L’Amérique dans les relations franco-espagnoles (1713-1743) : un secret de famille
p. 229-242
Texte intégral
1L’accès aux marchés de l’Amérique espagnole et le développement des différentes colonies constituèrent des motifs aussi important que le choix du souverain pour régner sur l’Espagne dans le déclenchement de la guerre de Succession d’Espagne en 1701. On connaît la formule célèbre de Louis XIV qui déclara que cette guerre avait été menée pour les « richesses des Indes ». Les conclusions des traités d’Utrecht et de Rastatt réglèrent le sort de l’Amérique1. La France et l’Angleterre y rétablirent une forme d’équilibre, tout comme l’Espagne et le Portugal dans le sud du continent. Si l’Amérique demeure l’objet d’ambitions territoriales et de contestations régulières, elle semble reléguée à l’arrière-plan durant la première moitié du xviiie siècle. Avant la guerre de Sept Ans, les cours européennes sont comme absorbées par des questions proprement continentales. Les guerres de Succession de Pologne (1733-1738) puis de Succession d’Autriche (1740-1748) polarisent l’attention plus à l’est. Le temps de Fleury et de Walpole, celui des années 1720 et 1730, est marqué par une pacification que viennent seulement perturber la politique italienne des Bourbons de Madrid et la guerre de Succession pour le trône polonais. L’Amérique semble loin, comme si la Méditerranée et l’Europe centrale et orientale éclipsaient le monde atlantique. Pourtant, la connaissance du Nouveau Monde et de ses réalités coloniales a beaucoup progressé dans la France de la Régence et de Louis XV. Il serait erroné de croire que l’absence de négociations le concernant directement signifiât son absence de prise en compte comme une sortie de l’histoire momentanée. Comment analyser ce retournement entre la guerre de Succession et le milieu du xviiie siècle ? S’agit-il réellement d’un effacement ou faut-il interpréter différemment l’articulation entre des espaces géographiques éloignés afin de comprendre ce passage au second plan ? Les liens entre l’Amérique et la politique italienne de Philippe V entre 1717, date de la prise de la Sardaigne, et 1734, lorsque son fils don Carlos accède au trône de Naples, ont déjà été mis en évidence puisque durant les négociations avec l’Angleterre, les deux questions furent étroitement liées. L’intérêt britannique pour la Méditerranée n’est pas nouveau. Lors des négociations pour les traités de partage qui précédèrent la mort de Charles II, cette attention particulière s’était déjà manifestée clairement pendant les discussions entre Guillaume III et Louis XIV2. Ensuite, l’objectif méditerranéen anglais s’était traduit par la prise de Gibraltar en 1704. Au moment des négociations d’Utrecht puis lors de la constitution de la Quadruple Alliance afin de contrecarrer la politique révisionniste de Philippe V, la Méditerranée apparaissait encore comme un point majeur des négociations3. Elle le demeura toujours y compris lors de la négociation de Georges Bubb en 1715 et 1716 à Madrid qui visait à obtenir des garanties pour le commerce du navire de permission anglais concédé à Utrecht. L’envoyé parvint à faire miroiter un éventuel soutien anglais à la cause italienne de Philippe V ; ce qui relativise encore un peu plus l’idée d’une mise à l’écart de l’Amérique4. Enfin, la politique d’Albéroni, aidé de Patiño, ne fut pas seulement marquée par une politique méditerranéenne mais par une réelle volonté de reprendre en main le commerce colonial5. Si l’Amérique n’apparaît pas sur le devant de la scène des négociations, elle a pu néanmoins demeurer un élément clé de la politique de Philippe V sans que cela soit contradictoire avec une politique méditerranéenne ambitieuse et dont les répercussions sur la monarchie espagnole concernèrent très largement son administration, ses finances et son gouvernement, participant ainsi à une véritable « résurgence » de l’Espagne pour reprendre la formule de Christopher Storrs6.
2La guerre de Succession, l’asiento des Noirs, c’est-à-dire le monopole d’introduction d’esclaves concédé par traité, perdu au profit de l’Angleterre, puis les affres de la Compagnie du Mississippi et du système de John Law ont contribué à une familiarisation nouvelle avec l’Amérique7. Le développement de la colonisation de ce qui constitue le « premier empire français » est aujourd’hui mieux connu même si sa perception en France mérite encore d’être approfondie8. Ainsi, qu’elle soit espagnole, anglaise, portugaise, française ou encore à découvrir, l’Amérique entretient moins en France le mythe d’un « El dorado » qu’elle n’attire le regard des négociants avides de produits coloniaux et d’administrateurs soucieux de fournir une abondance recherchée après les années de misère du règne de Louis XIV. Il est d’ailleurs paradoxal que si l’idée d’un « monde atlantique » s’est imposée après une longue période de gestation, il n’est pas apparu nécessaire de comprendre comment cette réalité — qui fait par ailleurs l’objet de débats — s’est enracinée. En d’autres termes, entre le basculement cher à Fernand Braudel d’une organisation centrée autour de la Méditerranée aux xve et xvie siècles et l’ère des révolutions américaine et française de la seconde moitié du xviiie siècle, quelle réalité a recouvert ce monde atlantique ? Il ne s’agit pas d’offrir ici une réponse définitive mais de s’interroger dans un contexte diplomatique, qui est celui d’une représentation du monde, sur l’articulation des différents enjeux impériaux et de leurs perceptions. Le monde des Européens n’a pas encore cessé d’être polarisé par la Méditerranée et le continent, alors que son sort dépend déjà en partie d’un Nouveau Monde qui ne l’est plus beaucoup ou de moins en moins au début du xviiie siècle. L’objectif de cet article est de démontrer comment l’Amérique était étroitement liée à la Méditerranée dans l’esprit des gouvernants des cours de Versailles et de Madrid au point de structurer leurs relations. L’Amérique et la Méditerranée constituent deux réalités inséparables qui s’insèrent dans un contexte particulier pour les Bourbons. Ils s’imposent moins en Europe par une hégémonie que par leur influence en Italie, tous deux fondés sur leurs liens de famille. Comment alors accommoder la réalité d’un principe dynastique avec la défense d’intérêts coloniaux ?
