Le détroit de Gibraltar chez les géographes musulmans orientaux
p. 159-170
Texte intégral
1La situation géographique particulière du détroit de Gibraltar à l’ouest de la Méditerranée, à son débouché dans l’océan Atlantique — l’océan Enveloppant des observateurs médiévaux — et au passage entre le Maġrib al-Aqṣā et al-Andalus, a obligé les géographes orientaux à accorder une attention spécifique à cette voie d’eau. Mais, contrairement à leurs homologues occidentaux, rares sont ceux qui connaissent réellement ce détroit pour y avoir navigué. Ce manque d’expérience personnelle comme cette localisation éloignée conférèrent ainsi à l’endroit une définition relativement instable marquée essentiellement par cinq lieux : Ṭanǧa (Tanger) et Sabta (Ceuta) pour la côte africaine, Algésiras (al-Ǧazira al-H̱aḍrāʾ), Gibraltar (Ǧabal Ṭāriq) et Cadix pour la façade européenne. Mais la mention de ces points n’est cependant pas forcément une garantie de savoir précis.
La situation et le toponyme
2Le détroit de Gibraltar apparaît en Orient par la traduction ou plutôt l’adaptation en arabe de la Géographie de Ptolémée au ixe siècle avec al-H̱wārizmī1 et plus tard avec Suhrāb, mais ces deux cartographes ne consacrent pas une attention particulière au détroit. C’est en quelque sorte un couloir qui s’étend entre Tanger et Ceuta sur deux degrés de longitude et entre Ceuta et Algésiras sur un degré de latitude. On peut remarquer qu’en valeur relative, ces écarts sont corrects, quoique la largeur du détroit entre Algésiras et Ceuta soit inférieure à un degré2. Les deux auteurs ajoutent néanmoins une information nouvelle : on y trouve deux statues de cuivre portant une troisième de leurs mains par les pieds. On prétend que ce sont des « signaux » plantés par Hercule pour que personne ne s’aventure au-delà. Il s’agit en fait de la première attestation arabe d’une tradition qui se développera par la suite.
3Au xe siècle, avec l’émergence d’une géographie descriptive, les choses deviennent plus détaillées. Al-Iṣṭaẖrī3, dans un chapitre consacré à l’Occident musulman (Maġrib), évoque le détroit comme un lieu de traversée vers al-Andalus et comme une voie d’eau mettant en rapport la Méditerranée avec l’océan Atlantique. Le ǧabal Ṭāriq est décrit comme l’endroit d’où est partie la conquête musulmane. C’est une montagne habitée, qui possède villes et villages. C’est aussi le dernier des points de traversée (al-maʿābir) vers al-Andalus. On retrouvera cela au xive siècle chez Abū al-Fidāʾ4 pour le toponyme ǧabal Ṭāriq.
4Plus tard dans le siècle, Ibn Ḥawqal et al-Muqaddasī5 évoquent le détroit dont ils définissent la largeur comme l’entrée de l’océan dans la Méditerranée. Ibn Ḥawqal écrit :
L’origine [de la Méditerranée] se trouve entre le territoire de l’Espagne et le territoire de Tanger et de Ceuta, cette dernière région faisant face en Espagne à la presqu’île de Gibraltar et à Séville. À l’endroit appelé Spartel, haute montagne se continuant jusqu’à Salé, en face de quoi, sur la rive espagnole, le ǧabal Agharr, montagne qui s’étend jusqu’à Niebla en direction du nord de l’Espagne, la longueur du détroit est d’environ douze milles6.
5Al-Muqaddasī, qui ne connaît l’ouest de la Méditerranée que par ouï-dire, rapporte les propos de Maghrébins selon lesquels les rives ibériques s’aperçoivent d’Afrique et que la largeur du passage ne serait que de quelques parasanges7.
6Sur leurs cartes de la Méditerranée et du Maghreb8, le détroit est avant tout ce passage de la Méditerranée vers l’océan Occidental. Chez al-Iṣṭaẖrī, comme la Méditerranée a expressément une forme d’ampoule, cela en devient le goulot, simplement interrompu par le ǧabal al-Qilāl, que l’on interprète à juste titre comme la région du massif des Maures et plus précisément la Garde-Freinet actuelle (le médiéval Fraxinetum) sur les hauteurs de Saint-Tropez9 et qui n’a pas de lien avec le détroit en dépit de sa situation sur la carte. La notion de montagne qu’explicite ǧabal s’y accorde parfaitement. Certes, l’aspect insulaire de la représentation nous conduirait plus vers l’ancienne île de Camargue ou les îles d’Hyères, mais les descriptions arabes du ǧabal al-Qilāl ne peuvent correspondre à ces petites îles.
