Chapitre v
L’argent comme besoin
L’affirmation du profil seigneurial des ordres militaires
p. 299-372
Texte intégral
1La capacité des ordres militaires à retirer l’argent qui leur était nécessaire de l’exploitation de leurs domaines est assurément le champ de l’histoire des milices sur lequel a été recueilli le plus grand nombre d’informations. Le fait tient à la prépondérance des problématiques socio-économiques dans l’historiographie de ces institutions au cours des trois dernières décennies1. Sous l’influence de Carlos de Ayala Martínez et de ses disciples, des progrès considérables ont été réalisés dans la connaissance des modes d’exploitation utilisés par les Ordres pour mettre en valeur les terres qui leur ont été confiées2. Partant du postulat que ces institutions furent les agents de la diffusion du système féodal dans la Meseta méridionale, la plupart de ces travaux ont étudié en détail l’articulation interne de leurs domaines. Il en résulte un tableau très complet de l’activité économique des ordres militaires dont on peut cependant regretter qu’elle soit considérée comme une sorte d’ensoi, qui rencontrerait en soi-même sa propre finalité, indépendamment de la conjoncture. À mon sens, le danger d’une telle méthode pour la connaissance de ces milices est double : elle tend d’une part à exagérer l’impression de leur richesse, avalisée en apparence par des listes de revenus considérables, et risque en même temps d’occulter complètement l’effort d’adaptation aux difficultés du temps qu’elles ont réalisé, à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, dans un contexte dont Denis Menjot a fait valoir qu’il constituait, en Castille, moins une époque de récession économique généralisée que le moment d’une « rationalisation de l’économie, imposée ou stimulée par les crises successives3 ».
I. – La prospérité économique en question
2L’arrêt de la Reconquête consécutif à l’occupation des bassins du Segura et du Guadalquivir correspond à l’échelle de la Castille à un réajustement économique d’une ampleur telle que l’on a prétendu naguère unir les deux phénomènes dans une relation de causalité très étroite4. Les ordres militaires ne furent pas épargnés par le renversement de conjoncture. Ils furent ainsi confrontés, passé les décennies centrales du XIIIe siècle, à toute une série de difficultés qui eurent pour effet de remettre en cause la position qu’ils avaient acquise à la faveur de l’avancée chrétienne, jusqu’au cœur de leurs domaines, dont les revenus leur furent disputés avec une véhémence accrue.
Les indices d’une crise
3Il est malaisé d’évoquer en quelques mots la conjoncture économique dans laquelle évoluèrent les ordres militaires à l’unisson de l’ensemble de la société castillane à partir du règne d’Alphonse X. Il ne fait aucun doute, pour reprendre l’expression de Jean Gautier-Dalché, que les lendemains de la Reconquête furent difficiles, sans qu’il soit possible, en l’absence d’études spécifiques, d’aller au-delà de ce constat5. La crise castillane du milieu du XIIIe siècle n’est pas facile à caractériser, comme Miguel Ángel Ladero Quesada l’a justement fait valoir en signalant qu’il fallait éviter de l’assimiler à celle qui frappa l’Europe du Nord-Ouest, mais également de lui prêter une singularité excessive en la liant prioritairement à l’expansion méridionale du royaume, laquelle ne peut constituer qu’un facteur explicatif partiel6. Malaisée à appréhender, elle n’est pas moins profonde et, de l’avis même de l’historien espagnol, une récession structurelle entre 1265 et 1330 est incontestable.
4Elle semble avoir pris naissance dans la difficile conjoncture agraire des années 1255-1262, éclairée par un article stimulant de Santiago Aguadé Nieto, dont on peut regretter le peu d’intérêt qu’il a suscité7. Reprenant les doléances du clergé séculier consignées en 1263, précédemment étudiées par Eloy Benito Ruano et Peter Linehan8, l’auteur leur adjoint de nombreux autres témoignages qui excluent que les famines ou les épidémies dont les évêques se faisaient l’écho s’expliquent uniquement par leur volonté de couper court aux demandes de subsides que leur adressait la papauté afin de porter secours à l’empereur latin de Constantinople, vaincu en 1261 par Michel Paléologue9. Le principe d’une crise agraire ne fait donc aucun doute. Si ses effets sur le long terme restent beaucoup plus incertains, il n’est pas exclu qu’elle ait entraîné un renversement de la conjoncture, accentué au tournant des XIIIe et XIVe siècles par une succession brutale d’accidents pour la plupart climatiques10.
5Il existe ainsi en Castille, à l’aube du XIVe siècle, des indices très clairs de l’approfondissement d’une crise dont certaines manifestations paraissent extrêmement violentes. La famine de 1301 est supposée, selon la chronique royale, avoir fait périr le quart de la population11. L’état des études démographiques en Espagne ne permet pas de vérifier la justesse d’une estimation qui a néanmoins pu être corroborée localement lors de famines et d’épidémies d’une virulence exceptionnelle qui, si elles n’autorisent nullement à invoquer, même en milieu rural, une récession généralisée, n’en constituent pas moins autant d’accidents qui contribuèrent à retarder durablement la reprise12. Il est facile de comprendre les conséquences que ce contexte de crise économique induisit pour le groupe dominant qui, comme l’a signalé Santiago Aguadé Nieto pour l’exemple des Asturies, se trouva confronté à une concurrence accrue pour le contrôle des rentes paysannes dont dépendait le maintien de sa position sociale13.
6Il est évident que les revenus ordinaires des ordres militaires étaient affectés par la fragilisation de la conjoncture. Au concile réuni à Lyon en 1274, les Templiers arguèrent d’une succession de mauvaises récoltes et des guerres qui déchiraient une bonne partie de l’Occident pour justifier la diminution des ressources qu’ils pouvaient envoyer en Terre sainte14. La péninsule Ibérique ne fait en rien exception à cet état de faits. La détérioration de la situation financière de Santiago dans les décennies centrales du XIIIe siècle est bien connue depuis les travaux d’Eloy Benito Ruano15. L’Ordre fut ainsi tenu, dans des circonstances exceptionnelles, d’emprunter pour pouvoir faire face à ses dépenses, comme lors de l’envoi d’une délégation au concile de Lyon, réuni en 1245 à la suite de la perte de Jérusalem16. Il faut cependant se garder d’établir un lien systématique de cause à effet entre les prêts sollicités par les ordres militaires et l’aggravation des difficultés auxquelles ils étaient confrontés.
7Plusieurs emprunts furent en effet contractés à court terme. Remboursés dans les délais prévus, ils traduisent un besoin ponctuel, voire un calcul financier, beaucoup plus qu’une situation de pénurie monétaire, telle la créance de mille cinq cents sous de Jaca restituée en 1275 en quelque six mois par le commandeur santiaguiste de Montalbán aux autorités municipales du lieu, qui lui avaient avancé l’argent nécessaire aux obsèques du maître Pelayo Pérez Correa17. Les ordres militaires gardaient au début du XIVe siècle une réelle capacité de mobilisation financière que confirment plusieurs achats coûteux, comme celui du château de Feria, jouxtant les domaines de Santiago, acquis par le maître de l’Ordre Diago Muñiz peu après la dissolution du Temple pour cent mille maravédis18. Ils furent même, à différentes reprises, les créanciers d’institutions puissantes19, voire d’autres milices20, mais aussi de simples tenanciers auprès desquels le prêt, lorsqu’il ne pouvait être remboursé, constituait pour le seigneur un moyen efficace d’accaparement foncier21.
8Plusieurs indices laissent pourtant penser que les liquidités dont disposaient les ordres militaires se réduisirent au cours des premières années du XIVe siècle. Ainsi, en 1309, Alcántara fut amené à prêter à la Couronne une importante somme d’argent cinq ans après lui avoir avancé deux cent mille maravédis, gagés sur la ville de Coria, qui ne lui avaient pas été rendus22. L’opération, cette fois, n’était pas sans poser problème puisque le maître dut obtenir de Ferdinand IV l’annulation de la donation viagère des villages de Heliche et Cantullán, consentie précédemment à un couple de juifs, afin de garantir le prêt qu’il était obligé de contracter pour satisfaire l’emprunt royal23. À partir du tournant des XIIIe et XIVe siècles, les mentions de dettes se multiplient dans les sources relatives aux ordres militaires. En 1296, nous l’avons vu, Calatrava reçut de García López de Padilla un prêt de trois cent cinquante mille maravédis en échange de la cession viagère du patrimoine aragonais de l’institution24. Vingt ans plus tard, c’est aux mêmes conditions qu’Artal de Huerta consentit à lever l’hypothèque placée, quatre ans auparavant, sur le château santiaguiste d’Anna afin d’obtenir de pourvoir aux frais des procureurs du maître de l’Ordre au concile de Vienne25.
9L’accumulation des difficultés a pu entraîner localement l’appauvrissement de certains domaines. Le fait ressort pour Santiago, avant même la fin du XIIIe siècle, de la plainte du prieur de Vilar de Donas, vérifiée par les collecteurs royaux chargés de prélever le droit de gîte en Galice, selon laquelle le monastère, incapable d’assumer sa propre subsistance, ne pouvait payer d’impôt régalien26. D’autres propriétés de l’Ordre connurent au cours des décennies suivantes une situation identique, tel le couvent féminin de Santa Eufemia de Cozuelos. Celui-ci s’était astreint en 1317 à affermer une partie importante de son patrimoine afin de lever l’hypothèque pesant sur la maison de San Cebrián, située près du monastère cistercien de San Andrés de Arroyo27, sans que l’opération ait pu suffire à mettre fin à une crise qui, dix ans plus tard, obligea le maître Vasco Rodriguez à réunir les revenus de l’hôpital de Villamartín à ceux du domaine28. Bien qu’il laisse entrevoir une situation extrême, le cas de Santa Eufemia de Cozuelos ne fut sans doute pas exceptionnel durant la première moitié du XIVe siècle29.
10Une telle situation n’affectait pas seulement les domaines septentrionaux des Ordres, auxquels on estime généralement que ces derniers accordaient moins d’intérêt30. En avril 1342, le maître Alonso Méndez de Guzmán confirma les privilèges de Segura de la Sierra, siège de la grande commanderie de Santiago en Castille, prenant à sa charge, nous l’avons vu, les missions de surveillance du finage en raison de la pauvreté de ses habitants31. Sans doute serait-il abusif de généraliser de telles difficultés, mais il n’est pas exclu que celles-ci aient poussé les ordres militaires à prendre, dès la deuxième moitié du XIIIe siècle, des mesures restrictives en matière de recrutement, pour éviter de déséquilibrer leurs finances. Mise en œuvre par Santiago lors du chapitre général de Léon en 1266, une telle pratique s’appliqua en premier lieu les groupes situés à la marge de l’institution, au premier rang desquels figuraient les femmes, dont la présence dans la milice fut rigoureusement contingentée32, avant d’être étendue dans la première moitié du XIVe siècle — du moins pour ce qui est de l’Hôpital, affecté par un endettement très lourd33 —, à l’ensemble des chevaliers du prieuré castillan34.
11Il est difficile d’évaluer précisément quelle répercussion les crises qui se succédèrent à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle eurent sur les ordres militaires. Toutefois, leur impact ne fait aucun doute, comme il ressort du témoignage de Juan Manuel qui jugeait opportun, à l’automne 1312, de prévenir le pontife de la gran destruyçion dont souffrait Santiago, pourtant la plus puissante des milices castillanes35. Cette démarche de l’infant était clairement teintée de partialité car il dénonçait la culpabilité du maître Diago Muñiz, dont il appuyait ouvertement les adversaires36. Malgré tout, son rapport n’en demeure pas moins crédible dans la mesure où il est corroboré par les sources santiaguistes parmi lesquelles, nous l’avons vu, différents textes soulignent les besoins d’argent croissants de l’Ordre dans une conjoncture dont les chapitres s’efforçaient de corriger la rigueur37 en opérant une réforme qui autorisait l’institution à remédier au fléchissement de ses revenus désormais exposés à une compétition exacerbée38.
La recrudescence des conflits
12Relevée à plusieurs reprises, la détérioration de la conjoncture économique a entraîné, à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle, une recrudescence de conflits interprétée comme une réponse du groupe dominant menacé dans ses rentes, voire dans l’exercice de son pouvoir39. Les ordres militaires n’échappèrent bien sûr nullement à une telle logique40. Plusieurs centaines de documents font état, pour la période comprise entre 1252 et 1369, de la compétition qui les mit alors aux prises avec d’autres institutions seigneuriales. Les conflits constituèrent dès lors le corollaire obligé de leur pratique économique. Ils ne se limitaient plus, comme à l’époque de la genèse des milices, à ces luttes contre l’autorité diocésaine pour le contrôle juridictionnel des paroisses restaurées à la suite de la Reconquête41 dont la dispute entre Santiago et l’archevêque de Tolède, qui devait se poursuivre tout au long du premier XIIIe siècle, représentait l’archétype42, ni à ces querelles foncières, plus localisées, soutenues contre des communautés monastiques concurrentes43. Plus nombreux et plus amples à la fois, les affrontements gagnèrent en intensité, donnant lieu de façon plus fréquente, à compter de la seconde moitié du XIIIe siècle, à des flambées de violence, voire à des affrontements armés entre parties adverses44.
13D’une telle situation, les supérieurs des ordres militaires mesurèrent très tôt le danger qui résultait pour leurs institutions. À l’échelle internationale, les procureurs du Temple au concile de Lyon de 1274 firent valoir pour défendre leur milice que les conflits avec les juridictions ecclésiastiques entraînaient plus de pertes que les attaques musulmanes45. Trente ans plus tard, les maîtres de l’Hôpital et du Temple signalaient, dans les projets de croisade qu’ils envoyèrent au pape, que la contestation accrue dont souffraient leurs milices représentait pour celles-ci une source majeure de préjudices46. La situation n’était pas différente dans la péninsule Ibérique. En témoigne, passé le milieu du XIIIe siècle, l’apparition dans les archives des ordres militaires d’actes visant de façon expresse à protéger le patrimoine des milices, non plus sur un plan général, comme s’y efforçaient les bulles depuis l’origine, mais contre des attaques circonstanciées dont les chancelleries pontificale et royale donnent une description détaillée dans des lettres conservatoires adressées, pour les unes, aux autorités diocésaines et, pour les autres, aux représentants locaux de la puissance publique47.
14Quelque difficulté qu’ait suscitée aux ordres militaires l’augmentation des conflits, il serait abusif de présenter seulement ces institutions comme les victimes des luttes engagées au sein du groupe dominant. Les Ordres sont en effet souvent décrits comme des fauteurs de troubles cherchant, au mépris du droit, à profiter de la fragilité des pouvoirs concurrents, ainsi que le soulignent bien leurs relations avec les autorités diocésaines, dont les doléances reflètent inlassablement la difficulté à obtenir le versement régulier des dîmes48. De nombreux abus sont documentés, dont certains présentent un caractère chronique, comme dans la région de Murcie où, au tournant des XIIIe et XIVe siècles, les commandeurs de Santiago refusèrent, malgré des injonctions répétées, de satisfaire aux prétentions de l’évêque de Carthagène49. S’il constituait la cible principale des ordres militaires, le clergé n’était pas seul à avoir été confronté à leurs exactions, qui s’étendaient également — plusieurs documents en témoignent — aux villes50, voire à la petite noblesse rurale51.
15Pour autant, un bilan des abus consignés dans les sources ne laisse aucun doute sur le fait que ceux-ci s’exerçaient en priorité contre les ordres militaires, comme Joseph Delaville le Roulx l’avait relevé au début du XXe siècle pour le prieuré castillan de l’Hôpital52. Dans un contexte de violences, ces institutions semblent en effet avoir été en position difficile face à la noblesse, qui tendait à systématiser l’usage de la force pour conjurer les premiers signes de la crise53. Il n’est pas un secteur de ce groupe social qui ne se soit livré à des exactions au détriment des ordres militaires. Plusieurs membres du lignage royal se rendirent coupables d’usurpations, tel l’infant Felipe qui s’empara en 1267 de la baylie de Población de Campos, que le pape enjoignit alors à Alphonse X de faire restituer immédiatement à l’Hôpital54. Ni les ricos hombres, ni les hidalgos n’étaient en reste puisque leurs déprédations, bien que plus limitées, n’en contribuaient pas moins à affaiblir ici et là les ordres militaires, comme au monastère santiaguiste de Vilar de Donas en Galice, soumis durant les années 1270 aux violences répétées de Juan Arias de Berbeteros et de ses frères55.
16À l’exemple de la noblesse, plusieurs concejos s’attachèrent, à la faveur du contexte dépressionnaire, à mettre en cause les privilèges des ordres militaires. En plusieurs cas, les revendications urbaines s’accompagnèrent de destructions, comme lors du raid conduit en 1286 par les habitants de Toro contre les implantations hospitalières du Val de Guareña56. Il ne faut pas se tromper sur les réparations ordonnées à cette occasion par le roi dans la mesure où, plus d’une fois, les ordres militaires furent obligés de composer avec la partie adverse malgré une sentence favorable : tel fut le cas de l’Hôpital, contraint d’abandonner en 1347 aux autorités sévillanes, pourtant déboutées en justice, les deux tiers des revenus du bac d’Alcolea57. La récurrence des conflits est un élément de manque à gagner essentiel pour les ordres militaires, conduits souvent à abdiquer leurs droits devant la prévalence de situations de fait contraires, comme dut le faire Calatrava dans le conflit qui depuis le règne de Sanche IV l’opposait aux éleveurs de la Mesta et où les frères ne purent trouver de solution que dans le deuxième quart du XIVe siècle, et au prix de concessions importantes58.
17Les institutions extérieures ne furent pas seules à chercher à usurper les prérogatives des ordres militaires afin de compenser le recul de leurs propres revenus. En effet, les milices les plus faibles furent à partir du milieu du XIIIe siècle en butte à la convoitise de leurs homologues59. Ainsi le Temple dut-il faire face, durant plus de vingt ans, aux prétentions des frères d’Alcantara sur la forteresse de Ronda, située sur le Tage en aval de Talavera, devenue le centre principal de taxation du bétail au passage du fleuve : ils lui en disputaient le contrôle et finirent par l’emporter en 1256, au motif que le château leur avait été donné par Alphonse VIII avant d’être conquis par les Almohades60. S’il détonne à l’époque par sa violence, ce conflit traduit bien, cependant, une situation de concurrence entre les ordres militaires qui s’exacerba dans la deuxième décennie du XIVe siècle lorsque le partage des biens templiers mit aux prises l’Hôpital avec chacun de ses homologues péninsulaires61. Tous les efforts déployés par le prieur Fernán Rodríguez de Valbuena pour faire respecter la dévolution arrêtée par Jean XXII le 14 mars 1319 au bénéfice de l’Hôpital62 ne purent véritablement aboutir en raison d’une conjoncture défavorable à son Ordre, dont les maîtres d’Alcantara et de Santiago surent habilement jouer au bénéfice de leurs propres institutions, en dépit des sentences d’excommunication63.
18Il est difficile de mesurer avec précision les effets de la recrudescence des conflits que l’on observe à partir du milieu du XIIIe siècle. Son coût ne fait néanmoins aucun doute. Il n’est pas un revenu des milices, quelle que soit son importance, qui soit à l’abri des usurpations. Ainsi, à la charnière des XIIIe et XIVe siècle se produisirent, à l’initiative de marchands, qui avaient reçu de Calatrava la licence d’exploiter les mines de mercure d’Almadén, différentes atteintes aux droits de l’institution dont nous avons vu combien ils étaient essentiels à l’approvisionnement des forteresses de frontière64. A de nombreuses reprises, les ordres militaires obtinrent que les auteurs de troubles soient condamnés à réparer le préjudice. Sous le règne d’Alphonse XI, les habitants d’Úbeda furent ainsi contraints par la justice royale de payer, à quatre ans d’intervalle, cinq et huit mille maravédis au titre des violences exercées contre les frères de Calatrava et des ravages perpétrés dans la commanderie de Sabiote65. Cependant, l’issue des démarches judiciaires était loin d’être toujours aussi favorable aux Ordres, qui durent bien souvent, en plus des torts liés aux dommages subis, acquitter des frais de procédure qui ne se limitaient pas aux honoraires du procureur66.
19Au-delà de l’aspect strictement financier, le préjudice infligé aux ordres militaires était aggravé par la réduction de leur domaine sous l’effet d’usurpations violentes. Si l’on en juge notamment d’après l’accroissement du nombre des lettres conservatoires demandées aux chancelleries pontificale et royale, la fréquence de cette pratique aurait augmenté à partir du milieu du XIIIe siècle pour atteindre un apogée au cours du règne d’Alphonse XI. Les ordres militaires ont ainsi subi des pertes dont les textes ne donnent qu’une idée approximative puisque les biens qui leur avaient été arrachés n’ont par la suite plus fait l’objet d’aucune mention dans leurs fonds d’archives, sauf en cas de restitution. À cet égard, la donation pieuse d’une terre usurpée à Calatrava après être restée trois ans en son pouvoir, réalisée en 1270 par un archidiacre de Jaén, qui en a racheté au préalable chaque parcelle, est un acte dépourvu d’équivalent67. Faire droit au préjudice occasionné par une usurpation foncière présente à l’ordinaire davantage de difficultés puisque cela suppose un échange, à l’instar de celui conclu en 1337 entre Fernán Sánchez de Valladolid et Calatrava68, voire, en l’absence de compromis à l’amiable, une compensation au terme d’une action judiciaire69.
20Quelle qu’en fût l’importance, la violence n’était pas le seul biais utilisé pour porter atteinte au patrimoine des ordres militaires. Plusieurs documents témoignent du refus d’ayant-droits de reconnaître le legs testamentaire d’un parent, obligeant ainsi l’institution lésée à engager un procès pour obtenir une cession effective70. Quand celle-ci avait lieu, l’Ordre devait souvent abandonner à la partie adverse une compensation, qui consistait d’ordinaire en une cession viagère des terres sur lesquelles elle avait élevé des prétentions71. Il n’est guère besoin d’insister sur les risques d’une telle pratique, qui entraînait une désagrégation temporaire du patrimoine de la milice sans que l’on pût être assuré, en dépit de toutes les garanties juridiques utilisées72, qu’il serait intégralement reconstitué après la mort du bénéficiaire73. Plusieurs domaines semblent ainsi avoir été perdus par les ordres militaires, telle la maison santiaguiste de Tolmancos, située dans le diocèse de Burgos, qui, laissée en 1288 à titre viager à Berenguela López de Haro au motif qu’elle avait été donnée à l’Ordre par sa tante Sancha Alfonso74, passa à la mort de l’usufruitière au neveu de celle-ci, Juan Alfonso de Haro, que Clément V dénonça en 1312 comme usurpateur, sans obtenir toutefois que les frères puissent recouvrer une propriété dont toute trace disparaît dès lors de leurs archives75.
L’apparition de contestations internes
21S’ils entraînent le plus grand nombre d’actes de violence, les conflits entre les ordres militaires et les juridictions concurrentes ne sont pas pour autant les seuls qui aient mis en péril l’exercice régulier des prérogatives seigneuriales des milices. Passé le milieu du XIIIe siècle émerge une contestation née des propres dépendants des milices, dont on aurait tort de sous-estimer la portée76. En un cas au moins, elle semble avoir débouché sur des affrontements armés77 A en croire la chronique de Santiago écrite à la fin du XVe siècle par Pedro de Orozco et Juan de la Parra, Ocana aurait tenté durant le gouvernement de Pelayo Pérez Correa de se soustraire au pouvoir de l’Ordre78. Il est dommage que le récit ne signale pas la date exacte de l’acte sur lequel il se fonde79. Néanmoins, l’existence d’une rébellion urbaine ne fait aucun doute dans la mesure où le fuero accordé à la ville en 1251, après que Ferdinand III en eut confirmé la juridiction à Santiago80, fait allusion aux atteintes perpétrées par les vecinos contre la milice81. Il semble même que la révolte ait donné lieu à de violents débordements contre l’autorité seigneuriale, à en juger par la fermeté de la répression au cours de laquelle un notaire public, coupable d’avoir ouvert aux insurgés une tour de l’enceinte, fut précipité dans le vide du haut de la muraille82.
22Un affrontement de cette intensité constitue à l’évidence un événement tout à fait exceptionnel. Cependant, il peut à mon sens être retenu comme révélateur d’un climat de tension jusqu’alors inconnu entre les ordres militaires et leurs dépendants. Les quelques auteurs qui se sont récemment intéressés au sujet ont bien mis ce fait en lumière en soulignant l’apparition de contestations internes dans les domaines de ces institutions à partir du milieu du XIIIe siècle83. Sans que l’on connaisse toujours l’origine du litige, les ordres militaires se trouvèrent alors exposés à des revendications croissantes de la part de leurs vasallos. Contre l’Hôpital, au cours de la décennie 1280, les habitants de Torrecilla, d’Espinosa de Villagonzalo et de Fresno el Viejo déposèrent, en moins de quatre ans, des plaintes pour la plupart relatives à la pratique seigneuriale de l’Ordre, qu’ils dénonçaient comme abusive84. Certes, l’Ordre était en position de force par rapport à ses dépendants, mais dans un cas, à Espinosa de Villagonzalo, la justice royale arbitra le conflit en faveur de ces derniers85, soulignant clairement qu’à partir des dernières décennies du XIIIe siècle, ils pouvaient espérer contester les prérogatives auparavant indiscutées de l’autorité seigneuriale86.
23Ce phénomène est à mettre en relation avec la structuration progressive des concejos situés dans les terres des ordres militaires. Dépendant de l’institution seigneuriale, ces concejos développèrent durant la seconde moitié du XIIIe siècle une personnalité juridique qui leur permit d’accroître les compétences qu’ils exerçaient sur leur environnement87. Ils génèrent ainsi des intérêts spécifiques, susceptibles de les opposer au pouvoir tutélaire de l’Ordre selon une logique que Feliciano Novoa Portela a qualifiée, pour le cas d’Alcantara, d’« afirmación del proceso señorializador frente al abadengo88 ». En l’absence d’une documentation d’intérêt local avant la fin du Moyen Âge, cette montée en puissance n’est pas facile à examiner en détail. Rares sont les fonds d’archives qui, tel celui d’Almonacid de Zorita, conservent assez d’actes antérieurs au XIVe siècle pour en permettre l’étude89. Pour ce lieu exceptionnellement renseigné, inscrit dans la juridiction de Calatrava, les sources révèlent que les autorités municipales tentèrent dans les premières décennies du XIVe siècle de disputer à l’Ordre le contrôle de ressources menacées par les difficultés économiques90, selon un schéma que l’on peut certainement possible d’extrapoler à d’autres situations privées d’un tel éclairage documentaire91.
24La lutte engagée par les dépendants des ordres militaires pour échapper à une pression jugée excessive revêtait en priorité la forme d’actions judiciaires auprès des plus hautes instances seigneuriales, voire, là où le régime en vigueur l’autorisait, devant les tribunaux royaux. Il semble que dans un premier temps la plupart des contestations ayant fourni matière à procès se soient rapportées à des abus caractérisés. Ainsi, en 1261, les habitants de Bolaños élevèrent jusqu’à Alphonse X une plainte contre le commandeur institué par Calatrava, qu’ils accusaient d’empiéter sur leurs droits en prétendant étendre l’assiette de l’impôt à leurs biens-fonds et en retenant pour lui les deux tiers des profits de justice, au mépris de la coutume92. Près d’un demi-siècle plus tard, les dépendants d’Alcázar de San Juan dénonçaient aux autorités castillanes de l’Hôpital les agissements du commandeur du lieu, accusé de forcer leurs demeures, d’introduire dans la ville des jeux de hasard ou de faire commerce des charges publiques93. À mon sens, la gravité des griefs invoqués contre le représentant local de l’Ordre et la satisfaction donnée aux plaignants dans le verdict témoignent que, dans les deux cas, l’action de la communauté fut entreprise en réaction à une violation manifeste du droit94.
25Au début du XIVe siècle, cependant, ce cas n’était plus la norme. Les concejos des ordres militaires, tel celui d’Almonacid de Zorita, étaient dès lors en mesure d’entreprendre, indépendamment des éventuels abus commis, une lutte suivie pour rogner les prérogatives de l’autorité seigneuriale95. En témoigne l’exemple de Peñalver, dont les habitants ne cessèrent de dénoncer la modification de leur fuero, décrétée unilatéralement par l’Hôpital en 127296, réclamant la restauration des droits que l’Ordre leur avait reconnus après la donation d’Alphonse VIII97. Il est impossible de suivre dans le détail le déroulement du combat conduit par les dépendants contre les prétentions seigneuriales des frères. Nous connaissons seulement le résultat final, grâce à la révision du fuero accordée en 1334 par le prieur Alfonso Ortiz Calderón à la demande des procureurs du concejo98, dont il satisfaisait la demande en supprimant les exactions banales99 et en renforçant le droit accordé aux habitants de faire appel devant les tribunaux royaux des sentences judiciaires du commandeur100.
26Un tel recul de l’autorité seigneuriale est sans conteste exceptionnel. Il me semble cependant constituer un indicateur de la pression accrue exercée par les dépendants sur les ordres militaires au début du XIVe siècle. Les conflits tendirent alors à se multiplier, en particulier en matière d’élevage, eu égard à l’enjeu économique représenté par l’activité dans la Meseta méridionale101. En de nombreux cas, les ordres militaires furent amenés à faire droit aux demandes paysannes : ainsi Alcantara se vit-il confronté, à l’aube du XIVe siècle, à des requêtes visant non seulement à protéger le bétail de ses dépendants contre les abus des commandeurs102, mais encore à accroître les libertés de pâturage qui lui étaient garanties103, voire à constituer des défens dans lesquels il bénéficiait de l’exclusivité de la dépaissance104. La situation d’Alcántara ne constituait en rien une exception105 et de nombreux autres conflits, tel celui dont les habitants d’Alcázar de San Juan saisirent en 1333 les autorités castillanes de l’Hôpital106, révèlent que l’élevage constituait le principal enjeu des différends opposant les ordres militaires à leurs dépendants pour le contrôle des revenus provenant de l’exploitation du domaine.
27Bien qu’elles en constituent la partie la plus visible dans les sources, les actions en justice ne sauraient à elles seules rendre compte des contestations dirigées contre les ordres militaires par leurs dépendants. Elles incarnent en effet la dimension collective de ce phénomène et laissent dans l’ombre les manifestations individuelles de rejet de l’autorité seigneuriale dont il est impossible, en l’absence de tout indicateur statistique, de connaître exactement l’ampleur. Plusieurs indices montrent toutefois qu’une telle protestation, loin d’être marginale, dut être suffisamment nourrie pour donner lieu à des courants d’émigration dont les plus anciens, grâce à la conquête des bassins du Guadalquivir et du Segura, entraînèrent certains dépendants à abandonner la Meseta méridionale, encore en cours de repeuplement, pour des régions moins soumises à la pression seigneuriale107. La ponction supportée par les domaines des ordres militaires fut inférieure à celle des terres septentrionales du royaume. Elle n’en fut pas pour autant négligeable ainsi qu’en atteste, selon le livre du repartimiento de Séville, l’implantation de paysans issus de leur juridiction, comme à Alcalá del Río, où plusieurs colons étaient originaires des fiefs santiaguistes d’Uclés et d’Ocaña108.
28À leur exemple, plus d’un dépendant des ordres militaires a dû exprimer son rejet de l’autorité seigneuriale en quittant leurs terres pour les régions de frontière, perçues comme un espace de liberté. Dès 1261, les autorités de Calatrava se faisaient l’écho de cette pratique en rappelant, lors du procès qui les opposait aux habitants de Bolaños, l’obligation pour ceux qui émigraient d’abandonner leurs biens109. Il se peut qu’elles aient ainsi exprimé leur inquiétude face à un flux de départs sans conteste plus important que ne le laissent penser les rares cas explicitement mentionnés dans la documentation, tel celui de Diego Velasco et de son épouse qui, en 1345, quittent Chillón, attirés par les franchises offertes par le roi dans les espaces récemment arrachés au pouvoir nasride110. De fait, l’inquiétude des Ordres devant un tel phénomène semble avoir été grande au moins à partir du deuxième quart du XIVe siècle, si l’on en juge par les privilèges royaux sollicités par le maître Juan Núñez de Prado qui, pour assurer le peuplement des châteaux frontaliers de Calatrava111, voulait à toute force à empêcher que leurs habitants ne les abandonnent au bénéfice des places de realengo, exposées à une moindre pression seigneuriale112.
