Chapitre XIII
Nouvelle-Castille
p. 195-215
Texte intégral
Province de Ciudad Real
1La province de Ciudad Real est le berceau de la milice de Calatrava, née en. 1158, dont la règle fut confirmée par Alexandre III en 1164. L’alliance avec Cîteaux, constitutive de l’ordre affilié à Morimond, explique les caractères architecturaux de la grande église du Sacro Convento de Calatrava la Nueva1 (fig. 53 et 98) construit après 1246. Dans ce château ruiné, comme Montiel, autre forteresse des chevaliers de Calatrava, des voûtes d’ogives à voûtains de brique appareillés comme de petites coupoles montrent que les constructeurs avaient tôt pris conscience des possibilités techniques offertes par la brique. Néanmoins, celle-ci ne s’imposa pas au Moyen Âge (en dépit du maintien d’une forte population musulmane, diraient les tenants d’une opinion qui n’est pas la nôtre) parce que, d’une part, la densité des constructions est faible et que, d’autre part, nonobstant son appartenance à la Nouvelle-Castille, cette région est plus proche, par son histoire, du Levante, qui ignore la brique jusqu’au XVe siècle, que de l’aire tolédane.
2C’est ainsi que seul le chevet d’Arenas de San Juan2 (fig. 99) peut être signalé comme porteur d’un décor d’arcatures de briques ; encore faut-il voir ces arcatures pour comprendre combien la transmission des modèles peut être approximative lorsqu’elle est opérée, comme c’est sans doute le cas ici, davantage par le « bouche à oreille » que par des carnets de croquis. Il est évident que des arcs de couvrement, peut-être des voûtes et quelques encadrements de baies, comme à Bolaños de Calatrava, pourraient être ajoutés à ce catalogue restreint : ils seraient en tout cas tardifs (XIVe ou XVe siècle) et ne modifieraient pas l’idée générale que l’on peut se faire de l’emploi de la brique à l’époque médiévale dans la province de Ciudad Real : épisodique et aléatoire.
Province de Cuenca
3Les mudéjars de Cuenca, dont certains participèrent activement aux travaux menés sur le château chef d’ordre de Santiago à Uclés, ne construisaient pas en brique : aucune trace de ce matériau n’a pu être repérée avant que les maçons au service de Juan Pacheco ne le mettent en œuvre pour certains couvrements des tours de Belmonte3. Il est bien certain que l’exploration détaillée des monuments du XVe siècle construits en pierre laisserait apparaître un certain nombre d’arcs de brique, comme au château d’El Castillejo par exemple, qui n’est cependant daté que du XVIe siècle par E. Cooper.
Province de Guadalajara
4La brique est relativement peu employée dans la province de Guadalajara au Moyen Âge. De l’époque de la domination arabe ne subsistent guère que des parements intérieurs de citernes, à Jadraque4 par exemple. Ici comme ailleurs, c’est avec le « roman de brique » que le matérau fait son apparition, en arase ou pour animer de jeux d’arcatures les chevets des petites églises paroissiales, à Guadalajara même (fig. 100), mais aussi à El Cubillo de Uceda. Ce sont là des prolongements de l’architecture qui se développe au XIIIe siècle un peu plus à l’ouest, vers Ségovie ou Valladolid. Les églises gothiques sont généralement en pierre ou en « appareil tolédan ». Dès le XIIIe siècle on utilise la brique de manière très rationnelle pour construire la voûte d’ogives de la travée droite du chœur de San Miguel de Brihuega : les ogives sont réalisées en briques non moulurées et les voûtains sont appareillés comme des petites coupoles autonomes posées sur les nervures. Ce procédé de construction, qui s’exprime plus clairement encore dans la belle église de Calatrava la Nueva (Ciudad Real), est par la suite abandonné et les voûtes de l’abside, du XVe du ou XVIe siècle, dont les nervures sont en pierre, présentent des voûtains de brique appareillés de manière traditionnelle.
5Le seul édifice important pour le XIVe siècle est Santa Clara de Guadalajara (fig. 101), qui lors de sa fondation vers 1305 et de sa restauration en 1339 a bénéficié de la protection de la famille royale de Castille. Par sa grande nef à trois vaisseaux charpentés et son chœur voûté d’ogives à nervures et voûtains de brique, par l’élégance des proportions, la légèreté du traitement spatial et celle des détails de mouluration et du couronnement des murs, cet édifice doit être rapproché de constructions contemporaines de la région de Séville (notamment à Trigueros et Moguer, dans la province de Huelva). Ces parentés s’expliquent aisément par la circulation des modèles dans le cadre des ordres monastiques – ici, les clarisses –, mais ne semblent pas avoir eu la moindre influence sur le déroulement de l’histoire de l’architecture à Guadalajara. La deuxième forte influence méridionale qui se fait sentir au XIVe siècle est celle de la Grenade nasride : la porte sud de Santa María la Mayor (fig. 23 et 71) est un témoignage très significatif de cette influence grenadine : il n’est pas indifférent de noter que le rapport largeur/longueur des briques est ici de 1/2, alors qu’à San Gil, il est de 2/3.
Province de Madrid
6La province de Madrid n’est pas particulièrement riche en constructions médiévales de brique, mais elle constitue un échantillonnage des différents types d’architecture.