7Chez Ibn Ḥawqal, si la carte acquiert un plus grand réalisme, il n’en reste pas moins que le détroit n’est qu’un élément parmi d’autres. Disons-le tout de suite, il n’existe pas de représentation médiévale précise du détroit pour une raison simple : hormis au Yémen au xiiie siècle, on ne connaît pas d’exemple de cartographie locale. La carte montre avant tout de vastes régions dont l’unité est historique ou politique. Un autre élément est déjà à souligner, l’ouvrage d’al-Iṣṭaẖrī sera par trois fois traduit en persan10 aux xiie et xiiie siècles, ce qui diffusera cette image du détroit dans la géographie persane11. Et effectivement, dans les Ḥudūd al-ʿālam12, le ǧabal Ṭāriq est évoqué comme l’une des montagnes à l’extrémité de la mer des Rūm-s, l’autre étant le ǧabal al-Qilāl. De même, les cartes redessinées, pour ne pas dire encore plus déformées dans leur version iranienne, montrent cette confusion13.
8Cette définition géographique du détroit s’impose par la suite alors que son appellation peut varier.
9Au début du xe siècle, Ibn Rustah14 précise que l’île de Ġadira (Cadix) se situe en face de l’Espagne auprès du détroit qui est large de sept milles ; il s’agit du détroit de Ceuta, écrit-il. Cette notice fait partie d’une description concise des mers que l’on retrouve chez plusieurs auteurs arabes musulmans ou chrétiens15 des ixe et xe siècles, qui remonte selon toute vraisemblance à un modèle hellénistique puisqu’il est donné pour la première fois par Jacques d’Édesse16.
10Sans doute au xie siècle, le terme zuqāq (« ruelle ») apparaît pour désigner ce passage. On le trouve indiqué sur la « carte des mers » d’al-Bīrūnī17 qui illustre son ouvrage d’astrologie, le Tafhīm li-awāʾil ṣināʿat al-tanǧīm. Al-Idrīsī18 utilise expressément ce terme et Yāqūt précise dans son dictionnaire, à l’entrée zuqāq, qu’il s’agit d’une voie d’eau (maǧāz) entre Ṭanǧa (Tanger), Sabta (Ceuta) et al-Ǧazira al-H̱aḍrāʾ (Algésiras). À la même époque, on le retrouve employé en Iran par Muḥammad b. Naǧib Bakrān19.
11Ibn Saʿid20, au xiiie siècle, décrit le détroit comme un lieu évoquant une prospérité bien vivante mais aussi l’histoire de la conquête de al-Andalus.
12Al-Qazwīnī21 parle plus tard de al-ẖalīǧ al-andalusī, détroit entre l’océan Enveloppant et la Méditerranée, qu’il considère avant tout comme un élément de géographie naturelle : c’est l’endroit où la Méditerranée rencontre l’Atlantique, et cela est remarquable car les eaux n’ont pas la même couleur. La Méditerranée est verte et l’océan Atlantique est noir comme l’encre, écrit-il. On distingue aussi le flux et le reflux quatre fois en une journée. Cela vient du fait que l’océan Atlantique s’élève au lever du soleil et coule en Méditerranée jusqu’à midi, et inversement l’après-midi. Le détroit a trois parasanges de large et vingt-cinq de long. Il revient néanmoins sur une identification plus idéologique, déjà donnée par Abū Ḥāmid al-Ġarnāṭī22, en le désignant comme la « rencontre des deux mers » (maǧmaʿ al-baḥrayn), employant là une expression coranique qui désigne un lieu énigmatique atteint par Moïse23.
13Abū al-Fidāʾ, al-ʿUmarī, Ibn al-Wardī et finalement Ibn Sibāhī Zādeh (m. 1589) utilisent aussi le l’expression baḥr al-zuqāq24, que l’on retrouve en Iran à la même époque avec Ḥāfiẓ-i Abrū25. Et al-Qalqašandī26 se singularise en donnant la variante zuqāq Sabta.
14Cependant, Quṭb al-Dīn al-Šīrāzī (m. 710/1311), dans la description de l’œcumène qui fait partie d’un ouvrage d’astronomie, sa Tuḥfat al-šāhiya fi-l-hayʾa, écrit à propos de la Méditerranée :
Passant par le détroit (al-zuqāq), anciennement appelé « le passage d’Hercule » (maʿbar H[i]rq[i]lis), l’océan Occidental forme la Méditerranée. Celle-ci par le canal de Constantinople (ẖaliǧ Qusṭanṭiniyya) débouche dans la mer de Trébizonde, soit la mer Noire27.
15Son contemporain, l’égyptien al-ʿUmarī28, au xive siècle, donne les dimensions du détroit mais sans aucun élément mythique.
16Cet Hercule nous introduit dans une autre dimension de ce détroit, celle d’une zone limite pour la navigation, vue depuis l’Orient. C’est un lieu mythique à l’extrême Occident où une confusion s’installe entre Cadix, le ǧabal Ṭāriq et les colonnes d’Hercule.