29Pour preuve de la réticence des paysans chrétiens à accepter le pouvoir des ordres militaires, on peut invoquer, fut-ce à titre d’hypothèse, la présence sur les terres des milices d’un contingent significatif de dépendants musulmans qui, quoique rarement majoritaires113, sembleraient, malgré une certaine dégradation de leur situation 1114, y avoir été plus nombreux au XIVe siècle que sur les domaines du roi115. Bien étudiée pour l’intérieur du royaume de Murcie116 où, à la fin du XIIIe siècle déjà, Socovos était présenté par Pedro Marín comme un « castiello de moros117 », cette importante présence démographique musulmane a pu être imputée à l’échec du repeuplement chrétien118. Il n’est pas impossible qu’elle traduise une situation assez fréquente dans les terres des ordres militaires, à l’exception de la frontière andalouse où, pour des raisons de sécurité, les milices avaient adopté dès avant la révolte de 1264, à l’instar de Calatrava, une politique hostile aux musulmans119. Tel est en tout cas l’avis de Luis Rafael Villegas Díaz qui, dans l’attente de recherches plus approfondies, développe sa conviction à partir du cas de Bolaños où en 1388, en plein cœur de la Manche, une aljama est documentée120. L’hypothèse, si elle se vérifiait, permettrait de mieux rendre compte de la forte présence musulmane relevée à la fin du XVe siècle dans les terres des Ordres et viendrait, à l’appui de l’essor des conflits, renforcer l’idée d’une réticence des paysans chrétiens à accepter la dépendance seigneuriale.
30Il est impossible de mesurer exactement les répercussions du renversement de la conjoncture sur les domaines des ordres militaires. Néanmoins, elles suffirent à mettre en danger, plus qu’on ne le dit à l’ordinaire, la prospérité de leur économie. En atteste dans les sources un faisceau d’indices parmi lesquels jouent, au premier chef, la multiplication des conflits à partir des années centrales du XIIIe siècle et leur fréquent dénouement au préjudice des milices. L’impression de crise économique ne doit sans doute pas être exagérée. Elle dut cependant être assez profondément ressentie pour conduire les ordres militaires à préparer une réponse qui leur permît, en dépit des difficultés, de faire face au mieux à leurs besoins financiers.
II. – La solution du système commanditaire
31D’une nécessité accrue durant le XIIIe siècle est né le perfectionnement du système d’exploitation adopté par les ordres militaires dans leurs domaines121. Cette affirmation peut paraître surprenante dans la mesure où, traditionnellement, le réseau commanditaire, qui constitue l’aboutissement d’un tel processus, est perçu par l’historiographie comme un élément caractérisant ces institutions dès l’origine. Il importe cependant, pour bien en restituer le sens, de l’appréhender dans une perspective dynamique qui mette l’accent sur le développement progressif d’une systémique hors de laquelle il n’est pas de réseau122. Par ce biais, les ordres militaires ont fait montre, passé le deuxième tiers du XIIIe siècle, d’une adaptation à la conjoncture nouvelle qui les obligeait, à l’instar du groupe dominant, à rationaliser la pression seigneuriale exercée sur leurs dépendants.
La formation d’un réseau
32Depuis quelque quinze ans, le système d’exploitation utilisé par les ordres militaires dans leurs domaines au cours du premier siècle de leur existence est au cœur d’un vif débat historiographique123. Jusqu’alors, la commanderie était décrite comme l’instrument naturel de la pratique économique des milices et le moyen infaillible de distinguer cette dernière des usages d’autres fondations monastiques. Selon l’approche classique, exposée il y a près de cinquante ans par Joseph O’Callaghan à propos de Calatrava, elle apparaît comme « un bénéfice consistant en une unité territoriale dont les rentes fournissent les revenus de son détenteur, qui dispose parfois également de la juridiction légale sur les habitants de la région »124. Utilisée ensuite par Derek Lomax pour Santiago125, la définition a été appliquée en l’état à la phase d’expansion première des ordres militaires126. Bien plus, entendue dans un sens féodal, la commanderie est conçue à l’heure actuelle comme le cœur d’un système que plusieurs auteurs, à l’instar de Enrique Rodríguez-Picavea Matilla pour Calatrava, n’ont pas craint de décrire, dès la fin du XIIe siècle, sous l’aspect d’un véritable réseau127.
33C’est à Luis Rafael Villegas Díaz et à ses élèves que revient le mérite d’avoir opportunément signalé que le principe d’organisation fondé sur un système commanditaire unifié reflète une réalité tardive qu’il est impossible de transposer telle quelle à la phase d’expansion première des ordres militaires128. Il n’est pas sûr, en revanche, que ces auteurs aient fait preuve du même à-propos en voulant ériger le modèle économique cistercien, tel qu’il a été décrit dans sa forme classique par Charles Higounet129, en schéma alternatif pour la période antérieure au milieu du XIIIe siècle130. Les arguments sémantiques réunis à l’appui d’une telle solution sont pour le moins fragiles : ainsi, censé désigner l’unité basique d’exploitation des ordres militaires, le terme de grange reste pourtant pratiquement absent de leur documentation131. L’équivalence avec le mot de casa n’est pas davantage probante132, dans la mesure où ce dernier traduit le terme de maison, employé alors dans tout l’Occident comme synonyme de commanderie133. Limités à Calatrava, les éléments de preuve sur lesquels s’appuient les partisans de l’hypothèse d’un recours des ordres militaires au modèle grangier cistercien me semblent trop faibles pour que l’on puisse prêter plus de crédit à cette dernière qu’à celle de l’existence d’un réseau de commanderies originel, à laquelle ses partisans prétendent précisément l’opposer134.
34Il semble en effet particulièrement difficile, ainsi que l’a souligné Carlos de Ayala Martínez, d’évoquer pour la phase initiale d’expansion des ordres militaires leur organisation économique en termes de système135. Développant une idée avancée par Luis Rafael Villegas Díaz pour Calatrava136, C. de Ayala a clairement relevé que, plutôt que la commanderie, c’est le château qui forme le principal élément de structuration du territoire des milices jusque dans le deuxième quart du XIIIe siècle137. Ce primat est caractéristique d’une phase que l’on peut considérer comme dominée par une économie de guerre138, et au cours de laquelle la richesse des ordres militaires provenait moins de l’exploitation de leur patrimoine que d’activités de prédation orientées vers la capture de butin et de prisonniers139. Passé le milieu du XIIIe siècle, de telles ressources tendirent, en raison de la stabilisation de la frontière, à disparaître sauf en de rares occasions140. De là, pour les ordres militaires, afin de satisfaire leurs besoins, cette nécessité de promouvoir un système d’exploitation plus direct des domaines fonciers dont ils s’étaient assuré le contrôle141.
35Dans ce système progressivement mis en place au cours du deuxième tiers du XIIIe siècle, la commanderie joue un rôle majeur. Celle-ci est loin de constituer une création ex nihilo. L’institution possédait déjà alors une longue histoire dont, à l’exemple de Carlos de Ayala Martínez, je me suis efforcé récemment de rendre compte142. Dès le début des années 1170 figurent dans les sources des frères parés du nom de commandeur sans que leur soit attribuée en propre la gestion d’un domaine. Qu’ils soient appointés pour une cause déterminée, comme c’est le cas d’Arias Bermudez, « comendator pro Galleciam constituto », chargé en 1174 d’arbitrer un différend entre les Hospitaliers et les Cisterciens d’Osera143, ou qu’ils jouissent d’une délégation plus vaste, tel Diago Muñoz qui œuvre en 1182 en tant que lieutenant du prieur de l’Hôpital Pedro Arias144, le titre qui leur est accordé est en réalité lié à un événement ponctuel qui leur vaut d’agir en tant que procureurs de leur institution. Bien mieux, il ressort du cas des ordres hispaniques que certains des commandeurs attestés dans les sources étaient même des laïcs auxquels avait été laissé l’usufruit d’une terre sans qu’il leur fût demandé de faire profession145. D’une telle situation, il faut conclure qu’on ne peut dès l’origine attribuer à la commanderie le sens classique qu’elle devait revêtir par la suite.
36Les premiers commandeurs chargés de la gestion d’une unité domaniale apparaissent dans les sources de Santiago et de Calatrava autour de 1180. Avancée par Rades y Andrada146, la date a été réfutée par Luis Rafael Villegas Diaz au motif que le chroniqueur fonde son affirmation sur le texte du fuero de Zorita, largement interpolé à la fin de la seconde décennie du XIIIe siècle147. Il convient toutefois, Carlos de Ayala Martínez l’a bien souligné148, de ne pas accorder trop de foi à une telle critique dans la mesure où plusieurs actes se référant à des commandeurs ancrés dans une géographie concrète corroborent sans aucune ambiguïté une datation précoce149. Même les ordres de Terre sainte, malgré un moindre nombre d’indices, s’inscrivent au prix d’un léger décalage dans la chronologie signalée pour les institutions hispaniques150. À partir des deux dernières décennies du XIIe siècle apparaissent en effet les premières occurrences de commanderies territorialisées, tout d’abord pour l’Hôpital151, puis, quelque quinze ans plus tard, pour le Temple152.
37Il serait cependant abusif de déduire de tels faits l’existence d’un réseau, comme certains historiens s’y sont plu sitôt listées une dizaine de ces références. La faiblesse du nombre des commandeurs, l’absence de continuité de leurs mentions, liée à la fragilité des structures apparues à la fin du XIIe siècle153, et plus encore le caractère variable des appellations dont les sources font usage pour les désigner154 interdisent à mon sens de donner à cette nouvelle figure toute sa dimension avant le deuxième quart du XIIIe siècle. La commanderie apparaît ainsi dans un premier temps dotée d’une consistance très réduite155. À l’échelle pratique, le fait se déduit de l’intervention continue du maître à l’intérieur de l’espace dévolu en théorie à son représentant local auquel, à plusieurs occasions, il n’est même pas demandé d’assentiment156. Il ressort plus fortement encore au plan normatif où il n’existe aucune référence avant le début du XIIIe siècle à la charge de commandeur puisque l’unique mention qui en est faite, dans les statuts de Calatrava édictés en 1195, se rapporte non pas à un représentant territorial de l’Ordre, mais au lieutenant du maître, appelé plus tard comendador mayor, qualifié en certaines circonstances pour se substituer à lui157.
38L’organisation des commanderies en un réseau structuré n’est donc pas une donnée initiale mais le résultat d’une politique mise en œuvre par les ordres militaires en vue de rationaliser le système d’exploitation de leurs domaines. Il est difficile d’en situer la genèse avec exactitude. Carlos de Ayala Martínez a récemment proposé, dans le cas des institutions hispaniques, un intervalle compris entre 1225 et 1275158. La période cadre pleinement avec la phase d’expansion patrimoniale des ordres militaires, dont l’auteur a bien montré qu’elle supposait un effort d’organisation non seulement dans les terres nouvellement acquises mais encore dans les zones d’implantation préalable, comme la Manche, situées dès lors en position de retaguardia159. Sans doute peut-on davantage préciser l’intervalle proposé en tenant le troisième quart du XIIIe siècle pour la période d’émergence véritable d’un réseau. Les preuves invoquées pour l’époque précédente me semblent trop faibles — à l’instar de l’assimilation postulée entre les commanderies et les casas filiales mentionnées dans les bulles pontificales à partir d’Honorius III160 — pour que l’on puisse placer le développement d’un système commanditaire avant les années centrales du XIIIe siècle, où la nouvelle structure, désormais pleinement consolidée, se substitue, comme dans le cas du prieuré de l’Hôpital161, aux anciennes démarcations régionales héritées de l’organisation originelle.
39S’il est vrai que chacun des ordres militaires s’attache, dès la seconde moitié du XIIIe siècle, à implanter dans ses domaines un réseau commanditaire selon un principe systématique, ils ne suivent pas pour autant tous un schéma directeur identique. Au modèle horizontal des ordres de filiation cistercienne, formé d’un grand nombre de commanderies n’ayant d’autre lien entre elles que leur commune dépendance vis-à-vis du couvent central, répond un modèle hiérarchisé, doté d’un échelon intermédiaire, choisi par Santiago et par les institutions de Terre sainte. L’opposition, observée à l’échelle de la Manche162, peut être élargie à l’ensemble des terres des ordres militaires, comme il ressort de l’étude du Temple et de l’Hôpital. Pour ces milices des commanderies, proches des encomiendas majores de Santiago par leur mode plutôt que par leur échelle de fonctionnement, exerçaient un réel pouvoir régional163. Sensible pour le Temple, en particulier pour la baylie de Faro, dont la prééminence s’étendait à toute la Galice164, ce schéma est patent dans le cas de l’Hôpital, mieux documenté, où les commanderies de Portomarín, de Puente Órbigo, de Población de Campos, de Consuegra — laquelle était placée à la tête d’un prieuré qui jouissait même d’une autonomie importante dans l’ensemble castillan au début du XIIIe siècle165 — voire de Setefilla étaient investies d’une fonction régionale de commandement qui dépassait largement leur simple ressort166.
40Quel que soit le modèle retenu, la centralisation du réseau commanditaire était absolument comparable167. Il est même possible d’affirmer qu’elle formait la pierre angulaire d’un système qui, nous l’avons vu, visait avant tout à permettre aux autorités centrales des Ordres de remplir leurs missions militaires. Des commanderies jusqu’aux sièges des milices étaient organisés à cet effet des transferts de numéraire qui, à défaut de documents comptables, restent extrêmement mal connus du fait que les sources les mentionnent seulement lorsqu’un événement imprévu en rompait la régularité. Pour Santiago, par opposition aux autres institutions, de tels flux se développèrent à l’échelle péninsulaire au moins jusque dans le premier quart du XIVe siècle. Ils affectaient bien sûr les domaines castillans, parmi lesquels les commanderies murciennes dont Jacques II assurait en 1301 le maître Juan Osórez qu’elles continueraient, sous la domination aragonaise, à payer les responsiones accoutumées168, mais ils concernaient également les terres situées hors du royaume, telles les possessions portugaises de l’Ordre dont Denis Ier, désireux de renforcer leur autonomie169, se plaignait au pape qu’elles finançaient l’effort de guerre des Santiaguistes castillans contre son royaume170. Dans un cas comme dans l’autre, de tels transferts monétaires constituent la manifestation ultime d’un système dont ils attestent l’achèvement au seuil du XIVe siècle.
Une structure hiérarchisée
41Inscrite dans le cadre d’un réseau, la commanderie laissait à son titulaire une autonomie réduite par rapport aux autorités centrales de l’Ordre, auxquelles il appartenait de superviser l’administration domaniale. Luis Rafael Villegas Díaz et ses élèves l’ont bien souligné171 s’inscrivant en faux contre l’approche féodale qui a conduit certains historiens à exagérer l’indépendance des commandeurs172. Les documents normatifs sont très clairs à ce propos. Pour chacun des Ordres, ils interdisent aux frères chargés de la gestion d’une commanderie d’en aliéner tout ou partie sans l’assentiment explicite du maître. Décrétée en 1265 pour Santiago173, cette mesure apparaît au début du XIVe siècle dans les premiers statuts conservés pour les institutions de filiation cistercienne, assortie de peines de la plus extrême rigueur puisque les éventuels contrevenants étaient menacés non seulement de perdre les dignités dont ils étaient investis, mais encore d’être exclus de la milice, à l’instar des frères rebelles au maître174.
42Jouant du vœu d’obéissance des frères, les instances centrales des ordres militaires s’attachèrent, à partir des années médianes du XIIIe siècle, à forger des outils de contrôle institutionnel de la gestion des commandeurs. De ce point de vue, l’obligation faite à ces derniers d’établir un inventaire précis des biens confiés à leur administration constitue sans conteste le recours le plus répandu. Mentionnée pour la première fois en 1259, à l’occasion des dispositions adoptées par le chapitre santiaguiste de Robredo de Montánchez, une telle pratique était à l’origine imposée aux frères à leur entrée et à leur sortie de charge175. Cinquante ans plus tard, lorsqu’elle est attestée pour les institutions de filiation cistercienne, elle disposait d’une périodicité mieux établie puisqu’à partir de 1304 elle fut requise lors de chaque chapitre général de Calatrava176, et qu’en 1306, pour la première fois, Alcantara l’exigea explicitement de façon annuelle177. Dès lors, l’inventaire demandé aux commandeurs semble avoir adopté définitivement ce rythme, que les autorités supérieures des ordres militaires reprirent comme le plus sûr instrument pour vérifier la gestion domaniale de leurs membres178.
43Il semble toutefois qu’il n’ait pas été jugé suffisant. Dès la première moitié du XIIIe siècle, nous l’avons vu, se développa un système de contrôle in situ, fondé sur le principe d’une visite des commanderies qui, sans atteindre la périodicité annuelle de la fin du Moyen Âge, gagna en régularité à partir de 1250179. Il se doublait d’une reddition de comptes que les instances supérieures des ordres militaires pouvaient à tout moment exiger de leurs représentants locaux. Comme elle n’était pas inscrite dans un rythme fixe, comme pour les officiers conventuels180, la pratique était à l’ordinaire passée sous silence. Elle n’en est pas moins avérée, comme il ressort de l’ordre adressé à l’été 1357 par le prieur castillan de l’Hôpital Juan Fernández de Heredia à Juan González Bugía, commandeur de San Juan del Camino, afin que ce dernier répondît en personne, sous deux semaines, de son administration de la baylie de Población de Campos181. À cet égard, il m’apparaît significatif de la vigueur du contrôle central que l’argument d’une mauvaise gestion ait pu être alors employé afin de perdre le commandeur de Benavente auprès de Juan Fernandez de Heredia182 et que, sitôt démontrée la nature mensongère des accusations répandues à l’encontre du détenteur légitime de la baylie, son domaine lui ait été restitué sur l’injonction expresse du prieur183.
44Un tel contrôle de l’autorité centrale s’explique par le fait que la commanderie, comme l’étymologie du mot le rappelle, était conçue comme une délégation de l’administration d’un domaine. Le frère qui en recevait la charge exerçait donc un mandat qui, par essence, était temporaire. La difficulté est de savoir ce que recouvrait exactement ce dernier adjectif. Le cas de l’Hôpital peut aider à évaluer la durée moyenne de l’exercice d’une même charge par un commandeur184. Si la nature fragmentaire de la documentation peut amener à sous-évaluer cette durée185, le danger inverse est tout aussi grand et à mon sens plus pernicieux : il tient à la possibilité, jamais exclue, que soit découvert un document remettant en cause la périodisation proposée et, plus encore, à l’homonymie fréquente qui amène en certains cas à confondre deux personnages distincts. L’exemple d’Alfonso Pérez Orisco, étiqueté par Carlos Barquero Goñi entre 1272 et 1285 en tant que commandeur de Santa Maria de la Horta186, souligne bien ce double danger. Dans cet intervalle de treize ans, ce frère est attesté en tant que commandeur de Portomarín en 1283, puis de Benavente l’année suivante187, sans que l’on puisse seulement tenir pour certain qu’il corresponde en 1285 au titulaire de Santa Maria de la Horta, nommé sans plus de précision Alfonso Pérez, dans la mesure où existent parmi ses contemporains au moins deux homonymes à l’intérieur du prieuré castillan de l’Hôpital188.
45Jusqu’à la fin du XIIIe siècle, nombre de mentions prouvant apparemment la permanence d’un commandeur dans une charge plus de dix ans sont en réalité sujettes à caution. S’il est plusieurs cas avérés, la durée moyenne d’exercice se situait, pour l’Hôpital comme pour les autres ordres militaires, autour de trois ans et bien des frères demeurèrent en fonction seulement une dizaine de mois189. Le fait apparaît clairement dans le cas de Puente Órbigo qui, bien qu’il soit atypique en raison de la quantité de données réunies, lesquelles proviennent surtout du fonds monastique de Carrizo, n’en est pas pour autant isolé190. Là, comme à Portomarín ou à Consuegra, plusieurs commandeurs se succédèrent pour des périodes réduites, souvent inférieures à une année (tableau 6, pp. 333-335). À la fin du XIIIe siècle encore, sont mentionnés pour Ledesma, en moins de douze ans, cinq commandeurs différents qui, par deux fois, se suivirent d’une année à l’autre191. Les autres ordres militaires s’inscrivaient dans la même logique de rotation fréquente, à l’instar du Temple, ainsi qu’il ressort de l’étude de la baylie de Ponferrada, la seule pour laquelle puisse être réunie, à défaut de fonds propre, une information suffisamment riche grâce aux archives de San Pedro de Montes, de San Andrés de la Vega de Espinareda ou de Carracedo192 (tableau 7, p. 336).
46Une rotation aussi rapide tenait en priorité au XIIIe siècle au contrôle exercé par le chapitre général sur la désignation des commandeurs193. Aucun acte ne garde trace d’une investiture avant le milieu du XIVe siècle194, mais il est probable que si, pour chaque institution, l’initiative revenait au supérieur provincial, l’assemblée des frères était cependant fondée à l’encadrer étroitement Le fait ressort des statuts de Santiago édictés à la fin du magistère de Pelayo Pérez Correa195. À mon sens, la pratique de cet Ordre ne diffère en rien de celle de ses homologues. L’Hôpital semble avoir agi de même si l’on accepte l’hypothèse que la désignation de Juan Núñez, commandeur de Consuegra, en tant que lieutenant du grand commandeur d’Espagne pour les prieurés de Castille et de Léon obéissait à l’usage ordinaire196. Opéré en 1269 avec l’accord du chapitre provincial, ce choix me paraît refléter une norme que vient souligner la chronologie d’occupation des commanderies. À plusieurs reprises, en effet, figurent deux titulaires différents pour une seule baylie au cours de la même année197. En un cas, à Mostoles en 1248, l’intervalle qui, à la rupture des mois de mai et de juin, sépare les deux mentions est seulement de cinq jours198. Or il s’agit précisément de la période pendant laquelle le chapitre général avait coutume de se rassembler199 et, bien que cette année-là toute trace de sa convocation fasse défaut, le remplacement de Gonzalo Pérez par Juan Pérez Trigo fut très certainement décidé par l’assemblée des frères du prieuré, désireuse de faire valoir son pouvoir de contrôle sur la collation des commanderies.
B. — Puente Órbigo
C. — Consuegra
TABLEAU 7. — La rotation des commandeurs du Temple au XIIIe siècle : le cas de Ponferrada
47Dans ces conditions, l’affirmation selon laquelle, passé le milieu du XIIIe siècle, les commandeurs auraient eu tendance à considérer comme leur bien propre le domaine confié à leur gestion paraît irrecevable200. Transposition manifeste des réalités de la fin du XIVe siècle, l’idée conserve dans l’historiographie une force tout à fait singulière qui fait que certains auteurs, pourtant capables d’en démonter l’origine, n’en ont pas remis en cause la pertinence pour les périodes plus anciennes201. Elle s’est ainsi imposée à Carlos de Ayala Martínez qui, dans sa reconstitution de l’évolution de la commanderie pour les ordres militaires hispaniques, fait état à compter de la fin du XIVe siècle d’une phase de patrimonialisation202. Qu’une telle aspiration ait existé au sein du groupe des commandeurs, cela ne fait pas de doute. Elle provoqua, dès le magistère de Pelayo Pérez Correa, le refus de plusieurs chevaliers santiaguistes de remettre leurs châteaux au maître203 et devait déclencher, au tournant des XIIIe et XIVe siècles, une crise d’une gravité exceptionnelle dans l’Ordre dans la mesure où certains frères chargés des forteresses de frontière menacèrent de les ouvrir aux musulmans si Juan Osórez ne leur en reconnaissait pas la possession viagère204. Cependant, il s’en faut de beaucoup qu’une telle revendication ait été satisfaite dès cette époque.
48Si l’issue de cette rébellion reste mal connue, il ne fait aucun doute à mon sens que le maître se refusa au chantage des frères et qu’il parvint finalement à ramener ces derniers à l’obéissance. Dans les statuts édictés en 1310, à l’extrême fin de son magistère, Juan Osorez réaffirma en effet la faculté détenue par le supérieur d’ôter, en accord avec le chapitre, une commanderie à son détenteur205. Il est certes possible d’interpréter ce rappel, à l’instar d’autres dispositions normatives, comme une concession du maître à un secteur de l’Ordre désireux de se protéger de l’éventuel arbitraire de son chef206. Il n’en est pas moins vrai que les définitions de Juan Osórez, en réglant la dévolution des commanderies selon l’usage ancien, excluaient que celles-ci puissent faire l’objet d’une quelconque patrimonialisation. Les statuts promulgués pendant les décennies suivantes pour les institutions de filiation cistercienne n’adoptèrent pas une ligne différente. En 1336, à Alcañiz, la concession viagère des commanderies fut prohibée pour la première fois de façon explicite207. Si le fait peut être considéré comme l’indice de la diffusion de cette pratique, il reflète d’abord à mon sens l’hostilité à son endroit des autorités supérieures de Calatrava comme de l’ensemble des ordres militaires208.
49Les commandeurs jouissant de leur charge à titre viager constituaient l’exception, et non pas la norme, contrairement à ce que l’on a trop souvent avancé. Les cas documentés sont rares. La plupart concernent des membres ayant rendu à leur ordre des services signalés, notamment sur le plan financier, tel Artal de Huerta, commandeur santiaguiste de Montalbán, investi de l’hôpital de Cuenca de 1315 à sa mort209, ou d’anciens maîtres écartés du pouvoir, comme Ruy Vázquez, qui en 1318 obtint Magacela pour s’être désisté de la dignité suprême d’Alcántara210. En dehors de ces cas particuliers, l’usage des concessions viagères est presque inconnu au milieu du XIVe siècle. Aucun cas n’est attesté pour les Ordres de filiation cistercienne avant le début du siècle suivant Pour Santiago, l’exemple de Ruy Chacón, que le maître Fadrique investit en 1347 de la commanderie de Caravaca pour le restant de ses jours211, demeure à mon sens trop isolé pour consumer un indice probant d’une quelconque patrimonialisation212. Quant à l’Hôpital, si une demi-douzaine de cas sont effectivement documentés pour le milieu du XIVe siècle213, ils restent toutefois très largement minoritaires par rapport aux exemples de concessions à terme préalablement fixé — entre cinq et dix ans le plus souvent214 — qui permettaient aux autorités supérieures de mieux exercer leur contrôle sur la gestion du domaine215.
Un système flexible
50Bien que répondant à un schéma hiérarchisé conçu en fonction du sommet, aux besoins financiers duquel il s’agissait de pourvoir, le système commanditaire ne constituait pas une structure étroitement monolithique. Si les « membres », ainsi que les documents appellent à plusieurs reprises les commanderies, étaient certes placés au service du « chef », ce sont eux qui drainaient les ressources vers ce dernier. À ce titre, ils disposaient, sous son contrôle, d’une marge de manœuvre qui leur permettait de s’acquitter au mieux de leur mission. Dans la gestion quotidienne du patrimoine de la commanderie, les décisions revenaient au frère chargé de l’administration du domaine, lequel était assisté d’un chapitre rassemblant à l’échelle locale l’ensemble des membres de l’Ordre vivant sous sa responsabilité216 et dont le rôle, sans commune mesure avec les rares références que l’on en a conservées, est attesté au milieu du XIIIe siècle par différents actes intéressant les baylies hospitalières de Consuegra et de Puente Fitero217.
51Dans un souci d’efficacité, les autorités centrales des ordres militaires déléguaient à l’échelle locale l’initiative de l’exploitation foncière, se réservant de contrôler ensuite les décisions prises218. Les commandeurs étaient ainsi investis, dans le cadre de la circonscription qui leur était assignée, de la responsabilité des terres cultivées en faire-valoir direct219. De même, ils étaient chargés de retirer un profit maximal de la part du domaine dont la mise en valeur n’était pas assumée par l’Ordre. Sur ce point, ils jouaient un rôle décisif, cherchant à privilégier les modalités du faire-valoir indirect dont ils savaient, en fonction de la conjoncture locale, qu’elles étaient susceptibles de procurer les plus grands bénéfices à l’institution seigneuriale. Le fait a été bien relevé dans le cas de la baylie hospitalière de Portomarín220, où les contrats d’affermage, appelés foros en Galice, se substituent à partir de la première moitié du XIVe siècle aux prestimonios, utilisés jusqu’alors par l’Ordre, comme par de nombreux seigneurs ecclésiastiques221, pour acquérir de nouvelles propriétés au prix de la cession, généralement viagère, de l’usufruit d’une partie de leur patrimoine222.
52Investis d’une responsabilité importante à l’heure de décider des modalités de mise en valeur du domaine, les commandeurs jouaient aussi un rôle non négligeable, bien que moindre évidemment, dans le suivi de l’exploitation. En plusieurs cas, les documents faisant foi des prérogatives des Ordres étaient conservés dans le lieu précis auquel ils se rapportaient. Ainsi en était-il du contrat d’acensement des moulins que l’Hôpital possédait sur le cours de l’Olmos, passé en 1243 en faveur d’un groupe d’habitants d’Illescas, dont l’exemplaire remis à la partie seigneuriale fut déposé dans le château d’Olmos de sorte que le commandeur pût s’assurer du versement du loyer aux termes fixés par l’acte et imposer aux éventuels retardataires les sanctions prévues223. À différentes reprises, les commandeurs furent même chargés de défendre les droits de leur milice sur le plan judiciaire. Tel fut le cas pour les responsables de la baylie hospitalière de Puente Fitero, qui s’opposèrent à partir de 1222 aux Prémontrés d’Aguilar de Campoo dans un long procès pour les moulins du Pisuerga224 qui ne se conclut pas avant 1255, date à laquelle le dignitaire local de l’Ordre admit le droit des moines moyennant une somme de cent cinquante maravédis avec laquelle il acheta une terre dont il fit valoir à l’autorité provinciale, pour obtenir son consentement à la transaction, qu’elle était d’un meilleur rapport225.
53Si, à des fins d’efficacité, les autorités supérieures des milices s’efforcèrent jusqu’au milieu du XIVe siècle de prévenir toute patrimonialisation, elles ne tardèrent pas à s’apercevoir, pour des raisons similaires, du profit que l’intéressement des commandeurs à la gestion de l’unité qui leur était confiée pouvait procurer à l’ensemble de l’institution. En 1275, aussitôt après la mort de Pelayo Pérez Correa, le chapitre santiaguiste de Léon décida, probablement dans le but de remédier à l’arbitraire du maître226, que les frères de l’Ordre qui avaient développé des agglomérations nouvelles sur les terres qui leur avaient été confiées pourraient en garder la disposition jusqu’à la fin de leurs jours227. Il ne s’agissait pas là d’une cession viagère de leur commanderie, mais bien plutôt d’une incitation à mettre celle-ci en valeur pendant les années où ils l’occupaient afin que l’Ordre, après leur mort, pût en retirer un bénéfice. Appliqué au début du XIVe siècle à Alcantara228, puis à l’ensemble des institutions de filiation cistercienne trois décennies plus tard229, ce principe était étendu à chacune des infrastructures — moulins, maisons ou boutiques — que les commandeurs étaient susceptibles de bâtir dans les domaines dont ils avaient reçu la délégation.
54Il semble qu’une telle pratique ait été efficace dans la mesure où, passé les premières années du XIVe siècle, les ordres militaires ne se bornèrent plus à l’employer pour valoriser leur patrimoine, mais cherchèrent également à la mettre au service d’une politique de récupération des terres aliénées230. Dans un contexte dont on connaît la difficulté, les maîtres se firent un devoir de restaurer l’assise foncière d’institutions éprouvées par une série de concessions abusives qui avaient aggravé le mouvement d’usurpations231. À cette fin, ils reprirent le principe d’un intéressement des frères, décidant de leur laisser le bénéfice viager des biens qu’ils pourraient arracher à l’emprise des laïcs à leurs frais ou grâce à leur ingéniosité. Mise en place une première fois pour Alcantara en 1306, cette mesure était appelée à faire florès232. Reprise dans les statuts santiaguistes édictés en 1310 par Juan Osórez233, elle s’étendit progressivement, durant le deuxième tiers du XIVe siècle, à l’ensemble des Ordres de la péninsule Ibérique234.
55Quel que fut l’avantage d’un tel procédé pour l’institution, soulagée d’une part des dépenses que supposaient le recouvrement et la mise en valeur de son domaine, il convient de bien souligner qu’il n’était pas exempt de danger dans la mesure où il tendait précisément à favoriser la patrimonialisation à laquelle les autorités centrales prétendent s’opposer. Pour extrême qu’il soit, l’exemple de Juan González Bugía, commandeur hospitalier de San Juan del Camino, semble révélateur d’un tel risque. Le 19 mai 1357, il obtint, selon toute vraisemblance à titre viager, la baylie de Ciudad Rodrigo qu’il avait en partie arrachée à des usurpateurs235. On peut néanmoins douter de sa volonté de servir l’Ordre lorsque l’on sait que, sommé moins d’un mois plus tard parle prieur castillan Juan Fernandez de Heredia de rendre à Juan Lopez de Torres la commanderie léonaise de Puente Órbigo, dont il s’était emparé par la force236, il fut en même temps convoqué en Avignon pour rendre compte de la gestion de la baylie de Población de Campos que lui avait déléguée son parent, Ruy González Bugía237.