7Le « roman de brique » de la Meseta Norte y est représenté par deux chevets d’églises à décor d’arcatures : la chapelle de Los Milagros à Talamanca de Jarama5 (fig. II) et l’église paroissiale de Camarma de Esteruelas (fig. 2)6. L’isolement de ces deux édifices dans une zone dominée par le mudéjar tolédan est peut-être, comme le sous-entend Pavón Maldonado, dû à la disparition d’un certain nombre d’édifices de ce type, mais rien ne permet de l’affirmer avec certitude. Ces deux églises, en tout cas, présentent deux types de décor 5 celle de Talamanca est ornée d’arcatures décalées d’un niveau sur l’autre, alors que Camarma de Esteruelas présente des arcatures superposées. Des réflexions sur le nombre des arcades et le rapport entre leur largeur et le rayon du cercle qui inscrit le chevet ont été élaborées par R. Montoya et B. Pavón, qui permettent d’inclure l’une et l’autre des églises dans des typologies formelles de peu d’intérêt pour notre étude. À l’évidence, ces deux églises sont en tout point identiques à celles qui constituent le groupe très homogène du « roman de brique ; 5 elles purent être réalisées par les mêmes ateliers itinérants que ceux qui construisirent la plupart des chevets des églises de la Meseta Norte et la date proposée traditionnellement pour Talamanca de Jarama semble être confirmée par les données d’une fouille récente qui en situe la construction au milieu du XIIIe siècle.
8Le « style » tolédan, qui s’impose dans la ville épiscopale d’Alcala de Henares7 dans la deuxième moitié du siècle, allait marquer plus profondément l’architecture de cette région. L’église de Móstoles8 marque la transition, avec son chevet dont les arcades superposées ont recours aux arcs outrepassés légèrement brisés. À Santa María la Antigua de Carabanchel9, la porte intègre le motif polylobé commun à la région tolédane et à l’Andalousie. La tour de cette même église assimile également certaines traditions andalouses en associant à un « appareil tolédan » une structure plus commune dans la région nord de Huelva, puisqu’il s’agit là non d’une tour carrée mais d’un clocher rectangulaire assez étroit de 2,25 m de profondeur sur 5,70 m de large. C’est en revanche la formule tolédane qui est adoptée pour les clochers madrilènes de San Nicolás10 et San Pedro el Real (pl. XXV), ce dernier daté de 1345 environ11. Dans ces deux derniers cas, le couvrement des escaliers est réalisé par des plafonds plats en blocage, mais la technique de la voûte en encorbellement se retrouve ailleurs dans la province, à Alcalá, Móstoles ou Horcajo de la Sierra12 par exemple.
9Le seul décor intérieur remarquable est celui mis en évidence par la restauration récente de San Martín Obispo de Valdilecha13, où l’on trouve des arcs entrecroisés associés à des arcs outrepassés brisés.
10L’« appareil tolédan » constitue, à partir du XIIIe siècle et sans variation jusqu’à l’époque moderne, la manière de construire la plus répandue pour les églises paroissiales. Alalpardo14 (fig. 102) et Ribatejada15 en constituent des exemples assez représentatifs, le dernier sans doute assez tardif.
11Dans le domaine de l’architecture militaire, on peut souligner, à la fin du XVe siècle, l’emploi qui est fait de la brique pour les arcs de renforcement des terrasses d’artillerie de Torrejón de Velasco16, mais c’est surtout le donjon subsistant du château d’Arroyomolinos17 (pl. XXIV) qui retiendra notre attention. Cette construction du dernier quart du siècle est en effet parementée intérieurement et extérieurement en brique. Les voûtes, massives, ne présentent aucune mise en œuvre spécifique, et les parentés formelles avec la tour de Pinto, elle aussi pourvue d’une voûte plein-cintre en brique, montrent à l’évidence que l’emploi de la brique n’a pas altéré un modèle provenant selon E. Cooper de fortifications extremeñas, notamment celle de Feria.
Province de Tolède
12Par sa reconquête précoce – dès 1085 –, Tolède occupe une place exceptionnelle dans l’histoire de l’architecture chrétienne espagnole. Quelle ville les seigneurs castillans et francs au service d’Alphonse VI trouvèrent-ils en cette fin du XIe siècle ? Les archéologues s’efforcent de démêler l’écheveau des données fournies par l’observation des monuments entassés dans les limites de l’ancienne capitale de la monarchie wisigothe, et la personnalité de l’architecture tolédane, qui transcende les siècles et fait fi des bouleversements politiques, rend cette tâche particulièrement ardue.
13Le premier témoignage de l’emploi de la brique dans la province est une tombe wisigothique, remontée au Musée archéologique de Tolède, construite en briques trapézoïdales pourvues d’ergots et susceptibles d’être utilisées sans mortier. Ce sont là, sans doute, des éléments de fabrication romaine destinés à un usage technique dans la construction des thermes ou des hypocaustes18. Cette tombe est la preuve que le matériau n’était pas inconnu des occupants wisigoths et l’on peut supposer que lors de l’arrivée des conquérants arabes certains des monuments de la ville présentaient déjà des murs en « appareil tolédan ».
14L’une des constantes de l’architecture de la province est en effet une manière de construire en chaînant les murs de gros moellons granitiques avec des harpes et des arases de brique. Ce type d’appareil, qui n’est pas spécifique à cette région, est cependant si répandu à Tolède que le terme d’« appareil tolédan » ou « maçonnerie tolédane » s’est imposé naturellement pour le désigner chez les historiens de l’architecture. De l’époque arabe jusqu’à nos jours, les maçons castillans ont construit toutes sortes d’édifices selon ces principes et l’un des défis que tentèrent de relever les archéologues a été d’établir une typologie diachronique de ces maçonneries en mesurant les faibles variations qui peuvent apparaître dans la hauteur des cajones (banchées) entre deux lignes d’arases et les rapports entre les harpes et ces cajones. B. Pavón Maldonado a établi un principe global selon lequel la hauteur de ces assises de maçonnerie serait allée en augmentant de l’époque arabe à l’âge moderne. La prise en compte de la métrique islamique fournit sans doute un outil de travail pour affiner ces analyses, mais on ne saurait, nous semble-t-il, aller au-delà d’une approche assez superficielle si l’on ne prend en considération que ce facteur pour proposer une datation pour un édifice donné.