La statue
17Nous avons vu qu’au milieu du ixe siècle, al-H̱wārizmī et Suhrāb situaient dans le détroit deux statues de cuivre portant une troisième de leurs mains par les pieds. Et ils prétendaient qu’il s’agissait des signaux d’Hercule pour que personne n’aille au-delà. D’où vient cette idée ? On suppose qu’al-H̱wārizmī est parti d’une adaptation syriaque de la Géographie de Ptolémée, dont la nature nous échappe. Ptolémée29 mentionne bien les colonnes d’Hercule comme délimitations du détroit30, mais avec un sens géographique général et non comme monument particulier sur la côte en rapport avec Cadix (Ġadira). Dans la version arménienne31 de la Géographie, la chose est identique. Un auteur syriaque du viie siècle, Jacques d’Édesse32, situe à l’extrémité sud de l’Espagne, à l’entrée de l’océan, l’île de Ġadira et les colonnes d’Hercule mais il s’agit bien ici aussi de la transposition de la notion géographique de Ptolémée et non d’un quelconque monument.
18Au ixe siècle, une citation33 conservée de la Risāla fī-l-biḥār wa-l-miyāh wa-l-ǧibāl (« Épitre sur les mers, les eaux et les montagnes ») d’al-Tayyib al-Saraẖṣi, cite al-Kindī à propos de la présence du phare (manār) d’Hercule (Hirqil) à l’extrémité de la Méditerranée. Cela nous montre que les milieux arabes touchés par la science hellénistique sont acquis à cette notion.
19En effet, al-Masʿūdī décrit en détail cette colonne :
Dans cette île, c’est-à-dire Cadix, s’élève un grand phare ; qui est l’un des édifices merveilleux du monde, et au sommet duquel se dresse une colonne surmontée d’une statue de bronze. La statue est assez grande et assez élevée pour pouvoir être vue de Sidonia et de plus loin encore ; derrière elle, dans la mer et à des distances connues, sont d’autres statues élevées sur des îlots, en vue l’une de l’autre. On les appelle les statues héracliennes ; elles furent dressées dans les âges anciens, par Hercule, le roi puissant, pour indiquer à quiconque les verrait qu’on ne pouvait passer ni avancer plus loin. C’est ce que disaient des inscriptions très apparentes tracées sur leur poitrine en une certaine sorte de caractères anciens, et les gestes des mains de ces statues suppléaient aux inscriptions pour ceux qui n’auraient su les lire. Cela était fait pour le salut des voyageurs, pour les empêcher d’aller se perdre dans cette mer. Ces statues sont célèbres depuis l’Antiquité ; elles le sont encore de nos jours, c’est-à-dire en l’an 345/95634.
20Et l’auteur précise que cette notion est bien connue des philosophes anciens, notamment Aristote dans ses Météorologiques35, son De mundo et dans le Commentaire des Météorologiques par Alexandre d’Aphrodisias36.
21Effectivement, le pseudo-Aristote37, dans le De Mundo, signale que l’océan passe entre les colonnes d’Hercule pour pénétrer en Méditerranée, mais sans mentionner de statue.
22À la fin du xe siècle, mais cette fois en al-Andalus, on retrouve cette tradition dans la traduction arabe de l’Historiarum adversum paganos d’Orose, traduction exécutée dans un contexte mozarabe. Il faut se rappeler qu’Orose, en préambule de son Histoire, donne une description du monde où les différents continents sont décrits et où il délimite le sud-ouest de l’Europe de la manière suivante, uniquement dans la version arabe :
La limite de l’Europe à l’ouest est constituée par al-Andalus et l’océan Enveloppant. L’extrémité se situe à l’île de Cadix où se situe l’idole d’Héracles [ṣanam H.k.l.š] et où est aussi localisée l’entrée de la Méditerranée dans l’océan38.
23Le texte latin d’Orose parle simplement ici des colonnes d’Hercule, dans le sens géographique du terme.
24Nous n’allons pas nous étendre à nouveau sur la nature des colonnes d’Hercule, qui désignaient plusieurs choses : les deux massifs montagneux délimitant le détroit de Gibraltar, le Calpé et l’Abyla — bornes des travaux d’Hercule39 —, le détroit de Gibraltar lui-même, et enfin les colonnes d’un temple dédié à Melqart sur l’île de Gades/Cadix, plus tard identifié à Hercule. En outre, à l’époque romaine fut édifié sur l’île de Cadix un mausolée constitué d’une base pyramidale surmontée d’une colonne avec une statue, peut-être utilisé plus tard comme un phare à l’instar d’autres tours sur la côte, d’où une confusion facile40. Les témoignages médiévaux sont nombreux41.
25Nous savons par al-Zuhrī42 que l’ancien monument romain, fait d’une tour et d’une statue, est démoli en 540/1145 par Abū l-Ḥasan ʿAlī b. ʿĪsā b. Maymūn pour définitivement entrer dans la légende. Effectivement, un auteur arabe chrétien, Ǧirǧis al-Makīn43 (m. 1275), nous a conservé des traditions analogues mais assez distinctes pour provenir d’une autre source. Dans une liste de trente merveilles qu’il décrit dans l’introduction de sa chronique universelle, al-maǧmaʿ al-mubārak (« la Collection bénie »), il mentionne notamment trois statues installées par Hercule comme talismans quelque part sur le rivage de la Grèce pour protéger le pays de la submersion et, juste après, il évoque une statue de cuivre qui se trouverait sur une colline à Cadix, surplombant la mer. Cette statue n’était cependant pas une « borne » à la limite du monde mais un talisman contre toute attaque par la mer de Cadix, les vaisseaux ennemis chavirant inéluctablement. Mais les Almohades arrivèrent et fondirent la statue par ignorance et dès lors la ville ne fut plus protégée. Elle fut d’ailleurs conquise par les Francs. Cette curieuse variante à propos du monument de Cadix provient d’une source à laquelle Ǧirǧis al-Makīn puise abondamment à propos des talismans et qu’il cite à une reprise, le Kitāb al-siyāsa sans doute le Kitāb al-siyāsa fī tadbīr al-riʾāsa, livre de magie attribué au pseudo-Aristote.