Les années perdues
3Dans la France de Louis XV, le royaume est aussi saisi par la croissance. Ce sont les années du cardinal de Fleury marquées par un apaisement et une volonté de reconstituer les forces du pays9. Lors de la signature de la paix d’Aix-la-Chapelle après la guerre de Succession d’Autriche, le roi de France passe pour avoir voulu « faire la paix, non en marchand mais en roi », d’après une formule célèbre de son ambassadeur le comte de Saint-Séverin10. Les documents conservés dans les archives de Simancas permettent toutefois de nuancer cette image qu’il a donnée de lui-même. S’il revendiquait de faire la paix comme un roi, sa diplomatie apparaît toutefois beaucoup plus intéressée par le commerce tant en Espagne qu’en Amérique contrairement à ce que laisse entendre le propos de son ambassadeur. Les années qui précèdent le conflit entre 1737 et 1740 donnèrent lieu à d’intenses négociations commerciales dont l’Amérique et l’Espagne étaient l’enjeu et qui n’étaient pas déconnectées des réalités italiennes.
4Ces négociations commencent alors que la guerre de Succession de Pologne n’est pas encore achevée. Or, elles présentent la particularité de précéder le second pacte de Famille conclu en 1743 et qu’elles ont échoué dans l’immédiat. Il n’y a pas eu d’accord. Tout est resté en suspens comme si rien n’avait été décidé. C’est vrai qu’il n’y a ni convention, ni traité commercial. Les diplomates ont négocié mais pour rien. Les négociations furent pour une large part inutile. Le rapprochement opéré en 1738 ne déboucha pas sur un accord diplomatique. L’Espagne souhaitait voir la France s’engager à ses côtés contre l’Angleterre afin de contrecarrer son influence en Amérique, notamment pour limiter ses intrusions commerciales, en Italie, pour imposer don Carlos, et surtout récupérer Gibraltar. Ces objectifs sont inséparables les uns des autres. Or, les desseins du cardinal de Fleury étaient alors de maintenir la paix. Le ministre de Louis XV chercha par tous les moyens à éviter la guerre et à retarder un affrontement avec la Grande-Bretagne. Toutefois, la prise de Portobelo le 1er décembre 1739 (dans l’actuelle Colombie) conduit Louis XV et Fleury à accorder l’envoi d’une escadre aux Antilles11. Cette intervention s’inscrit dans le cadre des relations entre les cours de Madrid et de Versailles caractérisées par des liens de famille (Philippe V est l’oncle de Louis XV) et que le cardinal de Fleury ne peut ignorer. La diplomatie du roi d’Espagne est marquée par ces liens et par l’obsession de recouvrer les territoires italiens perdus au début du règne.
5Les ambitions territoriales en Italie pour retrouver les anciennes possessions de la couronne d’Aragon et le désir de la souveraine Isabelle Farnèse de placer son fils sur un trône ne peuvent expliquer à elles seules la conduite la politique extérieure du roi catholique alors qu’elle est étroitement dépendante de celle de la cour de France. Louis XV faisait figure de premier allié naturel, et son intérêt pour les questions américaines est croissant lorsque Maurepas est aux affaires. Le soutien apporté par la cour de Versailles aux ambitions méditerranéennes doit alors être interprété comme une compensation à une reconnaissance des intérêts français.
