Chapitre ii
En marge de l’économie de la grâce
La dégradation de l’image religieuse des ordres militaires
p. 97-163
Texte intégral
1S’il est vrai que la raison d’être des ordres militaires en Castille demeurait évidente au milieu du XIVe siècle pour une grande partie des contemporains, cela ne signifie pas pour autant que leur image était restée inchangée depuis la prise de Séville. De fait, au cours de ce long siècle, l’évolution de la société a joué sur la perception de l’opinion sans que les milices puissent nécessairement maîtriser les conséquences de ce changement. La transformation du sentiment religieux notamment, à partir du XIIIe siècle, leur a été préjudiciable. Au mieux fondu dans des considérations générales, ce fait n’a guère été relevé, tant l’aura spirituelle des ordres militaires demeure globalement sous-évaluée — au point que revient régulièrement dans l’historiographie une interrogation lancinante sur leur appartenance réelle à l’état ecclésiastique1. Le doute n’a pourtant pas lieu d’être, ces milices relevant notoirement de l’Église, quand bien même leurs membres sont en grande partie des laïcs et que les religieux, en leur sein, sont conduits à prendre part très activement au monde en raison de la spécificité de leurs vœux2. D’ailleurs, au cours des XIIIe et XIVe siècles, jamais le public en Castille ne s’y est trompé. La dimension spirituelle des ordres militaires, leur qualité d’intercesseurs avec l’au-delà sont pour chacun des fidèles une évidence. Toutefois, à partir du milieu du XIIIe siècle, apparaît une mise en cause non du principe, mais de l’efficacité d’une telle médiation, battant en brèche le rayonnement spirituel de ces institutions et, en premier lieu, leur rôle dans l’économie de la grâce.
I. – Un instrument de salut en mode mineur
2Il n’est pas d’études en Espagne qui aient appréhendé les ordres militaires dans leur dimension de médiateurs religieux3. L’idée d’un déclin de leur rayonnement spirituel après le milieu du XIIIe siècle y est à l’ordinaire admise, sur la foi d’évidences rassemblées au hasard des sources. Bien qu’elle corresponde en gros à la réalité, elle n’en requiert pas moins cependant d’être affinée dans la mesure où elle informe largement la perception que l’opinion castillane se faisait d’institutions peu à peu détachées, à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, des voies privilégiées d’obtention du salut.
Une aura spirituelle amoindrie
3Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, le rayonnement spirituel exercé par les ordres militaires sur les populations est un facteur important de la croissance de leur patrimoine. Il est vrai, comme l’avait déjà relevé Clara Estow il y a vingt ans, que l’expansion domaniale des milices doit davantage aux grâces monarchiques et à la concession de terres à conquérir qu’aux donations privées, souvent plus explicitement rattachées à des considérations de piété4. Mais, à décrire les faveurs royales comme le seul fruit d’une volonté politique5, on risque d’occulter le caractère religieux manifeste dans la plupart des actes de chancellerie jusque dans la seconde moitié du XIIIe siècle6. à l’instar des membres de la noblesse7, voire de simples paysans préoccupés par leur salut et celui de leurs parents8, les rois ont fait montre d’une confiance manifeste dans la capacité de médiation des ordres militaires avec l’au-delà9. Si les donations qu’ils leur consentent ne peuvent être exactement assimilées aux aumônes des particuliers, il n’en est pas moins acquis qu’elles reflètent, jusqu’au milieu du XIIIe siècle au moins, le sentiment général de dévotion en faveur des milices qui anime la société castillane.
4De ce point de vue, les décennies centrales du XIIIe siècle représentent une rupture dont il convient, sans en exagérer la brutalité, de souligner l’importance. Rares sont à partir de cette date les donations qui attestent une ferveur véritable. En 1270, un archidiacre de Jaén appelé maître Martín concède à Calatrava plusieurs parcelles situées en dehors de la ville, dont une qu’il a rachetée après qu’elle eut été usurpée à la milice. Les motivations qu’il invoque relèvent toutes de l’ordre spirituel. Conscient que ses œuvres lui seront comptées au jour du Jugement dernier, il dit agir en réparation de ses péchés et de ceux de ses parents afin que Dieu lui inspire un véritable repentir et lui assure une bonne fin10. Il convient néanmoins d’observer qu’une telle déclaration est alors exceptionnelle, tant par sa longueur que par la confiance qu’elle traduit dans la faculté de médiation de Calatrava en vue de garantir le salut de l’âme du donateur.
5Pour nombre de fidèles, les ordres militaires semblent en effet avoir perdu dans la seconde moitié du XIIIe siècle une part essentielle du prestige spirituel qui leur était reconnu dans la période précédente. S’ils restent des intercesseurs dont la prière est tenue pour efficace11, ainsi qu’en atteste encore au milieu du XIVe siècle l’aumône faite par un couple tolédan à Calatrava12, ils sont de moins en moins sollicités en tant que tels. Les formules consignées dans les sources se limitent généralement à évoquer en termes rapides le salut de l’âme des donateurs et la rémission de leurs péchés13. II est à mon sens révélateur que, passé le milieu du XIIIe siècle, les expressions qui vont au-delà soient rares et que, parmi elles, la plupart ne se rapportent plus directement aux ordres militaires mais à des couvents qui leur sont liés, tels San Audito ou Santa Eufemia de Cozuelos pour Santiago14. Plus significative encore est l’origine royale de la presque totalité de ces donations, dont la formulation répétitive traduit davantage une relation de patronage qu’une authentique piété15.
6Il ne fait aucun doute que le déclin du rayonnement spirituel des ordres militaires est lié à la valeur moindre que l’opinion castillane attache désormais à la cause du combat contre l’Islam auquel ces derniers sont associés. Bien qu’elle soit comprise, nous l’avons vu, et demeure une source de légitimation, la croisade perd néanmoins son aura de sainteté après la disparition des États latins. Au cours du premier tiers du XIVe siècle, les aumônes en faveur de la Terre sainte tendent à diminuer jusqu’à ne plus intéresser qu’une partie marginale des legs ad succurrendum16. Plus encore, lorsque Jérusalem est citée dans un testament, tel celui de l’abbé de Santander Nuño Pérez de Monroy, proche de María de Molina, elle l’est davantage à titre de but de pèlerinage que de terre à reconquérir17. Le même constat ressort d’un examen des sources littéraires, en particulier des itinéraires et des récits de voyages castillans en Terre sainte, qui perdent à partir du second tiers du XIVe siècle toute tonalité martiale jusqu’à occulter sous une géographie purement biblique les lieux de mémoire de l’aventure croisée18.
7À l’instar des croisades orientales, l’entreprise péninsulaire de Reconquête est désormais investie dans l’opinion hispanique d’une moindre aura spirituelle. On ne peut certes nier que la croyance des fidèles en son caractère sanctifiant perdure encore au milieu du XIVe siècle. Celle-ci transparaît notamment des bulles pontificales offrant une indulgence plénière à qui promettrait d’assister les ordres militaires sur le plan financier, voire s’engagerait à leurs côtés dans la lutte contre l’Islam19, Plusieurs documents issus des chancelleries apostolique et royale soulignent bien la continuité de la prédication de croisade sur la frontière nasride au cours de la première moitié du XIVe siècle20. Plus rares, certains témoignent même de collectes organisées à l’initiative de Santiago hors des frontières de l’espace ibérique21. Fréquemment renouvelés, ces appels attestent l’écho que continue de susciter le combat contre Grenade auprès des fidèles. Ils n’en posent pas moins problème dans la mesure où leur répétition montre que si la croisade, en raison du danger nasride, conserve en Castille une popularité qu’elle tend à perdre peu à peu dans le reste de l’Occident, elle n’offre plus pour l’opinion au milieu du XIVe siècle la même évidence méritoire qu’un siècle plus tôt.
TABLEAU 2. — Nature des legs testamentaires à Léon1
8Il est de ce point de vue remarquable que les legs au bénéfice de la croisade soient progressivement institutionnalisés au cours des dernières décennies du XIIIe siècle. Sans doute lié à la volonté du roi de contrôler les ressources ecclésiastiques de ses états22, un impôt du nom de cruzada est créé à la fin du règne d’Alphonse X. Dans le fonds cathédral de León, la première référence se situe en 1280 (voir ci-dessus le tableau 2). Systématisé au début du XIVe siècle, un tel prélèvement ne doit pas tromper. On ne saurait en effet déduire de sa généralisation que la croisade éveille une ferveur spectaculaire au sein de la société castillane. Certes, à partir des années 1310 aucun testament léonais n’omet d’y contribuer, mais le legs traduit en réalité une obligation dont s’acquittent les fidèles pour éviter que les collecteurs, alléguant un oubli, ne contreviennent à leur volonté. Le fait ressort avec force du testament de Teresa Gil qui, donné en 1307, stipule qu’aucun de ses biens meubles et immeubles, répartis entre différentes personnes et institutions, ne pourrait être accaparé par les receveurs de la cruzada en dehors de ceux qui leur étaient explicitement assignés23, évalués à cent maravédis, une somme élevée, bien en accord avec la fortune d’une femme dont la donation est sans commune mesure avec la plupart des legs, qui visent uniquement à satisfaire une obligation d’usage24.
9Déclinante et sans conteste en partie convenue, la dévotion pour les ordres militaires ne s’est pas pour autant effondrée au XIVe siècle. Les milices demeurent tenues, nous l’avons vu, pour des intercesseurs dont la médiation avec l’au-delà reste opératoire. Le fait se vérifie d’abord pour les frères. Il est difficile d’évaluer vraiment les motivations qui ont pesé sur la décision d’entrer dans un ordre. Dans le cas de nombreux postulants, il est certain qu’ont pu jouer d’autres facteurs que la simple réputation de l’institution25. Pour autant, l’existence de raisons économiques et lignagères n’empêche pas qu’interviennent aussi de réels motifs de piété, nullement perçus comme contradictoires dans le contexte social de l’époque26. En Castille comme dans le reste de l’Occident27, les actes de dédition, qui peuvent éclairer les raisons pour lesquelles le candidat souhaitait entrer dans un ordre, ont rarement été conservés. Néanmoins, sur la dizaine qu’il m’a été possible de rassembler pour la période étudiée, aucun n’omet de mentionner l’intention religieuse du postulant, dans la plupart des cas un homme fait, désireux à travers sa conversion de servir Dieu, à l’instar de Sancho Martínez, ancien écrivain public du souverain à Niebla, admis dans l’ordre de Calatrava lors du chapitre en 131828.
10Une large partie de l’opinion continuait donc de considérer les ordres militaires comme des institutions susceptibles d’assurer le salut de leurs membres C’est du moins ce que suggère l’absence de réels problèmes de recrutement jusqu’au milieu du XIVe siècle. Il peut apparaître localement que certaines institutions, tel Santiago à Vilar de Donas, aient dû faire face à un relatif fléchissement du nombre des vocations29. Fondées sur des comptages tributaires des hasards de la documentation conservée, ces enquêtes me semblent pour le moins fragiles. Surtout, elles reflètent des situations ponctuelles que ne confirme aucun des indices d’ordre général qui peuvent être utilisés, en premier lieu les actes du procès du Temple, dont Alan Forey a tiré fort intelligemment profit30. D’après l’interrogatoire de Medina del Campo, lors duquel, à défaut de l’âge des témoins, a été systématiquement consignée la durée de leur temps de service, les deux tiers des frères disent avoir été admis dans l’Ordre depuis moins de dix ans, c’est-à-dire au cours de la première décennie du XIVe siècle (tableau 3). Ce résultat doit certes être nuancé car, lors des enquêtes menées à Alcañices et à Alba de Aliste, les Templiers les plus âgés furent interrogés sur place, de sorte qu’ils n’eurent pas à se déplacer à Medina del Campo31. Il n’en reste pas moins qu’il est suffisamment éloquent, en particulier en ce qui concerne les chevaliers, pour infirmer l’idée que l’Ordre aurait connu une crise de recrutement à la veille de sa dissolution.
11Une conclusion similaire peut être avancée à propos de l’Hôpital, pour les années centrales du XIVe siècle, bien qu’il importe pour la Castille de prendre en compte une part d’incertitude plus grande que pour d’autres Provinces occidentales, étant donné qu’aucun exemplaire des enquêtes pontificales de 1338 et 1373 n’a été conservé32. Il semble cependant que le prieuré castillan ait échappé à la saignée que ces textes mettent en évidence et dont l’origine pourrait remonter à la fin du XIIIe siècle33. Il importe de rappeler qu’il existait des variations régionales, parfois fortes, et que les difficultés de recrutement n’étaient pas partout aussi aiguës que dans le prieuré de France34. La Castille fait ainsi figure d’espace de plus faible recul. La multiplication du cumul des commanderies, largement pratiquée sinon habituelle à partir du deuxième quart du XIVe siècle35, semble être davantage liée à une pénurie de ressources qu’à un manque d’hommes36. En effet, les restrictions apportées au recrutement des chevaliers, plus nombreuses à partir du milieu du XIVe siècle37, visent à éviter, dans la continuité d’une pratique utilisée par le couvent central de l’Ordre38, une dilapidation des richesses, comme l’atteste l’absence de limitations similaires pour les sergents et les chapelains, moins bien dotés et partant moins préjudiciables pour les finances du prieuré39. La diminution de l’aura spirituelle des ordres militaires est certes manifeste, mais elle ne prend en aucun cas l’aspect d’un effondrement propre à mettre en péril leur politique de recrutement.
Le recul des donations pieuses
12Si elle ne fut pas générale, la perte de confiance dans l’efficacité spirituelle des ordres militaires affecta dans une mesure non négligeable le volume des donations qui leur étaient consenties40. La baisse que l’on observe à un niveau global n’est en rien propre à la Castille. Elle intéresse l’ensemble des régions d’Occident où les aumônes en faveur des ordres militaires tendent à diminuer de manière sensible un siècle après l’implantation des premières maisons, soit, selon les lieux, peu avant le milieu du XIIIe siècle ou dans les années immédiatement postérieures41. La chronologie du recul des donations pieuses dans la péninsule Ibérique est similaire. Il n’est pas besoin d’insister sur ce point, que les monographies régionales ou locales consacrées aux ordres militaires ont abondamment souligné. Ainsi, pour Santiago, le patrimoine de la commanderie d’Uclés ou celui des maisons d’Estrémadure est configuré dans ses grandes lignes au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle42. Là comme ailleurs, la phase de croissance domaniale est désormais globalement révolue pour ces institutions, sauf à étendre par des achats ou des échanges les donations qui leur ont été faites au cours du premier siècle de leur implantation43.
13S’il est vain de chercher à quantifier ce recul des aumônes, dont les sources peuvent uniquement fournir une image aléatoire, il convient en revanche de souligner qu’à partir de la fin du XIIIe siècle son ampleur est suffisante pour susciter au sommet des ordres militaires une réelle préoccupation. Le projet de croisade adressé au pape en 1305 par Foulques de Villaret s’en fait lui-même écho44. S’il méconnaît la raison de la baisse des donations pieuses, attribuée à dessein à la malignité des prélats et des laïcs, le texte en souligne à la fois l’importance et le danger pour l’Hôpital, sur un ton voisin de celui qu’adopte la lettre envoyée au maître en 1298 par les frères portugais, inquiets de la situation domaniale du prieuré castillan45. Certes, au tournant du XIIIe siècle, les aumônes n’avaient pas totalement disparu et quelques cas restent attestés, portant sur des surfaces réduites, surtout pour les régions méridionales du royaume, où la présence des ordres militaires était plus récente46. Cependant, leur poids était désormais ténu, pour ne pas dire marginal, comme le montrent l’exemple de la commanderie calatravane de Maqueda47 et, plus largement, l’élimination de la clause contractuelle qui, au milieu du XIIIe siècle encore, interdisait aux paysans ayant pris une terre à cens d’en faire don à une milice qui se serait affranchie du tribut48.
14De façon croissante à partir des années 1240, puis presque systématique à la fin du siècle, la gratuité que continuent à invoquer certains documents n’est plus guère qu’une apparence. S’il ne fait pas de doute que les considérations religieuses dont ces actes se réclament ont pu jouer pour bien des esprits, il n’en reste pas moins que derrière la piété se cache parfois une intention intéressée. D’aucuns espèrent ajouter au profit spirituel escompté de leur donation un avantage matériel plus immédiat, tel Juan Alfonso de Arenillas, repostero mayor de Sanche IV, qui en 1288 offre à Calatrava ses biens à Écija à condition d’en garder avec sa femme, Inès álvarez, la jouissance durant leur vie entière49. Il semble que les donataires aient abandonné ces possessions avant terme car, de leur vivant même50, elles furent en 1291 remises par l’Ordre à Juan Arias de Cuadro et à sa femme, qui les reçurent à titre viager, contre la cession camouflée en aumône d’un domaine de Baena dont ils conservèrent l’usufruit51. De nombreux autres exemples témoignent d’échanges et de ventes opérés sous couvert de donations pieuses, au sujet desquelles il suffit d’observer qu’elles mettaient les ordres, du moins à court terme, en situation de perte pour percevoir que les marques de piété étaient devenues secondaires à la fin du XIIIe siècle52.
15Parallèlement au recul des donations ad vivum, les ordres militaires sont frappés par un repli des legs ad succurrendum qu’acquittaient les fidèles afin de contribuer à la rémission de leurs péchés. Bien que signalé à diverses reprises, le fait n’a jamais été étudié de façon précise dans ses rythmes et ses modalités. Il existe pourtant, dans certains fonds cathédraux, des séries de testaments qui offrent un volume et une continuité suffisants pour se prêter à l’analyse. À titre d’exemple, sur un total de soixante actes pour le diocèse de León, sans beaucoup d’équivalents dans la péninsule Ibérique avant le milieu du XIVe siècle53, un quart conservent la mémoire de donations faites en faveur des ordres militaires, parmi lesquels l’emportent l’Hôpital et Santiago, bien implantés dans la ville (voir le tableau 2, p. 102). Réduite, surtout si l’on prend en compte la présence à León du couvent de San Marcos, qui le disputait en importance à Uclés au sein de l’ordre de Santiago54, cette proportion atteint le tiers si l’on ajoute aux legs destinés aux milices ceux qui intéressent la Terre sainte55. Même ainsi, la faveur témoignée aux ordres militaires reste dans ce cas modeste et pour tout dire fragile dans la mesure où elle présente une répartition chronologique contrastée, déclinant massivement dans le dernier quart du XIIIe siècle pour disparaître dans les décennies suivantes.
16Il faut toutefois se garder de tirer des conclusions hâtives d’une série dont la représentativité est assez discutable. S’ils ouvrent une possibilité d’enquête inégalée, les testaments des fonds cathédraux offrent de la société castillane un reflet déséquilibré. Dans l’exemple léonais, plus des trois quarts des documents conservés sont l’œuvre de chanoines. Pour le reste, ils sont le fait de laïcs, nobles et citadins, qui expriment, à une exception près, leur désir d’être inhumés dans la cathédrale Santa María de la Régla. Ainsi le clergé séculier, dont on a signalé le faible rôle dans l’expansion patrimoniale des ordres militaires56, apparaît-il surreprésenté. Il est certain qu’à diverses reprises des clercs ont effectué des legs à une milice particulière voire sont entrés dans la familiarité de l’une d’elles, tel un certain Pelayo, lié à la commanderie de La Bañeza et devenu en 1291 confrère d’Alcántara57. De tels cas sont toutefois restés l’exception. Il est donc probable qu’une meilleure prise en compte du monde laïc dans les testaments léonais modifierait le résultat observé. À ce titre, il n’est peut-être pas fortuit que, sur soixante testateurs, le seul qui, en 1251, choisit d’être enterré à San Marcos58, Suero Rodríguez, soit un laïc certainement issu de la petite noblesse au vu des terres qu’il cède à l’Ordre et du titre de miles sous lequel le désigne l’obituaire de la cathédrale lorsqu’il rappelle le service anniversaire que les Santiaguistes étaient chargés de célébrer59.
17Si l’on peut douter que l’échantillon léonais soit assez représentatif pour permettre de juger du volume des legs, l’évolution qu’il dessine n’en est pas moins suffisamment nette pour que l’on puisse la retenir comme l’indice d’un mouvement plus large. Passé les années 1270, les dons en faveur des ordres militaires tendent en effet à diminuer, y compris au sein de la noblesse, qui leur était pourtant en grande partie acquise. À cet égard, il faudrait sans doute prêter une attention plus grande à la chronologie que ne l’a fait Carlos Barquero Goñi pour l’Hôpital60. Une analyse minutieuse montre qu’à partir du milieu du XIIIe siècle le nombre des testaments exprimant le désir d’être inhumé dans une église d’ordre militaire diminue fortement pour disparaître en moins de cinquante ans. Parmi les épitaphes funéraires tolédanes transcrites au XVIIe siècle à l’initiative de Pedro Salazar de Mendoza, aucune n’est postérieure à 1281 pour l’église de l’hôpital de Santiago et une seule touche au XIVe siècle pour l’oratoire que l’Ordre régissait dans le faubourg de la cité61. La volonté de Suero Rodríguez d’être inhumé à San Marcos, ou encore celle du chevalier García Rodríguez, auteur d’un vœu comparable en 1248 lorsqu’il partit rejoindre l’armée castillane au siège de Séville62, illustrent clairement au milieu du XIIIe siècle des pratiques dévotionnelles en passe de devenir minoritaires jusque dans les rangs de la noblesse.
18Un indice de la diminution des legs en faveur des ordres militaires est fourni par l’évolution du traitement des droits de sépulture dans les compositions par lesquelles ces institutions réglaient leurs différends avec les pouvoirs diocésains dans les domaines où se heurtaient leurs deux juridictions63. Publiés dans leur grande majorité, ces documents ont servi de base à de nombreuses études, attentives en priorité aux indications qu’ils offrent sur le peuplement et les ressources économiques d’un territoire64. Par-delà ces seuls aspects, étudier la nature des droits qui sont en jeu et, plus encore, leur évolution serait sans doute du plus haut intérêt. Très tôt, les accords les plus anciens le soulignent, les droits de sépulture ont représenté, pour les ordres militaires comme pour les autorités ecclésiastiques, un enjeu de conflit majeur65. De nombreux documents pourraient être cités, mais aucun ne prévoit dans ses clauses de répartition aussi précise que l’acte conclu en 1242 entre l’Hôpital et le clergé de Medina del Campo en vue d’amender un partage précédent66 : non seulement les offrandes y font l’objet d’un intérêt hors pair, conduisant à distinguer parmi les legs en argent reçus par l’Hôpital ceux qui sont explicitement destinés à l’achat d’armes et de chevaux, acquis en indivision à la milice, mais les testateurs eux-mêmes sont classés en cinq groupes selon le degré de proximité qui les unit à l’institution.
19Bien vite, cependant, un tel souci de la répartition des droits de sépulture cesse de caractériser les compositions entre l’épiscopat et les ordres militaires. À partir de la décennie 1250 pour les évêchés situés au nord du Système Central, un quart de siècle plus tard pour les diocèses méridionaux, ces questions sont en effet évacuées du texte des accords. Au sud du royaume notamment, la rupture est brutale. Au cœur du partage conclu en 1271 entre Santiago et le siège de Carthagène67 ou de celui auquel parviennent, trois ans plus tard, le maître d’Alcantara et l’évêque de Badajoz68, les droits de sépulture ne sont pas cités dans le pacte que signent en 1279 les autorités centrales de Santiago et le chapitre cathédral de Jaén69, pas plus qu’ils ne le sont dans les accords ultérieurs, inquiets surtout des prélèvements paroissiaux70. À la différence de la dîme, dont Miguel Ángel Ladero Quesada a montré l’importance dans les finances des ordres militaires71, les droits de sépulture avaient dès lors perdu leur caractère originel d’enjeu au point d’être tenus, à partir du troisième quart du XIIIe siècle, pour quantité négligeable et systématiquement passés sous silence, à l’exception d’un cas où ils sont purement et simplement abandonnés par le pouvoir diocésain72.
20Des conflits se produisirent, violents parfois, entre les milices et le pouvoir séculier pour l’attribution des legs testamentaires. Différentes compositions de la première moitié du XIIIe siècle envisagent pareille éventualité en organisant, pour la partie qui s’estime lésée, la possibilité d’un recours judiciaire pour dénoncer l’offrande qu’elle juge être le fruit d’une tromperie73. Plusieurs affaires montrent jusque dans les décennies centrales du XIIIe siècle que de telles disputes eurent une existence autre que virtuelle, ainsi que l’atteste en 1257 la lutte difficile opposant l’Hôpital au monastère prémontré d’Aguilar de Campoo au sujet de la dépouille de Ruy Pérez de Villegas74. Il est significatif que ce soit là le dernier cas documenté. Aucun acte ne vient plus ensuite illustrer un conflit intéressant des droits de sépulture où un ordre militaire serait partie prenante. De façon remarquable, lorsque, dans les années 1330, Juan Ruiz critique dans le Libro de Buen Amor la rapacité des ecclésiastiques, toujours prompts à se précipiter au chevet des mourants pour se disputer leurs dernières volontés, les membres des milices sont épargnés75. C’est aux moines, aux frères mendiants et aux séculiers que s’en prend la satire, comme si l’office les concernait seuls et excluait Santiaguistes ou Hospitaliers, relégués en quelque sorte en marge de l’économie de la grâce.
Le relâchement des liens de confraternité
21Plus encore qu’à travers les donations pieuses, la dévotion inspirée par les ordres militaires s’exprimait dans la société castillane à travers diverses formes d’association permettant notamment aux laïcs de prendre part à la vie religieuse de ces institutions sans pour autant en être membres. L’importance du phénomène n’a pas échappé aux érudits de la période moderne et tout d’abord à Francisco de Rades, qui souligne les liens de plusieurs personnages essentiels de la société politique avec Santiago ou Calatrava76. Une première explication en a même été proposée au milieu du XVIIe siècle par l’archiviste de Calatrava, Antonio de León, qui note, en marge de sa transcription de l’acte de dédition d’un artisan de Medinaceli, qu’il existe dans le fonds nombre de documents de ce type, consacrant l’entrée dans la familiarité de la milice de fidèles qui abandonnaient une partie de leurs biens, généralement le cinquième, pour se concilier les grâces spirituelles des frères77. Quoique réductrice — elle omet en effet le poids des motivations matérielles visant un profit immédiat78, sur lesquelles les historiens modernes ont insisté avec raison79 —, cette définition n’en constitue pas moins une première approche remarquable d’un phénomène qui, malgré son ampleur, demeure aujourd’hui encore assez mal connu.
22En effet, la terminologie des actes permet difficilement de différencier les diverses formes d’association80. Habilement, Francesco Tommasi a proposé de distinguer deux catégories parmi les laïcs prenant part à la vie spirituelle des ordres, selon l’étroitesse de leur lien avec l’institution81. Il sépare ainsi ceux qu’il appelle les internes — entrés en familiarité en vertu d’un acte de dédition, défini comme traditio anime et corporis et caractérisé par la combinaison de deux types de donation, l’offrande de la personne et la remise d’un présent82 — des externes, qui bénéficient eux aussi de la protection de l’Ordre mais vivaient hors de ses maisons et n’envisageaient pas la conversion comme éventualité. La distinction aide à mon sens à mieux cerner l’opposition que pose l’historiographie espagnole entre donnés et confrères83. Utilisée en Castille comme facilité de langage dans la mesure où, à la différence de l’Aragon, le premier des deux mots n’y est pas attesté84, elle recoupe toutefois une frontière réelle dans les sources entre les confrères d’ordre et les confrères de sépulture85, associés à la milice en vertu d’un tien plus lâche qui n’impliquait en rien une future profession86 et dut même, dans un cas, être renouvelé87.
23De telles formes d’association étaient largement répandues dans la société castillane pendant le premier siècle d’existence des ordres militaires, en particulier dans la noblesse, à laquelle les sources sont plus particulièrement sensibles. Le fait n’est guère surprenant. Il traduit la réception favorable de ces institutions à l’échelle de l’aristocratie occidentale88, dont témoigne, au début du XIIIe siècle encore, l’exemple de Guillaume le Maréchal, entré dans la confraternité du Temple alors qu’il combattait en Terre sainte89. Il est difficile d’estimer l’ampleur de la diffusion d’un tel usage. Sa fréquence se déduit cependant de la décision d’Innocent III de le condamner comme relevant d’une conduite simoniaque capable de mettre en péril les privilèges diocésains90. Malgré cela, en Castille comme ailleurs, cette pratique persista largement. Plusieurs documents attestent ainsi du désir de fidèles, en majorité nobles, d’être inhumés dans une église d’ordre militaire, tel Ruy Fernández de Villalobos, qui fait acte de dédition en 1227 en faveur de l’Hôpital91. À la même époque, les trois comtes de Lara sont décrits comme animés d’une volonté similaire92 et, à la génération suivante encore, les fils de Ferdinand III témoignent par leurs engagements respectifs de la force de ce courant de dévotion dans les décennies centrales du XIIIe siècle93.
24Il semble cependant que cette période marque précisément l’apogée du mouvement d’association des laïcs aux ordres militaires. À cet égard, l’étude que Carlos Barquero Goñi à consacrée à l’Hôpital castillan confirme le sentiment général qui se dégage des analyses globales plus anciennes effectuées pour Santiago ou pour Calatrava94. Comme en Aragon et en France méridionale95, le rythme des entrées dans la familiarité des ordres s’inverse rapidement durant la seconde moitié du XIIIe siècle. Jamais les mentions de donnés et de confrères ne disparaissent tout à fait de la documentation. On peut en relever plusieurs cas jusqu’au milieu du XXIVe siècle, comme ceux de Lope Rodríguez de Rojas ou de Guillem de Rocafull, qui font don de leur personne à Calatrava en 1297 et 1318 respectivement96. Il convient néanmoins de ne pas se méprendre sur leur sens. Plus que d’une pratique amplement diffusée dans la société castillane, ces exemples témoignent désormais de choix individuels : d’une norme, ils en sont venus en moins d’un demi-siècle à constituer l’exception, ainsi que le reflètent les chroniques d’époque moderne qui s’attachent aux ordres militaires97.
