteia), fortifié au viie/xiiie siècle par les Mérinides. Voir Martínez Valverde, 1981, pp. 12 et 27 ; Valdecantos, 1996, p. 494.
43 Al-Anṣārī, Iẖtiṣār al-aẖbār, éd. de Benmansour, 1983, pp. 32-33 et trad. de Turki, 1982-1983, p. 134.
44 Torremocha Silva, Sáez Rodríguez, 1998.
45 Gozalbes Cravioto, 2011.
46 Voir Basset, Terrasse, 2001, pp. 337-376 et particulièrement pp. 340-341 ; Cressier, 2005a.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne — UMR 8167-Orient & Méditerranée
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