D’Almosnino à Cansino: un livre et ses contextes
De Almosnino a Cansino. Un libro y sus contextos
From Almosnino to Cansino. A Book and its Contexts
p. 189-200
Résumés
Vers 1650, Jacob Cansino, citoyen juif d’Oran, traduisit en castillan l’œuvre du rabbin de Salonique Moïse Almosnino, Le livre des extrêmes et des grandeurs de Constantinople. En introduction à cet ouvrage, Cansino écrivit un mémoire sur les mérites des services rendus par la famille Cansino à la couronne espagnole. Le livre publié se compose ainsi de deux textes parallèles, ou plutôt, le texte traduit est prétexte au mémoire introductif. Une lecture attentive de ce mémoire permet d’en déceler le double objectif : d’une part démontrer l’utilité des juifs en raison de leur connaissance du monde musulman en général et du monde ottoman en particulier ; d’autre part, soutenir la cause de Jacob Cansino lui-même, qui rédige ce mémoire à Madrid, étroitement surveillé par l’Inquisition et à un moment où il était en concurrence avec un membre de l’autre grande famille juive d’Oran, Jacob Saportas, pour le titre officiel de traducteur royal
En torno a 1650, Jacob Cansino, ciudadano judío de la plaza de Orán, tradujo al castellano la obra del rabino de Salónica Moisés Almosnino, titulada Libro de los extremos y grandezas de Constantmopla. Como introducción a esta obra Cansino escribió una memoria sobre los méritos de la hoja de servicios de la familia Cansino para con la Corona española, de modo que el libro publicado se compone de dos textos paralelos o, más bien, el traducido es el pretexto para argumentar la memoria introductoria. Una lectura atenta de esta memoria permite detectar el doble objetivo de la misma: demostrar la utilidad de los judíos por el conocimiento que éstos tenían del mundo musulmán en general y del otomano en particular, por un lado. Por otro, apoyar la causa del propio Jacob Cansino que escribe esta memoria en Madrid, estrechamente vigilado por la Inquisición y en un momento en el que rivalizaba con un miembro de la otra gran familia judía de Orán, Jacob Saportas, por el título oficial de traductor real
Around 1650, Jacob Cansino, a Jew who lived in the city of Oran, translated the Libro de los Extremos y Grandezas de Constantinopla (Book of the Magnificence and Greatness of Constantinople), the work of Rabbi Moses Almosnino of Salonica, into Spanish. As an introduction to this work, Cansino listed all the services the Cansino family had performed for the Spanish Crown, so that the published book consists of two parallel texts, or rather the translation is the pretext for justifying the introductory panegyric. The twofold objective of this introduction can be detected by careful reading. On the one hand, to show that the Jews were useful because of the knowledge they had of the Muslim world in general and of the Ottoman world in particular. On the other, to support the cause of Jacob Cansino himself, who wrote this panegyric in Madrid, closely watched by the Inquisition, at a time when he was in competition with a member of the other great Jewish family from Oran Jacob Saportas, for the official title of Royal Translator
Texte intégral
1Au début des années 1650, les inquisiteurs de Grenade s’émurent1 de ce que circulait dans leur ressort la traduction en castillan du Libro de los extremos y grandezas de Constantinopla faite par Jacob Cansino, citoyen juif d’Oran1. Il s’agissait de la traduction ou adaptation en castillan d’un manuscrit du rabbin de Salonique Moïse Almosnino2. L’ouvrage était sorti, à Madrid, des presses de Francisco Martínez, en 16383. Les inquisiteurs étaient indignés de ce que Cansino fît allusion à l’espoir des juifs que le Messie viendrait accomplir les promesses de l’alliance. L’un d’eux apporte ce commentaire:
Todo esto tiene una escusa y es que el autor e interprete son judíos de nacióno y profesion y assi hablan en conformidad de la ley que professan en que parece no ay que hacer reparo, porque estas cosas solo se toman segun la falsa opinion o secta del que las dice, Assi como en los libros de los Gentiles se permiten muchos errores que contienen acerca de susfalsos dioses. No obstante parece no carecer inconveniente y escandalo el permitir estas cosas en lengua vulgar por lo pegaxoso de la ley mosayca en los coraçones de muchos.
2Expurgé en 1640, à nouveau examiné en 1651, le livre – et c’est l’essentiel – ne fut pas interdit. Les inquisiteurs de 1650 reprenaient à leur compte le raisonnement du censeur ecclésiastique qui avait autorisé l’ouvrage lors de sa publication. Le père fray Gerónimo de la Cruz, lecteur de théologie et inspecteur général de l’ordre de Saint-Jérôme, sans affronter la difficulté théologique que posait la publication d’un ouvrage juif par un juif en Espagne, présentait le texte d’Almosnino comme un document appelé à susciter la curiosité d’un lecteur mais certainement pas son adhésion:
El Libro no tiene otra falta considerable que salir de manos de professores estrados a nuestra santa Religion Catolica: pero esto no es inconveniente, pues se nos permite el Targum, y expositores Rabinos, y muchos autores persanos, y especialmente a Tacito, que tan impíamente habla de los Christianos, atendiendo a la utilidad de la Historia, de que sacan los Curiosos prudentes advertimientos con que aumentan sus noticias.