26On voit qu’à partir d’un élément réel, un mausolée romain monumental, l’imagination commença à jouer. Cette statue devint un signal, une tour, voire un talisman. Son interprétation comme signal a pu être aidée par l’existence de phares sur la côte atlantique, comme celui de Brigantia sur la côte galicienne44 qu’al-Bakrī45 interprète justement comme une idole installée par Hercule, et il en situe une troisième à Tarragone, dans ce cas sans doute une ruine romaine.
27Ces bornes finissent par se démultiplier par l’imagination et nos auteurs en disposent plus loin dans l’océan. Al-Idrīsī46 place deux colonnes dans les Canaries. L’Abrégé des merveilles47 mentionne trois idoles de couleurs différentes faisant divers signes censés éloigner les navigateurs inconscients.
28Cette notion réapparaît au xie siècle dans un ouvrage syriaque anonyme
de sciences naturelles, le Causa causarum48, probablement
sous l’influence des auteurs arabes. Dans sa description de l’actuel
Atlantique
l’auteur précise :
Là se trouve aussi l’île de Ġadira (Ġʾdīrʾ), où Héraclès [ʾrqlis], le héros et le prophète des païens, a dressé ces trois statues célèbres dans le monde et de hautes colonnes, devant servir à sa mémoire, pour qu’elles transmettent son souvenir à toutes les générations du monde. Il a érigé ces statues aux limites de la terre habitée. Si par hasard un bateau est jeté à cet endroit par la violence du vent, les marins n’ont guère d’espoir de survivre, parce qu’il ne leur est pas possible de retourner de cet endroit, à cause de l’inclination de la mer49.
29Ibn Saʿid50, au xiiie siècle, déclare qu’Alexandre le Grand y est arrivé, qu’il aurait voulu continuer plus à l’ouest mais qu’il ne le put à cause des dangers de cette navigation. Il fit alors construire sur chacune de ces îles un phare (manār) pour aider le marin et il fit écrire sur chacun d’eux « plus de route au-delà de moi ».
30Et al-Ḥimyarī51 rapporte que les gens de Cadix prétendent que, lorsque l’on dépasse ce temple en naviguant vers l’Océan, on en distingue successivement six autres et, lorsque le septième est passé, on arrive en Inde (bilād al-Hind) !
31Un avatar tardif de cette tradition des idoles placées aux Canaries comme bornes du monde connu se retrouve dans un ouvrage turc écrit en 1583, le Tarih-i hind-i garbı veya hadıs-i nev, décrivant à partir de sources espagnoles, la découverte des Amériques. Or, dans une première partie, l’auteur donne une description du monde selon les vues musulmanes « classiques », citant notamment Al-Masʿūdī, Ibn al-Wardī, al-Bakrī, Nāṣir al-Dīn al-Tūsī, ce qui l’oblige finalement à essayer de concilier la vision du monde ptoléméen avec les nouvelles découvertes. Quand il en vient à citer les idoles des Canaries, qu’il considère plus comme des talismans qui empêchaient d’aller au-delà à l’ouest, il cite un navigateur mentionné par al-Masʿūdī : al-H̱ašẖāš. Mais pour notre auteur, un groupe de marins venant de al-Andalus débarqua aux Canaries au début du ixe/xve siècle et enleva les talismans en question. Il doit s’agir d’un souvenir confus des expéditions portugaises qui abordèrent à cette époque l’une ou l’autre des îles de l’archipel canarien. Logiquement, la disparition de ce talisman permit dès lors la navigation plus à l’ouest et la découverte finale du Nouveau Monde52 !
32Si cette « idole » attribuée à Hercule fait travailler l’imagination de nos auteurs, ceux-ci s’interrogent aussi sur l’origine même de ce détroit et des moyens anciens de le traverser.
Un détroit creusé et traversé par un pont ?
33Al-Bīrūnī53, dans un ouvrage de géographie mathématique, le Taḥdid nihāyat al-amākin, mentionne certes les signaux construits par Hercule pour mettre en garde les navigateurs de ne pas pénétrer dans l’océan, mais il rapporte en se référant à Ḥamza b. al-Ḥasan al-Iṣfahānī (280/893-apr. 350/961), auteur d’un ouvrage sur les merveilles qu’il aurait vues en Occident, que d’une rive de ce détroit l’autre est visible. En outre, lors d’une traversée, Ḥamza aperçut sous l’eau un pont fait d’une série d’arches en pierre. Certains à bord lui affirmèrent que le constructeur en était Alexandre mais des Andalous protestèrent et l’attribuèrent à l’un de leur souverain, c’est-à-dire Hercule. Al-Bīrūnī continue en disant qu’il n’y a pas de doute que ce pont soit celui d’Hercule mentionné dans l’ouvrage appelé la Géographie.