56Malgré les abus favorisés par un tel système, l’intéressement des commandeurs à l’administration du domaine confié à leurs soins constitua un élément décisif pour la réussite des Ordres. Luis Rafael Villegas Díaz a même proposé d’y voir la clé qui permit à ces milices de surmonter une crise à laquelle elles auraient succombé si elles ne s’étaient pas défaites en temps opportun de leurs structures originelles, centralisées à l’excès238. A l’appui du blocage qu’il invoque pour le début du XIVe siècle, l’auteur relève l’interdiction faite aux commandeurs de Calatrava de développer les défens dans leurs domaines239. La volonté des autorités supérieures des ordres militaires de limiter l’initiative des dignitaires locaux aurait ainsi entraîné une rigidification de l’exploitation foncière240 qui aurait à son tour provoqué un certain abandon des commanderies dont les définitions de Calatrava édictées en 1325 fourniraient le plus parfait exemple puisqu’elles voulaient remédier à une situation présentée comme critique en autorisant les frères de la milice à conserver un pécule, fait pour l’essentiel de biens meubles, qui les incitait à valoriser davantage le patrimoine de l’institution241.
57L’idée, pour séduisante qu’elle puisse paraître, mérite à mon sens certaines corrections. Elle tend en effet à faire accroire que deux phases se seraient succédé dans l’évolution du système commanditaire, l’une marquée par une forte dépendance vis-à-vis des autorités centrales, l’autre par une autonomie des frères chargés de gérer le patrimoine242. Ce faisant, elle méconnaît l’essentiel de la force d’une telle structure, qui résidait dans sa capacité à concilier deux principes qui n’étaient contradictoires qu’en apparence, afin de permettre aux instances supérieures des ordres militaires de tirer profit d’initiatives dont elles auraient été incapables, sinon à grands frais. Ainsi le souligne bien la concession des roues de moulin de Medina, proches de Montemolín, accordée en 1274 par Pelayo Pérez Correa à Gonçalo Eanes do Vinhal afin que celui-ci les mette en situation de produire, dégageant par là même un bénéfice auquel Santiago n’aurait su prétendre d’une autre manière243. A l’instar de cet accord, nombre d’actes cherchèrent à utiliser l’initiative d’un frère au profit de l’institution tout entière.
58Loin de contrarier les intérêts des autorités centrales des ordres militaires, la marge de manœuvre laissée aux commandeurs dans la gestion du domaine dont ils étaient chargés contribua de façon décisive à les conforter. Dans le contexte d’une économie davantage monétarisée, marquée après le milieu du XIIIe siècle par le souci croissant des Ordres de percevoir les impôts en numéraire244 et de veiller à la commercialisation de leurs produits, notamment à travers le développement des commanderies urbaines245 et des foires246, la multiplication des initiatives locales permit aux responsables de ces institutions d’améliorer le niveau global des rentes que leur offrait un système fiscal en pleine expansion247. Par le biais du yantar, perçu au titre du droit de gîte, et des autres contributions dont la collecte voire la régulation normative sont attestées à compter de la seconde moitié du XIVe siècle, les autorités centrales des ordres militaires, et en premier lieu les maîtres, tirèrent parti de chaque initiative locale des commandeurs en recueillant une part des bénéfices obtenus, acheminés depuis les « membres » jusqu’au « chef » par le système tributaire instauré à l’échelle des différentes milices248.
59Appuyé sur un réseau de commanderies configuré dans ses grandes lignes dans la seconde moitié du XIVe siècle, le système développé par les ordres militaires pour faire face aux difficultés de la conjoncture économique leur permit d’intensifier l’exploitation de leur patrimoine, dont provenaient pour l’essentiel, une fois cassés les ressorts de la croissance extensive, les revenus dont ils disposaient. La solution consistant à confier à un frère la gestion d’une unité domaniale sous le contrôle étroit des autorités centrales se révéla d’autant plus appropriée que le recours à l’intéressement, qui fut pratiqué à partir du tournant des XIIIe et XIVe siècles, était le gage de la multiplication d’initiatives qui, dans la plupart des cas, furent profitables aux milices dans leur ensemble.
III. — Le développement d’une économie rentière
60Sur la base du système commanditaire, les ordres militaires développèrent une économie rentière dont de nombreuses études ont rendu compte au cours des deux dernières décennies. Préoccupés surtout de mettre au jour les modalités d’implantation du féodalisme dans le domaine de ces institutions, les auteurs de ces travaux ont réuni un important matériel documentaire. Quelles que soient les réserves qu’inspirent leurs orientations méthodologiques249, ils ont permis de mieux appréhender les pratiques seigneuriales utilisées par les milices afin d’obtenir le meilleur rapport de terres dont il leur appartenait, une fois consolidée la présence chrétienne, d’assurer l’exploitation et, en premier lieu, le repeuplement250.
Le souci du repeuplement
61Dans les zones qui leur furent remises par la monarchie castillane, marquées au sud du Tage par la faiblesse des effectifs humains251, les ordres militaires reçurent au lendemain de la conquête une mission de peuplement dont Carlos de Ayala Martinez et Enrique Rodriguez-Picavea Matilla ont observé qu’elle revêtait autant d’importance que leur rôle proprement combattant252. Ils prirent ainsi l’initiative d’un travail de colonisation qu’il est possible de définir comme une véritable politique dans la mesure où les textes qui en réglaient le déroulement révèlent un modèle planifié. C’est ce qui apparaît clairement dans le cas de l’Hôpital qui, entre 1230 et 1248, résolut d’organiser le territoire de Consuegra en offrant une douzaine de chartes de peuplement à des localités auparavant soumises à sa juridiction253. Le cadre juridique adopté pour chacune des villes, décalqué du fuero de Consuegra254, tout comme le schéma de développement urbain, qui suivait partout le modèle d’une rue principale où se pressaient les édifices essentiels255, ne laissent pas de doute sur le caractère prémédité d’un projet grâce auquel, en moins de vingt ans, l’institution avait attiré près de mille cinq cents nouveaux colons sur ses terres256.
62Reprises par les autres ordres militaires, de telles initiatives contribuèrent, dans les régions où leurs domaines constituaient une masse compacte, à transformer les structures de peuplement préexistantes. Il en fut ainsi en particulier dans la Manche où, comme Jean-Pierre Molénat l’a bien montré, fut mise en place à partir de la seconde moitié du XIVe siècle une politique de regroupement de l’habitat en gros bourgs, ancêtres des agrovilles actuelles, qui reçurent des chartes dites de villazgo qui les dotaient du titre de villa et, par là même, un territoire étendu formé de plusieurs aldeas qui passèrent dès lors sous leur juridiction257. En plusieurs cas, le noyau ancien fut marginalisé et vidé de sa population, ainsi que beaucoup de hameaux du finage, au bénéfice du nouveau centre choisi par l’Ordre. Plusieurs exemples de transfert ont été relevés pour les domaines de Santiago où, dans la région du Tage, Fuentiduena s’imposa aux dépens de l’ancien castrum d’Alarilla, tandis que, plus au sud, Corral de Almaguer, favorisé par le maître Diago Muñiz258 se substitua au site originel d’Almaguer259. Ils ne sont cependant nullement propres à cette seule institution260 et d’autres déplacements, comme celui de La Zarza à Peñafiel, voulu en 1323 par l’autorité centrale d’Alcantara261, traduisent le désir commun des ordres militaires de concentrer l’habitat rural à l’intérieur de leurs domaines afin de mieux le contrôler.
63Les moyens dont disposaient les ordres militaires n’étaient pas, et de loin, suffisants pour leur permettre de mener à son terme un processus que Jean-Pierre Molénat n’a pas hésité à rapprocher du modèle latial de 1’incastellamento262. Le plus souvent, un peuplement intercalaire subsistait, dispersé en petits hameaux. Reste que la contrainte seigneuriale fut assez forte pour imposer une hiérarchisation de l’espace fondée sur une dichotomie entre la ville et les aldeas263, Les habitants de ces dernières étaient étroitement soumis à la juridiction urbaine, à l’instar de ceux de Mayorga ou d’Esparragal, auxquels le maître d’Alcántara enjoignit en 1341 de respecter les droits de Valencia de Alcantara, notamment, pour les seconds, en ce qui regardait le commerce du vin264. À plusieurs reprises, bien qu’on ne puisse parler d’un fait systématique265, le pouvoir de la ville sur son finage se traduisit même physiquement par la construction d’une muraille, négociée entre l’Ordre et les autorités municipales, alors même qu’avait disparu toute menace musulmane, comme ce fut le cas dans la Manche à Bolaños, sous le règne d’Alphonse X266, ou à Manzanares au milieu du XIVe siècle267.
64Afin de mobiliser des effectifs humains suffisants pour mener à bien l’occupation de régions exposées, à partir des décennies centrales du XIIIe siècle, à la concurrence des terres royales de la vallée du Guadalquivir, il fallait mettre en œuvre un système de concessions fiscales susceptibles de s’avérer attractives. Dans ce but, les ordres militaires cherchèrent à capter la faveur monarchique au bénéfice de leurs dépendants. Ils obtinrent ainsi de soustraire leurs hommes aux interdictions ordinaires, comme à Niebla où ces derniers étaient autorisés, à la différence des habitants des grandes villes andalouses, à acheter des terres dans le finage de la cité268. Toutefois, l’essentiel des privilèges délivrés aux Ordres par le pouvoir souverain revêtit la forme d’exemptions. Généralement partielles lorsqu’il fallait empêcher des flux de départs similaires à ceux dont souffrirent en 1316 la communauté juive de Maqueda269 ou, trente ans plus tard, la population maure de Zorita270, relevant toutes deux de Calatrava, ces faveurs pouvaient parfois consister en une suspension totale des ponctions royales pour une période déterminée afin d’encourager une entreprise de peuplement développée ex nihilo, comme celle que le maître de Santiago développa en 1318 à Quintanar et Valhermoso271.
65Au-delà de ces faveurs ponctuelles, les ordres militaires développèrent sur leurs terres une politique systématique de concessions qui leur permit d’attirer et de retenir, au prix de l’abandon de différentes taxes seigneuriales, un nombre suffisant de colons pour espérer en tirer profit272. Bien des documents se rapportent ainsi, à partir de la fin du XIIIe siècle, à la remise aux communautés paysannes de charges d’origine banale prélevées jusqu’alors par les autorités centrales des ordres militaires, soucieuses d’aider à la mise en valeur de leurs terres273. C’est ainsi que le maître d’Alcántara céda en 1340 le contrôle des poids et mesures de Valencia de Alcántara à la municipalité, l’autorisant à user de la rente à son gré274. Le plus souvent, ce furent les fours voire les moulins, comme dans la charte de peuplement accordée en 1327 par le supérieur de Calatrava aux localités sévillanes de Caxar, Villalba et Villadiego275, qui firent l’objet de telles concessions. Convoitée par les communautés, l’autorisation de constituer des défens dans lesquels les paysans puissent entretenir le bétail nécessaire à leur labeur et, le cas échéant, dégager quelques excédents semble avoir lui aussi représenté un instrument privilégié pour les milices dans leur politique de peuplement276.
66Propres à retenir la population sur les terres des ordres militaires, de telles mesures l’étaient assurément moins pour y amener de nouveaux colons. À cette fin, ces institutions mirent en place un système de franchises fiscales qui dispensait tout immigrant, dans les années qui suivaient son installation sur le domaine, de payer l’impôt direct, le plus souvent appelé pecho, perçu sur la base du feu et modulé selon la catégorie sociale des dépendants277. À observer l’allongement sensible de la durée d’exemption à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, il apparaît que les ordres militaires rencontrèrent des difficultés croissantes pour attirer les paysans sur leurs terres. Ce fut notamment le cas de l’Hôpital278, dont les autorités accordèrent six ans de franchise en 1306 aux colons établis à Villafranca de los Caballeros279, soit deux fois plus que la période prévue par les chartes de peuplement du territoire de Consuegra, concédées quelque soixante ans auparavant280. Le fait n’est pas spécifique à un Ordre en particulier. À la charnière des XIIIe et XIVe siècles, les statuts de Santiago fixaient à dix ans l’exemption fiscale pour les immigrants venant s’établir sur les terres de la milice281. Il semble même que dans la pratique, en raison de la difficulté récurrente d’attirer les paysans, la durée de l’exemption ait été allongée à quinze ans, comme ce fut le cas pour La Puebla de Almoradiel, fondée en 1341 à l’initiative du maître Alonso Méndez de Guzmán282.
67Dans une conjoncture difficile, l’entreprise de peuplement menée par les ordres militaires ne pouvait escompter un succès complet. Il y a bien sûr des exemples de réussite, dont plusieurs sont remarquables, comme Alcazar de San Juan283 où, sur un site d’origine musulmane284 selon toute vraisemblance dépeuplé après la conquête chrétienne285, l’Hôpital développa dans les années 1240 une agglomération supérieure en taille à la plupart de ses voisines286, promue au rang de villa en vertu d’un privilège de Sanche IV287 et appelée dès la fin de l’époque médiévale à remplacer Consuegra en tant que pôle organisateur des domaines de l’institution dans la Manche288. Il s’en faut de beaucoup, cependant, que toutes les initiatives des ordres militaires aient connu un pareil succès. À peine avaient-elles été peuplées que plusieurs villes se trouvèrent apparemment dans une situation précaire : tel est le cas de Cilleras, contrainte en raison du manque de céréales de faire appel en 1318 au maître d’Alcantara afin que celui-ci renouvelât l’exemption de droits de péage qui avait été consentie à la ville dix ans plus tôt, lors de la concession de son fuero289, tel aussi celui de Villanueva del Ariscal, qui fit l’objet d’un premier essai de valorisation, selon toute vraisemblance au début du XIVe siècle290, avant que l’échec au moins partiel de cette tentative n’amène Santiago à confier cette tâche à l’amiral Alfonso Jufré Tenorio291.
68En plusieurs cas, l’entreprise de peuplement menée par les ordres militaires connut un échec manifeste, comme à Castilleja de la Cuesta, cédée par Santiago à Alfonso Jufré Tenorio en même temps que Villanueva del Ariscal dans un but de mise en valeur agricole et présentée en juin 1370 comme vidée de ses habitants, lorsque le maître Gonzalo Mexía décida de reprendre l’initiative à son compte292. Il est tout à fait rare de conserver un tel tableau de l’abandon d’une localité. La situation dut pourtant être relativement courante à en juger par le nombre des lieux dont la seule mention se rapporte à l’époque de leur peuplement, sans que l’on puisse en trouver d’autres par la suite. Il en est ainsi pour divers établissements de l’Aljarafe sévillan, comme Cantullán, Caxar, Villalba ou encore Villadiego, dépendant (sauf le premier) de Calatrava, qui semblent avoir disparu au cours du XIVe siècle293, mais également pour certaines implantations de la Manche — où le patrimoine des milices était pourtant plus compact — telles les localités de Villacañas de Algodor et de Villaverde pour l’Hôpital294, ou encore celle d’Alhóndiga, dotée en 1268 par Calatrava d’un fuero ambitieux295 et qui pourtant se réduisait deux siècles plus tard, lorsque le toponyme émerge à nouveau du silence documentaire, à une dehesa relevant du commandeur d’Otos296 et à quelques moulins situés le long du Tage et affectés à la mense magistrale de l’Ordre297.
69On aurait tort toutefois de conclure à un échec des ordres militaires dans le repeuplement de leurs domaines. Des échecs, ils en connurent sans conteste, mais pas nécessairement plus que d’autres seigneurs de la Meseta méridionale, comme la ville de Tolède, dont Jean-Pierre Molénat a bien souligné les difficultés qu’elle rencontra dans sa politique de contrôle de l’im mense finage soumis à sa juridiction298. En plusieurs occasions, les ordres militaires firent même preuve d’un dynamisme bien supérieur à celui d’autres institutions pour ce qui est d’attirer des colons. Un tel fait ressort du procès qui mit aux prises, à la fin du règne d’Alphonse X, la ville de Badajoz avec le Temple et Santiago, qu’elle accusait d’avoir entrepris de repeupler des terres situées au sein de son finage mais dont elle n’avait pu développer l’occupation, le premier à Olivenza et Táliga, le second à Villanueva de los Santos, Solana, Aldea de Don Febrero, Aldea de los Caballeros et El Çaraço (carte 3)299. Peutêtre est-on fondé à voir un signe de la capacité d’initiative des ordres militaires dans le fait qu’ils disposaient d’une force dont les autorités de Badajoz étaient visiblement dépourvues300. Le cas n’est pas isolé et d’autres exemples comme la consolidation de Mures, menée à bien par Santiago dans la première moitié du XIVe siècle aux dépens des localités voisines de Gatos et de Chillas, appartenant au chapitre cathédral de Cordoue301, peuvent inciter, compte tenu du manque d’hommes endémique, à estimer positif le bilan de l’entreprise de repeuplement menée par les ordres militaires dans leurs domaines.
Les revenus de l’administration des hommes
70La richesse accumulée par les ordres militaires dépendait en grande partie des hommes et de l’exploitation par ces derniers des terres du domaine. En cela, les milices ne se distinguaient en rien du modèle seigneurial alors dominant. C’est ce qui ressort de nombreuses études menées au plan particulier comme à l’échelle générale302. Elles manifestent très clairement que les pratiques seigneuriales des ordres militaires s’exerçaient à des niveaux différents selon la nature du lien qui unissait les dépendants à l’institution. Les formes de sujétion les plus étroites prenaient place dans ce qu’il est convenu d’appeler la seigneurie domestique, à laquelle était soumise la main-d’œuvre de statut non libre qui travaillait sur la réserve. La tradition historiographique n’a concédé qu’un rôle marginal à ce type de dépendance car elle considère généralement le faire-valoir direct comme un phénomène résiduel à partir du milieu de XIIIe siècle303. S’il correspond sans conteste à la norme de la fin du Moyen Âge304, un tel constat contraste cependant avec le tableau offert par d’autres régions méditerranéennes pour le XIIIe et le début du XIVe siècle305. Surtout, il est en discordance avec la situation initiale des ordres militaires castillans, auxquels avait été donnée une réserve relativement étendue, pouvant atteindre pour Calatrava quelque quarante bovées autour de chacun des châteaux de l’Ordre306.
71Sans être nombreuses, les mentions de domaines exploités en faire-valoir direct par les ordres militaires sont moins rares que l’on ne s’accorde généralement à le penser307. Il est sans conteste exceptionnel d’en relever des références aussi explicites que celle qui ressort d’une donation réalisée en 1224 en faveur du couvent d’Uclés à la condition que les frères travailleraient l’ensemble des terres qui leur étaient remises et tireraient de la moitié d’entre elles une rente viagère versée à la fille de leur bienfaiteur308. Pour autant, plusieurs documents attestent l’existence de réserves, comme ceux qui ont trait aux accords passés par les ordres militaires avec l’épiscopat afin de répartir les dîmes de leur patrimoine, qui attachent un intérêt particulier aux parties cultivées en faire-valoir direct sur lesquelles, invariablement, les milices exigeaient d’obtenir la reconnaissance d’une exemption totale. Au terme du partage établi en 1245 entre le maître de Calatrava et l’évêque de Baeza, l’Ordre fut ainsi libéré de tout paiement pour les biens du diocèse qu’il exploitait à ses frais309. La situation n’avait nullement varié au début du XIVe siècle, si l’on en juge d’après les compositions négociées avec le siège de Cordoue, bien que désormais le rapport de force, plus équilibré que par le passé, ne permît plus à toutes les milices d’obtenir la satisfaction de leurs revendications310.
72Pour la plupart, les terres des ordres militaires appartenant à la réserve, où qu’elles se trouvent, étaient exploitées dans le contexte de la seigneurie domestique. Une partie de la main-d’œuvre était ainsi formée de captifs et d’esclaves musulmans. Rares sont les actes qui les mentionnent, vu qu’ils n’étaient pas à proprement parler, comme l’a très justement observé Milagros Rivera Garretas, des sujets de droit311. Les seuls documents qui fassent exception à la règle rapportent un changement de propriétaire, à l’exemple de la vente d’un Maure nommé Hameth, accordée en 1237 par le commandeur santiaguiste de l’hôpital de Villamartín à un musulman de Sahagún, pour cinquante maravédis312. Il semble cependant que le poids de la main-d’œuvre servile ait été plus important que ne le donnent à penser les actes de la pratique313. Des esclaves des deux sexes sont cités, jusque dans la première moitié du XIVe siècle, dans l’ensemble des textes normatifs au nombre des biens dont les commandeurs étaient tenus de fournir l’inventaire314. Ils faisaient partie du patrimoine de la maison315, dont ils assuraient l’exploitation directe, aidés lors des gros travaux du calendrier agricole non seulement par des salariés316, mais aussi par des paysans libres, astreints à certaines corvées, tels les habitants de Zorita tenus de fournir à Calatrava des muletiers lors des expéditions militaires et de mettre à disposition de l’institution cent quinze hommes qui contribuaient chaque année à la moisson des terres de la réserve seigneuriale317.
73À ces derniers correspondait une autre forme de dépendance, la seigneurie foncière, fondée non plus sur le statut des personnes mais sur celui de la terre, pour le domaine utile de laquelle les colons devaient acquitter au maître diverses prestations en reconocimiento de señorío318. Perçues sur la base de l’unité familiale d’exploitation, celles-ci étaient le plus souvent définies dans le cadre collectif d’un fuero ou d’une carta-puebla qui déterminaient le principe de leur répartition entre les différents éléments de la communauté paysanne319. Variant d’un lieu à l’autre dans leur appellation et dans leur montant, ces impositions pouvaient faire l’objet dans la pratique de distinctions infinies en fonction de leur origine320. Toutefois, les prestations en travail connurent, après le milieu du XIIIe siècle, un très net déclin321. Même dans les lieux où les milices s’efforçaient de les préserver, comme le faisait l’Hôpital en Vieille-Castille322, les corvées ne représentaient plus qu’une base de profit tout à fait marginale en comparaison des redevances en nature et en argent, qui intéressaient au premier chef des corporations désormais largement tournées vers le faire-valoir indirect323.
74Bien qu’il constitue le schéma dominant, un tel mode d’exploitation de la terre n’était pas le seul auquel les ordres militaires eurent recours. Très tôt, Clara Estow l’a souligné pour Calatrava324, ces institutions confièrent en effet l’initiative de la mise en valeur de leur patrimoine foncier à d’autres agents qu’elles chargeaient, pour une durée variable, d’administrer un domaine. Tel fut le cas de l’Hospital del Rey de Burgos, dont le maître de Calatrava Ruy Pérez délégua pour partie la gestion aussitôt après l’avoir reçue de Sanche IV325. Dans le cadre de cette formule, les Ordres recoururent essentiellement au prestimonio, qui impliquait la concession temporaire, le plus souvent viagère, du domaine utile de la terre326. À l’origine, cette pratique fut utilisée par les ordres militaires, comme par la plupart des seigneurs ecclésiastiques327, dans leur phase d’expansion pour acquérir de nouvelles propriétés dont l’usufruit d’une part du domaine constituait en quelque sorte la rétribution328. À partir de la fin du XIIIe siècle, l’emploi que faisaient ces institutions du prestimonio changea sans que ses modalités juridiques varient en substance. D’un outil destiné à accroître le patrimoine, il se transforma en un instrument commode pour déléguer à d’autres le gros du coût de l’exploitation foncière329 et pour obtenir, le cas échéant, un supplément d’investissement330, voire la remise en état pure et simple de terres que les Ordres n’avaient plus les moyens de faire fructifier331.
75Confrontés à des besoins financiers croissants qui revêtaient souvent, nous l’avons vu, un caractère d’urgence, les ordres militaires tendirent à compter du début du XIVe siècle à développer des concessions temporaires qui, si elles ne leur garantissaient pas forcément une valorisation comparable du domaine, leur assurent en revanche un revenu régulier. Le lien d’une telle évolution avec la crise ressort de façon explicite de la licence concédée en 1322 par le pape aux autorités de l’Hôpital afin que celles-ci puissent solder les dettes de l’Ordre qui incombaient au prieuré de Castille en donnant à cens les édifices et les terres de faible rapport332. Dès lors, les contrats d’emphytéose, appelés foros dans les baylies galiciennes, se multiplièrent dans la pratique de l’institution333. Il semble que l’Hôpital ait bientôt été imité par les autres ordres militaires, qui tendirent toujours plus, à partir du deuxième quart du XIVe siècle, à acenser leurs terres voire à les affermer dans un souci évident de rentabilité, conformément à un usage en cours depuis un demi-siècle pour les infrastructures de production334. Tenue pour une solution efficace à la crise335, cette pratique s’imposa à la fin du Moyen Age comme le mode privilégié d’exploitation foncière d’Ordres qui s’affirmaient en Castille336, de même que dans le reste de l’Occident, comme rentiers du sol337.
76Quelle que soit l’ampleur des profits que les ordres militaires tiraient de leur assise foncière, supérieurs à ceux de bien des seigneuries laïques338, la part essentielle de leurs ressources provenait, dès les années centrales du XIIIe siècle, de l’exploitation juridictionnelle de leurs domaines, c’est-à-dire du pouvoir de coercition qu’ils exerçaient sur les hommes qui y vivaient339. Parmi les prérogatives diverses possédées à ce titre par ces institutions, traditionnellement exprimées dans le concept de seigneurie banale, Enrique Rodríguez-Picavea Matilla a pu distinguer trois niveaux, quand bien même, en réalité, ces derniers s’interpénètrent parfois340. Le premier, dont la dimension est pour l’essentiel économique, réunit un ensemble de droits destinés à marquer la sujétion des dépendants. Ce sont en premier lieu les banalités, à savoir les redevances perçues pour l’usage d’instruments de transformation indispensables aux communautés rurales, tels que le four, le moulin ou le pressoir, sur lesquels les ordres militaires avaient à l’origine un monopole presque total341, mais également certains impôts, comme le droit de gîte, à prétention récognitive342. D’un rapport modeste, de tels droits occupaient, à la fin du XIIIe siècle, une place marginale dans les revenus des milices qui n’hésitaient pas, nous l’avons vu, à les affermer aux populations locales.
77Le second niveau, qui pour sa part possède une dimension juridictionnelle clairement affirmée, revêt une importance bien supérieure. L’ensemble des droits qu’il recouvre dérivaient de la cession royale et, le cas échéant, de l’appropriation seigneuriale de prérogatives publiques343. Ils étaient d’abord constitués des profits de justice, dont les ordres militaires cherchaient à récupérer la plus grande partie, parvenant à différentes reprises à en obtenir la totalité, comme l’Hôpital à Cubillas de Duero, après que la ville eut été concédée aux frères en 1281 par Alphonse X344. Un tel cas n’est sans doute pas tout à fait représentatif345, mais le contrôle exercé par les Ordres sur la désignation des officiers de justice346, fréquemment doublé d’un effort pour limiter et même proscrire la faculté d’appel de leurs dépendants auprès des tribunaux royaux347, ne laisse pas de doute sur leur volonté de se réserver des profits copieux. A ces ressources judiciaires s’ajoutaient les taxes sur le transport et la vente des marchandises, prélevées aux nombreux péages détenus par les ordres militaires348 et, à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle, à l’occasion des foires dont ils obtiennent du roi la création349, mais aussi les profits tirés de leur participation à certaines rentes royales — comme la capitation des minorités religieuses juives et musulmanes —, ou de différents monopoles, en particulier miniers, rares mais sans conteste particulièrement lucratifs350.
78Il est un dernier niveau de rentes d’origine juridictionnelle dont les ordres militaires tiraient profit en raison de leur dimension religieuse. Il s’agit naturellement de la dîme et des autres droits ecclésiastiques qu’ils étaient autorisés à percevoir sur une grande partie de leur domaine. L’enjeu que ces droits représentaient fut suffisant pour entraîner, jusque dans les décennies centrales du XIIIe siècle, d’âpres conflits entre les ordres militaires et les juridictions diocésaines, soucieuses de rogner leurs exemptions et de les ramèner a la norme commune351. Dans la plupart des cas, il résulta un partage de la dîme et des droits ecclésiastiques qui, en dehors de rares exceptions, laissait les deux tiers des sommes perçues aux mains des frères352. Cette répartition, qui perdurait encore à la fin du Moyen Âge353, constituait pour les ordres militaires, tant en argent qu’en nature, un profit de première importance dont ils jouèrent, ainsi que l’a bien signalé Miguel Angel Ladero Quesada, pour affronter avec plus de succès que bien des seigneuries laïques la diminution de leurs revenus fonciers, sans avoir à chercher, comme ces dernières, à y remédier en s’investissant dans le nouveau système de rentes, fondé notamment sur l’alcabala, développé par le pouvoir royal à partir de la fin du XIIIe siècle354
Les ressources de l’élevage
79Ce n’était pas tout pour les ordres militaires de se préoccuper du peuplement de leur domaine et de chercher à tirer le meilleur parti du travail des dépendants qui s’y étaient implantés. C’est ce que soulignait le commandeur santiaguiste Pedro López de Baeza dans l’opuscule qu’il écrivit dans la décennie 1330 pour l’instruction de ses frères, en les invitant à prendre soin du troupeau, qu’il considérait comme consubstantiel à la puissance de l’institution355. Cette importance particulière accordée à l’élevage constitue un trait d’originalité des ordres militaires que Marie-Claude Gerbet a très justement mis en valeur il y a vingt ans, dans une synthèse qui n’a toujours pas été remplacée356. Il est permis de s’étonner, lorsque l’on en connaît l’importance, que ce thème ait uniquement donné lieu, depuis lors, à des éclairages ponctuels. Aujourd’hui encore, l’activité pastorale des milices est présentée, en vertu d’un topique fort ancien357, comme orientée prioritairement vers l’élevage ovin dès le XIIIe siècle. C’est ce qu’avançait récemment Enrique Rodríguez-Picavea Matilla, qui n’a pas craint, dans le cas de Calatrava, de présenter le mouton, notamment pour les terres de la Manche, non seulement comme une base de l’activité économique358, mais encore comme une source de revenus sans pareille359. Cette position ne peut cependant être admise en l’état et il convient de reconsidérer le rapport de cet Ordre avec l’élevage360.
80Il ne saurait s’agir de dénier aux activités pastorales leur rôle essentiel dans l’économie des ordres militaires. En m’inscrivant contre certains topiques, calqués sur des réalités postérieures361, je souhaiterais bien au contraire contribuer à une meilleure connaissance des pratiques mises en œuvre par ces institutions en matière d’élevage au cours des XIIIe et XIVe siècles. Il est patent que les milices se préoccupèrent de développer à l’intérieur de leurs terres une activité pastorale. Ce fait ressort au premier chef de leur effort, sensible pratiquement dès l’origine, pour s’attirer la protection du roi en obtenant pour leur cheptel le droit de paître librement à travers toute la Castille362. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, alors que se durcissait, nous l’avons vu, la concurrence autour de l’élevage, l’appui de l’autorité royale reste pour les Ordres un soutien dont tous s’attachèrent à tirer parti, tel Santa María de España, qui aussitôt fondé obtint en 1277 d’Alphonse X d’être associé aux privilèges de ses homologues363, tel encore Alcántara qui reçut, à l’avènement de Sanche IV, cette même franchise dont il fut tout de suite fait usage en différents lieux du royaume364.
81La quête d’une exemption pour leur bétail ne saurait à elle seule résumer l’intérêt que les ordres militaires éprouvaient pour l’élevage. Plusieurs documents révèlent une politique active de ces institutions pour encourager dans leurs domaines la croissance des activités pastorales, à l’image des pactes conclus entre elles ou avec les juridictions voisines — au premier rang desquelles la ville de Tolède — et visant à promouvoir un usage commun des terrains de pâture dans lesquels les différents troupeaux étaient admis à dépaissance sans avoir pour autant à verser de droits365. Il ne faut certes pas exagérer la transformation de l’espace encouragée par les ordres militaires afin de développer l’élevage : les dehesas, ces pâturages extensifs plantés de chênes verts et de chênes-lièges, limités par de petits murets et soumis à un défens permanent, ne formaient que l’un des éléments constitutifs d’un paysage dont le pastoralisme n’était pas le seul instrument de mise en valeur366. Il n’en reste pas moins que les ordres militaires étaient très conscients des perspectives de revenus que leur offrait l’élevage et que, dans un cas au moins, lors de l’accord scellé en 1269 entre Calatrava et Tolède, ils prirent l’initiative de limiter le peuplement de la zone située à la marge de leur domaine, dans le but explicite de préserver ses possibilités d’exploitation pastorale367.
