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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Arcades Renfoncements Motifs losangés Entrelacs Briques sur l’angle (dents d’engrenage) Modillons Motifs divers Portails de brique (annexe XXIV, p. 443) Notes de bas de page

    Brique et architecture dans l’Espagne médiévale (xiie-xve siècle)

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre VI

    Le décor de brique

    p. 103-121

    Texte intégral Arcades Arcades couvertes en plein-cintre (annexe XXII, pp. 437 sqq.) Arcades couvertes en arc outrepassé ou outrepassé brisé Arcades couvertes d’arcs polylobés et recticurvilinéaires Arcs entrecroisés Renfoncements Motifs losangés Entrelacs Briques sur l’angle (dents d’engrenage) Modillons Motifs divers Portails de brique (annexe XXIV, p. 443) Notes de bas de page

    Texte intégral

    Arcades

    1La distinction entre le décor et la structure n’est pas toujours très facile à établir dans l’architecture de brique. Les arcs y jouent en effet un rôle capital, dans lequel les deux aspects se conjuguent étroitement. C’est la forme des arcs qui fournit le critère premier de définition des grands styles architecturaux du Moyen Âge hispanique.

    Arcades couvertes en plein-cintre (annexe XXII, pp. 437 sqq.)

    2L’arc en plein-cintre, structurel ou décoratif, est le type de couvrement de loin le plus fréquent. C’est aussi le principal critère de définition du style roman1. Associé dès l’origine à la brique, il constitue l’élément de base du décor des églises romanes de brique. Compte tenu du nombre de pans des absides, de la longueur des travées droites et du nombre de rangées d’arcs qui se développent sur ces chevets, la combinaison des possibilités est infinie. Nous nous contentons ici de proposer une typologie sommaire permettant de distinguer :

    • Les décors à une seule rangée d’arcades très développées en hauteur (pl. XLVII et XLIX) ;

    • Les décors à plusieurs rangées d’arcades superposées (fig. 57) ;

    • Les décors à plusieurs rangées d’arcades superposées et décalées (fig. 120).

    3La répartition de ces différents types paraît assez aléatoire et les sources de cette formule décorative doivent être cherchées dans les expériences du « premier art roman » méditerranéen et, au-delà, dans les expériences ravennates2 Ont-elles transité par des édifices du Haut Moyen Âge, comme São Frutuoso de Montelios, ou du XIe siècle, comme ceux d’Aragon et de Catalogne (Santa María de Buil [Huesca], Santa María de Rosas [Gérone]), cela est difficile à déterminer, mais ce qui est certain, c’est que la formule a été modifiée et systématisée pour mettre en valeur le matériau (ou parce qu’elle était mise en valeur par lui). Nous verrons ultérieurement les conclusions qu’il convient de tirer de ces observations.

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    FIG. 57. – Arévalo (Ávila), Santa María la Mayor, chevet, arcades superposées

    4L’organisation en rangées horizontales des arcades de brique est un aspect très spécifique de l’architecture des deux Castilles et du León, que l’on ne retrouve pas dans les édifices de tradition lombarde ou catalane. Il semble que l’on puisse rendre compte en partie de cette différence par le décalage chronologique entre l’éclosion du premier art roman méditerranéen et la floraison du « roman de brique » de Vieille-Castille et du León. Au XIe siècle, en effet, l’architecture du premier art roman – particulièrement en Catalogne – est dominée par un principe de verticalité qui sous-tend l’articulation du décor mural et que les lésènes des « bandes lombardes » rendent particulièrement manifeste3 ; cette verticalité est également sensible dans le « roman de brique » lorsque nous avons affaire au premier type de décor, particulièrement bien illustré à Toro, mais dans ce domaine artistique, le type dominant est celui constitué par les arcades superposées. On peut sans doute expliquer cette différence par le fait que dans la deuxième moitié du XIIe siècle, lorsque se développe le « roman de brique », l’organisation verticale du décor qui dominait au siècle précédent est largement tempérée par le rétablissement d’une horizontalité soulignée par les corniches, les bandeaux et les impostes, qui sont une des composantes essentielles du décor architectural dans le roman de pierre. Ainsi, il n’y a pas plus de différence entre le « roman de brique » à grandes arcades uniques et celui qui développe un décor d’arcades superposées qu’entre les églises contemporaines de pierre de taille qui adoptent un ordre monumental où les registres verticaux sont reliés par des demi-colonnes montant de fond, et celles qui privilégient une composition dominée par un principe d’horizontalité.