6La première moitié du xviiie siècle apparaît comme celle de l’enracinement des cours bourboniennes en Europe. En dépit des oppositions et d’une reconnaissance difficilement acquise pour un prince de la Maison de Bourbon dans la péninsule italienne, les cours de Versailles et Madrid imposent aux autres puissances de tenir compte des liens familiaux et dynastiques qui caractérisent leurs relations12. Ces dernières ont été étudiées sous l’angle diplomatique avec les méthodes d’alors, centrées sur la lecture des archives diplomatiques, comme dans l’œuvre d’Alfred Baudrillart, les travaux de Renaut d’Oultre-Seille13, ou encore de Capefigue. Elles ont été approfondies par Didier Ozanam qui mit en valeur la diplomatie de Ferdinand VI en assurant notamment l’édition de plusieurs correspondances diplomatiques. Plus récemment, la place des questions commerciales dans la diplomatie a été renouvelée en tenant compte de l’action de l’action d’autres figures, comme les consuls et les agents généraux de la marine. Avec la publication des lettres d’instructions commerciales remises aux ambassadeurs envoyés en Espagne, le poids du commerce dans cette relation particulière entre la France et l’Espagne a été une nouvelle fois souligné révélant une forme d’obstination dans la recherche de privilèges et d’avantages économiques14. Le règne de Philippe V a par ailleurs été revisité à l’occasion des nombreux travaux consacrés à la guerre de Succession d’Espagne. Envisagée dans une dimension européenne, la conclusion de celle-ci lors des traités d’Utrecht et de Rastatt s’est traduite par un recul de la puissance espagnole, amputée des territoires italiens et des possessions flamandes pour se réduire à la péninsule Ibérique et aux Indes. La politique diplomatique de Philippe V a été quant à elle étudiée par Antonio de Béthencourt Massieu dans une thèse qui met en évidence combien les relations entre les cours de Versailles et Madrid étaient complexes mêlant à la fois l’intérêt des deux cours pour une alliance familiale mais orienté vers des objectifs parfois divergents. En livrant de nombreux éléments sur les débuts de la guerre dite « de l’oreille de Jenkins », il met en évidence les difficultés à élaborer un accord. Il démontre aussi que l’Espagne ne peut être considérée comme uniquement à la remorque de la France15. Toutefois, son étude s’achève avec la mort de l’empereur Carlos VI le 20 octobre 1740. Son ancien rival pour la couronne d’Espagne, Philippe V, meurt quant à lui le 9 juillet 1746. Entre ces deux dates, six années font figure de trou noir dans l’historiographie. Or, elles sont marquées par la conclusion du deuxième pacte de Famille, le traité de Fontainebleau le 25 octobre 1743. C’est à ces années et donc à la genèse de ce traité que cet article est consacré. L’hypothèse est que si les négociations entre 1738 et 1740 ont abouti à un échec, puisqu’elles ne se sont traduites par aucun accord, elles ont offert un cadre de discussion aux cours de France et de Versailles en permettant à chacun des partenaires de faire valoir ses intérêts. À long terme, l’échec semble plus relatif. En d’autres termes, les discussions laborieuses entre les deux cours ont-elles permis de trouver un point d’équilibre dans leurs relations ? Entre la solidarité dynastique imposée par les liens entre les deux maisons royales régnantes en Espagne et en France, et les ambitions commerciales concernant l’Amérique, il fallut trouver un point d’accord. C’est en réalité la place de l’Amérique entre les cours qui se pose à nouveau.
Une négociation difficile (1737-1738)
7Le rapprochement opéré entre les cours de Madrid et de Versailles dans les années 1740 est lié au développement de la présence anglaise en Amérique du Nord et à des rivalités qui renaissent entre les couronnes britannique et espagnole. Si le début de l’année 1738 est marqué par un regain des tensions, la volonté espagnole de resserrer les liens avec la cour de Louis XV remonte en réalité à quelques mois auparavant. Dès le 25 mars 1737, le marquis de La Mina, ambassadeur de Philippe V, assure que le cardinal de Fleury, principal ministre de Louis XV, serait bien disposé à l’égard d’un traité sur les avantages réciproques entre les deux couronnes16. Cela n’allait pas de soi dans la mesure où la défiance entre les cours était vive. Le projet de mariage de don Carlos avec une princesse issue de l’empire et les négociations menées en catimini par le cardinal de Fleury avec la cour de Vienne offraient des motifs d’insatisfaction aux deux cours17. C’est donc le marquis de La Mina qui, le premier, avance l’idée d’un traité entre les Bourbons18. Comme pour mieux obliger le roi de France à soutenir ses parents, l’ambassadeur intègre toujours le roi de Naples dans ses conversations avec le cardinal. Dans un premier temps, celui-ci ne donne pas de suite car il ne veut pas s’engager sur un terrain potentiellement dangereux avec la Grande-Bretagne. La correspondance de l’ambassadeur espagnol présent à Paris révèle cependant que l’objectif principal poursuivi à long terme demeure la récupération de Gibraltar et Minorque : la première ayant été perdue en 1704 et la seconde en 1708. La politique méditerranéenne de Philippe V ne visait pas seulement à recueillir l’héritage des Farnèse au profit de don Carlos. Elle répondait également au souhait du souverain de reprendre sa place en Méditerranée, ce qui dans ce cas précis signifiait une remise en cause de la présence anglaise.
8Pressé de venir s’expliquer au sujet du mariage du roi de Naples, dont l’alliance avec une princesse de Saxe déçoit la cour, le marquis de La Mina apprend de la bouche du cardinal lui-même que les Anglais renforçaient alors la garnison de la Caroline, qui jouxte la Floride. L’ambassadeur du roi de France à Londres, le comte de Cambis, reçoit alors la consigne d’agir de concert avec celui du roi d’Espagne, Tómas Geraldino, exemple de ces Irlandais catholiques au service de Philippe V. Toutefois, fidèle à son attachement à l’alliance anglaise, le cardinal de Fleury recommandait de « refroidir » un peu le roi de Portugal trop favorable aux Britanniques en Amérique19. En accusant les Portugais, le ministre de Louis XV cherchait à détourner la colère grandissante des autorités espagnoles contre le commerce anglais dans l’empire espagnol vers un adversaire moins dangereux pour l’équilibre européen. Comme le souligne alors le marquis de La Mina, le ministère français était alors attaché à sa tranquillité : son « système est aujourd’hui sa tranquillité et son intérêt, sans autre objet pour la parenté20 ». Il précisait également qu’apporter un soutien au projet d’un certain O’Brien qui nourrissait encore l’espoir de rétablir le roi Jacques en Angleterre n’était absolument pas à l’ordre du jour pour le cardinal de Fleury21. Toutefois, si le ministre ne semblait pas vouloir renoncer à son « système », c’est-à-dire à une pacification organisée avec Walpole, il se garda de réagir conjointement avec l’Angleterre lorsqu’il s’agit de répondre à deux mesures économiques prises par le roi d’Espagne. Ce dernier décida en effet de faire payer une nouvelle taxe sur les navires étrangers mouillant dans les ports espagnols et un indult sur le mercure22. C’est le premier point sur lequel le cardinal refusa de s’avancer et se désolidarisa nettement de l’alliance anglaise. Sa politique de pacification et d’accommodement avec l’Angleterre trouve ici une limite évidente. L’équilibre en Europe ne pouvait être préservé au prix d’un développement sans frein du commerce anglais dans l’Amérique espagnole. Il s’agit ici d’une sorte de point de rupture.