25La célérité du processus mérite à mon avis d’être soulignée. En l’espace de deux générations, le changement est particulièrement brutal. Le fait ressort clairement de l’étude d’une famille de la petite noblesse léonaise, les Morán, étroitement associée à l’Hôpital lorsqu’elle émerge dans la documentation du monastère de Carrizo au cours du premier quart du XIIIe siècle (voir généalogie 1, p. 116). Peu après 1218, Morán Pérez est dit figurer, comme son père avant lui, au nombre des confrères de l’Ordre : avec sa femme, Elvira Arias, issue d’un lignage proche des Froilaz et lui aussi lié à l’Hôpital, dont son frère Pedro Ovárez deviendra grand commandeur98, ils promettent de laisser à leur mort le quart de leurs biens à la milice99. Rien ne prouve cependant qu’ils aient respecté leur engagement : ensevelis tous deux dans la cathédrale d’Astorga100, ils ne semblent pas avoir fait de legs à l’Hôpital, à en juger par le testament souscrit en 1252 par Elvira Arias101. Avec la disparition du couple s’interrompt la tradition d’association des deux lignages à l’Hôpital. Leur fils unique, Gonzalo Morán, futur merino mayor de León au début du règne d’Alphonse X102, passe en effet en septembre 1247 pour être confrère du Temple103. Il n’est pas acquis toutefois qu’il ait entretenu ce lien dans la mesure où celui-ci n’est plus mentionné par la suite et où sa motivation est clairement d’obtenir de l’institution le contrôle de la ville de Huerga, selon un procédé similaire à celui dont il devait user en 1280, au soir de sa vie, pour que les frères d’Alcántara lui cèdent leurs terres de Valdesandinas104, sans que joue un quelconque sentiment de piété105.
26Il est significatif qu’au fil du temps, dans les actes de dédition, l’accent se déplace de raisons essentiellement spirituelles, même si une contrepartie est parfois évoquée, à des considérations auxquelles la dévotion apparaît pratiquement étrangère. À partir de la fin du XIIIe siècle prédominent, parmi les confrères des ordres militaires, les individus que les actes nomment paniaguados afin de rappeler, comme l’a souligné Santos García Larragueta pour le prieuré navarrais de l’Hôpital, qu’ils dépendent dans leur subsistance du pain et de l’eau qu’ils reçoivent de l’institution106. Jusqu’alors, c’étaient surtout les criados qui vivaient ainsi de la merci de l’Ordre107. Peu à peu, leur position paraît ainsi se fondre avec celle des confrères, pour lesquels la garantie d’une sécurité matérielle jouait un rôle toujours plus décisif108. En Castille, contrairement au cas de la Navarre, l’emploi du terme paniaguado demeure jusqu’aux années centrales du XIIIe siècle le monopole de la chancellerie royale109. L’usage courant adopte cependant comme synonyme le mot confreyre, comme l’atteste la dédition d’un couple de petits propriétaires de Pancorbo, Fernán García de Frías et María Díaz, qui semblent en 1305 réduits à un tel état de pauvreté que l’Hôpital s’engage à les aider en accueillant la mère de la consoeur dans l’institution et en leur remettant à titre viager, en plus d’une provision annuelle partiellement exprimée en nature, quatre mille maravédis destinés à acquitter les dettes qu’ils avaient contractées par le passé110.
27Plus sûrement encore que le recul quantitatif de la pratique d’association à un ordre militaire, le changement de sens de cet acte au seuil du XIVe siècle semble traduire une détérioration de l’image religieuse de ces institutions dans l’opinion. C’est ce que montre l’évolution du lien entre Santiago et le lignage Manuel, issu du plus jeune fils de Ferdinand III111. Au milieu du XIIIe siècle, l’infant Manuel témoigne une piété profonde pour l’Ordre, en faveur duquel il intercède, notamment auprès d’Alexandre IV, en 1260, afin que la milice puisse entretenir à Rome un chevalier qui prenne soin de ses intérêts112. Une telle dévotion l’amène, selon une pratique que je disais fréquente pour sa génération, à entrer dans la familiarité de l’institution en compagnie de son épouse Constance d’Aragon113 : le 8 janvier 1261, tous deux se déclarent confrères de Santiago et, en tant que tels, promettent de se faire inhumer à Uclés, laissant à l’Ordre vingt-cinq mille maravédis afin de doter quatre chapellenies. Fidèle à son engagement, l’infant décida à sa mort, survenue à Peñafiel en 1283 — à Noël s’il faut en croire son fils114 —, que son corps rejoindrait le couvent castillan de Santiago, révélant toute sa piété pour un ordre dont il avait fait de son vivant comme dans la mort son intercesseur privilégié115.
28À l’instar de son père, Juan Manuel manifeste lui aussi une réelle dévotion pour Santiago. En 1314, présent à Uclés peu après Noël afin de célébrer la mémoire de son progéniteur, il donne à l’Ordre plusieurs maisons situées à Madrid et un village de son terroir116. Sept ans plus tard, il intervient à son tour auprès du pape afin que celui-ci prête attention à la justification des Santiaguistes dans le différend qui les oppose à l’Hôpital au sujet de la dévolution des biens du Temple en Castille117. Les actes et les écrits de Juan Manuel ne laissent aucun doute sur la valeur que celui-ci accordait aux ordres militaires, qu’il rangeait au nombre des institutions les plus propices à conduire l’homme au salut118. Parmi les milices, il semble même qu’il éprouvait une considération particulière pour Santiago, dont il affirmait à Jacques II d’Aragon qu’aucune autre forme de vie régulière ne saurait mieux convenir au fils d’un roi119. Dans ces conditions, il me paraît tout à fait significatif que Juan Manuel n’ait pas fait le choix, à la différence de son père, d’entrer dans la confraternité de la milice et qu’il ait même contrevenu au désir de ce dernier, qui voulait fonder a Uclés une nécropole pour son lignage120.
29Le fait est lié à la concurrence des ordres mendiants, plus particulièrement des Dominicains, qui, malgré le penchant de Juan Manuel pour Santiago, l’emportèrent dans son esprit au moment où il élut un médiateur privilégié avec l’au-delà121. Déjà, l’infant Manuel avait manifesté sa dévotion pour les frères prêcheurs en favorisant dans son testament leur couvent de Murcie122. Si Juan Manuel reprend à son compte l’inclination paternelle, c’est toutefois avec une tout autre ampleur123. Le témoignage le plus connu sur la relation de piété qu’il entretient avec les Dominicains se trouve dans le chapitre final du Libro de los estados, d’une longueur inusitée, dans lequel s’exprime pleinement sa confiance dans la qualité de l’intercession des Mendiants124. S’il est le plus important, il n’en est pas pour autant le seul, et d’autres preuves de la ferveur de Juan Manuel pour l’institution dominicaine pourraient être trouvées en abondance tant dans ses écrits125 que dans sa pratique, en particulier dans sa décision d’être enterré dans le couvent de l’Ordre qu’il avait fondé en 1320 dans sa ville de Peñafiel126.
30Bien qu’elle devienne manifeste à partir du milieu du XIIIe siècle, l’érosion de l’image spirituelle des ordres militaires, particulièrement évidente quand on la compare avec la faveur dont à la même époque bénéficient les Mendiants, n’implique aucunement une quelconque négation de leur rôle de médiation127. Pas un instant, les écrits de Juan Manuel le montrent bien, ne fut véritablement mise en doute la faculté des ordres militaires d’intercéder avec l’au-delà. L’interrogation porte plutôt sur l’efficacité de cette médiation, dont la plupart des fidèles considéraient après la seconde moitié du XIIIe siècle qu’elle n’était plus suffisante. La transformation qui se produisit alors dans le domaine du sentiment religieux portait en elle une attente approfondie, faite en particulier d’une demande nouvelle en termes de spiritualité. À ce titre, elle appelait d’autres intercesseurs, capables de mener à bien une mission pour laquelle les ordres militaires étaient considérés comme mal adaptés.
II. – Un décalage par rapport aux attentes nouvelles
31La raison essentielle de l’affaiblissement du rôle des ordres militaires dans l’économie de la grâce réside dans le rapport que leurs membres entretenaient avec la culture. Il ne fait aucun doute que cette relation n’est plus, à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, celle qu’attendent la plupart des fidèles. Ce n’est pas le fait du hasard si, recommandant à son fils l’ordre des Dominicains, Juan Manuel justifie cette préférence en insistant sur la remarquable préparation culturelle des frères128. Pour réussir la médiation avec l’au-delà, le savoir apparaît de plus en plus comme une condition nécessaire. Une telle évolution n’était nullement favorable aux ordres militaires qui, s’ils ne formaient pas des corporations aussi hostiles à la connaissance que l’historiographie l’affirme encore volontiers, pouvaient difficilement passer pour les dépositaires d’une spiritualité particulièrement recherchée129.
Une ouverture croissante à l’écrit
32Il est d’usage, lorsque l’on discute du niveau culturel des frères des ordres militaires, de le décrire comme extrêmement bas. Ainsi, Derek Lomax, dans son étude pionnière sur Santiago, présente les membres comme autant d’analphabètes, à l’exception de rares clercs seuls capables de maîtriser la lecture et l’écriture130. De même que les frères des autres ordres militaires, les Santiaguistes sont réputés former un groupe fermé au savoir et même hostile à certaines de ses manifestations et, de ce fait, considéré comme inférieur par le reste de l’état ecclésiastique, qui estime participer d’une vocation plus élevée en termes spirituels131. Malgré son caractère extrême voire exagéré, cette opinion, confortée par l’image classique de frères avant tout soucieux de combattre les musulmans, s’est imposée à la plupart des historiens, qui l’ont reprise sans toujours chercher à la vérifier avec tout le soin nécessaire, si bien qu’elle a fini par se transformer en un lieu commun de la recherche132.
33Quelques auteurs, philologues pour la plupart, se sont insurgés contre cette vision, qu’ils estiment trop réductrice, jusqu’à prétendre l’inverser. Il convient à ce titre de mentionner le crédit accordé par Enrique Gallego Blanco à l’existence supposée, à la fin du XIIIe siècle, d’un studium generale à Uclés, où aurait été instruit, en compagnie de ses frères, Tello Téllez de Meneses, lequel, une fois devenu évêque de Palencia, se serait inspiré de ce modèle pour fonder une institution similaire dans son diocèse133. Plus récemment, il a été suggéré que le Libro de los doze sabios serait en réalité un traité écrit dans les milieux santiaguistes pour contribuer à l’éducation du futur Alphonse X134. Pareilles hypothèses me semblent toutefois difficiles à soutenir : la première, parce qu’elle suit sans la moindre distance une légende créée de toutes pièces au XVIIIe siècle en vue de parer Pedro Fernández, le fondateur de Santiago, des vertus nécessaires à sa béatification135 ; la seconde, car elle se fonde, en dépit de son aspect séduisant, sur des bases par trop fragiles en l’état actuel de nos connaissances136.
34Fout effort pour rendre compte avec précision du niveau culturel des frères des ordres militaires bute, comme l’a souligné Alan Forey, sur la difficulté de définir un critère objectif137. Retenue pour l’époque moderne, la capacité à écrire son nom ne peut pas être utilisée pour le Moyen Âge comme l’indice de la possession d’une culture minimale. Il existe bien quelques autographes de frères, notamment pour le début du XIVe siècle138, mais il est impossible de tirer de leur nombre un quelconque enseignement dans la mesure où, dépourvus de valeur probatoire, ils n’étaient pas requis de manière systématique, à la différence des témoignages ou du seing manuel de l’officier public, employé de façon croissante à partir du milieu du XIIIe siècle139. Force est de s’en remettre aux rares informations, éparses dans les sources, qui soulignent l’inculture des membres des ordres militaires. En 1236, le maître et les frères d’Avis sont ainsi obligés de recourir à leur chapelain d’Évora pour souscrire un document qu’aucun d’eux n’est en mesure de signer140. Près d’un siècle plus tard, le supérieur de Santiago, García Fernández, semble tout aussi inculte, étant incapable de comprendre le latin141 comme d’écrire et, selon toute vraisemblance, de lire le castillan142.
35Il faut cependant, à mon sens, se garder de prendre la partie pour le tout en exagérant la portée de documents isolés qui traduisent une situation extrême. Il est patent, au vu de la documentation conservée, que la familiarité des ordres militaires avec l’écrit progresse à partir du XIIIe siècle143. Consignés sur parchemin, les actes de donation et les privilèges dont bénéficient ces institutions exigent, en vue d’être opposés à d’éventuels contradicteurs, un soin qui a conduit les frères à développer un système de conservation144. Sans présenter encore une élaboration comparable à celle des dépôts de la fin du Moyen Âge, que décrivent les inventaires les plus anciens, des archives furent organisées dans la plupart des milices à partir de la première moitié du XIIIe siècle145. En 1211 est attestée au couvent santiaguiste d’Uclés l’existence d’un armarium tesauri où était déposée la copie d’un document dénombrant les rentes de l’hôpital de Santa María de las Tiendas146. Dans ce lieu, comme à Calatrava, s’était développée une pratique assez courante de dépôt147 qui, dès le milieu du XIIIe siècle, paraît suffisamment sûre pour que plusieurs membres du lignage royal y laissent leurs titres personnels, tels Jeanne de Ponthieu, seconde femme de Ferdinand III, ou l’infant Enrique148, issu du premier mariage de ce dernier.
36Il serait erroné de restreindre la circulation de l’écrit à l’intérieur des ordres militaires au cercle étroit de frères en contact direct avec les archives. Pour des raisons d’efficacité judiciaire apparaît en effet à plusieurs reprises dans les sources une clause spécifiant qu’un document donné devrait être conservé dans le lieu même auquel il se rapportait. Tel est le cas du partage des rentes de l’hôpital de Santa María de las Tiendas, déjà évoqué, pour lequel l’un des deux exemplaires de la charte-partie est envoyé sur place depuis Uclés. Tel pouvait être également le cas pour des actes dont aucune trace n’est conservée dans les archives centrales, comme cet accord conclu en 1243, à l’initiative du grand commandeur de l’Hôpital, qui régissait l’utilisation des moulins de la baylie d’Olmos par les habitants d’Illescas149. De pareilles pratiques supposent chez les frères chargés de l’administration locale la capacité, sinon de lire les documents, du moins de les comprendre et de les utiliser à bon escient. Bien sûr, il ne faut pas exagérer la complexité de tels actes, ainsi que l’a bien signalé Alan Forey150, mais la fréquence des conflits et des contestations où des frères se trouvent partie prenante atteste qu’au moins un certain nombre d’entre eux disposaient d’aptitudes intellectuelles plus larges que l’historiographie ne l’estime en règle générale151.
37Il s’en faut de beaucoup que l’usage croissant de l’écrit réponde seulement à des nécessités externes. L’administration des milices, telle qu’elle ressort des statuts conservés, en fait une utilisation courante à partir du milieu du XIIIe siècle. Des visites régulières de chaque commanderie, confiées à deux dignitaires par province, sont ainsi prévues dans la plupart des définitions santiaguistes édictées par Pelayo Pérez Correa, sans que l’on sache, faute d’un procès-verbal, quelle forme prenait la relation152. De la même manière, à compter de 1259, un inventaire écrit est exigé de chaque frère au moment de recevoir et d’abandonner la gestion d’une baylie153. Une pratique similaire semble également avoir eu cours dans les ordres de filiation cistercienne au début du XIVe siècle, où une série suivie de textes normatifs permet de mieux saisir les principes de leur organisation154. Progressivement systématisée, elle se transforme bientôt en une reddition de comptes annuelle destinée à informer le maître des revenus de l’institution qu’il dirigeait155 : l’écrit devient ainsi un élément essentiel, sinon indispensable, du quotidien des ordres militaires156.
38Dicté en priorité par des nécessités administratives, le recours des ordres militaires à l’écrit ne se limitait pas à la gestion de leur patrimoine. Il faut en effet souligner que le livre a connu en leur sein une diffusion supérieure à ce que laissait entendre Derek Lomax sur la foi de l’inventaire du couvent d’Uclés, réalisé en 1860, en application des lois d’abolition des biens de mainmorte157 : à peine une vingtaine des volumes saisis datent du Moyen Âge, dont un seul du XIIe siècle et six du suivant, tous de caractère religieux158. On ne saurait cependant considérer qu’il s’agit là de la totalité du fonds conventuel, qui devait être d’une tout autre ampleur. Il suffit pour s’en convaincre de rapprocher ce chiffre réduit de la demi-douzaine de livres mentionnés dans l’inventaire du patrimoine de Santa Olalla, une très modeste commanderie de Calatrava dans la Rioja, dont les propriétés et les biens sont décrits avec soin en 1289, lorsque l’Ordre cesse de l’exploiter en faire-valoir direct pour la donner à ferme159. Comme à Uclés, on ne trouve que des ouvrages liturgiques, mais audelà de ce constat, leur présence dans un lieu aussi éloigné du couvent central est un indice intéressant de la diffusion du livre au sein des ordres militaires160.
39Malgré la suprématie absolue des volumes de caractère religieux dans les rares fragments d’inventaires qu’offrent les sources avant le milieu du XVe siècle, rien n’interdit de penser que d’autres ouvrages aient pu circuler concurremment. Il ne m’a pas été donné d’identifier en Castille pour les XIIIe et XIVe siècles l’un de ces storials dont Joaquim Miret i Sans a montré la présence dans certaines commanderies catalanes du Temple à partir des inventaires réalisés par Jacques II au moment de la dissolution de l’Ordre161. De pareils volumes n’apparaissent pas dans la documentation castillane avant la fin du Moyen Âge, où, par exemple, cinq livres d’histoire anciens sont gardés dans l’église santiaguiste de Santa María de Mérida162.Il s’en faut alors néanmoins de beaucoup qu’ils traduisent un goût nouveau parmi les membres des ordres militaires, lesquels, s’ils n’ont pas développé une véritable réflexion historiographique avant le XVIe siècle, ainsi que l’a justement observé Derek Lomax163, ont manifesté de longue date une profonde curiosité pour leur propre passé164.
40L’effort déployé dès le Moyen Âge par les ordres militaires pour rendre compte - de leur histoire, pour en instruire les frères et en jalonner le déroulement de repères chronologiques précis a suscité une littérature dont le caractère fragmentaire ne doit pas occulter l’importance165. Encore largement méconnu, ce discours semble intéresser davantage l’Hôpital et Santiago que les ordres de filiation cistercienne, sans qu’il soit possible d’établir exactement ce qui, dans ce constat, résulte d’une situation de fait ou découle au contraire des lacunes de la documentation166. D’ambition limitée, les travaux historiques produits au sein des milices à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle offrent souvent un aspect faiblement construit et n’utilisent pas la documentation d’archives. Cependant, qu’il s’agisse de pièces courtes — annales167 et listes de maîtres168 — ou de récits plus fouillés, traitant invariablement de l’origine de l’institution, tel le célèbre Cronicón de Uclés169, ils manifestent l’ouverture à l’écrit des milices, dont certains membres témoignent, à l’aube du XIVe siècle, d’attentes ou même d’aptitudes intellectuelles croissantes.
Le développement d’une culture juridique
41L’attente culturelle des membres des ordres militaires s’oriente en grande partie vers le champ juridique, conformément à un modèle largement diffusé dans le clergé de l’époque170. Jusqu’à la fin du XIIIe siècle, l’investissement des frères dans les procès intéressant leur institution reste très rare. Certes, à plusieurs reprises, pour l’Hôpital et pour Santiago notamment, sont attestés des procureurs issus de l’Ordre, tels Pedro Pérez, grand commandeur de León, qui en 1225 est chargé de protéger les intérêts santiaguistes contre l’évêque de Zamora171, et Armildo García, mandaté huit ans plus tard parle chapitre de l’Hôpital pour entrer en possession de la donation d’une consœur172. La délégation confiée à ces procureurs est cependant limitée dans sa nature aussi bien que dans sa durée : soumise au contrôle rigoureux de l’institution, elle est réalisée ad hoc, c’est-à-dire en vue d’un but préalablement défini173. Privés de continuité dans leur charge et bien souvent d’initiative, ces mandataires sont de simples instruments aux mains de leur ordre plus que des spécialistes du droit dotés d’une véritable formation, comme le montre en plusieurs cas l’intervention d’un juriste à leurs côtés174.
42Jusqu’à la fin du XIIIe siècle, il est impossible aux ordres militaires de se passer, pour la conduite de leurs affaires, du concours d’experts dotés de connaissances juridiques175. Dans les procès abondent en effet les références à des jurisperiti, qui pour la plupart étaient des clercs formés au droit canon et au droit romain dans les écoles italiennes et en premier lieu à Bologne176. Engagés à l’occasion d’un plaid ou, plus rarement, pour une durée indéterminée, tel Martín Yáñez, chanoine de Lugo, auquel le prieur de Vilar de Donas demanda en 1274 d’être l’avocat du couvent, ils étaient salariés par les institutions qu’ils servaient, ou même, comme dans ce dernier cas, rétribués par la concession d’un bénéfice viager177. Fréquemment utilisés en Castille, ces professionnels du droit étaient également chargés d’assurer, le plus souvent en période de crise178, la représentation des ordres militaires auprès de la cour pontificale179, où leur action rejoignait celle des cardinaux protecteurs que chaque institution s’efforçait, à prix d’argent si nécessaire180, de se concilier pour obtenir la faveur du Saint-Siège181.
43Ce système commence à se modifier très sensiblement dans la seconde moitié du XIIIe siècle, notamment dans le cas de Santiago, auquel Innocent IV puis Alexandre IV accordent l’autorisation d’entretenir un frère à la Curie182. L’Ordre, fort de ce privilège, semble avoir cherché à lui donner une dimension statutaire en prévoyant en 1274 d’instituer, tant à Rome qu’auprès du roi, des procureurs appelés à demeurer en poste pendant quatre ans183. Reprise dans les statuts de Juan Osórez en 1310, du moins en ce qui regarde la cour de Castille184, cette disposition n’a très probablement pas produit de façon immédiate l’effet escompté185, car cette même année le maître Diago Muñiz dut mettre en gage quatre châteaux de l’Ordre pour financer l’envoi de procureurs auprès du pontife186. Néanmoins, elle atteste à mon sens la capacité croissante des frères à conduire leurs propres affaires. Le recours à des juristes extérieurs ne disparaît pas pour autant. Couramment utilisé encore par les ordres de filiation cistercienne à la fin du XIIIe siècle187, il perd toutefois son caractère de pratique majoritaire pour n’être plus ensuite employé que de manière ponctuelle par l’Hôpital188 ou, très exceptionnellement, par Santiago189.
44À partir des premières années du XIVe siècle se multiplient les références à des procureurs issus des ordres militaires. Le fait ne saurait seul être retenu comme la preuve du progrès de la culture juridique au sein de ces institutions. James Brundage a justement objecté que rares sont les indices d’une préparation intellectuelle des frères avant la seconde moitié du XIVe siècle190. Ceux d’entre eux qui portent un titre universitaire sont en effet l’exception. En cela, les sources castillanes confirment pleinement l’impression globale. L’unique membre d’un ordre qu’il m’ait été possible d’identifier comme magister, c’est-à-dire comme ayant acquis un grade universitaire, est, au milieu du XIIIe siècle, le prieur d’Uclés Pedro Fernández191. Ce titre ne s’est pas répandu dans les ordres militaires avant la toute fin du XIVe siècle. Pour l’Hôpital, Alfonso Martín de Canellas, commandeur de Santa María de la Horta, est en 1392 le premier docteur en droit canon attesté dans le prieuré de Castille192. Le fait ne prouve cependant pas que d’autres avant lui n’aient pas accompli d’études, soit que leur trace ait disparu, soit qu’ils ne les aient pas poursuivies jusqu’au grade suprême.
45La rareté des docteurs ne peut en tout cas être considérée comme l’indice de l’absence de formation juridique des frères des ordres militaires. De nombreux éléments attestent au contraire la compétence aiguë de plusieurs d’entre eux193. À la charnière des XIIIe et XIVe siècles disparaît en effet le principe de la procuration ad hoc. Lorsqu’ils sont conduits par un membre de l’Ordre, les procès le sont désormais par un frère spécialisé dont le champ d’initiative n’est plus restreint à une affaire unique. Des carrières de procureurs se mettent en place, qu’il est possible de suivre sur le long terme, près de dix ans pour Per Aznárez, au service du maître de Santiago Juan Osórez dans la première décennie du XIVe siècle194, voire plus de vingt ans pour Alfonso Gómez, proche collaborateur du supérieur de Calatrava Juan Núñez de Prado195. L’évolution requiert des titulaires une formation juridique solide car, chargés de plusieurs affaires196, ils sont amenés à intervenir devant des cours différentes et à défendre, le cas échéant, les intérêts de leur ordre contre des professionnels du droit expérimentés197.
46Il apparaît donc que les ordres militaires se sont particulièrement préoccupés, à l’instar du clergé de l’époque, de maîtriser le droit, ce qui constituait pour eux la meilleure garantie de conserver leur patrimoine. L’entrée de juristes dans ces institutions eut plus d’impact que ne l’a prétendu Derek Lomax, qui en a fait pour Santiago un simple cas d’école198. L’usage est en effet documenté pour d’autres ordres, notamment chez les Teutoniques à partir de la première moitié du XIVe siècle199. Il est également attesté en Castille, comme le montre l’exemple d’un habitant de Cordoue, Alfonso Martínez, criado de Calatrava, mandaté en 1338 par le maître pour obtenir des autorités de la ville la copie autorisée d’un privilège royal200 : six ans plus tard, il apparaît dans ce même rôle, paré du titre d’obrero de Calatrava201, l’une des principales dignités accessibles aux clercs dans le couvent central à l’entretien duquel il est affecté202. Un tel souci du droit est l’indice de la faveur nouvelle accordée aux hommes de science dans les ordres militaires, dont prennent acte les définitions de Calatrava de 1383, qui pour la première fois font du savoir un critère de préséance entre les frères203.
47Le profil de ces juristes appelés à remplir à partir du premier tiers du XIVe siècle un rôle croissant à l’intérieur des milices peut être plus facilement cerné à partir de l’exemple de Pedro López de Baeza. Celui-ci est l’auteur des Dichos de los Santos Padres, un bref traité, destiné à l’instruction des frères de Santiago, où il se présente comme commandeur de Mohernando et de Canena et procureur de l’Ordre à la cour pontificale d’Avignon204. En accord avec le titre qu’il porte, la quasi-totalité des informations réunies à son sujet touche de près à ses activités juridiques. Sa formation en droit nous échappe toutefois et, en l’absence de tout document l’identifiant comme maître, il n’est d’autre solution que de reprendre l’avis de Derek Lomax selon lequel il n’a pas dû recevoir un enseignement universitaire complet205. Pour autant, son savoir juridique paraît solide, comme l’attestent les responsabilités qui lui furent confiées, l’amenant à défendre les intérêts santiaguistes auprès de la papauté206 mais également devant différentes cours souveraines, en particulier au Portugal, où il fut en 1327 chargé par le maître Vasco Rodríguez d’obtenir des frères du prieuré, conformément aux injonctions pontificales, qu’ils renoncent à leur scission et reviennent à l’obédience castillane207.
48Il ne fait à mon sens aucun doute que les connaissances juridiques de Pedro López de Baeza ont servi sa carrière au sein de Santiago. Derek Lomax le laissait déjà entendre, qui le supposait d’origine modeste208. Il faut toutefois nuancer cette affirmation sur la base du témoignage de Gonzalo Argote de Molina, qui dans son nobiliaire reproduit le testament que Pedro López de Baeza, alors commandeur de Bedmar, aurait passé le 9 février 1351, mentionnant son appartenance à un lignage noble de Baeza d’origine basque, les Berrio, dont l’ancêtre éponyme, Ruy Díaz de Berrio, aurait joué un rôle essentiel dans la conquête de la ville un siècle auparavant209, S’il ne faut pas accréditer l’idée d’un homme parti de rien, c’est cependant son talent, plus que sa naissance, qui a dû jouer au moment de lui attacher la faveur des maîtres García Fernández et Vasco Rodríguez, auxquels il se réfère dans la préface de son traité210. Le signe le plus évident de ces bienfaits est l’office de chambrier que Pedro López de Baeza exerce auprès du maître à l’été 1332, lorsqu’il lui faut obtenir que l’evêque de Cordoue indemnise Santiago qui, nous l’avons vu, assume depuis deux ans la défense de Lucena211.
49Mais, plus encore qu’au sein de Santiago, c’est dans la carrière que Pedro López de Baeza entreprit à la Curie avignonnaise que ses aptitudes juridiques durent s’avérer décisives. Cet aspect de son parcours reste méconnu du fait que Derek Lomax ne l’a pas clairement perçu. Ce dernier évoque bien sûr la disparition de Pedro López de Baeza des sources castillanes après 1329, en fait de trois ans plus tardive, mais dit ne pas être en mesure de retracer la suite de sa carrière212. Or, il est tout à fait singulier qu’au moment où sa trace s’efface en Castille derrière celle de l’un de ses parents, Juan López de Baeza, atteste à partir de 1331 comme procureur de Santiago213, Pedro soit gratifié par Jean XXII d’une prébende dans l’Église de Jaén en 1332, puis d’une autre, l’année suivante, dans la cathédrale de Cordoue214. Ainsi, au soir de sa vie, il semble avoir réalisé une carrière à la Curie, qui l’amène à devenir le familier de Clément VI à en croire le titre que lui attribue, dans la requête qu’elle lui adresse, Urraca González, une riche habitante de Tolède qui espère obtenir l’appui du procureur de Santiago en vue d’arracher au pape la dispense légale indispensable à son mariage avec Gutierre Fernández de Toledo215.
Une formation spirituelle limitée
50Il n’est assurément pas possible d’invoquer un même développement pour la culture religieuse des membres des ordres militaires. À l’exception de rares clercs, elle reste, aux XIIIe et XIVe siècles, largement superficielle. La participation des frères à la célébration de l’office est essentielle : les différents statuts qui ont été conservés dénotent, à l’exemple des définitions de Calatrava, le souci constant de s’assurer de la correction des pratiques religieuses de chacun d’entre eux216. Pour autant, il convient de souligner, outre le fait que la répétition des mêmes normes incite à douter qu’elles fussent suivies avec rigueur, que le rôle assigné aux frères qui n’étaient pas clercs dans la vie religieuse des milices, notamment dans ses aspects liturgiques, est envisagé avant tout comme passif217 De façon significative, la règle de Santiago, aussi bien dans la version latine que dans son extension castillane du milieu du XIIIe siècle, insiste sur l’obligation de faire silence au cours de l’office218. La dimension personnelle de la prière n’est guère plus approfondie : faite quali devotione potuerunt219, elle est pour beaucoup de frères limitée à une simple récitation du Pater noster qui vise à suppléer les exercices spirituels plus complexes exigés des clercs220.
