Les fondements juridiques et économiques de la principauté ʿazafide de Ceuta
p. 101-113
Résumés
À l’époque ʿazafide, Ceuta représente un exemple assez exceptionnel des villes autonomes qui ont pris forme dans l’Occident musulman au Moyen Âge. Notre étude met en lumière le contexte de l’instauration de la principauté des ʿAzafides à Ceuta au milieu du viie/xiiie en analysant ses rapports avec le pouvoir central marocain. À la lumière de certains principes théoriques esquissés par le Bagdadien al-Māwardī (364/974-450/1058) dans ses Statuts gouvernementaux (al-Aḥkām al-sulṭāniyya), il s’agira de dégager son statut juridique, assez particulier. La base essentielle de cette autonomie se trouve dans les relations commerciales de la ville avec le monde méditerranéen et les bénéfices qui en résultent.
En época ʿazafí, Ceuta representa un ejemplo excepcional dentro de las ciudades autónomas en el Occidente islámico medieval. Nuestro estudio pone de relieve el contexto de la instauración de la principalidad de los ʿazafíes en Ceuta en la mitad del siglo vii/xiii, analizando sus relaciones con el poder central marroquí. A la luz de algunos principios teóricos debidos al pensador bagdadí al-Mawardī (364/974-450/1058) en sus Ordenanzas de gobierno (al-Aḥkām al-sulṭāniyya), intentaremos definir el estatuto jurídico muy específico de la ciudad. La clave de esta autonomía radica en las relaciones comerciales de Ceuta con el mundo mediterráneo, y más precisamente en los beneficios que saque de estas.
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Mots-clés : autonomie urbaine, ʿAzafides, Ceuta, commerce, Détroit
Palabras claves : autonomía urbana, Ceuta, comercio, Estrecho, ʿAzafíes
Texte intégral
1Durant le Moyen Âge, la ville de Ceuta a tenté de se ménager une position indépendante entre le Maroc actuel et les puissances ibériques. Dès qu’elle n’était pas intégrée dans un État puissant, la ville du Détroit tentait difficilement d’établir un équilibre entre le Maroc dont elle fait partie, mais en position excentrique, et la péninsule Ibérique, chrétienne ou musulmane, toute proche et qui, souvent, guettait l’occasion d’étendre sa domination sur elle. Cette dualité et ces oscillations entre al-Andalus et le Maroc (actuel) furent elles-mêmes déterminées dans une large mesure par la situation géopolitique qui faisait de la ville une zone névralgique dans le bassin occidental de la Méditerranée. Zone de contacts et de confrontations, frontière plus ou moins stable, elle joua un rôle capital dans l’histoire des relations hispano-africaines1. Pour les chrétiens, l’importance de Ceuta était essentiellement d’ordre économique. Pour les musulmans, sa valeur était aussi stratégique. L’incorporation de la ville et de sa province à l’État central marocain a toujours été un symbole de la puissance des souverains. Aussi n’ont-ils jamais cessé de s’efforcer de la reprendre chaque fois qu’elle leur échappait.
2Les auteurs arabes du Moyen Âge la qualifient de « clé d’al-Andalus ». La restauration à Ceuta de l’autorité des Almoravides, puis de celles des Almohades et des Mérinides, préfigure leur intervention dans la péninsule Ibérique. Avec sa flotte, Ceuta ne cessa d’être une redoutable base opérationnelle. C’est grâce à elle que l’existence de l’Islam a pu se maintenir aussi longtemps en Andalousie. Pourtant, le rôle de « clé d’al-Andalus » que put jouer la ville pendant les périodes de puissance de l’État marocain était remis en question lorsque celui-ci traversait des crises. Ceuta devenait alors « la clé du Maghreb », convoitée par les puissances chrétiennes qui ne réussissent à y prendre pied durablement qu’en 1415.
3Cependant, c’est aussi lors du relâchement de l’emprise étatique maghrébine, ou dans des contextes politiques favorables qu’un mouvement autonomiste prend forme à Ceuta. Il s’accentue ainsi au cours de la seconde moitié du viie/xiiie siècle à la suite de la décomposition de l’Empire almohade pour atteindre son apogée avec les ʿAzafides. Ceux-ci n’étaient pas de simples gouverneurs. Ils créèrent une principauté indépendante qui se maintint presque soixante-dix ans (de 648/1250 à 728/1328). Le statut juridique de cette structure politique manifeste des spécificités locales.
L’ascension des ʿAzafides de Ceuta
4Né en 607/1210 ou en 609/1212, Abū-l-Qāsim al-ʿAzafī descend d’une famille éminente. Son grand-père, Abū ʿAbd Allāh est décrit comme juriste, savant traditionniste et cadi. Son père Abū-l-ʿAbbās était un grand savant ayant marqué la vie intellectuelle et religieuse de la ville. Cette lignée était donc une des grandes familles de dignitaires (buyūtāt) de Ceuta par « l’autorité, le savoir et la piété ». Aristocrates locaux, les ʿAzafides ont profité de leurs liens avec les familles les plus influentes du Maroc. Parents du grand soufi de Ceuta, al-Qanǧāʾirī, qui était très proche des autorités almohades, ils étaient aussi cousins des Banū H̱aldūn, gendres des amiraux al-Randahī et de la puissante famille des Ḥaḍramī dont les membres étaient secrétaires de la chancellerie mérinide. La position de cette famille a singulièrement facilité la tâche d’Abū l-Qāsim al-ʿAzafī qui, treize ans après la mort de son père Abū l-ʿAbbās, réussit à fonder ce que nous pouvons appeler une « dynastie locale des princes-gouverneurs2 ».