15Plus précise est l’approche tentée par E. Domínguez Perella19, qui aboutit à une typologie des appareils confirmant et affinant celle proposée par B. Pavón. Il met en outre en évidence un certain rationalisme qui s’exprime dans cette architecture et amène les constructeurs à utiliser les différents types d’appareil en fonction de leur résistance, particulièrement dans les tours. Cette observation – vérifiable par le simple fait que l’on peut trouver des bases de pierre de grand appareil, des corps de tours en « appareil tolédan » et des couronnements et beffrois en brique – ne simplifie certes pas les données du problème puisque cette superposition d’appareils différents peut relever tout autant de considérations constructives ou architectoniques que de décalages chronologiques. La mesure des briques employées dans ces constructions ne permet guère non plus d’éclaircir par ce biais des problèmes de chronologie : un des plus complexes dans le domaine de l’étude des structures murales est celui de la détermination du module des briques qui ont été utilisées dans la construction d’un mur donné. Ce module obéit à des facteurs divers qui reviennent à altérer ce qui, à première vue et compte tenu de son caractère « industriel », devrait être d’une homogénéité absolue. La typologie des matériaux soigneusement établie par E. Domínguez ne paraît pas, au dire même de son auteur, suivre une séquence chronologique claire et fait bien au contraire ressortir le caractère aléatoire de la dimension des matériaux, mais aussi de la mise en œuvre qui pourrait paraître en découler.
16À côté de 1’« appareil tolédan » s’est développé, dans la ville même de Tolède, un type de maçonnerie murale beaucoup plus soigné dans la mesure où il utilise la brique en parement sur toute la surface des murs tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. C’est presque exclusivement à la construction des sanctuaires de certaines églises que cette manière de construire est réservée et elle offre d’indéniables parentés avec la pratique des maçons de la vaste zone d’expansion du « roman de brique ».
17Dans ce domaine aussi, les archéologues se sont efforcés d’établir des typologies formelles dans l’espoir de déceler une évolution ou du moins de proposer une approche globale de cette manière de construire qui semble, à Tolède comme dans la Meseta Norte, s’être imposée pour la quasi-totalité des églises et chapelles du milieu du XIIe siècle à la fin du XIVe siècle. Dans ce sens, la typologie établie en 1977 par J. Landa Bravo20 et quelques autres chercheurs est un pur travail de classification formelle qui ne débouche sur aucune conclusion d’ordre historique ni technique mais qui peut fournir un outil utile pour des études comparatives entre les différents édifices. L’étude plus ambitieuse de R. Montoya Invarato21 prétend retrouver les systèmes de tracé de ces absides en prenant comme mesure de base la dimension des briques ; les conclusions sont du domaine du vraisemblable et rendent compte du caractère systématique de la pratique constructive des maîtres maçons tolédans : il est clair que ceux-ci suivaient des schémas préétablis, ce qui explique la grande homogénéité de ces constructions.
18L’hypothèse de départ est que si les artisans mudéjars opéraient, dans le domaine de la carpintería de lo blanco, selon des procédés assez rigides qui ne furent exprimés et théorisés qu’au XVIIe siècle, il est vraisemblable que les albañiles, qui appartenaient au même monde de l’artisanat mudéjar, devaient mettre en pratique des techniques similaires. Compte tenu du nombre de pans qui constituent le parement extérieur de ces absides (sept, neuf, onze ou treize), il s’agit de retrouver des systèmes de tracé de ces polygones pouvant être réalisés par des principes géométriques simples. La possibilité de jouer sur l’épaisseur des joints de mortier confère aux procédés imaginés par R. Montoya une souplesse certaine qui rend tout à fait possible leur mise en œuvre par des artisans au savoir purement empirique. Les principes de composition de la structure et du décor de ces absides pourraient en effet se résumer en quelques formules :
Pour tracer une abside de sept pans, reporter la moitié du pan (défini par l’addition de x modules/briques) neuf fois sur la ligne qui limitera l’abside (diamètre) et avec la moitié de ce segment comme rayon, on trace la demi-circonférence recherchée ;
Pour tracer une abside de onze pans, reporter la moitié du pan quatorze fois sur la ligne qui limitera l’abside et avec la moitié de ce segment comme rayon, on trace la demi-circonférence recherchée ;
Pour tracer une abside de treize pans, reporter la moitié du pan seize fois sur la ligne qui limitera l’abside, et avec la moitié de ce segment comme rayon on trace la demi-circonférence recherchée.
19Il est donc tout à fait facile à partir de ces principes d’établir rapidement, au cordeau, des tracés au sol précis et réguliers qui permettent une mise en œuvre rapide de constructions soignées et quasiment « préfabriquées » compte tenu de la nature du matériau de revêtement, qui, servant à définir le module de base, ne nécessite aucune retaille. Les procédés imaginés par R. Montoya peuvent bien entendu être projetés sur le « roman de brique » castillano-léonais, mais la question se pose de savoir lequel des deux foyers développa en premier ces techniques de tracé et ce type de construction.