51Ainsi, pour nombre de frères, l’essentiel de la culture religieuse se bornait à la lecture de la règle et des statuts, presque toujours collective, et aux commentaires qui en découlaient. Dans l’opuscule qu’il destine à ses coreligionnaires, Pedro López de Baeza fait valoir le peu de temps personnel dont ils disposent pour s’instruire, occupés comme ils le sont à servir Dieu par les armes221. C’est sans doute la prise de conscience accrue d’une telle difficulté au début du XIVe siècle qui explique l’injonction, réitérée par de nombreux textes normatifs, de veiller à la bonne diffusion des statuts dans l’Ordre, qu’il soit prévu de les lire lors de la réunion du chapitre annuel222, ou que soit ménagée aux membres la possibilité d’en demander copie223. Le résultat de telles initiatives dut toutefois être limité. Comme l’a souligné Alan Forey, ni la règle ni les statuts n’ont fait l’objet d’une large audience224, ainsi que le prouve le faible nombre d’exemplaires aujourd’hui conservés : trois manuscrits, tous du XIVe siècle, pour le traité de Pedro López de Baeza225, autant pour les dispositions de Pelayo Pérez Correa226, un seul, plus tardif encore, pour les définitions de Calatrava du XIVe siècle227.
52Le défaut de formation religieuse des frères laïques ne doit pas surprendre. Il provient de ce que, pour eux, le service de Dieu revêtait en priorité une autre forme. Ainsi le rappelait Pedro López de Baeza dans les années 1330, lorsqu’il montrait ses frères tout entiers absorbés par la lutte contre l’Islam. Sa description s’inscrit dans une continuité parfaite par rapport à la règle primitive de Santiago : Tota sit omnium intentio ecclesiam Dei defendere, sarracenos impugnare228. Au XIVe siècle, un tel idéal restait vécu dans toute sa dimension sanctifiante. C’est ce que confirme un passage de la chronique portugaise d’Alphonse III, écrite à la fin du Moyen Âge à partir d’une tradition santiaguiste plus ancienne229. Au roi qui déplore la perte de plusieurs frères, tués devant Loulé, Pelayo Pérez Correa aurait ainsi répondu : « Seigneur, n’ayez pas de chagrin pour ceux qui sont morts, car ils ont bien fini en accomplissant leur service, et si la perte de chevaliers vous pèse, je peux sur l’heure en faire le même nombre230.» Il est donc clair que, jusqu’à une date tardive, les armes restèrent pour les frères laïques de Santiago, de même que pour ceux des autres ordres militaires, l’instrument naturel du service divin.
53Il ne fait aucun doute cependant qu’au sein de ces institutions, la formation spirituelle des clercs ait été plus élevée. À cet égard, il convient de nuancer le jugement de Derek Lomax déjà évoqué, selon lequel seule une minorité était en mesure de lire et d’écrire231. Rien ne permet de penser que les religieux aient eu quelque difficulté à assurer le service divin. Parfois utilisés en ce sens, les interrogatoires conduits lors du procès du Temple n’attestent rien de pareil en Castille. La plupart des couvents de clercs possédaient un atelier pour produire et copier des manuscrits. Tel est le cas d’Uclés, où un scriptorium était actif depuis le XIIIe siècle au moins232. C’est là que fut copiée en 1298 la Vulgate en quatre tomes, assortie des commentaires de saint Isidore, portée dans l’inventaire de 1860 et connue comme la Biblia de Uclés depuis son transfert à la Biblioteca Nacional de Madrid233. Il semble même qu’ait été instituée dès cette époque à Calatrava, sous la responsabilité du sacristain, une bibliothèque destinée à accueillir les volumes écrits sur place ou achetés ailleurs234.
54Dépositaires du savoir au sein des ordres militaires, les clercs se voyaient confier les tâches d’enseignement. Celles-ci intéressaient en priorité les recrues, astreintes en règle générale à une période probatoire d’un an235. Le noviciat est une réalité bien attestée dans la majorité des ordres à l’exception du Temple, où la profession était immédiate236, et de l’Hôpital, pour le prieuré castillan duquel l’information fait défaut, mais qui, peut-on penser, suivait probablement le même modèle237 ; en revanche, il est abondamment documenté tant pour les ordres de filiation cistercienne238 que pour Santiago, lequel, en dépit d’une opinion assez répandue239, ne resta pas étranger à cette pratique, comme le montrent plusieurs textes normatifs faisant état de frères occupés à apprendre la règle240 et, en particulier, un formulaire d’accueil des novices datant de la fin du XIVe siècle241. Il semble même que l’enseignement dispensé par les clercs ne se soit pas limité aux seuls novices. Pour Santiago notamment, la règle fait allusion au devoir d’instruire les enfants des frères jusqu’à l’âge de quinze ans242. Il est toutefois permis, en l’absence de toute référence ultérieure à cette obligation, de douter de son application effective243 et, plus encore, de son extension aux fils de l’aristocratie que certains auteurs continuent à évoquer sur la foi des récits légendaires compilés au XIIIe siècle par José López Agurleta244.
55Si rien n’autorise à douter de la qualité de la formation religieuse des clercs des ordres militaires, apparemment jugée suffisante par Jean XXII qui en 1317 confia à dix frères conventuels de Calatrava l’instruction des membres de la nouvelle milice de Montesa245, il me paraît important d’en bien marquer les limites. Aucun goût particulier ne leur est connu en Castille pour la réflexion théologique ou la philosophie naturelle, alors dominante246. Sur ce point, la situation péninsulaire vérifie pleinement la norme connue à l’échelle du reste de l’Occident247. Il n’est guère qu’une exception qui puisse être invoquée : Hermann l’Allemand, un traducteur d’Aristote ayant probablement exercé à Tolède, vanté pour la qualité de ses travaux par le franciscain Roger Bacon248 et dont Jaime Ferreiro Alemparte a postulé qu’il était un Teutonique venu en Espagne avec le maître Hermann von Salza en 1222 ou en 1231 et installé dans la maison de l’Ordre à Higares, proche du Tage, où il aurait écrit ses œuvres249. Il faut toutefois observer que, malgré la certitude qui anime l’historien espagnol, l’appartenance à l’ordre teutonique du religieux, fait en 1266 évêque d’Astorga par Clément IV250, demeure une hypothèse extrêmement discutable251.
56Celle-ci ne saurait en tout cas, du fait même de son caractère exceptionnel, remettre en cause l’idée communément admise qui veut que les clercs des ordres militaires avaient pour la plupart une formation intellectuelle limitée. Comme l’a signalé Alan Forey, il est difficile de préciser le degré exact de leur culture religieuse tant les sources sont peu loquaces252. Toutefois, ce silence n’est pas total. En effet, les Dichos de los Santos Padres, rédigés par Pedro López de Baeza pour l’instruction des Santiaguistes, comportent des éléments permettant d’évaluer la formation spirituelle de leur auteur, lequel, nous l’avons vu, était à son époque l’un des juristes les plus capables de l’Ordre. Dans la préface de son œuvre, Pedro López de Baeza précise avoir tiré les conseils qu’il donne à ses frères de plusieurs livres écrits par les apôtres, les Pères de l’Église ou par des philosophes de renom253. Une lecture rapide du traité confirme apparemment la multiplicité des sources auxquelles Pedro López de Baeza dit avoir puisé car en l’espace de quelques pages apparaissent soixante-quinze citations, dont plus des trois quarts peuvent être identifiées (voir le tableau 4 ci-dessous).
57Il est remarquable qu’au sein des références exploitées par Pedro López de Baeza, aucune des catégories de la culture médiévale ne soit oubliée. Il en résulte un équilibre général qui, derrière le primat de la Bible, représentée notamment par le Livre de la Sagesse et les Évangiles, fait la part belle à Aristote plus qu’aux autres écrivains païens, que le Stagirite éclipse en vertu d’un usage courant dans les œuvres didactiques du Moyen Âge254, et davantage encore aux auteurs chrétiens, parmi lesquels, sous couvert d’une plus grande diversité, l’emporte, selon un schéma traditionnel, la génération des premiers Pères de l’Église255. De ce florilège de citations il ressort a priori que l’auteur peut être assimilé par son savoir aux prélats les plus instruits. Il convient cependant de ne pas lui accorder l’entière paternité d’un discours dont Derek Lomax a bien montré, dans son introduction à l’édition du traité256, qu’il était pour l’essentiel calqué sur une œuvre castillane du milieu du XIIIe siècle, les Flores de Filosofía257, qui est en réalité une collection anonyme de sentences d’usage didactique tirées de récits arabes, comme le Libro de los buenos proverbios ou les Bocados de oro258.
58La dépendance de Pedro López de Baeza par rapport à son modèle est telle qu’il est permis de se demander jusqu’à quel point il maîtrisait les références mises à contribution dans son œuvre. En effet, non seulement l’architecture générale des Dicbos de los Santos Padres est calquée sur celle des Flores de Filosofía, puisque, selon les calculs de Derek Lomax, seuls quatre de leurs trente-trois chapitres sont véritablement originaux, mais encore la plus grande partie des citations du traité santiaguiste provient directement du texte castillan du XIIIe siècle, indépendamment de la source mentionnée par l’auteur259. Il est possible que Pedro López de Baeza, ainsi que le prétend l’hispaniste britannique, ait voulu par un tel procédé conférer à des proverbes anonymes l’autorité dont ils étaient dépourvus en les rapportant à des textes unanimement estimés260. Il est cependant tout aussi probable qu’aussi savant qu’il ait été par ailleurs, il ait cherché à se prévaloir aux yeux de ses frères d’une culture intellectuelle qu’il ne maîtrisait pas totalement et dont la possession restait alors le monopole d’une minorité, formée pour l’essentiel de clercs, dont les ordres militaires étaient exclus261.
59Il est donc abusif, assurément, de présenter les frères des ordres militaires aux XIIIe et XIVe siècles comme analphabètes. Certes ce fut, à n’en pas douter, le cas d’une partie d’entre eux. Il semble cependant que cette fraction, peut-être majoritaire dans un premier temps, se soit peu à peu réduite sous l’effet d’un usage croissant de l’écrit. Une curiosité intellectuelle se fit jour chez un certain nombre de frères, mais, étant orientée vers des fins concrètes plutôt que spirituelles, elle ne pouvait guère répondre aux attentes eschatologiques d’une société castillane désormais incapable de se satisfaire de leur formation religieuse, généralement considérée comme très limitée.
III. – En quête de la faveur du public
60Face à un tel décalage, les ordres militaires ne sont pas restés aussi passifs qu’on le prétend généralement. Conscients de leur perte de prestige spirituel auprès des fidèles castillans, ils cherchèrent à remédier à une situation dont ils avaient bien vu qu’elle était dangereuse à terme. De même que dans le reste de l’Occident, pour lequel le phénomène a bénéficié d’éclairages récents262, ils mirent en place en Castille une stratégie leur permettant de renforcer leur crédit dans l’opinion, tant par l’éloge de leur vocation ou l’accent placé sur leur dimension charitable que par un effort soutenu pour tirer parti des dévotions majoritaires du public.
L’éloge de la vocation des milices
61Soucieux de manifester l’excellence de leur vocation, les ordres militaires ont tout d’abord cherché à promouvoir la diffusion de leurs succès en attribuant ceux-ci à la volonté de Dieu263. Le fait est bien connu en Terre sainte, où ces institutions sont en large partie responsables du flux continu d’informations envoyées en Occident264 soit sous forme de lettres, dont nous avons vu plusieurs exemples, rapportant le plus souvent une campagne, soit sous celle de relations plus détaillées faisant état de leur investissement sur le long terme265. Des missives similaires ont circulé en Castille, en particulier à l’intention du roi, comme celle qu’envoya Fernán Ruiz de Tahuste, commandeur santiaguiste de Segura, lors du siège d’Algésiras en 1344, pour annoncer à Alphonse XI la victoire qu’il venait de remporter, avec l’aide des milices urbaines de Jaén, sur un détachement nasride266. À en croire Helen Nicholson, de telles lettres, quand bien même elles seraient adressées à un destinataire unique267, tendent fondamentalement à façonner l’opinion dans un sens favorable aux ordres militaires, en frappant au besoin les esprits : c’est ainsi qu’après son succès de Siles, le maître de Santiago joignit au courrier informant le roi les oreilles des ennemis tués lors du combat268.
62Il est probable qu’au-delà de ces simples relations, les ordres militaires ont cherché à conserver le souvenir de leurs faits d’armes269. Bien qu’il n’en reste plus de trace écrite aujourd’hui, il est permis de penser que les victoires ont dû alimenter les cronicones et les memoriales antiguos dont les historiens de ces institutions rapportent l’existence à l’époque moderne270. Plus d’une fois, en effet, ces textes furent invoqués pour attester la participation militaire des frères à une action dont la chronique n’a pas gardé le souvenir, comme le fit Alonso de Torres y Tapia pour le maître d’Alcántara Fernán Pérez Ponce, en 1292, lors du siège de Tarifa271. L’origine médiévale de tels écrits est vraisemblable dans la mesure où certains durent être utilisés au début du XVe siècle par le chroniqueur cordouan Fernando de Salmerón, comme l’a bien montré Derek Lomax, expliquant ainsi pourquoi plusieurs éléments de son récit ne se rapportent pas à une tradition littéraire connue272, notamment pour des passages intéressant Alcántara ou Santiago, comme celui de la prise de Montiel, située de façon originale en 1229 et liée à un épisode, ignoré des annales et des chroniques, relatant une victoire des frères de cette dernière institution sur un chef musulman du nom de Ventro273.
63À partir de tels éléments, il est délicat d’évaluer avec précision la diffusion de la propagande militaire des ordres en Castille. Un texte peu utilisé permet cependant de lui rendre une ampleur qui, dans le cas de Calatrava, dépassait le cadre ibérique274. Deux passages de la chronique écrite au milieu du XIIIe siècle par le cistercien Aubry, abbé du monastère de Trois-Fontaines près de Châlons, se réfèrent en effet à l’action des frères de la milice dans la conquête de l’Andalousie275. Le premier évoque l’appui qu’ils prêtèrent à l’infant Alonso de Molina lors de la prise de Martos276. Quant au second, beaucoup plus long, il narre sur un ton élogieux leur participation à la campagne de Cordoue277, lors de laquelle, crédités d’un rôle décisif dans les razzias qui préparèrent le siège de la ville, ils passent pour avoir ouvert la voie au succès castillan en investissant les premiers une tour de l’enceinte278. Rien de tel n’est rapporté dans la chronique royale279 et, sans condamner nécessairement la relation faite par Aubry, ainsi que le soulignait déjà Derek Lomax280, ce décalage illustre parfaitement la portée de la propagande militaire de Calatrava, relayée à travers le chapitre général de Cîteaux en direction d’un public aussi vaste que varié281.
64Il semble bien que la mise en scène des victoires des ordres militaires, même gauchie de façon à présenter celles-ci sous un jour encore plus favorable, ait rapidement été jugée insuffisante pour convaincre l’opinion de l’excellence de leur vocation. Force était, dès lors, de chercher en dehors de l’histoire des instruments susceptibles d’exalter l’institution, en lui découvrant en particulier une origine mythique capable d’effacer dans la mémoire collective le faible prestige de sa filiation réelle282. C’est ainsi que, dans la seconde moitié du XIIe siècle283 fut inventée une légende qui faisait remonter l’Hôpital aux temps pré-apostoliques284. Sa diffusion fut rapide car au début du XIVe siècle elle figurait en tête de la plupart des statuts de l’Ordre285. Pour le Temple, un processus similaire développe l’idée d’une filiation cistercienne directe, dont Francesco Tommasi a justement souligné qu’elle avait valeur de mythe286. Il n’est pas sans intérêt de noter que certains contemporains, comme l’Hospitalier Guglielmo de Santo Stefano, ont nettement perçu la raison de cette relecture des origines, dont les milices attendaient qu’elle renforçât leur prestige dans l’opinion et leur valût de copieuses aumônes287.
65Bien que cet aspect de leur histoire n’ait pas été abordé en Espagne, il ne semble pas que les ordres de Palestine aient agi différemment dans la péninsule Ibérique que dans le reste de l’Europe288. Trois manuscrits castillans révèlent l’existence d’une légende faisant remonter la fondation de l’Hôpital à une initiative de Judas Macchabée, développée par Hyrcan et sanctifiée par la venue du Christ289. Certes, aucun d’eux ne date du Moyen Âge. Le plus ancien appartient à la première moitié du XIVe siècle, mais de l’aveu du copiste qui dit l’avoir établi « segunt la verdat », c’est-à-dire selon d’« antiguas y sacras historias290 », il est possible de déduire que le texte circulait déjà précédemment sous une version écrite. Pour le Temple, de façon comparable, la thèse d’une filiation cistercienne directe paraît s’être rapidement diffusée dans l’opinion castillane. Elle était en tout cas assimilée au moment du procès, qui, comme l’a montré Francesco Tommasi, constitue la seule véritable occasion de cerner sa répercussion291 : parmi les membres de l’Ordre interrogés à Medina del Campo, tous pratiquement confessent une dévotion pour saint Bernard qu’ils associent à la fondation de la milice et en l’honneur duquel ils portent une cordelette à la taille sous leur habit292.
66Ce souci d’auréoler de mythe leur fondation s’étend également aux ordres péninsulaires. Si les institutions de filiation cistercienne trouvèrent apparemment dans le patronage de saint Bernard une source suffisante de prestige, Santiago tenta en revanche de se créer une origine légendaire remontant au règne de Ramire Ier et liée à la bataille mythique de Clavijo293. Il est difficile de préciser la chronologie exacte de la genèse d’une tradition qui dès le XIVe siècle était si répandue que Rades, en dépit de ses objections, n’a pu la récuser totalement294. De l’aveu même du chroniqueur, la légende se fonde alors sur un long passé295. On peut en faire remonter la trace jusqu’au tournant des XIVe et XIVe siècles, où elle est attestée par la Tercera Crónica General, pour reprendre le nom dont Menéndez Pidal a désigné la tradition manuscrite utilisée par Ocampo dans son édition de la chronique alphonsine296. Il est évidemment difficile de mesurer la portée réelle du mythe mais, à en juger par l’écho que lui donne Fernando de Salmerón dans son Cronicón Cordubense297, il n’est pas absurde d’estimer, à la suite de Derek Lomax, qu’au début du XIVe siècle il devait être considéré comme historique par une grande partie de l’opinion castillane298.
67Enfin, dans le souci d’exalter la perfection de leur vocation, les ordres militaires cherchèrent à proposer certains de leurs membres à la dévotion des fidèles. En ce sens, la solution la plus immédiate consistait à obtenir la canonisation ou la béatification de leur fondateur. Bien qu’il fût d’usage fréquent au sein des communautés monastiques à partir de la fin du XIIe siècle, ce recours n’a pas bénéficié, ainsi que l’a montré Helen Nicholson, d’une faveur similaire parmi les ordres militaires299. Là encore, la Castille ne constitue nullement une exception. Malgré l’effort de José López Agurleta pour inscrire dans une filiation séculaire son projet de canonisation de Pedro Fernández, le promoteur de Santiago, aucune tentative en ce sens n’est attestée avant le XVIIIe siècle300. L’unique figure de fondateur à laquelle un culte ait été voué au Moyen Âge est l’abbé Raimundo de Fitero, dont la tombe à Ciruelos était, d’après le témoignage de Rodrigo Jiménez de Rada, le lieu de miracles301. Pourtant, malgré la dévotion qui l’entoure et l’influence cistercienne à laquelle, parmi les ordres militaires, Calatrava est sans conteste le plus sensible, aucun procès ne fut intenté avant l’époque moderne pour obtenir sa béatification302.
68Plus que la sainteté de leur fondateur, les ordres militaires s’attachèrent à exalter auprès des fidèles celle de leur vocation, qu’ils prétendaient justifiée par Dieu à travers les victoires qu’il leur apportait. Dans ce but, Santiago élabora au milieu du XIIIe siècle un récit aussi fameux que légendaire selon lequel le succès remporté par Pelayo Pérez Correa à Tudía sur les musulmans était dû à l’intercession de la Vierge : en réponse à la prière du maître, le soleil aurait alors interrompu sa course, permettant ainsi aux frères de mener à bien la poursuite de leurs ennemis303. L’exploitation du miracle fut immédiate. Plus que par l’assimilation savante de la figure de Pelayo à Josué, dont il n’existe guère que des preuves tardives304, elle s’opéra grâce à la construction, sur le lieu du combat, d’une église dédiée à Marie305. La réputation du sanctuaire dut très vite se répandre puisque dès le règne d’Alphonse X cinq cantigas de milagros attestent de la ferveur du public castillan306, l’un des récits évoquant même des pèlerins venant en grand nombre favorier l’Ordre de leurs aumônes307.
69À mon sens, le choix de consacrer à la Vierge le sanctuaire de Tudía n’est pas fortuit. On sait en effet que la dédicace mariale l’emporte à partir du XIIIe siècle dans la plupart des églises situées en terre de frontière308. Symbole d’une volonté de conquête et d’affirmation idéologique face à l’Infidèle309, Marie impose son culte aux dépens des frères martyrs, circonscrits à l’intérieur des Ordres. Si les deux patronages s’unissent dans la titulature de l’église conventuelle de Calatrava310, il est exceptionnel que des chevaliers tués à la guerre soient l’objet d’une dévotion publique311. Ainsi, bien que de nombreux frères morts au combat figurent dans l’obituaire d’Uclés312, seuls six d’entre eux, tués à proximité de Tavira lors de la conquête de l’Algarve, sont vénérés en tant que martyrs par la population313. Le monument élevé à leur mémoire par Pelayo Pérez Correa n’a pas d’équivalent. Le peu de relief accordé au martyre n’est pas propre à la Castille314. Il traduit, me semble-t-il, la réticence des ordres militaires à se laisser représenter uniquement dans leur dimension combattante, à laquelle, de façon significative, étaient étrangers leurs rares membres considérés comme saints, qui tous s’étaient distingués par l’exercice de vertus charitables315.
La promotion d’un profil charitable
70Bien qu’elle fût encore un outil essentiel, l’éloge de leur vocation combattante, passé le milieu du XIIIe siècle, ne suffit plus aux ordres militaires pour s’assurer la faveur de l’opinion. Il leur fallait donc, pour défendre leur position auprès du public, utiliser des images valorisant un autre volet de leur action. Dans ce but, ils cherchèrent à tirer parti de ce que l’on nomme parfois leur rôle dual, en insistant sur les œuvres de charité qu’ils accomplissaient316. Pour l’Hôpital, dont le nom même traduit la mission qu’il s’était fixée de secourir les malades, cette pratique a valeur de programme à l’échelle de l’Occident317. Il n’en va pas différemment en Castille, où plusieurs actes de donation se réfèrent à l’assistance aux pauvres d’outre-mer, à l’intention desquels Alphonse X, encore infant, donne en 1246 la terre de Páramo, en Galice318, et Sanche IV confirme les possessions murciennes de la milice, un an à peine avant la chute d’Acre319. Cette tâche charitable constituait un élément si important de l’identité de l’Hôpital qu’en dépit des difficultés financières du début du XIVe siècle320, les définitions édictées en 1344 par Hélion de Villeneuve insistent pour que sa continuité soit assurée321.
71Bien qu’elle ne constituât pas la raison d’être des milices castillanes, la fonction caritative n’en a pas moins joué en leur sein un rôle important. Ainsi, la règle primitive de Santiago faisait obligation aux membres d’entretenir deux hôpitaux, situés l’un sur la frontière et l’autre près du chemin de Saint-Jacques, auxquels étaient affectés les habits et la literie des frères défunts322. Une telle préoccupation est pleinement confirmée dans les statuts ultérieurs de l’institution, dont plusieurs veillent au bon versement des revenus des infirmeries323. En dépit de la multiplication des hôpitaux à partir de la fin du XIIe siècle, la localisation des premiers établissements est à mon sens significative de la double logique selon laquelle était conçue la mission d’assistance des milices. Liée à la frontière, leur action caritative visait d’abord à soulager les maux des blessés324 et, le cas échéant, à rapatrier les morts pour leur donner une sépulture chrétienne325 ; cependant, placée en même temps en relation étroite avec la pérégrination, elle affirme sa vocation à intéresser chaque fidèle, dont le pèlerin devient alors un archétype326.
72De ce fait, la dimension charitable de l’activité des ordres militaires représentait pour ces derniers une source considérable de donations. Plusieurs chercheurs ont signalé que certains hôpitaux, tel celui de Villamartín, situé près de Carrión, affecté à l’accueil des lépreux327, constituaient de riches centres d’exploitation328.
73À différentes reprises, ce sont ainsi non seulement les rentes propres de ces hôpitaux329, mais encore les legs dont les gratifiaient les fidèles qui atteignirent un volume suffisant pour amener les ordres militaires à solliciter la protection spéciale du souverain330. Dans les sources, il est relativement fréquent de rencontrer des mentions de terres cédées aux ordres à la condition qu’un hôpital prenne en charge la célébration d’une messe anniversaire pour le repos de l’âme du légataire331, de même qu’il n’est pas rare, avant la fin du XIIIe siècle tout au moins, que certains donateurs fassent état de leur souhait de voir intégrer leurs biens au patrimoine de la fondation dont ils voulaient s’assurer les prières, déniant par avance à l’ordre intéressé la capacité juridique de les en détacher332. La formulation de ces restrictions fait clairement apparaître le retentissement idéologique de la fonction caritative assumée par les ordres militaires, dont la mise en scène constituait pour ces derniers un moyen particulièrement efficace de conforter leur image auprès d’un public castillan moins directement sensible à leur dimension militaire333.
74En premier lieu, le devoir d’assistance auquel les frères s’obligeaient envers leurs semblables était orienté vers la libération des chrétiens captifs en terre d’Islam334. Cette mission jouissait d’une justification religieuse propre à attirer aux ordres un patronage important, notamment à Santiago, de loin l’institution la plus impliquée dans cette tâche335. « Houi fambre e distes me a comer, houi sede diestes me a beuer » (Mt. xxv, 35) ; en se faisant écho des mots adressés aux justes par le Christ, la règle castillane de l’Ordre, rédigée au milieu du XIIIe siècle, assignait pour devoir aux frères d’œuvrer à la libération des prisonniers, assimilés à la figure de l’affamé qui attend d’être rassasié336. Il est certain qu’un tel rapprochement servait les ordres militaires dans l’opinion. Composé par Pedro Marín, le récit illustrant les miracles opérés par saint Dominique de Silos pour délivrer les chrétiens soumis au joug des musulmans illustre le prestige qui s’attachait encore à cette mission à la fin du XIIIe siècle337. Il ne fait aucun doute que les ordres militaires y participaient, car le texte les associe à l’action miraculeuse en situant certaines scènes de libération dans des forteresses frontalières appartenant à Santiago et, plus encore, à Calatrava338.
75Il est ainsi probable que plusieurs ordres se sont investis dans la mission de libérer les prisonniers chrétiens retenus en terre d’Islam. Pour aucun d’eux, toutefois, la tâche n’a pris une ampleur similaire à celle qu’elle revêt pour Santiago. À partir des années 1180, la milice s’est en effet attachée à développer un réseau auquel s’intègrent plus d’une demi-douzaine de maisons au milieu du XIIIe siècle, en particulier dans la Meseta méridionale339. Le nombre accru des hôpitaux est l’indice du succès rencontré par Santiago dans la promotion de son action charitable. Il permettait en effet de drainer au profit de l’Ordre des sommes croissantes340, voire de lui attacher des rentes comme celle que lui offrit en 1198 le concejo de Huete au nom de ses membres, qui s’obligeaient chacun à verser aux frères une partie de leurs revenus annuels341. Ainsi Santiago disposait-il des moyens de travailler au rachat des captifs, soit directement, contre une rançon, soit en acquérant des esclaves musulmans qui servaient alors de monnaie d’échange342, comme il est dit dans un accord passé en 1243 avec Calatrava343.
76Il est sûr que, passé le milieu du XIIIe siècle, l’investissement de Santiago dans la libération des captifs tend à se réduire. Il n’est pas pour autant certain que le processus ait présenté le caractère brutal que lui attribue Alan Forey344. La permission d’affecter les rentes de l’hôpital tolédan à des usages différents de ceux pour lesquels il avait été fondé, sollicitée du pape en 1250 par les frères de Santiago345, ne semble pas concluante dans la mesure où elle continuait d’alimenter la controverse avec Rome un demi-siècle plus tard, sans que rien apparemment n’eût été réglé346. On trouve un indice autrement décisif dans l’accusation lancée par les autorités de Moya contre l’Ordre, qui exigeait d’elles une rente destinée au rachat des captifs mais, à les en croire, n’entreprenait aucune véritable initiative en vue de racheter ces derniers347. Bien que rejeté par le roi, en tel grief marque à mon sens une évolution. Tenue pour une action pieuse dans le testament du grand commandeur de León, Alonso Martínez de Olivera348, l’aide aux captifs reste encore, au début du XIVe siècle349 voire au-delà, une tâche importante de Santiago350. Elle n’en perd pas moins, une fois passé le grand élan de la Reconquête, une bonne part de sa charge symbolique dans l’opinion castillane. Intéressant dès lors surtout les régions proches de Grenade, elle tend à perdre en importance dans la pratique charitable de Santiago, qui s’en décharge sur des acteurs spécialisés à mesure que se déplace la faveur du public351.
77À partir du XIIIe siècle, c’est le secours aux pauvres, tenus pour l’image vivante du Christ, qui retient en priorité l’attention du public castillan. Sous l’effet de l’essor urbain, qui en accroît la visibilité, et d’un changement des mentalités, favorisant davantage les attitudes de compassion, se développent des pratiques d’assistance destinées à aider les nécessiteux352. À l’instar d’autres institutions, les ordres militaires cherchent à satisfaire l’attente de l’opinion en valorisant, voire en mettant l’accent les oeuvres charitables que leur prescrivait la règle. Ainsi, pour Santiago, la règle castillane, écrite au milieu du XIIIe siècle, faisait obligation aux frères de nourrir les pauvres dans la limite des possibilités de la maison353, et non plus seulement lors des trois temps du calendrier liturgique prévus à l’origine354. Il est difficile de saisir en quoi cette pratique consistait dans la mesure où elle n’est jamais explicitée dans les sources355. Force est de s’en remettre au discours général des milices, qui présente l’aumône comme une obligation majeure356, corroboré par les quelques études qui ont pu en restituer l’importance grâce à quelques documents exceptionnels357.