5Le mouvement insurrectionnel qui a amené Abū-l-Qāsim al-ʿAzafī au pouvoir en janvier 648/1250 a été minutieusement étudié. Aidé par l’amiral Abū-l-ʿAbbās Haǧbūn al-Randāhī, le mouvement avait toutes les chances de réussite ; si nous croyons Ibn H̱aldūn, Abū l-Qāsim était déjà le principal notable de la ville et bénéficiait du respect total des habitants qui « se laissaient guider par les conseils de celui-ci dans toutes les affaires difficiles3 ». Aussi le mouvement bénéficia-t-il du soutien aussi bien de la ʿāmma (artisans, boutiquiers)4 que de celui de la bourgeoisie de la ville5, constituée essentiellement de riches marchands s’adonnant au commerce international.
6Dès les premiers jours qui suivirent l’insurrection, al-ʿAzafī décida d’entrer sous l’autorité almohade. À son instigation, une lettre fut envoyée au calife almohade al-Murtaḍā (646/1248-665/1266) au « nom des cheikhs et notables de Ceuta ». Elle consacre la nomination d’al-ʿAzafī à la tête de la hiérarchie administrative de la ville6. Il semble que le « sage juriste » ait estimé une indépendance de facto préférable à une indépendance de jure. Tout en cherchant à obtenir la légitimation du monarque temporel et spirituel du moment, il envoya une autre lettre au frère du souverain dans laquelle il l’informait qu’il avait pris la décision d’envoyer une délégation de Ceuta prêter serment de fidélité à al-Murtaḍā, à qui elle exposerait les problèmes concernant la ville. Un accord tacite semble avoir lieu entre les deux dirigeants : contre un serment d’allégeance, al-Murtaḍā confirme al-ʿAzafī, déjà choisi par ses concitoyens, entérine la suppression d’impôts, et réduit la contribution de la ville à une somme symbolique… Le calife accepte ainsi, par une lettre de 648/1250, que la réalité du pouvoir appartienne à al-ʿAzafī : « Nous avons décidé de lui confier complètement cette fonction et nous avons remis entre ses mains ce qui relevait auparavant de son regard7 ». Cette même lettre énumère les compétences quasi illimitées d’al-ʿAzafī : « Nous remettons entre ses mains les rênes de toutes les affaires… car il connait parfaitement les détails de votre situation et de vos affaires8 ». Le calife justifie le caractère exceptionnel de cette concession par les difficultés qu’il traverse alors, au moment où sa propre légitimité est contestée par les Hafsides et par leurs mandataires mérinides… La lettre califale de « nomination » insiste sur l’aspect fiscal, prétexte du soulèvement contre les Hafsides et du renvoi de son propre gouverneur. Tout se passe comme si Ceuta avait contraint al-Murtaḍā à renoncer à ses droits fiscaux et à se contenter de redevances symboliques. Le calife al-Murtaḍā, absorbé par les événements du sud, et incapable d’imposer son autorité au nord, estimait judicieux de ne pas s’ingérer dans les affaires de Ceuta et de se contenter d’une souveraineté nominale sur la ville. En échange de cette indépendance de facto, al-ʿAzafi accordait tous les titres, le respect et les marques d’honneur dus au calife9, sans toutefois accepter de recevoir de la part de celui-ci aucun ordre en provenance de Marrakech et sans payer aucun tribut10, sinon une somme symbolique.
7Ainsi Abū-l-Qāsim al-ʿAzafī devint le maître absolu de sa ville. Il l’administra avec un grand dévouement au profit des intérêts de ses habitants11 avec l’aide d’un conseil des notables (šūra). Néanmoins, il ne rompit jamais ses contacts avec le calife almohade et entretint une correspondance régulière avec lui. Quelques faits illustrent la relation entre les deux hommes. En 658/1260, la ville de Salé fut attaquée par une flotte castillane qui tentait de profiter du fait qu’Almohades et Mérinides se disputent la ville. Malgré le secret qui avait entouré la préparation de cette expédition, al-ʿAzafī avait été mis au courant des préparatifs. Il écrivit à al-Murtaḍā et à tous les ports marocains pour qu’ils se protègent contre une éventuelle attaque chrétienne12. Après l’échec de cette attaque, al-Murtaḍā envoya une lettre au dirigeant de Ceuta pour le remercier de sa vigilance et pour l’inciter à suivre de près les mouvements des chrétiens. Le souverain almohade n’oublia pas de souligner — en mode de flatterie — sa gratitude envers la loyauté d’al-ʿAzafī en rappelant même celle des ancêtres de celui-ci13. De même, lorsque le calife mit fin à la révolte d’al-Qaṭrānī à Siǧilmāsa, il informa al-ʿAzafī de son succès14.
8Ainsi la réussite de l’insurrection d’al-ʿAzafī fut suivie par la déclaration d’allégeance au calife almohade al-Murtaḍā. Néanmoins Abū l-Qāsim al-ʿAzafī était le seul maître de Ceuta, après avoir fait le choix d’une indépendance de facto plutôt que de jure. Al-ʿAzafī profita largement du vide politique qui caractérisait le pays à cette époque. D’ailleurs il profita des conflits entre Almohades et Mérinides pour s’imposer comme intermédiaire entre les deux puissances rivales en 653/1255.