82Forts d’un intérêt ancien et soutenu pour les activités pastorales, les ordres militaires s’imposèrent rapidement parmi les principaux propriétaires de cheptel de la Meseta méridionale368. Aussi développé qu’ait été l’élevage dans leurs domaines, il n’est pas facile d’en connaître précisément les modalités et l’importance369. Il semble avoir été pratiqué dans chacune des commanderies si l’on en croit les définitions statutaires qui, pour la plupart, considèrent ces dernières comme le lieu habituel de stabulation d’un bétail diversifié370. Chevaux, bœufs, vaches, porcs et moutons comptaient au début du XIVe siècle parmi les biens dont les commandeurs des institutions de filiation cistercienne avaient l’obligation de produire un inventaire annuel371. Il ressort même que, dès la seconde moitié du XIIIe siècle, les milices choisirent de confier à un frère spécialisé le soin de certains de leurs troupeaux. La pratique est attestée à partir de 1264 pour Calatrava, dans le cas du cheptel bovin372. Dès la décennie suivante, elle était reprise par Santiago, et étendue cette fois à tout le bétail de la milice373.
83Certes, les mentions d’animaux dans les actes de la pratique sont beaucoup moins fréquentes que l’on ne pourrait s’y attendre374. Leur nombre est néanmoins suffisant pour confirmer l’impression des sources normatives. Plusieurs documents témoignent ainsi, à une échelle concrète, de l’existence de cheptel dans les commanderies des ordres militaires, telle la concession viagère de la forteresse santiaguiste de Paracuellos de Jarama accordée en 1243 par Pelayo Pérez Correa à Gil Gómez en rétribution de son aide lors de la conquête de Murcie375. Rares sont les actes qui offrent plus de détails sur le bétail élevé localement par les milices. Par chance il en existe quelques-uns, parmi lesquels la donation viagère de la maison de Fuente del Emperador, consentie en 1267 par le maître de Calatrava au profit de l’archidiacre tolédan Ruy Martínez de Mosquera, constitue un témoignage particulièrement précieux376. En effet, lors du transfert d’usufruit, coexistaient dans l’établissement de l’Ordre quelque soixante-trois bovins, quarante-cinq porcins, trente-cinq caprins et cent soixante-trois ovins377.
84S’ils révèlent, compte tenu de la superficie modeste du domaine, l’ampleur des activités pastorales des ordres militaires, ces chiffres doivent être considérés avec prudence à l’heure d’évaluer l’importance relative des différents animaux. La domination des ovins n’est qu’apparente car le mot de cabañas, indiquant l’organisation en troupeaux, est réservé dans l’acte aux bovins et aux porcs. L’idée d’un primat incontesté du mouton dès le milieu du XIIIe siècle n’est nullement acceptable378. On peut s’étonner qu’elle continue de faire florès, lorsque l’on sait que Marie-Claude Gerbet en a de longue date démontré l’absence de fondement en observant que l’orientation ovine suivie par le Temple avant sa dissolution, du moins à l’échelle du royaume d’Aragon, n’était aucunement partagée par les autres milices379. Il semble en effet que Santiago et Calatrava possédaient encore, au milieu du XIVe siècle, un troupeau différencié qui privilégiait le cheptel bovin380, comme l’attestent les restrictions apportées par Pierre Ier à l’exemption générale dont bénéficiait le bétail de ce dernier Ordre, laquelle fut en 1351 limitée à quinze mille vaches pour huit mille moutons et autant de porcs381, selon une proportion qui, bien que modifiée dans le détail382 ne devait pas s’inverser avant les premières décennies du XVe siècle, sous le règne de Jean II383.
85Maîtres d’importants troupeaux, les ordres militaires s’affirmèrent à compter du milieu du XIIIe siècle comme des rentiers de l’élevage384, mettant à profit l’étendue et, plus encore, la situation de leurs domaines sur la Meseta méridionale pour prélever sur le bétail étranger des droits de location des dehesas et des taxes pour le passage ou la dépaissance dans les communaux, comme le montazgo, payé au titre de l’autorisation de accordée aux bêtes dans le monte. Il n’est pas facile, en l’absence de documents comptables, d’évaluer les ressources générées par cette activité. Seul l’exemple de Capilla, dont le Temple a fort bien exploité la vocation herbagère, affirmée dès le moment de la donation de Ferdinand III385, peut fournir un élément d’éclairage : en effet, on a conservé les procès-verbaux d’une enquête sur le patrimoine de la commanderie réalisée auprès des habitants du lieu et de ceux de la ville voisine de Puebla de Alcocer à l’occasion du procès intenté contre l’Ordre386. Des déclarations des témoins il ressort que le Temple possédait dans la baylie cinq défens, qui formaient l’essentiel du finage et dont le rapport annuel était estimé à vingt-quatre mille maravédis par les habitants de Puebla de Alcocer et à dix-huit mille par ceux de Capilla, selon toute probabilité désireux de minimiser un montant dont ils étaient principalement redevables387. Dans tous les cas, les sommes ainsi perçues passent pour équivaloir à la totalité des autres droits, parmi lesquels l’emportait le montazgo, qui aurait produit chaque année quatre cents brebis388.
86Le cas de Capilla est sans aucun doute singulier du fait de l’importance que cette commanderie présentait pour le Temple389. Il n’en demeure pas moins que la location de pâturages constituait pour les ordres militaires une ressource en pleine expansion à partir des dernières décennies du XIIIe siècle. Pour cette époque, il faut toutefois se garder de décrire, selon un stéréotype fréquent, leurs domaines comme affermés en masse aux éleveurs de la Meseta septentrionale en quête d’invernaderos où conduire leur bétail pendant la saison froide390. Cette pratique est certes attestée, mais les documents antérieurs au XVe siècle rassemblés à ce sujet sont très rares — une petite dizaine tout au plus — et concernent en priorité le conflit entre Calatrava et la Mesta391. Les sources disponibles montrent sans ambiguïté que les principaux utilisateurs des dehesa ? des ordres militaires étaient les éleveurs de la Meseta méridionale, en particulier ceux qui relevaient de leur juridiction, auxquels furent cédées, à partir du tournant des XIIIe et XIVe siècles, des surfaces de pâture toujours plus étendues. Qu’il consistât en une redevance en argent392 ou en une rente à part de fruit393, le profit retiré par les milices fut apparemment assez intéressant pour les inciter à plusieurs reprises, comme à Montánchez, à limiter volontairement à un seul défens les pâturages réservés à leur propre cheptel, de façon à mieux tirer parti de l’activité pastorale de leurs dépendants394.
87Aux revenus issus de la location des pâtures, les ordres militaires ajoutaient les revenus qu’ils tiraient du bétail amené à traverser leurs domaines, en particulier au titre de la dépaissance. L’importance d’une telle rente ne fait aucun doute, ainsi qu’il ressort des statuts santiaguistes de 1266, qui fixaient que l’armement défensif des frères devrait être financé en totalité sur la base de la moitié des sommes prélevées par l’institution au titre du montazgo395. Pour s’assurer de la collecte de ces droits, les ordres militaires, au premier rang desquels Santiago, mirent en place à l’échelle de la Meseta méridionale un dense réseau de péages qui, de Zafra à Alarcon, embrassait toute l’étendue de leurs domaines396. La localisation des forteresses aux abords des cañadas fréquentées par les troupeaux était la norme, tant en Estrémadure, le long du Camino de la Plata, que dans la Manche, à la faveur des routes reliant Cuenca et Uclés, au nord, à Montiel et Segura, au sud, dans le cas de Santiago397. La coïncidence est telle qu’elle a récemment amené Carlos de Ayala Martínez à soutenir l’idée que le tracé définitif des voies pastorales résulterait en fait de la volonté des milices d’étendre leur contrôle sur les rentes de l’élevage398. Une telle hypothèse, si elle était confirmée, serait la preuve ultime du caractère essentiel que revêtaient pour les ordres militaires des profits qu’ils n’hésitèrent pas à défendre avec acharnement contre l’effort de la monarchie, accéléré à partir du règne d’Alphonse X, pour les concentrer à son profit399.
88Dans un cadre où il n’était de richesse que d’hommes, les ordres militaires, poussés par des besoins financiers croissants, s’attachèrent, sur la base du système commanditaire, à attirer sur leurs terres, dès le milieu du XIIIe siècle, des contingents de colons suffisamment nombreux pour en assurer une mise en valeur susceptible d’en accroître la rentabilité. Ils furent ainsi amenés à rationaliser une pression seigneuriale qui, pour des raisons de profit, tenta de conjuguer les recettes liées à l’exploitation foncière du domaine et celles provenant du contrôle juridictionnel de ses habitants. Quel qu’ait été le succès du repeuplement, la fragilité démographique du royaume castillan portait en elle-même les limites d’un modèle dont les ordres militaires entreprirent très tôt de corriger les insuffisances. Aussi mirent-ils en place une économie rentière, fondée en priorité sur les activités pastorales, qui pouvaient leur procurer, en l’absence d’effectifs humains importants, des revenus suffisants pour répondre à leurs besoins.
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89Il ne fait aucun doute que les crises qui se succédèrent en Castille à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle ont affecté les possessions des ordres militaires plus profondément que ne le relèvent en règle générale les études centrées sur leur situation économique, lesquelles, surtout préoccupées d’isoler les composantes de ce qu’elles appellent la rente féodale, en donnent une image statique et passablement intemporelle. Au total, plusieurs domaines apparaissent en difficulté, certains disparaissent même, victimes de la multiplication des conflits et des violences. On ne saurait pour autant généraliser ce tableau : ce serait occulter la capacité d’adaptation d’institutions conduites, sous la pression de la conjoncture, à rationaliser leur modèle d’exploitation. A la croissance extensive de la période d’expansion initiale, fondée sur des activités de prédation, succéda un système beaucoup plus intensif, articulé sur la base de la commanderie, qui permettait aux ordres militaires de développer une économie rentière susceptible de leur offrir des ressources suffisantes pour affronter des besoins en constante progression et pour dégager, le cas échéant, des surplus qui suscitèrent, à partir de la fin du XIIIe siècle, une convoitise grandissante parmi les membres du groupe social dominant.
Notes de bas de page
1 Ainsi l’ont relevé M. A, Ladero Quesada, « La investigación sobre órdenes militares en la Edad Media hispánica », p. 16, et Ph. Josserand, « Les ordres militaires dans les royaumes de Castille et de León », p. 24.
2 Au cours des années 1990, quatre thèses de doctorat ont été soutenues sur le thème à l’Universidad Autónoma de Madrid sous la direction de Carlos de Ayala Martínez. Chacune d’entre elles intéresse un ordre militaire spécifique : E. Rodriguez-Picavea Matilla, « La orden de Calatrava en los siglos XII y XIII », C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en Castilla y León » J. V. Matellanes Merchán, « Organización social y económica de la orden de Santiago en la Transierra castellano-leonesa », et F. Novoa Portela, « La orden de Alcántara en los siglos XII-XIV. Los inicios de la señorialización de Extremadura ».Trois de ces travaux ont fait l’objet d’une publication qui, pour deux d’entre eux, reprend la quasi-totalité du texte de soutenance (E. Rodriguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, et F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura) et, pour le troisième, a seulement retenu ce qui se rapportait à l’ancien royaume léonais (C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León »).
3 D. Menjot, Les Espagnes médiévales, p. 167.
4 L’idée a été en particulier défendue par T. Ruiz, « Expansion et changement », repris dans Id., The City and the Realm, VIII. Critiquée — d’une manière qui pourrait paraître exagérée — par J. A. García de Cortázar, La sociedad rural en la Espana médiéval, p. 128, au motif qu’elle donne à la conquête de Séville le sens d’un fatum, notamment cette thèse a été récemment reprise par son auteur qui, plus encore que lorsqu’il l’avait avancée, s’est fait fort d’insister sur les nuances nécessaires. T. Ruiz, « La conquista de Sevilla y la sociedad castellana », p. 272 : « Mis palabras en 1979 fueron éstas ; “Ma première proposition est que l’expansion en Andalousie au XIIIe siècle fut une cause majeure de la crise économique, sociale et institutionnelle qui affecta la Castille pour la plus grande partie du siècle qui suivit la chute de Séville en 1248”. El énfasis debe ser puesto en “cause majeure” o sea “une cause importante” ; pero, indudablemente, no es la única causa. »
5 D. Menjot, Les Espagnes médiévales, p. 164, l’a bien montré à partir de l’analyse de J. Gautier-Dalché, « L’histoire castillane dans la première moitié du XIVe siècle », p. 239, reproduite dans Id., Économie et société dans les pays de la Couronne de Castille, III.
6 C’est ce que souligne M. Á. Ladero Quesada, « La Corona de Castilla : transformaciones y crisis politicas », pp. 279-280 et 284-289, dans une analyse où il développe les idées qu’il avait avancées au préalable dans un article pionnier : Id., « Aspectos de la política económica de Alfonso X », pp. 70-71.
7 S. Aguadé Nieto, « En los origenes de una coyuntura depresiva. La crisis agraria de 1253 a 1262 en la Corona de Castilla ».
8 E. Benito Ruano, « La Iglesia española ante la caída del Imperio latino », et P. Linehan, « The gravamina of the Castillan Church in 1262-1263 ». Rares sont les diocèses qui, à partir du deuxième tiers du XIIIe siècle, ne connurent pas de problèmes économiques. Les plus puissants eux-mêmes furent touchés, tel l’évêché de León où, comme l’a rappelé P. Linehan, « La Iglesia de León a mediados del siglo XIII », p. 30,» la construcción de la catedral leonesa durante estas años representa una hazaña aún más formidable que su belleza ».
9 S. Aguadé Nieto, « En los orígenes de una coyuntura depresiva. La crisis agraria de 1255 a 1262 en la Corona de Castilla », pp. 338-344.
10 Le fait a été bien relevé par M. Á Ladero Quesada, « La Corona de Castilla : transformaciones y crisis políticas », p. 280.
11 Crónica del rey don Fernando IV, chap. 8, p. 119 : « É este año fué en toda la tierra muy grand fambre, é los omes moríense por las plazas é por las calles de fambre, é fué tan grande la mortandad en la gente, que bien cuidaran que muriera el cuarto de toda la gente de la tierram, é tan grande era la fambre, que comían los ombres pan de grama, é nunca m el tiempo del mundo vió ombre tan grand fambre ni tan grand mortandad. »
12 Sur ce point, D. Menjot, Les Espagnes médiévales, pp. 164-167, a livré une analyse d’une grande pertinence qui contribue à relativiser certaines des conclusions ordinairement acceptées de J. Valdeón Baruque, « Reflexiones sobre la crisis bajomedieval en Castilla ».
13 S. Aguadé Nieto, « La crisis de la segunda mitad del siglo XIII en Asturias », pp. 381-388.
14 Le texte de défense de l’institution a été publié par P. Amargier, « La défense du Temple devant le concile de Lyon en 1274 », en particulier p. 499 : « Item si plures domos et redditus hactenus habuimus ultra mare maiorem partem nostrorum redditum quam fere asimismus, habebamus de cistramarinis redditibus nostrorum domuum parum recipiunt transmarine tam pro malts annatis et umversali sterilitate eorumdem quam pro exiguis nostrarum domuum redditibus pro gtterris fere regnorum omnium excepta regno Francie et hodie regno Anglie. » L’attribution de ce texte reste toutefois problématique car H. Prutz, Entwicklung und Untergang des Tempelherrenordens, pp. 313-314, le considère comme l’œuvre des Hospitaliers, comme le professeur Alan Forey, qui incline pour l’avis de l’historien allemand, a eu l’amabilité de me le signaler.
15 E. Benito Ruano, La banca toscana y la orden de Santiago durante el siglo XIII, et « Deudas y pagos del maestre de Santiago, Pelay Pérez Correa », repris dans Id., Estudios Santiaguistas, pp. 61-153 et 155-172.
16 AHN, OM, carp. 124, doc. 8, publ. E. Benito Ruano, La banca toscanay la orden de Santiago durante el siglo XIII, pp. 91-93, et M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, pp. 408-409, doc. 199.
17 AHN, OM, carp. 207, doc. 48, publ. R. Sáinz de la Maza Lasoli, La orden de Santiago en la Corona de Aragón, p. 287, doc. 63.
18 AHN, OM, carp. 172, doc. 4.
19 AHN, OM carp. 98, doc. 17, publ. M. Rivera Garretas, La encomiendade Uclés, pp. 460-461, doc. 238. Un bref de Clément V cherche ainsi en juin 1309 à régler le conflit entraîné par un prêt accordé parle prieur santiaguiste d’Uclés, Yagüe, à l’évêque de Cuenca Lorenzo, que le successeur de ce dernier, Pascasio, s’était dans un premier temps refusé à restituer.
20 AHN, OM, libro 1345, fo 152r°-v°. En juin 1317, nous l’avons vu, le maître de Santiago, Garcia Fernandez, s’engageait à rembourser dans les six mois au supérieur de Calatrava, García López de Padilla, dix mille maravédis et une certaine quantité de vêtements. Un emprunt similaire, portant sur la somme de douze mille maravédis, avait été remboursé à Calatrava en octobre 1316 par son prédécesseur Diago Muñiz (AHN, OM, libro 1345, f° 143r°).
21 AHN, OM, carp. 339, vol. I, doc. 21, publ. M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, pp. 461-462, doc. 239, À l’été 1309, un habitant d’Uclés, du nom de Mateo Pérez, abandonna au prieur du couvent une maison située sur la place de San Andrés ainsi que plusieurs vignes réparties à proximité de la ville, « por preçio nombrado de quatro mil maravédis de la moneda blanca [...] los quales nos reçibiemos de vos e fuemos bien pagados e vos devyemos por cartas de debdos fechas por públicos escrivanos de préstamos que nos fiziestes por nos fazer amor ».
22 A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, pp. 473 et 481.
23 Le fait ressort d’un document, inséré dans un acte royal du 6 septembre 1310, tranchant le différend surgi, à cause de cette décision, entre l’Ordre et le couple de juifs spoliés de leurs droits. Transcrit dans BA, p. 146-148, l’acte a été repris il y a peu dans B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcántara, t. I, pp. 308-310, doc. 459.
24 AHN, OM, carp. 462, doc. 179.
25 BS, pp. 268-269, repris par R. Sáinz de la Maza Lasoli, La orden de Santiago en la Corona de, pp. 368-369, doc. 192 : « Porque vos don Artal de Huerta, comendador mayor de Montalván, quitastes de lo vuestro el logar de Anna, que es de la dicha orden, el qual don Gonçalo García tenía obligado por dieciocho mill e quinientos sueldos reales de Valencia, el qual dicho logar avían empeñado los procuradores de nos el dicho maestro a pro e a nacessidat de la dicha orden para ir a embiar al concilia que fizo el padre sancto papa Clemente, de buena memoria, como la orden entonce non oviesse dond sacar los dichos dineros sinon avian gran daño de la orden. »
26 AHN, OM, carp. 395, doc 339, publ. J. L. Novo Cazón, El priorato santiaguista de Vilar de Donas, pp. 266-268, doc 61 : « Et nos Pedro Romeu e Pedro Eanes sobredictos fomos ao moesteyro de Villar de Duenas por coller o yantar dy e o prior don Pedro Eanes díssonos que des que o moesteyro fora probrado que nunca derra yantar al rey ca era tan pobre e tan malparado que non auia porque uiuer a terça do ano. E nos soubemos dos omes da terra se o moesteyro uiran en algun tempo dar este yantar sobredicto al rey e achamos por uerdade que nunca o derra e que era tan pobre que o non podia dar »
27 BNM, ms. 13065, ffos 132r°-134r° : « E estos seis mill e seiscientos maravedis que monta en toda esta renta destos seis años recebimos nos las dichas comendadora e conuento [...] que los aviamos menester para pro del dicho monasterio para quitar la nuestra casa de Sant Cibrian que es cerca de Sant Andres de Arroyo ». Il convient de souligner qu’il s’agit bien de lever l’hypothèque (quitar) pesant sur la maison conventuelle et non pas d’effectuer des réparations à l’intérieur de celle-ci (labrar), comme l’ont interprété, dans une analyse erronée, M. Álvarez Castillo et M. D. Guerrero Lafuente, « El manuscrito 13.065 de la Biblioteca Nacional », pp. 236-237, doc. 58.
28 BNM, ms. 13065, ffos 72r°-74v°, cité ibid, p. 237, doc. 59. Ce document est inséré dans un acte du 19 octobre 1328 par lequel la supérieure de Santa Eufemia de Cozuelos affermait, pour une durée de dix ans, un jardin situé dans la huerta de Carrión et appartenant à l’hôpital de Villamartín.
29 Publié malgré son mauvais état de conservation par I. Ortiz de Lejarazu San José, « Algunos documentos inéditos de Pedro I », pp. 236-238, doc. 3, un privilège royal délivré à Calatrava lors de la réunion des Cortes de Valladolid en 1351 témoigne qu’au milieu du XIVe siècle un certain nombre des domaines de l’Ordre situés dans la Meseta septentrionale se trouvaient dans un tel état d’abandon qu’ils ne pouvaient plus contribuer à la fiscalité monarchique parce que « sson yermos e los que moran en los dichos lugares sson pocos e pobres ».
30 Le fait a été justement relevé pour Santiago par J. V. Matellanes Merchán, « La encomienda santiaguista de Segura de la Sierra », p. 70.
31 AHN, OM, Archivo Histórico de Toledo, n°56142, publ. M. Rodríguez Llopis, Documentos de los siglos XIV y XV, pp. 13-14, doc. 7.
32 BNM, ms. 8582, f° 63r°-v° : « Establesçido fue que en Santa Eufemia que aya treynta freyras e quatro clerigos e estas que y se son agora aun que sean mas e quando alguna de las que y son finare que non entre otra freyra ninguna fasta que se tornen en treynta [...] Establasçido que en Destriana que estén .xiii. dueñas e en Portugal en Santos .xii. dueñas e en Aragon siete dueñas. »
33 Les difficultés du prieuré ont été étudiées par Ch. Tipton, « The 1330 Chapter General of the Knights Hospitallers at Montpellier », p. 299. Les dettes qui l’accablaient faisaient écho à celles qui minaient l’Ordre à l’échelle centrale, dont le poids était tel qu’il explique que le chapitre de Rhodes ait pris sur lui en 1335 de décider une réduction de la dépense de l’ensemble des frères, « pour rayson des grans dettes en que nous et notre religion somes entres et pour les grans bezoynes et charges que notre religion a en cestui temps accomplir et supporter » (BNV, RBC, vol. 280, f° 36 r°).
34 Plusieurs exemples témoignent au milieu du XIVe siècle de l’adoption d’une politique restrictive de recrutement dans le prieuré castillan de l’Hôpital. Ainsi Juan Fernández de Heredia donna en 1352 une licence à Gonzalo Rodríguez de Montoya, commandeur de Bamba et de Cuenca, en vue de recruter deux chevaliers (AHN, Códice 601, f° 142r°). Quatre ans plus tard, il fixait le chiffre à douze pour un espace comprenant, en plus du prieuré de Castille, la châtellenie d’Amposta (AHN, Códice 602, f° 3r°). En cela, il s’inscrivait dans une tradition de l’Ordre attestée en Orient depuis les années qui suivirent le départ de Terre sainte (BNV, SO, vol. 16, doc. 8).
35 Le fait est signalé dans une lettre de l’infant au roi d’Aragón, publiée par A. Giménez Soler, Don Juan Manuel, pp. 412-413, doc. 247 : « Fago vos saber que por mucho debdos que yo he con la orden de la caualleria de Santiago, veyendo la gran destruyçion de la dicha orden, la qual ba fecho e fase de cada dia don Diago Monis que es agora della maestre, la mayor partida de los omnes buenos de la dicha orden et yo embiamos a nuestro sennor el Papa a don Per de Coyales, canonigo de Cuenca, vuestro capellan e mio, porquel cuente todo este fecho como paso fata aqui et en lo que agora esta. »
36 Ibid., p. 419, doc. 257.
37 Sans conteste exagérée, la description qui ouvre le texte des statuts de Juan Osórez en 1310 mérite à cet égard d’être citée. BS, p. 261 : « Veyendo en como por las guerras é por las huestes é por muchos otros excessos que acaecen é acaescieron tiempo ha los freires de la Orden é los conventos no son tan bien mantenidos como avian menester, ni los freires de convento non han tan bien paradas las vestiduras, como solian aver, é los comendadores son menguados de los derechos de las encomiendas é de la tierra de la Orden é los vasallos son mas estragados que solian de quanto avian menester. »
38 En 1326, le chapitre de Mérida est ainsi rassemblé « a reparacion, reformacion e emendamiento de la orden » (ACA, Cancillería, reg. 228, f° 136r°, publ. R. Sáinz de la Maza, La orden de Santiago en la Corona de Aragón, p. 402, doc. 231).
39 Ainsi l’a bien signalé à l’échelle générale S. Moreta Velayos, Malkechores-feudales. Violencia, antagonismosy alianzas de clases en Castilla, pp. 96-97.
40 Le fait a été brièvement mis en relief par C. Barquero Goñi, « Alcázar de San Juan. Orígenes y desarrollo medieval de una villa de La Mancha », p. 100.
41 Avec une grande pertinence, J. L. de la Montaña Conchiña, « Obispados y órdenes militares. Problemas jurisdiccionales en la Transierra extremeña del siglo XIII », p. 37, a relevé que ces disputes constituent la racine commune des conflits qui ont opposé les milices à l’épiscopat.
42 II n’est pas nécessaire d’insister sur ce conflit, dont les différentes phases ont été bien présentées par D. Lomax, « El arzobispo don Rodrigo Jiménez de Rada y la orden de Santiago », avant d’être, pour les premières, étudiées en détail par J. L. Martín Rodríguez, « Derechos eclesiásticos de la orden de Santiago y distribución de los beneficios économicos ».
43 À titre d’exemple, il est possible de citer les conflits opposant les Templiers de la commanderie de San Fiz do Ermo aux Bénédictins du monastère de Ferreira de Pallares, analysés par J.Á. Rey Caiña, « Benedictinos y Templarios en Guntín », ou ceux qui mirent aux prises les Hospitaliers de la baylie de Puente Fitero aux Prémontrés d’Aguilar de Campoo, étudiés en détail par M. E. González de Fauve, « Esquema para el estudio de la utilización del agua », en particulier pp. 127-129.
44 Exceptionnelles jusqu’au milieu du XIIIe siècle, des voies de fait ont pu se produire précédemment, comme dans le contexte de l’affrontement qui, en 1242, amena Santiago à se dresser contre l’archevêque de Tolède pour le contrôle juridictionnel des églises du Campo de Montiel (AHN, Clero, carp. 3020, doc 8, publ. M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés., pp. 587-390, doc. 183). Par la suite, elles se firent toutefois beaucoup plus fréquentes, comme l’atteste la querelle opposant les Templiers à l’évêque de Zamora à la fin du règne d’Alphonse X. Renseigné par un document juridique exceptionnel regesté par J. C. de Lera Maíllo, Catálogo de los documentos medievales de la catedral de Zamora, pp. 287-288, doc. 902, ce conflit a été bien étudié par Ch. Garcia, « Les entreprises de l’évêque de Zamora, don Suero Pérez », pp. 60-61, et P. Linehan, « The Economics of Episcopal Politics : the Cautionary Tale of Bishop Suero Pérez de Zamora », pp. 15-16.
45 P. Amargier, « La défense du Temple devant le concile de Lyon en 1274 », p. 497. Il convient toutefois de souligner, même si cela ne modifie pas substantiellement notre propos, que le texte, si l’on en croit H. Prutz, Entwicklung und Untergang des Tempelherrenordens, pp. 313-314, serait l’œuvre des Hospitaliers et non pas des Templiers.
46 Ces documents ont été publiés par J. Petit, « Mémoire de Foulques de Villaret », et É. Baluze, Vite paparum Avenionensium, t. III, pp. 145-154. De façon significative, le maître du Temple place les violences subies par les deux institutions au premier rang des raisons pouvant inciter à leur union : « Commoda vero vel profectus que de unione cognosco sunt bec. Notorium est quod omnes gentes consueverunt habere multam devotionem adreligiosos. Quod totum videtur esse conversum quia plurimi reperiuntur velle au ferre religiosis quam dare, et quasi omnes libentius acipiunt quam donent eisdem, et multa gravamina continue eis inferimtur per mundum tam a prelatis quam ab aliis viris potentibus et minoribus, sive clericis, sive laicis. Sed si talis unio fiat, religto erit tam fortis et potens quod bene defendet et poterit defendere jura sua a quibuscumque personis » (ibid, p. 153).
47 Un exemple d’intervention monarchique est donné par Alphonse XI qui, à la requête de l’infant Fadrique, maître de Santiago, ordonna en 1346 au merino mayor de Léon et aux autres mérinos du royaume de travailler à la restitution des biens enlevés au monastère de San Marcos (AHN, OM, carp. 375, doc 80). Le plus souvent cependant, les plaintes des dignitaires étaient adressées au pape, qui édictait alors une bulle conservatoire afin de remédier aux abus qui lui étaient signalés. Plusieurs dizaines d’exemplaires de ces documents sont aujourd’hui conservés dans le fonds d’archives des Ordres. Sept de ces bulles furent adressées par Clément V à divers évêques castillans en faveur de Calatrava pour les seules années 1311-1312 (AHN, OM, carp. 445, doc 69 à 76). Retenons uniquement la dernière lettre, envoyée de Vienne le 22 février 1312 à l’évêque de Burgos pour lui demander d’enquêter sur l’usurpation d’une forteresse de l’Ordre située dans son diocèse, dont se serait rendu coupable le seigneur de los Cameros, Juan Alfonso de Haro.
48 Entre ces deux groupes, les conflits furent tels que l’historiographie les a considérés comme l’essentiel de leurs rapports, comme l’a justement observé C. Barquero Goñi, « Relaciones entre la orden del Hospital y los obispos españoles durante la Edad Media », p. 681, dans une analyse qu’il est facile d’extrapoler aux autres ordres militaires.
49 A la requête de l’évêque et du chapitre, une première injonction fut adressée aux frères servant dans la région murcienne par Sanche IV en février 1292 (J. Torres Fontes, Documentos de Sancho IV, p. 120, doc 136). Elle fut suivie un an plus tard d’une deuxième, envoyée pour sa part spécifiquement aux commandeurs de Cieza et de Ricote (ibid., p. 132, doc 150). En 1306, une fois le royaume de Murcie restitué à la Castille, la situation ne semblait pas avoir varié. Une lettre de Ferdinand IV invitait son représentant dans la région à contraindre plusieurs frères, dont le grand commandeur Diago Muñiz, à payer les dîmes de leurs commanderies à l’évêque de Carthagène (Id., Documentos de Fernando IV, p. 71, doc 66).
50 Plusieurs différends sont attestés, dont le plus virulent opposa, à la fin du règne d’Alphonse X, la commanderie templière de Jerez de los Caballeros aux concejos voisins. À l’affrontement avec Badajoz, signalé par E. Rodríguez Amaya, « La tierra de Badajoz desde 1230 a 1500 », p. 412, fait écho le conflit avec Séville mis en lumière, à partir de sources provenant de l’Archivo Municipal de Murcia, par J.D. González Arce, « Cuadernos de ordenanzas y otros documentos sevillanos del reinado de Alfonso el Sabio », p. 121. Tous deux ont été étudiés en détail par F. García Fitz, « Política international, conflictos jurisdiccionales y construcciones militares a finales del siglo XIII en la Sierra de Aroche », pp. 261-264. Peu après, sur l’autre versant de la Péninsule, une querelle également très longue mit aux prises Santiago avec les autorités urbaines de Murcie, comme l’a bien établi J. Coria Colino, Intervención regia en el ámbito municipal. El concejo de Murcia, p. 209.