20C’est là qu’intervient le problème de la chronologie de ces édifices. La première église construite selon la formule appelée à connaître un tel succès à Tolède aurait été la chapelle de San Eugenio, dont la fondation est liée à l’arrivée triomphale des reliques du saint en 1152. On sait en effet qu’Alphonse VII avait obtenu du roi de France Louis VII qu’il lui offrît le bras du grand évêque tolédan, ardent défenseur de la monarchie wisigothique, conservé jusqu’alors dans l’abbaye royale de Saint-Denis. C’est à l’endroit où la précieuse relique fut déposée durant les préparatifs des cérémonies qu’aurait été érigée cette chapelle dont l’existence est confirmée par un document de 1209. Il s’agit d’un petit édifice à nef unique, pourvu d’un chœur comprenant une travée droite trapézoïdale et une abside dont le tracé correspond à un tiers de circonférence environ22. L’irrégularité de ce plan témoigne à l’évidence d’une ignorance des systèmes de planimétrie qui régissent l’implantation de la très grande majorité des églises tolédanes. Il est donc vraisemblable qu’il puisse s’agir d’un prototype encore imparfait à partir duquel furent imaginées des formules plus satisfaisantes de dessin architectural. Ceci ne prouve pas cependant que la date de 1152 corresponde effectivement à cette construction : la présence d’arcs outrepassés brisés peut paraître en effet assez précoce à cette date.
21La deuxième date proposée par les archéologues est celle de 1182, qui correspond à la dédicace de la chapelle du Cristo de la Luz23 (pl. XXVIII) ; elle correspondrait à la construction du chœur roman qui fut greffé en 1182 sur la petite mosquée de Bab Mardoum par les chevaliers de l’ordre de l’Hôpital. Le tracé du plan est là tout à fait conforme aux principes supposés de construction énoncés par R. Montoya et témoigne, en tout cas, d’une maîtrise technique parfaite et d’une grande aisance dans le domaine du traitement plastique et graphique des parements. Sur une base en maçonnerie de moellons, le parement de brique est animé par deux niveaux d’arcades qui creusent la surface du mur de niches peu profondes mais fermement délimitées par un double ressaut. Le choix d’arcs de couvrement en plein-cintre pour l’arcature basse donne à ce niveau un caractère de stabilité et de rigueur que compense le traitement des baies supérieures, en arc outrepassé brisé à ressaut polylobé, formule plus précieuse et raffinée. Les dents d’engrenage qui séparent les deux niveaux et qui marquent la base du couronnement individualisent clairement ces deux zones du décor. Au-dessus, la corniche puissante soutenue par des modillons en cavet conclut la composition, dont on peut dire qu’elle est l’une des plus satisfaisantes de l’art mudéjar tolédan. Il n’y a guère de raison de mettre en doute la datation proposée, et généralement acceptée, pour ce chevet et l’on peut donc considérer que dans le troisième quart du XIIe siècle les maîtres maçons tolédans étaient à même de construire rapidement et sans hésitations des églises répondant aux exigences techniques et esthétiques de leurs commanditaires. Que ceux-ci eussent été un monarque afrancesado dans un cas et des chevaliers du puissant ordre militaire dans l’autre n’a pas été un obstacle à la mise en œuvre de formules décoratives islamiques. Celles-ci sont toutefois limitées à l’emploi d’arcs outrepassés et polylobés qui servaient de cadre, à l’intérieur, à des peintures murales dominées par les principes esthétiques et iconographiques romans. Ce sont également des formules purement occidentales qui régissent la structure architecturale : murs épais, voûtes en plein-cintre ou en cul-de-four, ouvertures de raille extrêmement réduite : autant d’éléments qui inscrivent la chapelle du Cristo de la Luz ou celle de San Eugenio dans le vaste corpus des églises romanes qui de la Saxe à la Sardaigne témoignent d’une sensibilité artistique et de pratiques dévotionnelles tout à fait distinctes de celles développées dans cet autre petit chef-d’œuvre architectural qu’est la mosquée de Bab Mardoum (fig. 9). En effet, on trouve d’un côté, un espace clos, matriciel, voué à la pénombre et peuplé d’effigies de saints, des murs épais, des voûtes pesantes à la géométrie impeccable, une « peau » qui colle à la « chair » de ces maçonneries fourrées héritées du Bas-Empire ; et de l’autre, un kiosque ouvert, des supports réduits à des colonnes sans fondements visibles, des coupolettes à la surface gauche animée par la zébrure de nervures purement décoratives et un voile de brique tendu sur la façade de cette Ka’ba des confins de l’Islam.
22La conciliation de ces contraires est le défi que le mudéjar tolédan propose à l’échelle d’une ville et, sans aucun doute, entre les XIIe et XVIe siècles, le défi fut relevé, par les clercs et leur école de traducteurs, par les monarques castillans et leur politique de conciliation inaugurée par les « capitulations » de 1085, par l’aristocratie militaire, la ploutocratie juive, la plèbe des sangs-mêlés attachés au terroir : des mozarabes hispano-romains mâtinés de wisigoths, des mudéjars peu soucieux de tomber sous le joug des nouveaux maîtres berbères d’al-Andalus, des immigrants attirés par l’Eldorado de la reconquête. De ce mélange naît la forme d’une ville, cet urbanisme spontané riche de l’inexistence de projets, des fruits de la croissance et de la multiplication des mésalliances architecturales : maisons assemblées pour former des palais, palais associés dans des enceintes conventuelles, ruelles annexées par des cours, couvertes par des galeries, citernes romaines surmontées de mosquées et métamorphosées en auberges-fondouks. Partout à Tolède règne l’arbitraire, l’aléatoire, l’improbable24.