Le statut juridique de la principauté ʿazafide
9Les auteurs arabes et chrétiens du Moyen Âge ne s’accordent pas sur le titre accordé aux ʿAzafides. Les chrétiens les qualifient de Senyor de Cepta, de Domino de Cepta, ou même, et avec quelque exagération de « sultans du Maroc15 ». De leur côté, les auteurs musulmans leur décernent des titres différents. Ainsi Abū-l-Qāsim al-ʿAzafī est désigné, lors de son arrivée à la tête du gouvernement de la ville, comme ṣāḥib Sabta (« maître » ou « seigneur de Ceuta »), comme kabīr al-Mašyaẖa (« doyen des šayẖ »), ou tout simplement comme al-faqīh al-muʿaẓẓam (« le vénérable jurisconsulte »). Ses fils et ses successeurs sont appelés tantôt raʾīs (« chef »), tantôt amīr (« prince », émir), parfois malik (« roi »)16.
10Ces appellations sont en fait d’une interprétation difficile, surtout qu’elles émanent d’auteurs qui ne se souciaient que fort peu de la situation juridique de ceux à qui ils les attribuaient. De ce fait, elles nous paraissent dénuées de toute rigueur ou précision juridique. Cependant ces titres éclairent au moins l’évolution de la position des ʿAzafides de Ceuta aux yeux de leurs concitoyens et des étrangers, et aident à mieux connaître leur rayonnement dans l’histoire du monde méditerranéen, sans toutefois donner d’information véritable sur leur statut juridique vis-à-vis de l’autorité officiellement reconnue.
11Ibn H̱aldūn (732/1332-808/1406) s’est servi du modèle politique instauré par les ʿAzafides pour en tirer une théorie. Méditant sur les changements survenus après le déclin almohade dans différentes contrées, il montre comment la décadence d’une dynastie est suivie par l’émergence sur la scène politique des provinces et des différentes villes d’« usurpateurs » appartenant à « de nobles et de grandes familles qui fournissent à la ville ses Anciens et ses chefs ». Ces personnes prendraient le pouvoir dans leur ville et se chargeraient elles-mêmes de l’administration des impôts, tout en acceptant « d’obéir à la dynastie régnante, mais sans être nullement sincères ». Ces « usurpateurs […] transmettraient leur autorité à leurs descendants »17. Pour prouver ses analyses, l’auteur de la Muqaddima donne justement l’exemple de Ceuta à la fin du règne des Almohades. En fait, la présentation d’Ibn H̱aldūn nous semble extrêmement pertinente et ce schéma peut être raisonnablement appliqué aux gouvernements d’al-Ǧuštī, d’al-Yanaštī et d’Ibn H̱alāṣ à Ceuta. Néanmoins le cas du gouvernement de la famille ʿazafide est plus compliqué et mérite qu’on s’y attarde, pour pouvoir préciser la position de ce régime et définir la nature juridique de ses liens avec le pouvoir central.
12Il nous semble que les principes décrits par le Bagdadien al-Māwardī (364/974-450/1058) dans ses Statuts gouvernementaux (al-Aḥkām al-sulṭāniyya) peuvent éclairer le statut de Ceuta à l’époque des ʿAzafides mieux que les théories ẖaldūniennes. Quoiqu’al-Māwardī ait essayé d’établir une théorie de l’État musulman idéal, en traçant l’horizon général de la conception politique ašʿarite, son analyse n’a pas été conçue de manière abstraite. Au contraire, son œuvre a été inspirée par la situation politique variée des régions qui s’étaient détachées du califat en Orient, aussi bien que dans l’Occident musulman. Al-Māwardī distingue ainsi, dans le cadre de l’émirat général, deux sortes d’émirats18 :
- l’émirat de concession (imārat istikfāʾ) est conféré librement et « porte sur un territoire limité et sur des attributions déterminées. L’investiture [qui en est donnée] consiste en ce que le calife confie à un homme un pays ou une région avec le droit d’en régir tous les habitants et d’y pratiquer tous les actes reconnus comme relevant de ses fonctions ».
- l’émirat d’usurpation (imārat istīlāʾ) est conféré par suite de circonstances impératives. Il résulte d’un processus par lequel « un chef, qui se rend maître d’un pays par la force, est investi de l’émirat de ce pays par le calife, qui lui en confie la direction et le gouvernement, lesquels sont, par le fait de la conquête, exercés exclusivement par l’émir ».
13Alors que l’émirat d’usurpation relève personnellement du conquérant, l’émirat de concession ne dépend que du libre choix de celui qui l’institue. L’émirat d’usurpation s’étend à tous les pays conquis par le titulaire, qui a compétence tant pour les affaires courantes que pour les affaires exceptionnelles ; en revanche l’émirat de concession est limité aux régions indiquées dans l’acte de l’instituant, et le titulaire n’a pas compétence en ce qui concerne les affaires exceptionnelles. Enfin, dans l’émirat d’usurpation, il peut y avoir valablement constitution du vizirat de délégation, ce qui n’est pas le cas dans l’émirat de concession. D’après ces principes, décrits par le juriste et théoricien al-Māwardī, Ceuta, à l’époque ʿazafide, entre dans le cadre de l’émirat général : elle revêt les caractéristiques de l’émirat de concession, ainsi que quelques aspects de l’émirat d’usurpation, ce qui empêche de la classer clairement dans l’une ou l’autre de ces deux catégories.
14Le principe du « libre choix du calife à investir l’émir » ne peut être appliqué à la désignation d’al-ʿAzafī et de ses successeurs qui étaient parvenus à ériger Ceuta en principauté autonome et héréditaire. Le gouvernement de la ville passa directement et spontanément aux fils d’al-ʿAzafī. Le gouvernement mérinide reconnut les princes investis sans aucune contestation, c’est-à-dire qu’il consacra et avalisa un acte déjà accompli. Les ʿAzafides jouissaient ainsi de fait d’une indépendance totale, qui ne cessa de se renforcer au cours des années, en ce qui concerne la direction de leurs affaires intérieures. Dans le domaine de la magistrature, comme le droit de désigner les juges avait été concédé par le calife aux ʿAzafides, ceux-ci nommèrent régulièrement les cadis de Ceuta, qui, en conséquence, étaient appelés « cadis des Banū-l-ʿAzafī19 ».