3Ce faisant, il saisissait précisément l’une des intentions premières et essentielles de Jacob Cansino, traducteur et promoteur de la publication: faire la démonstration de l’utilité pour les chrétiens du regard juif sur le monde musulman en général et ottoman en particulier.
4Le frontispice de l’ouvrage est une gravure représentant le comte-duc d’Olivares en réincarnation d’Alonso Pérez de Guzmán – ancêtre tutélaire du lignage des Guzmán, dont il était issu – pourfendant un serpent à deux têtes4. Dans la dédicace adressée au favori de Philippe IV, le sens de l’allégorie est expliqué. Alonso Pérez de Guzmán de retour d’Afrique, sur le chemin de l’Espagne s’allie au lion (Philippe IV) pour abattre le serpent La figure évoque l’alliance de Cansino avec le favori du roi contre de communs adversaires. Après cette première dédicace adressée au personnage politique le plus important du moment après le roi, la seconde réclame la protection de Juan de Tapia, chevalier de l’ordre de Saint-Jacques et regidor de Madrid, c’est-à-dire celle d’un magistrat ayant pouvoir de police en matière d’installation d’étrangers et de diffusion des livres. Le magistrat, dont Cansino fait imprimer la réponse, exprime son amitié personnelle pour le notable juif nord-africain:
Y um (alo que se dexa ver) tan seguro traducir, y tan propio en el lenguage, que siendo tan admirable en el conocimiento de muchas lenguas, en la nuestra excede a la admiracion, por las noticias que tiene de diferentes succesos, personas, y provincias que ha visto y communicado, que junto a la fidelidad con que ha servido al Rey nuestro señor (Dios le guarde) le hazen un varon digno de admiracion muy aparte. A lo menos en la mia tiene el lugar que le negocia este conocimiento, y quisiera merecerlo que V. m. pone en mi, favoreciendome en su papel, para ser mas autoriçado publicador de sus meritos, solicitadores de dignos premios y tambien los espero de buena dicha. Yo se la deseo ansioso en lo principal, porque este genero de virtudes, que no passan de naturales (escuche esta verdad mi buen afecto) no son proporcionada disposicion para la gracia divina (oigolo asi a los Teologos, que lo creen,y lo saben:yo lo creo, aunque no lo sepa) pero escusando vicios y culpas, escusan también los impedimentos para la gracia; y consuelase la amistad viendo à V. M. menos impedido. Ruego a nuestro Señor le desembarace de todo estorvo, le dé lo que importa para ser suyo, y les guarde muchos años, con medras de todos bienes.
5Dans le cadre d’une théologie morale croisée avec la philosophie naturelle, l’argument parvient à faire accepter l’idée que l’obstination juive dans l’erreur est compatible avec la pratique de vertus morales. Les Indiens du Nouveau Monde et des classiques de l’Antiquité, c’est-à-dire les «Gentils» de l’inquisiteur de 1651, qui n’avaient pas connu la révélation, ne pouvaient être accusés d’avoir rejeté la vérité révélée. Mais juifs et musulmans ne pouvaient prétendre se placer à l’abri de cet argument.
6Ces précautions étaient indispensables, dans la mesure où le Saint-Office, quoique n’ayant en principe aucune compétence à l’égard de juifs non convertis au christianisme, était à l’affût. Le commissaire de l’Inquisition de Murcie établi à Oran avait intenté en 1628 une action contre les Cansino5. Ceux-ci étaient accusés de faire copier et circuler le Talmud, d’en envoyer des exemplaires à Tlemcen et d’avoir converti au judaïsme un marchand chrétien établi dans cette ville. Une fois installé à Madrid, où il a résidé dans les années 1625 puis entre 1633 et 1640, Jacob Cansino fut étroitement surveillé par l’Inquisition. Plus tard, alors qu’il fut rentré à Oran, le Saint-Office continue de s’intéresser à lui au cours des interrogatoires de Luisa Ferro, épouse du banquier portugais converso Manuel Cortizos6. La malheureuse livre, au détour d’une réponse, un bref portrait de Cansino pendant son séjour à Madrid:
Llego entonces Jacob Cansino, judio de nación, vestido como tal, con traje de albornoz y turbante, y venia de Oran.
7Le détail vestimentaire est important car il permet d’imaginer la visibilité de Cansino dans les rues de Madrid et les couloirs de la cour. Il était en tout lieu et tout temps accompagné par deux familiers de l’Inquisition chargés de l’empêcher d’entrer en contact avec des marranes7.