23Cette vision de la ville du Tage, portée à des dimensions mythiques par les apologistes de l’« hispanitude » et favorisée par quelques décennies de restaurations complaisantes aux clichés touristiques, correspond-elle en partie à une réalité architecturale ? Oui, si on prend en compte l’architecture de Tolède comme un tout, non si l’on examine objectivement et individuellement les monuments et principalement les monuments religieux : Bab Mardoum n’est qu’une mosquée et les seuls monuments occidentaux qui puissent en être rapprochés sont la petite mosquée des Trois Portes à Kairouan et son modèle, selon C. Ewert, la mosquée de Cordoue ; la cathédrale est une grande église gothique en dépit de quelques polylobes nichés dans le triforium et les églises paroissiales et chapelles construites entre 1100 et 1500 suivent un schéma forgé dans la zone d’expansion du premier art roman.
24Ces églises, contrairement à celles de la Meseta Norte, présentent cependant des traits islamiques très marqués dans le couvrement des arcs (fig. 25) : toutes affichent l’arc outrepassé, outrepassé brisé ou polylobé, d’où leur classification, en tout point justifiée, dans le domaine de l’art mudéjar. L’explication de cette particularité réside de manière évidente dans le maintien, après la conquête, d’un très grand nombre de musulmans dans la ville.
25Les « capitulations » garantissaient à la population musulmane non seulement la vie, mais aussi la sauvegarde de ses biens meubles et immeubles, le maintien de sa religion, de sa langue et de ses juridictions. L’enjeu était de taille : il s’agissait d’éviter de reproduire sur les rives du Tage le désastre économique constaté sur celles du Duero ; la difficile sinon impossible repoblación de la Vieille-Castille rendait prudents les conseillers politiques du nouvel imperator ; faute de pouvoir attirer suffisamment de Francs et pour ne pas courir le risque de vider de leur population clairsemée les royaumes du Nord de l’Espagne, il s’agissait de maintenir coûte que coûte la population locale, non seulement mozarabe et juive, mais aussi musulmane. Or, cette population était très importante, de l’ordre peut-être de quelques vingt mille personnes, ce qui est tout à fait considérable pour l’époque et suffit à rendre compte des différences fondamentales qui peuvent exister entre les conditions du développement artistique entre Tolède et les marches désertées du Duero. J.-P. Molénat25 a dressé un tableau assez nuancé du peuplement de Tolède au lendemain de la conquête, qui met en évidence le maintien, en nombre sans doute inférieur à ce que l’on estimait naguère, d’une population mozarabe dans la capitale du nouvel « empire ». Il a surtout mis l’accent sur l’immigration massive de mozarabes du Sud, chassés par les Almoravides dans le deuxième quart du XIIe siècle.
26Compte tenu de cette réalité démographique, ce qui étonne, ce n’est pas le maintien de motifs islamiques réduits à quelques formules décoratives, c’est la vigueur de la greffe chrétienne dont témoignent cette vingtaine de chevets romans encore visibles. Le volontarisme de cette christianisation de l’architecture s’arrête cependant à l’aplomb de l’arc-triomphal du sanctuaire. Les nefs, dans leur simplicité, sont beaucoup plus « neutres » ; quant aux clochers, ils sont franchement musulmans ou bien ils présentent une structure « en minaret » (fig. 33) [San Lucas, Santa María Magdalena, Santo Tomé], lorsqu’ils ne sont pas effectivement d’anciens minarets convertis en clochers (San Bartolomé, San Sebastián, Santiago del Arrabal). De plan carré, pourvus d’escaliers à rampes droites tournant autour d’un noyau carré et couverts de fausses-voûtes en encorbellement, les clochers tolédans sont les descendants directs des minarets almohades et il est souvent impossible de savoir si leur construction est antérieure ou postérieure à 1085. La seule certitude à leur égard est que leurs derniers étages, où sont logées les cloches, sont chrétiens et souvent assez tardifs. Ce sont justement les seules parties entièrement réalisées en brique, ce qui permet de monter des murs assez minces et légers dont la cohésion n’est pas menacée par le branle des cloches.
27À côté des clochers, les tours militaires qui défendent les ponts ou les portes n’affichent pas, du point de vue structurel, de traits de caractère spécifiquement islamique : aucune par exemple ne présente d’accès coudé. La Puerta del Sol, qui est la plus prestigieuse, est aussi celle où la brique est assez largement utilisée pour construire les voûtes (en arc-de-cloître et d’ogives) et composer le décor d’arcatures entrecroisées et polylobées qui surmonte l’arc d’entrée (fig. 103).
28Quant aux édifices civils, maintes fois remaniés et pour beaucoup d’entre eux englobés dans les couvents qui se multiplièrent ou s’étendirent considérablement aux XVe et XVIe siècles, la brique y est employée couramment mais presque toujours enduite et dans des éléments de datation délicate.
29La pratique d’enduire les murs s’étendait aux édifices religieux : cela est tout à fait certain pour les intérieurs, qui étaient couverts de peintures murales comme en témoignent encore San Román ou le Cristo de la Luz. À l’extérieur, les vestiges d’un décor d’entrelacs géométriques visibles dans l’un des arcs de l’abside de la chapelle du Cristo de la Vega26 (pl. XXVII) conduisent à penser que le fond des niches pouvait être décoré, ou du moins enduit. Il ne fait aucun doute que dans le cas où l’on avait recours au décor d’entrelacs, le caractère islamique de l’architecture devait en être renforcé : ce type de motifs géométriques peint et gravé sur l’enduit ornait déjà, au Xe siècle, les baies aveugles du minaret de la mosquée de Cordoue.