51 AHN, OM, libro 1346, f° 32r°. En avril 1329, Jean XXII ordonnait à Pedro Garda, chanoine de l’église de Cuenca, d’aider à la libération d’un chevalier du nom de Garcia Romano, dont les parents s’étaient plaints qu’il était abusivement détenu par le maître de Calatrava : « Quod Ihoannes Nunii, Gardas Pétri et Ferdinandus Jhoanni, ordinis militie Calatravensis, dictum laicum ausu temerario capientes ipsum carceri mancipiarunt et ; dum tenerent eurn eidem carceri mancipatum, inhibuerunt ne ei essus et potus aliquatenus largiretur in ipsius laicipreiudicium etgrauamen propterqueprefatus laicus damna grauia et expensas se asserit incurisse. »
52 J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 67.
53 Ce point a été très justement mis en relief par I. Beceiro Pita, « Los dominios de la familia real castellana », p. 101.
54 AHN, OM, carp. 576, doc. 1, publ. J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. III, pp. 148-149, doc. 3241. M. Revuelta González, « La bailla de Población de la orden de San Juan de Jerusalén », pp. 210-211, donne de l’événement une présentation à la fois brève et synthétique.
55 Un document non daté conservé à l’Archivo Diocesano de León, énumérant les méfaits commis par le chevalier contre la communauté monastique, a été publié par J. L. Novo Cazón, El priorato santiaguista de Vilar de Donas, pp. 257-259, doc. 53. Parmi ces agissements, tes voies de fait ne sont pas absentes : « Outrosi, en outra eugada, firiu un nosso ome dentro enno mosteiro e est ome fugiu a nos e par sabela coreta de nos deule una ferida Johan Arias en a cabeza e britou en ele o cuitelo. » L’essentiel tient pourtant à ces usurpations auxquelles la petite noblesse était toujours prompte à se livrer, comme ce fut le cas après la dissolution de l’ordre du Temple où l’Hôpital, comme l’a très bien rappelé C. Barquero Goñi, « El conflicto porlos bienes templarios », p. 39-42, fut bien en peine de recouvrer le patrimoine de la milice défunte, dont une partie importante avait été aussitôt accaparée par de petits chevaliers, tels Fernando Velasco Pimentel et Martin Alfonso Tizon, auxquels les juges ecclésiastiques s’efforcèrent sans succès de faire observer le droit (ACB, carp. 4, doc 6, publ. F. Duran Castellano, « Los Templarios en la Baja Extremadura », pp. 143-145, doc. II).
56 La plainte adressée au roi par le prieur Fernán Pérez Mosejo a été publiée par C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 604-606, doc. 377 ; « Et nos, el prior sobredicho, por nos e por nuestra horden, querellamos que el conçejo de Toro con sus aldeas que fueron con pendon tendudo a La Boveda e a Vayello e a otros nuestros lugares de Val de Garoña, e que nos quemaran e derribaran e estragaran casas nuestras e de nuestros vasallos, e que nos llevaran ende muchos ganados, yeguas, vacas, porcos, ovejas e pan e vino, e que nos derribaran las cuebas e nos bertieran el vino, e que nos troguieran las leguas e que nos tomaran dinero e donas muchas. »
57 Ibid., pp. 667-669, doc. 418.
58 Une douzaine de documents concernent les conflits mettant aux prises la Mesta et Calatrava après le premier accord passé en mai 1287 (AHN, OM, carp, 460, doc. 143). Une solution durable, sinon définitive, fut trouvée grâce à la sentence d’Alphonse XI qui, en 1331, ordonnait que les troupeaux de la Mesta puissent entrer dans la terre de l’Ordre « por sus canadas derechas », conformément aux libertés reconnues à l’institution (AHN, OM, carp. 429, doc. 198).
59 Ce contexte de rivalité souvent exacerbée rend à mon sens théorique, sinon hasardeuse, l’hypothèse d’une mobilité patrimoniale entre Calatrava et Alcántara avancée, sur la base de leur origine commune, par I. Álvarez Borge, Poder y relaciones sociales en Castilla en la Edad Media, pp. 223-224.
60 C. Estepa Díez, « La disolución de la orden del Temple », pp. 152-153. Dans son étude, l’auteur se fonde sur les notices du plaid figurant dans A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, pp. 293-297, 308-309, 333-335 et 348.
61 C. Barquero Goñi, « El conflicto por los bienes templarios en Castilla », offre un panorama intéressant du problème, que ce même auteur s’est récemment efforcé de replacer dans un contexte plus large, englobant l’espace péninsulaire dans sa totalité : Id., « La orden del Hospital y recepción de los bienes templarios en la Península Ibérica ».
62 Ph. Josserand, « Un maître politique : Fernán Rodríguez de Valbuena », pp. 1324-1328, a fait valoir que l’action politique du prieur fut avant tout motivée par le souci de protéger les intérêts de son Ordre, notamment en ce qui concernait l’administration des anciens biens templiers qui, en Castille, avaient été dévolus à l’Hôpital (AHN, OM, carp. 570, doc. 8, publ. ibid, pp. 1340-1343, doc. 2).
63 Ainsi la sentence d’excommunication lancée en 1323 par Jean XXII contre le maître d’Alcántara Suero Pérez pour avoir refusé de remettre à l’Hôpital les châteaux de Capilla, Garlitos et Almorchón demeurait encore valide en 1335, lorsque Benoît XII donna ordre à l’évêque de Palencia de la suspendre pour que puissent être renouées les négociations sur la restitution de ces forteresses (ASV, Reg. Vat. 120, f° 38r°-v°, publ. J.-M. Vidal et G. Mollat, Benoît XII. Lettres closes et patentes, t. I, pp. 49-51, doc. 187).
64 AHN, OM, carp. 428, doc. 180 et carp. 463, doc 203 et 203 bis.
65 AMU, caja 4, doc. 9 et caja 5, doc. I, publ. J. Rodríguez Molina, Colección documental del Archivo Municipal de Úbeda, t. II, pp. 91-94 et 123-124, doc. 32 et 44. Daté de 1328, le premier document exprime en ces termes la compensation obtenue par l’Ordre : « Et otrosí, yo, el dicho Nuño Gomes, comendador, otorgo que yo reçebi de uos, el dicho conçeio de Ubeda, çinco mill maravedís desta moneda que agora corre [... ] Estos dichos maravedís reçebí yo de uos en emienda de los daños e menoscabos e de todo lo otro que nos fisiestes quando nos presiestes, que yo e los otros sobredichos que fuemos presos, querellamos de uos que quemos reçebido el día que nos presiestes e después que fuemos fuera de la vuestra presión, teniendo nos presos, seyendo fuera de la presión. Et así por esto como por todo lo otro que querellamos que auiedes fecho e corrido a Sauiote, logar de la dicha orden. »
66 II fallait notamment rémunérer les notaires chargés de rédiger les actes de la sentence. Neuf sous tournois d’argent furent ainsi versés par le procureur de Santiago Pedro López de Baeza au notaire de l’évêque de Preneste, maître Bernard Brun, pour avoir fait écrire quatre cent quarante folios délivrés à l’Ordre en Avignon en juin 1329 (BS, p. 298).
67 AHN, OM, carp. 479, doc. 126, publ. R. Menéndez Pidal, Documentos lingüísticos de España, pp. 464-465, doc. 350 : « Et do et franqueo por estas mismas rrazones et condiçiones toda la rrenconada que es façal rio, cerf a de los molinos, que fue dada primera mente a la orden et ffueron tenedores la orden mas de tres annos, et despues omnes raffeçes partieron se la commo quisieron, et despues yo conpre por amor de paz todos los quinnones. »
68 AHN, OM, carp. 464, doc. 237 bis.
69 En octobre 1336, Juan Manuel satisfit, en tant qu’adelantado en toda la frontera e en el regno de Murcia, la demande de Sancho Ximénez, commandeur de Porcuna, qui réclamait les moulins de Martos enlevés à Calatrava, quelques années plus tôt, par Juan Pérez Ponce, lequel en conserva cependant la jouissance viagère à l’issue de l’arbitrage (AHN, OM, carp. 464, doc 233). La lecture de l’original, dont la partie inférieure est perdue, doit être complétée par celle d’une copie réalisée dans la seconde moitié du XIIIe siècle (AHN, OM, libro 1346, f° 91r°-v°).
70 Plusieurs exemptes de procès pourraient être mentionnés, tant auprès de juridictions ecclésiastiques — tel le tribunal apostolique, auquel Santiago demanda en 1255 de contraindre Sancho Sánchez de Mazuelos à respecter la donation pieuse consentie par sa femme (AHN, OM, carp. 94, vol. I, doc. 25) — que de la cour royale, dont Calatrava chercha en 1301 à obtenir la reconnaissance d’une aumône réalisée par un confrère de l’institution et retenue par ses exécuteurs testamentaires (AHN, OM, libro 1345, f° 28r°-v°).
71 Tel fut le cas en 1259 lors du conflit entre Alcántara et Diego Sánchez de Funes, adelantado de la frontera, qui affirmait que les biens situés à Heliche que son frère Fernando Sánchez avait donnés à l’Ordre, au moment de sa profession, étaient en réalité indivis. Alphonse X imposa à l’officier de renoncer à ses prétentions en échange de la cession à titre viager des biens qu’il réclamait et de l’ensemble de ceux que l’institution possédait dans le finage de Carmona (A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, p. 375).
72 Les ordres militaires veillaient tout particulièrement à obtenir que les enfants des usufruitiers renoncent par avance, dans l’acte de cession viagère, aux droits de leurs parents. Cette vigilance constitue l’indice manifeste de l’existence d’abus. A titre d’exemple, Santiago stipulait en 1308, au moment de remettre en prestimonio à Diego Fernández de Orozco et à son épouse Mencía Fernández la maison de Talamanca, que leurs enfants seraient tenus de restituer celle-ci à l’Ordre lors du décès du dernier conjoint vivant. Dans le cas contraire, les bénéficiaires s’engageaient à verser des dédommagements, promettant que « si lo assi non ffiziesemos que los nuestros herederos que diessen a la orden tres mill maravedis de la moneda que entonces andudiere e si lo non ffiziessen assi que pechassen a la orden ssuso dtcha de aquel dia en adelante por quantos dias passasen cinquenta maravedts de la moneda ssuso dicha » (AHN, OM, carp. 94, vol. II, doc. 55).
73 De nombreux actes révèlent que les ordres militaires avaient généralement peine à recouvrer les concessions viagères à la mort de l’usufruitier. Ainsi, l’Hôpital fut contraint en avril 1284 de remettre à titre viager à Fernán Rodríguez, seigneur de Cabrera, la maison de Rubiales en échange de l’abandon des terres de l’institution que ses parents détenaient, « con tal condiçion que vos que nos entreguedes et nos dexedes luego todos los heredamientos que don Rodrigo Rodriguez, vuestro padre, e dona Milia, vuestra madre, tovieron de la orden o los mandaron por Dios et por sus almas a la orden o tenien en qual otra raçon quiero en qualesquier lugares que los toviessen » (AHN, OM, carp. 575, doc 33, publ. C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de Léon », pp. 606-609, doc. 47).
74 BNM, ms. 13064, ffos 134r°-135v°.
75 BS, p. 257.
76 Une évolution comparable dans sa chronologie a été soulignée pour le Sud du Portugal, notamment sur les terres de l’ordre d’Avis, par S. Boissellier, « Les revendications paysannes collectives dans le Midi portugais », pp. 165 et 172-173.
77 Avant le XVe siècle, il est rare que soient mentionnés des cas de violence physique contre les dignitaires. Cependant, C. Barquero Goñi, « Una agresión sufrida por el comendador hospitalario de Aberin », p. 916, a récemment étudié un exemple navarrais remontant à 1331, c’est-à-dire antérieur de près d’un siècle et demi à la révolte de Fuenteovejuna contre le grand commandeur de Calatrava Fernán Gómez de Guzmán, bien analysée par E. Cabrera Muñoz et A. Moros Guerrero, Fuenteovejuna. La violencia antiseñorial en el siglo XV, notamment pp. 151-153.
78 Primera historia de la orden de Santiago, p. 369 : « En su tiempo de este maestre, la villa de Ocaña procuro de se sustraer a la jurediçion i señorio de la orden I él ovo determinaçion en que quedara como oy estan por sus vasallos i de su juresdisçion i señorio. »
79 Ibid., p. 369 : « Fecho en el mes de diziembre, era de mill i dozientos i … ».La narration laisse en blanc la date du document qui aurait permis de dater précisément la révolte.
80 AHN, OM, carp. 243, doc. 13, publ. J. González González, Reinado y diplomas de Fernando III,, t. III, pp. 385-387, doc. 808.
81 A. M. Burriel, Memorias para la vida del santo rey don Fernando III, pp. 528-530.
82 Le fait ressort d’un bref d’Alexandre IV, en date du 18 février 1261, ordonnant à l’évêque de Ségovie d’absoudre Pelayo Pérez Correa, qui in quemdam sibi subditum tabellionem in Ocania tonsuratum capitis sententiam exequi mandaverat ». Selon ce document, cette peine fut infligée au notaire en châtiment de sa trahison, « propter quod fidelitatis et homagii iuramentum prestiterat ordtni supradicto, turrim eiusdem villes intenderet rapere et ad hoc dicta villa hommes inducendo, per quod eidem ordini grave preiudicium generari » (BS, pp. 198-199).
83 Pour Calatrava ou l’Hôpital, le fait a été mis en valeur par E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 323-327, et C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 421-423.
84 L’existence de ces conflits ressort des sentences qui prétendaient leur apporter une solution, publiées par C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 585 et 608-611, doc. 362 et 380, et M. Gaibrois de Ballesteros, Historia del reinado de Sancho IV de Castilla, t. III, pp. 47-48, doc. 74.
85 M. Gaibrois de Ballesteros, Historia del reinado de Sancho IV de Castilla, III, p. 48, doc. 74 : Pedieron me por merçet que les mandasse tener et guardar el ffuero a que ffueron poblados et al usso en que uisquieron de los tiempos sobredichos aca et yo tengolo por bien, onde vos mando luego vista esta mi carta, que non consintades a los comendadores nin a los ffrayles de la orden del Osspital de Ssant Juan sobredichos que les passen a mas del ffuero de commo ffueron dados a la orden. »
86 Pour Calatrava, un même constat a été fait par E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 326, à partir du conflit opposant l’Ordre à Zorita pendant toute la seconde moitié du XIIIe siècle.
87 Ainsi l’a bien relevé D. Rodríguez Blanco, « Los concejos de órdenes militares en la Baja Edad Media, Organización y relaciones con el poder ».
88 F. Novoa Portela, « El proceso de señorialización concejil en el abadengo de la orden de Alcántara », p. 205.
89 Une description des richesses archivistiques du fonds jusqu’au XIXe siècle a été proposée par F. Fernández Izquierdo, M.T. Santos Carrascosa et M.A. Yuste Martínez, « Catálogo del Archivo Municipal de Almonacid de Zorita ».
90 F. Fernández Izquierdo, « El régimen concejil de Almonacid de Zorita bajo el dominio de la orden de Calatrava ».
91 C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 421-422 : « A partir del siglo XII se comienzan a observar síntomas de malestar y tensión en las relaciones entre la orden de San Juan y sus vasallos. Van haciéndose frecuentes al final de la centuria [...] estando seguramente en relación con los primeras indicios de crisis que se detectan en Castilla y León por aquellas fechas. »
92 AHN, OM, libro 1344, ffos 2r°-3v°. D’après l’acte, le commandeur « quiere que se le den la pecha tan bien por la valia de la heredad como del mueble [...] e quiere llevar las dos tercias de las calonas ».
93 AMASJ, Pergaminos, I/4. Regesté par J.F. Sánchez Bódalo, Catálogo del Archivo Histórico Municipal de Alcázar de San Juan, p. 21, doc. 4, ce document a été publié par Ph. Josserand, « Ali de Cervera : un Maure au service de l’Hôpital ». Un bref commentaire, reprenant les grandes lignes du texte, en a été fait par C. Barquero Goñi, « Alcázar de San Juan. Orígenes y desarrollo médiéval de una villa de La Mancha », pp. 98-99.
94 À Bolaños, l’unique requête dont les habitants furent déboutés touchait leur prétention de percevoir les deux tiers des profits de justice, en vertu de la coutume qui en attribuait un tiers au commandeur, un autre au concejo et le dernier aux alcaldes. La sentence royale autorisa en effet le représentant de l’Ordre à retenir les deux tiers des profits de justice, à condition d’affecter la moitié de cette somme aux dépenses de la construction de l’enceinte « que es pro de todos » (AHN, OM, libro 1344, f° 3r°).
95 F. Fernández Izquierdo, « El régimen concejil de Almonacid de Zorita bajo el dominio de la orden de Calatrava », pp. 401-403.
96 J. M. Calderón Ortega, « Ordenanzas municipales de la villa de Peñalver », p. 324.
97 La date de la concession du fuero de Peñalver n’est pas connue. Elle est en tout cas postérieure à la donation de la ville consentie à l’Hôpital, dont le texte a été publié par C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, p. 269, doc. 102. Bien que l’acte soit daté de 1168, la mention de la reine Leonor aux côtés d’Alphonse VIII exclut qu’il puisse en aucun cas être considéré comme antérieur à 1170, comme l’a très justement fait valoir l’éditeur du document.
98 Le texte a été établi à partir d’une copie autorisée de 1490, conservée dans l’Archivo de los Duques de Hijar et publiée par J. M. Calderón Ortega, « Ordenanzas municipales de la villa de Peñalver », pp. 326-327.
99 Ibid., p. 527 : « Que la orden se parta de las ferradas del vino que solían tomar los comendadores, que ge las non tomen de aquí adelante, e que les no tomen ropa para el castillo ni para el palaçio e que se partan de todos los otros malos usas e malas costunbres que fueron fasta aquí que no eran en el fuero. »
100 Ibid., p. 526 : « E los alcaldes que oyan los pleytos e los libren según fuero de Guadalajara, ansy como dicho es, e quando alguno se agraviare del juyzio de los alcaldes ayan el alçada para ante el comendador o para ante aquel que estuviere en su lugar [...] e el juyzio que diere, sy alguna de las partes se agraviare, aya el alçada para Guadalajara e de Guadalajara para ante nuestro senor el rey, el que la pidiere. » Ce faisant, le texte de 1354 développa un principe que la révision de 1272 n’avait pas aboli mais qu’elle avait cherché à restreindre, de façon à conférer à l’Ordre le monopole de la justice d’appel. C. de Avala Martínez et al., Libro de los privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 566-567, doc. 346 : « Eferidas e todas caloñas, que se juzguen primeramente por los alcaldes del lugar, que se alçe al comendador que toviere la bailia. Et si del comendador se agraviare, que se alçe al fuero de Cuenca. E todos los pechos e las caloñas que fueren juzgadas, que sean dadas al comendador que toviere la bailia. »
101 Ainsi l’a signalé E. Rodriguez-Picavea Matilla, « La ganadería en la economía de frontera. Una aproximación al caso de la Meseta meridional castellana ».
102 Un tel privilège a été obtenu par les habitants d’Alcántara en 1316 et, trois ans plus tard, par ceux de Valencia de Alcántara, à en croire le témoignage d’A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, pp. 505-506 et 521.
103 À titre d’exemple, le maître Fernán Pérez donna en 1295 une franchise aux habitants de Torre de Don Miguel pour leur cheptel dans le finage de Santibáñez. Renouvelée par ses successeurs, elle est conservée dans une confirmation de Nuño Chamizo qui date pour sa part d’avril 1342 (AMTDM, Col. diplomatica, perg. 2, publ. T. Torres González, Torre de Don Miguel. Historia de una villa rural en la Baja Edad Media, p. 262, doc. 2).
104 Ainsi, en janvier 1338, il fut fait grâce aux habitants de Santibáñez, pour leur bétail, du défens de Rina, situé à proximité d’El Toconal. Le fait est signalé par A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. II, pp. 17-18.
105 Étudiant le cas de La Puebla de Sancho Pérez, où les dépendants de Santiago obtinrent en 1353 de l’infant Fadrique la reconnaissance d’un défens qu’eux seuls pouvaient exploiter, A. Bernal Estévez, « Expansión agraria en la encomienda de Puebla de Sancho Pérez », pp. 968-969, a justement signalé à quel point, au milieu du XIVe siècle « los pueblos buscaron esa garantía de supervivencia por medio del acotamiento de unos espacios normalmente utilizados ya de forma tradicional para su uso, sobre el cual se busca una garantía legal para unos aprovechamientos exclusivos, defendidos de otros pueblos como de otros animales ».
106 Le conflit ressort clairement d’un acte conservé dans une copie du XVIIIe siècle (AGP, Inf. Gabr., Anexo, leg. I, doc. 20). Situé par erreur en 1321 par A. Mut Calafell, Inventario del Archivo del Infante don Gabriel de Borbón, p. 496, le document est en fait daté du 24 février 1371, ce qui, compte tenu de l’oubli de la mention de l’ère hispanique, équivaut à l’année 1333, où Ruy Pérez de Bolaños, nommé dans l’acte, exerça en tant que lieutenant du maître de l’Ordre après la mon du prieur castillan Fernán Rodríguez de Valbuena. Comme en d’autres cas, le litige était dû aux entraves apportées par les frères aux libertés de pâturage dont jouissaient les habitants d’Alcázar : « El concejo de la villa de Alcazar se querelló ante nos de muchos tuertos y agrabios que recibían de frey Alfonso Fernández, teniente lugar del prior en la baylia de Consuegra, y de frey Gonzalo Gómez, comendador de Peñarroya, sobre razón de los términos que les fueron dados por el gran comendador don frey Hernán Pérez y el prior don frey García Pérez, [...] y dijeron que en estos terminas que les havian dado que les hacian defensa y no dejaban estar alli a sus ganados a pacer las yerbas, ni beber las aguas, ni les dejaban traer leña, ni madera para sus casas, y a los que encontraban paciendo y cortando, los prendaban y prendian, y pidieron que les hiciesemos guardar y tenerlo que siempre huvieron. »
107 J. González González, Repartimiento de Sevilla, t. I, pp. 318 et 322.
108 Ibid, t. II, pp. 122-126.
109 AHN, OM, libro 1344, f° 2v°.
110 Avant d’abandonner les terres de Calatrava, le couple se défait du moulin qu’il exploitait à Caracuel, renonçant à utiliser aux dépens de l’Ordre les privilèges que lui ouvrait son installation dans les régions situées au contact de la frontière nasride. AHN, OM, libro 1347, f° 501r°-v° : « Renuncio las mercedes e libertades que nuestro señor el rey dio a carta de aqui adelante a los que van a morar e poblar en Algezira o en Alcala la Real o en quales quier villas o castiellos que el gano en la frontera de los moros o ganare de aqui adelante e a los que van a morar e poblar en Cabra e en Luçena o a quales quier otros castiellos o villas o lugares de la mucha honrrada doña Leonor. »
111 En janvier 1342, Alphonse XI accroît les libertés de Cabra, « por razon que mandamos a don Juan Nunes, maestre de la orden de cavalleria de Calatrava, que poblase e ficiesse poblar el lugar de Cabra que es de la dicha orden, el qual estruyeron los moros, e quel dicho maestre dixo nos que se non podia poblar sinon faciendo gracias y mercedes a los que hy vinieren a poblar [...] para que la dicha villa se pueda mexor poblar y los vecinos dende sean mas ricos e mas abastados y tengan con que nos servir en la dicha frontera » (AHN, OM, libro 1347, f° 1r°-v°).
112 En octobre 1344, une lettre d’Alphonse XI aux alcaldes et aux alguaciles des places d’Alcalá la Real, Locubín, Priego, Carcabuey, Rute, Aguilar, Lucena et Cabra, intégrées depuis peu dans le realengo, rapporte une plainte que lui avait transmise le maître de Calatrava et selon laquelle « por las ffranqueças e las merçedes que nos ffaziemos a todos los que han poblar e morar en cada una destas uillas et castiellos que algunas de los ssus vassallos de la ssu orden que morauan en Martos e en ssu termino e en Porcuna e en ssu termino e en Sauiote e en Ossuna et en cada uno de ssus logares de las dichas comiendas que sson ydos e que sse ban morar a estos nuestros logares assy que sse despueblen los dichos ssus logares e castiellos que el a y en la ffrontera çerca de tierra de moros e sse yerma de cada dia ». En conséquence, il enjoint aux officiers « que les non reçibades en mingunos dessos vuestros logares por vezinos nin por moradores nin le dedes cartas de bezindat nin heredamientos a ninguno dellos nin les traslades de los priuilleios de las franqueçias e liberdades que bos auedes » (AHN, OM, carp. 430, doc. 213).
113 Comme l’a récemment souligné A. Forey, « The Military Orders and the Conversion of Muslims », p. 16, la présence d’une telle communauté était liée au besoin permanent de main-d’œuvre des ordres militaires : « Manpower was needed to ensure that lands were worked and in Spain Christian lords were seeking not only to retain existing Muslims tenants but also to attract new ones. »
114 Étudiée en détail pour la Catalogne par P. Ortega Pérez, Musulmanes en Cataluña, p. 183, à partir de documents relatifs aux commanderies hospitalières d’Ascó et de Miravet, cette détérioration du statut des musulmans au Moyen Âge tardif a été récemment mise en lumière pour les terres des Ordres dans l’actuelle Estrémadure par J. L. de la Montaña Conchiña, La Extremadura cristiana. Poblamiento, poder y sociedad, p. 456.
115 Le fait a été très justement signalé sur la base de la réalité comptable de la seconde moitié du XVe siècle, dont il n’existe aucun équivalent pour les périodes précédentes, par M.Á. Ladero Quesada, « Los mudéjares de Castilla en la Baja Edad Media », pp. 269-270, repris dans Id., Los mudéjares de Castilla y otros estudios de historia medieval andaluza, pp. 32-34. Des éclairages spécifiques ont été apportés pour Uclés et Montiel par M. García-Arenal, « Dos documentes sobre los moros de Uclés en 1501 », et P. Porras Arboledas, « Moros y crisrianos en Montiel a finales del siglo XV ».
116 À cet égard, l’information a été bien analysée par M. Rodríguez Llopis, Conflictos fronterizos y dependencia señorial : la encomienda santiaguista de Yeste y Taibilla, p. 59, et « Repoblación y organización del espacio en los señorios santiaguistas del reino de Murcia », pp. 9-11.
117 Pedro Marín, « Los milagros romanzados », p. 188, évoque un certain Juan Buhón, qui perdit la liberté alors qu’« yba a comprar grana a Socovos un castiello de moros que era de la orden de Uclés ».
118 D. Menjot, « Les mudéjares du royaume de Murcie », p. 167.
119 Le fait a été remarquablement mis en lumière dans le cas de Calatrava par L. R. Villegas Díaz, « Presencia de la orden de Calatrava en Osuna », pp. 41, n. 7, et 45.
120 Id., « Algo más sobre el mudejarismo manchego », pp. 640 et 644-645, n. 22.
121 Ce lien a été souligné par M. barber, « Supplying the Crusader States », pp. 315-317, repris dans ID., Crusaders and Heretics, XII, pour le Temple, qui, éprouvant des difficultés croissantes dans l’Orient latin, a augmenté à partir du deuxième quart du XIIIe siècle sa pression sur ses prieurés occidentaux.
122 C. de Ayala Martínez, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución en las órdenes militares castellano-leonesas de la Edad Media », et Ph. Josserand, « La figure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital », S’inscrivant dans la perspective de tels travaux, O. Pérez Monzón, Arte sanjuanista en Castilla y León, p. 20, a récemment présenté le processus, en ce qui concerne l’Hôpital, comme « un desarrollo gradual y prolongado en el tiempo », selon une formule très juste qu’il est parfaitement possible d’étendre aux autres ordres militaires.
123 Le point de départ de la controverse est constitué par l’article stimulant de L. R. Villegas Diaz, « Las estructuras de poder en la orden de Calatrava ».
124 J. O’Callaghan, « The Affiliation of the Order of Calatrava », p. 9, reproduit dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, I : « The encomienda was a benefice comprising a unit of territory, the rents of which provided the income of the incumbent, who alto sometimes enjoyed legal jurisdiction over the inhabitants of the region. »
125 D. Lomax, La orden de Santiago, pp. 201-202.
126 C. de Ayala Martinez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, p. 327.
127 L’expression red de encomiendas se trouve ainsi au centre de l’analyse développée par E. Rodríguez-Picavea Matilla, « La orden de Calatrava en la Meseta meridional castellana ». Assortie d’un sens ouvertement féodal, cette même conception a été reprise par l’auteur dans sa thèse de doctorat : Id, La formación del feudalismo en la Meseta méridional castellana, pp. 57-59.
128 L’hypothèse de travail émise par L. R. Villegas Diaz, « Las estructuras de poder de la orden de Calatrava », p. 494, a été développée par J. M. Mendoza Garrido, « El sistema de encomiendas en la orden de Calatrava ».
129 Ch. Higounet, « Essai sur les granges cisterciennes ».
130 L’idée a été développée par L. Navarro de la Torre, « El modelo económico cisterciense y la orden de Calatrava », et L. R. Villegas Diaz, « Las encomiendas de la orden de Calatrava : modelo y transformaciones ».
131 En dehors de rares bulles pontificales, il n’est possible de l’identifier que dans les premiers statuts de Calatrava, datés du début du XIVe siècle et publiés par D. Lomax, « Algunos estatutos primitivos de Calatrava », p. 492, ou dans la donation de Monfragüe, consentie à cette même institution en 1221 par Ferdinand III (J. González González, Reinado y diplomas de Fernando III, t. II, pp. 160-161, doc. 133).
132 Un tel rapprochement a été proposé par L. R. Villegas Diaz, « Las encomiendas de la orden de Calatrava : modelo y transformaciones », pp. 132-133,
133 Ainsi l’a bien noté A. Forey, The Military Orders, p. 112.
134 Même en ce qui concerne Calatrava, on ne saurait souscrire à l’opinion de L. R. Villegas Diaz, « Las encomiendas de la orden de Calatrava : modelo y transformaciones », p. 134, selon laquelle « todo hace suponer que la gestion économisa de dicba istitución se organizó en un principio según los parámetros del modelo cisterciense ».
135 Voir C. de Ayala Martinez, « Las órdenes militares y la ocupación del territorio manchego », p. 67.
136 L. R. Villegas Diaz, « Las estructuras de poder de la orden de Calatrava », p. 493.
137 Mis en évidence tout d’abord par C. de Ayala Martínez, « Las órdenes militares y la ocupación del territorio manchego », pp. 67-69, cette caractéristique a été étudiée pour l’exemple de Calatrava par E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Calatrava. Una villa en la ffontera castellano-andalusí del siglo XII », p. 823, et surtout « Fortalezas y organización territorial en el Campo de Calatrava », pp. 625-627.
138 L’expression a été utilisée pour Calatrava par L. R. Villegas Diaz, « Las ferias del Campo de Calatrava en la Edad Media », p. 324.
139 Le fait a été mis en évidence par C. Estow, « The Economic Development of the Order of Calatrava ».
140 Si l’on s’en rapporte au témoignage des chroniques, le butin n’aurait désormais plus été que le résultat d’actions ponctuelles au nombre relativement modeste, telles cette offensive menée à la fin du XIIIe siècle par le maître de Calatrava Ruy Pérez et cette autre, lancée un demi-siècle plus tard par le supérieur de Santiago Alonso Méndez de Guzman. La mémoire de ces expéditions a été conservée par F. Caro de Torres, Historia de las ordenes militares de Santiago, Calatrava y Alcantara, f° 61r°, et F. de Rades y Andrada, Chrónica de las très ordenes y cavallerias de Sanctiago, Calatrava y Alcántara, part. I, f° 44r°.
141 L. R. Villegas Diaz, « Las ferias del Campo de Calatrava en la Edad Media », p. 325.
142 C. de Ayala Martinez, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución en las órdenes militares castellano-leonesas de la Edad Media », et Ph. Josserand, « La figure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital ».
143 AHN, Códice 15, f° 81r°, publ. M. Romaní Martínez, A colección diplomática do mosteiro cisterciense de Santa Maria de Oseira, t. I, pp. 64-66, doc. 53.
144 AHN, OM, carp. 574, doc. 12 et 13, publ. C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 550-552 et 552-553, doc. 8 et 9.
145 Mise en avant par L. R. Villegas Diaz, « Las encomiendas de la orden de Calatrava : modelo y transformaciones », p. 135, l’idée a été approfondie par C. de Ayala Martinez, « Comendadores y encomiendas. Origenes y evolución de las órdenes militares castellano-leonesas en la Edad Media », p. 102, qui soutient l’hypothèse que, dans un premier temps, la plupart des commandeurs attestés dans la documentation auraient été de « meros prestimoniarios, ajenos en principio a la institución, que quedan al frente de sus propiedades, integradas post mortem en el patrimonio de la orden ».