8Le livre se compose de deux ensembles: le texte du rabbin salonicien Almosnino, précédé d’un mémoire sur les mérites et exploits de la famille Cansino au service de la couronne espagnole. Par son extension et son ambition, l’ouvrage d’Almosnino semble être l’objet principal de la publication et la feuille de services des Cansino une simple justification du rôle d’éditeur rempli par Jacob Cansino. Son avant-propos est, sur ce point, explicite:
A quien [le lecteur] pido (en premio deste deseo) defienda mi intencion de los detractores, no teniendo a jactancia mía el poner aqui la Relacion de mis servicios; pues el animo con que los bago ha sido por dos causas; la una, porque quien no me hubiere conocido (siendo, como soi, de diferente Religion) negara el credito que se debe a la puntualidad de esta traduccion. La segunda, porque de la misma forma que los que tienen algunas joyas estimables reciben particular gusto y gloria en que todos las vean, yo que los estimo por los mayores que Dios me ha dado, los pongo de manifiesto, preciandome de leal vassallo de su Magestad, y deseandolos continuar en las ocasiones del mayor riesgo de mi vida.
9Une lecture attentive de l’ouvrage et l’analyse du conflit qui se déroulait à Oran invitent à inverser l’ordre des priorités du texte. L’adaptation du traité d’Almosnino est d’abord le prétexte grâce auquel Cansino fait circuler une défense de ses mérites, mais aussi une démonstration de ce que les autorités chrétiennes peuvent attendre des compétences des juifs face à l’Empire ottoman.
10Le livre d’Almosnino brosse un portrait vécu de la société politique ottomane. La première partie, consacrée aux « excès » de Constantinople, est conçue comme une série de clichés: l’excès de vertus et l’excès de vices caractériseraient tous les aspects de la vie constantinopolitaine. Un climat tour à tour glacial et brûlant, des femmes ivres de désir ou ivres de Dieu, des princes aussi cruels que libéraux, les juifs les plus pieux ou les plus sceptiques du temps. Aucune mesure en rien: telle serait la formule de ce monde d’intempérance qui ne manque pourtant pas de mérites. Cet exposé est suivi de deux sections, la première consacrée à la mort du sultan Sélim et à sa majesté, telle que l’exprime la pompe de ses funérailles, la seconde développant le thème des vertus morales et politiques du Sultan, à travers une série d’anecdotes.
11On ne peut qu’admirer la pertinence des stratégies d’écriture de Cansino. Il montre la profondeur des connaissances sur le monde ottoman que maîtrisent les juifs établis dans l’Empire ainsi que l’importance de leurs compétences linguistiques. Il s’agit d’atouts majeurs pour les chrétiens, qui voudraient obtenir des informations fiables sur leur principal ennemi. En outre, du fait qu’il formule un éloge – en principe choquant – du chef politique de l’Islam méditerranéen, présenté comme un prince vertueux8, Jacob Cansino apporte un crédit à la thèse selon laquelle les cécités juive et maure à l’égard de la religion chrétienne ne sont pas incompatibles avec la manifestation de vertus morales. Il donne au texte un sens fort du fait qu’il s’adresse au public espagnol Il raconte avec quel entrain les juifs, les Grecs et les Francs de Constantinople participent aux festivités de l’entrée solennelle de Sélim dans la cité. Non sans audace, Cansino, à travers sa version du manuscrit d’Almosnino, fait de Sélim un exemple pour le Roi Catholique:
Aviendo sabido mi llegada, me mando llamara tratar de algunas possessiones que tenia en Salonique, donde moravan algunos judíos, usando conmigo demasiada cortesía, de la que suele con letrados de su profession, dandome a entender, que a todo hombre sabio, aunque fuesse de diferente leí, queria bien: y que por lo que estaba informado de mis letras me ofrecía su favor en quanto pudtesse, a que no faltaría, por lo qual le besé la mano [p. 143].
12Le tout est agrémenté de références aux privilèges et grâces que le Sultan accorde à ses juifs.
13Cansino s’identifie à la représentation qu’Almosnino donne de lui-même: le rabbin de Salonique est le pivot d’un réseau juif capable de gérer, pour le Sultan, les affaires de Salonique et se présente comme un lettré respecté par sa communauté. Le manuscrit des Extremos y grandezas fut rédigé en 1555-1556, lorsque Almosnino résidait à Constantinople. Dépêché par sa communauté pour négocier certains points de son statut auprès des institutions ottomanes, le rabbin exerçait, pendant ce long séjour à la cour, la fonction de procureur et de plaideur. La trop longue attente que lui avait infligée la bureaucratie d’Istambul fut mise à profit pour composer la description de la ville et le portrait de son sultan. Telle est très exactement la position dans laquelle se trouve Cansino à Madrid, auditionné par diverses juntas et faisant jouer son réseau pendant les longs intervalles entre deux convocations. La publication du manuscrit inédit d’Almosnino, comme réponse à cette oisiveté forcée, fait figure de clin d’oeil. L’effet de miroir est saisissant. Cansino, lui aussi, doit être considéré comme l’une des têtes de la communauté juive d’Oran, comme un serviteur du Roi Catholique et comme un lettré compétent dans le domaine des langues orientales. Cette analogie ne pouvait guère être comprise par les lecteurs madrilènes de l’ouvrage mais elle nous permet de mieux comprendre la stratégie textuelle de Jacob Cansino. La traduction ou adaptation du livre d’Almosnino par Cansino doit ainsi être comprise comme un jeu littéraire subtil à travers lequel l’interprète juif oranais appelle de ses voeux la confirmation de la tolérance dont jouit sa communauté dans la monarchie hispanique. L’utilité des compétences juives au service du Roi Catholique et du sultan se répondent, de même que la possibilité de prononcer l’éloge moral d’un juif est renforcée par celle de dresser un tableau des vertus du Sultan.