78S’il est impossible d’évaluer l’ampleur de l’action charitable mise en oeuvre par les ordres militaires à l’échelle de chaque commanderie, l’importance de l’effort qu’ils ont déployé en faveur des pèlerins, assimilés à la figure du pauvre358, est manifeste, notamment le long du chemin de Saint-Jacques359. En effet, l’établissement des ordres y a été suffisamment massif pour donner naissance à une tradition historiographique rapportant leur origine péninsulaire aux nécessités de la pérégrination360. Il ne s’agit pas ici d’entrer dans le détail de leur implantation mais d’en souligner la continuité et la manière dont elle intéresse chacun des ordres, bien qu’à des échelles différentes (voir carte 2, p. 154). L’Hôpital est clairement celui qui présente le réseau le plus équilibré, organisé autour des trois pôles de Puente Fitero, Puente órbigo et Portomarín, dont chacun était situé au franchissement de l’un des cours d’eau dont le Guide du pèlerin dénonce les périls361. Bien qu’elle soit moins étendue dans le cas de Santiago et du Temple, voire ponctuelle pour les institutions de filiation cistercienne, la présence de l’ensemble des ordres militaires sur le camino francés constitue selon toute apparence un indice très clair de la dimension idéologique de leur projet hospitalier.
79Il n’est pas facile de cerner les aspects concrets de l’assistance qui était apportée aux pèlerins car jamais les sources n’en traitent de façon explicite362. Tout au plus peut-on supposer que les établissements implantés par les ordres militaires le long du chemin de Saint-Jacques comprenaient un dortoir, où les voyageurs pouvaient se reposer des fatigues du trajet, complété, du moins pour les plus importants d’entre eux, par un hôpital semblable à celui de Puente Fitero — dans les murs duquel, en 1255, fut conclu un acte de vente au profit du monastère prémontré d’Aguilar de Campoo — et comme lui desservi par plusieurs frères de l’institution363. Une telle difficulté ne doit pas conduire à sous-estimer l’importance des tâches charitables accomplies par les ordres militaires et l’écho qu’elles rencontraient dans l’opinion. La promotion de ces activités constituait une pièce essentielle de leur stratégie pour se concilier les faveurs du public, comme en témoigne l’appellation emphatique d’« Hôpital des Pauvres » donnée à partir du milieu du XIVe siècle à l’établissement de Puente Órbigo364, pourtant affecté depuis près de cent cinquante ans à leur service365.
L’association à des cultes populaires
80Si elle n’implique pas directement leur qualité, l’association aux dévotions majoritaires des fidèles fut pour les ordres militaires un instrument très efficace pour promouvoir leur spiritualité366.Il est possible qu’ils aient cherché, en particulier pour les institutions implantées en Syrie, à introduire dans l’Occident péninsulaire des cultes d’origine orientale, comme ils l’ont fait dans d’autres espaces européens367. C’est ainsi que les reliques de saint Biaise, évêque de Sébaste martyrisé au début du IVe siècle368, furent rapportées d’Orient par l’Hôpital. Au Portugal où, comme en Provence369, les Hospitaliers jouèrent un rôle essentiel dans la diffusion du culte de ce saint370, ils lui consacrèrent non seulement un oratoire à l’intérieur du château de Belver371 mais encore leur principal sanctuaire de Lisbonne, qui abritait la tombe d’un fils illégitime d’Alphonse III, Fernão Afonso, mort sous l’habit hospitalier372. Un phénomène comparable peut être observé en péninsule Ibérique autour des reliques de la Vraie Croix, dont les Templiers et les Hospitaliers se sont attachés à promouvoir le culte373. Ensemble, en Castille, ils en donnèrent en effet un fragment à la soeur d’Alphonse VII, l’infante Sancha374. Un tel exemple n’est sans doute pas isolé et le Temple pourrait avoir assumé un rôle majeur dans la vénération du bois précieux de Caravaca375, si l’on admet que cette tradition, déjà très ancrée au milieu du XIVe siècle376, lorsque Santiago céda aux autorités municipales ses droits sur les legs à l’église de la Vera Cruz377, remonte en fait à une époque antérieure où le lieu relevait du pouvoir de la milice supprimée lors du concile de Vienne378.
81De tels cas restent toutefois très minoritaires. En règle générale, il ne semble pas en effet que les ordres militaires aient travaillé à développer des cultes qui leur fussent propres. Il est difficile de se prononcer avec certitude dans la mesure où l’information sur les dévotions entretenues dans les paroisses de ces institutions reste exceptionnelle avant l’époque où l’on commença à conserver les livres de visite. Dans les dédicaces relevées à la fin du XIVe siècle a pu apparaître une certaine prédilection pour les saints militaires, au premier rang desquels l’apôtre Jacques379. Un phénomène similaire a été souligné pour les siècles antérieurs en d’autres régions de la Chrétienté380. Le fait n’est pas inconnu en Castille, où plusieurs sanctuaires des ordres militaires étaient placés sous le patronage de saint Michel ou de saint Jacques et où différents actes de donation étaient même justifiés par une dévotion particulière pour l’un de ces saints381, en particulier Jacques, mais il me semble trop ponctuel pour accréditer l’idée que ces institutions aient développé dans la Péninsule des cultes spécifiques382.
82Dans la majorité des cas, au contraire, il ressort que ces institutions se sont intégrées dans une géographie cultuelle préexistante dont elles ont cherché à tirer parti en s’associant aux dévotions bénéficiant de la faveur du public383. Cette pratique a été mise en évidence par Francesco Tommasi dans le cas de l’Ombrie, où leTemple fut au cours du troisième quart du XIIIe siècle l’une des principales parties impliquées dans le procès de canonisation intenté en faveur d’un ermite local vénéré par la population sous le nom de San Bevignate384. Il n’existe malheureusement pas pour la Castille de sources susceptibles d’éclairer avec une précision similaire un tel usage avant la fin du Moyen Âge385. À cette époque, la présence à Mérida, dans l’église santiaguiste de Santa Eulalia, du corps de saint Germain, martyrisé à Cadix au XIIIe siècle et très populaire en Estrémadure386, ou encore la construction dans l’église de Calatrava d’une chapelle abritant les reliques réunies par l’Ordre387, attestent d’une tradition d’association avec des cultes locaux dont il n’est pas toujours facile de vérifier l’origine médiévale que lui prêtèrent les chroniqueurs du début de la période moderne388.
83L’exemple du culte mariai est à peu près le seul pour lequel on puisse étudier en détail l’exploitation qu’en firent les ordres militaires. Leur association à la figure de la Vierge est un fait bien connu à l’échelle de l’Occident389. En Castille, la dédicace mariale l’emporte largement dans l’advocation de leurs églises non seulement pour Calatrava et Alcántara, dont une majorité d’édifices reprend dans la ligne de Cîteaux la titulature du sanctuaire conventuel, mais également pour Santiago ou le Temple390. Pour ce dernier, bien doté dans la partie léonaise de la Meseta septentrionale, une liste des paroisses du diocèse de León, établie au milieu du XIIIe siècle, rapporte qu’il exerce une juridiction complète ou pour le moins partielle sur vingt d’entre elles, dont douze consacrées à Marie, contre deux à saint Michel et une seule à saint Pierre ou à saint Jacques391. Le fait n’est pas isolé dans la mesure où cette proportion, légèrement supérieure à la moitié, reproduit celle qu’a relevée Javier Castán Lanaspa pour une circonscription plus vaste correspondant à l’actuelle région autonome de Castilla y León392.
84L’importance du lien entre les ordres militaires et le culte mariai est telle qu’en plusieurs régions sa diffusion leur est directement imputée. C’est par exemple le cas d’El Bierzo, où la découverte, au creux du tronc d’un chêne vert, de la Virgen de la Encina, liée à la commanderie de Ponferrada et vénérée dès les années 1220 au moins, est attribuée aux Templiers393. Plusieurs motifs ont été invoqués pour expliquer l’étroitesse d’une telle relation. Certains auteurs, je le disais, se sont plu à insister sur les qualités guerrières d’une Vierge qui se révélerait une auxiliaire privilégiée des ordres militaires dans l’entreprise de Reconquête. D’autres ont soutenu qu’elle incarnait pour les frères une sublimation de l’amour féminin394. S’il ne fait guère de doute que ces facteurs ont pu peser sur la dévotion de ces institutions pour la Vierge, ils ne peuvent cependant, à mon sens, rendre compte dans sa totalité d’une relation qu’il convient d’inscrire dans la dévotion générale de la société castillane pour Marie395.
85C’est ce qu’a très justement rappelé José Sánchez Ferrer en montrant, dans une étude des églises de la commanderie santiaguiste de Socovos, que la fréquente dédicace à la Vierge est, lors de la conquête de la région murcienne, « un signe des temps »396. Largement répandue à partir de la seconde moitié du XIe siècle397, la dévotion mariale constitue un trait commun à tout l’Occident. Elle revêt en Castille une importance sans précédent au cours du XIIIe siècle : les chrétiens font alors figure de Virgin’s vassals, selon la belle expression d’Angus MacKay, dans la mesure où, de la même façon que le Christ est venu sur terre à travers Marie, c’est par l’intercession de la Vierge qu’ils espèrent accéder au paradis398. Il ne fait aucun doute que les ordres militaires ont eu conscience de la faveur dont jouissait le culte mariai dans la société castillane. À mon sens, c’est même d’abord parce qu’ils le savaient très répandu qu’ils se sont efforcés de s’identifier avec lui, de façon à conforter leur image spirituelle dans l’opinion.
86Un exemple de cette pratique est fourni par le sanctuaire de Santa María de Villasirga, dont la renommée est vantée par les Cantigas composées par Alphonse X en l’honneur de la Vierge399. Bien que l’on ait tenté de la contester sur la base d’arguments stylistiques400, son appartenance au Temple me semble hors de doute puisqu’elle est attestée par différents documents datant du début du XIVe siècle401. L’implantation de l’Ordre fait en revanche véritablement problème car rien n’assure qu’elle ait été contemporaine de la fondation de l’église, intervenue à la fin du XIIe siècle402, et qu’un récit de miracle, se référant à l’époque, attribue aux gens du lieu403. Il n’existe en effet aucun élément de certitude sur la présence du Temple à Villasirga avant qu’en 1274 l’infant Felipe ne décide de s’y faire inhumer avec sa seconde épouse, Leonor Ruiz de Castro, dans des tombeaux frappés de la croix de l’Ordre (fig. 3 p. 161)404. À cette date, la commanderie apparaît pleinement configurée, comme l’atteste un récit décrivant l’église et les terres alentour comme le patrimoine de la Vierge de Villasirga405.
87Que le Temple ait fondé l’édifice d’où est issue la commanderie ou bien qu’il en ait, selon toute probabilité, reçu la propriété après coup, il est certain qu’à l’époque de son plus grand rayonnement le sanctuaire mariai se trouvait en sa possession. L’essentiel des témoignages sur la renommée de Villasirga intéresse en effet le règne d’Alphonse X, auquel plusieurs récits se réfèrent explicitement406. Les mentions plus anciennes sont rares407, et aucun des miracles évoqués par les Cantigas n’est rapporté dans le recueil marial composé entre 1246 et 1252 par Gonzalo de Berceo408. C’est à partir du milieu du XIVe siècle, sous l’égide des Templiers, que l’église de Villasirga conquit une réputation dont l’importance n’eut d’égale que la rapide diffusion. Elle s’imposa dès lors comme l’un des principaux lieux de culte mariai péninsulaire409. La renommée que lui valait l’action miraculeuse de la Vierge s’étendait très loin à la faveur du chemin de Saint-Jacques, notamment vers l’est, jusqu’en France voire dans l’Empire, d’où partaient des pèlerinages qui, bien que profitant du flux des fidèles en route vers Compostelle, n’en avaient pas moins une dimension autonome, sinon concurrente410.
88Patronnant l’essor du sanctuaire marial de Villasirga, le Temple chercha à en utiliser le renom pour accroître les ressources de la commanderie qui lui était liée, en profitant de sa position sur le camino francés. Il fut longtemps admis que c’est dans ce but que fut détourné le tracé originel de l’itinéraire411, situé plus au nord, à proximité du monastère d’Arconada, édifié au XIe siècle pour les hôtes et les pauvres412. Une telle hypothèse a pu se trouver battue en brèche413, sans que l’argument utilisé, fondé sur une lecture nouvelle de l’acte de fondation de l’hospice, soit suffisamment convaincant pour interdire d’ajouter foi à une modification de tracé dont le parcours offre d’autres exemples414. Un tel effort pour conférer à Villasirga une centralité supplémentaire sur le chemin de Saint-Jacques ne doit en aucun cas surprendre. Il cadre parfaitement avec la volonté du Temple de tirer parti de la dévotion mariale des fidèles pour conforter une image religieuse à laquelle les Cantigas font allusion de manière fugace, évoquant les aumônes laissées à l’église comme les bénéfices dérivés de la présence d’un hôpital ou de la célébration d’une foire annuelle au mois d’août415.
89Dans leur stratégie pour soigner leur image spirituelle, les ordres militaires utilisèrent différents moyens qui n’impliquaient pas tous un même degré d’investissement de leur part. En certains cas, ces institutions se sont contentées de suivre les dévotions majoritaires de l’opinion. Bien que moins volontariste que l’effort produit pour exalter la qualité de leur vocation, ce recours ne fut pas nécessairement moins efficace. Faute de sources appropriées, il est évidemment difficile de déterminer les réactions du public castillan. Tout au plus peut en apparaître ponctuellement l’aspect monétaire. On aurait tort, toutefois, de les réduire à cette dimension dans la mesure où elles ont contribué dans l’opinion à pallier ou, du moins, à tempérer l’effacement de l’aura religieuse des milices.
***
90Passé le milieu du XIIIe siècle, l’atténuation du rayonnement spirituel des ordres militaires est indéniable. Sous l’effet d’un approfondissement de la spiritualité, entraînant des attentes plus complexes que par le passé, surgissent des interrogations nouvelles autour du salut auxquelles, dans leur majorité, les institutions monastiques de type ancien étaient mal préparées à répondre. À cet égard, les ordres militaires ne font nullement exception. Il en résulte un effacement évident de leur rôle dans l’économie de la grâce qui, pour n’être pas aussi absolu qu’on a pu le dire, les situe néanmoins en marge des médiateurs privilégiés du public. Quelle que soit la conscience qu’ils eurent de la perte de leur influence spirituelle, les dispositions qu’ils prirent pour promouvoir la qualité de leur vocation, voire pour participer à des cultes populaires, ne parvinrent pas à inverser la tendance générale. En jouant d’origines mythiques ou du prestige de leurs victoires contre l’Islam, elles purent en revanche aider ces institutions à compenser partiellement celle-ci, en leur permettant de renforcer leur image par des biais extérieurs au fait religieux et correspondant mieux aux traits de mentalité de la Castille du Moyen Âge tardif.
Notes de bas de page
1 La récurrence de ce questionnement a été justement signaié par E. Mitre Fernández, « La nobleza y las Cortes de Castilla y León », p. 70.
2 Le fait a été bien rappelé, notamment, par C.de Ayala Martínez, « Órdenes militares hispánicas : reglas y expansión geográfica ».
3 C’est ce qui ressort des bilans historiographiques de Ph. Josserand, « Les ordres militaires dans les royaumes de Castille et de León », p. 43, et de C. de Ayala Martínez et C. Barquero Goñi, « Historiografía hispánica y órdenes militares en la Edad Media », p. 106.
4 C. Estow, « The Economic Development of the Order of Calatrava », p. 271. Un tel constat a été largement corroboré par l’étude d’E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la Meseta meridional castellana, pp. 43-47.
5 Analysant la consolidation territoriale de Calatrava au cours du règne d’Alphonse VIII, pas une seule fois E, Rodríguez-Picavea Matilla, « Primeras tentativas de jurisdicción territorial », ne s’est référé aux raisons de piété qui conduisirent le souverain à favoriser l’institution. Cette lacune a été partiellement comblée par Ph. Josserand, « Ordres militaires et légitimité monarchique ».
6 Dès l’origine, l’attrait spirituel exercé par les milices sur les souverains est pourtant indéniable, comme le montre l’exemple de la reine Urraca de León, entrée dans l’ordre de l’Hôpital en 1175 après avoir été séparée de Ferdinand II par le pape, ainsi que l’a souligné J. González González, Regesta de Fernando II, p. 112. Devenue professe de l’Ordre, elle figure au nombre des bienfaiteurs de l’Hôpital dans la prière des malades publiée, d’après deux textes français du XIIIe siècle, par L. Le Grand, « La prière des malades dans les hôpitaux de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem », p. 336 : « Proés pour dama Urraca d’Espaigna : que Dieu li rende k bien que elle a fait en la sainte maison de l’Hospital. »
7 Ainsi l’a souligné S. Barton, The Aristocracy in Twelfth-Century León and Castile, pp. 225-302. Dans un long appendice prosopographique consacré aux comtes castillans et léonais, cet auteur met en évidence, sur la base d’une analyse détaillée des donations conservées, le patronage exercé par un grand nombre de ces puissants en faveur des ordres militaires.
8 C. Estow, « The Economic Development of the Order of Calatrava », pp. 273-274.
9 Ainsi, même pour l’Hôpital, qui n’a jamais eu avec le pouvoir royal castillan une relation aussi étroite que dans l’exemple aragonais étudié par M. Aurell, « Nécropoles et donats : les comtes de la maison de Barcelone et l’Hôpital », le prieur provincial a exercé en 1158 la charge de capellán mayor de Sanche III, comme l’a signalé C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios y la monarquía castellano leonesa », p. 74.
10 AHN, OM, carp. 459, doc 126 : « E sabiendo que el bien elas obras que el ome faz en este mundo le seguiran e le seran prueua e testimonio como sea judgado ante la faz del sennor de los sennores epoderoso en todo e por todo e en remission de mios peccados e de aquellos que me engendraron e de quantos bienes e merced me ffiçieron e que Dios me aduga a verdadera penitencia de coraçon e a buena fin. » Une copie d’époque moderne permet de pallier les lacunes de l’original, dont l’état de conservation est assez précaire (AHN, OM, libro 1344, f° 62r°).
11 À la fin du XIIIe siècle, le fait ressort, à l’échelle individuelle, des dispositions testamentaires d’un habitant de Lora del Río, Lorenzo Pérez Hurtado, confiant dans la médiation de l’Hôpital, comme l’ont bien relevé J. M. Lozano Nieto, « Historia y religiosidad popular en cuatro testamentos lorenos », pp. 44-45 et 49, et, à sa suite, C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en Andalucía durante la baja Edad Media », p. 65. Au plan général, il transparaît des projets de réforme des ordres militaires conçus par Ramon Llull, étudiés en particulier par S. Garcías Palou, « Ramon Llull y la abolición de losTemplarios », p. 127.
12 Ainsi, en 1349 Juan Núñez de Prado et sa femme Urraca Fernández donnent à la milice les biens qu’ils avaient achetés à Mazarabuzac, « por reconocer muchos bienes e muchas ayudas que siempre obiemos e abemos e esperamos aber de la dicha orden de Calatrava e por que los freyles dende sean siempre tenudos de rogar a Dios por nuestras almas » (AHN, OM, libro 1347, f° 102r°-v°). Il est probable que les donateurs se rattachent au lignage Cervatos, d’origine mozarabe, car l’épouse dit être la fille de Fernán Gudiel, considéré comme l’un de ses membres par J.-P. Molénat, Campagnes et monts de Tolède, pp. 165-166 et 177.
13 À titre d’exemples peuvent être citées la donation à Calatrava de l’aldea de Plani, effectuée en 1258 par Pelayo Pérez de Asturias (AHN, OM, carp. 459, doc. 112), ou celle réalisée en faveur de l’Hôpital en 1300 par Juan Yáñez, ancien scribe du grand commandeur Fernán Pérez Mosejo, et portant sur tous les biens qu’il possédait à Ortigosilla (C. de Ayala Martínez et al, Libro de privilégias de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 655-656. doc. 411).
14 AHN, OM, carp. 94, vol. II, doc. 44, et carp. 327, vol. I, doc. 10.
15 En témoigne par exemple une donation de Sanche IV à Santiago, faite à Séville à l’automne 1285, sur le préambule duquel H. O. Bizzarri, « Réflexión sobre la empresa cultural del rey don Sancho IV de Castilla »,p. 436, a justement attiré l’attention : « Natural cosa es, que todas las cosas que nacen, que feneçen todas, quanta en la uida deste mundo, ca una a su tiempo sabudo et non finca otra cosa que cabo non aya, si non Dios, que nunca ouo comienço nin aura fin, et, a semeiança dessi, ordeno los angeles et la corte celestial, que como quier que quiso que ouiessen comienço, dio les que non ouiesse cabo nin fin mas que durassen por siempre, que assi como el es, durando sin fin, que assi durasse aquel regno por siempre jamas. Por ende, todo omne que de bona natura es, se deue siempre amenbrar daquel regno a que a de yr et delo que Dios da en este mundo, partir lo con el, en remission de sus pecados, que segunt dizen los santos padres, que la cosa del mundo por que mas gana el omne el regno de Dios, si es faziendo limosna. »
16 À titre d’exemple, sur soixante testaments conservés dans l’Archivo Catedral de León entre 1241 et 1340, cinq rapportent des donations en faveur de la Terre sainte, dont un seulement pour les premières décennies du XIVe siècle. Le rythme du déclin des aumônes est comparable à celui qu’a signalé, pour le cas florentin, S. Pirillo, « Terra Santa e ordini militari attraverso i testamenti fiorentini », pp. 132-133. Il est plus rapide que celui que J. Chiffoleau, La comptabilité de l’au-delà, pp. 230 et 290-292, a mis en évidence pour Avignon.
17 Publié en appendice du travail ancien de G. Velo y Nieto, « Don Nuño Pérez de Monroy, abad de Santander », pp. 353-360, le testament du prélat porte le désir suivant : « Otro si mando que vaya por mi un home de pie a mi costa al sepulcro santo de Jérusalen e otro a Santiago de Galicia » (ibid., p. 356).
18 En témoignent deux itinéraires franciscains, datés l’un du milieu du XIVe siècle, l’autre du début du siècle suivant, publiés parle père M. de Castro y Castro, « Dos itinerarios de Tierra Santa en los siglos XIV y XV ». Le deuxième récit, plus détaillé, ne fait aucune mention d’une quelconque présence croisée à propos de Saint-Jean d’Acre. La seule information contemporaine qu’il recèle intéresse la destruction de Damas par les forces de Tamerlan en 1400 (ibid, p. 481), à son exemple, les textes d’un genre comparable se limitent pour le Moyen Âge tardif à exposer une simple géographie biblique, comme l’a bien montré N. Baranda, « La Tribagia y otras peregrinaciones ».
19 BS, p. 140, repris par A. Quintana Prieto, La documentación pontificia de Inocencio IV, t. I, respectivement p. 195, doc. 172 et p. 197, doc 174.
20 Ainsi, le 24 juillet 1316, les tuteurs d’Alphonse XI confirment à Santiago, au nom de l’enfant-roi, un privilège de Ferdinand IV datant du 21 septembre 1309 et autorisant l’Ordre à publier dans tout le royaume les indulgences accordées par le pape à qui l’aiderait à combattre l’Islam : « Sepades que por las muy grandes guerras que los rreyes onde yo vengo e yo ouiemos e auemos siempre con los moros dallen mare daquen mar […] los apostoligos de Roma dieron ssus cartas e ssus privillegios al maestre e a los ffreyres de la orden de la cauallerta de Santiago en que otorgan e dan perdon de todos los pecados assi commo a aquellos que uan a soterrar e vissitar la ssanta terra de Jerusallem e el Santo Sepulcro de nuestro Sennor Jesu Christo a todos aquellos que uan con el maestre e con los ffreyres de la caualleria de Santiago a la ffrontera contra los moros con ssus espenssas e aquellos que enbian ornes lidiadores por ssy e aquellos que son enbiados e uan con espenssas agenas aguardare amparar los castillos de la ffrontera e los otros logares para darguerra a los moros e aquellos que enbiaren e dieren sus aueres e ajuda conuenible de los bienes que los Dios quiso dar » (AHN, Sellos, caja 18, doc 3). Àla fin du XIVe siècle encore, des frères restent associés à ces campagnes de prélèvements, tel le commandeur de l’Hôpital de Séville Pedro Sánchez, dont l’activité a été retracée par C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en Andalucía durante la baja Edad Media »,p. 72.
21 AS V, Reg. Vat 94, f° 97r°-v°. Une lettre de Jean XXII à l’évêque de Sion, datée du 22 novembre 1329, rapporte l’arrestation d’un Santiaguiste appelé Stella de Lucha et de son compagnon, qui avaient détourné à leur profit le produit de la prédication en faveur de l’Ordre dans la haute vallée du Rhône. Au-delà de l’anecdote, l’acte illustre l’existence de collectes jusqu’en des régions très éloignées du front ibérique, ainsi que l’a fait valoir Ph. Josserand, « L’ordre de Santiago en France au MoyenÂge », p. 467.
22 À cet égard, l’analyse récente de P. Linehan, « “Quedam de quitus dubitans” », permet de vérifier les éléments qui ressortent du travail de C. de Ayala Martínez, « Las relaciones de Alfonso X con la Santa Sede durante el pontificado de Nicolás III ».
23 Conservé dans les Archives du monastère de Sancti Spiritus de Toro, le document a été publié par A. Rucquoi, « Le testament de doña Teresa Gil », pp. 316-323 : « Et mando a la crusada çient maravedis […] Et esto e todos los otros dineros que yo dexo en este testamento pora dar a pobres o en logares o en perssonas nombradas, quiero e mando que los non puedan aver nin demandarlos los de la crusada salvo aquellos que mando espeçial mente a la crusada » (ibid., pp.319-320).
24 Ainsi, dans la documentation de Leon, hormis deux legs de 1303 et 1309, spécialement destinés à la libération de captifs et d’un montant respectif de cinquante et trois cents maravédis (ACL, Códice 40, ffos 13v°-14r° et ACL, doc. 1654), chacun des quatorze autres porte sur une somme comprise encre un et dix maravédis, dont la valeur était surtout symbolique.
25 Ainsi l’a bien montré A. Forey, The Military Orders, p. 144 : « In many cases the choice of orderwas no doubt determined not merely by the perceived merits of an institution, but also by personal, family or neighbourhood ties. » Le fait a été récemment confirmé pour la France méridionale par D. Selwood, Knights of the Cloister, pp. 137-139.
26 Sur ce point concordent les études d’A. Forey, « Recruitment to the Military Orders », repris dans Id, Military Orders and Crusades, II, et d’A. Barbero, « Motivazioni religiose e motivazioni utilitarie nel reclutamiento degli ordini monastico-cavallereschi ».
27 A, Forey, « Recruitment to the Military Orders », p. 162, et The Military Orders, p, 139.
28 AHN, OM, libro 1345, f° 158r°-v°: « Queriendo servir a Dios e catando el tiempo que yo he passado ffasta aqui ofresco mi anima e mi cuerpo a Dios e a Santa María e a la orden de Calatrava. »
29 J. L. Novo Cazón, El priorato santiaguista de Vilar de Donas, pp. 61-63.
30 A. Forey, « Towards a Profile of the Templars in the Early-Fourteenth Century ».
31 AHN, OM, carp. 567, doc. 16 et 17. Des extraits de ces documents ont été rapportés par F. Fita y Colomé, Actas inéditas de siete concilios españoles, pp. 76-90, auxquels n’a rien apporté l’analyse de G. Martínez Díez, Los Templarios en la Corona de Castilla, pp. 217-220.
32 Une bonne idée des possibilités ouvertes par ces enquêtes ressort des présentations comparatives de J. Glénisson, « L’enquête pontificale de 1373 sur les possessions des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem », et d’A. Luttrell, « Papauté et Hôpital : l’enquête de 1373 ».
33 J. Riley-smith, The Knights of St. John in Jerusalem and Cyprus, p. 231.
34 N. Coulet, « Les effectifs des commanderies du grand-prieuré de Saint-Gilles en 1373 », l’a fort bien mis en évidence en relevant que la baisse des effectifs n’était pas aussi accusée dans le Sud du royaume de France que dans sa partie septentrionale, où elle a été étudiée par A.-M. Legras, « Les effectifs de l’ordre des Hospitaliers dans le prieuré de France en 1373 ».
35 À partir d’une information prosopographique, un premier suivi des pratiques de cumul a été effectué par Ph. Josserand, « La figure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital », pp. 155-156.
36 Une explication de même nature a été avancée pour la Provence et le Bas-Rhône, où le phénomène de cumul se manifeste dès l’extrême fin du XIIIe siècle, par D. Carraz, « Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales », t. II, pp. 440-441, n. 154.
37 Plusieurs exemples en témoignent à partir du milieu du XIVe siècle. Ainsi, le grand commandeur d’Espagne Juan Fernandez de Heredia autorise en 1352 Gonzalo Rodríguez de Montoya, commandeur de Bamba et de Cuenca, à investir deux chevaliers (AHN, Códice 601, f° 142r°), Quatre ans plus tard, pour cette même catégorie, il limite à douze le nombre de postulants susceptibles d’être acceptés dans l’Ordre pour un espace comprenant cette fois, outre le prieuré de Castille, la châtellenie d’Amposta (AHN, Códice 602, f° 3r°).
38 En atteste en mars 1295 une lettre du maître Odon des Pins au prieur de Saint-Gilles, Guillaume de Villaret : « Ideo nollemus quod isto tempore sobtramarinis ad partes istas ueniret aliquis frater noster pretextu alicui mandatas […] exceptis tamen fratribus que sunt de magnapreceptoria Yspanie et de prioratu Anglie in proximo futuro augusto passagio nec non et fratribus pnoratus [Sancti Egidii] septem quibus expresse mandauimus ut in eodem passagio ad partes istas se personaliter transferint et exceptis etiam nuntiis […] de quolibet prioratu cum responsione solita » (BNV, SO, vol. 16, doc. 8).