34Au même moment où Ḥamza écrivait, al-Masʿūdī nous rapporte une tradition similaire avec cependant quelques variantes. Selon cet auteur, le pont aurait relié l’Espagne à l’île d’al-H̱aḍrāʾ (Algésiras) mais qu’al-Masʿūdī54 situe plutôt sur la rive africaine du détroit. C’était un pont en pierre et en brique qui permettait le passage des animaux, des marchandises et des hommes d’un continent à l’autre. Le niveau de la mer monta cependant inexorablement et l’ouvrage finit par être submergé. Cette construction n’est pas ici attribuée à Alexandre.
35Après l’an mil, les références à ce pont construit par Alexandre (Ḏū l-qarnayn) ne cessent de se multiplier.
36Al-Idrīsī55 rapporte également avec force détails cette intervention d’Alexandre qui fit creuser le détroit entre les deux continents pour séparer les populations qui avaient tendance à se battre, mais les digues construites sur chacune des rives furent submergées. Al-Idrīsī lui-même prétend avoir vu celle située sur la rive ibérique, près de ¢aràfa et d’Algésiras, que les habitants appellent d’ailleurs al-Qanṭara, « le Pont ».
37Par la suite, les traditions se multiplient et se développent.
38Al-Dimašqī56, au xiiie siècle, prétend aussi que c’est Alexandre le Grand qui a percé le détroit afin de se défendre des attaques de ses ennemis ou pour séparer al-Andalus des populations d’Afrique du Nord. Selon d’autres cependant, il eut plutôt l’intention d’y élever un pont dont il entreprit la construction, mais la mer submergea les premières piles. D’ailleurs, ces vestiges sont encore visibles des marins.
39La largeur du détroit est de dix-huit milles. Le pont devait être jeté sur la partie la plus étroite et compter soixante-dix arches et soixante-douze tours. Il commença la construction des deux rives à la fois en construisant deux môles d’où des bateaux étaient attachés par des chaînes afin de servir de ponton pour entamer la construction des piles du pont. L’édification prit trois ans. Quand l’ouvrage fut terminé, la mer le renversa. Et l’auteur donne une illustration d’une pile de ce pont.
40Muḥammad b- Ibrāhīm al-Wāṭwāṭ57 nous en livre une version plus longue. Certains prétendent, écrit-il, que c’est Alexandre qui creusa la Méditerranée et y fit couler l’eau depuis l’Atlantique et ils soutiennent que al-Andalus et le territoire des Berbères ne formaient jusqu’alors qu’une seule terre, mais habitée par les Berbères et les Espagnols. Certains d’entre eux étant jaloux des autres, ils se faisaient la guerre. Lorsqu’Alexandre régna sur les Espagnols, il désira les séparer des Berbères par une voie d’eau (ẖalīǧ). Il fit creuser ce détroit (zuqāq) d’une longueur de dix-huit milles et d’une largeur de douze milles. Il fit construire ensuite un pont avec des gardes pour empêcher les Berbères de le traverser sans autorisation. Mais il arriva que l’océan submergeât le pont et l’engloutît au point que certains voyageurs racontent que parfois, lors de la traversée, ils peuvent distinguer sous l’eau des vestiges de constructions. Le canal devint une mer avec le temps pour arriver à son état actuel. Il a été augmenté de six milles depuis l’époque d’Alexandre. Les Andalous prétendent que, entre ce détroit et l’océan, il y a encore la mer d’al-Ablāba (réminiscence du toponyme antique d’Abyla ?) où la navigation est très difficile.
41Enfin, selon, al-Ḥimyarī, qui est repris par al-Qalqašandī58, il y avait anciennement un pont entre al-Andalus et Ṭanǧa, construit en pierre, sans pareil, les gens et les animaux y passaient. Il fut submergé et détruit par la mer une centaine d’années avant la conquête musulmane. On l’aperçoit sous l’eau.
42Seul l’auteur iranienal-Mustawfī59 (m. 1349) parle d’un pont de bateaux pour traverser le détroit (ẖaliǧ ; zuqāq) de Gibraltar, celui-ci se trouvant dans le voisinage du passage d’Hercule (maʿbarat Hīrq.l.š). C’est un passage étroit de vingt parasanges de large.
43Sinon, les auteurs des xve et xvie siècles reprennent cette conception du percement en lui accordant plus au moins de crédit. Al-Maqrīzī considère cette histoire comme une information (ẖabar) sans fondement60, mais Ibn Iyās61 attribue bien cet ouvrage à Hercule le Géant (al-Ǧabbār).
44L’anonyme Kitāb al-badīʿ62 précise que le pont construit par Alexandre partait de Qaṣr Maṣmūda pour arriver au Ǧabal al-Fatḥ, en al-Andalus.