14La conjoncture régionale dans le Maghreb espagnol ne semble pas justifier la publication de ce plaidoyer. Sans doute y avait-il eu, dans un récent passé, plusieurs projets d’expulsion de la communauté, notamment en 1591 et en 162 19. Cependant, tel ne semble pas être le cas à la fin des années 163010. Aussi, la défense générale des juifs sous autorité hispanique qui sous-tend la publication des Extremos y grandezas ne répond-elle pas à une véritable urgence politique. Il est clair que le texte d’Almosnino est le prétexte, voire l’alibi, qui permet à Cansino de diffuser à la cour sa feuille de services familiale dont le titre mérite d’être reproduit:
Relacion de los servicios de Iacob Cansino (hebreo de nacion) vezino de Oran, Lengua y Interprete del Rei nuestro señor en las plaças de Oran y Maçalqurvir; y de su padre, abuelo, y bisabuelo, y otros deudos, y ascendientes suyos, copiada a la letra de la que ha sacado Agustín Maldonado Secretario de Su Magestad, Oficial Mayor de la Secretaria de guerra de la parte de tierra. Y ajustada (de orden de la junta de Ministros de los Consejos de Estado y Guerra, Real de Castilla, Camara, y Justicia que su Magestad mando señalar para los negocios de Cansino) por el licenciado don Pablo Arias Temprado, Oidor que fue de Valladolid, Regente de la Real Audiencia de Sevilla, Visitador general de las plaças de Oran, uno de los desta junta.
15La relación de méritos des Cansino est semblable, dans son économie interne, à n’importe quel memorial de parte adressé à l’un des tribunaux de la Monarchie pour solliciter une grâce. Cansino explique qu’un officier du secrétariat du Consejo de Guerra, Agustín Maldonado, a retrouvé les actes administratifs qui témoignent des activités de la famille Cansino au service des rois d’Espagne. Ce n’est pas Cansino lui-même, mais le licenciado Pablo Arias Temprado, ancien auditeur de la chancillería de Valladolid et régent de l’audiencia de Séville, qui a composé l’histoire de la famille. Cet officier est le mieux placé pour écrire l’éloge des Cansino car il dirigea, au début des années 1630, la visite générale d’Oran11. De plus, Temprado est membre de la junta de conseillers d’Etat et de magistrats du Consejo de Guerra chargée de résoudre «el negocio de Cansino». La recherche des pièces justificatives à l’appui de cette apologie avait été réalisée pour le compte de Jacob Cansino, dès 1634. Cette année-là, en effet, Cansino fit imprimer dans l’atelier d’Andrés de Parra, une première version du rapport d’Arias Temprado, sans citer toutefois son nom ni celui d’Agustín Maldonado:
De los servicios de Iacob Cansino Hebreo, Soldado de a cavallo de las Plazas de Oran,y de su padre, abuelo, y visabuelo, y otros deudos y ascendientes suyos12.
16Le texte se présente comme un occasionnel de huit pages serrées, repris presque mot pour mot dans le prologue aux Extremos d’Almosnino.
17La Relación, dans sa version de 1638, a été utilisée comme la source principale, voire unique, de la plupart des notices consacrées aux Cansino13. L’auteur résume d’abord la carrière de Jacob Cansino, puis celles de son arrière-grand-père Jacob, de son grand-père Isaac, de son père Haïm et enfin de son frère aîné Aaron. Tous ces hommes ont en commun d’avoir exercé l’office d’interprète de langue arabe pour le compte de la Couronne, en sorte que la charge est demeurée dans la famille sans interruption depuis le règne de Charles Quint.
18L’auteur de la relation, en présentant le portrait de Jacob Cansino, livre une définition complète du métier d’interprète:
Con obligacion de servir no solo en la lengua Arabiga, y las demas de que es practico, pero en todo lo que se offreciese, y se le ordenasse, esto en consideracion de que todos sus pastados han servido desde que se conquistaron aquellas plaças en el officio de lengua, interprete de la Arabiga, y en particular Jacob Cansino su bisabuelo, que fue por orden del Emperadora Fez y Marruecos, y dio buena cuenta de lo que se le encargo [...].
19Tel est, en quelque sorte, le cahier des charges rempli par les membres de la famille qui se sont succédé à ce poste.