39 Ainsi, à l’hiver 1369, une lettre est envoyée par Juan Fernández de Heredia à son lieutenant dans le prieuré castillan, Juan Ortiz Calderón, pour « que pueda fazer doze freyres caualleros e freyres sargentes e capellanes los que a el bien visto los sera » (AHN, Códice 603, f° 37V°).
40 Ainsi que l’a souligné H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 8 et 59, nombreux étaient alors les ordres qui sollicitaient la générosité des fidèles, de sorte que ces derniers pouvaient choisir celui ou ceux qui leur paraissai(en)t le(s) plus approprié(s) pour obtenir leur salut.
41 Le fait a bien été illustré à partir d’une analyse menée pour le comté d’Auxerre par A. Demurger, « L’aristocrazia laica e gli ordini militari in Francia nel Duecento », p. 59.
42 M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, pp. 92-93, et D. Rodríguez Blanco, La orden de Santiago en Extremadura en la Baja Edad Media, pp. 59-61.
43 E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la meseta méridional castellana, pp. 35-43, a mené pour Calatrava une étude des mécanismes d’acquisition patrimoniale.
44 J. Petit, « Mémoire de Foulques de Villaret », pp. 609-610.
45 Le document a été édité à partir d’un manuscrit d’Ambrosio de Morales, chroniqueur de Philippe II, par A. Benavides, Memorias de don Fernando IV, t. II, pp. 170-171, doc. 123.
46 Ainsi à Cordoue, où, pour le salut de leur âme, un couple de vecinos donne en 1282 à Alcántara le lieu-dit de Genestrosa qu’il possédait sur la frontière portugaise au sud de Ciudad Rodrigo, ainsi que l’a rapporté A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, pp. 408-409.
47 à Maqueda, E. Rodríguez-Picavea Matilla, La villa de Maqueda y su tierra en la Edad Media, p. 30, a seulement dénombré deux donations au cours du XIVe siècle. S’il paraît dérisoire, ce chiffre n’en est pas moins supérieur à celui que l’on observe pour la plupart des commanderies, contraintes, pour celles qui poursuivaient une stratégie d’expansion, de recourir à d’autres instruments comme l’échange et l’achat, à l’exemple de celle de La Barra, étudiée par J. L. Novo Cazón, « La encomienda santiaguista de A Barra en la Edad Media ».
48 AHN, Clero, carp. 918, doc. 4, publ. J. A. Fernández Flórez, Colección diplomática del monasterio de Sahagún, pp. 344-345, doc. 1762 : « E todas estas herdades sobredichas uos damos, que vos non seades poderoso de las uender, nin empenar, nin malmeter, nin de enagenar en otro senorio ninguno. Et si uos entrardes en orden o ffuerdes en Ultramar, que la heredat finque libre e quita al monasterio. »
49 AHN, OM, carp. 460, doc. 145.
50 Juan Alfonso de Arenillas et Inès álvarez étaient encore en vie sous le règne de Ferdinand IV puisque l’on conserve la confirmation faite par le roi, le Ier décembre 1304, d’un contrat du même type qu’ils avaient conclu avec l’Hôpital et au terme duquel l’Ordre recevait la mesa de Belorado en échange de l’abandon de la maison de Sereviña qu’il leur cédait non seulement à titre viager, mais encore pour la durée de la vie de leur fils (AHN, OM, carp. 569, doc. 30, publ. J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. IV, pp. 99-100, doc. 4675).
51 AHN, OM, carp. 461, doc. 151. Intéressée, la décision du couple est exprimée dans des termes qui insistent avant tout sur sa dimension religieuse : « Membrandonos del bien e de la merçed que de la orden de Calatrava rreçibiemos nos e todos los nuestros, e por salvar alma de nuestros padres e de nuestras madres e de nuestros parientes en rremission de nuestros pecados, e sennalada mente por esto que aqui ssera dicho que nos da la orden ssobredicha en Ecija las vinnas que fueron de Juan Alfonso de Arniellas con la torre que en ellas a.»
52 Un exemple de contrat à la rentabilité économique douteuse est fourni, en 1293, par un document intéressant Santiago, dans lequel un couple de la petite noblesse donne à l’Ordre différents biens situés en Vieille-Castille, près de Pampliega. En effet, non seulement les donateurs en conservèrent l’usufruit à titre viager après que la milice les eut occupés un an et un jour, de façon à bien faire valoir son droit de propriété, mais de plus ils reçurent en échange du commandeur d’Aledo diverses terres irriguées situées près de Murcie (AHN, OM, carp. 50, doc. 7, publ. R. Menéndez Pidal, Documentos lingüísticos de España, pp. 490-492, doc. 371).
53 Beaucoup plus que le manque de sources, c’est la difficulté de leur exploitation qui fait que fort peu de travaux s’intéressent en Espagne, pour la période antérieure au XVe siècle, aux préférences manifestées par les testateurs au moment de choisir leur sépulture, La région de Murcie constitue l’une des rares exceptions à la règle grâce à l’étude de A. Bejarano Rubio, El hombre y la muerte. Los testamentos murcianos bajomedievales, pp. 51-55 et 83-84, laquelle, si elle occulte étonnamment les ordres militaires, semble à travers une telle lacune laisser entendre que leur rôle était devenu finalement assez secondaire au milieu du XIVe siècle, en particulier par rapport aux Mendiants, évidemment beaucoup plus présents.
54 Autrefois siège d’un ordre militaire autonome, qui fut intégré à Santiago à la fin du XIIe siècle, comme l’a établi J. L. Martín Rodríguez, « La orden de San Marcos », le couvent de León conserva un rôle non négligeable dans le cadre de la nouvelle milice, ainsi que l’a signalé D. Lomax, La orden de Santiago, p. 60. Peut-être faut-il lier ce phénomène au fait qu’au sein de l’institution « se seguía reconociendo la personalidad del reino de León », comme l’avait déjà signalé l’historien britannique (Id., « Las órdenes militares en León », pp. 90-91).
55 Ainsi, Pedro Yáñez, archidiacre de León, donne vers 1245, soit peu après la chute de Jérusalem, la somme de vingt marcs d’argent in subsidium Terre Sancte (ACL, Códice 40, f° 48r°-v°, publ. J.M. Ruíz Asencio, Colección documental del Archiva de la catedral de León, pp. 131-133, doc. 2072).
56 Le fait a été relevé par A. Demurger, « L’aristocrazia laica e gli ordini militari in Francia del Duecento », p. 58. L’équivalent de cette étude n’existe pas pour la Castille. Pour Calatrava, ni C. Estow, « The Economic Development of the Order of Calatrava », pp. 271-274, ni E. Rodríguez-Picavea Matilla, La formación del feudalismo en la meseta meridional castellana, pp. 43-50, ne consacrent au clergé séculier un développement spécifique dans leur analyse de la croissance patrimoniale de l’Ordre. Quant à l’Hôpital, s’il a existé avec les séculiers des relations amicales sur lesquelles a insisté C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 293-295, les mentions que ce travail réunit sur le rôle de ces derniers dans l’expansion territoriale de la milice sont pour le moins réduites et fragiles.
57 A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t.1, p. 429.
58 ACL, Códice 40, ffos 32v°-33v°, publ. J. M. Ruíz Asencio, Colección documental del Archivo de la catedral de León, pp. 186-189, doc. 2108.
59 Absent du testament, le titre de miles lui est donné dans l’obituaire d’après M. Herrero Jiménez, Colección documental del Archivo de la Catedral de León. Obituarios medievales., pp. 254 et 401.
60 C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios y la nobleza castelano-leonesa ».
61 RAH, Col. Salazar, D-56, ffos 98r°-v° et 123v°-124r°.
62 Daté du printemps 1248, le testament a été décrit par R. Rodríguez, Catálogo de documentos del monasterio de Santa María de Otero de las Dueñas, p. 97, doc. 370.
63 Il ne s’agit pas ici pour moi d’entrer dans les raisons de ces conflits, qui tournent autour de l’exemption de la juridiction diocésaine concédée parla papauté aux ordres militaires sur le modèle des Cisterciens. Plusieurs travaux l’ont fait, à l’origine notamment dans le cas tolédan, parmi lesquels se détachent les analyses de D. Lomax, « El arzobispo don Rodrigo Jiménez de Rada y la orden de SanSantiago», de J. O’Callaghan, « The Order of Calatrava and the Archbishops of Toledo », et de H. Grassotti, « En torno a las primeras tensiones entre las ordenes militares y la Sede toledana ».
64 Mise en place dans les études pionnières citées dans la note précédente, cette orientation est encore perceptible dans des travaux récents comme ceux de J. L. de la Montaña Conchiña, « Obispados y órdenes militares. Problemas jurisdiccionales en la Transierra extremeña del siglo XIII », ou de C. de Ayala Martínez, « La presencia de las órdenes militares en et territorio conquense ».
65 , deux exemples, dont le plus ancien remonte à 1181, ont été mis en évidence parE. Rodríguez-Picavea Matilla, « Aproximación a la geografía eclesiástica del primitivo arcedianato de Calatrava », pp. 743-744, et M. Echániz Sans, « La puebla de Sancti Spiritus de Salamanca », pp. 432-433.
66 ACS, caja 10, doc. 21, publ. J. L. Martín Martín et al., Documentas de los archivos catedralicio y diocesano de Salamanca, pp. 288-290, doc. 203.
67 BS, pp. 211-212.
68 ACB, carp. 2, doc. 2, publ. J. Solano de Figueroa y Altamirano, Historia eclesiástica de la ciudadde Badajoz, part. I, t. III, pp. 111-116, et B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcántara, t. 1, pp. 216-218, doc. 339. À cette même date, un accord d’une teneur à peu près similaire est conclu entre Santiago et l’archevêque de Séville (AHN, OM, carp. 213, doc. y).
69 BS, pp. 221-223.
70 Il serait fastidieux ici de les énumérer tous. Pour beaucoup, ils ont fait l’objet de mentions dans les contributions de P. Rubio Merino, « El obispado de Coria y la orden de Alcántara », et de S. Menache, « La orden de Calatrava y el clero andaluz ».
71 M. Á. Ladero Quesada, « Comentario sobre los señoríos de las órdenes militares de Santiago y Calatrava », pp. 178-179. Récemment encore, évoquant les querelles entre l’Hôpital et les membres du clergé sévillan et cordouan, C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en Andalucía durante la baja Edad Media », pp. 67-68, a relevé que la dîme, à partir de la fin du XIIIe siècle, en constituait la cause majeure sinon même unique.
72 ACZ, leg. 36, doc. 8, publ. G. Ramos de Castro, El arte románico en la provincia de Zamora, pp. 525-527, doc. 23. Il s’agit d’un accord entre le diocèse et l’Hôpital, au sujet de l’église de Santa María de la Horta, où est détaillée la procédure de nomination du desservant mais expédiée en une ligne l’affectation des legs testamentaires : « Et de las mandas de la sobredicha yglesia que sean todas del comendador. »
73 ACS, caja 10, doc. 21, publ. J. L. Martín Martín et al., Documentos de los archivos catedralicio y diocesano de Salamanca, p. 289, doc. 203 :« Et si los clerigos dond fuere el parrochiano y dubdaren que fu fecho por enganno et los clerigos lo pudieren provar con los cabecales, ayan los clerigos y su tercera parte […] Et si por aventura dixieren los del Ospital que por enganno fu fecho pruevenlo los del Ospital assi como dicho es de suso. »
74 AHN, Clero, carp. 1663, doc 17, cité par C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios y la nobleza castellano-leonesa », p. 39.
75 Juan Ruiz, Libro de Buen Amor, p. 213 : «Monges, frailes, clérigos, que aman a Dios servir, / si varruntan que el rrico está ya por morir, / quando oyen sus dineros que comiençan a rretenir, / quál dellos lo levará comiençan luego a rreñir. / Allí estan esperando quál avrá más rico tuero; / non es merto, ya dizen: “Pater Noster” a mal agüero; / commo los cuervos al asno, quando le desuellan el cuero: / “Cras, cras nós lo avremos, que nuestro es ya por fuero”.»
76 F. de Rades y Andrada, Chrónica de las très órdenes y cavallerías de Sanctiago, Calatrava y Alcántara, a signalé l’association de l’infant Manuel à Santiago (part. I, f° 33r°) et du comte Rodrigo Fernández ou de l’infant Alonso de Molina à Calatrava (part. II, ffos 4IV° et 42r°-v°).
77 AHN, OM, carp. 459, doc. 114. Au bas de sa transcription du document (AHN, OM, libro 1343, ffos 178r°-179r°), le copiste Antonio de León a ajouté de sa main : « Con esta escritura en el n, 18 ay en legajo otras escrituras de donaciones aunque no declaran los que son ni de donde son los bienes de los donadores. Unas ay de la mitad, otras del quinto ; el qual quinto solian dar como de debido los que se metian por familiares o cofrades de la orden para partecipar de sus sufragios y enterrarse en sus iglesias y estos acian cierta profesion o poco metimiento a la orden de atraerle todo probecho y arredrarle el mal. » Conçus par rapport à la mort, les bénéfices religieux accordés aux familiers consistaient en premier lieu dans l’accueil qui leur était réservé dans les cimetières que les ordres militaires avaient ouverts à côté de nombre de leurs églises. Le fait ressort d’éléments textuels, signalés notamment par O. Pérez Monzón, « Arte de la orden de San Juan en la meseta septentrional », pp. 158-159, mais également de preuves archéologiques comme celles qu’a réunies S. Palacios Ontalva, « La orden de Santiago en la Ribera del Tajo », p. 596, pour la haute vallée du Tage, où des tombes ont été mises au jour près de l’église de Fuentidueña, selon une disposition comparable à celle qu’avait révélée pour Oreja le travail pionnier d’H. Larrén Izquierdo, « El castillo de Orejaysu encomienda », pp. 114-118.
78 Parmi les avantages matériels dont jouissaient les familiares, il faut distinguer ceux qui provenaient d’une association ipso facto avec l’institution, comme la liberté de pâturage concédée à leur cheptel (AHN, OM, carp. 429, doc. 189, et carp. 430, doc. 199), de ceux qui étaient liés à une situation particulière aménagée juridiquement dans l’acte de dédition, le plus souvent le bénéfice à titre viager d’un domaine de l’Ordre (AHN, OM, carp. 92, doc 2, et carp. 459, doc 109). Spécifiés ou non, les profits matériels étaient semble-t-il assez importants pour amener un confrère de l’Hôpital, au milieu du XIIIe siècle, à se désister, à l’heure de la mort, de son engagement envers la milice au motif que celle-ci n’avait pas, selon lui, rempli les obligations qui étaient les siennes. Signalé par l’enquête royale portugaise de 1258, ce cas très éloquent a été analysé par R. Durand, « Châteaux et frontière au Portugal au XIIIe siècle », pp. 246 et 250.
79 II faut ainsi distinguer la dédition simple de la dédition rémunérée, comme l’ont montré, sur le plan général, A. Demurger, Vie et mort de l’ordre du Temple, p. 94, et, dans un contexte plus proprement ibérique, C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 279-281.
80 À cet égard, les remarques de J. Riley-Smith, The Knights of St. John in Jerusalem and Cyprus, pp. 242-246, à propos de la confusion sémantique des documents de l’Hôpital, peuvent être étendues aux autres ordres militaires, comme l’a justement signalé, à propos desTeutoniques, G. Müller, Die Familiaren des Deutscben Ordens, pp. 32-34.
81 F. Tommasi, « Uomini e donne negli ordini militari di Terrasanta », notamment pp. 183-186. À cette distinction, L. Tacchella, I donati nella storia del ordine di Malta, p. 46, et L. de Anna, « I donati nell’organizzazione giovannita e melitense », pp. 407-408, ont donné pour l’époque moderne une signification juridique.
82 L’étude classique de J. Orlandis, « Traditio anime et corporis », peut être sur ce point utilement complétée par l’analyse d’É. Magnou-Nortier, « Oblature, classe chevaleresque et servage dans les maisons méridionales du Temple ».
83 Pour la partie orientale de l’Espagne, où la pratique est mieux connue, cette opposition sémantique a notamment été employée par S. García Larragueta, El gran priorado de Navarra de la orden de San Juan, t. I, p. 242, A. Ubieto Arteta, El real monasterio de Sigena, p. 97, M. L. Ledesma Rubio, La encomienda de Zaragoza de la orden de San Juan, p. 142, et L. Pagarolas i Sabaté, Els Templers de les terres de l’Ebre, t. I, p. 139. En cela, les historiens espagnols reprennent une division, forgée à partir de réalités extérieures à la Péninsule, dont l’importance a été récemment rappelée par A. Luttrell, « A Hospitaller soror at Rhodes », pp. 131-132, et par D. Carraz, « Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales », t. II, pp. 470-477.
84 Le fait a été signalé par C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », p. 281.
85 ACS, caja 10, doc 21, publ. J.L. Martín Martín et al., Documentos de los archivas catedralicio y diocesano de Salamanca, pp. 288-290, doc. 203. La différence d’intensité du lien entre les deux groupes et l’Hôpital se traduit au niveau de la disposition des biens des confrères à leur mort : « Et todo omme et toda mulier que fuere nostro confreyre de orden et de sepultura, de quanto mandaren al Ospital non lievan los clerigos end nada. Otrosi, de los que fueren confreyres de sepultura et non de orden lieven los clerigos su tercia parte assi como es dicho de suso de los otros seglares. »
86 Un exemple est même attesté dans la documentation de Sijena, où la profession est explicitement exclue dans le contrat, comme l’a constaté A. Ubieto Arteta, El real monasterio de Sigena, p. 127, cité ensuite par F. Tommasi, « Uomini e donne negli ordini militari di Terrasanta », p. 185, n. 26. Il ne m’a pas été donné toutefois de rencontrer de cas similaires dans les sources castillanes.
87 AHN, OM, carp, 459, doc, (14 : «Eyo Domingo Ferez otorgo effago promission a Dios e a mi anima e a uos don Pedro Yuanes, maestre sobredicho, que si ouiere a tomar orden que non tome otra sinon la de Calatraua e por que auiemos fecho otras cartas en el tiempo que era comendador mayor de Calatraua don Lop Yenneguez en pergamino de papel e podriense perder a luengo tiernpo e por que eran de meiorar en las raçones damas las paries desfiziemos las primeras que non valan e mandamos ffazer estas en pergamino de cuero por que ssean mas estables por toda uia.»
88 Le fait été notamment signalé par M. Barber, « The Social Context of the Templars », repris dans Id., Crusaders and Heretics, VIII.
89 G. Duby, Guillaume le Maréchal, pp. 19-22. Ayant fait promesse d’entrer dans l’ordre du Temple en 1185, alors qu’il combattait en Orient, il en reçoit l’habit en 1219, sur son lit de mort, au moment de rendre l’âme, des mains de son ami, Aimery de Sainte-Maure, maître du prieuré d’Angleterre.
90 Datée de 1213, cette décision est rapportée par J. Lynch, Simoniacal Entry into Religions Life, pp. 190-192.
91 RAH, Col. Salazar, M-59, ffos 167v°-168r°, publ. C. Barquero Goñi, «Los Hospitalarios en el reino de León», pp. 580-582, doc. 27: «Sciant presentes ac posteri quod ego Rodericus Fernandi de Villaluporum sano animo, et spontanea voluntate, et pro remedio anime mee et parentum meorum in primis do animam meam et corpus meum omnipotenti Deo et fratribus Hospitalis pauperum Ierosolimitanorum, et ita obligo me predictis fratribus quod si voluero accipere ordinem non accipiam nisi suum et non habeam potestatem habendi sepulturam nisi in domo sua.»
92 Rapporté dans la chronique de Rodrigo Jiménez de Rada, ce fait a été repris dans la Crónica general, composée à l’initiative d’Alphonse X : Rodericus Ximenii de Rada, Historia de rebus Hispanie, livre IX, chap. 9, pp. 289-290, et Primera Crónica General, t. II, chap. 1033, pp. 717-718.
93 À la dévotion de l’infant Manuel pour Santiago fait écho celle de son aîné Felipe pour le Temple, dont il fut sans doute le confrère, ayant été admis à sa mort à être inhumé dans le sanctuaire de l’Ordre à Villasirga, ainsi que l’a récemment rappelé Ph. Josserand, « Le Temple et le culte marial au long du chemin de Saint-Jacques », p. 318.
94 C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », p. 278, D. Lomax, La orden de Santiago, p. 39, et E. Solano Ruiz, La orden de Calatrava en el siglo xv, p, 135, s’accordent ainsi tous trois pour souligner la baisse des entrées dans la confraternité des ordres militaires après le milieu du XIIIe siècle.
95 Un mouvement semblable a été mis en valeur, pour le premier espace, d’après l’exemple du lignage Luna, et pour le second, en analysant l’évolution de la famille comtale de Provence, par F. de Moxó y Montolu, La casa de Luna, pp. 292-294, et M. Aurell, « Nécropoles et donats : les comtes de la maison de Barcelone et l’Hôpital », pp. 22-23. Pour cette dernière région, le fait a été confirmé, sur la base d’une étude plus large de la documentation des milices, par D. Carraz, « Les ordres militaires face aux crises politico-religieuses de la basse vallée du Rhône », pp. 380-381, et « Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales », t.II, p. 476.
96 AHN, OM, carp. 461, doc. 159 et carp. 463, doc. 207.
97 A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara. Peu après le milieu du XIIIe siècle, les références à des confrères de l’Ordre disparaissent presque totalement de sa narration.
98 Le milieu familial et la carrière de Pedro Ovárez ont été retracés par Ph. Josserand, « La figure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital », pp. 166 et 178.
99 AMC, doc. 585, publ. M. C. Casado Lobato, Colección diplomática del monasterio de Carrizo, t. II, pp. 248-249, doc, 576 : « Fora toda la meatat que damos pro nostras almas et esta meatat que damos pro nostras aimas mandamos la media al Hespital cuius confreyres somos et de la otra media que fica damos la media a Carrizo e la otra media a Sancta María de Astorga uel al Templo uel pro ubi nos quisiermos. »
100 Le lieu de leur inhumation ressort du testament de leur fille, Teresa Morán, souscrit en 1269, et de celui de de leur belle-fille, Elvira Rodríguez, dont les dernières volontés furent enregistrées quatre ans plus tard. Toutes deux demandèrent à être enterrées dans la chapelle du lignage (AMC, doc. 421 et437, publ. ibid., t. II, pp. 66-70 et 84-85, doc. 428 et445).
101 AMC, doc. 281, publ. ibid, t. I, pp. 307-308, doc. 285.
102 C. Jular Pérez-Alfaro, Los adelantados y merinos mayores de León, pp. 175-180.
103 AMC, doc. 242, publ. M. C. Casado Lobato, Colección diplomática del monasterio de Carrizo, t. I, pp. 266-267, doc. 245.
104 AMC, doc. 489, publ. ibid, t II, p. 149, doc. 498.
105 Comme ses parents avant lui, Gonzalo Morán choisit d’être enterré dans la cathédrale d’Astorga. C’est du moins ce que l’on peut déduire d’un acte par lequel sa veuve, Elvira Rodríguez, fondait dans le cloître la chapelle de San Pablo, consacrée à la mémoire du lignage. Le document a été publié par G. Cavero Domínguez et E. Martín López, Colección documental de la catedral de Astorga, p. 523, doc. 1412.
106 S. García Larragueta, « Cartas de paniaguados ».
107 Ainsi, d’après un acte cité par J. Solano de Figueroa y Altamirano, Historia eclesiástica de la ciudad de Badajoz, part I, t. III, pp. 94-97, un criado de Santiago, du nom de juan Pérez de Badajoz, reçut en 1269 du chapitre général une terre afin de soulager sa misère et en récompense des services qu’il avait rendus à l’Ordre au cours de la conquête de l’actuelle Estrémadure.
108 Les nobles eux-mêmes n’étaient pas à l’abri de tels besoins. C’est notamment le cas pour les plus petits d’entre eux, tels ce Fernando Gutiérrez de Acebes et son fils au nom identique, à propos desquels C. Estepa Díez, Las behetrías castellanas,, t. II, p. 69, a justement fait remarquer qu’ils appartenaient à la strate inférieure d’une aristocratie qui, dans leur cas, ne peut guère être qualifiée autrement que de locale. C’est selon toute vraisemblance la fragilité de la position sociale de ces deux hommes — évidente dans le document établi en 1290 à l’occasion de l’entrée du plus âgé dans l’ordre de l’Hôpital comme frère — qui explique qu’il n’est plus fait référence à leur lignage dans les sources après l’acte de dédition édité par C. de Ayala Martínez et al., Libro de privilégias de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 641-643, doc. 401.
109 AHN, OM, carp. 429, doc 189, et carp, 450, doc. 199. On ne trouve guère qu’une exception dans la documentation de l’Hôpital, où un couple de paysans galiciens, Pedro Eanes, surnommé Calvo, et son épouse, María Miguéliz, sont dits en 1321 s’être mis au pain et à l’eau de la baylie de Ribadavia, dont le commandeur leur remet à ferme une tenure à Requesende (AHN, OM, carp., 577, doc 3).
110 AHN, OM, carp. 580, doc 18.
111 D. Lomax, «El padre de don juan Manuel».
112 ASV, Reg, Vat. 25, f° 243v°, publ, I. Rodríguez de Lama, La documentación pontificia de Alejandro IV, p. 438, doc. 465. Ce privilège est accordé à l’institution par le pontife, qui se dit mû par la « devotionis vestre operosa sinceritas et nobilis viri Emmanuelis, germani carissimi in Christo filii nostri, sincera devotio »,
113 AHN, OM, carp. 339, doc 13, publ. M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, pp. 420-422, doc. 213.
114 Juan Manuel, Obras Completas, t. I, p. 134. Seul le Libro de las armas permet de situer avec exactitude la mort de l’infant, comme l’avait déjà observé A. Giménez Soler, Don juan Manuel, p. 686.
115 Le lieu d’inhumation de l’infant Manuel est longtemps resté incertain pour l’historiographie, ainsi qu’il ressort d’un passage de D. Ortiz de Zúñiga, Anales eclesiásticos y seculares de Sevilla, p. 150, rapportant les doutes entretenus à ce propos par les érudits du XVIIe siècle. Toutefois, des annales de la fin du XIIIe siècle, inédites jusqu’à leur transcription par M. González Jiménez, « Unos anales del reinado de Alfonso X », p. 480, situent sans conteste son tombeau à Uclés : « Era de mill e trezientos e veite e vn año, finó el ynfante don Manuel en Peñafiel, fijo del rey don Fernando, hermano del rey don Alfonso, e yaze en Uclés. » Elles confirment ainsi les dispositions du testament de l’infant, connu par une copie du début du XVIe siècle publiée par J. Torres Fontes, « El testamcnto del infante don Manuel », pp. 18-19, et L. Rubio García, La minoridad de don Juan Manuel., p. 153, doc. 8 : « Comiendo mi cuerpo que sea enterrado en Ucles con la infanta donna Constança mi muger, et con nuestro fijo don Alfonso, et que fagan las sepulturas mucho apuestas et muy buenas. Mando y con mio cuerpo a la orden de Santiago çinquenta mill maravedis, et que estos mansessores con el maestre et con elprior de Ucles tomen dellos ueynte mill maravedis por fazer la capiella mayor do es el enterramiento de nuestros cuerpos et que non nos camien de aquel logar. » Cette dernière disposition ne fut toutefois pas respectée puisqu’à une date inconnue, mais certainement assez proche de sa mort, le corps de l’infant Manuel fut transféré à Las Huelgas de Burgos, comme l’ont relevé D. Lomax, « El padre de don Juan Manuel », et plus récemment L. Rubio García, La minoridad de don Juan Manuel, p. 21, n. 12.
116 AHN, OM, carp. 260, doc. 12, publ. R. Menéndez Pidal, Documentas lingüísticos de España, pp. 433-434, doc. 324.
117 ASV, Reg. Av. 15, vol. I, ffos 104v°-105r°. La copie, dont l’état de conservation est défectueux, a été analysée par G. Mollat, Jean XXII. Lettres communes, t. III, pp. 287-288, doc. 13417.
118 Juan Manuel, Libro de los estados, p. 342, a évoqué les ordres militaires au nombre des états dans lesquels « se puede omne mejor salvar e mas sin peligro ».
119 A. Giménez Soler, Don Juan Manuel, p. 419, doc. 257 : «Entre otras cosas que fablamos me dixiestes que era uuestra uoluntadpues el infante Johan vuestro fijo era clerigo de meter uno de los otros uuestros fijos en orden. Et yo dixe uos que pues voluntad vuestra era que tenia que ninguna orden non auie que mas le compliesse que la de Santiago.»
120 La volonté de l’infant Manuel d’ancrer à Uclés la mémoire de son lignage apparaît clairement dans l’acte qui manifeste sa décision d’entrer dans la confraternité de Santiago : AHN, OM, carp. 339, doc. 13, publ. M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, pp. 420-422, doc. 213 : « Et escogemos sepulturas de nuestros cuerpos e de nuestros fiios e de todo nuestro linage en Uclés ».
121 L’importance des frères mendiants dans les stratégies de salut à compter du XIIIe siècle a été amplement étudiée sur un plan général. À titre d’exemple, en Galice, elle a été présentée par E. Portela Silva et M. del C. Pallares Méndez, « Muerte y sociedad en la Galicia médiéval », pp. 27-28, et « Los espacios de la muerte », p. 32.
122 J. Torres Fontes, « El testamento del infante don Manuel », p. 19, et L. Rubio García, La minoridad de don Juan Manuel, p. 153 : « Otrosi mando que la casa que e comenzada a fazer en Murcia para los predicadores que la acaben et que les den mas dos mill maravedis porque rueguen a Dios por mi alma. » Au printemps 1298, le prieur murcien des Dominicains obtint du roi Jacques II d’Aragon la confirmation de cette clause, afin d’accélérer les travaux de construction du couvent (AMM, Perg. orig., doc 146, publ. J. Torres Fontes, Documentos del siglo XIII, p. 135, doc, 129).
123 Il existe sur ce point une étude ancienne d’Á. Benito y Durán, El infante don Juan Manuel y la orden de Predicadores. L’auteur tend toutefois à sous-estimer l’originalité de la position de Juan Manuel par rapport à celle de son père, dont il exagère ta dévotion pour les Dominicains et passe sous silence l’entrée dans la confraternité de Santiago. En effet, l’infant Manuel ne compte pas parmi les bienfaiteurs majeurs de l’Ordre, à la différence de son fils, désigné comme « príncipe a quién debió singularísimo amor la orden de Predicadores » par M. J. de Medrano, Historia de la Provincia de España de la orden de Predicadores, part. I, vol. II, p. 404.