15Au niveau régional, devant la défaillance de l’autorité centrale, al-ʿAzafī n’hésita pas à prendre en charge la mission de rappeler le devoir du ǧihād à la population du Maghreb tout entier en s’adressant directement, sans attendre le consentement du calife, « aux savants, aux dévots, et aux chefs de tribus20 ». Si la politique extérieure des ʿAzafides s’alignait constamment sur celles de Marrakech, puis de Fès, nous pouvons facilement concevoir que le traité de paix avec l’Aragon — probablement aussi celui avec la Castille — fut signé sur l’initiative personnelle d’al-ʿAzafī, sans que celui-ci n’ait demandé l’autorisation ni à Fès, ni à Marrakech21. Les ʿAzafides ont également armé des soldats et mené des expéditions sans attendre les ordres du pouvoir central. Leur soutien aux Murciens, la domination d’Asilah et de Tanger sont une preuve que leur pouvoir n’était pas « limité aux pays indiqués par l’acte de l’instituant ». Enfin, à certaines périodes, ils coupèrent même tout lien de dépendance théorique avec le gouvernement central, en s’abstenant de payer le tribut annuel, aussi faible qu’il ait été, et en supprimant les invocations en faveur du calife dans leurs lettres officielles22.
16Si Ceuta paraît plus proche du statut d’émirat de l’usurpation en ce qui concerne l’investiture des gouverneurs, l’extension de leur pouvoir et l’ampleur de leur indépendance, elle relève pourtant également sans aucun doute de l’émirat de la concession dont elle a plusieurs caractéristiques. Le calife almohade al-Murtaḍā, puis les souverains mérinides, exerçaient sur Ceuta au moins une autorité théorique. Les symboles de l’allégeance furent respectés sauf exceptionnellement. Le sermon de la prière du vendredi (ẖuṭba) et la doxologie des lettres de la chancellerie ʿazafide comportaient le plus souvent des invocations aux califes almohades ou aux sultans mérinides. Plus important encore, les impôts, ainsi que des cadeaux, étaient envoyés régulièrement à Fès, à quelques exceptions près. Parfois même, l’ingérence du pouvoir central fut décisive dans les affaires de Ceuta. Cependant, il convient de noter que cette ingérence fluctua au cours du temps en fonction de l’autorité des souverains respectifs. Par ailleurs les ʿAzafides n’eurent jamais de vizirs et ne frappèrent pas de monnaie à leur nom. Toutes les monnaies émises à Ceuta furent frappées au nom du calife, ce qui confirme que plusieurs principes de l’émirat de l’usurpation leur faisaient défaut. Plébiscités par la population et cautionnés par les marchands, dont ils défendaient les intérêts avec un zèle remarquable, Abū-l-Qāsim al-ʿAzafī et ses descendants n’ont jamais adopté de titre de souveraineté.
La sunna mise au point par al-ʿAzafī s’avère adaptée à la cité. Il s’inspire judicieusement du fiqh tout en faisant place à l’oligarchie citadine et en flattant les masses, sauvant ainsi les apparences de la collégialité… Le terme n’avait jamais été appliqué à un gouvernement de la cité et ce, en dépit des tentatives oligarchiques d’al-Yanaštī et de Ibn H̱alāṣ. Les précédents régimes sont perçus comme despotiques et sont toujours qualifiés de « tyrannie ». Ce système mis en place par Abū-l-Qāsim, parait si adapté qu’on ne signale ni résistance ni rébellion… La ville jouit d’une stabilité exemplaire et devient le refuge des savants et un foyer intellectuel fécond… La capitale des Banū-l-ʿAzafī atteint une telle renommée qu’on y vient pour le commerce, les études, les pèlerinages et pour faire les quêtes et collecter les rançons des captifs23.
17En résumé, la principauté ʿazafide avait un statut juridique unique et original même pour les contemporains. Ibn Saʿīd al-Maġribī (610/1213-685/1274), qui était en contact régulier avec la ville et ses gouverneurs nous dit que « Ceuta n’était soumise à aucun pouvoir, mais était gérée par le faqīh al-ʿAzafī24 ». Ibn H̱aldūn a pour sa part assimilé ce régime original instauré par les ʿAzafides à un « conseil d’administration d’une ville, composé de juristes (fuqahāʾ) et de notables, qui jouent le rôle de conseillers municipaux25 ». Du fait de cette position et de la longue période d’indépendance dont a joui la cité, avec l’instauration du conseil de notables (šūrā) chaque fois que l’emprise étatique se relâchait, certains auteurs n’ont pas hésité à assimiler Ceuta aux grandes villes-États italiennes, ou de la qualifier de « vraie république urbaine ». Abū-l-Qāsim al-ʿAzafī y aurait joué « un rôle analogue à celui du Doge de Venise ». Mais pour être convaincu, il faut étudier les bases de cette autonomie et surtout sa base économique.
Commerce, taxes et autonomie de Ceuta : quelle relation ?