20Jacob l’ancien a participé aux expéditions du comte d’Alcaudete et a perdu, dans les batailles désastreuses des années 1556-1558, trois de ses neveux, Isaac, Moïse et Jonas Cansino. Ces juifs avaient mérité la reconnaissance du roi car non seulement ils étaient morts au combat à son service, mais encore ils avaient avancé aux capitaines généraux de la place les soldes qui n’arrivaient pas assez vite à la troupe. À la fin de sa vie, Jacob l’ancien, ne suffisant plus à la tâche d’interprète, obtint du roi le privilège d’associer à son exercice son fils, Isaac Cansino. Celui-ci, grand-père de Jacob, exerce de 1558 à 1598. Un de ses titres de gloire est de s’être rendu à la cour en 1580 pour informer Philippe II de la situation régionale. Ne se contentant pas de traduire les lettres adressées en arabe au capitaine général, il avait agi dans l’arrière-pays, notamment en ramenant dans la zone d’Ifre plusieurs tribus qui l’avaient abandonnée après avoir fait alliance avec les autorités turques de Tlemcen. Le père de Jacob, Haïm, succède à Isaac en 1598; en 1621, il meurt en accomplissant une mission pour le gouverneur de la place. Haïm Cansino sut réconcilier des groupes qui se faisaient la guerre et en particulier il parvint à régulariser les relations avec les deux tribus qui rapportaient le plus aux finances royales, celles de Jaffa et Hamayan. En 1608, à la demande du duc de Medina Sidonia, il se rendit à Sanlúcar, où il résida huit mois à son service, vraisemblablement pour évaluer les chances d’une conquête espagnole des places de Larache et de La Mamora. En 1620, il organisa contre les rebelles Benerages une expédition punitive qui rapporta à Oran un butin considérable. Tour à tour soldat aguerri dans le feu de la bataille, homme d’intelligences capable de faire jouer ses réseaux pour connaître les intentions des Turcs et celles des tribus, diplomate étroitement associé aux accords passés avec le fameux roi de Cuco, sa réputation fut consolidée par les témoignages favorables des capitaines généraux, le marquis d’Ardales (1604-1608) et le comte d’Aguilar (1609-1616). Il concentre toutes les vertus qui doivent être attachées à la fonction d’interprète, entendue en son sens le plus large. Ce récit éloigne le lecteur de l’image d’interprètes juifs confinés dans des fonctions de bureau et de plume et les présente comme de véritables hommes d’action. Haïm Cansino ne mourut pas dans son lit mais d’une chute de cheval, alors qu’il portait de nuit un courrier secret au duc de Maqueda (1616-1620 et 1623-1626). Aaron Cansino, le frère aîné de Jacob Cansino, succède à son père de 1621 à 1633, année au cours de laquelle il tombe sous les coups d’une tribu rebelle de l’arrière-pays oranais.
21Telles sont, de façon fort résumée, les informations que rassemble la Relación. Les Cansino ont donc agi conformément à ce que l’on attendait d’eux. Ils ont suivi leur cahier des charges avec zèle. Cette réussite est caractérisée par trois traits essentiels: la compétence linguistique, le sacrifice de la vie au service du roi, le voyage d’Espagne (Isaac, Haïm et Jacob le jeune). Si l’on veut bien considérer que la défense de la famille Cansino était le moteur secret de l’entreprise éditoriale de 1638, en ce qu’elle reprenait celle de 1634, la question des objectifs poursuivis par Cansino et par tous ceux qui ont rendu possible sa publication peut être posée avec une certaine précision.
22Comment interpréter, en effet, le caractère nécessairement scandaleux d’une telle initiative éditoriale ? Renforce-t-elle le soupçon d’après lequel Olivares souhaitait accueillir des communautés juives en Espagne, comme cela se faisait alors dans le reste de l’Europe14 ? La diffusion d’un livre juif à la cour est-il le signe que la tolérance accordée aux banquiers conversos portugais pourrait s’étendre aux juifs ? L’enquête sur le contexte exact de cette publication nous détourne de telles conclusions. Ce qui importe à Jacob Cansino, c’est la position qu’il revendique à Oran et, accessoirement, l’avenir en Afrique hispanique de la communauté dont il est issu. Des juifs africains ont-ils eu à cette époque l’intention de s’établir en Espagne, comme l’avaient fait depuis le début du XVIIe siècle les hommes de la nação portuguesa ? Rien, dans les correspondances des familles juives qui nous sont restées ni dans les rapports émanés des autorités oranaises, ne permet d’en formuler ne serait-ce que l’hypothèse. Les adversaires les plus acharnés d’Olivares avaient bien observé que Jacob Cansino n’était pas le seul juif oranais à s’être rendu à la cour pendant les années 1630. À peu près aux mêmes dates et pour les mêmes raisons que Cansino, Jacob (Yaho) Sasportas résidait à Madrid, ainsi qu’un membre de la famille el Haïck15. En 1637, deux chefs de familles juives d’Oran, Sadi el Haïck et Abraham ben Boton, liés aux Sasportas, demandent des licences pour commercer en Espagne16. En 1638, deux juifs, Malaouf et Halay, demandent à être libérés de la présence d’un familier à leur côté, au moment même où un membre de la grande famille séfarade des Pariente, établie à Larache et Oran, arrive à la cour17. On peut ainsi imaginer que vers 1637-1638 une demi-douzaine de juifs ont vécu à Madrid. Cette présence insolite et la diffusion des Extremos traduisaient, sans doute, un relâchement de la vigilance antijuive mais on ne peut néanmoins pas les interpréter comme autant de signes d’un renversement politique et spirituel.