146 F. de Rades y Andrada, Chrónica de las tres órdenes y cavallerías de Sanctiago, Calatrava y Alcántara, part. II, 18v°-19r°.
147 L. R. Villegas Diaz, « Las estructuras de poder de la orden de Calatrava », p. 491, n. 67. Ce document a été publié par J. González González, El reino de Castilla en la época de Alfonso VIII, t. II, pp. 414-416, doc 339. Récemment, C. de Ayala Martinez, « Comendadores y encomiendas. Origenes y evolucion de las ordenes militares castellano-leonesas en la Edad Media », p. 105, a mis en doute que l’interpolation du texte s’étende à la liste des commandeurs mentionnés comme témoins.
148 C. de Ayala Martinez, « Comendadores y encomiendas. Origenes y evolucion de las órdenes militares castellano-leonesas en la Edad Media », pp. 105-106.
149 Ainsi l’a justement relevé E. Rodriguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta méridional castellana, pp. 115-116,131-132 et 142, pour les commandeurs d’Ocaña, de Tolède ou de Zorita mentionnés dans les sources dès la fin des années 1170. En avril 1176, les deux premiers dignitaires sont nommés en tant que témoins dans un accord entre le maître de Calatrava et plusieurs particuliers (AHN, OM, carp. 455, doc 16). Pour sa part, le troisième est cité la même année comme garant d’un acte similaire (AHN, OM, libro 1341, f° 49r°).
150 Certes il existe bien, pour le Temple et l’Hôpital, une demi-douzaine de références antérieures, mais il semble qu’elles proviennent d’interpolations tardives. C’est ce qu’a montré, pour les commanderies hospitalières de Salamanque (1173), Población (1157) et Reinoso (1162), C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 393,399 et 401. Le commandeur templier mentionné pour Ceinos en 1168 constitue un cas plus difficile à expliquer puisqu’il est exclu de mettre en doute la date du diplôme royal regesté par J. Gonzalez Gonzalez, Regesta de Fernando II, p. 401, et publié par M. Lucas Alvarez, La documentation del Tumbo A de la Catedral de Santiago de Compostela, pp. 280-282, doc 116. Sans doute convient-il, cependant, d’identifier ce dignitaire au représentant de l’Ordre à l’échelle du royaume, comme l’a fait G. Martínez Díez, Los Templarios en la Corona de Castilla, p. III.
151 Pour l’Hôpital, les plus anciennes commanderies attestées sont Santa María de Toro et La Bóveda en 1184, puis Villamiel en 1185 (C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, p. 326, doc. 147, p. 3 36, doc. 153 et p. 338, doc. 155).
152 Pour le Temple, les premières mentions correspondent à Ponferrada, en 1197, et à Faro, en 1200, d’après des textes publiés par A. Quintana Prieto, Tumbo Viejo de San Pedro de Monter, p. 352, doc. 251, et P. Loscertales de Garcia de Valdeavellano, Tumbo del monasterio de Sobrado de los Monjes., t. I, p. 232, doc. 215. Avant l’extrême fin du XIIe siècle, malgré l’existence en certains lieux de patrimoines importants, rien n’autorise à parler de véritables commanderies même si, à propos de Faro, une telle hypothèse a pu être récemment avancée par C. Pereira Martinez, Os Templarios. Ensaios e artigos, p. 38 : « Na altura de 1173, a encomenda debía ser xa de bastante importancia, como para supoñerlle algunha antigüidade maior. »
153 Tel était le cas des commanderies hospitalières situées au sud du Système Central : parmi toutes celles qui sont apparues à la fin du XIIe siècle, seule Consuegra était, semble-t-il, solidement établie, comme l’a souligné E. Rodriguez-Picavea Matilla, Las órdenes militares y la frontera, pp. 56-57, et « Orígenes de la orden del Hospital en el reino de Toledo », pp. 166-168.
154 Pour la commanderie templière de Faro, qui, nous l’avons vu, figure parmi les premières mentionnées dans les sources, Rodrigo Fernandez, mentionné en 1200 comme « comendator in balia de Faro », était tout simplement qualifié, l’année suivante, de « procurator in bailia de Faro rerum Templi » (AHN, OM, carp. 567, doc. 2).
155 C. de Ayala Martinez, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución de las órdenes militares castellano-leonesas en la Edad Media », pp. 106-108.
156 En 1181, le maître de Calatrava donna à Tello Pérez différents biens situés dans les commanderies de Ciruelos, Benavente et Ocaña, attestées chacune dans les années qui précèdent, sans que les titulaires de ces dernières n’interviennent en aucune manière (AHN, OM, carp. 435, doc 20). Le document a fait l’objet, du point de vue paléographique, d’une analyse monographique de B. Casado Quintanilla, « Un privilegio rodado expedido por el maestre de Calatrava ».
157 D. Lomax, « Algunos estatutos primitivos de Calatrava », p. 491.
158 C. de Ayala Martínez, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución de las órdenes militares cascellano-leonesas en la Edad Media », pp. 102-103 et 120-121, et « Les commanderies des ordres militaires en Casdlle et León au Moyen Âge », p. 79.
159 ID.,» Comendadores y encomiendas. Origenes y evolución de las órdenes militares castellano-leonesas en la Edad Media », p. 123.
160 L’expression est attestée dans différents privilèges publiés par D. Mansilla, La documentación pontificia de Honorio III, pp. 265-268, doc. 359-362. Proposée par C. de Ayala Martínez, « Comendadores y encomiendas. Origenes y evolución de las órdenes militares castellano-leonesas en la Edad Media », p. 120, l’équivalence entre ce terme et celui de commanderie est tout à tait discutable car l’expression casas filiales désignait plutôt les Ordres affiliés à Calatrava qui, tels Alcantara et Avis, avaient coutume jusqu’au début du XIVe siècle de recevoir les privilèges pontificaux par l’intermédiaire de l’institution castillane, à laquelle — à l’exception d’Alexandre IV — les papes s’adressaient comme à un chef d’ordre.
161 Ph. Josserand, « La figure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital », p. 153. Pour l’exemple du Val de Guareña, situé au sud de Toro, sur la rive gauche du Douro, C. Barquero Goni, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 388-389, a bien signalé l’adaptation de l’ancienne démarcation régionale à la norme commanditaire régnant au sein de l’Hôpital dans la seconde moitié du XIIIe siècle.
162 C. de Ayala Martinez, « Las órdenes militares y la ocupación del territorio manchego », p. 83.
163 Ph. Jossserand, « La figure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital », pp. 156-157.
164 Un document de 1241 évoque un certain Pedro, « comendator de Faro et de tota Gallecia » (ACO, Monást., doc. 503, publ. M. Romaní Martínez, A colección diplomática do mosteiro cisterciense de Santa Maria de Osetra, t. I, pp. 449-450, doc. 480). De façon remarquable, lors du procès, de très nombreux frères se réfugièrent dans la commanderie de Faro, où ils auraient été au moins trente-trois d’après la citation à comparaître à Medina del Campo que leur adressa l’archevêque de Tolède (AHN, OM, carp. 567, doc. 15, publ. A. Javierre Mur, « Aportación al estudio del proceso contra el Temple », pp. 75-78, doc. 3). Il convient néanmoins, pour bien apprécier un tel nombre, de prendre garde au fait que tous les frères cités en 1310 n’étaient pas des membres de la commanderie, comme l’ont récemment affirmé un peu vite C. Pereira Martinez, Os Templarios. Artigos e ensaios, p. 18, et A. Arcaz Pozo, « La orden de San Juan y la monarquía en Galicia », p. 88, et qu’en réalité la plupart d’entre eux avaient cherché refuge à Faro dans l’espoir d’y échapper aux atteintes portées à leur Ordre.
165 C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en Castilla y León », t. II, pp. 722-723, fait référence à l’existence, dans les deux premières décennies du XIIIe siècle, d’une circonscription autonome de l’Ordre, appelée Citra Serram, placée sous le pouvoir d’un commandeur de la Transierra et détachée, pour partie au moins, du prieuré de Castille.
166 En septembre 1283, la mémoire de l’accord hermandad passé entre l’Hôpital et Santiago à Corral de Almaguer est conservée par un chirographe, dont la moitié remise à Santiago est dite « seellada con el seello del prior sobredicho e del comendador de Consuegra e del comendador de Poblacion e del comendador de Bamba e del comendador de Portomarin e del comendador de Puente d’Orvego e del comendador de Benavente », selon les termes du texte publié par C. de Ayala Martinez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, p. 588, doc. 364. De la même manière, en 1295, l’apposition du sceau du commandeur de Puente Orbigo est tenue pour la garantie de la valeur d’un acte intéressant le commandeur hospitalier de Ledesma et le chapitre cathédral de Salamanque (AHN, Clero, carp. 1879, doc. 18, publ. J. L. Martin Martin et al., Documentos de los archivas catedralicio y diocesano de Salamanca, pp. 551-552, doc. 438b).
167 Ainsi l’a justement relevé C. de Ayala Martínez,» Las Orden es militares y la ocupación del territorio manchego », p. 83, ou, de façon plus détaillée, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución en las órdenes militares castellano-leonesas de la Edad Media », pp. 103 et 135.
168 ACA, Cancillería, reg. 334, f° 30r°, publ. R, Sáinz de la Maza Lasoli, « Los Santiaguistas del reino de Murcia durante la ocupación aragonesa », pp. 296-297, doc. 4 : « Aún vos prometemos que nos vos mandaremos dar luego e responder de todas las rendas del dito logar de Negra e de la vayl de Ricot e tener en patz aquellos logares. »
169 Pour le schisme des frères portugais, il convient de se reporter au travail de D. Lomax, « El rey don Diniz y la orden de Santiago », que complètent utilement les études de M. R. de Sousa Cunha, « A quebra da unidade santiaguista e o mestrado de D, João Osório », et de C. de Ayala Martinez, « La escisión de los Santiaguistas portugueses ».
170 ANTT, gav. 5, maço 4, doc. II, publ. As gavetas da Torre do Tombo, t. II, pp. 409-413 : « Quod in guerris predictis prefatus magister servivit et servire consuevit castellanos contra portugallenses etiam de pecunia et equis extractis et babitis de possessionibus in locis ipsius loci consistentibus in regnis Portugallie et Algrabii supradictis. »
171 Voir l’étude de J. M. Mendoza Garrido, « El sistema de encomiendas en la orden de Calatrava », p. 328, qui développe une idée de L. R. Villegas Diaz, « Las estructuras de poder de la orden de Calatrava », p. 495, et « Las transformaciones de la orden de Calatrava a fines del siglo XIV », p. 700.
172 Cette dernière lecture caractérise les analyses d’E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 57, qui assimile les commanderies à d’auténticas tenencias feudales, et, bien que de façon plus nuancée, de C. de Ayala Martinez, « Comendadores y encomiendas. Origenes y évolucion en las ordenes militares castellano-leonesas de la Edad Media », p. (36. Reprises récemment parleurs auteurs (E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Evolution de la orden de Calatrava durante el reinado de Alfonso X », p. 70, et C. de Ayala Martinez, « Evolution institucional de las órdenes militares durante el reinado de Alfonso X », p. 61), ces positions se sont étendues aux autres ordres militaires ibériques, tels que Montesa (E. Guinot Rodríguez, « Mestre i comanadors : aproximacio al repartiment de poders dins l’orde de Montesa, p. 546) ou encore Alcántara (F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura, p. 64).
173 BNM, ms. 8582, f° 65r° : « Establesçido es que freyre ninguno de nuestra Orden que non venda buey nin vacas nin novillos nin ovejas nin cabras nin puercos nin yeguas nin potros ni pan nin cojan pan for pan nin aforren moro nin mora nin arrienden molinos nin formos por dineros sinon fuere trapero a menos de liçençia del maestre o del comendador mayor. »
174 En 1304, les statuts de Calatrava, publiés par J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 266, reproduit dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII, stipulaient ainsi que « no sea osado ningun freyre de dar bestia, nin moro, nin mora, ni pan, ni ganado, ni lo ose vender, menos de licencia del maestre. E quien esto passare pierda la casa, si la tuviere, i el cavallo, i las armas, e sea echado a la puerta e non sea recivido en la orden fasta que torne el menoscabo que obiere fecho, e que faga satisfacion ordenada ». Deux ans plus tard, une même prescription était reprise dans les définitions d’Alcantara publiées par Ph. Josserand, « Pour une étude systématique », p. 336, et B. Palacios Martin (éd.), Colección diplomática medieval de la órden de Alcántara, t. I, p. 286, doc. 434.
175 BNM, ms. 8582, f° 64v° : « Establesçido es que todo freyre quando tomare baylia que escriua commo la toma e quando la dexare que escriua lo que dexo e guarde amos los escritos para quando fuere menester. »
176 J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, p. 265 : « Et mandamos que los comendadores traigan al capitula escrito de sus casas, e del pan, e del vino, e de los tozinos, e de los ganados, e de las cabanas, e de los percances, si los obieren, e de bueyes, e de moros, e de moras, e de aceyte, e de olivares, e de cuenta como los gastaron. E si de otra manera lo hicieren pierdan las casas que tobieren, e los cavallos, e las armas. »
177 HSA, ms. HC 380/374, f° 44r° : « Otrosi por que los freires de la dicha orden en todo tiempo son en peligro de las animas [... ] mandamos les por mandamiento en virtud de obediencia e so pena de excomunion que den cada anno segund que es costumbre de la orden al maestre fiel mente inventario de todo lo que ouieren au de aver monedado como de todas las otras cosas que ouieren. » Cette citation figure — tronquée — dans la publication du texte de ces statuts faite par Ph. Josserand, « Pour une étude systématique », p. 337, heureusement complétée par celle de B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcántara, t. I, p. 288, p. 434.
178 Plusieurs statuts ultérieurs des ordres de filiation cistercienne reprennent cette périodicité annuelle, ainsi qu’il ressort des définitions de Calatrava de 1325, publiées par J. O’callaghan, « The Earliest Difiniciones of thc Order of Calatrava », p. 273, reproduit dans ID., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII, ou du projet de réforme de l’infant Sancho pour Alcantara, bien étudié par L. Corral Val, Los monjes soldados de la orden de Alcantara en la Edad Media, pp. 206-207.
179 Pour Santiago, en dépit du rythme annuel spécifié dans la règle, aucune visite n’est rapportée dans la documentation avant celle de Vilar de Donas de 1210, observée par J. L. Novo Cazon, El priorato santiaguista de Vilar de Donas, p. 202, doc 3. Passé le milieu du XIIIe siècle, la périodicité se fit apparemment plus régulière, conformément à une tendance générale signalée par J, Oberste, Visitation und Ordens organisation, qui ressort clairement des statuts de Pelayo Pérez Correa : BNM, ms. 8582, ffos 61r° (1251), 62v° (1252), 66r° (1265) et 63v° (1266).
180 Pour Alcantara, l’infirmier et le pitancier du couvent devaient rendre des compte mensuels, selon les dispositions statutaires de 1306, publiées par Ph. Josserand, « Pour une étude systématique », p. 333, et B.Palacios Martin (éd.), Colección diplomática medieval de orden de Alcántara, t. I, p. 285, p. 434.
181 AHN, Codice 602, f° 156r° : « Por tenor de las presentes, uos dezimos e mandamos fuertment e destrecha en uirtut de sancta obediencia que dentro espacio de .xv. dias après la presentacion de las presentes a uos fechas tornedes vuestro camino derecho e uengades personalment dauant la nuestra presencia en Auinyon o en qualquiere otro lugar que nos trobares en las partidas daca mar parellado a dar nos conto o razon de la administration que fiziestes en la baylia de Poblacion del tiempo que la tuuiestes por ffray Ruy Gonzaluez. Bogia. »
182 Le 11 février 1357, le prieur Juan Fernández de Heredia confia à son lieutenant en Castille, Adam Arias de Lemos, la commanderie de Benavente, qu’il enlevait à son titulaire car « por letras vuestras e de otros ffreyres e legos que son tenidos guardar el prouecho de nuestra religion auemos entendido que fray Gomez rige muy mal la baylia de Benavente del dicho nuestro priorado de Castilla de manera que aquella es deuenida por culpa suya e muy gran mingua e destrucçion, may arment que personas seglares sostienen morar en las casas et husar de los bienes de la dicha baylia sin licençia e voluntat nuestra e de nuestra orden » (AHN, Codice 602, f° 143v°).
183 AHN, Codice 602, f° 149v°.
184 Ph. Josserand, « La figure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital », pp. 158-160.
185 Il est tout à fait certain, comme l’a rappelé C. Barquero Goni, « Los Hospitalarios en el reino de León », p. 407, qu’il existe toujours la possibilité qu’un commandeur, documenté pour une date ou une période données, ait en fait exercé la charge pendant une durée plus longue,
186 Ibid., p. 385.
187 Le fait ressort de deux actes publiés par J. A. Fernández Flórez, Colección diplomática del monasterio de Sahagún, p. 444, doc. 1830, et C. de Ayala Martinez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, p. 589, doc. 365.
188 Pour le dernier tiers du XIIIe siècle sont ainsi attestés Alfonso Pérez Pereira, commandeur de San Juan del Camino au printemps 1272 (C. de Ayala Martinez et al., Libro de privilegios de la órden de San Juan de Jerusalén, p. 568, doc. 347) et Alfonso Pérez Asturiano, titulaire de cette même charge en mai 1284 et mai 1286 (ibid., pp. 589 et 611, doc. 365 et 380). D’autres mentions homonymes m’incitent à estimer probable l’existence, au cours de cette période, d’un quatrième commandeur du même nom.
189 Un constat similaire a été réalisé en Aragon pour le Temple par A. Forey, The Templars in the Corona de Aragón, p. 266, qui estime que la durée moyenne d’exercice variait entre deux et trois ans. En dehors de la péninsule Ibérique, la situation n’était pas différente si l’on s’en tient aux récentes analyses de K. Toomaspoeg, Histoire des chevaliers teutoniques, p. 42, et D. Carraz, « Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales », t. II, p. 432.
190 Extraites pour la plupart de l’Archivo Monástico de Carrizo, ces informations ont été publiées par M. C. Casado Lobato, Colección diplomática del monasterio de Carrizo.
191 Extraits des fonds de Salamanque, ces documents ont été publiés par J. L. Martín Martín et al, Documentos de los archivos catedralicio y diocesano de Salamanca, pp. 494, 500, 532-533, 571-572 et 531-532, doc. 397b, 423b, 451b et 438b.
192 Ces trois fonds ont bénéficié des éditions critiques d’A. Quintana Prieto, Tumbo Viejo de San Pedro de Monter, de M. Gómez Bajo, Documentación medieval del monasterio de San Andrés de la Vega de Espinareda, et de M. Martínez Martínez, Cartulario de Santa María de Carracedo.
193 Un constat similaire a été établi pour l’exemple des Templiers catalans par J. M. Sans I Travé, Els Templers catalans, p. 107.
194 Pour l’Hôpital, les plus anciens actes d’investiture conservés figurent dans le registre prieural de Juan Fernandez de Heredia. Le caractère exceptionnel de ce document a été relevé par A. Javierre Mur, « El Archivo de San Juan de los Panetes de Zaragoza », p. 189. Rapidement décrit par C. Barquero Goni, « Los Hospitalarios castellanos a mediados del siglo XIV segun el registro prioral de 1357 », le registre a été entièrement transcrit dans la version inédite de la thèse de doctorat de Ph. Josserand, « Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique », t. III, pp. 733-823.
195 BNM, ms. 8582, f° 47r° : « Otrosi que las encomiendas que se den por el maestre e de consejo de los treze a aquellos freyres que se uieren en sus almas que las meresçen mejor e esto sea en cabildo general e non en otro lugar. » L’élimination des fautes de la copie est le produit d’une correction réalisée sur la base d’une version portugaise plus fidèle (ANTT, Ordem de Santiago, ms. 140, f° 65v°).
196 AHN, OM, carp, 153, doc. I.
197 Ainsi à Población de Campos en 1233, où sont documentés successivement, le 5 juin, Gutier Pérez (AHN, OM, carp. 575, doc 27bis, publ. C. Barquero Goñi,» Los Hospitalarios en el reino de León », p. 592, doc 34), puis en octobre, à une date indéterminée, Hermildo García, déjà titulaire de la charge quelque quatre ans plus tôt (ACP, armario 2, leg. I, doc. 25, publ. T. Abajo Martín, Documentación medieval de la catedral de Palencia, p. 336, doc. 182).
198 C. Barquero Goñi, « La orden del Hospital en La Mancha », p. 307.
199 Id., « Los Hospitalarios en el reino de León », p. 362.
200 L’idée a notamment été avancée par D. Lomax, La orden de Santiago, qui ne craint pas d’affirmer à la fin de son ouvrage que durant le magistère de Pelayo Pérez Correa, « los comendadores empezaron a considerar sus encomiendas como hacienda propia. Sin duda habían tenido siempre bastante libertad en su gestión económica, pero ahora actuaron mucho más por su cuenta, comprando y vendiendo tierras, trigo y ganado, sin preocuparse del maestre o el capitula general. Cada comendador tendía a formar su encomienda como una unidad económica autárquica, actuando por sus propios intereses, y no necesariamente según los de la orden entera » (ibid, pp. 211-212).
201 R. Peinado Santaella, « La renta señorial de las órdenes militares de la Corona de Castilla en la Baja Edad Media », p. 414. Il est pour le moins étonnant que l’auteur, après avoir évoqué le terrible tableau brossé par Derek Lomax, dont il dit accepter les conclusions, achève son argumentation par la question suivante : « Acaso no es este el mismo cuadro dibujado por quienes hemos investigado las realidades señoriales vigentes en las órdenes militares durante los últimos años del siglo XV y primeros del XVI ? ». Il ne fait aucun doute que la réponse est positive, mais encore faudrait-il tirer les conclusions d’un tel constat.
202 C. de Ayala Martinez, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución en las órdenes militares castellano-leonesas de la Edad Media », pp. 142-147, et « Les commanderies des ordres militaires en Castille et León au Moyen Âge », pp. 86-88.
203 L’épisode est connu grâce aux statuts de l’infant Enrique de 1440, qui rapportent qu’au temps de Pelayo Pérez Correa, « nuestra orden e religion padeçio muchos daños e al dicho maestre vino grande detrimento por los caballeros de nuestra orden en aquella sazon que eran de gran linaje e non le querien dar las fortalezasque tenian quando el maestre gelas demandava » (BNM, ms. 8582, ffos 135v°-136r°). Il a été souligné par C. de Ayala Martinez, « Las órdenes militares en el siglo XIII castellano. La consolidación de los maestrazgos », p. 272.
204 BS, pp. 244-245. Une lettre de Boniface VIII, datée de 1299, en informait l’archevêque de Tolède : « Quidem fratres ordinis militie Santi Jacobi, temerariis ausibus, relaxatis habentis ac spiritu rebellionis assumpto, quaedam castra et loca munita eiusdem ordinis in frontaria Sarracenorum illarum partium existentiaa prodittonaliter occupantes, non solum magistro et aliis fratribus dicti ordinis verum ettam convtcinis christianis ipsarum partium, fulti Sarracenorum potentia quos inibi receptarant, guerram durissimam facere praesumabant et, quodgravtus est, comminabantur publice castra et loca predicta Sarracents omnino tradere etperpetuo submittere dominio eorundem, nisi prefatus magister una cum capitula dicti ordinis quasdam domos seu comendas ordinis memorati fratribus ipsis rebellibus concéderant ab eis perpetuo retinendas. »
205 Ibid., p. 261 : « Otrosi por que los freyres ayan mejor sabor de mejorar las encomiendas, é de labrar é criar, establecemos que nos el maestre ni el comendador mayor non tiremos al freire la encomienda sinon segund Dios é orden con conciencia e consejo de los ornes buenos de la orden. »
206 Plusieurs dispositions cherchaient ainsi à assurer les frères de la sécurité de leur personne et de leurs revenus lorsqu’ils étaient chargés d’une commanderie. Ibid., p. 262 : « É que pesquisa cerrada non se faga sobre freires, é que calumnia ni aventura que acaesca en la encomienda, que la dexemos al comendador de la casa, é que nos el maestre ni los comendadores mayores non tomemos ninguna cosa dello. »
207 J. O’callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 279, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII : « Otrosi mandamos que el maestre non pueda dara ningun freyre cassa por su vida. »
208 En dehors de la péninsule Ibérique, un même constat ressort de l’analyse de K.Toomaspoeg, Templari e Ospitalieri nella Sicilia medievale, pp. 85-86.
209 BS, pp. 268-269. L’acte a été repris par R. Sainz de la Maza Lasoli, La orden de Santiago en la Corona de Aragón, doc. 192, pp. 368-369 : « Por que vos don Artal de Huerta, comendador mayor de Montalván, quitastes de lo vuestro el lugar de Anna que es de la orden, el qual don Gonzalo García tenia obligado por dieciocho mill e quinientos sueldos reales de Valencia, [... ] e por esto e por muchos otro servicios nos, sobredichos maestre, priores et cetera, damos a vos el dicho don Artal de Huerta la comienda del Hospital de Cuenca entregamente con todos sus derechos e sus pertenencias por todos los dias de vuestra vida assi que vos, e quien vos querredes tengades la dicha comienda poderosamente e recibades todas las rentas e derechos. »
210 A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, p. 518.
211 OM, carp. 82, doc. II, publ. J.Torres Fontes, Documentos para la historia medieval de Cehegín, pp. 133-135, doc. 12 : « Por razon que vos, mio sennor, don Fadrique, maestre de la orden de la caualleria de Santiago, me fazedes merçed en me dar que tenga de uos pora en todos los dias de mi vida la comienda de Carauaca, con Çehegin et Bullas e la comienda de Carauaca con el castiello de Benayçar et con el alcaria de Prtego. »
212 Sur ce point, je suis en désaccord avec l’idée émise par C. de Ayala Martinez, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución en las órdenes militares castellano-leonesas de la Edad Media », p. 145.
213 Ph. Josserand, « La figure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital », pp. 161-162. On peut évoquer comme exemples Fortún Sánchez Calderón et Gonzalo Rodríguez de Montoya, qui l’un et l’autre moururent en charge, le premier détenant les commanderies de Puente Órbigo et de Santa Maria de la Horta, le second celles de Bamba et de Cuenca (AHN, Codice 602, ffos 143v°,145v° et 160r°).
214 Une dizaine d’exemples sont fournis par le seul registre prieural de Juan Fernandez de Heredia, en particulier pour les concessions à cinq ans (AHN, Codice 602, ffos 148v°-149v°, 149v°,155v°, 165r°, 70v°-71v°, et 71v°). La plupart des commandeurs nommés pour dix ans le furent à l’initiative du maître et du chapitre général de l’Ordre. Citons par exemple Fernán Pérez de Deza, investi en octobre 1335 de la baylie de Portomarin (BNV, RBC, vol. 280, P 35r°) et de Gonzalo Díaz, placé en octobre 1347 à la tête de celles de Salamanque, Ledesma et San Gil de Zamora (BNV, RCG, vol. 317, f° 127r°-v°).
215 Je rejoins ici l’opinion exprimée pour l’Aragon par M. Bonet Donato, La orden del Hospital en la Corona de Aragón, p, 183, contre celle de C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios castellanos a mediados del siglo XIV », pp. 687-688.
216 A. Forey, The Military Orders, p. 159, a bien montré que, dans l’organigramme institutionnel des ordres militaires, le pouvoir personnel des dignitaires était équilibré à chaque échelon par le chapitre général des frères. L’auteur a repris cette idée dans une récente contribution, en grande partie centrée sur ce thème : Id., « Rank and Authority in the Military Orders ».
217 Pour Consuegra, l’intervention du chapitre des frères de la commanderie est signalée en 1241, lors de la concession du fuero de Temble que ainsi que, deux ans plus tard, quand furent concédés à cens les moulins dépendant du château d’Olmos. Dans le second document, le terme de chapitre est employé de façon exceptionnelle, là où à l’ordinaire est évoqué l’accord de l’ensemble des frères (C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 481-483 et 493-494, doc. 277 et 288). Pour Puente Fitero, la concession de plusieurs moulins sur le Pisuerga au monastère prémontré d’Aguilar de Campoo est accordée en 1255 par le commandeur du lieu « con consejo e con otorgamiento del conuento del mismo logar ». Parmi les cinq frères qui ratifièrent l’acte, le majordome et le cellérier assumaient à l’échelle locale des fonctions d’ordre principalement économique (AHN, Clero, carp. 1657, doc. 9).
218 Le fait ressort très clairement d’un document publié par J. C. de Lera Maillo et al., Colección documental del imperial monasterio de Valparaíso, pp. 56-57, doc, 52. L’échange conclu par l’Hôpital avec la communauté cistercienne de Valparaiso fut en effet négocié par Fernán Alfonso, commandeur de Santa Maria de la Horta et lieutenant du prieur provincial dans le royaume de León, en collaboration avec les frères qui dépendaient de lui et, en particulier, avec celui qui était chargé du domaine de Gema, sur lequel portait la transaction : « cum fratre Nicolao, procuratore de Xema, et aliis fratribus Hospitalis ». Après que ses modalités eurent été définies à l’échelon local, l’accord fut soumis à l’approbation de l’autorité centrale de l’Ordre, ce qui permit à Fernán Alfonso d’agir, au moment de sa ratification, « cum consilio et voluntate totius capituli nostri Hospitalis ».
219 Il est difficile sur ce point d’évaluer vraiment leur responsabilité dans la mesure où l’exploitation de la réserve, comme l’a relevé E. Rodriguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 337-339, constitue un aspect mal connu de l’économie seigneuriale des ordres militaires.
220 C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », p. 374.
221 Le recours aux prestimomos n’avait en effet rien d’original. Il a été également mis en évidence, dans le cas du monastère cistercien léonais de Moreruela, par I. Alfonso Anton, La colonización cisterciense en la Meseta del Duero, pp. 91-92.
222 Un très bel exemple en est fourni par un acte conservé à l’AHN, Clero, carp. 1329, doc 6, publ. C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 583-585, doc. 29, par lequel le commandeur de Portomarín, peu avant 1228, reçut de Nuño Núñez et de son épouse Teresa Muñoz les propriétés que ceux-ci possédaient à Ourol, San Andrés de Ribeira, San Pelayo de Páramo et Vilarmosteiro en échange de la cession viagère de l’exploitation de Santa Colomba à Castro de Páramo, pour laquelle le couple s’engageait à laisser à l’Ordre le tiers des revenus, aussi longtemps qu’il y disposerait de l’usufruit « Et ad obitum vestrum amborum remaneat liberum et quitum Hospitali [...] Et nos Petrus Petri, comendator predictus, et omnis conventus facimus pactum et verbum cum Nunum Nuni et cum uxore sua predicta ad nostrum et suum placitum quod dent Hospitali annuatim terciam partem qui Deus dederit in predicto kasale. »
223 Le document a été publié par C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 493-494, doc. 288 : « Dando al castillo de Olmos en aloxor cada año de cada quartejon .ii. fanegas, una de trigo e otra de cevada [...] e este aloxor deven ellos traer a su Costa al castillo de Olmos el dia de Sant Estevan, otro dia despues del dia de Navidat. E si este dia no fuere traido dende arriba, devenlo dar doblado a la Horden[...] e fezimos fazer dos cartas partidas por a.b.c. [...] de las quales queda la una a ellos e la otra al castillo de Olmos. »
224 Cet affrontement a été bien analysé par M. E. González de Fauve, « Esquema para el estudio de la utilización del agua », pp. 127-129.
225 Ahn, Clero, carp, 1657, doc. 9.
226 Cet élément de contexte a été mis en évidence par D. Rodríguez Blanco, La orden de Santiago en Extremadura en la Baja Edad Media, p. 45.
227 BS, p. 220. L’acte a été reproduit par B. de Chaves, Apuntamiento legal sobre el dominio solar de Santiago, f° 27r° : « Mandamos en este cabildo general, que aora feciemos en León tres dias por andar del mes de abril en la era de esta carta que todos aquellos freyres que fecho auian pueblas de que eran tenedores è las feciessen caladelante que las toviessen por todos los dias de sus vidas. »
228 En attestent les statuts de 1306, publiés par Ph. Josserand, « Pour une étude systématique », p. 337, et B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcántara, t. I, p. 288, doc. 434 : « Otrosi mandamos que […] si algun freire a su costa o por su saber […] fiziere molinos o ferrerias o tiendas o casas de nuevo de qual quier natura que sean que con consejo del maestre y de los ançianos que lo aya en su vida y des pues de su vida finque livre y quito para la orden. »
229 Des prescriptions similaires ont été relevées pour Calatrava en 1336 et pour Avis en 1342 dans le texte des définitions publiées par J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 279, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII, et par A. Javierre Mur, « La orden de Calatrava en Portugal », p. 340.