18Signalons tout d’abord deux éléments essentiels dans l’organisation spatiale de la ville : son système défensif lui procurait une protection efficace contre toute attaque extérieure ; outre son site, ses portes, ses remparts, ses vigies et son « château d’eau », la ville de Ceuta était occupée et contrôlée de manière très rigoureuse. Tout son système défensif était agencé en fonction des attaques provenant de la terre, mais il était aussi utile et opérationnel contre tout adversaire maritime26. Cependant, bien que très solide par lui-même, ce système défensif ne pouvait assurer à lui seul la sécurité à la ville du Détroit. Il fut renforcé par une puissance navale qui forma l’épine dorsale de la flotte marocaine durant tout le Moyen Âge. Ibn Saʿīd affirme ainsi à propos de Ceuta que « son armée est sa flotte27 ».
19Néanmoins le fondement qui contribua le plus à maintenir l’indépendance de la ville fut incontestablement son grand commerce. L’activité agricole ne joua qu’un rôle relativement modeste dans son économie. L’essor urbain et l’augmentation de la population, qui avaient pour conséquence l’accroissement de la production artisanale, étaient essentiellement liés aux relations commerciales de la ville avec le reste du pays et le monde méditerranéen. Premier port marocain sur la façade méditerranéenne, Ceuta faisait figure au Moyen Âge de grand dépôt dans le bassin occidental de la Méditerranée et de débouché principal de la production de l’intérieur du pays. Aussi fut-elle une ville de prédilection pour les commerçants chrétiens. Très avantageusement située pour le commerce dans le bassin occidental de la Méditerranée, elle était le point d’articulation de l’État marocain avec la péninsule Ibérique d’un côté, l’Afrique de l’autre. Ce rôle entraîna toute une dynamique dans la vie économique de la ville et explique son importance commerciale et la force des ʿAzafides qui purent maintenir leur autonomie jusqu’au début du viiie/xive siècle, avant tout grâce à leur puissance navale et commerciale.
20Les études récentes sont unanimes à souligner l’importance du commerce maritime et de ses taxes pour l’État central au Moyen Âge. Grâce aux droits de douane prélevés sur les échanges avec l’Occident chrétien, l’État maghrébin avait une merveilleuse source de revenus qui assuraient l’assise financière et l’autonomie du maẖzin en lui procurant des rentrées plus aisées à percevoir que les contributions des tribus ou que les impôts agricoles dépendants de la conjoncture climatique28 ; parfois il encourageait la ville à se réserver dans certains cas des monopoles économiques29. On sait par exemple que durant quelques mois en 709/1309, le commerce catalan avec le Maghreb rapporta plus de 6 000 dinars au trésor mérinide30. Nous possédons une donnée chiffrée qui démontre l’importance du commerce maritime et des taxes dans l’économie maghrébine : au ixe/xve siècle, la douane de Tunis rapportait au sultan hafside 170 000 dinars par ans (800 kg d’or), soit un tiers des revenus de l’État31.
21En revanche nous ne possédons aucune donnée chiffrée sur les revenus de la douane de Ceuta, ni sur l’ensemble des revenus des impôts de cette ville. La seule indication fournie par al-Marrākušī (581/1185-647/1250) concerne les revenus de l’État almohade sous le règne d’Abū Yaʿqūb Yūsuf (558/1163-580/1184) : elle laisse entendre que Ceuta était une des régions maghrébines d’où provenaient les revenus les plus importants32. Sous les ʿAzafides, les impôts de Ceuta étaient payés en nature au gouvernement central33. Il faut attendre le règne du Mérinide Abū Saʿīd (710/1310-731/1331) pour disposer d’une donnée chiffrée, fournie par l’Égyptien al-ʿUmarī (700/1301-749/1349). Selon cet auteur, le montant des impôts affermés sous le règne de ce sultan s’élevait à 50 000 miṯqāl-s à Ceuta, derrière Fès et Marrakech avec 150 000 miṯqāl-s respectivement, Meknès 60 000 et Siǧilmāsa et Darʿa 150 000 à elles deux34. Ces chiffres sont incomplets et on ne sait s’ils s’appliquent à des villes ou à des régions. Mais si nous prenons en considération le fait que ces sommes ne comprenaient pas la taxe qui frappait les propriétaires de bétail (chameaux, vaches et moutons)35, et l’affirmation d’al-Anṣārī, qui vécut au ixe/xve siècle, que Belyounesh et sa région étaient exemptés de toutes sortes de taxes, on peut conclure que la presque totalité des revenus de Ceuta provenait des droits de douane36.
22En fait, la ville de Ceuta était le principal débouché du Maghreb occidental sur la façade méditerranéenne, et l’entrepôt de la presque totalité des marchandises européennes destinées aux marchés maghrébins. Grâce à sa situation géographique, et à sa place dans le réseau du commerce méditerranéen37, la ville de Ceuta réussit à monopoliser la presque totalité du commerce maritime à destination ou en provenance du Maghreb occidental. Les archives catalanes par exemple, montrent que la ville attirait presque les deux tiers des investissements catalans dans la région, estimés à 200 000 dinars par an, au début du viiie/xive siècle38. L’inventaire réalisé par Georges Jehel sur les investissements génois au Maghreb au viie/xiiie siècle39 montre d’une façon remarquable la place de Ceuta dans les relations commerciales méditerranéennes. D’après ces chiffres, Ceuta, Bougie et Tunis représentaient 98 % des opérations à destination du Maghreb et des capitaux investis entre 1155 et 1290. Les 2 % restants se répartissaient sur d’autres régions mal définies géographiquement (Africa ou Barbaria). Parmi les trois grands ports maghrébins cités, la place de Ceuta paraît prédominante. Sur l’ensemble de la période, les investissements pour cette ville représentent 37,5 % des opérations et 42,3 % des capitaux investis, alors que Bougie vient en seconde position avec 31,4 % des opérations devant Tunis (29,2 %). L’analyse des mêmes statistiques infirme les interprétations proposées généralement sur le déclin de Ceuta au cours du viie/xiiie siècle. Ces éléments chiffrés montrent d’abord que, entre 648/1250 et 688/1290, les opérations à destination de Ceuta représentent de 26 à 27 % de l’ensemble des opérations en nombre et en valeur à destination du Maghreb, même si la part de l’Occident méditerranéen diminue dans l’activité génoise. Ainsi la république de Gênes aurait à elle seule investi quelques 45 000 livres à Ceuta, ce qui représente un chiffre très important, reflétant sans aucune doute l’importance des sommes perçues par la douane de la ville.