    Arcades couvertes en arc outrepassé ou outrepassé brisé

    5Ce type d’arcs décoratifs est un des éléments discriminants du style mudéjar ; il est extrêmement rare en Vieille-Castille et en León et guère plus fréquent dans les domaines tolédan, aragonais et sévillan, où l’arc outrepassé se maintient cependant longtemps pour le couvrement de baies (cf. supra).

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    FIG. 58. – Alba de Tormes (Salamanque), San Juan, absidiole sud, arcature intérieure

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    FIG. 59. – Alba de Tormes (Salamanque), Santiago, abside, arcature extérieure

    Arcades couvertes d’arcs polylobés et recticurvilinéaires

    6À l’inverse du type précédent, celui-ci est très largement répandu tant en Andalousie qu’en Aragon ou à Tolède et souvent associé au décor de sebka (ou « en losange »), influencé par l’art almohade (annexe XXIII, pp. 441 sq.). Certains arcs polylobés, comme ceux que l’on trouve associés au décor des chevets des églises San Juan et Santiago d’Alba de Tormes (fig. 58 et 59), doivent, selon nous, être interprétés comme des variations sur les trilobés ou les lancettes lobées gothiques.

    Arcs entrecroisés

    7Ce motif décoratif, qui a donné lieu à une publication volumineuse et savante4, est également un des facteurs de mudejarismo. Associé à la brique, on le rencontre dès le début du XIe siècle à la petite mosquée de Bab Mardoum à Tolède. Il est courant en Andalousie (fig. 60) et en Aragon (fig. 61), où son usage se prolonge jusque dans les tours mudéjares tardives comme Utebo, Bien qu’il ne soit pas l’apanage de l’art musulman, comme l’a montré C. Ewert, il est plus que probable qu’il procède en Espagne de l’architecture omeyyade.

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    FIG. 60. – Archez (Málaga), église paroissiale, clocher, arcatures entrecroisées

    Renfoncements

    8Les décors d’arcades sont associés aux jeux d’appareils que nous avons mentionnés plus haut, aux bandeaux constitués par des briques moulées en cavet et aux renfoncements parfois abusivement associés au motif islamique de l’alfiz5 (pl. XLVIII). Quand ils n’inscrivent pas des arcs, à l’intérieur ou à l’extérieur des édifices, les renfoncements rectangulaires dits recuadros ne sont en fait rien d’autre que des niches peu profondes couvertes de plates-bandes appareillées qui ne diffèrent des arcades que par le type de couvrement ; ils constituent souvent la zone supérieure du décor des absides et des murs-gouttereaux des nefs, comme à Coca de Alba (Salamanque), Santervás de Campos (Valladolid), San Martín de Cuéllar (Ségovie), mais on les trouve aussi dans le registre inférieur à San Tirso de Sahagún (León) par exemple. Comme pour les arcades, on peut s’efforcer d’affiner par des considérations formelles la typologie des recuadros6 ; il semble en tout cas que ce motif soit un des éléments caractéristiques du roman de Sahagún, qui, à partir de là, gagne quelques édifices de Cuéllar ou de la province d’Ávila.

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    FIG. 61. – Teruel, San Martín, clocher, décor extérieur

    Motifs losangés

    9Les motifs en sebka ou « losangés » qui animent les parements des monuments mudéjars sont le plus souvent constitués de fragments de brique enchâssés dans les appareils de revêtement des édifices (annexe XXIII, pp. 441 sq., et fig. 92). En Andalousie, le schéma almohade dessine un réseau complexe de motifs recticurvilinéaires entrelacés dont le premier exemple connu correspond au décor de la Giralda. Les clochers des églises de Séville (pl. XI) ou celui d’Aracena (Huelva) reprennent ce schéma au XIVe siècle. À la fin du XVe siècle, il est toujours en vigueur à Santiago de Carmona.

    10Inconnu du « roman de brique » et de l’architecture tolédane, le décor de sebka est un motif assez courant du mudéjar aragonais ; à Teruel, Belchite (pl. XIV) ou à la Seo de Saragosse, il suit d’assez près le modèle almohade. Mais dans la plupart des édifices de la région de Saragosse, c’est sous une forme simplifiée que ce motif décoratif est utilisé ; le décor en sebka s’y réduit en effet à une sorte de résille de losanges, souvent totalement indépendant du motif des arcs entrecroisés qui le génère dans les prototypes musulmans.