30En dehors de Tolède, les chevets parementés de brique sont assez rares : on ne peut guère citer, dans la province de Tolède, que l’église de l’hôpital de Santiago à Talavera de la Reina, fondé en 1226 par l’ordre des chevaliers de Santiago, qui témoigne une fois encore du goût des grands ordres militaires pour ce type de constructions. L’« appareil tolédan » se retrouve en revanche dans un grand nombre d’édifices de la province et en franchit largement les limites au nord vers Madrid, qui sous bien des aspects apparaît très liée à Tolède.
31Vers le sud-est et le sud-ouest, vers le Levante et l’Estrémadure, l’influence de la métropole tolédane ne s’exerce plus aussi visiblement dans les maçonneries murales, mais l’usage de la brique en couvrement traduit une exportation des savoir-faire tolédans. L’examen des voûtements laisse en effet entrevoir des techniques de construction spécifiques qui ne correspondent pas à celles que l’on trouve dans la zone d’expansion du « roman de brique ». À côté des voûtes en berceau, des culs-de-four et des voûtes d’ogives d’allure romane ou gothique, à côté des fausses-voûtes en encorbellement d’allure islamique, apparaissent certaines pratiques constructives plus spécifiques à la région de Tolède et qui associent celle-ci à l’Estrémadure. Il s’agit de voûtes, en berceau ou en arc-de-cloître, construites sans cintre. On peut citer une petite salle voûtée de l’église San Juan d’Ocaña27 et certaines des voûtes du château de Montalbán28 (fig. 50). Les systèmes constructifs employés dans ces deux édifices sont ceux dont nous exposons les principes dans la partie consacrée à l’architecture de la province de Badajoz29 Leur origine est peut-être à rechercher dans des constructions islamiques, mais invoquer, comme le fait B. Pavón, la tradition mésopotamienne apparaît d’autant plus anhistorique que ce sont là des édifices tardifs, du XIVe siècle sans doute.
32C’est justement au XIVe siècle que l’on commence à pressentir un abandon des formules architecturales devenues routinières qui dominent les deux siècles précédents. À Tolède même, où le chantier de la cathédrale aurait pu amener un renouvellement des techniques et des formes, l’architecture religieuse résiste à la « gothicisation » qui peut être observée aux portes des palais de Fuensalida ou du roi Don Pedro ou encore à celle de Santa Isabel de los Reyes, ancien palais des Suárez de Toledo et des Ayala. Il n’y a guère que le couvent de la Concepción Franciscana qui affiche dans l’élévation de son chevet une allure assez clairement gothique ; on pourrait encore citer le cloître et la chapelle Santa Catalina où le remplage déjà flamboyant de certaines baies a quelques traits gothiques, mais il faut bien convenir que Tolède échappe presque totalement, en dépit du grand chantier de la cathédrale, à l’engouement européen pour les formes issues des expériences de la France capétienne et de l’Angleterre des Plantagenêt. Partout dans la ville ces formes occidentales s’effacent derrière les décors de stuc mudéjars et plus exceptionnellement derrière les carrelages et alicatados, et ce jusque sur les intrados des voûtes : à cet égard, le couvrement alboaire30 de la chapelle San Jerónimo (couvent de la Concepción Franciscana), témoigne de systèmes décoratifs inspirés par des traditions très visiblement « orientales ».
33C’est à dessein que nous utilisons ce terme ambigu d’« oriental », car il semble bien en effet que ce style mudéjar du XIVe et du XVe siècle se soit renouvelé au contact de l’art nasride. Certains revêtements de stuc semblent provenir de l’Alhambra de Grenade, la voûte de la chapelle de San Jerónimo, transposition en brique des charpentes de lazos, témoigne des mêmes influences andalouses qui emportèrent visiblement l’adhésion de Pierre le Cruel et de ses courtisans. C’est dans ce cadre du « mudéjar de cour » qu’il faut situer la synagogue del Tránsito, et dans ses prolongements qu’il faut replacer les rares vestiges des constructions civiles : Salón de Don Diego, Salón de Mesa. Dans tous ces édifices, la brique est masquée par le décor de stuc, mais elle constitue toujours l’ossature de l’« appareil tolédan » et sert à construire les arcs ou les cloisons minces et les piliers à angles chanfreinés. C’est vers un édifice militaire qu’il faut se tourner pour retrouver ce matériau sans masque : la porte d’entrée du château de San Servando, qui remonte aux reconstructions de la fin du XIVe siècle, avec son arc outrepassé brisé à faux bossage, est elle aussi marquée par l’influence nasride.
34L’introduction de pièces céramiques, sans doute des plats ou des écuelles, dans le chevet de l’église Santiago del Arrabal de Talavera de la Reina est peut-être davantage à mettre en relation avec cet enrichissement du décor correspondant à la pénétration de modèles nasrides qu’à l’influence des tours aragonaises, notamment celles de Teruel, qui ne peut toutefois être totalement écartée : des éléments céramiques (fûts de colonnettes) sont aussi présents dans les tours de San Román et de Santo Tomé.