9Durant une grande partie de l’année 1738, les ouvertures espagnoles concernant les moyens de limiter l’influence anglaise en Amérique du Nord se heurtent à une timidité, voire une franche hostilité, de la part du gouvernement de Louis XV23. Si la cour de Madrid pouvait s’inquiéter ou être agacée par la position de Fleury jugée peu favorable aux intérêts de famille, la crainte s’avéra encore plus grande pour le gouvernement anglais. Face à la montée des tensions entre l’Angleterre et l’Espagne au début de l’année 1738, le cabinet de Londres tenta de renouveler son alliance avec Louis XV. Le cardinal se montra réceptif dans un premier temps avant de doucher les espoirs anglais lorsqu’ils comprirent que le cardinal appuierait les réclamations espagnoles sur Gibraltar en cas de conflit. Fleury se montra encore plus clair lorsqu’un article secret excluant la Géorgie fut évoqué. Il refusa tout net de garantir sa possession à l’Angleterre puisqu’il ne s’agissait pas d’un territoire « libre et non disputé ». Le cardinal ne se sentait pas engagé vis-à-vis de l’Espagne mais n’était pas prêt non plus à tout céder à l’Angleterre : « Si vous n’avez pas raison, je serai contre vous, et si c’est l’Espagne, je me retournerai contre elle24 », assurait le cardinal le 31 mai. L’influence de Maurepas et l’attention nouvelle du cardinal sur les rivalités commerciales américaines semblent avoir ici révélé la limite de la politique pacifique menée jusqu’alors25. Le retournement du ministre désormais intransigeant alerte le gouvernement britannique, d’autant plus que Maurepas fait déjà figure de successeur lorsque la santé de Fleury donne quelques alarmes26. Le cardinal manifeste ainsi pour la première fois une limite évidente aux exigences anglaises dans l’Amérique espagnole en prêtant une oreille attentive aux demandes venues de Madrid. De plus, il est à noter qu’au même moment les relations entre Londres et Versailles se dégradent fortement au point qu’il est impossible d’établir une convention pour le commerce et la navigation aux Antilles. Peu connue, cette tentative de négociation souligne encore une fois que le cardinal est demeuré inflexible sur la question commerciale27.
10Au mois de juillet 1738, Louis XV se montre tout disposé à entrer dans les vues de Philippe V concernant l’Amérique. Toutefois, il demande immédiatement quels seraient les termes de cet accord28. Il lui appartenait de se prononcer pour une alliance défensive ou offensive. Dans les conversations entre le marquis de La Mina et les ministres du roi de France, plusieurs points sont évoqués. Pour la cour de France, Philippe V devait signer le traité de Vienne et accepter un statu quo en Italie29. Par le traité de Vienne, signé en 1738 mais dont les préliminaires dataient de 1735, le roi de France et l’impératrice procédaient à l’échange de la Lorraine concédée au beau-père de Louis XV en échange d’un renoncement de celui-ci à la couronne polonaise. La conclusion avait été favorisée par la pression exercée par les souverains espagnols sur la péninsule italienne pour y établir ses enfants. Toutefois, si l’installation de don Carlos était reconnue, celle de don Felipe devenait hypothétique30. En outre, Amelot et Maurepas cherchaient à savoir s’il y avait une possibilité de récupérer l’asiento à la faveur de l’opposition avec les Anglais qui en disposaient depuis 171331.
11C’est alors que commence un long travail pour dessiner un accord. Il dure près de deux ans et donne lieu à de nombreux échanges entre les deux cours. Dans les pages qu’il a consacrées à cette négociation, Antonio de Béthencourt Massieu souligne bien comment la question d’un traité entre les deux souverains était conditionnée à la conclusion d’un accord commercial. À ce moment, elle change de caractère : elle est à fois plus précise, détaillée et circonstanciée, tout en engageant déjà les partenaires. Dans la correspondance, le cardinal de Fleury disparaît ou, plutôt, Louis XV s’impose et semble diriger directement les échanges. Les lettres entre le secrétaire d’État des Affaires étrangères et La Mina sont plus nombreuses, et le ministre français s’en remet toujours à la volonté du roi. C’est dans la logique du fonctionnement de Louis XV, supervisant toujours la conclusion d’accords diplomatiques comme il fit plus tard avec le « secret32 », mais le passage au second plan du cardinal de Fleury acte un changement de l’orientation politique.