23L’enquête contextuelle nous écarte de cette hypothèse pourtant séduisante. Lorsque Aaron Cansino mourut sans enfants, en 1633, son frère cadet Jacob aurait dû lui succéder à la charge de lengua de su Magestad. Il s’y était préparé de longue date et avait exercé le métier, en attendant de devenir titulaire de la charge, suivant en cela une pratique ordinaire dans la transmission patrimoniale des offices d’Ancien Régime. Il eut l’occasion de faire la preuve de ses réelles compétences en servant de traducteur à Pablo Arias Temprado pendant la visite générale d’Oran. Cependant, au moment où son frère disparut brusquement, Jacob Cansino était aux arrêts, accusé par le capitaine général, le marquis de Flores de Ávila, d’avoir fait parvenir aux Conseils du roi des rapports dénonçant les abus de son gouvernement déjà mentionnés, également épinglés par le visiteur général Arias Temprado18. Le successeur potentiel se trouvait ainsi écarté de l’exercice de l’office d’interprète, ainsi que son vieil oncle Brahim Cansino, qui maîtrisait les alphabets hébraïque et arabe mais pas le latin. Les magistrats du Consejo de Guerra choisirent Yaho Sasportas comme successeur d’Aaron Cansino. Étant donné le grand âge de Yaho Sasportas, son fils Jacob pouvait le remplacer en cas de maladie ou d’absence. Par ce biais, il semblait bien que l’office d’interprète allait passer de la famille Cansino à la famille Sasportas. Cette décision allait entraîner une lutte sans merci entre les deux clans.
24Le visiteur ecclésiastique Pedro Cantero Vaca, dans son célèbre récit, avait souligné le fait que les deux familles se partageaient l’essentiel du pouvoir social dans la communauté oranaise19. Les Sasportas, dont les racines tlemcéniennes sont plus fortes que celles des Cansino, font figure de parvenus dans le jeu oranais face à leurs rivaux, présents dès les premières années de l’occupation espagnole. Les Cansino sont les sages – des rabbins sont issus de leurs rangs – tandis que les Sasportas sont les grands négociants de la région. Encore cette vision doit-elle être nuancée. Les Cansino n’ont jamais cessé d’agir comme de prospères marchands, comme le prouve le fait que le rabbin Abraham Cansino demeure le principal marchand d’esclaves dans les années 1646-1669. Quant aux Sasportas, outre ce que l’on sait du plus célèbre des rabbins marocains de leur famille, établi à Amsterdam, ils ne font pas figures d’ignares20. La rivalité est d’autant plus aiguisée que les puissances s’équilibrent. En captant, après cent cinquante ans de monopole Cansino, la charge officielle d’interprète du roi d’Espagne, les Sasportas marquent leur supériorité sociale sur le clan ennemi au sein de la société oranaise. En fait, l’activité de traducteur était exercée par un cercle élargi de juifs, mais aussi de chrétiens voire de supplétifs musulmans, mais le titre de lengua de Su Magestad constituait une ressource politique et une légitimité particulièrement puissantes.
25On comprend alors pourquoi Jacob Sasportas, qui avait fait le voyage de Madrid en 1625 pour obtenir le remboursement d’une partie des dettes contractées par la Couronne auprès de sa famille, y revient au même moment que Jacob Cansino21. Exactement comme son adversaire, le notable oranais rappelle tout ce que le roi d’Espagne doit aux siens depuis leur installation dans le préside.
26Depuis 1593, il avait entretenu à ses frais pour le compte du roi d’Espagne un réseau d’espions à Tlemcen, Mostaganem et même à Alger. En 1616, un des siens avait été brûlé à Mostaganem et deux de ses clients avaient été dépouillés de leurs biens. Sa belle-mère, Anina, et l’un de ses cousins membres de la communauté de Tlemcen avaient été arrêtés, torturés et rançonnés. Sous le règne de Philippe II, son père, Jacob Sasportas, avait été condamné à mort à Tlemcen pour les mêmes raisons. Son frère Aaron Sasportas, résidait à La Goulette d’où il informait ses parents des mouvements de la flotte turque. D’autres membres de la famille, Abraham et Çaque Sasportas, tlemcéniens eux aussi, avaient souffert de la suspicion dans laquelle était tenu tout le clan. Ainsi, leur exécrable réputation auprès des autorités musulmanes finit par ruiner leur puissance commerciale, à Tlemcen et à Alger notamment. En 1611, ils prévinrent le capitaine général qu’une offensive générale contre l’Oranais avait été décidée par le diwan d’Alger.