23Ainsi la douane était incontestablement l’institution gouvernementale la plus importante à Ceuta. Elle a survécu jusqu’au début du ixe/xve siècle, et elle est signalée comme le principal office d’administration de la ville. Elle était située en face du fundūq des commerçants chrétiens40. Ceuta était la seule ville du Maghreb à posséder quatre institutions à caractère financier, appelées dār al-išrāf, dont trois étaient liées au commerce maritime et à la mer : il s’agit de l’« office de la douane », de l’« office de la frappe de la monnaie », de l’« office d’emballage et de déballage des marchandises » et de l’« office de la construction, de la menuiserie et de tout ce qui s’y rattache ». L’existence de ces offices, la place du directeur de la douane, et l’importance des revenus de celui-ci révèle la prépondérance de l’administration financière dans la ville.
24Le directeur des finances (ṣāḥib al-aʿmāl sous les Almohades, ou ṣāḥib al-ašġāl sous les Mérinides) occupait donc un poste clé dans l’administration de Ceuta, et jouissait à ce titre de prérogatives étendues qui touchaient même au domaine des affaires extérieures. Il était parfois mandaté pour signer les traités de paix et de commerce avec les puissances chrétiennes41 : c’est ainsi que Nāṣiḥ, directeur de la douane au temps du calife almohade al-Nāṣir (595/1199-610/1213), renouvela le traité de commerce avec la république de Pise. Le directeur de la douane de Ceuta était chargé également de la frappe de la monnaie et de la perception des impôts42. En outre le rang du directeur de la douane de Ceuta tendit à être aussi important que celui du directeur des finances. Ibn ʿAbd al-Ṣamad, ṣāḥib al-aʿmāl sous al-Mustanṣir (610/1213-622/1224) portait le titre de malik (« roi ») de Ceuta43.
25Si la fonction de directeur de la douane était généralement confiée à des personnalités importantes de l’État ou à des émirs et des princes de sang44, cette fonction fut occupée à Ceuta par de grands négociants. Ainsi Abū-l-ʿAbbās al-Yanaštī était « l’un des grands commerçants de la ville45 ». Il a commencé comme simple fonctionnaire de la douane de Ceuta avant d’accéder aux plus hauts rangs et de nouer des relations avec les hommes d’État46 ». La douane fut la première étape et son poste le plus important dans son ascension au pouvoir. Ibn H̱alāṣ, qui lui succéda, était lui aussi directeur de la douane, grand négociant associé aux Marseillais47 avant d’être nommé gouverneur de la ville.
26Le fait que le commerce maritime et ses impôts garantissent des revenus stables pour le pouvoir et qu’on les considère comme un symbole et une condition de la prospérité du pays, ne doivent pas faire oublier que ce commerce méditerranéen, d’une nature complètement différente de celle du commerce saharien, « a toujours été lié dans l’histoire du Maghreb à un affaiblissement de l’autorité politique48 ». En effet il enrichissait uniquement les souverains et leur entourage. Les revenus facilement contrôlables qu’il assurait au maẖzin ne contribuaient pas au développement des forces productives internes. C’est l’une des conclusions généralement admises par la recherche historique marocaine, quoiqu’elle soit sujette à caution49. Mohamed Kably soutient que le pouvoir central au Maghreb occidental préférait la perception des droits de porte ou de douane sans pour autant songer à construire sa propre marine marchande, ce qui aurait condamné l’économie du pays à n’être qu’« un mode de production stérile fondé sur une agriculture de subsistance, mais surtout sur un mercantilisme parasitaire, facile et dépendant, bâti sur […] la consommation et l’immobilisation des richesses, au mépris de tout accroissement interne des ressources50 ». Pour sa part, Yves Lacoste avait déjà qualifié le mode de production du Maghreb médiéval d’« artificiel », un mode de production dont la
richesse incontestable a profité pendant plusieurs siècles à la minorité privilégiée, et qui ne procède pas tant de surplus prélevés sur les communautés tribales assez peu productives que de l’ampleur des bénéfices commerciaux, rendus possibles par l’exceptionnelle situation de l’Afrique du Nord sur les routes du grand commerce international51.