12Amelot de Chaillou réclame un projet du traité d’alliance, contenant des « avantages réciproques », qui devait être fourni par la cour d’Espagne33. La cour de France posa comme condition un règlement pour le commerce comme contrepartie d’un accord politique. Cette exigence inquiéta beaucoup en Espagne mais elle était intangible pour la cour de France qui en faisait la condition d’un accord politique34. Les discussions s’engagent alors dans un contexte difficile marqué par la méfiance, et le secrétaire des Affaires étrangères, Amelot de Chaillou était très clair, comme le montre cette lettre envoyée à La Mina :
Monsieur, j’ai eu l’honneur de marquer à V.Exce par ma lettre du seize août que le Roy en consentant à faire une alliance avec l’Espagne pour la deffense des droits de cette couronne, espérait que le roy son oncle voudroit bien en même temps affermir l’union des deux nations par des avantages réciproques. V.Exce a bien compris que Sa Majesté ne pouvait avoir à cet égard d’autres veues que celle du commerce35.
13Le premier projet de traité de commerce est envoyé le 29 septembre 1738. Il est soumis à l’avis de la Junta de Comercio qui le refuse, considérant qu’il occasionnerait la ruine de l’économie36. Sebastián de La Quadra, chargé des Affaires étrangères à Madrid, propose lui-même des modifications qui sont rejetées. Un ancien membre de cette junte, Casimiro de Ustáriz, a été consulté afin qu’il donne son avis. Fils de Jerónimo, connu également pour ses réflexions économiques, il était l’un des soutiens du ministre comme le souligne sa carrière. Membre du Conseil des Indes, il avait intégré la Junta General de Comercio en 1727 et passa par plusieurs postes avant d’intégrer en 1738 le prestigieux Consejo de Estado y Guerra37. Cet homme rompu aux questions commerciales récusa vivement les suggestions de son ministre puisque cela revenait selon lui à acter des usurpations en Amérique, comme Saint-Domingue : « c’est pourquoi elle est d’autant plus dangereuse qu’elle est étroitement liée à l’Espagne38 ». Il rappelait en outre que l’implantation française à Saint-Domingue n’avait jamais été reconnue en dépit de plusieurs tentatives notamment lors de l’accession du duc d’Anjou au trône d’Espagne en 1701, puis en 1715 lors de la tentative d’établir une limite39. Plus tard, en 1740, le ministre reprit l’argument de ce dernier en précisant à l’ambassadeur Campoflorido qu’il craignait qu’une souplesse accordée sur la prohibition des produits coloniaux puisse être interprétée comme une reconnaissance des usurpations de territoires40. Il donnait ainsi un sens politique à l’exclusif colonial en faisant de celui-ci la garantie de la souveraineté. La domination précède et prolonge une maîtrise politique d’un territoire au point que les deux en deviennent inséparables.
Des réticences espagnoles à la prise de Portobelo
14Durant les premiers mois de l’année 1739, les négociations sont au point mort. Le 28 juin 1739, un nouveau projet de traité est alors proposé par le marquis de La Mina. L’ambassadeur de Philippe V discute régulièrement avec les ministres Amelot et Maurepas au sujet du traité. La maladie et l’affaiblissement du cardinal de Fleury le maintiennent éloigné des négociations proprement dites. Dans une lettre à Sebastián de La Quadra, devenu marquis de Villarias, le marquis de La Mina juge le cardinal distant puisqu’il s’est opposé au souhait de la duchesse de Tallard de venir aux célébrations de la saint Philippe vêtue à l’espagnole41. Cela n’empêche pas cependant de poursuivre les conférences. À l’automne 1739, les négociations achoppent sur plusieurs points et sur l’article 2 en particulier42.
15Elles se poursuivront tout au long de l’année 1740 mais n’aboutissent à aucun accord concret alors que la guerre avec l’Angleterre semble de plus en plus évidente. Les négociations se déroulent donc dans un contexte où l’affrontement entre Anglais et Espagnols en Amérique se profile. Les tensions au sujet du navire de permission et de l’asiento, concédé en 1713 à une compagnie anglaise, sont à leur comble. Depuis la création de la Géorgie en 1732, les motifs d’inquiétude s’accroissent comme le souligne l’activité déployée par le gouverneur de San Agustín en Floride43. C’est donc vers la cour de Versailles que le roi d’Espagne se tourne. Un mariage sanctionne ce rapprochement désiré : don Philippe devait épouser Louise-Élisabeth de France, fille aînée de Louis XV. La décision est prise le 22 février 1739 et l’ambassadeur La Mina offre une fête splendide à cette occasion44.