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    FIG. 62. – Montalbán (Teruel), Santiago, chevet, décor d’entrelacs (restauré)

    Entrelacs

    11Le décor d’entrelacs géométriques formé d’entrecroisements de polygones à quatre, six, huit côtés (lazos de cuatro, de seis, de ocho) est lui aussi un motif largement utilisé dans l’art musulman, dans lequel il peut être interprété comme une représentation du concept d’éternité. Il est assez fréquemment mis en œuvre dans les édifices mudéjars d’Aragon à partir de la fin du XIVe siècle, et souvent associé alors à des éléments de terre cuite émaillée (fig. 61 et 62).

    Briques sur l’angle (dents d’engrenage)

    12Disposées « sur l’angle », c’est-à-dire à quarante-cinq degrés par rapport au plan du parement, les briques constituent des frises de dents d’engrenage (fig. 63) souvent associées à des lignes de briques posées de chant (cf. supra) ou à des moulures en cavets. Faut-il chercher l’origine d’une formule décorative aussi simpliste dans la Provence antique et romane, dans la Perse sassanide ou dans le monde byzantin, ou encore dans la combinaison des deux traditions comme le fait M. Valdés7 ? Nous ne le pensons pas. L’élaboration et la circulation de formes décoratives aussi sommaires sont en tout cas d’une interprétation hasardeuse. Tout au plus peut-on constater que la formule des dents d’engrenage est commune à bien des architectures ayant recours à un matériau de construction parallélépipédique, régulier et de dimension réduite.

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    FIG. 63. – Sahagún (León), église du couvent des franciscains (dite La Peregrina), chevet

    13Quelques combinaisons de motifs plus complexes, comme ceux de l’abside de Santervás de Campos (Valladolid) [pl. LI] justifient sans doute l’établissement de liens plus précis, mais du fait de leur rareté ne méritent pas d’être traitées en dehors du cadre monographique.

    Modillons

    14On ne trouve pas, dans le « roman de brique » de Vieille-Castille et de León, de modillons autres que ceux formés par l’assemblage de briques moulées en cavet, du type de celles qui constituent les impostes des arcades du chevet de Santa María de Béjar (Salamanque, fig. 64). Selon la classification établie par Manuel Valdés, ce type de support correspondrait à la phase classique (du XIIIe siècle) de l’architecture « románica mudéjar ».

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    FIG. 64. – Béjar (Salamanque), Santa María la Mayor, chevet

    15À Tolède, les modillons sont généralement formés de briques en ressaut, parfois taillées de manière à obtenir un profil concave ; plus rarement les ressauts sont arrondis de manière à former des tores qui les apparentent aux modillons à rouleaux de l’art califal (fig. 65-66).

    16Dans l’art mudéjar aragonais, les briques en ressaut sont disposées de manière à produire cinq ou six types de modillons différents (fig. 67).

    17Dans l’architecture andalouse, on associe souvent dans les églises de Séville au XIVe siècle des modillons en pierre sculptés à des corniches de brique (clocher de San Marcos, chevet d’Omnium Sanctorum). À la fin du XVe siècle les modillons de briques retaillées en simple ou double cavet sont très fréquents (fig. 68).

    Motifs divers

    18La multiplicité des formules décoratives permises par l’utilisation des briques en parement n’a guère été exploitée dans l’Espagne médiévale. Le répertoire le plus riche est celui du mudéjar aragonais. Des motifs en croix apparaissent à Ateca, Herrera de los Navarros ou San Miguel de los Navarros à Saragosse, mais c’est surtout dans les clochers tardifs de Santa Maria de Calatayud, de Muniesa, d’Utebo, Mallén et de bien d’autres édifices encore, que nous n’avons pas retenus dans cette étude, que s’exprime l’inventivité des albañiles.

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    FIG. 65. – Erustes (Tolède), tour, modillons « tolédans »

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    FIG. 66. – Talavera de la Reina (Tolède), Santiago del Arrabal, chevet

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    FIG. 67. – Modillons (d’après G. BORRAS GUALIS, Arte mudéjar aragonés [2 vol.], Saragosse, Caja de Ahorros y Monte de Piedad de Zaragoza, Aragón y Rioja - Colegio Oficial de Arquitectos Técnicos y Aparejadores de Zaragoza, Saragosse, 1985, t. I, fig. 9, p. 184). Droits réservés

    19Dans l’orbite tolédane, ce n’est que très tardivement aussi que l’on sortit de la routine figée au XIIIe siècle : la chapelle de Luis de Lucena à Guadalajara est la manifestation de cette ouverture vers des possibilités décoratives nouvelles qui resta presque totalement inexploitée.