45Ibn Zunbul, dans la Tuḥfat al-mulūk63, répète cette histoire selon laquelle les deux continents étaient reliés mais que, à cause des attaques des Maghrébins sur les Andalous, Alexandre décida de les séparer par le creusement d’un détroit et la construction de deux jetées sur chacune des rives. Du côté espagnol, on en aperçoit encore les ruines entre deux îles.
46Finalement, nous retrouvons même cette idée reprise et illustrée dans le monde ottoman avec Âşık Mehmed64. L’auteur reprend dans son ouvrage la représentation de la pile du pont comme la présente al-Dimašqī.
47Quelle est l’origine d’une telle conception ? Il se peut que des vestiges antiques aient donné lieu à la naissance de cette idée, mêlée à l’image d’un Alexandre constructeur. Abū al-Fidāʾ a gardé le souvenir des traces d’un pont reliant l’île de Léon au continent, le pont de Zuazo65, qui reliait Cadix à la terre ferme. Mais la littérature géographique arabe conserve des histoires analogues pour d’autres endroits de la Méditerranée sans que l’on sache si une tradition a aidé au développement d’une autre.
48Aussi, selon al-Kindī, une voie de terre reliait al-Faramāʾ avec Chypre et elle a été engloutie par l’eau, les miroitements du marbre qui la recouvrait sont encore visibles66. Al-Masʿūdī67 rapporte une tradition analogue en mentionnant un gué entre Chypre et la ville d’al-ʿArīš, sur la côte égyptienne, gué maintenant englouti.
49Il faut aussi remarquer qu’Alexandre (Ḏū l-qarnayn) apparaît également dans une source yéménite comme le responsable du percement de la mer Rouge68, ce qui aurait pu faire émerger l’idée de sa responsabilité dans l’apparition de la Méditerranée.
50Finalement, c’est dans le Roman d’Alexandre que l’on peut tenter d’y voir une prémisse. Effectivement, le pseudo-Callisthène conduit Alexandre jusqu’aux colonnes d’Héraclès69, sans cependant développer notre épisode. Nous avons vu plus haut que c’était aussi à Alexandre que nos auteurs attribuaient l’installation de bornes aux limites occidentales du monde, car seul ce héros est arrivé aux confins pour ensuite en revenir. Cependant, il faut en convenir, si les versions arabes70 du Roman d’Alexandre mentionnent bien le passage d’Alexandre d’Ifriqīya en al-Andalus et développent son activité de constructeur de « bornes » elles ne mentionnent pas la construction du pont ou le creusement du détroit.
51Finalement, il apparaît que les auteurs orientaux ont construit une géographie mentale de ce détroit plus qu’ils ne l’ont réellement connu et représenté. Alors que ce passage connaît une activité maritime croissante durant toute la période médiévale, et certainement à partir du xie siècle, nos auteurs ne l’évoquent qu’à peine. Cette zone voit son transit perpétuel oblitéré par sa position à l’extrémité occidentale du monde connu. Zone des confins avoisinant avec un océan dont on ignore les pourtours, elle cristallise plusieurs thématiques. Et d’abord comme un reliquat d’un héritage antique mal compris, c’est l’endroit où se trouve quelque part une « borne » monumentale installée par un héros ancien, Hercule, qui prévient des dangers à s’aventurer plus à l’ouest, bien que tous les marins qui fréquentent ces parages le fassent en ne redoutant que les aléas de la navigation. De manière précoce, puisqu’al-H̱wārizmī, qui n’est pourtant pas enclin à énumérer des merveilles, en fait déjà état au milieu du ixe siècle, cette « idole d’Hercule » marque le détroit. Et la prégnance de cette idée est telle que la traduction d’Orose à la fin du xe siècle est sensiblement adaptée pour transmuter les colonnes en cette « idole » herculéenne. Ensuite, se cristallisent aussi ici, de manière plus étonnante, à la fois la volonté d’expliquer l’apparition de ce détroit comme celle de l’annuler par celui-là même qui l’avait creusé. Si Alexandre a creusé cette voie d’eau, il est aussi celui qui fit jeter un pont entre les deux rives. À ce titre, il n’est pas impossible que des vestiges antiques aient aussi servi de support à l’imagination mais, tout compte fait, le caractère fascinant et fantastique de l’endroit ne prend corps que dans cet imaginaire de la limite et de l’interruption. Le détroit est la limite imaginaire à l’ouest d’un monde méditerranéen dont les observateurs orientaux sous-estiment la façade atlantique et c’est aussi l’interruption horizontale entre deux entités géographiques musulmanes pourtant historiquement liées, le Maġrib al-Aqṣā et al-Andalus.
Notes de bas de page
1 Al-H̱wārizmī, Ṣūrat al-arḍ, p. 67 ; Suhrāb, Kitāb ʿaǧāʾib al-aqālīm al-sabʿa, p. 52 ; Nallino, 1944, p. 521.
2 Bien entendu, Ptolémée servit ici de modèle, sans doute transposé avec adaptation du méridien de référence et de la toponymie, voir Ptolémée, Géographie, éd. de Stückelberger et Mittenhuber, t. II, pp. 4 et 6 (Iulia Traducta/Algésiras) ; t. IV, pp. 1 et 5 (Tingis/Tanger et Hepta Adelphoi/Ceuta).