16En dépit de la volonté de Walpole de contenir les ambitions des négociants de la City, le roi d’Angleterre déclara la guerre à Philippe V le 19 octobre 1739. Obligée de réagir, la France de Louis XV et du cardinal de Fleury se range aux côtés de la cour de Madrid sans vouloir basculer dans un conflit général. Deux éléments les ont poussés à se départir de la politique alors suivie : les ambitions anglaises en Amérique apparaissent comme une menace, non seulement pour l’Espagne mais aussi pour la France, et l’attaque de l’amiral Vernon sur Portobelo. Dans une société plus familière de l’Amérique, la publication d’une carte géographique imprimée à Londres ravive les inquiétudes. Le cardinal de Fleury lui-même l’a présentée à l’ambassadeur de Philippe V à Paris45. Cette carte, consultable dans de nombreuses bibliothèques, représente l’Amérique du Nord avec les établissements français et espagnols46. La représentation a été jugée exacte par le docteur Halley, célèbre professeur d’astronomie à l’université d’Oxford et membre de la Royal Society de Londres, ce qui lui confère une validité scientifique supplémentaire. Elle était toutefois peu respectueuse des droits de la couronne d’Espagne puisque San Agustín est placée dans le voisinage immédiat de la Caroline. De plus, les îles des Bahamas sont représentées de telle sorte qu’elles barrent la sortie du golfe du Mexique vers l’Atlantique qui est la route habituelle pour le retour des navires en Europe conférant par ailleurs un rôle majeur à San Agustín dans la protection des routes maritimes. Cette carte est perçue comme une provocation. Pour les ministres de Louis XV, elle révèle les ambitions anglaises qui ne se limitent pas à la Floride espagnole mais visent aussi la Louisiane. S’il ne faut pas surévaluer le poids de cette carte, elle a très nettement inquiété les ministres qui remirent une analyse de celle-ci à La Mina. Dans un mémoire qui y était joint, les ambitions anglaises étaient soigneusement analysées. Celles-ci ne pouvaient concerner la Géorgie aux terres ingrates mais les territoires plus au sud, c’est-à-dire la Floride47. Pour la première fois, le cardinal apparaît inquiet dans la correspondance de l’ambassadeur. L’ambassadeur espagnol à Londres, Tómas Geraldino, adressa également un exemplaire de la carte à Villarias, sur lequel on peut voir en effet la proximité entre la limite des territoires revendiqués par les Britanniques et la principale place espagnole, San Agustín48. Dans l’exemplaire conservé dans les archives espagnoles, l’aplat de couleur inscrit visuellement le danger représenté par les colonies britanniques. Sur une terre aussi connue que la Floride, et bien moins étendue que les vastes espaces canadiens où le tracé d’une limite en est encore à ses débuts. De la fixation de celle-ci dépendait la reconnaissance de l’extension des souverainetés. Si l’espace floridien n’est plus à découvrir, son occupation n’est pas encore définie avec clarté alors que les disputes au sujet de ce territoire étaient anciennes, notamment entre les Espagnols et des protestants français arrivés au xvie siècle49. Avec l’installation des sujets du roi de France plus à l’ouest, et de bonnes relations durant la guerre de Succession d’Espagne, ce n’est plus de la Louisiane française que provient la menace. Ici, la carte le souligne très bien comme elle concrétise aussi la maîtrise d’un savoir au service d’une ambition politique. Dans cette partie de l’Amérique, les réalités dynastiques de l’Europe ont modifié les relations souvent tendues qu’entretenaient les colons français de Louisiane et les Espagnols de Floride50. L’union des couronnes s’est concrétisée par la lutte contre l’adversaire commun, c’est-à-dire les colons des Treize Colonies.
17La prise en compte des réalités américaines par la cour de Versailles est évidente. Les connaissances, grâce aux cartes, jointes aux informations du secrétariat d’État de la Marine et des colonies, offraient aux ministres les moyens de prendre leurs décisions avec plus de précision que n’avaient pu le faire ceux de Louis XIV durant la guerre de Succession d’Espagne. Avec Amelot de Chaillou, Fleury alerta le marquis de La Mina lors d’une entrevue des entreprises de fortification et de concentration de soldats britanniques aux limites de la Géorgie non loin du fort de San Agustín qui protégeait la Floride et pour laquelle les inquiétudes étaient grandissantes51. Plus au sud, la prise de Portobelo le 30 novembre 1739 (connue à Versailles au début de l’année 1740) acheva de convaincre la cour de France de s’engager52. À l’incrédulité devant une telle nouvelle, dont le retentissement fut forcément énorme, succédèrent l’incompréhension et l’effroi, comme le soulignent les lettres de l’ambassadeur La Mina qui se fait l’écho des nouvelles venues de Londres53.
18L’envoi d’une escadre est ainsi décidé sans qu’il y ait eu la conclusion d’un accord supplémentaire à celui alors en vigueur, le traité de l’Escorial du 7 novembre 1733. Le roi de France ne souhaitait pas s’engager dans la guerre mais voulait toutefois garantir ses intérêts commerciaux en Amérique, comme le souligne la déclaration publiée à cette occasion54. Il s’agissait de soutenir l’Espagne dans sa volonté de porter un coup d’arrêt à la politique de grignotage des colons de Caroline et de Géorgie, et de restreindre le développement d’un commerce interlope entretenu à la faveur du navire de permission et de l’asiento55. Il s’agissait de demeurer à l’écart d’un conflit hispano-anglais, tout en soutenant la défense de l’empire espagnol. Le choix de l’envoi d’une escadre commandée par le duc d’Antin répondait à ce double objectif. La neutralité bienveillante du roi de France à l’égard de son oncle le roi d’Espagne doit être comprise comme le signe de son intérêt pour les colonies espagnoles et dont le commerce faisait l’objet de négociations ardues.