    20On pourrait ici ou là citer des éléments décoratifs originaux comme le portail de l’église de Pascualgrande (Ávila), les merlons du château de Coca (Ségovie), une frise de l’église de Prádenas del Rincón (Madrid), mais ce ne sont que des éléments isolés qui témoignent de l’incapacité de la part des maçons d’adapter leur création aux exigences nouvelles du classicisme naissant. Il n’y a guère qu’en Andalousie que l’on peut voir s’opérer un certain enrichissement du décor de brique à la fin du XVe siècle dans les portes de ladrillo limpio qui constituent le chant du cygne du décor de brique médiéval.

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    FIG. 68. – Santiponce (Séville), couvent de San Isidoro del Campo, modillons

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    FIG. 69. – Mojados (Valladolid), église paroissiale San Juan, portail sud

    Portails de brique (annexe XXIV, p. 443)

    21Dans le « roman de brique » de Sahagún (León) ou de Toro (Zamora), des portails de brique sont associés au décor d’arcatures : ils en ont la sobriété un peu sèche et s’ouvrent souvent sur les élévations latérales des nefs (fig. 69). À Tolède ils s’enrichissent parfois, à Santiago del Arrabal ou à Santa Leocadia, d’un motif d’arcs entrecroisés à la manière des mihrabs des mosquées. En Aragon, celui de Tosos (pl. XX), avec son imposte de pierre, n’est pas sans rappeler celui de l’église primitive des Jacobins de Toulouse, qui permet d’établir un trait d’union entre la tradition cistercienne et celle des ordres mendiants. Dans la plupart des églises, les portails gothiques sont de modestes portes couvertes de voussures moulurées en arc brisé. À Morata de Jiloca ou à la chapelle San Martín de l’Aljafería de Saragosse, le décor s’enrichit de sculptures ou de motifs décoratifs habituellement réservés aux tours et aux chevets, mais aucune création remarquable ne mérite d’être signalée. Aucune formule originale ne permet de détacher les portails de brique de la grande tradition imaginée pour les portails de pierre, et on a l’impression que les albañiles sont considérés comme inaptes à créer des entrées monumentales susceptibles de rivaliser avec celles conçues et réalisées par les tailleurs de pierre : San Andrés de Cuéllar (Ségovie) ou San Pedro de los Francos de Calatayud (Saragosse) associent ainsi des portails de pierre à des façades de brique. C’est également la formule adoptée par les constructeurs des églises paroissiales sévillanes ; faut-il admettre sans réserve que la majorité de ces portails de pierre de la grande métropole andalouse aient été sculptés avant 1356 et réutilisés dans les reconstructions postérieures au tremblement de terre ? Certains, comme celui de San Juan de la Palma, paraissent archaïques mais très tardifs et en tout cas ces portails gothiques cèdent rarement la place à des portes mudéjares comme celle des églises de Sanlúcar la Mayor (Séville) [fig. 70].

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    FIG. 70. – Sanlúcar la Mayor (Séville), Santa María, porte ouest

    22La combinaison, dans la région de Séville, de la tradition gothique des portes à voussure profonde dans des avant-corps bien marqués et des précieux décors « en façade de mihrab » de la tradition mudéjare donna naissance à toute une série de portails soigneusement appareillés en brique. Dans quelle mesure le matériau était-il destiné à rester nu ? Il est difficile d’établir une règle générale et chaque cas doit être examiné individuellement Le terme de ladrillo visto (annexe XXV, p. 445), qui sert à désigner les éléments d’architecture en brique non enduite, s’applique sans conteste à toute une série de portes d’églises, non seulement en Andalousie mais dans toutes les régions où se développe la construction de brique. Ce qui fait la spécificité des portails andalous, c’est la finesse de l’appareillage, sans commune mesure avec celle des portails tolédans ou aragonais contemporains. Que ceci soit à mettre sur le compte de la tradition musulmane est plus que vraisemblable. Dans l’architecture islamique, en effet, les portes monumentales sont souvent traitées selon des schémas décoratifs élaborés pour magnifier les mihrabs et sont de ce fait travaillées d’une manière particulièrement précieuse. En pierre, cela donne des compositions aussi élaborées que celle de la porte du palais de Tordesillas (Valladolid) ou de l’Alcázar de Séville, de claire ascendance nasride. C’est également l’art des portes militaires de l’Alhambra de Grenade qui marque les portails de Santa María de Guadalajara (fig. 71), du château de San Servando à Tolède ou de San Andrés d’Aguilar de Campos (Valladolid, fig. 122). La brique y est utilisée dans un appareil très soigné, avec des joints très minces. À Guadalajara, sa surface apparaît comme polie et s’apparente à la technique du ladrillo limpio mise en œuvre dans une série de portails typiquement andalous.