3 Al-Iṣṭaẖrī, Kitāb masālik al-mamālik, éd. de Goeje, pp. 38-39 et 42.
4 Abū al-Fidāʾ, Kitāb taqwim al-buldān, p. 67.
5 Al-Muqaddasī, Aḥsan al-taqāsīm, pp. 13-15.
6 Ibn Ḥawqal, Ṣūrat al-arḍ, éd. de Goeje, p. 190 ; trad. de Wiet, p. 187.
7 Unité de mesure de distance chez les anciens Perses, qui équivalait à environ 5,2 km.
8 Pinna, 1997, t. I, pp. 58-75 et 99-117.
9 Sénac, 1982, pp. 17-25.
10 Ducène, 2006.
11 Al-Iṣṭaẖrī, Kitāb masālik al-mamālik, éd. de Afšār, 1990, p. 73 et 1373/1959, p. 50 ; Al-Ǧayhānī, Aškāl al-ʿālam, pp. 78-79.
12 Ḥudūd al-ʿālam, p. 59.
13 Mžik, Al-Iṣṭaẖrī und seine Landkarten, pp. 34-35.
14 Ibn Rustah, Kitāb al-aʿlāq al-nafisa, trad. de Wiet, p. 94 ; Al-Masʿūdī, Murūǧ al-ḏahab, trad. de Barbier de Meynard et Pavet de Courteille, revue et corrigée par Pellat, t. I, p. 107.
15 Agapius de Manbij, Kitāb al-ʿunwān, p. 619.
16 Jacques d’Édesse, Hexaemeron seu in opus creationis libri septem, pp. 99-100.
17 Pinna, 1997, t. I, p. 27.
18 Al-Idrīsī, Kitāb nuzhat al-muštāq, éd. de Dozy et Goeje, 1866, p. 90 et ailleurs.
19 Bakrān, Ǧahān Nāmah, p. 14.
20 Ibn Saʿid, Kitāb al-ǧuġrāfiyā, p. 139.
21 Al-Qazwīnī, ʿAǧāʾib al-maẖlūqāt, pp. 102 et 123-124.
22 Al-Ġarnāṭī, Al-muʿrib ʿan baʿḍ ʿaǧāʾib al-Maġrib, trad. de Ducène, pp. 47 et 112.
23 Coran, XVIII, 60-61.
24 Abū al-Fidāʾ, Kitāb taqwim al-buldān, p. 165 ; Al-ʿUmarī, Masālik al-abṣār fī mamālik al-amṣār, t. IV, p. 206 ; Ibn al-Wardī, H̱arīdat al-ʿaǧāʾib wa-farīdat al-ġarāʾib, p. 108 ; Ibn Sibāhī Zādeh, Awḍaḥ al-masālik, p. 47 et ailleurs.
25 Ḥāfiẓ-i Abrū, Ǧuġrāfiyā, t. I, p. 113.
26 Al-Qalqašandī, Ṣubḥ al-aʿšā fī ṣināʿat al-inšā, éd. de Šams al-Dīn, t. III, p. 237 et p. 239.
27 Kamal, 1936, p. 1143.
28 Al-ʿUmarī, Masālik al-abṣār fī mamālik al-amṣār, t. II, pp. 33, 84 et 298.
29 Ptolémée, Géographie, éd. de Stückelberger et Mittenhuber, t. I, pp. 382-383, voir aussi pp. 160-161 ; Kleineberg, Marx, Lelgemann, 2012, p. 59.
30 Ptolémée, Géographie, éd. de Stückelberger et Mittenhuber, IV, 1, 1.
31 Ananias de Širak, The Geography of Ananias of Širak, pp. 50 et 95.
32 Jacques d’Édesse, Hexaemeron seu in opus creationis libri septem, pp. 99 et 110 ; voir aussi Nallino, 1944, p. 523.
33 Ibn al-ʿAdīm, Buġyat al-talab fi tārīẖ Ḥalab, p. 399.
34 Al-Masʿūdī, Al-tanbīh wa-l-išrāf, trad. de Carra de Vaux, p. 101 ; Miquel, 1967-1988, t. IV, p. 98.
35 Aristote ne traite nulle part de cela dans les Météorologiques.
36 Pour les références aux versions arabes, voir Goulet, 1989, t. I, p. 129.
37 Aristote, Traité du ciel, p. 184.
38 Kitāb hurūsiyūš, p. 21.
39 Pline, Histoire naturelle, III, 4.
40 Paul Orose, Histoire contre les païens, éd. de A. Lippold, p. 390, n. 20 ; Hernández Juberías, 1996, pp. 68-107 ; Arioli, 1992, pp. 106-107 et 196-197 ; Picard, 1997b, pp. 244-245.