124 Juan Manuel, Libro de los estados, p. 382 : « Tengo que ésta es la orden et la regla et religión del mando más aparejada para se salvar en ella los que la vien mantovieren, et ser más guardados de caer en caso por que puedan perder las almas. »
125 En attestent les conseils que l’infant donne à son héritier dans le Libro Enfenido, pp. 151 et 163,
126 A. Giménez Soler, Don Juan Manuel, p. 695 : « Otrosi acomiendo mi cuerpo que sea enterrado en el monasterio de los frayres Predicadores que yo fiz en Pennafiel, en el mi alcaçar en la eglesia nueua ante el altar mayor. »
127 Si l’on ne peut que partager avec P. Linehan, Les dames de Zamora, p. 24, l’idée selon laquelle les Dominicains étaient « spirituellement plus au goût du jour », on ne saurait en revanche admettre la critique implicite que cet auteur fait de Santiago. Selon lui, en effet, ce dernier ordre était seulement capable d’offrir « une vie assez confortable » à une noble dame de Zamora, Elvira Rodríguez, dont l’auteur approuve le choix en faveur des Prêcheurs, qu’il estime nécessairement plus riches du point de vue de la dévotion.
128 Le fait ressort notamment des conseils donnés par l’infant à son fils dans le Libro Enfenido, p. 151 : « Vos mando et vos consejo que siruades et amedes mucbo a las eglesias et a las ordenes et a los perlados, senaladamente la orden de frayres pedricadores ; ca en pedricar et las otras cosas de ordenes, çierto sed que son muy leales et muy catholicos et muy letrados et en orden et estado muy seguro. »
129 Ainsi l’a fait valoir la récente et remarquable synthèse d’A. Forey, « Literacy and Learning in the Military Orders ».
130 D. Lomax, La orden de Santiago, pp. 27 et 98.
131 Ce jugement était fort répandu dans le clergé séculier, mais aussi chez les réguliers y compris les Cisterciens, dont relevaient pourtant plusieurs ordres militaires, comme l’ont souligné P. Zerbi, « La “Militia Christi” per i Cisterciensi », et A. Forey, The Military Orders, pp. 17-18.
132 Ce topique s’est ainsi diffusé tant de façon générale (A. Luttrell, « The Spiritual Life ofthe Hospitallers of Rhodes », p. 75), que sur une échelle proprement ibérique (S. Boissellier, « Réflexions sur l’idéologie portugaise de la Reconquête », p. 159, ou encore L. Corral Val, « Organización y vida religiosa en la orden de Alcántara », p, 96).
133 E. Gallego Blanco, The Rule of the Spanish Military Order of St. James, p. 65, n. 2. Cette hypothèse est tout à fait improbable. Elle ferait d’Uclés non seulement le premier studium generale de la Péninsule, mais encore le troisième à l’échelle de l’Occident, après Bologne et Paris. Il n’est guère besoin d’insister sur l’incongruité d’une telle idée.
134 H, Ó. Bizzarri, « La idea de Reconquista en el Libro de los doze sabios », pp. 25-29.
135 II ne m’a pas été possible de repérer pour ce récit d’occurrences antérieures à l’étude de J. López Agurleta, Vida del venerable fundador de la orden de Santiago, pp. 148-153. Une mise au point sur la fondation du studïum generale de Palencia, écartant la légende d’une translación de escuelas depuis Uclés, a été récemment réalisée par A. Rucquoi, « La double vie de l’université de Palencia ».
136 Il semble pour le moins aventureux de conclure de l’envoi de Pelayo Pérez Correa aux côtés du jeune infant Alphonse lors de fa campagne de Murcie, comme l’a fait H. Ó. Bizzarri, « La idea de Reconquista en el Libro de doze sabios », p. 25, que Ferdinand III désirait confiera Santiago l’éducation de son fils aîné. En effet, aucun document ne permet de prêter au souverain un tel projet Celui-ci dut en revanche exister chez le fiitur Alphonse X, sans que l’on puisse d’ailleurs savoir s’il le mit à exécution, car il promit en septembre 1243 de confier l’éducation de son premier fils au maître de Santiago, selon un document rapporté par A. M. Burriel, Memorias para la vida del santo rey don Fernando III, p. 473,
137 A. Forey, « Literacy and Learning in the Military Orders », p, 194.
138 Par exemple, pour Calatrava, AHN, OM, carp. 461, doc 165, carp. 462, doc. 179, et carp. 463, doc, 205 et 208.
139 Ainsi l’a mis en valeur B. Casado Quintanilla, « La cancillería y las escribanías de la orden de Calatrava », pp. 85-84.
140 C. da Silva Tarouca, « As origens da ordem dos cavaleiros de Evora », pp. 37-38, cité par S. Boissellier, « Réflexions sur l’idéologie portugaise de la Reconquête », p. 159.
141 AHN, OM, carp. 180, doc. 1 : «Et la qual carta mostrada leyda in publico […] al maestre dixo que non entendia lo que en ella disie por que era fecha en latin e pidio traslado della pora que pudiese aver su acuer do pora entender aquello que en ella disie e fazer aquello que deviesse. Et yo el dicho notario leyla otra vez la dicha carta en romançe por que entendiesse lo que en ella disie.»
142 ACA, Cancillería, reg. 288, ffos 135r°-136r°, publ. R. Sáinz de la Maza Lasoli, La orden de Santiago en la Corona de Aragón, pp. 400-402, doc. 230 : «E porque nos, el dicho maestre don García Ferrández, non sabiemos screvir, mandamos a Ruy García, serivano público de Alcaras, que pusiesse en las dichas carias nuestro nombre con su mano.»
143 A. Forey, « Literacy and Learning in the Military Orders », pp. 189-190.
144 Le fait ressort par exemple d’un privilège de Ferdinand IV de 1309, confirmé par Pierre Ier lors des Cortes de Valladolid en 1351, en vertu duquel le roi renouvelait au maître de Calatrava une série d’actes dont les originaux s’étaient perdus, au début du XIVe siècle, lors de la révolte du grand commandeur au cours de laquelle les archives avaient brûlé en même temps que les lieux qui les abritaient (AHN, OM, carp. 431, doc. 227, publ. L. V. Díaz Martín, « Los maestres de las órdenes militares en el reinado de Pedro I », p. 341, doc. 3).
145 Encore largement méconnu, le système mériterait d’être étudié pour lui-même, ce qui permettrait d’aller au-delà des quelques lignes d’introduction écrites pour chaque institution par A. Javierre Mur et C. Gutiérrez del Arroyo, Guía de la sección de Órdenes Militares, et des brefs passages extraits des travaux de M. j. Álvarez-Coca González, « Fuentes de investigación en las órdenes militares », pp. 42-43, et « El Consejo de Órdenes y el Archive Histórico Nacional », pp. 1238-1239.
146 AHN, OM, carp. 325, doc. 9, publ. D. Lomax, La orden de Santiago, pp. 241-243, doc. 11, et M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, pp. 280-281, doc. 66: «Ut autem hec institutio firma et stabilis habeatur et inviolabiliter firmiterque custodiatur, placuit mihi P., priori de Ucles, et omni capitulo clericorum eiusdem loci, eam in scriptis divisis alpbabeto redigi nostroque sigillo muniri, ut pars illius sit in armario tesauri domus Dei de Ucles et pars altera sit in hospitali sepe nominato.»
147 En cela, les ordres militaires s’inscrivent dans un usage largement attesté dans le clergé régulier de l’époque, auquel était confiée la conservation de la plupart des archives nobiliaires, comme l’a récemment fait valoir M. Calleja Puerta, « Archivos dispersos, fuentes reencontradas », pp. 15-18.
148 Deux documents font foi d’un tel usage puisque vingt-six actes ont été laissés par l’infant dans le couvent de Calatrava et deux par sa belle-mère Jeanne de Ponthieu : AHN, OM, carp. 459, doc. 107, publ. R, Menéndez Pidal, Documentos lingüísticos de España, pp. 381-382, doc. 282, et J. Torres Fontes, Documentos del siglo XIII, pp. 14-15, doc. 16, et AHN, OM, carp. 422, doc. 81, publ. A. Ballesteros-Beretta, Sevilla en el siglo XIII, pp. 12-13, doc. 10, et M. González Jiménez, Diplomatario andaluz de Alfonso X, p. 14, doc. 15.
149 C.de Ayala Martínez et al., Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, p. 494, doc. 288: «Epor tal que non dubde ninguno, nos frey Riombalt devandicho grand comendador, por avenencia de nos e dellos, fezimos fazer dos cartas partidas por abc e selladas con nuestro sello, de las quales queda la una a ellos e la otra al castillo de Olmos.»
150 A. Forey, «Literacy and Learning in the Military Orders», pp. 191-192.
151 C’est ce que montre l’exemple du commandeur calatravan de Sabiote, Nuño Gómez, qui en 1328, à la demande du maître, négocie une composition avec les autorités municipales d’Úbeda afin que celles-ci indemnisent l’Ordre pour les biens qui lui ont été volés. De façon significative, son rôle actif dans la négociation se double de la faculté d’œuvrer à la formalisation des décisions, qu’il ratifie de sa main : AMU, caja 4, doc. 9, publ. J. Rodríguez Molina, Colección documental del Archivo Municipal de Úbeda, t. II, pp. 91-94, doc. 32 : « E porque esto sea firme, di uos esta carta seellada con mío seello de çera pendiente e firmada de mi nombre, escripto con la mano, e de los que aquí pusieron sus nombres, que por mi ruego e por mi otorgamiento la firmaron. »
152 BNM, ms. 8582, ffos 61r° (1251), 62v° (1252), 66r° (1265), et 63v° (1266).
153 BNM, ms. 8582, P 64v°: «Que todo freyre quando tornare baylia que escriua commo la toma e quando la dexare que escriua lo que dexo e guarde amos los escritos para quando fuere menester.»
154 Ainsi, pour Calatrava, l’obligation faite aux commandeurs de présenter un inventaire écrit lors du chapitre général ressort des statuts de 1304 publiés par J. O’Callagnan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 265, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII. Pour Alcántara, elle est reprise deux ans plus tard sous une forme qui s’étend désormais au départ du commandeur à la guerre : « Otrosi por que los freires de ta dicha orden en todo tiempo son en peligro de las animas por rrason de peleas e batallas que han asi en la frontera commo en otros logares por ende mandamos les por mandamiento en virtud de obediencia e so pena de excomunion que den cada anno segund que es costumbre de la orden al maestre fiel mente inventario de todo lo que ouieren asi de aver monedado commo de todaslas otras cosas que ouieren » (HSA, Ms. HC 380/374, f° 44r°). Une première version de ces définitions, qui s’interrompt précisément au texte de cet article, a été publiée à partir de deux manuscrits incomplets de la Biblioteca Nacional par Ph. Josserand, « Pour une étude systématique », pp. 321-338. Une autre, complète, sur la base du manuscrit que j’ai cité, a pris place dans l’œuvre dirigée par B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcántara, t. I, pp. 284-288, doc. 434.
155 Le fait ressort des définitions de Calatrava de 1325 publiées par J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », p. 273, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII.
156 En cela, ils ne diffèrent pas des autres institutions régulières étudiées par J. Oberste, Visitation und Ordensorganisation.
157 D. Lomax, La orden de Santiago, p. 98.
158 Une description des volumes du fonds a été proposée par H. Ó Bizzarri, « La idea de Reconquista en el Libro de los doze sabios », p. 28.
159 I. Rodríguez de Lama, Colección diplomática medieval de la Rioja, pp. 402-404, doc. 466 : « E un missal liçionero dominical, e un breviario, e dos oficieros, e un salterio e un evangelistero ». Du document ayant servi de base à la transcription, conservé à l’Archivo Municipal d’Alfaro, il existe une copie datant du XIIe siècle à l’AHN, OM, libro 1344, f° 112r°.
160 Le fait n’est pas isolé. En 1302, lorsque l’hôpital santiaguiste de Villamartín est concédé à titre viager à la femme de l’infant Enrique, tuteur du jeune Ferdinand IV, figure, parmi les devoirs qui lui incombent, la charge de veiller à la conservation des livres de l’église. Ni le nombre ni le contenu de ces derniers ne sont cependant spécifiés dans le document (AHN, OM, carp. 325, vol. II, doc. 36).
161 J. Miret i Sans, Les cases de Templers i Hospitalers en Catalunya, pp. 558 et 562.
162 E. Méndez Venegas, « Aportación documental sobre Mérida a finales del siglos xv », p. 21.
163 D. Lomax, « La historiografía de las órdenes militares en la Península Ibérica », pp. 711-712.
164 A.Vauchez, C. Caby et al., L’histoire des moines, chanoines et religieux au Moyen Âge, p. 246, ont fait remarquer que c’est cet intérêt qui a suscité l’essentiel de la production littéraire attribuable aux frères des milices. à ce titre, ceux-ci participent pleinement de la culture laïque de l’époque, dont B. Guenée E, Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval, pp. 318-323, a signalé l’intérêt croissant pour l’histoire.
165 Un premier examen en a été effectué par Ph. Josserand, « Les ordres militaires dans les royaumes de Castille et de León », pp. 6-10.
166 Intéressant respectivement l’Hôpital et Santiago, les seules études d’importance restent les travaux anciens d’A. Luttrell, « The Hospital’s Historical Activities », et de D. Lomax, « The Medieval Predecessors of Rades y Andrada ».
167 Pour Santiago, chez lequel ce genre a été le plus développé, la série la plus ancienne, datant de la fin du XIIIe siècle, a été éditée par D. Lomax, « The Medieval Predecessors of Rades y Andrada », pp. 89-90.
168 Conservés surtout pour la fin du Moyen Âge, plusieurs de ces catalogues prolongent en fait des listes dont les plus anciennes remontent, pour la Castille, à la première moitié du XIVe siècle. Ainsi, pour Santiago, deux manuscrits de la fin du XVe siècle constituent de très bons exemples du développement d’une telle pratique (HSA, HC 380/434, ffos 29v°-30r°, et HC 371/190, ffos 46r°-50r°).
169 Le texte a été publié par D. Lomax, « The Order of Santiago and the Kings of Leon », pp. 5-9.
170 J.-Ph. Genet, La mutation de l’éducation et de la culture médiévales, t. I, pp. 134-138.
171 ACZ, leg. 13, doc. 5, publ. J. L. Martín Rodríguez, Documentos zamoranos, pp. 76-77, doc. 99,
172 ACP, armario 2, leg. 1, doc. 25, publ.T. Abajo Martín, Documentación de la catedral de Palencia., pp. 334-336, doc. 182.
173 A ce titre, il est à noter que dans les conflits récurrents qui pendant les deux premiers tiers du XIIIe siècle opposèrent les Templiers de la commanderie de San Fiz do Ermo au monastère bénédictin de Ferreira, jamais un même frère ne représenta deux fois les intérêts de son Ordre, ainsi qu’il ressort de l’étude de J. Á. Rey Caiña et C. Rodríguez Fernández, « Benedictinos y Templarios en Guntín ».
174 Ainsi, en 1238, l’accord négocié entre l’Hôpital et le chapitre de Salamanque au sujet de la possession d’un lieu-dit du finage de la ville est présenté comme le résultat de l’action de quatre frères de l’Ordre dont l’un était explicitement investi, à cette fin, d’une délégation du chapitre général de Fresno el Viejo : « Facta fuit hec compositio […] in claustro ecclesie Sancte Marie salamantine per L Sancii, conmendatorem de Fraxino, et per F Alfonsi, conmendatorem Sancte Marie de Orta zamorensis, et per V. Femandi, conmendatorem de Castro Nuno et per M. Sancii, conmendatorem de Salamanca ad hoc in generali capitulo aput Fraxinum deputatum. » Il est probable, cependant, que la négociation dut en grande partie échapper aux frères. En tête des clercs appelés à témoigner, le document mentionne en effet un certain magister Petrus Arie aduocatus Hospitaliorum (AHN, Clero, carp. 1882, doc. II, publ.J. L. Martín Martín el al., Documentos de los archivos catedralicio y diocesano de Salamanca, pp. 280-282, doc. 197).
175 J. Brundage, « The Lawyers of the Military Orders ».
176 Ainsi l’a souligné D. Lomax, La orden de Santiago, pp. 26-27.
177 AHN, OM, carp. 393, doc. 296, publ. J. L. Novo Cazón, El priorato santiaguista de Vilar de Donas, pp. 253-254, doc. 49 : « Damus uobis Martino Iohannis, Lucensi protonotario, in prestimonio ipsam domum nostram quam modo fecimus m Porto Marino que est juxta ipsum pontem, set tali uidelicet pauto quod uos teneatis eam in uita uestra in salario, et quod nos ad presens cooperatis eam de teguhs bonis, et sitis aduocatus noster in pautis nostris, Dans certains cas, la concession pouvait avoir lieu uniquement une fois la tâche accomplie. Ainsi, en 1315, Gonzalo Díaz, acalde de Talavera, reçut-il les possessions de Santiago situées dans cette ville pour la durée de sa vie et de celle de son fils Diego González, en récompense des services qu’il avait rendus à l’Ordre à la Curie pontificale (AHN, Códice 314, f° 79v°).
178 On peut ainsi citer le chanoine de Palencia, Fernando Guillérmez, chargé de protéger les intérêts de Santiago dans sa querelle avec l’archevêque de Tolède et, à ce titre, amené à défendre l’Ordre à la cour pontificale devant le cardinal GilTorres, lequel, comme l’a souligné P. Linehan, « La Iglesia de León a mediados del siglo XIII », p. 27, constituait le foco natural des clercs hispaniques à Rome (AHN, OM, carp. 326, doc. 17, cité par D. Lomax, La orden de Santiago, p. 28).
179 Étudiée à l’échelle générale par R. von Heckel, « Das Auskommen der ständigen Prokuratoren an der päpstlichen Kurie », l’institution des procurateurs généraux a été analysée en détail pour l’ordre teutonique par J.-E. Beuttel, Der Generalprokurator des Deutschen Ordens an der römischen Kurie.
180 Ainsi, le cardinal Pietro Colonna, au tout début du XIVe siècle, était rétribué par deux chevaux que le maître de Calatrava s’était engagé à lui faire livrer chaque année (AHN, OM, libro 1345, P 86r°).
181 Pour Alcántara et Calatrava, le cas d’Étienne Langton, plus connu sous le nom de Juan de Toledo, cardinal-prêtre de San Lorenzo in Lucina au cours du pontificat d’Alexandre IV, me semble exemplaire. Il a été analysé en détail par L. Corral Val, « La orden de Alcántara y el papado », pp. 622-623, et Los monjes soldados de la orden de Alcántara en la Edad Media, pp. 129-150.
182 BS, p. 185, repris par A. Quintana Prieto, La documentación pontificia de Inocencio IV, t. II, p. 605, doc. 664, et I. Rodríguez de Lama, La documentación pontificia de Alejandro IV, p. 458, doc, 465.
183 BNM, ms. 8582, f° 46v°.
184 BS, p. 263.
185 Ainsi l’a justement signalé C. de Ayala Martínez, « Maestres y maestrazgos en la Corona de Castilla », pp. 364-365.
186 AHN, OM, carp. 293, doc. 5, publ. M. Rodríguez Llopis, Documentos de los siglos XIV y XV, pp. 4-5, doc, 2 : « Porque auia de enbiar sus procuradores a la corte del papa sobre cosas que alla auia de librar que eran pro de la orden que les demando que le fiziesen ayuda para este fecho parque lo el podiese conplir, e que los treze e los otros freyres desta orden veyendo esto que el maestre don Diego Moñiz dezia quel otorgaron e le dieron poder todos acordadamente que el que podiese enpeñar e enpeñase quatro castiellos de la dicha orden para aquel fecho. » Parmi ces châteaux figure la forteresse levantine d’Anna, gagée pour dix-huit mille cinq cents maravédis, dont l’Ordre dut attendre 1315 pour lever l’hypothèque grâce à une somme prêtée par le commandeur de Montalbán, Artal de Huerta (AHN, OM, carp. 99, vol. II, doc. 36).
187 Ainsi, en 1273, les maîtres de Calatrava, d’Alcántara et d’Avis s’accordent pour confier ensemble leur pouvoir de représentation à un juriste italien, Andréa de Serra (AHN, OM, libro 1344, P 68r°).
188 En février 1337, Juan Fernández de Heredia attribue à Fernán Arias, chantre de Mondoñedo, « cient florines de oro que deuio auer en la fiesta de Sant Johan del annyo primero passado por razon de la pension a el deuida de la procuraçion que tiene en la Cort de Roma del dicho priorado nuestro de Castilla » (AHN, Códice 602, f° 146r°).
189 En 1319, García Fernández institue procureur Pay Soga, doyen de la cathédrale de Túy et archidiacre de Trastámara, afin qu’il défende ses intérêts tant contre Denis Ier de Portugal, au sujet du schisme des frères de son royaume, que contre l’Hôpital, pour la dévolution des biens du Temple, ou encore contre certains membres de l’Ordre rebelles à son autorité (BS, p. 273).
190 J. Brundage, « The Lawyers of the Military Orders », pp. 351-352.
191 AHN, OM, carp. 339, doc. 12, publ. M, Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, p. 414, doc. 205. Sans douce faut-il meure en relation avec son titre la charge de sous-diacre d’Innocent IV que lui reconnaît le document, alors qu’il réside à la cour pontificale, du fait des difficultés qui l’opposent au maître de son Ordre, Pelayo Pérez Correa. Une telle qualité est elle aussi tout à fait exceptionnelle. Elle n’esc attestée précédemment que pour un frère de l’Hôpital, Gonzalo, mentionné comme familier du pape Innocent III dans la chronique castillane (Rodericus Ximenii de Rada, Historia de rebus Hispanie, livre IX, chap. 9, p. 290, et Primera Crónica General, t. II, chap. 1033, p. 717) et désigné comme tel dans un document de la cathédrale de Valladolid, publié par M. Mañueco Villalobos et J. Zurita Nieto, Documentos de la iglesia colegial de Santa María la Mayor de Valladolid, t. I, pp. 110-111, doc. 21.
192 BNV, RBC, vol. 326, f 29r°. Le document a été cité par A. Luttrell, « Fourteenth-Century Hospitaller Lawyers », p. 455, repris dans Id., The Hospitallers in Cyprus, Rhodes, Greece and the West, XVI.
193 Peut-être est-on fondé à se demander si, de façon ponctuelle, certains frères ne se seraient pas fait une spécialité de leur savoir, tel ce Juan de Alcanadre, ancien Templier qui, quinze ans après la dissolution de l’Ordre, vivait dans la ville aragonaise de Monzón, où il apparaît en tant que procureur de l’église San Juan, comme l’a signalé A. Forey, The Fall of the Templars in the Crown of Aragon, p. 237.
194 II est demeuré en charge pour le moins entre mars 1301 (BS, pp. 259-260) et juillet 1308 (BNM, ms. 13065, ffos 130v°-131r°).
195 II a assumé cette fonction de décembre 1330 (AHN, OM, carp. 464, doc. 227) jusqu’à mars 1352 au moins (AHN, OM, carp. 432, doc. 231).
196 En 1302, Per Aznárez est amené à suivre depuis Alcácer do Sal, où Juan Osórez l’avait envoyé pour des affaires intéressant le schisme du prieuré portugais de Santiago, le dénouement du procès qu’il avait intenté au nom de l’Ordre à la municipalité de Valladolid afin d’obtenir de celle-ci des indemnités pour l’attaque armée que certains citadins avaient perpétrée l’année précédente contre le maître (F. Pino Rebolledo, Catálogo de los pergaminos de la Edad Media, pp. 108-110, doc. 22). De l’acte transcrit à partir de l’original de l’Archivo Municipal de Valladolid, il existe une copie à la BNM, ms. 11285, ffos 136r° 137r°.
197 Ainsi notamment devant la cour royale (AHN, OM, libro 1347, ffos 53r°-54v°).
198 D, Lomax, La orden de Santiago, p. 27, affirmait ainsi à propos des juristes : « Tales clérigos podrían entrar en la orden como verdaderos freiles, aunque es más común encontrarlos como simples familiares. »
199 K. Militzer, « Die Aufhahme von Ritterbrüdern in den Deutschen Orden », p. 12.
200 AHN, OM, carp. 430, doc. 207.
201 AHN, OM, carp. 422, doc. 77, 78 et 79, et carp. 425, doc. 126 et 127.
202 E. Solano Ruiz, La orden de Calatrava en el siglo XV, p. 141, et C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, p. 285.
203 J. O’Callaghan, «Las definiciones de la orden de Calatrava», p. 107 : «Item pro futuris temporibus ordinamus, bonum pacis et ipsius fructus cupientes, quod si plures fratres una die in diversis locis ordinis recepti fuerint, ille vel illi recepti in conventu, aliis extra conventus receptis, in suo ordine preferantur, nisi propter eminentiam nobilitatis seu scientie aut etatis provectissime magister cum talibus aliter duxerit ordinandum.»
204 D. Lomax, « Pedro López de Baeza ». Une brève introduction au texte du traité rassemble l’essentiel de la biographie de l’auteur. Malgré leur intérêt unique, les Dichos de los Santos Padres n’ont guère retenu l’attention des historiens, comme l’a relevé C. de Ayala Martínez, « Maestres y maestrazgos en la Corona de Castilla », p. 373. Il serait pourtant intéressant de les rapprocher d’un texte assez voisin, les Vitæ Patrum, traduites à la demande d’un Templier anglais de la fin du XIIe siècle pour l’instruction des membres de son Ordre et présentées par K. Sinclair, « The Translations of the Vitæ Patrum ».
205 D. Lomax, « Pedro López de Baeza », p. 151.
206 BS, p. 298.
207 ANTT, gav. 5, maço 2, doc. 6, cité par A. Huarte y Echenique, « Catálogo de documentos relacionados con la historia de España », p. 765.
208 D. Lomax, « Pedro López de Baeza », p. 151.
209 G. Argote de Molina, Nobleza de Andaluzía, p. 603. Il faut relever que, sans raison apparente, M. González Jiménez, « Documentos referentes a Andalucía contenidos en Nobleza de Andaluzía », p. 94, doc. 58, date le testament du 6 février 1359.
210 D. Lomax, « Pedro López de Baeza », p. 160. Dans les premières pages du traité, l’auteur révèle au lecteur que l’œuvre a uniquement pu être menée à terme « por la gran merçed que Dios e el maestre don Garçi Fernández e el maestre don Vasco Rodríguez et la dicha orden le fizieron ».
211 AHN, OM, carp. 92, doc. 4 et 6, publ. Ph. Josserand, « Lucena : une forteresse à l’encan », pp. 614-615 et 618, doc. 6 et 10.
212 D. Lomax, « Pedro López de Baeza », pp. 150-151.
213 BNM, ms. 13063, ffos 159°-160r°. Dans un manuscrit tardif, José López Agurleta estime qu’il est le frère de Pedro López de Baeza (AHN, Códice 314, P 53V°).
214 Ces documents ont été analysés par G. Mollat, Jean XXII. Lettres communes, t. XI, p. 257, doc. 58132, et t. XIII, p. 67, doc. 62211.
215 AMSC, carp. 13, doc. 6. Le document a été succinctement analysé par C. Torroja Menéndez, Catálogo del archiva del monasterio de San Clemente deToledo, p. 69, doc. 249.
216 Dans chacune de ces séries, le premier article touche au thème religieux et, plus particulièrement, à la célébration régulière de l’office divin : J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », pp. 262, 268 et 274, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII.
217 A. FOREY, « Novitiate and Instruction in the Military Orders », p. 6, repris dans Id., Military Orders and Crusades, III.
218 J. Leclercq, « La vie et la prière des chevaliers de Santiago », p. 7, et D. Lomax, La orden de Santiago, p. 222 : « Silencio tengan en la ecclesia mientre que el seruimiento de Dios se fiziere, pocas cosas de necessidad fablen. »
219 J. Leclerc, « La vie et la prière des chevaliers de Santiago », p. 7.
220 D. Lomax, La orden de Santiago, p. 226 : « Quando el freyre transiere deste sieglo al otro, los otros freyres oren por el a Dios III Pater noster e el preste III missas cante por su alma. El que non fuere preste reze I psalterio si lo sopiere, esto sifueren presentes. E los legos que presentes fueren rezen C e L Pater noster. »
221 D. Lomax, « Pedro López de Baeza », pp. 159-160 : « Parque la noble e honrada cavallería de la borden de Santiago, que continuamente han de fazer en fecho de armas a serviçio de Dios et del apóstol Santiago et del rey e ensalçarniento de la ffe cathólica e non pueden estudiar en libros. »
222 Ainsi, pour les définitions d’Alcántara de 1306 : HSA, Ms. HC 380/374, ffos 44V°-45r°, publ. B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcantara, t. I, p. 288, doc. 434 : « E estas definiciones mandamos al cantor que las lea en cabillo cada dia de sermon para que se ninguno pueda escusar por dezir que las non saben. »
223 Par exemple, pour les établissements de Santiago en 1310 : BS, p. 264 : E que el comendador o freire que quisiere traslado, que lo aya, é de aquello que es ordenado en razon de los pechos a pro de los vasallos, que aya traslado en cada lugar que lo quisiere tomar. »
224 A. Forey, «Literacy and Learning in the Military Orders», pp. 193-194.
225 D. Lomax, «Pedro López de Baeza», pp. 157-158.
226 À l’exemplaire madrilène (BNM, ms. 8582, ffos 47v°-67v°), présenté avec soin par E. Benito Ruano, « Establecimientos de la orden de Santiago », pp. 97-98, il convient d’en ajouter deux autres, ignorés de cet auteur : ANTT, Ordem de Santiago, ms. 140, et HSA, ms. 280/834.
227 J. O’Callaghan, « The Earliest Difiniciones of the Order of Calatrava », pp. 258-259, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, VII.
228 J. Leclercq, « La vie et la prière des chevaliers de Santiago », p. 8.
229 Il s’agit d’un texte aujourd’hui perdu, la chronique de Pelayo Pérez Correa, dont l’existence a été révélée par D. Lomax, « A Lost Medieval Biography », mais dont la date et l’existence même restent encore l’objet de débats. À mon sens, j’aurai l’occasion de le souligner, l’authenticité de ce texte est indéniable, bien qu’il soit impossible de le faire remonter plus haut que le milieu du XIVe siècle.