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    FIG. 71. – Guadalajara, Santa María la Mayor, porte nord, détail de l’appareillage de briques

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    FIG. 72. – Palos de la Frontera (Huelva), San Jorge, porte nord

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    FIG. 73. – Santiponce (Séville), couvent de San Isidoro del Campo, porte du cloître

    23La porte nord de l’église San Jorge de Palos de la Frontera (Huelva, fig. 72), qui date du dernier quart du XVe siècle, marque la transition entre la formule du ladrillo visto et celle du ladrillo limpio. Les briques de deux tons différents introduisent un effet polychrome, mais elles n’ont pas encore l’aspect poli qui allait donner aux créations des environs de 1500 une préciosité extraordinaire. Parmi la dizaine de portes en ladrillo limpio construites dans les provinces de Cordoue, Séville, Málaga et Huelva à la fin du Moyen Âge, celles de San Isidoro del Campo à Santiponce (fig. 73) ou de San Pablo d’Aznalcázar (pl. II) sont sans nul doute les plus harmonieuses. L’association des voussures en arc brisé et des écoinçons ornés d’entrelacs en font des créations majeures du style mudéjar. À Palma del Condado ou à Santiago de Málaga, le recours à des carreaux de céramique rend la formule plus chatoyante mais plus banale. Le chef-d’œuvre du genre est sans nul doute la porte nord de l’église du monastère de Santa Paula de Séville. Les briques, jaunes et rouges, soigneusement polies et taillées, y sont assemblées à joints vifs avec une précision de marqueterie. Le décor céramique très italianisant du front de l’arc et des écoinçons est rehaussé de sculptures réalisées par Pedro Millán, qui semble s’être inspiré pour les médaillons d’un modèle provenant des ateliers des Della Robbia inséré à la clef de l’arc. Le portail est daté de 1504, il est donc antérieur à celui de la chapelle du collège de Maese Rodrigo, daté de 1514, beaucoup moins précieux mais qui semble indiquer que la formule issue de modèles comparables à la porte de San Jorge de Palos a pu perdurer au-delà de 1500.

    Notes de bas de page

    1 Cf. chap. v, « Arcs et voûtes ».

    2 M. Valdés Fernández, Arquitectura mudéjar en León y Castilla, pp. 69-71 établit également des rapprochements avec des édifices normands, saintongeais, écossais et grecs.

    3 Edson Armi, « Orders and Continuous Orders in Romanesque Architecture », Journal of the Society of Architectural Historians, 34(3), octobre 1975, pp. 173-188.

    4 C. Ewert, « Spanisch-islamische Système ».

    5 La nuance qu’il convient d’établir entre recuadros et alfices est bien exprimée par F. Chueca Goitia, Invariantes, 1947, pp. 126-130.

    6 M, Valdés Fernández, Arquitectura mudéjar en León y Castilla, pp. 62-65.

    7 Ibid., pp. 72-73.

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    1 Cf. chap. v, « Arcs et voûtes ».

    2 M. Valdés Fernández, Arquitectura mudéjar en León y Castilla, pp. 69-71 établit également des rapprochements avec des édifices normands, saintongeais, écossais et grecs.

    3 Edson Armi, « Orders and Continuous Orders in Romanesque Architecture », Journal of the Society of Architectural Historians, 34(3), octobre 1975, pp. 173-188.

    4 C. Ewert, « Spanisch-islamische Système ».

    5 La nuance qu’il convient d’établir entre recuadros et alfices est bien exprimée par F. Chueca Goitia, Invariantes, 1947, pp. 126-130.

    6 M, Valdés Fernández, Arquitectura mudéjar en León y Castilla, pp. 62-65.

    7 Ibid., pp. 72-73.

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    Araguas, Philippe. « Le décor de brique ». Brique et architecture dans l’Espagne médiévale (xiie-xve siècle), Casa de Velázquez, 2003, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.cvz.2797.

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    Araguas, Philippe. Brique et architecture dans l’Espagne médiévale (xiie-xve siècle). Casa de Velázquez, 2003, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.cvz.2778.
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