35À Talavera encore, comme à Tolède, il faut attendre la fin du XIVe siècle pour que se fasse sensible un renouvellement des formes si ce n’est des techniques. L’église collégiale de Santa María (fig. 104), reconstruite à l’initiative de l’évêque de Tolède Pedro Tenorio à partir de la fin du XIVe siècle, est fidèle à la technique tolédane dans la mesure où elle associe la brique à la pierre ; mais ici l’enduit, partout présent et uniforme, marque la volonté de se rapprocher le plus possible du style gothique tel qu’il s’exprimait dans la cathédrale de Tolède, édifice phare pour les chanoines de Talavera, désireux de rivaliser dans la mesure de leurs possibilités avec leurs collègues tolédans. C’est le maître d’œuvre de Guadalupe, un certain Maître Alfonso, qui selon toute probabilité fut placé à la tête du chantier de Talavera. La brique est ici mise au service des couvrements gothiques et d’éléments décoratifs qui n’ont plus rien de mudéjar.
36La dernière étape de l’architecture religieuse tolédane, telle qu’elle s’exprime dans le chœur de San Andrés ou dans le couvent de San Juan de los Reyes, est caractérisée par le renoncement pur et simple à l’emploi de la brique au profit de la pierre de taille et par l’adoption d’un langage architectural international dans lequel l’intervention de maçons formés sur les chantiers du Nord de l’Europe évacue radicalement, pour les édifices majeurs, sinon les techniques de construction du moins les styles traditionnels.
37La seule exception notable à l’abandon de la brique en parement à la fin du XVe siècle pour les grands édifices est le château de Casarrubios del Monte31 (pl. XXVI), construit entre 1496 et 1500 pour Gonzalo Chacón, commandeur de Montiel, par Ali Caro, le constructeur de Coca. On ne peut douter que l’emploi de la brique en parement corresponde ici à des considérations esthétiques : le matériau du gros-œuvre est en fait le béton et la brique n’est qu’un habillage qui se veut somptueux et qui prétend rivaliser avec la pierre de taille qu’imposent les maçons au service des Rois Catholiques. Il n’y a aucune raison de voir dans cette opposition des deux matériaux le reflet d’un quelconque affrontement idéologique : le combat se déroule dans le champ clos de l’architecture, ou plutôt du goût appliqué à l’architecture. Que les maîtres d’œuvre soient bretons, flamands ou bien mudéjars de la région d’Ávila n’importe guère, tous sont à la fois des artisans bon connaisseurs des techniques de construction et aussi des hommes de l’art, reconnus, recherchés, et chargés conjointement de plusieurs chantiers. Juan Guás et Ali Caro s’expriment tous deux dans le cadre de commandes de la haute aristocratie qui réclame des édifices modernes, résolument occidentaux dans le choix du parti général, de grands volumes et des détails architecturaux visibles. La différence essentielle résidait dans le choix de l’appareil de revêtement, d’une part la pierre de taille, d’autre part la brique. Les raisons liées au coût du matériau purent peser d’un certain poids, mais cela est loin d’être certain et dans l’état actuel des connaissances il est impossible d’établir des comparaisons significatives dans le cas des édifices tolédans ; tout au plus peut-on relever l’observation d’E. Cooper au sujet de Casarrubios : le montant total des dépenses mentionnées pour ce château inachevé atteint quatre millions de maravédis, somme jugée considérable même si l’on admet qu’une certaine partie fut utilisée à la restauration du château vieux.
38C’est donc un choix esthétique que celui du commandeur de Montiel, qui semble avoir pesé d’un grand poids dans la détermination du parti général de l’œuvre, guidant la main de l’auteur présumé des plans, Francisco Mexía, et engageant pour la réalisation celui qui n’allait pas tarder à prendre le nom de son principal employeur, Alonso de Fonseca.
39Où donc Alonso de Fonseca alias Ali Caro avait-il trouvé des exemples d’édifices parementés de brique, si ce n’est dans les terres de la Moraña ou du Campo de Arévalo, dont les églises présentent des liens si étroits avec celles de la grande métropole du Tage ? Si l’on ajoute à cette remarque une observation très objective au sujet du module des briques employées par les albañiles qui travaillaient selon les directives du maître d’Ávila, à savoir que les briques de Casarrubios adoptent le module tolédan alors que celles de Coca répondent aux proportions généralement adoptées dans la Meseta Norte, on prend la mesure de la complexité du phénomène, irréductible à la prétendue fatalité historique d’un maintien des traditions constructives de l’Espagne musulmane.
40Voici en effet, à Casarrubios, un château d’un grand dignitaire de l’ordre de Saint-Jacques qui s’inscrit typologiquement dans la grande famille internationale des châteaux gothiques, établi sur des plans élaborés par le commanditaire lui-même assisté d’un mystérieux dessinateur, réalisé sous la direction d’un maître d’œuvre musulman originaire d’Ávila, par des maçons et des briquetiers tolédans mettant en œuvre une technique de construction expérimentée avec succès depuis plus de trois siècles dans l’édification de chevets d’églises profondément marquées par l’esthétique romane, mais tombée en désuétude sous la pression conjointe des formules artistiques du « mudéjar de cour » et du gothique international…
41Quelle que soit la complexité des phénomènes observés, il apparaît néanmoins évident que, si l’usage de la brique, en chaînes, en arases ou en couvrement, répond essentiellement à des préoccupations techniques et économiques assez puissantes pour s’imposer sans solution de continuité entre le XIe et le XXe siècle pour l’architecture mineure ou les parties les moins nobles des édifices majeurs, le choix qui est fait du matériau pour revêtir et animer les élévations de monuments dotés de quelque prestige est le résultat d’une volonté artistique qui ne s’affirme clairement que dans un petit nombre d’édifices, tant au début du XIe siècle, à la façade de Bab Mardoum, que vers 1180 à l’abside du Cristo de la Luz ou en 1485 à Casarrubios del Monte.