Les points de négociation qui achoppent
19Les discussions se sont concentrées sur des questions commerciales. Toutefois, les demandes ne concernent pas seulement des avantages marchands. Pour le roi de France, il s’agit d’organiser les relations entre les deux monarchies dans une sorte de cadre plus général. Ainsi, Amelot consulte le marquis de La Mina en août 1738 afin de connaître précisément quel engagement le roi d’Espagne espérait du roi de France « afin que le roi [de France] soit en état de se déterminer sur tous ces points, et que les deux couronnes puissent se conduire dans une affaire aussi importante, avec un parfait concert et une égale confiance56 ». Le ministre français ajoutait que c’était « l’occasion de cimenter l’alliance avec la France par des avantages réciproques qui soient à perpétuité le lien de deux nations ». Dans une autre lettre du 23 août, on souligne à nouveau l’attachement de Louis XV à des avantages réciproques. Dans un mémoire rédigé en 1738, Champeaux, chargé d’affaires à Madrid, proposait — dans l’objectif d’obtenir plusieurs avantages commerciaux — que le droit d’aubaine soit aboli de manière réciproque dans les deux royaumes57.
20À la cour d’Espagne, toute concession en matière commerciale est considérée comme attentatoire à la souveraineté du roi en Amérique. Toutefois, des divisions existent entre, par exemple, Casimiro de Uztáriz qui considère que la présence française en Amérique est une usurpation, comme à Saint-Domingue, et le marquis de Villarias, beaucoup plus accommodant. Les discussions se focalisent sur certains points, notamment l’article 2 qui prévoyait un retour aux taxes en vigueur sous le règne de Charles II et une sorte de responsabilité limitée pour les propriétaires de marchandises frauduleuses58. Comme cela a déjà été souligné, le cardinal apparaît en retrait à l’heure d’entrer dans le détail des négociations alors que Louis XV l’est beaucoup moins. Ainsi, lors des discussions, le marquis de La Mina mentionne le comte de Maurepas et Amelot et ajoute pour ce dernier « afin qu’il le communique au roi59 ». Sur la question des confiscations et des peines imposées aux propriétaires de marchandises frauduleuses, aucun accord ne se profile en 1740 au moment où l’engagement du roi de France aux côtés de son oncle en Amérique s’impose60. Dans cet article 2, l’opposition révélait un désaccord sur l’introduction de produits issus de colonies françaises dans les colonies espagnoles, c’est-à-dire essentiellement du sucre et du cacao. Le roi de France était prêt à céder sur le cacao mais demeura intransigeant sur le sucre61. La crispation sur l’introduction du sucre rappelle combien ce produit était important pour le commerce colonial français. Elle met aussi et surtout en évidence combien les échanges entre les colonies étaient développés, et qu’ils en avaient pleinement conscience. Or, comme le reconnaissaient les autorités coloniales espagnoles, l’approvisionnement de nombreuses places était assuré par la contrebande anglaise, hollandaise et française, notamment pour Portobelo et le Panama62. Revendiquer le droit d’introduire le cacao et le sucre offrait aux producteurs français de nouveaux débouchés tandis que cela représentait une concurrence nouvelle pour les Espagnols dont les réticences à ouvrir le marché de leurs colonies sont connues.
21Le deuxième point de difficulté concerne les juges conservateurs et les consuls. L’objectif était de leur garantir l’extension des droits identique à ceux qui étaient en vigueur sous le règne de Charles II ou à les aligner sur ceux qui seraient les plus favorables. Cette question soulevait celle des protections juridiques accordées aux Français présents en Espagne et à leurs enfants nés d’unions avec des Espagnoles (statut des transeúntes). Il y avait encore d’autres points en suspens mais ils ne focalisaient pas autant l’attention que les deux précédents.
22Ainsi, avant même la déclaration de guerre de l’Angleterre à l’Espagne, les frontières et le commerce colonial américains sont au centre des discussions entre les cours d’Angleterre, d’Espagne et de France. Si la mort de l’empereur Charles VI précipite un affrontement sur le continent européen, c’est un statu quo ou une paix armée qui laisse l’Amérique à l’écart de l’attention. Le Nouveau Monde ressemble à s’y méprendre à une zone secondaire alors qu’en réalité elle attise les convoitises. Louis XV chercha consciencieusement à dissocier la question américaine, et donc le contentieux hispano-britannique, des rivalités continentales. Il souhaitait aider Philippe V tout en prenant garde de circonscrire le conflit à l’espace américain. Cette politique fut poursuivie rigoureusement entre 1738 et la déclaration de guerre en 1739. Or, cette volonté du roi de France est un révélateur du potentiel explosif des questions frontalières et commerciales en Amérique du Nord.
23Les négociations entre la France et l’Espagne sont closes sur un échec en 1740. Le roi de France se contente de soutenir son oncle par l’envoi d’une escadre aux Antilles mais n’obtient pas la signature d’un nouvel accord politique auquel seraient adjointes des dispositions pour le commerce. Ces négociations représentent un échec et l’impossibilité pour les deux couronnes de trouver un compromis. Toutefois, si le désaccord subsiste, la défense des intérêts américains des Bourbons passe au premier plan. Depuis la mort de Louis XIV, la mise en place de la régence et l’ascendant pris par le cardinal de Fleury sur le gouvernement, aucun événement n’est venu perturber au point de modifier la politique d’équilibre avec l’Angleterre. Ces années d’échec des négociations commerciales sont aussi paradoxalement celles d’une redéfinition des intérêts des couronnes en Amérique où la compétition avec la Grande-Bretagne se traduit par une convergence de vues.