27Si l’on ajoute aux dépenses liées à l’entretien du réseau les prêts consentis aux officiers et soldats chrétiens du préside, les Sasportas d’Oran avaient avancé autour de 50.000 escudos, ce qui représente une somme vertigineuse pour un particulier. C’est pourquoi Jacob Sasportas demandait à être traité comme un banquier du roi: le volume de la dette, qui devenait pour lui une sorte de placement à long terme extrêmement mal servi, était un argument de poids lorsqu’il exigeait que l’administration de la Couronne reconnût la situation en lui versant un salaire d’officier du roi. Son point de référence était, bien sûr, la charge d’interprète juif. Le Consejo de Guerra fit alors pression sur le Consejo de Hacienda pour que le remboursement de la dette contractée par les finances du roi fut acquittée au plus vite par les comptables22. Les Sasportas avaient également acheté certains chefs de tribus musulmans pour s’assurer qu’ils accepteraient de formaliser des pactes avec l’autorité chrétienne d’Oran. Leur générosité concerne aussi la société chrétienne, puisqu’ils avancent les sommes nécessaires au rachat d’otages et de captifs chrétiens et qu’ils contribuent à l’entretien des couvents d’Oran. Chaque année, à Pâques, ils offraient des agneaux aux trois couvents. Leur fidélité à l’égard des autorités chrétiennes conduit même Jacob Sasportas, en tant que cheikh des juifs, à organiser une expulsion partielle de ceux-ci après avoir communiqué au capitaine général une liste complète des familles résidentes23. Tous ces arguments furent agencés, rédigés, copiés et envoyés à la cour, tout au long du procès de désignation de l’interprète du roi, mené en compétition avec Jacob Cansino. Ayant obtenu partiellement satisfaction, en intégrant ses fils dans le circuit des offices royaux, Jacob Sasportas continua h avancer de fortes sommes au roi jusqu’au début des années 163024.
28Les deux parties animent des réseaux d’appui à leur prétention au monopole de la charge de lengua de Su Magestad Au sommet des institutions politiques madrilènes, les revirements sont nombreux, entre 1634 et 1646, concernant l’affaire Cansino/Sasportas. Suivant une chronologie complexe et heurtée, chacun des rivaux semble, à un moment donné, emporter la décision. Cependant, de tergiversations en compromis, la situation devient inextricable: Jacob Sasportas demeure interprète en titre, Jacob Cansino obtient de son côté une nomination à condition que Sasportas soit mis en retraite (jubilado) et Jacob Sasportas fils continue d’exercer la fonction de remplaçant de son père. Ainsi, au début des années 1640, Oran a trois interprètes juifs au lieu d’un seul. La suite de la polémique excède ce qui nous intéresse pour comprendre le sens de la publication des Extremos de Constantinopla. Au terme de ce processus interminable, l’office de lengua revint au clan Cansino, en la personne de Jacob.
29Il ne fait aucun doute que la publication de la relación de servicios de la famille Cansino dans sa version de 1634 fut rédigée pour défendre le point de vue de leur héritier dans le conflit qui l’opposait aux Sasportas. Le fait que le seul exemplaire que nous ayons trouvé était rangé dans une liasse de la section Guerra Antigua de l’Archivo General de Simancas (leg. 3135) entièrement consacrée à la visite oranaise d’Arias Temprado et à la junta chargée de trancher entre les deux familles ennemies constitue un indice plus que probant. Du même coup, l’inscription de ce texte en prologue à l’édition madrilène des Extremos d’Almosnino nous autorise à rattacher cette initiative éditoriale au même procès de désignation. La publication de 1638, à une date où les Consejos et la junta concernés par l’affaire semblent incapables d’adopter une décision claire, doit être comprise comme un élément de la stratégie de défense adoptée par Jacob Cansino. Il trouvait là un moyen exceptionnellement efficace de donner une publicité élargie à son point de vue. Comme, de surcroît, notre éditeur était un homme hautement lettré, le choix littéraire qu’il opère en convertissant le manuscrit d’Almosnino en cheval de Troie de son plaidoyer pro domo était on ne peut plus judicieux. En effet, le texte du rabbin salonicien faisait la démonstration de l’utilité du savoir juif sur le monde musulman pour l’intelligence des chrétiens, apparaissait comme un précédent à la situation qui était alors celle de Cansino dans l’attente des décisions de la cour, et ouvrait la porte à une évaluation morale des hommes et des situations qui s’affranchissait de la stricte obédience religieuse. Il serait hasardeux d’inscrire cette singulière publication dans une histoire des formes d’intrusion de la tolérance dans la rigoureuse monarchie catholique des rois d’Espagne. En revanche, nous disposons de suffisamment d’éléments pour en offrir une interprétation micro-contextuelle. Pour le reste, on le sait, l’essentiel demeure que la communauté juive d’Oran fut expulsée trente ans plus tard, au mois d’avril 1669.
Bibliographie
Bibliographie
Almosnino, Rabí Moysen –, Extremos y grandezas de Constantinopla, compuesto por Rabi Moysen Almosnino, hebreo, traducido por Iacob Cansino, vassallo de su Magestad Catolica, Interprete suyo, y Lengua en las Plaças de Oran, Madrid, Imprenta de Francisco Martínez, 1638, R-13197.
Alonso Acero, Beatriz, Orán-Mazalquivir (1589-1639). Una sociedad española en la frontera de Berbería, Madrid, CSIC, 2000.