Notes de bas de page
1 Vicente Castañeda, « Descripción de Sacro Convento y Castillo de Calatrava la Nueva y de su iglesia, capillas y enterramientos », Boletín de la Real Academia de la Historia, 92, 1928, pp. 402-443.
2 Elena Sáinz Magaña, « Un monumento románico en la provincia de Ciudad Real. La iglesia de Arenas de San Juan », dans Musulmanes y cristianos, La implantacíón del feudalismo, t. V du I Congreso de Historia de Castilla - La Mancha, Tolède, Junta de Comunidades de Castilla - La Mancha, 1988, pp. 273-278.
3 E. Cooper, Castillos señoriales en la Corom de Castilla, pp. 169-170, 172-174.
4 Pour la province de Guadalajara, l’essentiel des informations bibliographiques consiste en l’ouvrage de Basilio Pavón Maldonado, Guadalajara medieval. Arte y Arqueología árabe y mudéjar. Madrid, CSIC, Instituto de Estudios Árabes Miguel Asín, 1984.
5 C. Abad Castro et H. Larren Izquierdo, « Arqueología mudéjar en la provincia de Madrid », pp. 159-160 ; CME, Madrid, t. I, pp. 238-262 ; R. Montoya Invarato, « Sobre los ábsides toledanos », pp. 457 et 464 ; B. Pavón Maldonado, Islámico y mudéjar, p. 87.
6 R. Montoya Invarato, « Sobre los ábsides toledanos », p. 472 ; Basilio Pavón Maldonado, « Miscelánea de arte y arqueología hispanomusulmana (I), Al-Qantara, 1,1980, pp. 385-417, section XI : « El ábside mudéjar de Camarma de Esteruelas (Madrid) », pp. 412-413.
7 Basilio Pavón Maldonado, Alcalá de Henares medieval. Arte islámico y mudéjar, Madrid, CSIC, Instituto de Estudios Árabes Miguel Asín, 1982.
8 Pedro Navascués Palacio, « La iglesia parroquial de Nuestra Señora de Móstoles », Al-Andalus, 27, 1962, pp. 389-397.
9 Id., « La ermita de Santa María la Antigua en Carabanchel », Al-Andalus, 26,1961, pp. 194-201.
10 Manuel Gómez Moreno, « La torre de San Nicolás de Madrid » Archivo Español de Arte, 3, 1927, pp. 129-132.
11 Elías Tormo y Monzó, Las iglesias del antiguo Madrid (2 fasc.), Madrid, 1927, fasc. I, p. 54.
12 Madrid, Centro Nacional de Información Arqueológica y Artística de España (CIA AE) photothèque, Archivo Morena, 49/17-17a.
13 C. Abad Castro et H. Larren Izquierdo, Arqueología mudéjar en la provincia de Madrid », pp. 160-161.
14 Inventario artístico de Madrid y su provincia, p. 11.
15 Inventario artístico de Madrid y su provincia, p. 253.
16 E. Cooper, Castillos señoriales en la Corona de Castilla, pp. 910-912.
17 Ibid., pp. 189-190, 192, 200.
18 M. Fincker, « Les briques claveaux ».
19 E. Domínguez Perela, « Materiales y técnicas en el mudéjar toledano ».
20 J. Landa Bravo et alii, « Ábsides toledanos », pp. 81-84.
21 R. Montoya Invarato, « Sobre los ábsides toledanos ».
22 R. del Cerro Malagón et alii, Arquitecturas de Toledo, pp. 201-203,
23 Ibid., pp. 317-329 et, pour la bibliographie, notes p. 579, Pour les autres édifices de Tolède, on se référera essentiellement à cet ouvrage et aux notices des monuments qu’il contient, rédigées par C. Delgado Valero et M.T. Pérez Higuera.
24 Jean Passini et Jean-Pierre Molénat, Toledo a finales de la Edad Media (2 vol.), Tolède, Colegio Oficial de Arquitectos de Castilla - La Mancha, Delegación de Toledo, 1995-1997.
25 J,-P. Molénat, « Mudéjars, captifs et affranchis ».
26 R. del Cerro Malagón et alii, Arquitecturas de Toledo, pp. 204-209 (photographie p. 206) et pl. XXXV.
27 Basilio Pavón Maldonado, « Iglesia mudéjar desconocida de la provincia de Toledo. San Juan Evangelista de Ocaña », Al-Andalus, 27,1962, pp. 232-244.
28 Conde de Cedillo, « El castillo de Montalbán », Boletín de la Sociedad Española de Excursiones, 32, 1924, pp. 141-152 ; E. Cooper, Castillos señoriales en la Corona de Castilla, pp. 936-939 ; Juan Muñoz Ruano, « El castillo de Montalbán (Toledo) », Castillos de España, 2e série, décembre 1981, pp. 3-25.
29 Voir chap. xvii, pp. 237-241.
30 On désigne de ce nom des coupoles dont l’intrados est décoré de pièces de terre cuite émaillée alternant avec d’autres dépourvues d’émail.
31 E. Cooper, Castillos señoriales de Castilla, pp. 226-227, 232-233, 235-236 ; Id., Castillos señoriales en la Corona de Castilla, pp. 178, 180, 183-188.
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