27Pourtant le grand commerce maritime est également l’une des causes qui ont encouragé l’autonomie politique des provinces côtières lors de relâchement de l’emprise étatique. Nous constatons dans l’histoire politique de Ceuta qu’il y a un net parallélisme entre l’épanouissement du commerce maritime et sa pénétration dans la ville, et l’émergence de l’esprit d’indépendance et la proclamation de l’autonomie vis-à-vis du pouvoir central. Le développement sur le long du viie/xiiie siècle du commerce maritime dont parlent les textes arabes et les documents d’archives européens coïncide avec l’indépendance de Ceuta, proclamée justement par les directeurs de sa douane. Ainsi Abū-l-ʿAbbās al-Yanaštī se proclame indépendant dans la ville, prend le titre honorifique d’al-Muwaffaq et gouverne la ville entre 631/1233 et 634/1236. Ibn H̱alāṣ, autre chef de la douane, suit son exemple entre 635/1238 et 639/1242. Quant aux ʿAzafides qui gouvernent la ville de façon héréditaire plus de soixante-dix ans à partir de 648/1250, ils sont très étroitement liés au commerce maritime et se sont associés aux Catalans52. Abū-l-Qāsim al-ʿAzafī fut même l’un des théoriciens de la coexistence pacifique basée sur les échanges commerciaux avec le monde chrétien53. Les ʿAzafides n’ont pu maintenir leur indépendance vis-à-vis des sultans et des puissances méditerranéennes que grâce aux ressources matérielles (et militaires) que leur procuraient le commerce maritime et ses taxes.
28Le phénomène d’autonomie qu’a connu la façade maritime du Maghreb central où se sont développées des principautés autonomes telles que Cherchell, Alger ou Brechk54 est lié au commerce maritime. De même, en Ifrīqiya apparaissent des sultanats indépendants (Bougie, Mahdia, Tunis) encouragés par les puissances européennes et par le support matériel que celles-ci leur assuraient à travers le commerce maritime55. Ainsi Charles-Emmanuel Dufourcq a pu écrire à ce propos : « Quand le “seigneur” de Ceuta, celui de Brechk ou celui d’Alger, est indépendant de facto, sinon de jure, quand un Abdelwadide dissident devient sultan de Miliana ou de Cherchell, il est toujours prêt à s’entendre avec les Européens, dont les rivaux sont en bon terme avec son principal antagoniste56 ». Les gouverneurs de ces villes, comme ceux de Ceuta, faisaient partie des grands négociants57.
29L’hypothèse selon laquelle « le commerce saharien était un commerce intérieur, intéressait tout le pays… et l’unifiait, alors que le commerce maritime intéressait uniquement les souverains… et le divisait58 » trouvera, peut-être, des arguments dans l’étude approfondie, encore à faire, de l’histoire politique de la façade maritime maghrébine en relation avec le commerce maritime. Une étude d’ensemble des villes maghrébines de la façade méditerranéenne au Moyen Âge reste à entreprendre. En effet la position géographique au bord de cette frontière naturelle qu’est la mer leur attribue une importance commerciale, militaire et culturelle spécifique au contact avec le reste du bassin méditerranéen. Cette situation fera des ports un point de rencontre stratégique dans les rivalités entre les différents États, en leur conférant par là même une puissance politique indéniable. L’histoire de ces villes côtières s’avère prometteuse pour éclairer non seulement notre vision des relations du Maghreb avec le monde méditerranéen, mais aussi notre connaissance de la politique des États centraux en ce qui concerne le gouvernement, parfois difficile, de leurs provinces et de leurs villes.
Notes de bas de page
1 Sur le rôle de Ceuta au Moyen Âge, voir Dufourcq, 1955 ; Amrán Cohen, 1986 ; Ferhat, 1993 ; Mosquera Morino, 1994 ; Chérif, 1996 ; Benramdane, 2003 ; Unali, 2004.
2 Latham, 1971.
3 Ibn H̱aldūn, ʿIbar, éd. de Šahāda, Zakkār, 2000, t. VII, p. 180.
4 Le récit le plus détaillé de l’avènement d’al-ʿAzafi émane d’Ibn ʿIḏārī, Bayān, éd. d’al-Kattānī et alii, 1985, pp. 397-398.
5 On pourra faire une comparaison avec l’autonomie urbaine en Orient, par exemple la famille d’Ibn Abī ʿAqil à Tyr ou encore celle d’Ibn ʿAmmār à Tripoli — tous deux furent aussi de grands marchands (Guichard, Bresc, Eddé, 1990).
6 Al-Qabturī, Rasāʾil, éd. d’al-Hīlā, 1979, pp. 115-121.
7 Rasāʾil muwaḥḥidiyya, éd. de ʿAzzāwī, 1995, p. 426 ; Buresi, El Aallaoui, 2013, p. 268.
8 Ibid.
9 Les doxologies des lettres envoyées à al-Murtaḍā par al-ʿAzafī le confirment.
10 Latham, 1972, p. 273.
11 Ibn ʿIḏārī est très affirmatif sur ce point : voir Ibn ʿIḏārī, Bayān, éd. d’al-Kattānī et alii, 1985, p. 406.
12 Ibid., p. 418.
13 Lettre datée de 3 ḏū-l-qaʿda 658/10 août 1260, reproduite dans Ibn ʿIḏārī, Bayān, éd. d’al-Kattānī et alii, 1985, pp. 419-420.
14 Ibid., p. 414.
15 Voir le traité de paix entre al-ʿAzafī et Jacques le Conquérant, publié par Cubells, 1916, p. 142 ; Dufourcq, 1966, p. 63, note 1 et p. 235, note 1 ; Mas Latrie, 1866, p. 13.