Caro Baroja, Julio, Los judíos en la España moderna y contemporánea (2e éd.), [3 vol.], Madrid, Istmo, 1978.
Dakhlia, Jocelyne, Le divan des rois. La politique et le religieux dans l’Islam, Paris, Aubier, 1998.
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Jiménez de Gregorio, Fernando, «“Relación de Orán” por el vicario don Pedro Cantero Vaca (1631-1636)», Hispania, 22, n° 85, 1962, pp. 81-117.
Ollero, J. (éd.), Los Austrias. Grabados de la Biblioteca Nacional, Madrid, Biblioteca Nacional, 1993.
Nehama, Joseph, Histoire des Israélites de Salonique (7 vol.), Paris-Salonique, Durlacher-Molho, 1935-1978, t. IV(2): L’âge d’or du judaïsme salonicien (1536-1593)
Schaub , Jean-Frédéric, Les juifs du roi d’Espagne (Oran, 1509-1669), Paris, Hachette, 1999.
Scholem, Gershom, Sabbatai Sevi. The Mystical Messiah (1626-1676), Princeton, University Press, «Bollingen Series» (93), 1973.
Notes de bas de page
1 Archivo Histórico Nacional (AHN), Inquisición, leg. 2653, exp. 131.
2 J. Nehama, Histoire des Israélites de Salonique, t. IV, pp. 6-22.
3 Almosnino, Rabí Moysen -, Extremos y grandezas de Constantinopla, compuesto por Rabi Moysen Almosnino, hebreo. Traducido por Iacob Cansino, vassallo de Su Magestad Catolica, Interprete suyo, y Lengua en las Plaças de Oran.
4 Reproduction et analyse de cette gravure dans J. Ollero (éd.), Los Austrias. Grabados de la Biblioteca Nacional.
5 AHN, Inquisición, lib. 672.
6 AHN, Inquisición, leg. 148, exp. 5: (Luisa Ferro). Voir les paragraphes que J. Caro Baroja consacre à ce procès dans Los judíos en la España moderna y contemporánea, t. II, pp. 119-126.
7 Archivo General de Simancas (AGS), Guerra Antigua, leg. 1226, avis du Conseil de l’Inquisition (23 août 1638).
8 Voir J. Dakhlia, Le divan des rois.
9 AGS, Guerra Antigua, leg. 322/203, lettre du duc de Cardona (25 juin 1591); AGS, Guerra Antigua, leg. 324/228, lettre du duc de Cardona (28 août 1591).
10 Voir une excellente mise au point dans B. Alonso Acero, Orán-Mazalquivir.
11 P. Arias Temprado, Apuntamientos que para el govierno de las plaças de Orán y Maçarquivir, se proponen a su Magestad, por el Licenciado Arias Temprado Oidor de Valladolid, que por su mandado ha proseguido la visita de aquellas plaças y assistido a su decision en la Iunta que para determinarla esta formada, sacados, asi por lo que resulta della, como de otras noticias depersonas praticas, y celosas del Real servicio, s. l., s, d. (Biblioteca Nacional, Madrid, R/39157).
12 Madrid, 1634. Un exemplaire de cet imprimé se trouve dans AGS, Guerra Antigua, leg. 3135.
13 Voir l’article de l’Encyclopaedia Judaica, t. V, p. 122.
14 J. I. Israel, European Jewry in the Age of Mercantilism.
15 AHN, Inquisición, lib. 672, s. f°, copie d’une licence accordée par le roi à Yaho Sasportas (21 mars 1634); AHN, Inquisición, lib. 672, f° 193, lettre de l’Inquisition de Murcie (10 septembre 1630).
16 AGS, Guerra Antigua, leg. 1226, avis du Conseil de l’Inquisition (23 août 1638).
17 AGS, Guerra Antigua, leg. 1227, avis du Conseil de Guerre (25 octobre 1637).
18 AGS, Guerra Antigua, leg. 1617, avis du Conseil de Guerre (22 mai 1646).
19 F. Jiménez de Gregorio, «“Relación de Orán” por el vicario don Pedro Cantero Vaca», p. 98.
20 G. Scholem, Sabbatai Sevi.
21 Biblioteca Francisco de Zabálburu [Madrid], (BZ), 256, lettres du marquis de Velada, fos 2-3 (12 octobre 1625).
22 AGS, Guerra Antigua, leg. 864, avis du Conseil de Guerre (14 mai 1621).
23 BZ, II-23, Copia del bando que mando publicar para que treinta y una familias que ay mas de las veintiocho casas permitidas de los hebreos salgan de Oran dentro de noventa dias (27 septembre 1646).
24 AGS, Guerra Antigua, leg. 1030, minuta de despacho, non datée [1631].
Notes de fin
1 Je tiens à remercier Natalia Muchnik et Ignacio Pulido Serrano, qui m’ont fait parvenir des pièces importantes du Saint-Office concernant la diffusion du livre de Cansino.
Auteur
École des Hautes Études en Sciences Sociales
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