230 Crónicas dossete primeiros rets de Portugal, t. I, p. 277 : « Senhor, nom tornades nojo pelos que mortos são, pojs bem acabarom em seu seruiçio, e se o auies por serem cavaleyros loguo eu posso fazer outrros tantos. »
231 D. Lomax, La orden de Santiago, p. 98.
232 M. Rivera Garretas, « La evolución de las relaciones sociales en Castilla la Nueva », p. 42.
233 D. Lomax, La orden de Santiago, p. 98, et M. Rivera Garretas, « La evolución de las relaciones sociales en Castilla la Nueva », p. 42, n. 3.
234 AHN, OM, libro 1343, P 144r°. L’acte est un reçu de l’abbé du monastère cistercien de Gumiel envoyé en 1257 au sacristain de Calatrava, Juan Fernández, pour l’achat de deux volumes comportant les quatre Évangiles et leur glose. Il est remarquable que le document soit adressé à un dignitaire dont on sait parles définitions de 1468 qu’il était le responsable de la bibliothèque (AHN, OM, libro 1270, P 26r°). Il est bien certain toutefois qu’avant cette date aucun document ne corrobore l’existence d’un tel lieu de façon absolue, ainsi que l’a justement signalé B. Casado Quintanilla, « La biblioteca del Sacro Convento de Calatrava ».
235 Décrite sur e plan général par A. Forey, « Novitiate and Instruction in the Military Orders », reproduit dans Id., Military Orders and Crusades, III, ta pratique du noviciat a été identifiée au Portugal par P. M. Pinto Costa et A. Pestana de Vasconcelos, « Christ, Santiago and Avis : an Approach to the Rules of the Portuguese Military Orders », p. 253.
236 Chr. G. von MURR, « Anhängezur Geschichte der Tempelherren », pp. 141-142. À l’occasion de la déposition qu’il fit lors de l’interrogatoire d’Orense, le sergent Antonio affirme qu’après avoir été sondé sur les raisons qui l’avaient amené à entrer dans l’Ordre, l’habit lui fut remis directement, sans respecter un délai probatoire : « Tunc praeceptor, aliis fratribus presentibus, inducit eum habitum ordinis et in continenti fecit professionem. » Le fait est confirmé par les dépositions de l’interrogatoire de Medina del Campo publiées par J. M. Sans i Travé, « L’inedito processo dei Templari in Castiglia », pp. 249-264.
237 A. Forey, « Novitiate and Instruction in the Military Orders », p. 2, repris dans Id., Military Orders and Crusades, II.
238 Ainsi l’a relevé pour Calatrava J. O’Callaghan, « The Affiliation of the Order of Calatrava », p. 13, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, I. Pour Alcántara, l’évidence ressort des définitions de 1306, qui rappellent l’obligation de la profession solennelle à la fin de l’année marquant le noviciat : HSA, Ms. HC 380/374, F 44F, publ. B. Palacios Martín (éd.), Colección diplomática medieval de la orden de Alcántara, t. I, p. 288, doc. 434 : « Otrosi mandamos que todos los freires despues del año de su prouaçion que fagan en las manos del maestre profesion solepne. »
239 D. Lomax, La orden de Santiago, pp. 85-86, et A. Forey, « Novitiate and Instruction in the Military Orders », p. 2, repris dans Id., Military Orders and Crusades, II.
240 C’est le cas, en 1274, pour les établissements de Pelayo Pérez Correa (BNM, ms. 8582, f° 45v.) et, en 1310, pour ceux de Juan Osórez (BS, p. 261).
241 ACT, ms. 25-18, ffos Ir°-3v°, cité par A. García y García et R. Gonzálvez Ruiz, Catálogo de los manuscritos jurídicos medievales de la catedral de Toledo, pp. 104-105.
242 J. Leclercq, « La vie et la prière des chevaliers de Santiago », p. 8, et D. Lomax, La orden de Santiago, p. 226.
243 A. Forey, «Novitiate and Instruction in the Military Orders», pp. 2-3.
244 Ainsi l’a fait valoir encore M. Rivera Garretas, La encomienda de Uclés, p. 42.
245 AHN, OM, libro 733, ffos 52r°-53r°. L’acte a été analysé par E. Díaz Manteca, « Documentes pontificios de la orden de Montesa », p. 625, doc. 41.
246 L’importance de la philosophie naturelle dans la culture hispanique des XIIIe et XIVe siècles a été soulignée par T. Carreras i Arnau, Filosofía cristiana de los siglos XIII y XIV, pp. 101-138.
247 À l’échelle générale, les conclusions d’A. Luttrell, « Jean and Simon de Hesdin, HospitalIers, Theologians and Classicists », repris dans Id., The Hospitallers in Cyprus, Rhodes, Greece and tbe West, XVIII, ont été corroborées, sur la base d’un échantillon plus large, par A. Forey, « Literacy and Learning in the Military Orders », p. 204.
248 Roger Bacon, Opus tertium, chap. 25, pp. 91-92.
249 J. Ferreiro Alemparte, «Hermann el Alemán, traductor del siglo XIII en Toledo», pp. 27-28 et 39-41.
250 Ibid., pp. 25-26.
251 Ainsi l’ont bien souligné A. Rodríguez de la Peña, « La orden de Santa María de España y la orden teutónica », p. 244, et, à sa suite, A. Forey, « Literacy and Learning in the Military Orders », p. 204, n. 112. Envisagée comme probable par M. W. de Diego Lobejón, El Salterio de Hermann el Alemán, pp. 38-39, l’identification du clerc à un frère teutonique a été repoussée de manière formelle par R. Gonzálvez Ruiz, Hombres y libros de Toledo, p. 587, n. 10.
252 A. Forey, «Literacy and Learning in the Military Orders», p. 186.
253 D, Lomax, «Pedro López de Baeza», p. 159: «Estos treinta e tres capítulos que aquí son escriptos fueron escogidos e sacados de algunos libros de dichos de apóstoles e de confesores et de sanctos padres e de filósofos e de otros sabios.»
254 Tenu pour le philosophe par excellence, le penseur grec du IVe siècle est mentionné dans le texte aussi bien sous son nom d’Aristóteles que sous l’appellation d’el Filósofo : ibid., chap. 11, p. 166, et chap. 17, p. 169.
255 B. Guenée, Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval, pp. 301-305.
256 D. Lomax, «Pedro Lopez de Baeza», pp. 151-152.
257 Flores de Filosofía, pp. 1-83-
258 C. Alvar, A. Gómez Moreno et F. Gómez Redondo, La prosa y el teatro en la Edad Media, pp. 94-95 et 98-99.
259 Pour le détail approfondi des renvois, D. Lomax, « Pedro López de Baeza », pp. 151-152. Pedro López attribue ainsi à saint Bernard une citation selon laquelle « la cobdiçia e la escaseza son fuente de dolor » (ibid., chap. 31, p. 174), qui n’est aucunement de l’abbé cistercien mais provient en réalité d’un emprunt aux Flores de Filosofía, p. 63, où il est dit « la cobdicia e la avaricia son fuentes de dolor ».
260 D. Lomax, «Pedro López de Baeza», p. 152.
261 À la fin du XIIIe siècle, Guglielmo de Santo Stefano se détache, aussi bien à l’intérieur de l’Hôpital que parmi l’ensemble des ordres militaires, comme un personnage singulier par l’étendue de ses domaines d’intérêt, qui le conduisit à entreprendre ou à commanditer plusieurs traductions d’œuvres attribuées à des auteurs classiques, comme l’a signalé A. Luttrell, « The Hospitallers’EarlyWritten Records », p. 139,
262 Servies par l’étude pionnière de F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », les avancées de la recherche sur ce point ont été superbement synthétisées dans l’étude d’H. Nicholson, Templars, Hospitaliers and Teutonic Knights, pp. 102-124. Celle-ci n’a pu toutefois éveiller pour ces questions dans la péninsule Ibérique une attention comparable à celle qui leur a été consacrée dans le reste de l’Europe au cours de la dernière décennie.
263 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, p. 108, a très justement souligné que « their success in battle was seen to depend on the quality of their spirituality ».
264 Une thèse de doctorat a été rédigée sur ce point par B. Cook, « The Transmission of Knowledge about the Holy Land through Europe ». S’il m’a été impossible d’y avoir accès, j’ai toutefois cherché à en tirer parti à travers les références qu’y font H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, p. 166, n. 19, et P.-V. Claverie, « La Cristiandat en mayor peril », p. 84, n. 3.
265 Le plus célèbre de ces récits fut écrit par un Franc d’Orient entre 1261 et 1266. Édité par R. Huyghens, « Un nouveau texte du traité De constructione castri Saphet », il rapporte la reconstruction du château de Safed à l’initiative de l’ordre du Temple.
266 Le récit succinct de la Crónica de Alfonso XI, chap. 301, p. 366, a été ainsi étendu par G. Argote de Molina, Nobleza de Andaluzía. ; p. 440 : « Y alegres y victoriosos se volvieron a la frontera escribiendo al rey don Alfonso, que estaba en el cerco de la villa de Algesiras, el buen suceso de esta entrada. »
267 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, p. 105.
268 Le Poema de Alfonso Onceno, str. 732-734, p. 179, rapporte l’épisode à la gloire du maître Alonso Méndez de Guzmán : « Elas orejas tajaron / a los moros bien sin falla /de aquellos que fallaron / que morieran en batalla. / E al noble rey las dieron, /que estava en Madrid, / e del maestre dexieron / cómo venciera la lid / e matara gran poder. » Cette volonté de frapper le public a été récemment corroborée par M. Á. Ladero Quesada, « La frontera de Granada », p. 77.
269 AHN, OM, libro 1347, ffos 59r°-63r°. Ainsi, l’accord de 1348, qui mit fin au schisme qui divisait l’ordre de Calatrava depuis plus de vingt ans, stipulait que les frères serviraient le roi d’Aragon dans ses entreprises contre les Maures, comme ils l’avaient fait par le passé lors de la conquête de Valence, de la répression du soulèvement musulman de Murcie ou de la croisade d’Almería en 1309 : « Item que quando el rey de Aragon abra afferes con los moros o en defendimiento de sus regnos que el maestre qui es agora de Calatrava o quales quiera que vinieren en pos de aquesti deban ayudar e servir al sennor rey assi como en el tiempo passado fue acostumbrado que si de la orden de Aragon no auia a sab gente de a caballo que ende fagan venier de castiella assi como ficieron en la conquista de Valencia o de Murcia o en el viaxe de Almeria » (f° 61r°).
270 F. de Rades y Andrada, Chrónica de las tres órdenes y cavallerías de Sanctiago, Calatrava y Alcántara, part. I, ffos 16r°, 17r° et 21r°.
271 A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, T. I, p. 433. Le fait a été rappelé par F. Novoa Portela, « La orden de Alcántara en Andalucía », p. 25, n. 48.
272 D. Lomax, «Una nueva obra andaluza : la crónica de Fernando de Salmerón», p. 272, et «El Cronicón Cordubense de Fernando de Salmerón», pp. 599-600 et 602.
273 D. Lomax, «El Cronicón Cordubense de Fernando de Salmerón», p. 624: « En el anno del Sennor de mill e dozientos e veynte e nueue annos el maestre de la orden de Santiago con sus frayles gano a Montiel e venpo a Ventro en campo. »
274 Seuls pratiquement, D. Lomax, « La conquista de Andaluacía a través de la historiografía europea de la época », pp. 43-45, et C. de Ayala Martínez, « Las órdenes militares castellano-leonesas y la acción de frontera », p. 147, n. 91, ont eu recours à une narration dont ils n’ont guère développé le caractère de propagande, récemment mis en valeur par F. J. Hernández, « La corte de Fernando III y la casa real de Francia », pp. 126-127.
275 Albenci monachi Triumfontium Chromcon.
276 Ibid., p. 926, sub anno 1230 : «Ad generale capitulum Cisterciense huius anni venerunt littere, quod Alfunsus, frater regis Castelle et Toleti Fernandi, in Hispania .xxxiim. Saracennorum interfecit et magnam terram contra eos acquisivit et in castro novo ante Corbubam fratres ordinis de Calatrave collocavit.»
277 Ibid., pp. 939-940, sub anno 1236.
278 Le récit de l’abbé cistercien a été repris par D, Lomax, « La conquista de Andaluacía a través de la historiografía europea de la época », pp. 43-44.
279 Primera Crónica General, chap. 1046, pp. 729-733,
280 D. Lomax, « La conquista de Andalucía a través de la historiografía europea de la época », p. 44 : « Sin embargo, me atrevo a sugerir que no debemos despreciar del todo los datos que Alberico nos ofrece sobre la toma de Córdoba. » En dépit de l’avis contraire de C. de Ayala Martínez, « Las órdenes militares castellano-leonesas y la acción de frontera », p. 147, F. J. Hernández, « La corte de Fernando III y la casa real de Francia », p. 127, a même été plus loin que l’hispaniste britannique, allant jusqu’à affirmer : « El texto de Aubri sobre el ataque initial de la ciudad parece mas próximo a la materia narrada que las crónicas del Tudense, del Toledano o el mismo cancilier ».
281 Dans la relation de la conquête de Martos, évoquée ci-dessus, est expressément mentionné l’envoi de lettres au chapitre général, selon une pratique dont D. Lomax, « La conquista de Andalucía a través de la historiografía europea de la época », pp. 38-39, a souligné qu’elle était déjà attestée sous le règne d’Alphonse VIII, en particulier à la suite de Las Navas de Tolosa,
282 Ce fait a été souligné pour les ordres internationaux par F.tommasi, « Pauperes commilitones Christi », pp. 470-473, et H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 112-116.
283 L’origine de cette tradition est difficile à cerner. Elle a été située en 1181-1185 par A, Luttrell, « The Hospitallers’Early Written Records », p. 152, et semble en tout cas antérieure à 1187, comme l’a récemment réaffirmé l’historien britannique, proposant même d’en faire remonter l’apparition aux années centrales du XIVe siècle (A. Luttrell, « Templari e Ospitalieri : alcuni confronti », p. 135).
284 Étudiée par S. Schein, « The Miracula of the Hospital of St. John and the Carmélite Elianic Tradition », cette tradition a fait l’objet d’un travail monographique récent d’A. Calvet, Les légendes de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem.
285 Repris par M.-R. Bonnet, « La fausse trahison de Girard », ce point avait été bien mis en relief par J. Delaville le Roulx, « Les statuts de l’ordre de l’Hôpital », pp. 12-13.
286 F.tommasi, « Pauperes commilitones Christ : », pp. 472-473.
287 Guglielmo de Santo Stefano, Comment la sainte maison de l’Hospital de Saint Johan de Jerusalem commença, chap. 2, p. 424 : « Mais je esme que quaestors por mieaus gaignier troverent celes choses. » Cet avis fut suivi par tous les spécialistes depuis J. Delaville le Roulx, De prima origine, pp. 44-47 : « Illis insuper temporibus, fieri potuit ut quidam fratres Hospitalis, dum pecuniam a fidelibus petitam colligerent, audientium credulitate abutendo, per plura miraculosa fabulati fuerint, sperantes forsan sese eo copiosiora accepturos esse quo incredibiliora narravissent. » Il a notamment été repris par K. Borchardt, « Two Forged Thirteenth-Century Alms-Raising Letters », pp. 52-76, et H. Nicholson, The Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, p. 113,
288 Le texte des Miracles, attribuant les origines de l’Hôpital aux temps pré-apostoliques, figure ainsi dans sa version occitane en tête des statuts navarrais de l’institution de 1314, publiés par R. Cierbide Martinena, Estatutos antiguos de la orden de San Juan, pp. 77-81.
289 BNM, ms. 728,ffos 28v°-30v° : « Hyrcan ordeno un convento y hospital donde siguiendo la santa intençion del piadoso Makabeo donde continuamente se roguasse por los muertos y debiles y los pelegrinos y dolientes fuessen religiosamente recebidos y curados y nutridos y en poco tiempo durando firmemente la santa fundacion e ordinacion de dicho hospital pervenio asta el tiempo de Christo saluador e redemidor nuestro el qual por nuestro amor seyendo rico se presento pobre y visito […] el dicho Hospital y por su draina clemencia y aziendo muchas obras depietat y milagros » (f° 29r°). Deux autres versions sont conservées dans les ms. 736, ff° 5r°-7r°, et ms. 839, ffos 1r°-3r°.
290 BNM, ms. 728, f°28v°.
291 F. Tommasi, « Pauperes commilitones Christi », p. 471.
292 À titre d’exemple, le chevalier Alfonso Díaz, répondant à une question des enquêteurs, justifie le port de la cordelette en ces termes : « Dixit quod habet cordulam circa camisam cintam ipse et alïi fratres dtcti ordinis ex precepto sut maioris ad honorem beati Bernardi, ut eis dicitur, qui precepit eis habere istas cordulas et barbas cum fuisset in constitucione sui ordinis per revelacionem beate Marie Virginis. » Sa déposition a été publiée par J. M. Sans i Travé, « L’inedito processo dei Templari in Castiglia », p. 250.
293 Ce point méconnu a été récemment étudié par Ph. Josserand, « Par-delà l’an mit : le discours des origines dans l’ordre de Santiago au Moyen Âge ».
294 C’est ce qu’a justement noté D. Lomax, « La obra histórica de Rades y Andrada », p. IX, préface à la réédition de l’œuvre de F. de Rades y Andrada, Chrónica de las tres órdenes y cavallerías de Sanctiago, Calatrava y Alcántara.
295 Le fait a été relevé par M. González Jiménez, « Relaciones de las órdenes militares castellanas con la Corona », p. 210.
296 Absente de la Primera Crónica General, la légende est mentionnée dans l’adaptation qu’en a faite Florión de Ocampo pour l’imprimer à Zamora en 1541 sous le nom de Las quatro partes enteras de la Crónica de España que mandó componer el serenissimo rey don Alonso llamado el Sabio (f° 232).
297 D. Lomax, «El Cronicón Cordubense de Fernando de Salmerón», p. 619: «En el anno del Señor de ochoçientos e treinta e dos años començo la orden de Santiago en el tiempo del rrey Ramiro.»
298 Ibid, p. 601.
299 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 118-119.
300 J. López Agurleta, Vida del venerable fundador de la orden de Santiago.
301 Rodericus Ximenii de Rada, Historia de rebus Hispanie, livre VII, chap. 14, p. 235 : « Mortuus autem sepultus est in uilla que Cirolos dicitur prope Toletum, ubi Deus per eum, ut fertur, miracula operatur ».
302 Ainsi l’a souligné J. O’Callaghan, « The Affiliation of the Order of Calatrava », p. 186, n. 2, repris dans Id., The Spanish Military Order of Calatrava and its Affiliates, I.
303 Rapporté par les premiers historiens de l’ordre de Santiago, Pedro de Orozco et Juan de la Parra, dans la Primera historia de la orden de Santiago, p. 368, un tel récit a été ensuite repris par F. de Rades y Andrada, Chrónica de las très órdenes y cavallerías de Sanctiago, Calatrava y Alcántara, part. I, f° 32v°.
304 Les avatars ultérieurs de ce récit sont le sujet du travail d’A. Pestana de Vasconcelos, « Os santos das ordens militares no Agiologio Lusitano de Jorge Cardoso », pp. 70-71, réalisé sur la base d’un recueil hagiographique publié à Lisbonne au milieu du XVIIe siècle.
305 Ainsi l’affirme F. Rades y Andrada, Chrónica de las très órdenes y cavallerías de Sanctiago, Calatrava y Alcántara, part. I, f° 32v°, qui relève qu’elle fut érigée aux frais du maître. Cette datation paraît acceptable au vu de l’analyse architecturale de P. Mogollón Cano-Cortés, « El monasterio de Tentudía », pp. 170-171, et de l’étude historique de M. López Fernández, « La evolución de la vicaría de Tudía », p. 546.
306 Alphonse X, Cantigas de Santa María, t. III, c. 325, pp. 152-155, c. 326, pp. 155-157, c. 329, pp. 162-164, c. 344, pp. 196-197, et c. 347, pp. 207-208.
307 III, c. 326, vv. 15-18, p. 156: «A aqueste logar con devoçon / veeny as gentes e son romeus / por servira nobre Madre de Deus / e dan y todos mm grand’ ofreçon.»
308 Ainsi l’a montré A Munoz Fernández, « Cultos, devociones y advocaciones religiosas en los orígenes de la organización eclesiástica cordobesa ». Un même constat a été réalisé pour les domaines santiaguistes de l’intérieur du royaume de Murcie par J. Sánchez Ferrer, « Estudio arquitectónico de las iglesias parroquiales de la encomienda santiaguista de Socovos », notamment p. 123.
309 Mis en évidence pour l’ordre teutonique en Prusse par M. Dygo, « The Political Role of the Cult of the Virgin Mary in the Teutonic Prussia », cet aspect a été analysé à l’échelle hispanique par Amy Remensnyder lors d’une communication faite au colloque rassemblé à Madrid en décembre 1998 par C.de Ayala Martínez, P. Buresi et Ph. Josserand, Identidad y representación de la frontera en la España medieval (siglosXI-XIV), dont on regrette qu’elle n’ait pas donné lieu à un texte écrit.
310 Dans un document de 1313, l’édifice est dédié à Sainte-Marie-des-Martyrs (AHN, OM, libro 1345, ffos 98r°-99v°, publ. C. de Ayala Martínez, « Un cuestionario sobre una conspiración », pp. 87-89). Malgré les affirmations d’A. Echevarría Arsuaga, « La transformación del espacio islámico », p. 71, ou de J. O’ Callaghan, Reconquest and Crusade in Medieval Spain, p. 200, il n’est pas sûr que le cimetière attenant au sanctuaire, dont la monumentalité véritable date de l’extrême fin du Moyen Age, comme l’a observé M. Cortés Arrese, El espacio de la muerte y el arte de las órdenes militares, p. 141, ait fonctionné comme martyrium dès le début du XIIIe siècle. Le fait n’est pas davantage avéré à Alcacer do Sal au Portugal, où la commanderie santiaguiste était également organisée autour d’une église dédiée à Santa Maria dos Mártires, comme l’a signalé M. T. Lopes Pereira, Alcácer do Sal na Idade Média, pp. 156-157.
311 Le fait a été récemment vérifié par P. Henriet, « Y a-t-il une hagiographie de la “Reconquête” hispanique ? », pp. 53 et 58.
312 Ainsi, les frères tués aux sièges de Reina et de Séville, durant les dernières campagnes andalouses de Ferdinand III, sont mentionnés dans la Kalenda de Uclés, publiée dans les Opúsculos castellanos de Ambrosio de Morales, t. II, pp. 22 et 33.
313 Le fait est relaté dans la chronique portugaise d’Alphonse III : Crónica de Cinco Reis de Portugal, t. I, p. 211, et Crónicas dos sete primeiros reis de Portugal, t. I, pp. 267-268 : « E fizieron da mesqujta mor jgreja de Santa Marja, E mandou lo Mestre fazer hum mujmento de pedra, em que pos sete escudos com as vieyras de Santiago, e aly os forom enterrar todos sejs e mercador Garcia Rodrigues com eles. Os nomes dos quaes som estes que se seguem : oprimeyro : D. Ruy Periz, comendador mor E o segundo, Martinho do Vale. E o terçeyro : Durão Vaz. E o quarto : Aluaro Garçia. E o quinto : Estevão Vaz. E o çexto : Bolero de Coya. E o mercador Garçya Rodriguez. Cuyos cuerpos depojs forom avidos em grande reverençia e deuoção como martires, que espargirom seu sangue pora honra de Cbristo. »
314 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, p. 120.
315 C’est le cas du Portugais Garcia Martins, grand commandeur de l’Hôpital en Espagne au tout début du XIVe siècle, selon L. Baudouin, Les vies des saincts et des sainctes de l’ordre de Sainct-Jean de Jerusalem, pp. 123-131, ou bien J. A. de Figueiredo, Nova história da militar ordem de Malta, t. II, pp. 350-351. Un peu mieux connu, l’exemple de l’infante aragonaise Sancha, fille de Jacques Ier, morte enTerre sainte dans l’habit de l’institution, sous lequel elle servait les pauvres et les pèlerins en cachant sa véritable identité, participe d’une même logique. Par l’intermédiaire du Ltbro de las armas, la mémoire de sa réputation de sainteté a été diffiisée par Juan Manuel, Obras Completas, t. I, pp. 127-128. Bien qu’A. Luttrell, « A Hospitaller soror at Rhodes », p. 131, n. 12, doute que l’hôpital d’Acre dans lequel a servi Sancha renvoie forcément à l’ordre militaire homonyme, j’incline a suivre N. Jaspert, « Heresy and Holiness in a Mediterranean Dynasty », pp. 106-112, qui, dans une étude remarquable de ce cas, lie explicitement l’activité charitable de l’infante et l’habit de l’Hôpital, que cette dernière avait choisi de porter.
316 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 120-122.
317 T. Miller, «The Knights of St. John and the Hospitals of the Latin West», pp. 732-733.
318 L’acte a été édité par J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, pp. 645-646, doc, 2412.
319 R. Serra Ruiz, « La orden de San Juan de Jerusalén en el reino de Murcia », pp. 579-580, et J.torres Fontes, Documentos de Sancho IV, pp. 97-98, doc. 107.
320 Le poids de la conjoncture a été souligné par A. Luttrell, « Gli Ospitalieri dal continente alle isole », p. 88, repris dans Id., The Hospitaller State on Rhodes and its Western Provinces, II.
321 BNV, RBC, vol. 280, f° 471r°: « Item establi est et comande en vertu de sancte obedience que les hospitalices soyent mantenues en les plasses acoustumees selonc le pooyr de les maisons. Et si en aucuns leucs ou plusses fussent bayssees que soyent retournees et tenues en si comme antiquement estoyent acustumees selon les facultes de la maison. »
322 J. Leclercq, « La vie et la prière des chevaliers de Santiago », p. 7 : « Defunctorum fratrum nettes et letisternia reserutentur et per duo hospitalia domus, quorum unum est in frontera, alterum in strata beati Jacobi iuxta preceptum magistri, uel eius qui uices ipsius tenuerint, diuidantur. »
323 BNM, ms. 8582, f° 47r° : « Otrosi que los comendadores de las enfemerias ayan bien e amplida mente todos los derechos que a las encomiendas pertenesçen con los quales prouean los freyres dolientes de fisicos e de las otras cosas nesçesarias segund la forma de la orden. » Cette clause des statuts de 1274 est reprise de façon presque littérale dans les définirions de 1310 (BS, p. 261),
324 C. de Ayala Martínez, « órdenes militares hispánicas : reglas y expansión geográfica », PP. 73-74, a bien montré combien l’usage de soigner les blessés, qui, peut-on supposer, était à l’origine prévu à destination des frères, s’étendit à l’ensemble des combattants des armées chrétiennes.
325 Ainsi, du moins, le grand commandeur de Calatrava, après la défaite castillane de 1275 contre les Mérinides, fut-il envoyé en al-Andalus pour obtenir la restitution du chef et de la main de l’archevêque de Tolède, dont le corps, au lendemain du combat, avait été retrouvé mutilé : Crónica de don Alfonso décimo, chap. 63, p. 51 : « E desque fué el dia esclarecido, don Lope Diaz fué al lugar do mataron al arzobispo, é trujo el cuerpo dél sin cabeza é sin la mano, é los moros levaron el robo que avian tomado. É despues desto, don Gonzalo Romero, comendador mayor de Calatrava, envió demandar a los moros la cabeza é la mano del arzobispo, é dieróngelo é leváronlo con el cuerpo á Toledo á enterrar. »
326 Cette dimension intégratrice a bien été relevée parC. de Ayala Martínez, « órdenes militares hispánicas : reglas y expansión geográfica », p. 73.
327 Mentionné par A. Luttrell, « The Hospitallers’Médical Tradition », p. 77, n. 81, comme par A. Demurger, Chevaliers du Christ, p. 152, cet hôpital a été étudié dans ses débuts par S. Barton, The Aristocracy in the Twelfth-Century Léon and Castile, pp. 199-200, qui publie en annexe de son étude le document par lequel le fondateur, Tello Pérez de Meneses, confie à Santiago la responsabilité de son entretien (ibid., p. 331, doc. 20).
328 Ainsi l’a souligné J. V. Matellanes Merchán, « La hospitalidad en la orden de Santiago : un proyecto ideológico o económico », pp. 136-139, dans une analyse de portée globale qui s’appuie sur l’étude préalable du patrimoine foncier des hôpitaux santiaguistes de Villamartín et Santa María de las Tiendas (Id., « La hospitalidad en la orden de Santiago : aproximación a sus hospitales y enfermerías en Castilla y León »).
329 Ainsi, pour les rentes des salines de Medinaceli, pour lesquelles les frères de Calatrava sont admis en 1218 à prélever douze charges de sel pour pourvoir aux nécessités de l’infirmerie d’El Collado (AHN, OM, carp. 424, doc. 105, publ. BC, p. 106).
330 AHN, OM, carp. 5, vol. I, doc. 7. Par un privilège spécifique, Alphonse X prend en avril 1277 sous sa protection les legs consentis aux hôpitaux de Santiago, faisant droit aux réclamations du maître Gonzalo Ruiz Girón, qui s’était plaint à lui des obstacles rencontrés par l’Ordre pour entrer en leur possession : « Se nos querello e dize que el e su orden an ospitales en algunos de nuestros logares e que quando algunos omes finan que mandait y de las herdades e de las casa que an por sus almas e que ay algunos en nuestros logares que gelo embargan e el que tiene privilegios del rey don Ferrando e mios en que mandemos que les valiesse. »
331 Rares sont cependant les actes qui détaillent la fondation d’une messe anniversaire avec la même précision que la donation consentie en faveur de Villamartín en 1232 par García Martínez, Alfonso Martínez et leurs épouses respectives : « Firman que canten siempre. v. clerigos e. ii. monazielos en Sancta María de Villa Martin pora sus almas e que fagan cada anno anniuersario pora sus aimas el dia que cada uno delos passaren deste sieglo e el dia del anniuersario de cada uno delos ayan los clerigos .ii. maravedis por pitanza e aquel dia del anniuersario de cada uno delos den a .ii. poures .iiii. maravedis en vesttdo e que ardan siempre .ii. lampadas antel altar de Sancta Maria de dia e de noche de olio doliuas » (AHN, OM, carp. 325, vol. I, doc. 19).