230 A. Luttrell, « The Finances of the Commander in the Hospital after 1306 », p. 279.
231 En témoignent les statuts d’Alcántara de 1306, publiés par Ph. Josserand, « Pour une étude systématique », p. 336, et B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcántara, t. I, p. 286, doc. 434, et, avec plus de force encore, les définitions santiaguistes édictées par Juan Osérez en 1310 (BS, p. 262) : « Otrosi revocamos todos los donadios que nos el maestre o otros maestres que fueron ante de nos ficieron sin cabildo general a los seglares assi encomiendas como castillos e casas fuertes e llanas, fornos, prados, pastos o qualesquier otras cosas, que non valan mas e que se tornen a la orden, e nos el maestre daremos nuestras cartas para los que las tienen porque las entreguen, e faremos procuradores que las demanden e que las cobren a nuestra costa. »
232 Ph. Josserand, « Pour une étude systématique », p. 337, et B. Palacios Martín (éd.), Colección documental medieval de la orden de Alcántara, t. I, p. 288, doc. 434 : « Otrosi mandamos que si alguna heredad de la orden estuviere perdida que el maestre nin los freires non la quieran cobrar o non puedan y algund freire a su costa y por su saber lo cobrare [...] que con consejo del maeste y de los ançianos que lo aya en su vida y despues de su vida finque livre y quito para la orden. »
233 BS, p. 262 : « Empero si oviere algun freire que quiera cobrar a su costa alguna encomienda o casa o bienes de la orden que tengan los seglares que gelo damos para en su vida e que lo demos nuestras cartas para lo cobrar. »
234 J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », pp. 279-280, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII, et A. Javierre Mur,« La orden de Calatrava en Portugal », p. 340.
235 AHN, Códice 602, ffos 149v°-150r° : « Como a nos sea dado a entender que uos auedes sacado de poder e manos de seglares una partida de los bienes de la baylia de Villarodrigo, e como los que bien procuran, defienden e adquieren el pro e utilidat de nuestra religion por conservaçion e exalçamiento de aquella sean dignos de remuneraçion, por aquesto [...] vos en la dicha nuestra baylia de Villarodrigo del dicho nuestro priorado de Castilla e de Leon a saberes de lo que de poder de seglares auedes sacado [...] nuestro lugartenient e procurador special e general por tenor de las presentes fazemos e constituymos. » Le document suit en tout point le formulaire ordinaire du registre de Juan Fernández de Heredia, sauf en ce qui concerne la durée de la concession — laquelle n’est pas précisée, ce qui m’incite à supposer qu’il s’agissait d’une concession viagère.
236 AHN, Códice 602, ffos 155v°-156r° : « Sepades ante nos auer parecido el honrado religioso fray Johan Lopez, de Torres, comendador de la Puente de Oruego, e querelando mostro que uos injustament e contra toda razon, menospreciando las cartas e prouissiones nuestras, auedes entrado forçadament e detenedes la dicha baylia de la Puente doruego e muchas uegadas requerido por el non gela auedes querido desenbargar [... ] Por que uos dezimos e mandamos fuertment e destrecha en uirtut de sancta obediencia que, de continent uista la present, rendades e liuredes e rendere liurar fagades al dicho fray Johan Lopez la dicha baylia con todas las rendas e fruytos e esdeuenimientos que de alli han sallido o han podido salir del dia que uos la tenedes forçada e ocupada en aca. »
237 AHN, Códice 602, f° 156r° : « Que dentro de .xv. dias apres la presentacion de las presentes a uos fechas tornedes uestro camino derecho e uengades personalment dauant la nuestra presencia [... ] a dar razon de la admnistracion que feziestes en la baylia de Poblacion del tiempo que la tuviestes. »
238 L. R. Villegas Díaz, « Las transformaciones de la orden de Calatrava a fines del siglo XIV », pp. 700-701, et « Las encomiendas de la orden de Calatrava : modelo y transformaciones », pp. 138-139.
239 Elle ressort des définitions de 1304, publiées par J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 267, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates., VII : « Et mandamos a los comendadores que non fagan defessas ningunas en sus casas, sino las que solian ser otorgadas. »
240 L. R. Villegas Díaz, « Las transformaciones de la orden de Calatrava a fines del siglo XIV », p. 700, et « Las encomiendas de la orden de Calatrava : modelo y transformaciones », p. 139.
241 J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 271, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII : « Ordenamos par razon que avemos oydo muy grandes perdidos por los pegujares en la casa de Calatrava, que los... que los pegujares que fueran antes en la orden, que los ayan en moros, y en ganados, y en todas las otras cosas que se puedan tenere emprear, e los puedan levar de una cassa a otra. » Il convient toutefois d’observer, malgré l’assurance dont fait montre Luis Rafael Villegas Díaz dans son commentaire, que l’extrait cité des statuts, comme l’avait déjà relevé leur éditeur, est loin d’être absolument clair.
242 L. R. Villegas Díaz, « Las transformaciones de la orden de Calatrava a fines del siglo XIV », p. 700, relève que les commanderies, « desde unos parámetros más centralizados, fueron evolucionando hasta adquirir con el transcurso del tiempo unas mayores cotas de autonomía en la gestión ».
243 AHN, OM, carp. 263, doc, II, publ. Á. Madrid y Medina, « La encomienda de Portugal en tiempos de Pay Pérez Correa », pp. 1189-1195 : « E as azannhas a que uos posestes nome Medina que son en termina de Monte Molin e de Medina, os quaes logares ia antes deramos a uos, que os pobrassedes porque eran hermos e non profeytauan aa orden nen nos, no nos podiamos pobrar sen grande custa e sen grande meoscabo de ordin, que os tenessedes en uossa uida » (ibid., p. 1190).
244 Cette tendance a été justement mise en relief pour Calatrava par E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 344.
245 Sur ce sujet, à propos duquel L. R. Villegas Díaz, « Las encomiendas de la orden de Calatrava : modelo y transformaciones », p. 140, a bien relevé la faiblesse des connaissances actuelles, il n’existe qu’une seule approche systématique, entreprise pour Calatrava par E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Encomiendas calatravas situadas en concejos de realengo de la Meseta meridional castellana », dont il faut espérer qu’elle puisse être bientôt prolongée dans la perspective ouverte par D. Carraz, « Les ordres militaires et la ville : l’exemple des commanderies urbaines de la basse vallée du Rhône ».
246 Ce fait a été bien mis en évidence par L. R. Villegas Díaz, « Las ferias del Campo de Calatrava en la Edad Media ».
247 C. de Ayala Martínez, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución en las órdenes militares castellano-leonesas de la Edad Media », pp. 137-139.
248 À titre d’exemple, la perception du yantar, privative du maître, est signalée la première fois, pour Santiago, dans la révision du fuero d’Ocaña, ratifiée par le maître Pelayo Pérez Correa en 1251 (A. M. Burriel, Memorias para la vida del santo rey don Fernando III, pp. 528-550) et, pour Calatrava, dans le fuero de Alhóndiga, daté pour sa part de 1268 (E, de Hinojosa, Documentos para la historia de las instituciones de León y Castilla, p. 176). Elle est décrite dans les statuts santiaguistes de 1274 comme une pratique désormais parfaitement enracinée (BNM, ms. 8582, f°47v°).
249 À ce sujet, je renvoie à la recension que j’ai réalisée du travail d’E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, parue dans Medievalismo. Boletin de la Sociedad Española de Estudios Medievales, 8, 1998, pp. 351-554. Mon avis rejoint en tout point celui qu’a exprimé C. Estow dans son compte rendu publié dans Speculum, 72, 1997, pp. 559-561, notamment p. 560 : « The present work is best read as a less ambitions endeavor, as a detailed account of the ways in which the Order of Calatrava acquired and exploited some of its possessions. »
250 Les pages suivantes ont fait l’objet d’une première livraison dans le volume de mélanges offerts à Robert Durand : Ph. Josserand, « Nourrir la guerre. L’exploitation domaniale des ordres militaires en Castille ».
251 À cet égard, l’ouvrage classique de S. de Moxó, Repoblación y sociedad en la España cristiana, pp. 240-241, peut être utilement complété par l’analyse de P. Guichard et P. Buresi, « L’espace entre Sierra Morena et Manche à l’époque almohade ».
252 Parmi de nombreux travaux, il convient de se reporter en particulier à E. Rodríguez-Picavea Matilla, « Primeras tentativas de jurisdicción territorial », et à C. de Ayala Martínez, « Las órdenes militares y la ocupación del territorio manchego ».
253 Ainsi l’ont bien souligné C. Barquero Goñi, « La orden militar del Hospital en La Mancha », pp. 309-312, et « La repoblación hospitalaria en la Corona de Castilla », pp. 74-79, et J. Molero García, « Caminos y poblamiento en el Campo de San Juan », pp. 121-126, et « Espacios y sociedades. Los primeros tiempos del Hospital en La Mancha », pp. 197-200.
254 Cet aspect a été étudié en détail par P. Guerrero Ventas, El gran priorato de San Juan en el Campo de la Mancha, pp. 67-87.
255 J. C. Fernández-Layos De Mier, « Introducción a la repoblación y urbanismo en las villas del priorato de la orden de San Juan de Jérusalen en Castilla y León », pp. 3-4.
256 Un tel chiffre ressort d’un calcul réalisé à partir des fueros recueillis pour la plupart par C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén.
257 J.-P. Molénat, « Structures agraires en Nouvelle-Castille ».
258 Placée en 1315 dans l’étude de référence de J. González González, Repoblación de Castilla la Nueva, t. I, p. 369, la carta puebla de Corral de Almaguer a été en réalité délivrée par le maître Diago Muñiz en 1312, comme il ressort du privilège publié par J. Alvarado Planas, « Cartas pueblas de Bujeda, Santa Olalla, Velada, Corral de Almaguer y Puebla de Almoradiel », pp. 631-633, doc. 4 : « Porque el nuestro lugar del Corral de Almaguer sea mejor poblada e los que aora moran e moraren de aqui adelante sean mas guardados e amparados que fueron fasta aqui, e por les fazer mas merced tenemos por bien que sea villa sobre si de aqui adelante. » Deux ans plus tard, le dignitaire obtient des tuteurs du jeune roi Alphonse XI la concession pour la ville de deux foires annuelles (AGS, Registro General del Sello, III-1484-5, publ. E. González Crespo, « Castillos andaluces en época de Alfonso XI », p. 49, doc. 2).
259 II n’est pas besoin ici de développer ces exemples bien étudiés par J.-P. Molénat, « Structures agraires en Nouvelle-Castille », pp. 173-175 et 178-179, et éclairés par des analyses monographiques, comme c’est le cas pour le site déserté d’Alarilla avec les études d’H. Larren Izquierdo, « Apuntes para el sistema defensivo del Tajo », pp. 92-93, et de D. Urquiaga Cela, « Las órdenes militares en el valle medio del Tajo », pp. 207-208.
260 De tels transferts ont eu lieu à l’initiative de l’ensemble des milices, y compris le Temple — pourtant peu étudié dans son profil seigneurial —, si l’on en croit l’hypothèse avancée par J.-P. Molénat, « Des fortifications islamiques aux fortifications d’époque chrétienne dans la région de Tolède », p. 253, selon laquelle ce sont les frères qui, à la fin du XIIIe siècle, auraient pris la décision de substituer au château de Montalbán, d’origine probablement islamique, la nouvelle agglomération de La Puebla de Montalbán, située quelque vingt kilomètres plus au nord, sur la rive septentrionale du Tage.
261 Le fait est rapporté dans la chronique d’A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, p. 528, comme dans celle de M. Zapater y López, Cister militante en la campaña de la Iglesia contra la sarracena furia, p. 460.
262 J.-P. Molénat, « Structures agraires en Nouvelle-Castille », p. 173.
263 Le fait a été signalé pour Santiago et Alcántara par J. V. Matellanes Merchán, « Expansión de un modelo socio-económico : los fueros de la orden de Santiago », p. 198, et F. Novoa Portela, « El proceso de señorialización concejil en el abadengo de la orden de Alcántara », pp. 205-206.
264 A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. II, p. 41, a relevé qu’il fut demandé aux habitants d’Esparragal d’obtempérer aux décisions prises par les autorités municipales de Valencia, « como aldeanos que eran suyos ».
265 Le fait a été justement signalé par j.-P. Molénat, « Structures agraires en Nouvelle-Castille », p. 172, à l’échelle de la Manche santiaguiste et de la Ribera del Tajo.
266 AHN, OM, libro 1344, f° 2r°.
267 AHN, OM, libro 1347, ffos 130r°-132r°. L’acte relate la requête présentée en octobre 1352 par les procureurs de Manzanares au maître de Calatrava pour que « nos quite e suelte los sus pechos e pedidos por algunos tiempos que el dicho señor maestre e la su orden de nos e de cada uno de nos podrie auere lebar segun que ha de usso e costumbre, para que nos cerquemos e podemos cercar el dicho lugar de Manzanares ». La demande fut satisfaite par Juan Nuñez de Prado, « entendiendo que en cercarse el dicho lugar de Manzanares era seruicio del rey e nuestro e de la nuestra orden e se sigue ende pro e honra al dicho lugar de Manzanares e comunalmente a los nuestros lugares del dicho Campo ».
268 A. Anasagasti Valderrama et L. Rodriguez Liáñez, Niebla en la época de Alfonso X, doc. 3, cité par M. Á. Ladero Quesada, Niebla, de reino a condado, pp. 20-21 : « En tal manera que non los pueda conprar ninguna orden ni orne que sea heredado en Sevilla nin en Carmona nin en Arcos nin en Moron nin en Cordoba nin en Jahen nin en Ubeda nin en Baeza nin en Andujar nin en todos los terminas de estos lugares sobredichos, nin judio nin moro, salvo ende sinon fuere ome que sea poblador en las villas o en los castillos que son de las ordenes. »
269 AHN, OM, carp. 429, doc. 187. Les dispositions d’Alphonse XI prévoyaient de réduire le montant annuel du pecho exigé des juifs de Maqueda de huit mille à cinq mille maravédis, « para que dicha aljama non se hermase e que los judios que eran ende ydos tornasen y a morar e a pechar los pechos que auian a pechar ».
270 AHN, OM, carp. 431, doc. 216. Alphonse XI autorisa Juan Núñez de Prado, conformément à la requête de celui-ci, de diminuer de moitié l’impôt acquitté par la communauté musulmane de Zorita, dont il admettait que les membres « eran muy pobres e muy estragados et ydos morar ffuera de nuestro rregno por la cabeça grande que tenian de su pecho que eran sseysçientos maravedis ».
271 AHN, OM, carp.75-, doc. 12, publ. P. Iradiel Murrugaren, « Bases económicas del hospital de Santiago en Cuenca », p. 240, doc. 35 : « Por mucho serviçio e bueno que don García Ferrandes, maestre de la cavallería de la orden de Santiago, el e la su orden fisieron siempre a los reyes ende yo vengo e fasen a mi, et por faser bien e merçed a los tus logares de Quintanal e de Val Fermoso, que agora puebla, tengo por bien e mando que todos los sus vasallos que agora y moran e los que vinieren a morar e poblar de aqui adelante, que non pechen pecho ninguno que sea tan bien servicios commo ayudas e pedidos e fonsadera commo todos los otros pechos e derechos cualesquier que sean en qualquier manera que yo en los dichos logares he o devo aver del dia de que esta carta es fecha fasta en dies annos primeros que vienen, salvo ende moneda forera. »
272 Ainsi l’a récemment rappelé C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en Andalucía durante la Baja Edad Media », p. 66, notamment à partir du travail monographique réalisé pour Lora del Río par J. González Carballo, « Carta-puebla de Lora del Río », pp. 20-22.
273 Certains privilèges visaient même explicitement à prévenir le risque de dépeuplement, comme c’est le cas pour l’exemption du droit de gîte concédée en 1341 parle supérieur d’Alcántara aux habitants de Torre de Don Miguel. Publié par T. Torres González, Torre de Don Miguel. Historia de una villa rural de la Baja Edad Media, p. 291, doc. I, le document fait état d’une décision dictée aux autorités de « porque el dicho lugar se pueble ca se despuebla por los muchos pechos que alcançan e porque más se pueble el dicho lugar de aquí adelante e porque nos querellaron que nunca solían pagar la yantar ».
274 A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. II, p. 40. La concession a été relevée par F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura, p. 178, mais il convient de corriger la signification que lui prête l’auteur car, ignorant le sens réel d’almocatería, il en fait de façon tout à fait abusive un toponyme.
275 AHN, OM, libro 1346, f° 36r°-v°, publ. M. González Jiménez, La repoblación de la zona de Sevilla durante el siglo XIV, pp. 114-115, doc. 5 : « Que tomen los molinos de aceyte que la orden tenía en estos lugares y que se aprobechen dellos. »
276 Le fait ressort clairement de l’exemple d’Alcántara. En 1286, la donation d’une dehesa au concejo de Zalamea faisait suite à la charte de villazgo concédée en 1270 à la communauté afin de dynamiser son peuplement (A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, pp. 390-391 et 422). En 1338, les deux mesures coïncidèrent pour Santibáñez puisque le maître Gonzalo Martínez de Oviedo fit don à la ville de la dehesa de Rina en même temps qu’il lui confirmait son fuero, enjoignant aux frères de cesser tout préjudice qui pourrait entraîner le départ des habitants (ibid, II, pp. 17-18).
277 En règle générale, tes milices introduisirent parmi leurs dépendants une hiérarchie sociale tripartite, bien décrite pour l’Hôpital par C. Barquero Goñi, « La orden militar del Hospital en La Mancha », p. 311. Prenant appui sur les chartes de peuplement concédées par l’Ordre entre 1230 et 1248, l’auteur a justement distingué, d’une part, une élite exonérée d’impôt, formée des propriétaires de chevaux et, d’autre part, deux groupes de contribuables devant payer chaque année la moitié ou le quart d’un maravédis selon qu’ils travaillaient la terre avec ou sans l’aide d’animaux.
278 Id., « La repoblación hospitalaria en la Corona de Castilla », p.84.
279 La charte de peuplement de la localité est perdue. La seule référence que l’on en conserve provient de l’enquête générale ordonnée par Philippe II dans son royaume. Ignorée dans l’édition du texte proposée par C. Viñas et R. Paz, Relaciones de los pueblos de España ordenadas por Felipe II, t. II : Reino de Toledo, la charte est conservée dans un manuscrit tardif de l’AGP, Inf, Gabr., Secretaria, leg. 760, doc. 216. Cette copie situe l’initiative du prieur Garcia Pérez — appelé par erreur Juan Pérez — en 1306 et non pas en 1344, contrairement à ce qu’ont affirmé P. Guerrero Ventas, El gran priorado de San Juan en el Campo de la Mancha, p. 94, et J. González González, Repoblación de Castilla la Nueva, t. I, p. 344, qui tous deux ont suivi la datation fautive donnée au XVIIIe par D. Aguirre, El priorato de San Juan de Jerusalén en Consuegra, p. 106. Le rapport des enquêteurs dépêchés par Philippe II justifie en ces termes le nom de la localité : « Esta villa se dice Villafranca, y la razón por que se dijo assí es porque al principio de poblarse han oído decir que se hizo franca por seis años porque se poblase. »
280 C. Barquero Goñi, « La repoblación hospitalaria en la Corona de Castilla », p. 79. Ce délai de trois ans, caractéristique des plus anciennes exemptions, apparaît par exemple dans le privilège accordé en octobre 1241 à Alcazarde San Juan, publié par C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 490-491, doc. 285 : « Fasta tres años passados, que non pechen todo poblador fasta el primero año que tenga casa poblada. »
281 La plus ancienne mention de cette franchise remonte aux définitions de 1274 : BNM, ms. 8582, f° 48v° : « Otrosi que todos los que vinieren de otra tierra a poblar a la tierra de la orden que sean quitos de pecho por diez años e por que podria ser o acaesçer que el maestre non seria en la tierra e los pobladores non podrian aver sus cartas tomenlas del comendador de la casa sin chancelleria e valan fasta que ayanlas del maestre. » Le principe en fut repris dans les statuts de 1310 (BS, p. 262).
282 J. Alvarado Planas, « Cartas pueblas de Bujeda, Santa Olalla, Veleda, Corral de Almaguer y Puebla de Almoradiel », p. 654, doc. 5 : « E por faser mas bien e mas merceda todos aquellos que de fuera de la nuestra tierra vinieren a poblar e a morar al dicho nuestro lugar de La Puebla de fuera de la nuestra tierra quitamosles de todos los pechos que a nos ovieren a dar del dia que vinieren morar a poblar fasta quince años siguientes de limas e de requas e de pedidos e de todas las otras cosas que a nos e a dicha nuestra orden obieren a dar salvo seis maravedis que nos de cada uno cada año en reconocimiento de señorio, con tal condicion que ayan cada uno casas tejadas e pongan tres aranzadas de vinas en tal manera que a cabo de los tres años sean fechas las casas e puestas las viñas e dende en adelante que las labren fin mal engaño. »
283 Deux analyses monographiques ont été consacrées à la ville par J. M. Mendoza Garrido et L. Navarro de la Torre, « Unas ordenanzas sobre Alcázar de San Juan a comienzos del siglo XIV », et par C. Barquero Goni, « Alcázar de San Juan. Orígenes y desarrollo medieval de una villa de La Mancha ».
284 J. Vallvé Bermejo, La división territorial de la España musulmana, p. 285, a identifié Alcázar de San Juan à la ville appelée dans les sources littéraires Qaṣr ‘Aṭiyya ou Qaṣr Banī ‘Aṭiyya, capitale de l’iqlīm (district) d’al-Luŷŷ, dans la cora de Tolède. Sa proposition a reçu l’accord de la plupart des spécialistes, comme par exemple P. Guichard et P. Buresi, « L’espace entre Sierra Morena et Manche à l’époque almohade », p. 132.
285 C. Barquero Goñi, « Alcázar de San Juan. Orígenes y desarrollo medieval de una villa de La Mancha », pp. 94-95.
286 Le fuero concédé par l’Ordre à la localité a été publié par C. de Ayala Martínez, et al Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 490-491, doc. 285. Il prétendait attirer sur place à peu près trois cent soixante-deux chefs de famille, c’est-à-dire sensiblement plus que dans les centres de peuplement voisins que l’Hôpital cherchait alors à développer, comme l’a bien signalé C. Barquero Goñi, « La orden militar del Hospital en la Mancha », p. 310.
287 AMASJ, Perg., I/I, publ. M. Rubio Herguido, « El escudo de Alcázar », p. 9 : « Tenemos por bien e mandamos que puedan facer de la su aldea de Alcázar, que es en Montearagón, villa sobre si y que aya seña y sello y mercado un día en la semana y que aya aldeas ; las que el gran comendador les diere de la su tierra y término según se lo departieren. »
288 Ainsi l’ont observé D, Aguirre, El gran priorato de San Juan de Jerusalén en Consuegra, pp. 77 et 129, et M. Rubio Herguido, Alcázar de San Juan, corazón de La Mancha, pp. 24-30.
289 A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, pp. 475 et 521.
290 Le fait a été signalé par M. Gonzalez Jimenez, La repoblación de la zona de Sevilla durante el siglo XIV ; pp. 62-63, à partir du fuero concédé en 1327 par Calatrava aux localités de Caxar, Villalba et Villadiego, dont certains des premiers colons sont présentés comme étant venus de Villanueva.
291 AHN, OM, carp. 87, doc. 4, f° 33 r°, publ. A. Herrera García, « Un señorío santiaguista en la Edad Media : Villanueva del Ariscal », p. 118, doc. 3. La concession viagère consentie en 1334 à la femme de l’amiral, à la suite de celle qui avait été accordée à son époux, mentionne explicitement l’obligation qui lui était faite de peupler le lieu : « Que me dades para en todos los días de la mi vida los vuestros lugares de Villanueva y Castilleja, que son en el Axarafe, cerca de Sebilla, con todos los pechos e derechos e diezmos que vos e la dicha orden y avedes según los agora tiene el dicho mi marido de vuestra orden, e otorgo e conosco que yo que pueble los vasallos de los dichos lugares y que les non desafuere. »
292 AHN, OM, carp. 87, doc 4, ffos 37-45, publ. M. González Jiménez, La repoblación de la zona de Sevilla durante el siglo XIV, pp. 145-150, doc. 16 : « Creyendo que la nuestra heredad e lugar que dizen de Castilleja de Santiago, que la dicha horden e nos abemos en el Axarafe desta dicha çiudad, çerca Gines, estaba como agora esta destruyda y despoblada y yerma, en tal manera que la nuestra dicha horden non aviamos dende algun probecho. »
293 Ibid., pp. 61 et 64. La démonstration a été conduite sur la base de l’absence de ces différents lieux du Libro Blanco de la cathédrale de Séville, qui recense en 1411 l’ensemble des paroisses dépendant de l’archidiaconé de la ville primatiale. Le fait que ce document ne cite aucune de ces localités invite en effet à penser qu’elles s’étaient déjà transformées en despoblados à l’époque de sa rédaction.
294 C. Barquero Goñi, « Aportación al estudio de la repoblación sanjuanista en La Mancha : cartas de población de Villacañas de Algodor y de Villaverde », p. 173.
295 E. Rodríguez-Picavea Matilla, « Política foral y mecanismos repobladores en los señoríos calatravos castellano-manchegos », p. 214.
296 Ainsi l’a fait valoir E. Solano Ruiz, La orden de Calatrava en el siglo XV, p. 249.
297 Le fait a été relevé à partir du procès de visite de 1494 par J.-P. Molénat, Campagnes et monts de Tolède, p. 439.
298 Ibid., pp. 215-248.
299 ACB, Perg., carp. 2, doc. 10, cité par E. Rodríguez Amaya, « La tierra de Badajoz desde 1230 a 1500 », p. 407 : « Nos el conceio de Badajoz anduviemos en pleito e en contienda grand tiempo ante don Alfonso, noble rey que fué de Castiella e de León, con las ordenes del Temple e de Uclés por raçon que los comendadores de estas ordenes poblaron de nuevo a Olivençia e a Táliga e a Villanueva e a los Santos e a la aldea de don Febrero e a la Solana e a la aldea de los Caballeros e al Çaraço en logares de nuestro término que nos tomaron por fuerça. » Il faut corriger la transcription du document sur un point, dans la mesure où les toponymes de Villanueva et de Los Santos ne font qu’un en réalité. Il s’agit de Villanueva de los Santos, qui est le nom médiéval de Los Santos de Maimona, comme l’a bien signalé J. L. de la Montaña Conchiña, « Obispados y órdenes militares. Problemas jurisdiccionales en la Transierra extremeña del siglo XIII », p. 45. Sans indication de correction quelconque, le document a été publié récemment par F. J. Duràn Castellano, « Los Templarios en la Baja Extremadura », pp. 134-136, doc. 8.
300 Le fait a été observé par F. Mazo Romero, El condado de Feria, p. 48, et, plus récemment, par J. L. de la Montaña Conchiña, La Extremadura cristiana. Poblamiento, poder y sociedad, p. 69.
301 M. González Jiménez, La repoblación de la zona de Sevilla durante el siglo XIV, p. 63.
302 Leur nombre interdit de toutes les mentionner. Il convient cependant de souligner le rôle pionnier des contributions de M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, et, pour la période postérieure, de M. Rodriguez Llopis, Señorios y feudalismo en el reino de Murcia. Parmi les études récentes, qui se sont multipliées sur le sujet, la plus aboutie est sans conteste celle d’E. Rodriguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana.
303 Ainsi l’a avancé pour Calatrava E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana., pp. 338-339. Sa position a été reprise en l’état par la plupart des historiens, qui l’ont étendue à l’ensemble des milices, à l’exemple de F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura, p. 238. Travaillant sur l’Hôpital, C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », p. 4233 est le seul à avoir introduit un léger correctif, que semble vérifier l’étude de la commanderie de Robaina menée par M. González Jiménez, « Sobre la segunda repoblación de la encomienda sanjuanista de Robaina », pp. 336-337.
304 M. A. Ladero Quesada, « Comentario sobre los señoríos de las órdenes militares de Santiago y Calatrava », p. 176.
305 Il en est ainsi notamment de la Provence intérieure, au sujet de laquelle G. Duby, « La seigneurie et l’économie paysanne. Alpes du Sud, 1338 », et B. Beaucage, « Les Alpes du Sud en 1338 », se sont attachés à mettre en relief la continuité du faire-valoir direct dans les domaines hospitaliers jusque dans le premier tiers du XIVe siècle.
306 En 1214, un mandement d’Alphonse VIII ordonnait aux autorités cathédrales de Tolède de respecter une telle concession. Le document a été publié par J. González González, El reino de Castilla en la época de Alfonso VIII, t. III, p. 625, doc. 933 : « Sciatis quod ego cognoui pro bono pacis et pro uestro proficuo quod fratres in omnibus castellis habeant a quadraginta iugatas terre ad anni uicem, et totum aliud donent illis qui populari uoluerint ad quinnonem. » Une brève mention en a été faite par E. Rodriguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 203, et par E, Cabrera Muñoz, « Sobre los señoríos de las órdenes militares en el reino de Castilla », pp. 62-63.
307 En 1229, la carta puebla accordée par Santiago aux habitants de La Torre de Don Morant — l’actuelle Torrebuceit, près de Cuenca — mentionne l’existence d’une réserve seigneuriale liée à la forteresse. L’acte retranscrit par M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, pp. 363-364, doc. 155, a été analysé avec soin par C. de Ayala Martínez, « Fortalezas y creación de espacio político », p. 31 : « E la orden que aya so castillo con mes casas e sue heredade que es determinada pora su serna e la defesa que es desterminada e sues vinas e sos ortos e sues ferrenes e sos molinos e sues ecclesias e las tiendas e los fornos teieros e los fornos del pan e las calonias e so mercado e las carnicerias e los portatgos segunt el foro de Ucles. »
308 Le texte en a été publié par M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, p. 352, doc. 144 : « Mando la meatad toda de mi heredat que avía en Sancta María al prior don Gómez e a todos sos clérigos. E metí al prior don Gómez e a don Bartolomé e a frey Domingo de la Forcaiada e saqué a mi [...] E que la otra meatad de su fiia que la lavrassen cada anno e quel diessen un kahiz de trigo e ella visquiesse demientre ella viva fuesse quel prestasse ; e si poraventura ella finasse, que remanesciesse aquella meatad a la orden. »
309 BC, pp. 77-78 : « E el diezmo de la labor de los moros que lo ayan los freyres entregamientre, sin ninguna particion, nin de obispo, nin de arcidiano ; e de sus reias, de sus viñas, de sus huertas, de sus ganados, e de sus labores que ficieren por sus despensas, que no den al obispo o a su vicario ninguna cosa. » Un tel accord a été étudié en détail par E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Un ejemplo de aculturación cristiano-feudal en la frontera nazarí », p. 56.
310 En août 1305, le maître de Calatrava, García López de Padilla, obtint de l’évêque de Cordoue que les dîmes des terres de l’Ordre dans le diocèse seraient partagées pour moitié entre leurs institutions, sauf pour celles qui étaient en régime d’exploitation directe, « saluo de los frutos que dicha orden ubiere de los heredamientos que labrare con su rexa » (ACC, caja Y, doc. 58). Trois ans plus tard toutefois, l’Hôpital échouait à obtenir de l’évêque un privilège identique (ACC, caja O, doc. 222).
311 M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, p. 71.
312 AHN, OM, carp. 325, vol. I, doc. 23.
313 C’est du moins ce que l’on peut déduire de l’exemple catalan, pour lequel une documentation plus abondante a permis à J. M. Sans i travé, « Els Templers, propietaris d’esclaus », p. 319, de mettre ce fait en évidence avec une précision qu’il serait illusoire d’espérer pour la Castille.
314 Ainsi en était-il en 1304 pour Calatrava, selon les statuts publiés par J. O’callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 265, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII : « Et mandamos que los comendadores traigan al capitulo escrito de sus casas e del pan e del vino e de los tozinos e de los ganados e de las cabañas e de los percances, si los obieren, e de bueyes e de moros e de moras e de aceyte e de olivares i de cuenta de como los gastaron. » L’inventaire de la maison de Fuente del Emperador, l’un des rares à avoir été conservé, corrobore le texte normatif air lorsqu’en 1267 la propriété est abandonnée à titre viager par le supérieur de l’Ordre à l’archidiacre de Calatrava Ruy Martínez de Mosquera, elle est décrite comme abritant six moros et une mora (AHN, OM, carp. 459, doc. 119). Les problèmes de lecture que pose l’original, en très mauvais état, oblige à se reportera une copie du XVIIe siècle, conservée sous la cote AHN, OM, libro 1344, f° 28r°-v°.