41 Al-Ġarnāṭī, Tuḥfat al-albāb, p. 69 ; Ibn H̱urradāḏbih, Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, p. 116 ; Ibn al-Faqīh, Kitāb muẖtaṣar al-buldān, p. 72 ; Al-Qazwīnī, ʿAǧāʾib al-maẖlūqāt, p. 124 ; Id., Āṯār al-bilād wa-aẖbār al-ʿibād, pp. 550-551 ; Ibn Waṣīf Šāh, Muẖtaṣar al-ʿaǧāʾib, trad. de Carra de Vaux, p. 311 ; Al-Masʿūdī, Murūǧ al-ḏahab, trad. de Barbier de Meynard et Pavet de Courteille, revue et corrigée par Pellat, t. I, pp. 105-106 ; Al-Ġarnāṭī, Al-muʿrib ʿan baʿḍ ʿaǧāʾib al-Maġrib, trad. de Ducène, p. 51 et, pour d’autres références à des auteurs anciens, p. 116. Voir aussi Hernández Juberías, 1996, pp. 63-103 ; García y Bellido, 1951.
42 Bramon Planas, 1989 p. 161.
43 Cette partie de la chronique est encore inédite, voir BnF, Manuscrits, Arabe 294, fos 26vo-27ro ; Bibliothèque du Vatican, ms. arabe 158, p. 18.
44 Janvier, 1982, p. 177.
45 Al-Bakrī, Kitāb al-masālik wa-l-mamālik, pp. 894-895 ; Hernández Juberías, 1996, pp. 99 et 105 ; Picard, 1997b, p. 87.
46 Al-Idrīsī, Kitāb nuzhat al-muštāq, p. 28 ; éd. et trad. de Dozy et Goeje, 1866, p. 34 ; Arioli, 1992, pp. 103 et 192.
47 Ibn Waṣīf Šāh, Muẖtaṣar al-ʿaǧāʾib, trad. de Carra de Vaux, pp. 57-58 ; Ibn al-Wardī, H̱arīdat al-ʿaǧāʾib wa-farīdat al-ġarāʾib, p. 110.
48 Kayser, Das Buch von der Erkenntniss der
Wahrheit, pp. 240-241, 243, 258-259 et 262-263.
49 Ibid., p. 259.
50 Ibn Saʿid, Kitāb al-ǧuġrāfiyā, p. 90.
51 Al-Ḥimyarī, Kitāb al-rawḍ al-miʿṭār, éd. et trad. de Lévi-Provençal, texte arabe pp. 145-150 ; trad. française pp. 173-178.
52 Tarih-i hind-i garbı veya hadıs-i nev, pp. 169-173 ; Goodrich, 1990, p. 145.
53 Al-Bīrūnī, Taḥdid al-amākin, p. 108.
54 Al-Masʿūdī, Murūǧ al-ḏahab, trad. de Barbier de Meynard et Pavet de Courteille, revue et corrigée par Pellat, t. II, p. 300.
55 Al-Idrīsī, Kitāb nuzhat al-muštāq, éd. et trad. de Dozy et Goeje, 1866, texte arabe pp. 165-167 ; trad. française pp. 197-199.
56 Al-Dimašqī, Kitāb nuzhat al-muštāq, trad. de Mehren, p. 179 ; Siraj, 1995, pp. 235-236.
57 Al-Wāṭwāṭ, Manāhiǧ al-fikr wa-manāhiǧ al-ʿibar, pp. 266-267.
58 Al-Ḥimyarī, Kitāb al-rawḍ al-miʿṭār, éd. de Lévi-Provençal, 1938, p. 103 ; Al-Qalqašandī, Ṣubḥ al-aʿšā fī ṣināʿat al-inšā, éd. de Šams al-Dīn, t. III, p. 240.
59 Al-Mustawfī, Nuzhat al-qulūb, texte persan p. 237 ; trad. anglaise p. 230.
60 Al-Maqrīzī, Al-mawāʿiẓ wa-l-iʿtibār, t. I, p. 43.
61 Ibn Iyās, Nuzhat al-umam fī l-ʿaǧāʾib wa-l-ḥukām, pp. 16-17.
62 Oxford, Bodleian Library, ms. Laud Or. 317, fo 33ro.
63 Fagnan, 1924, p. 180.
64 Âşık Mehmed, Menâzırü’l-avâlim, t. II, pp. 169-172.
65 Abū al-Fidāʾ, Kitāb taqwim al-buldān, p. 190.
66 Al-Maqrīzī, Al-mawāʿiẓ wa-l-iʿtibār, t. I, p. 575.
67 Al-Masʿūdī, Murūǧ al-ḏahab, trad. de Barbier de Meynard et Pavet de Courteille, revue et corrigée par Pellat, t. II, pp. 299-300.
68 Ibn al-Muǧāwir, Tārīẖ al-Mustabṣir, trad. anglaise de Smith, p. 130.
69 Jouanno, 2002, p. 209 et p. 214.
70 Bohas, 2012, pp. 66-67 ; Doufikar-Aerts, 2011, p. 136 et pp. 185-186 ; Zuwiyya, 2011, pp. 73-112.
Auteur
École pratique des hautes études, Paris
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