332 Il en était ainsi de l’hôpital santiaguiste de Villamartín en 1289 encore (AHN, OM, carp. 325, vol. II, doc. 35), ou de celui de Puente Fitero, appartenant aux Hospitaliers, en 1293. Dans ce dernier cas, Urraca et Teresa, filles de Juan Díaz de Frómista, remettent à l’Ordre, dont elles prennent l’habit, différents biens de leur patrimoine dispersés dans toute la Meseta septentrionale jusqu’en Galice et dans les Asturies, dont elles interdisent qu’ils soient distraits de l’hôpital de Puente Fitero : « Et todo le damos con vasallos et con conplido sennorio esto et con todo quanto que avemos et aver devemos en todos estos lugares sobredichos et en todas las otras partes por do quier que lo ayamos tan bien en Gallizia como en Asturias […] E esta elimosna damos so tal condicion que sea sienpre de la baylia de la Ponte de Fiteyro » (AHN, OM, carp. 575, doc 39, publ. C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », pp. 626-630, doc 59).
333 Un constat similaire a été établi pour les établissements teutoniques de Rhénanie et des Pays-Bas par K, van Eickels, « Knightly Hospitallers or Crusading Knights ? ». En insistant sur le caractère construit d’une telle image, il relativise l’idée défendue par H. Neu, « Die Aufnahme des Deutschen Ordens im Rheinland », selon laquelle la fonction charitable aurait été d’emblée essentielle pour attirer le patronage des donateurs.
334 Sur ce point, il existe un travail essentiel d’A. Forey, « The Military Orders and the Ransoming of Captives from Islam », repris dans Id., Military Orders and Crusades, VI.
335 L’importance du rôle assumé par Santiago est telle que cet ordre est généralement considéré comme le seul avec Montjoie à s’être investi dans le rachat des captifs. Ainsi l’a affirmé A. Forey, « The Military Orders and the Ransoming of Captives from Islam », p. 267, reproduit dans Id., Military Orders and Crusades, VI, dont C. de Ayala Martínez, « Órdenes militares hispánicas : reglas y expansión geográfica », p. 74, a suivi l’avis, limitant l’action de Calatrava en la matière à la libération des seuls membres de l’institution. Il convient toutefois de noter que récemment C. de Ayala Martínez, Las órdenes mditares hispánicas en la Edad Media, p. 610, a nuancé ce jugement pour restituer à Calatrava le rôle qui fut le sien dans la libération des prisonniers chrétiens.
336 D. Lomax, La orden de Santiago, p. 214 : « Qui ha mas fambre o mas sed que aquel que es en poder de moros ? » La citation est reprise dans la règle latine du XVe siècle, publiée par E. Gallego Blanco, The Rule of the Spanish Military Order of St. James, p. 96.
337 Pedro Marín, « Los milagros romanzados ». Une étude de ce texte rarement utilisé a été faite par Á, García de la Borbolla, « Santo Domingo de Silos, el santo de la frontera ».
338 Dans la narration des miracles, Calatrava est gratifié d’un rôle supérieur à Santiago. Six épisodes se rattachent à des forteresses qui se trouvaient alors en son pouvoir : Pedro Marín, « Los milagros romanzados », pp. 147 (Priego), 149 (Martos), 160 et 162 (Alcaudete), 208 (Zambra) et 223 (Locubín).
339 La genèse en a été étudiée par A. Forey, « The Military Orders and the Ransoming of Captives ffom Islam », pp. 268-289, repris dans Id., Military Orders and Crusades, VI.
340 F. Ruiz Gómez, Los orígenes de las órdenes militares y la repoblación de los territorios de la Mancha, p. 284.
341 AHN, OM, carp. 100, vol. II, doc. 5, publ. P. Iradiel Murugarren, « Bases económicas del hospital de Santiago en Cuenca », pp. 218-219, doc. 2.
342 Un document rapporte ainsi qu’en 1234 sept musulmans, évalués à mille deux cents maravédis, s’évadèrent des geôles de l’hôpital santiaguiste de Moya (AHN, OM, carp. 100, vol. II, doc. 18, publ. ibid., pp. 228-229, doc. 19).
343 B C, p. 685 : « E otrosi, quando acaesciere que algun freyle destas ordenes ambas cativare, è en alguna destas ordenes oviere moro cativo, por que lo tengan, que sea este moro dado for este freyle sin contradicho ninguno, por tal moro cativo qual cada uno de las ordenes sería tenida de dar por su freyle. »
344 A. Forey, « The Military Orders and the Ransoming of Captives from Islam », pp. 272-273, repris dans Id., Military Orders and Crusades, VI.
345 BS, p. 180, repris par A. Quintana Prieto, La documentación pontificia de Inocencio IV, t. II, pp. 599-600, doc 655.
346 G. Digard, M. Faucon, A. Thomas et R. Fawtier, Les registres de Boniface VIII, t. II, p. 541, doc 3328.
347 AHN, OM, carp. 100, vol. II, doc. 27, publ. P. Iradiel Murugarren, « Bases económicas del hospital de Santiago en Cuenca », p. 236, doc. 30. La lettre d’Alphonse X, sans donner raison aux autorités de Moya dans le conflit qui les oppose aux Santiaguistes, signale en effet, avant d’ordonner une enquête, que « los del pueblo e de las aldeas de vuestra villa nos enbiaron desir que pues no sacavan cativos que tenedes que non avedes vos nin ellos por que los dar e que nos pidien merced que non quisiesemos que los diesedes, e nos tovimos por bien que los non diesedes fasta que nos sopiemos mas del fecho ».
348 Ainsi l’a bien relevé J. Gautier-Dalche, « Le testament d’Alonso Martínez de Olivera », p. 8, repris dans Id., Économie et société dans les pays de la Couronne de Castille, XVI, lorsqu’il rapporte la volonté du dignitaire santiaguiste que soient suspendues au-dessus de l’autel de sainte Claire, dans l’église San Miguel de Palencia, les chemises de plusieurs de ses hommes d’armes faits prisonniers par les musulmans à Tarifa et dont il avait payé la libération.
349 Le fait est attesté par deux privilèges de Ferdinand IV autorisant Santiago à publier en Castille la bulle de croisade accordée par le pape au début du XIVe siècle. Publiés dans BS, pp. 249-250, ils ont été repris par A. Benavides, Memorias de don Fernando IV, t. II, pp. 353-355 et 515, doc 235 et 348.
350 Ce fait a été bien souligné par M. I. Melero Fernández, « El hospital de Santiago de Toledo a finales del siglo xv », pp. 13-16.
351 Cette mission fut alors assumée parles Mercédaires, étudiés par J. Brodman, Ransoming Captives in Crusader Spain. The Order of Merced on tbe Christian-lslamic Frontier, pp. 33-34, et plus encore par les Trinitaires, auxquels le monopole du rachat des captifs fut en théorie conféré par Ferdinand IV en 1304 (M. D. Guerrero Lafuente, « Documentos reaies del Archivo de la Real Chancilleria de Granada », p. 172, doc. 1). à leurs côtés, il n’est pas exclu que les villes des espaces de frontière aient joué localement un rôle majeur, ainsi qu’il ressort, pour Murcie, d’un acte publié par F. de A. Veas Arteseros, Documentas de Alfonso XI, p. 56, doc. 46.
352 M. Mollat, Les pauvres au Moyen Âge, a parlé à ce sujet d’une « théologie de la pauvreté ». Il en a bien signalé l’ambiguïté dans la mesure où les pauvres étaient avant tout conçus comme « l’instrument de salut du riche bienfaiteur » (ibid., p. 141).
353 D. Lomax, La orden de Santiago, p. 222 : « E los pobres de Christo assi como ermanos sean recebidos e denles las cosas necessarias segund el poder de la meson. »
354 J. Leclercq, « La vie et la prière des chevaliers de Santiago », pp. 7-8 : « Ter in anno diministetur generaliter uictus pauperibus pro animabus defunctorum fratrum, scilicet in octaua Pasce, in octaua assumptionis Sancte Marie et in octaua natiuitatis Domini et, si potuerunt, in uestibus iuuent eos. »
355 Il en est ainsi en particulier pour les textes de fondation de messes anniversaires.
356 Ainsi l’affirmait en particulier Jacques de Molay dans le mémoire sur l’union des ordres militaires qu’il rédigea au début du XIVe siècle, à la demande du pape. Le texte en a été publié par É. Baluze, Vitæ paparum Avenionensium, t. III, p. 151 : « Templarii in omnibus eorum baliviis, ter in septimana, faciunt omnibus recipere volentibus elemosinam generalem et donant continue paupertbus decimam totius panis. »
357 Pour le prieuré de Saint-Gilles, une analyse a été effectuée, à la faveur de l’enquête menée en 1338 surles possessions de l’Hôpital, par C.-F. Hollard, « Les Hospitaliers du Sud-Est de la France en 1338 : la vocation de l’Ordre à la mesure des comptes ». Il n’existe pas en Castille de documents permettant de cerner l’activité charitable des Ordres avec une précision comparable. Deux témoignages, extraits des dépositions enregistrées lors de l’interrogatoire de Medina del Campo, révèlent que le Temple ne s’était apparemment pas défait au début du XIVe siècle de l’obligation d’aumône que lui créait la règle : voir J. M. Sans i Travé, « L’inedito processo dei Templari in Castiglia », pp. 261 et 263. Le deuxième témoignage, produit par un clerc extérieur à l’institution, Juan Yáñez, chapelain du maître Rodrigo Yáñez, est plus particulièrement éloquent en raison de la dimension symbolique qu’il revêt : « Vidit dictum preceptorem maiorem in die Cene Domini annuatim continue abluere pedes XIII pauperibus, et dabat unicuique eorum pannos lineos et seculares et singulos durinos et singulos panes ad honorem Iesu Christi, qui lavavit illa die pedes discipulorum. » Il semble ainsi corroborer l’avis d’A. Forey, « The Charitable Activities of theTemplars », p. 110, qui indique que pour la Castille, à la différence d’autres espaces, tout porte à croire que l’Ordre a globalement satisfait à ses obligations en matière d’aumône.
358 A l’échelle de la péninsule Ibérique, l’équation entre pauvre et pèlerin a été mise en évidence par J. Valdeón Baruque, « Problemática para un estudio de los pobres », p. 894.
359 Plusieurs études récentes se sont attachées à en rendre compte, qui toutes cependant présentent un caractère essentiellement descriptif. Parmi elles, il convient de mentionner les travaux de J. V. Matellanes Merchán et E. Rodríguez-Picavea Matilla, « Las órdenes militares en las etapas castellanas del Camino de Santiago », et de P. Caucci Von Saucken, « Gli ordini militari e ospedalieri sul’Camino de Santiago ».
360 J. L. Martín Rodríguez, « Orígenes de la orden militar de Santiago », pp. 576-577.
361 C. Barquero Goñi, « Les Hospitaliers des royaumes de Castille et de León et le chemin de Saint-Jacques au XIIe siècle ».
362 Sur les aspects concrets du pèlerinage, il reste indispensable de se référer au travail classique de L. Vazquez de Parga, J. M. Lacarra de Miguel et J. Uría Ríu, Las peregrinaciones a Santiago de Compostela.
363 AHN, Clero, carp. 1657, doc. 9, publ. C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en Casrilla y León », t. IV, pp. 1530-1532, doc. 460. Il est fait mention dans l’acte d’un hôpital et d’une infirmerie desservis chacun par un membre de la commanderie hospitalière. Le document a été replacé rapidement dans son contexte par M. E. González de Fauve, « Esquema para el estudio de la utilizacion del agua », pp. 127-128, et La orden premonstratense en España, t. 1, pp. 223-224,
364 Plusieurs documents témoignent de ce nom nouveau à partir de 1342 (AHN, Clero, carp. 823, doc. II). L’appellation est notamment confirmée en 1347 (BNV, RBC, vol. 317, ffos 130v°-131r°) et en 1357 (AHN, Códice 602, f°151V°).
365 La date de la fondation de l’hôpital de Puente órbigo est inconnue. La référence la plus ancienne à une présence des Hospitaliers remonte à 1184 d’après C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios en el reino de León », p. 484. La première attestation de l’hôpital se situe pour sa part en 1199, où apparaît un frère du nom de Lope Núñez, comendator in hospitale Ponte Orbico (AMC, doc.52, publ. M. C. Casado Lobato, Colección diplomática del monasterio de Carrizo, t. 1, pp. 61-62, doc. 54). Dès la fin du XIIIe siècle, l’Hôpital semble avoir étroitement lié son image à l’établissement charitable qu’un document de 1301, publié par G. Cavero Domínguez, C. Álvarez Álvarez et J. A. Martín Fuertes, Colección documental del Archivo diocesano de Astorga, p. 294, présente comme l’espital de Sant Johan de la Pont.
366 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 116-120.
367 Ainsi pour saint Varus, soldat chrétien martyrisé au IIIe siècle, dont le culte fut introduit par les Templiers dans le Montferrat d’après O. Musso et F. Santi, « Un nuovo documento del culto di San Varo e i Templari a Casale Monferrato ».
368 A. Tchouhadjian, Saint Blaise, évêque de Sébaste. Un saint d’Arménie en Occident, pp. 3-5.
369 Plusieurs lieux liés à l’Hôpital y rappellent son culte, comme l’a bien souligné D. Carraz, « Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales », t. II, pp. 468 et 469, n. 265, qui évoque notamment un autel à Grasse, la chapelle haute du clocher de Notre-Dame de Montfrin et certaines reliques abritées dans l’église Saint-Jean à Aix.
370 C’est ainsi qu’en 1256 l’infante Mafalda, fille de Sanche Ier, léguait par testament au monastère cistercien d’Arouca, où elle se retira les dernières années de sa vie, plusieurs reliques de saint Blaise « quod dederunt mihi Hospitalarii » (J. A. de Figueiredo, Nova história da militar ordem de Malta, t. II, pp. 27-28).
371 M. Barroca, « Os castelos das ordens militates em Portugal », p. 539.
372 J. A. de Figueiredo, Nova hutória da militar ordem de Malta, t. II, p. 109.
373 À l’échelle hispanique, le fait ressort de reliquaires comme la croix de Poiares, au Portugal, liée à l’Hôpital, ainsi que l’a souligné M. Barroca, Epigrafia medieval portuguesa, t. I, pp. 721-725, plus que de la Vera Creu d’Anglesola, à l’origine de laquelle il faut sans doute plutôt voir une initiative de l’ordre du Saint-Sépulcre plutôt qu’un projet templier, comme l’a justement relevé N. Jaspert, « Un vestigio desconocido de Tierra Santa », pp. 462-465.
374 Ainsi le signale Lucas de Tuy dans les Miracula sancti Isidori. Le texte est conservé dans le fonds de la Real Colegiata de San Isidoro de León, ms. 63, f° 19r°-v°. Je remercie Patrick Henriet pour avoir attiré mon attention sur le contenu de ce manuscrit, dont il prépare l’édition critique. Bien identifiée par L. García Callés, Doña Sancha, hermana del Emperador, p. 61, l’origine de cette relique, arrivée de Terre sainte par l’entremise des ordres militaires, a été mise en lumière par P. Henriet, « Un exemple de religiosité politique », p. 87.
375 Aucun élément ne permet cependant de l’affirmer avec certitude, ainsi que l’a signalé L. Pascual Martínez, « Los Templarios en el reino de Murcia », p. 692.
376 RAH, Col. Salazar, M-6, f° 21r°.
377 AGS, Expedientes de Hacienda, leg. 260, doc. 2, publ. M. Rodríguez Llopis, Documentos de los siglos XIV y XV, pp. 16-17, doc. 10, et J. Torres Fontes, « La repoblación de Caravaca en 1354 y el culto de la Vera Cruz », pp. 96-97.
378 J. Torres Fontes, « Caravaca en la orden del Temple ». Pour l’Hôpital, en dépit d’incertitudes là encore difficilement réductibles, on peut observer un exemple comparable à Lora del Rio, où la plus ancienne église de la ville, mentionnée en 1280 dans un testament analysé par J. M. Lozano Nieto, « Historia y religiosidad popularen cuatro testamentos loreños », pp. 44-45, était consacrée à la Sainte Croix, comme l’a signalé J. González Carballo, La orden de San Juan en Andalucía, p. 221.
379 A. Ruiz Mateos, « Manifestaciones de la piedad popular en las ermitas emeritenses », p. 990, et J. Sánchez Ferrer, « Estudio arquitectónico de las iglesias parroquiales de la encomienda santiaguista de Socovos », p. 123.
380 Le fait a été notamment mis en relief pour l’espace baltique par E. Christiansen, Les croisades nordiques. La Baltique et la frontière catholique, p. 358.
381 Ainsi, pour le Temple, J. Castán Lanaspa, Arquitectura templaria castellano-leonesa, p. 32.
382 Bien qu’ils ne soient pas nombreux, plusieurs actes de donation du fonds d’archives de Santiago se réfèrent à une piété particulière du bienfaiteur pour l’apôtre (AHN, OM, carp. 325, vol. II, doc. 27 et 31).
383 Le fait a été vérifié par P. Henriet, « Y a-t-il une hagiographie de la “Reconquête” ? », p. 59, n. 46, à travers l’étude d’un missel santiaguiste du XVe siècle, originaire d’Uclés et aujourd’hui conservé à la Biblioteca Nacional de Madrid, dans lequel les litanies du Samedi saint semblent très ordinaires.
384 F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », pp. 9-10 et 49-50, n.5. D’autres exemples, pour l’Hôpital, ressortent de la récente analyse de C. Dondi, « Hospitalier Liturgical Manuscripts », pp. 226-227, où les frères passent, par exemple, pour s’être associés dans la vallée du Rhin au culte de saint Oswald, un roi de Northumbrie, pour lequel existait une profonde dévotion dans ces régions.
385 Le culte de San Munio, auquel est étroitement associé le monastère galicien de Veiga, passé aux mains de Santiago dès les années 1170, pourrait constituer une exception. Cependant, les conditions dans lesquelles l’Ordre a pu chercher à exploiter la popularité de cet ermite mal connu, tenu pour un saint dans une bonne partie de la Galice, sont très loin d’être bien documentées, comme il ressort de l’étude récente de J. Vázquez Castro, « San Munio de Veiga : un santo gallego en poder de la orden de Santiago ».
386 E. Méndez Venegas, « Aportación documental sobre Mérida a finales del siglo XV », p. 24.
387 Le fait a été analysé par J. Zapata Alarcón, « El culto a los mártires », pp. 616-617.
388 Ainsi, pour Calatrava, F. de Rades y Andrada, Chrónica de las tres órdenes y cavallerías de Sanctiago, Calatrava y Alcántara, part. II, f° 10r°.
389 Souligné sur un plan général par H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 116-117, Id., « The Head of St. Euphemia », pp. 109-110, et « The Military Orders and their Relations with Women », p. 412, le fait a été largement confirmé à l’échelle locale, en Baltique comme en Provence, par D.J. Weiss, « Spiritual Life in theTeutonic Order », pp. 164-167, et par D. Carraz, « Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales », t. II, p. 467,
390 O. Pérez Monzón, « El arte y las órdenes militares », pp. 223-224.
391 J.A. Fernández Flórez, « El Becerro de Presentaciones », pp. 263-567. Un relevé exhaustif des mentions qui y concernent le Temple a été proposé par G. Martínez Díez, Los Templarios en la Corona de Castilla, pp. 92-93.
392 J. Castán Lanaspa, Arquitectura templaria castellano-leonesa, p. 32, n. 2.
393 P. Martínez Sopena, El Camino de Santiago en Castilla y León, pp. 75 et 103-104. Le lien que l’on observe à Ponferrada entre la Vierge et le chêne vert, qui en vient à lui donner son nom, n’est pas nécessairement original, ainsi qu’il ressort de l’étude récente d’A. Echevarría Arsuaga, « La transformación del espacio islámico », p. 69. La prédilection du Temple pour Marie ne l’est pas davantage, comme l’atteste le rapport des autres Ordres avec la Vierge, dont ils ont en plusieurs cas favorisé le culte, tel l’Hôpital, responsable du développement de la dévotion mariale à Setefilla ainsi que l’a bien établi J. González Carballo, La orden de San Juan en Andalucía, p. 24.
394 P. Martínez Sopena, El Camino de Santiago en Castilla y León, p. 75. Au plan général, une idée similaire a été reprise, à titre d’hypothèse, par G. Philippart, « Le récit miraculaire mariai dans l’Occident médiéval », pp. 584-585.
395 à l’échelle de l’ensemble de la société hispanique, cette dévotion mariale a bien été mise en évidence par A. Rucquoi, « Ildefonse de Tolède et son traité sur la virginité de Marie ».
396 J. Sánchez Ferrer, « Estudio arquitectonico de las iglesias parroquiales de la encomienda santiaguista de Socovos », p. 123.
397 G. Signori, « La bienheureuse polysémie. Miracles et pèlerinages à la Vierge », p. 599.
398 A. MacKay, «The Virgin’s Vassals», p. 53 : «Just as Christ came into the world through Mary, so individual Christians gain access to heaven through the Virgin.»
399 Cette église a fait l’objet d’une étude monographique de Ph. Josserand, « Le Temple et le culte marial au long du chemin de Saint-Jacques ».
400 J. Castán Lanaspa, « La arquitectura de las ordenes militares en Castilla », p. 151. L’auteur avait pourtant accepté le caractère templier du sanctuaire dans une précédente étude : Id., Arquitectura templaria castellano-leonesa, pp. 64-68.
401 Ainsi, le 15 mai 1307, la confirmation du fuero templier de Cehegín rapporte la présence de « frey Gómez Patinno, comendador de Sancta María de Villasirga e de Valtadixa » au nombre des témoins (J. Torres Fontes, Documentos para la historia medieval de Cehegín, p. 99). Trois ans plus tard, lors de la citation à comparaître adressée aux Templiers en vue de l’interrogatoire de Medina del Campo, il est fait mention de « fratri Johanni, fratri Luce,fratri Rodenci, qui consueverunt habitare in bayliua de Santa María de Villasirga » (AHN, OM, carp. 567, doc. 15, publ. A. Javierre. Mur, « Aportación al estudio del proceso contra el Temple », pp. 75-78, doc. 3).
402 Consigné à la faveur d’un procès en 1220, le témoignage d’un Habitant de Villasirga, selon lequel la paroisse de Santa María aurait été peuplée « fere quadraginta annis » (AHN, Clero, carp. 1702, doc. 8, publ. J. Pérez Celada, Docurnentacion del monasterio de San Zoilo de Carrion, t. I p. 159), paraît en parfaite conformité avec la datation de la fin du XIIe siècle, avancée parla majorité des historiens de l’art sur la foi de l’appartenance du monument au courant hispano-languedocien, depuis V. Lampérez y Romea, « La iglesia de los Templarios de Villacazar de Sirga », pp. 172-176, jusqu’à J. Castân Lanaspa, Arquitectura templaria castellano-leonesa, pp. 64-68.
403 Alphonse X, Cantigas de Santa María, t. II, p. 302, c. 229, vv. I I-12. Il rapporte en ces termes l’incursion d’un contingent armé musulman à la solde du roi de Leon Alphonse IX, menaçant en 1196 de mettre à bas l’édifice alors en construction : « Eforon aa eigreja/en que lavravan enton//omees muitos da terra/por aver de Deus perdon. »
404 Plusieurs descriptions des tombeaux, agrémentées de photographies, ont été réalisées par A. Rubio Salân, « Breve noticia de Villalcazar de Sirga », pp. 34-36, J. Antolin Fernândez, « Estudio sobre Villasirga », pp. 201-203, et S. Andrés Ordax, Villalcazar de Sirga. Iglesia de Santa María, pp. 38-42. Un travail préalable avait été effectué, pour la sépulture de Leonor, par R. Inclán Inclán, « Sepultura de la infanta dona Leonor, segunda mujer del infante don Felipe », pp. 185-200.
405 Alphonse X, Cantigas de Santa María, t. II, p. 357, c. 253, vv, 41-44 : « Ali chaman Vi/a-Sirga,/logarmuy maravilloso,//en que muito bon miragre/semprefaz e saboroso//a Santa Virgen María,/Madré do Rey poderoso ;//e a eygreja é sua/e derredor a erdade. »
406 Ibid, t. II, p. 311, c. 234, v. 16, et p. 335, c. 243, v. 13.
407 Ainsi, l’expression tempo a ja employée pour introduire le récit qui, nous l’avons vu, rapporte l’intervention miraculeuse de la Vierge en faveur de l’église de Villasirga, menacée, aussitôt commencée, d’être détruite par un contingent de mercenaires musulmans, n’est jamais reprise dans le recueil.
408 Gonzalo de Berceo, Milagros de Nuestra Senora.
409 Comme l’avait établi, il y a plus d’un demi-siècle, L. Huidobro y Serna, Las peregrinaciones jacobeas, t. II, p. 524, ce sont quatorze récits de miracle qui, au total, intéressent Villasirga au sein des Cantigas. Le chiffre vaut d’être rappelé car les estimations varient à l’ordinaire entre six et douze, les plus anciennes se limitant à la demi-douzaine (L. Vázquez de Parga, J. M. Lacarra de Miguel et J. Uría Ríu, Las peregrinactones a Santiago de Compostela, t. II, pp. 208-212, et A. Rubio Salán, « Breve noticia de Villalcázar de Sirga », p. 33), quand les plus récentes en dénombrent dix ou douze (J. Antolín Fernández, « Estudio sobre Villasirga », p. 171, E. Goicoechea Arrondo, Rutas jacobeas, p. 107, G. Martínez Díez, Los Templarios in la Corona de Castilla, p. 144, ou encore J. Castán Lanaspa, « La arquitectura de las órdenes militares en Castilla », p. 150). Or, par l’espace poétique qui lui est dédié, le sanctuaire de Villasirga se situe au troisième rang péninsulaire, après El Puerto de Santa María et Salas, loin devant d’autres centres de dévotion appelés pourtant à plus de célébrité par la suite, comme par exemple Montserrat.
410 Ph. Josserand, « Le Temple et le culte mariai au long du chemin de Saint-Jacques », pp. 323-326. De façon très significative, on reconnaissait alors à la Vierge de Villasirga la capacité d’intercéder dans des cas où d’autres médiateurs, y compris l’apôtre Jacques lui-même, avaient échoué à apporter aux fidèles l’assistance qu’ils attendaient. Tel est par exemple le cas lors d’un naufrage rapporté par Alphonse X, Cantigas de Santa María, t. III, c. 313, p. 127, w. 76-79.
411 L. Vázquez de Parga, J. M. Lacarra de Miguel et J. Uría Ríu, Las peregrinaciones a Santiago de Compostela, t. II, p. 212.
412 AHN, Clero, carp. 1700, doc. 6, publ. J. Pérez Celada, Documentos del monasterio de San Zoilo de Carrión, t. I, pp. 3-5. L’auteur a souligné dans la note 2 le caractère erroné de la date de 1047, souvent admise pour la fondation d’un établissement qui compte pourtant parmi les plus anciens hôpitaux attestés sur la route de Compostelle, comme l’a rappelé R. Plötz, « Sanctus etperegrinus, peregrinus et sanctus », p. 100.
413 S. Franco Lorenzo et G. Martínez Díez, De Itero de la Vega a San Nicolas del Real Cammo, pp. 59-60.
414 Ainsi, l’itinéraire de Najera à Burgos, auquel est étroitement lié le nom du saint ermite Domingo de la Calzada, fut préféré dans la deuxième moitié du XIe siècle à une route qui, au sortir de la Navarre, gagnait Briviesca sans traverser la grande cité castillane, comme l’ont établi L. Vázquez de Parga, J. M. Lacarra de Miguel et J. Uría Ríu, Las peregrinaciones a Santiago de Compostela, t. II, p. 162. Ce point a été approfondi par John Tolan dans un article inédit, « Miracles and Oneupsmanship. Rivalry between Saints along the Camino de Santiago », qu’il écrivit en 1990, alors qu’il enseignait à l’université californienne de Stanford. Je remercie l’auteur de m’en avoir communiqué un exemplaire.
415 Le fait ressort de mentions éparses, glanées dans le récit d’Alphonse X, Cantigas de Santa María, t. II, p. 280, c, 218, vv. 36-41, et p. 297, c. 227, w. II. Leur interprétation est cependant difficile et récemment A. Forey, « The Charitable Activities of the Templars », pp. 129-130, a réfuté, à cause de l’absence de preuves absolument décisives, l’idée de l’existence d’un hôpital templier à Villasirga, que j’avais émise et que l’on peut à mon sens maintenir à titre d’hypothèse probable : Ph. Josserand, « Le Temple et le culte mariai au long du chemin de Saint-Jacques », p. 328.
Notes de fin
1 Publiés pour la période antérieure à 1300 dans la Colección Documental del Archivo de la Catedral de León, vol. VIII et IX, uniquement analysés par la suite dans le tome XI mais consultés sur la base des originaux, les testaments conservés dans le fonds cathédral de León constituent un ensemble unique du fait de la présence de soixante pièces d’archives pour le champ chronologique de mon étude. Pour une bonne compréhension du tableau, il convient de signaler qu’en un cas, en 1183, une donation aux ordres militaires recouvre également un legs en faveur de la Terre sainte et en deux autres, cette même année ainsi qu’en 1297, une aumône consentie au nom de la cruzada.
2 Le tableau a été élaboré à partir des Informations extraites des actes de l’interrogatoire de Medina del Campo, transcrit par J. M. Sans i Travé, « L’inedito processo dei Templari in Castiglia », pp. 249-264.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les archevêques de Mayence et la présence espagnole dans le Saint-Empire
(xvie-xviie siècle)
Étienne Bourdeu
2016
Hibera in terra miles
Les armées romaines et la conquête de l'Hispanie sous la république (218-45 av. J.-C.)
François Cadiou
2008
Au nom du roi
Pratique diplomatique et pouvoir durant le règne de Jacques II d'Aragon (1291-1327)
Stéphane Péquignot
2009
Le spectre du jacobinisme
L'expérience constitutionnelle française et le premier libéralisme espagnol
Jean-Baptiste Busaall
2012
Imperator Hispaniae
Les idéologies impériales dans le royaume de León (ixe-xiie siècles)
Hélène Sirantoine
2013
Société minière et monde métis
Le centre-nord de la Nouvelle Espagne au xviiie siècle
Soizic Croguennec
2015