16 Mas Latrie, 1866, p. 13 ; Dufourcq, 1966, p. 163, note 1 et p. 235, note 1 ; Ibn H̱aldūn, ʿIbar, éd. de Šahāda, Zakkār, 2000, t. VII, p. 186 et trad. de McGuckin de Slane, 1852-1856, t. IV, p. 66 ; Ibn al-H̱aṭīb, Iḥāṭa, éd. de ʿInān, 1955-1977, t. I, p. 560, t. II, p. 11, t. III, pp. 384-537, t. IV, p. 340 ; Ibn al-H̱aṭīb, al-Lamḥa al-badriyya, éd. s. n., p. 66 ; al-Maqqarī, Azhār al-Riyāḍ, éd. d’al-Saqqā, 1939-1942, t. II, p. 377 ; Ibn al-Qāḍī, Durrat al-ḥiǧal, éd. d’Allouche, 1934, t. I, p. 163 ; Ibn al-Qāḍī, Ǧaḏwat al-iqtibās, éd. s. n., 1973-1974, pp. 181 et 432 ; Ibn al-Aḥmar, Naṯīr, éd. d’al-Dāya, 1967, pp. 29 et 177.
17 Ibn H̱aldūn, Muqaddima, éd. s. n., 1867, pp. 377-378 et trad. de Monteil, 1967-1968, t. II, pp. 778-779 ; Ferhat, 1993, p. 234.
18 Al-Māwardī, al-Ahkām al-sulṭāniyya, éd. s. n., 1978, pp. 30, 33-34 et trad. de Fagnan, 1915, pp. 59 et 66-67.
19 Al-Marrākušī, al-Ḏayl wa-l-takmila IV, éd. de ʿAbbās, 1964, p. 553 ; al-Nubahī, al-Marqaba al-ʿulya, éd. de Lévi-Provençal, 1948, p. 132.
20 Al-Ḏaẖīra al-saniyya, éd. de Benmansour, 1972, p. 280.
21 Pour maintenir et consolider les intérêts commerciaux de sa ville, Abū l-Qāsim al-ʿAzafī était en faveur des relations pacifiques avec les chrétiens. Il a exprimé ouvertement cette politique dans une lettre adressée au calife almohade al-Murtaḍā (al-Qabturī, Rasāʾil, éd. d’al-Hīlā, 1979, pp. 115-121).
22 Deux lettres de la chancellerie de Ceuta au temps d’Abū-l-Qāsim al-ʿAzafī ne portent l’invocation ni pour les Almohades ni pour les Mérinides (Ibid. éd. pp. 89 sqq et pp. 131-133).
23 Ferhat, 1993, p. 237.
24 Ibn Saʿīd, Kitāb al-ǧuġrāfiyā, éd. d’al-ʿArabī, 1970, p. 139.
25 Ibn H̱aldūn, Muqaddima, trad. de Monteil, 1967-1968, t. II, p. 636.
26 Latham, 1971.
27 Ibn Saʿīd, Kitāb al-ǧuġrāfiyā, éd. d’al-ʿArabī, 1970, p. 139.
28 Dhina, 1984, p. 396 ; Dufourcq, 1966, p. 169 ; Rosenberger, 1977, pp. 215-217.
29 En plus des allusions d’Ibn H̱aldūn, les archives catalanes confirment nettement ce phénomène. Le sultan mérinide monopolisait le commerce du blé au viiie/xive siècle (Dufourcq, 1966, p. 359).
30 Ibid., p. 563.
31 Brunschvig, 1940-1947, t. II, p. 243.
32 Al-Marrākušī, Muʿǧib, éd. d’al-ʿIryān et al-ʿArabī al-ʿAlamī, 1949, p. 155.
33 Al-Daẖīra al-saniyya, éd. de Benmansour, 1972, p. 57.
34 Al-ʿUmarī, Masālik al-abṣār, trad. de Gaudefroy-Demombynes, 1927, pp. 171 et 197. Le montant de Ceuta nous parait très raisonnable si nous tenons en compte qu’au viiie/xive siècle, la douane de Tunis rapportait au sultan hafside 170 000 dinars par an (Brunschvig, 1940-1947, t. II, p. 243).
35 Al-ʿUmarī, Masālik al-abṣār, trad. de Gaudefroy-Demombynes, 1927, p. 171.
36 Al-Anṣārī, Iẖtiṣār al-aẖbār, éd. de Benmansour, 1983, p. 52 et trad. de Turki, 1982-1983, p. 155.
37 Chérif, 1993.
38 Dufourcq, 1966, p. 563.
39 Jehel, 1993, p. 332 ; Chérif, 1993.
40 Al-Anṣārī, Iẖtiṣār al-aẖbār, éd. de Benmansour, 1983, pp. 41-42 et trad. de Turki, 1982-1983, pp. 142-143.
41 Al-Tiǧānī, Riḥlat al-Tiǧānī, éd. de ʿAbd al-Wahhāb, 1958, p. 359.
42 Mūsā, 1983, p. 278.
43 Ibn Saʿīd, al-Muġrib, éd. de Ḍayf, 1955, t. II, p. 318.
44 Mas Latrie, 1866, p. 186.
45 Ibn ʿIḏārī, Bayān, éd. d’al-Kattānī et alii, 1985, p. 294.
46 Al-Safadi, al-Wāfī bi-l-wafayāt, éd. de Ritter et alii, 1962-1993, t. VII, p. 290.
47 Caillé, 1957.
48 Laroui, 1970, p. 171.
49 Lacoste, 1966, p. 39 ; Vidiassova, 1992.
50 Kably, 1986, p. 96.
51 Lacoste, 1966, p. 39.
52 Dufourcq, 1966, pp. 57 et 357.
53 Al-Qabturī, Rasāʾil, éd. d’al-Hīlā, 1979, pp. 118-120.
54 Dufourcq, 1966, pp. 368, 452, 476 et 563.
55 Dhina, 1984, pp. 267-283.
56 Dufourcq, 1966, p. 452.
57 Ibid., p. 367.
58 Laroui, 1970, p. 194.
Auteur
Université ʿAbd al-Malik Saʿdī, Tétouan
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