315 En 1306, les frères d’Alcantara chargés d’une commanderie se virent interdire d’en vendre les biens constitutifs, au premier rang desquels figuraient les esclaves. Cette prohibition ressort des statuts publiés par Ph. Josserand, « Pour une étude systématique », p. 336, et par B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcántara, t. I, p. 286, doc. 434 : « Otrosi mandamos que ningund freire non pueda vender nin dar moro nin mora nin cavallo nin loriga nin ganado nin pan de la casa e el que lo pasare pierda el cavallo e las armas e la casa e sea hechado a la puerta del convento e non sea rreçebido a menos que torne el menoscabo que fizo e faga satisfaçion ordenada. »
316 E. Rodriguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 339, a fait valoir que la documentation de Calatrava ne conserve aucune référence à l’emploi de travailleurs salariés. Il me semble cependant qu’il est possible d’en relever une mention à travers ces mercenarii dont parlent les premiers statuts de l’Ordre, publiés par D. Lomax, « Algunos estatutos primitivos de Calatrava », p. 493 : « Similiter, propter infamiam deuitandam, consulimus ut magister et seniores in commune decernant et prouideant unde mercede mercennariorum suorum quam eis soluere tenentur habere ualeant. » Il est en effet très difficile de les considérer comme des auxiliaires militaires, ainsi que l’a bien relevé A. Forey, « The Military Orders and the Spanish Reconquest », p. 221, n. 141, repris dans Id., Military Orders and Crusades, V.
317 AHN, OM, carp. 426, doc. 143.
318 Présente dans de nombreux documents, l’expression est employée dans la concession effectuée par Calatrava en 1340 des terres de l’Ordre situées à Almojón, Caxar et Villalba. L’acte prévoit que, passé les sept premières années, les dépendants seraient tenus d’acquitter à la milice, en plus de la dîme, vingt maravédis pour chaque aranzada de vigne qu’ils auraient plantée et le neuvième de leur récolte de céréales, « en reconocimiento de señorío » (AHN, OM, libro 1346, ffos 120r°-121r°).
319 C. Barquero Goñi, « La repoblación hospitalaria en la Corona de Castilla », pp. 78-79 :
320 Ainsi l’a justement signalé pour Calatrava E. Rodriguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 342-345.
321 Ibid, p. 346. Un tel avis a été récemment corroboré pour Alcántara par F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura, p. 250.
322 J. Clemente Ramos, « Las serras en el Becerro de las Behetrías », p. 311, estime que, ce faisant, l’institution allait à contre-courant de l’évolution générale.
323 Cet aspect a été très justement observé, à l’échelle de la commanderie calatravane de Zorita, par F. Fernández Izquierdo, « Órdenes militares y régimen señorial : los dominios de Calatrava en tierras de la provincia de Guadalajara », pp. 75-76.
324 C. Estow, « The Economic Development of the Order of Calatrava », pp. 278-280.
325 Le fait ressort des plaintes de l’abbesse, qui demanda à Alphonse XI en 1333 de déclarer nulles les concessions opérées par Ruy Pérez lorsque la gestion de l’Hospital del Rey lui avait été confiée. L’acte a été édité par J. Pena Pérez, Documentación del monasterio de las Huelgas de Burgos, t. I, pp. 55-59, doc. 27 : « Otrosi que mostraron una carta del rey don Sancho, nuestro avuelo, en que se contenta que el, teniendo que podia poner en el dicho hospital a quien quistese por comendador e aun darle a quien el quisiese para lo procurar e proueer e para des pensar los bienes del dicho hospital, que el sobre dicho rey, nuestro avuelo, que lo dio al maestre de la orden de Calatraua, et el maestre que dio algunas cosas e heredades del dicho hospital a algunos por tiempo çierto e a otros por sus dias. »
326 II convient encore de se reporter ici à l’étude classique de L. Garcia De Valdeavellano, « El prestimonio. Contribución al estudio de las manifestaciones del feudalismo en el reino de León y Castilla en la Edad Media ».
327 Pour le clergé régulier, elle a été étudiée dans le cas du monastère cistercien de Moreruela par I. Alfonso Anton, La colonización cistercienseen la Meseta del Duero, pp. 91-92.
328 En plusieurs cas, la terre remise à la milice était même accompagnée d’une somme d’argent, parfois importante, comme en 1285, quand Juan Alfonso de Albuquerque ajouta dix mille maravédis aux neuf exploitations proches de Lemos qu’il abandonnait à l’Hôpital en échange du bénéfice viager de la maison de Cevico de la Torre, située à proximité immédiate de Palencia (AHN, OM, carp. 575, doc. 34, publ, C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 612-615, doc. 50).
329 Tel est le cas de la cession viagère des domaines de Villanueva del Ariscal et de Castilleja, réalisée par le maître de Santiago Vasco Rodríguez en faveur de l’amiral Alfonso Jufré Tenorio et de sa femme, dont nous avons vu qu’elle impliquait pour les bénéficiaires de travailler au repeuplement des terres qui leur étaient abandonnées (AHN, OM, carp. 87, doc. 4, ffos 33-34, publ. A. García Herrera, « Un señorío santiaguista en la Edad Media : Villanueva del Ariscal », p. 118, doc. 3).
330 En 1271, pour la première fois, la concession viagère de la maison d’Olmos, décidée par Calatrava en faveur de Joffré de Loaysa, faisait obligation à celui-ci d’investir deux mille maravédis dans l’achat de terrains dans la localité (AHN, OM, libro 1344, f° 63r°). En 1328, l’archidiacre de l’église de Zamora, Diego Arias Maldonado, s’engageait de la même manière à augmenter les possessions dont Santiago lui concédait la jouissance viagère à Ledesma : « Et rreçibolo de uos e de la dicha vuestra orden en tal manera que yo que la tenga en toda mi vida e a mi ffinamiento que uos lo dexo yo livre e quito desembargado a uos e a la vuestra dicha orden con todos los allinamientos e meioras que yo y ffizier. Et demays que alline yo y en esta vuestra dicha herdade una yugada demays de las que agora y estan allinadas. Et que ffaga y un palaçio demays de lo que agora y esta » (AHN, OM, carp. 261, doc. 11).
331 En 1331, la veuve de García Rodríguez de Valcárcel, entrée dans la confraternité de Santiago, faisait ainsi le serment d’entretenir les bâtiments de la maison de Ribera, qui lui avait été donnée à titre viager lors du chapitre général de Mérida réuni en mars : « Et otrossy otorgo que yo que adobe luego las casas de Ribera e las repare muy bien et despues de mis dias que dexe en estas casas sey syuntas de bueyes bien adereçadas et ciento ovejas e çincuenta puercos de çoffurda para vuestra orden » (AHN, OM, carp. 88, vol. II, doc. 38).
332 ACL, doc. 11326. Une analyse succincte de l’acte, rapportant certaines des mesures qu’il contient, a été proposée par J. A. Martín Fuertes, Colección documental del Archivo de la Catedral de León, pp. 283-284, doc. 2925.
333 À l’été 1323, par exemple, Fernán Rodríguez de Valbuena acensa en personne les maisons de San Juan Douve et de San Esteban de Briancon, relevant de la baylie de Portomarín, à Miguel Yáñez contre te paiement annuel au commandeur d’une rente de mille maravédis sur laquelle le prieur reçut, lors de la signature du contrat, une avance de cinq ans (AHN, OM, carp. 578, doc. 17). Plusieurs documents d’une teneur similaire ont été conservés pour Portomarín (AHN, OM, carp. 578, doc 14 et 17).
334 Pour Calatrava, l’affermage des mines d’Almadén est bien connu. Bien des auteurs en ont fait état, parmi lesquels C. Estow, « The Economic Development of the Order of Calatrava », p. 285. Cette pratique n’était cependant pas spécifique aux mines. Elle était en effet de plus en plus fréquemment usitée pour les moulins (AHN, OM, carp. 464, doc. 239, et carp. 465, doc. 263) ou encore pour les fours, à en juger par l’exemple d’Auñón, où le maître García López de Padilla afferma en 1318 aux habitants du village les installations de Calatrava contre une rente annuelle de six cents maravédis payables en deux termes, à la Saint-Michel de septembre et à Noël (AHN, OM, libro 1346, f° 167r°).
335 C’est ce qu’affirma le commandeur de Cuenca, Diego Fernández Navarro, lors du chapitre général de l’ordre de Santiago en 1383, comme l’a bien relevé P. Iradiel Murugarren, « Bases económicas del hospital de Sandago de Cuenca », pp. 212-213.
336 La transformation a été relevée par exemple pour Sancti Spiritus de Salamanque par M. Echániz Sans, Las mujeres de la orden militar de Santiago en la Edad Media, p. 136.
337 Les progrès de l’administration déléguée ont été bien analysés dans le cas de l’Hôpital en Provence par B. Beaucage, « L’effondrement de la gestion du patrimoine de l’Hôpital en France du Sud-Est ».
338 M. Á. Ladero Quesada, « Comentario sobre los señoríos de las órdenes militares de Santiago y Calatrava », p. 177.
339 Ainsi le rappelait encore récemment C. de Ayala Martinez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, pp. 647-646.
340 Mise en place par E. Rodriguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 342-374, cette classification a été reproduite à des fins de comparaison pour Alcántara par F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura, pp. 243-276.
341 Dans la plupart des cas, les dispositions des fueros concédés aux localités seigneuriales laissaient le monopole de ces infrastructures à l’Ordre. Il en était ainsi à Miguelturra, d’après la charte de peuplement donnée à la ville en 1230 par Calatrava, publiée par E. de Hinojosa, Documentos para la historia de las instituciones en León y Castilla, p. 149 : « La orden ha de aver en el logar el cabo del vino e el forno. » Dans quelques occurrences, le monopole était partiel, mais le contrôle de la milice n’en était pas moindre car, si les habitants étaient certes autorisés à construire un four, il leur était interdit, sous peine de le voir détruit, de l’utiliser à des fins autre que privées. Le cas est attesté à Huerta de Valdecarábanos, qui dépendait de Calatrava, comme l’a relevé E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 349, ainsi que dans plusieurs localités hospitalières proches de Consuegra, étudiées par C. Barquero Goñi, « La orden militardel Hospital en La Mancha », p. 312.
342 En 1286, l’Hôpital négocia avec les autorités locales de Fresno el Viejo la répartition des redevances auxquelles le droit de gîte ouvrait droit à l’Ordre dans la localité. C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 608-611, doc. 380 : « Otrossi que el concejo de Fresno Viejo de a yantar al prior de la tierra una vez en año conviene a saber quanto, quatro carneros e trinta gallinas e quatro cabritos, si la tomare en el mes de abril o de mayo, e si en otro tiempo, denlle quatro ansares por los cabritos, e sesenta panes doblenes e un moravedi de la bona moneda en vino e doze eminas de cevada. »
343 Ainsi l’a bien fait valoir E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 352.
344 C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 574-575, doc. 353 : « Vos mando que recudades a los freires desta horden sobredicha [...] e rescibades los alcaldes e los merinos que ellos y pusieran e les ayudedes a fazer justicia si menester fuere [...] E por esto tengo por bien e mando que seades quito de todos los pechos, assi como si los a mi diessedes, e penas e amparas e doblos e calomias que en Coviellas e en su termino fueron fechas, todas sean de la horden sobredicha segun se contiene en el privilegio del camio que tienen de mi. »
345 Il se peut que ce cas soit lié au contexte particulier de l’échange qui s’effectua en 1281 entre Alphonse X et l’Hôpital au sujet des forteresses de Serpa, Moura et Mourão, que la cession de Cubillas et d’autres biens situés dans la partie septentrionale du royaume était précisément censée compenser. Ce point a été fort bien étudié par C. de Ayala Martínez, « Alfonso X, el Algarve y Andalucía : el destino de Serpa, Moura et Mourāo ».
346 Ainsi l’a observé E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 317-319. Il n’est cependant pas exclu que dans ce domaine le contrôle seigneurial ait tendu à se relâcher au début du XIVe siècle, comme l’a fait valoir, pour le cas d’Alcántara, F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura, pp. 263-164.
347 Il est à ce titre très révélateur que le fuero accordé en 1315 par le maître de Santiago à Corral de Almaguer contraignait les habitants à se pourvoir en appel auprès des seuls tribunaux de l’Ordre. Le document a été publié par J. Alvarado Planas,» Cartas pueblas de Bujeda, Santa Olalla,Veleda, Corral de Almaguer y Puebla de Almoradiel », p. 631, doc 4 : « Mandamos que la alzada de ellos que sean para ante el comendador de la dicha villa del Corral, e las alzadas de las sentencias que el diere que sean para ante el comendador mayor de Castilla, non siendo nos de los mojones adentro, e si alguno se agrabiare del juicio que dicho comendador diere que tome alzada para ante nos el agraviado que nos fueremos de los mojones adentro segund es dicho. *
348 Un aperçu de la densité du réseau des portazgos détenus par Santiago dans la partie castillane de ses domaines a été proposé par C. de Ayala Martinez, « Fortalezas y créacion de espacio politico », pp. 42-44.
349 Pour Santiago et Calatrava, les plus anciennes furent respectivement créées à Montiel en 1252 et à Almodóvar del Campo en 1260. Pour chacune d’elles, il convient de se référer aux travaux d’A, Madrid y Medina, « Alfonso X el Sabio y la Mancha santiaguista », et de L. R. Villegas Díaz, « Las ferias del Campo de Calatrava en la Edad Media ».
350 Ce point a été signalé par E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 362-365, qui s’est notamment livré à une étude détaillée de la façon dont Calatrava a patiemment cherché à obtenir la pleine propriété des mines de mercure d’Almadén, que l’Ordre obtint lorsque Sanche IV confirma en 1285 une donation faite en 1281, alors qu’il était encore seulement infant.
351 Privilégiés par l’Historiographie, Comme l’a relevé Ph. Josserand, « Les ordres militaires dans les royaumes de Castille et de Léon », p. 29, ces heurts ont fait l’objet de très nombreuses études à la suite des travaux pionniers entrepris pour l’archevêché de Tolède par D. Lomax, « El arzobispo don Rodrigo Jiménez de Rada y la orden de Santiago », et J. O’Callaghan, « The Order of Calatrava and the Archbishops of Toledo », reproduit dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VI.
352 Ainsi l’ont observé, pour Calatrava et pour l’Hôpital, E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Un ejemplo de aculturación cristiano-feudal en la frontera nazarí », p. 56, et C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de Leon », p. 433.
353 Le fait ressort des études de M.L. Guadalupe Beraza, Diezmos de la sede toledana y rentas de la mesa arzobispal, pp. 20-21, et de M.A. Ladero Quesada et M. González Jiménez, Diezmo eclesiástico y producción de cereales en el reino de Sevilla, p. 21.
354 M.A. Ladero Quesada, « Comentario sobre los señoríos de las órdenes militares de Santiago y Calatrava », p. 178.
355 D. Lomax, « Pedro López de Baeza », pp. 174-175 : « De todos estos males pueden los freires ser escusados seyendo obedientes a su maestre e verdaderos a su horden et poblando bien los vasallos e desque fueren poblados non los desaforar, e fazerlos que bivan siempre en paz e enderesçando bien las heredades de la horden e non olvidando los ganados por que se grant casa mantiene, e asi serán rricos con la merçet de Dios e de su horden. »
356 M.-Cl. Gerbet, « Les ordres militaires et l’élevage dans l’Espagne médiévale », repris dans Id., Nobles et éleveurs en Espagne à la fin du Moyen Âge, X.
357 Entretenue par D. Lomax, La orden de Santiago, p. 137, l’idée doit beaucoup au tableau quelque peu simplificateur de Ch. Bishko, « El castellano, hombre de llanura. La explotación ganadera en el área fronteriza de la Mancha y Extremadura durante la Edad Media ».
358 E. Rodríguez-Picavea Matilla, « Agrarian Structure in the Calatravan Lordships of the Southern Meseta of Castile », p. 294 : « The central nucleus of the Order’s lands lacked a developed agrarian structure as a result of their geo-strategic position which transformed them an area suitable for the practice of transhumance [...] These circumstances dictated the maintenance of a livestock-oriented economy and the slow progress of agriculture. »
359 Ainsi l’a affirmé E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 176 et 182-185, suivant une hypothèse émise sans réel appui documentaire par R. Pastor de Togneri, « La lana en Castilla y León antes de la organización de la Mesta », pp. 143 et 170.
360 Ainsi l’a justement relevé L. R. Villegas Díaz, « El sector ganadero en el Campo de Calatrava Una realidad a revisar ? ».
361 De façon très pertinente, D. Rodríguez Blanco, La orden de Santiago en Extremadura en la Baja Edad Media, p. 248, a souligné un recours fréquent aux stéréotypes dans les analyses consacrées à l’élevage médiéval dans la Meseta méridionale. Quelque vingt ans plus tard, le constat reste pleinement d’actualité, comme l’a signalé E. Rodríguez-Picavea Matilla, « La ganadería en la económia de froncera. Una aproximación al caso de la Meseta meridional castellana », pp. 182-183.
362 Le fait ressort de l’étude d’E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 177, qui a bien relevé que les premiers privilèges royaux étendant aux troupeaux des ordres militaires les franchises dont bénéficiaient les bêtes du monarque datent du règne d’Alphonse VIII, respectivement de 1169 et 1170 pour Calatrava et pour l’Hôpital. Ces documents ont tous deux été publiés à l’initiative de J. González González, El reino de Castilla en la época de Alfonso VIII, t. II, pp. 198-199 et 238-239.
363 AHN, OM, carp. 5, vol. I, doc, 8, publ. R. Menéndez Pidal, Documentos lingüísticos de España, pp. 175-176, et J. Torres Fontes, « La orden de Santa María de España », pp. 815-816, doc. 7.
364 Le texte de ce privilège, en date du 6 octobre 1284, est inséré dans une copie conservée à la BNM, ms. 621, ffos 209r°-212r°, De façon significative, il nous est parvenu dans un traslado demandé en mai 1286 aux autorités urbaines de Coria par le commandeur de Santibáñez, document qui, à son tour, fut produit par un autre frère le mois suivant auprès d’un notaire public de Zamora, chargé lui aussi d’en composer un exemplaire digne de foi dont l’Ordre pût exciper. Publié récemment par B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática médiéval de la orden de Alcántara, t. I, pp. 228-230, doc. 361, l’acte a été utilisé à différentes reprises par F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura, pp. 229 et 255, qui cependant n’en a pas proposé de véritable analyse.
365 Ainsi l’a montré E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 178-179, qui a présenté en détail les différents accords passés en ce sens par Calatrava avec les ordres de l’Hôpital et de Santiago, respectivement en 1232 et 1239, puis avec la cité de Tolède en 1269.
366 Ce fait a été souligné par L.R. Villegas Díaz, « El sector ganadero en el Campo de Calatrava ¿Una realidad a revisar ? », pp. 639-643, qui a justement signalé le poids que conservèrent des activités comme la chasse ou l’apiculture jusqu’à l’extrême fin du Moyen Âge. Il semble ainsi que l’empire des défens, auquel s’est référé pour la deuxième moitié du XIIIe siècle E. Rodríguez Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana., pp. 186-188, corresponde en réalité au paysage de la fin du XIVe siècle et, plus encore, du début de la période moderne.
367 Ainsi l’a bien observé J.-P. Molénat, « L’organisation du territoire entre Cordillère Centrale et Sierra Morena », p. 75, et Campagnes et monts de Tolède, p. 216.
368 M.-Cl. Gerbet, Un élevage original au Moyen Âge. La péninsule Ibérique, pp. 95 et 229-230.
369 Id., « Les ordres militaires et l’élevage dans l’Espagne médiévale », p. 97.
370 Le fait a été corroboré par E. Rodríguez-Picavea Matilla, « La ganadería en la economía de frontera, Una aproximación al caso de la Meseta meridional castellana », p. 192.
371 Cette obligation est pour la première fois consignée dans les définitions de Calatrava de 1304 publiées par J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 265, reproduit dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII : « Que los comendadores traigan al capitulo escrito de sus casas e del pan e del vino e de los tozinos e de los ganados e de las cabañas e de los percances, si los obieren, e de bueyes e de moros e de moras e de aceyte e de los olivares i de cuenta de como los gastaron. E si de otra manera lo hisieren pierdan las casas que tobieren e los cavalos e las armas. »
372 BC, pp. 167-168. Le fait a été signalé par E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, p. 166, et par M.-Cl. Gerbet, Un élevage original au Moyen Âge. La péninsule Ibérique, pp. 96 et 230.
373 Le fait ressort des statuts santiaguistes de Mérida en 1274 : BNM, ms. 8582, f° 48r° :« Otrosi que en las cabañas de las yeguas e de las vacas e de las ovejas e de los puercos de la orden ayan comendadores freyres que den buena cuenta e verdadera al maestre e a los treze en cabildo general e los potros que Dios ay diere que los den a los freyres e non a otro ninguno e los freyres a quien los dieren que los non den ni vendan mas crienlos et siruan a Dios con ellos e a su orden e los nouillos partanlos por las casas de la orden con que labren e sean dados a los freyres en cabildo general. » L’importance de ce passage a été relevée par J. V. Matellanes Merchán, « Organización social y económica de la orden de Santiago en la Transierra castellano-leonesa », t. II, pp. 544-545, ou plus récemment par C. de Ayala Martínez, « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución de las órdenes militares castellano-leonesas en la Edad Media », p. 129.
374 La difficulté d’extraire des sources une quelconque information quantitative a été bien observée par E. Rodríguez-Picavea Matilla, « La ganadería en la económia de frontera. Una aproximación al caso de la Meseta meridional castellana », pp. 190-191.
375 AHN, OM, carp. 260, doc. 9, publ. M. Rivera Garretas, La encomiendade Uclés, p. 401, doc. 193 : « Damos e otorgamos a vos don Gil Gomeç el nuestro castillo que es llamado Paracollos, con la villa e con sus términos, con entradas e con salidas e con aldeas pobradas e por pobrar e con vinnas e con ortos e con moros e con ganados e con ríos e con fontes e con pastos e con montes e con açenias e con molinos e con todos los derechos que nos y avemos e con todas aquellas cosas que y ganarmos en nuestros dias. »
376 L’intérêt exceptionnel de ce document a été bien souligné par L. R. Villegas Díaz, « El sector ganadero de la orden de Calatrava : ¿una realidad a revisar ? », pp. 645-646.
377 AHN, OM, carp. 459, doc. 119. Il convient, pour pallier les lacunes de l’original en très mauvais état, de se référer à une copie rédigée au XVIIe siècle (AHN, OM, libro 1344, f° 28r°-v°).
378 Longtemps tenue pour acquise, la prééminence des ovins tend aujourd’hui à être relativisée jusque parmi les auteurs qui s’en étaient faits les défenseurs, tel E. Rodríguez-Picavea Matilla, « La Mesta y la transhumancia en la Castilla medieval », p. 46 : « El ganado ovino fue en el período que nos ocupa el más relevante tanto cuantitativa como cualitativamente. Ahora bien, en determinados ámbitos geográficos y cronológicos, compartió protagonismo con el vacuno, el porcino, el caprino y el caballar. » Encore limitée dans son expression, cette concession, que l’auteur applique néanmoins aux troupeaux de l’ordre de Calatrava, mérite à mon sens d’être formulée avec plus de force.
379 M.-Cl. Gerbet, « Les ordres militaires et l’élevage dans l’Espagne médiévale », pp. 99-101, et Un élevage original au Moyen Âge. La péninsule Ibérique, p. 232.
380 Pour Calatrava, un tel fait a été mis en évidence par E. Solano Ruiz, La orden de Calatrava en el siglo XV, p.337.
381 AHN, Osuna, carp. 9, doc 2, publ. L.V. Díaz Martín, Colección documental de Pedro I de Castilla, t. II, pp. 139-146, doc 407 : « En aquello que la dicha carta dize que todos los ganados de la dicha cabanna fuesen francos e quitos de todo derecho, por quanto por esta generalidat se podrian ayuntar e allegar a la dicha cabanna otras muchas vacas e ganados del mio sennorio por auerlas las dichas franquezas, [...] tengo por bien que aquella generalidat sea entendido de aqui adelante fasta quinze mill vacas, e ocho mill ovejas e ocho mil puercos. »
382 En 1403, Henri III réduisit le privilège accordé par Pierre Ier, dont l’institution ne serait plus désormais admise à se prévaloir que pour un total de « doce mil vacas, seis mil puercos y seis mil ovejas » (AHN, OM, carp. 432, doc 238).
383 Une modification du privilège fut introduite en 1429, à l’initiative de Jean II. Elle ne marquait pas seulement une nouvelle restriction car, plus profondément, elle traduisait un changement de composition du cheptel de l’Ordre à l’intérieur duquel, comme l’a remarqué E. Solano Ruiz, La orden de Calatrava en el siglo XV, p. 337, les ovins l’emportaient pour la première fois puisque ce sont douze mille moutons et chèvres qui bénéficiaient désormais de l’exemption, contre deux mille porcs et autant de vaches (AGS, Mercedes y Privilegios, leg. 3, doc 54).
384 Ce fait a été observé à l’échelle générale par M.-Cl. Gerbet, Un élevage original au Moyen Âge. La péninsule Ibérique, p. 234, et C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, pp. 671-673.
385 AHN, Osuna, leg. 351, doc, I, publ. J. González González, Reinado y diplomas de Fernando III, t. III, pp. 93-96, doc. 575.
386 AHN, OM, carp. 367, doc. 26 et 27. Les deux documents ont été publiés par A. Javierre Mur, « Aportación al estudio del proceso contra el Temple », pp. 86-88 et 88-91, doc. 8 et 9.
387 Il convient de corriger, comme l’a bien fait J. L. de la Montaña Conchiña, La Extremadura cristiana. Poblamiento, poder y sociedad, p. 222, le montant de vingt-neuf mille maravédis avancé par A. Javierre Mur, « Aportación al estudio del proceso del Temple », p. 59, en veillant à prendre en compte le caractère contradictoire des deux déclarations, sur lequel aucun de ces auteurs ne s’est arrêté.
388 Selon les rapports d’enquête publiés par A. Javierre Mur, « Aportación al estudio del proceso del Temple », pp. 87-88 et 90, les témoins interrogés à Puebla de Alcocer dirent « que de los diezmos e montadgos e portadgos, los otros derechos de pan e de ganados e de colmenas e de la barca e del rio e la corta de los montes, diezmo de los caçadores, de los ballesteros de monte e de los granieros que cogen grano de la tierra e de los pescadores e de los molinos, de las calonnias, los pechos de los vasallos e el derecho de la eglesia que esto non pueden ellos saber cierto quanto rende, mas que segun cuidan que todas estas cosas pueden rentar tanto como las dichas dehesas ». Les habitants de Capilla, qui connaissaient le montant de certains droits pour les avoir acquittés, firent pour leur part valoir « que el montadgo e el diezmo de los ganados de fuera que desmauan en la tierra de Capiella que puede valer cada anno quatrocientas cabeças de ovejas ».
389 La place de cette commanderie dans l’organigramme de l’Ordre a été justement restituée par G. Martínez Díez, Los Templarios en la Corona de Castilla, pp. 172-176. Non sans exagération, M. J. Lop Otín, « Un ejemplo del proceso señorializador extremeño : el señorio de Capilla », pp. 211-212, en a même fait la principale du royaume.
390 Il me semble intéressant à ce sujet d’observer que pour la fin du Moyen Âge, où cette pratique est plus répandue, D. Rodríguez Blanco, La orden de Santiago en Extremadura en la Baja Edad Media, p. 258, a souligné que la documentation réunie sur le thème était beaucoup moins importante que l’on n’aurait pu spontanément s’y attendre.
391 AHN, OM, carp. 460, doc. 139 et 143, carp. 462, doc. 186, carp. 463, doc. 206, et carp. 464, doc. 221. Les premiers de ces documents ont été rapportés par E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 184-185.
392 En février 1318, le maître de Calatrava, Garcia López de Padilla, affermait au concejo d’Almodóvar del Campo la dehesa de Villa García, située à proximité de la cañada qui traversait le finage, en échange du versement de cinq mille maravédis annuels (AHN, OM, carp. 463, doc. 205). L’état très défectueux du document original oblige à se reporter à la copie établie dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, conservée sous la cote AHN, OM, libro 1345, f° 164r°-v°.
393 La plupart des redevances à part de fruit s’élevaient à la moitié du croît, à l’instar de celle à laquelle le concejo de Villatobas s’obligea en 1328 envers le maître de Santiago « por la merçed que vos el dicho sennor maestre ffazedes al dicho lugaren rrazon de los dichos terminos de Escorchon, de Montalegre, de Santa Cruz, de Villoria, de Villa Ruvia, que pazcan en ellos con los sus ganados, otorgamos et prometemos de vos dar daqui adelante de cada anno siempre jamas la meytad del diezmo de la criança de todos los ganados que el dicho concejo oviere daqui adelante » (AHN, OM, carp, 243, vol. II, doc. 24).
394 Au début du XIVe siècle, le maître de Santiago Diago Muñiz accorda aux autorités municipales de Montánchez le renouvellement d’un privilège accordé par son prédécesseur Pelayo Pérez Correa, par lequel l’Ordre s’engageait à ne pas exploiter dans le finage d’autre dehesa que celle de Valverde, située aux abords du château. Conservé dans une copie de 1481, à travers laquelle le maître Alonso de Cárdenas en donna une nouvelle confirmation, l’acte, qu’il m’a été impossible d’identifier, est connu par le témoignage de Juan Domingo Quirico, qui l’a utilisé au XVIIe siècle dans son opuscule, Relación de las encomiendas de la orden de Santiago, uniquement conservé sous forme manuscrite (BNM, ms. 946, f° 168r°).
395 BNM, ms. 8582, f° 63r° « Establesçio el maestre que la meytad de los montadgos de cada rregno que les den para conprar lorigas. »
396 Étudié d’abord à l’échelle des possessions santiaguistes de Castille par C. de Ayala Martínez, « Fortalezas y creación de espacio político », p. 46, le système a été décrit ensuite par l’auteur dans sa logique globale : Id « Comendadores y encomiendas. Orígenes y evolución en las órdenes militares castellano-leonesas de la Edad Media », pp. 141-142.
397 Le fait a été bien signalé par D. Lomax, La orden de Santiago, p. 137, et M.-Cl. Gerbet, « Les ordres militaires et l’élevage dans l’Espagne médiévale », p. 97.
398 Cette hypothèse a été formulée par C. de Ayala Martínez, « Las órdenes militares y la ocupación del territorio manchego », p. 95. À une moindre échelle et dans une tout autre finalité, un phénomène de captation de rentes assez comparable a été identifié pour la commanderie templière de Villalcázar de Sirga, qui détourna à son profit, au milieu du XIIIe siècle, le tracé du chemin de Saint-Jacques. Le fait a été mis en évidence par Ph. Josserand, « Le Temple et le culte mariai au long du chemin de Saint-Jacques », pp. 326-327.
399 L’impuissance de la monarchie à restreindre la perception des montazgos dans les possessions des milices a été soulignée par M.Á. Ladero Quesada, fiscalidad y poder real en Castilla, pp. 126-129. Elle a été récemment confirmée, en ce qui regarde Alcántara, par F. Novoa Portela, La orden de Alcántara y Extremadura, pp. 257-258.
Notes de fin
a Dépourvue de références, une liste de quinze titulaires, identique à celle-ci dans ses grandes lignes, a été récemment publiée par J. Molero García, « Espacios y sociedades. Los primeras tiempos del Hospital en La Mancha », p. 213.
b Il convient de signaler que d’autres noms de commandeurs ont été apportés pour Ponferrada par A. Quintana Prieto dans une étude publiée en 1950, « Ponferrada en la Antigüedad », reprise dans Id., Temas Bercianos, t. III, pp. 11-24. Plusieurs ont été recopiés, et parfois déformés, dans la seconde édition du travail de J. M. Luengo y Martinez, El castillo de Ponferrada y los Templarios ; pp. 74-75. Ces notices présentent trop d’erreurs, en particulier de datation, pour que l’on puisse leur accorder, en l’absence de toute référence documentaire, une véritable crédibilité. Si exhaustive qu’on se soit efforcé de la rendre, la liste produite pour Ponferrada offre donc, à l’instar des précédentes, une relation minimale susceptible par définition de compléments.
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