24C’est dans ce sens qu’il faut aussi comprendre la conclusion d’un deuxième pacte de Famille qui intervient le 25 octobre 1743. Il s’agissait pour la cour de France d’obtenir l’appui de la cour d’Espagne pour contrecarrer les ambitions anglaises en Amérique. Le texte du traité rappelle combien les priorités italiennes sont liées aux inquiétudes nourries à l’égard de l’Amérique. Outre les garanties accordées à don Carlos et don Felipe en Italie, les articles précédents engageaient les deux monarchies concernant Gibraltar, Minorque, Port-Mahon, et la Floride. La possession espagnole au sud de la Géorgie faisait l’objet de l’article 10 par lequel les souverains s’engageaient à chasser les Anglais. Par l’article 11, le roi d’Espagne obtenait que l’asiento des Noirs soit retiré à l’Angleterre et demeurât au seul bénéfice de ses sujets. Les négociations des années 1737-1740 furent donc un échec mais seulement à court terme.
Notes de bas de page
1 Albareda Salvadó (éd.), 2015 ; Hanotin, 2018a.
2 Reynald, 1883.
3 Kuethe, 2012, pp. 33-36.
4 Ibid., p. 33.
5 Id., 2005, pp. 326-327 ; Id., 2007 ; Id., 2013 ; Eissa-Barroso, 2017, pp. 125-140.
6 Storrs, 2016b.
7 Augé (dir.), 1995 ; Ménard, 2017.
8 Melisson, 2017 ; Havard, Vidal, 2003.
9 Wilson, 1936.
10 Antoine, 1989, p. 400 ; Warlin, 2014, p. 71.
11 Bély, 1992, p. 484.
12 Dhondt, 2015a.
13 Capefigue, 1846 ; Blart, 1915 ; Renaut d’Oultre-Seille, 1922.
14 Économie et négoce des Français, éd. de Mézin, Ozanam, 2011.
15 Béthencourt Massieu, 1998, p. 551.
16 Archivo General de Simancas (AGS), Estado (E), Francia, leg. 4390, lettre du 25 mars 1737 ; sur l’ambassadeur La Mina : Barea Amorena, 2016, pp. 75-112 ; Ozanam, 2002, pp. 598-602.
17 AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre de La Mina à Sebastián de la Quadra, 3 février 1738.
18 Baudrillart, 1890-1901, t. IV, pp. 420-422.
19 AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre de La Mina a la Quadra, 29 mars 1738.
20 « Sistema es hoy su tranquilidad, y su interés, sin otro objeto en los del parentesco » (AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre de La Mina a la Quadra, 29 mars 1738, toutes les traductions françaises sont de l’auteur de cet article).
21 AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre de La Mina a la Quadra, 14 avril 1738.
22 Béthencourt Massieu, 1998, p. 522 ; Storrs, 2016b, p. 107.
23 Béthencourt Massieu, 1998, p. 524 ; Baudrillart, 1890-1901, t. IV, p. 468.
24 « Si no tenéis razon, iré contra vosotros, y si la tuviera España, me volveré contra ella » (Béthencourt Massieu, 1998, p. 525).
25 Baudrillart, 1890-1901, t. IV, p. 469 ; Béthencourt Massieu, 1998, p. 526.
26 Vaucher, 1913, p. 615.
27 Ibid., p. 617.
28 AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre d’Amelot au marquis de La Mina, 15 juillet 1538 : « Vous sentez bien que Sa Majesté n’est pas en estat de délibérer, sans connoistre l’étendue, et l’objet des engagements qu’on lui propose ».
29 Béthencourt Massieu, 1998, pp. 525-526.
30 Bécker, 1923, p. 371.
31 AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre du marquis de La Mina à don Sebastián de la Quadra, 4 août 1738.
32 Comme le souligne le « secret » du roi, c’est-à-dire la diplomatie parallèle entretenue par le souverain directement ; Bély, 2007, pp. 610-615 ; Warlin, 2014.
33 AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre d’Amelot de Chaillou marquis de La Mina, 29 septembre 1738.
34 Baudrillart, 1890-1901, t. IV, p. 481.
35 AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre d’Amelot de Chaillou au marquis de La Mina, 23 août 1738.
36 Béthencourt Massieu, 1998, p. 530.
37 Uztáriz, Discurso sobre el gobierno de Madrid, éd. de Molas Ribalta, 2002.
38 « por lo cual es tanto más peligrosa cuanto más estrechamente unida esté a España » (Béthencourt Massieu, 1998, p. 532).
39 AGS, E, Francia, leg. 4390, Casimiro de Uztáriz à Sebastián de la Quadra, 15 mars 1738 [40 fos].
40 Baudrillart, 1890-1901, t. IV, p. 558.
41 AGS, E, Francia, leg. 4397, lettre du marquis de La Mina à Villarias, 4 mai 1739.
42 AGS, E, Francia, leg. 4397, lettre du marquis de La Mina à Villarias, 29 octobre 1739.
43 Martín Rebolo, 1991 ; Larrúa-Guedes, 2013 ; Cava Mesa, 2014.
44 Antoine, 1989, p. 299 ; Ozanam, 2002, p. 600.
45 AGS, E, Francia, leg. 4397, lettre de La Mina au marquis de Villarias, 14 mai 1739.
46 Henry Popple, A map of the British Empire in America with the French and Spanish settlements adjacent thereto, Londres, S. Harding and W. H. Toms, 1733 (Bibliothèque nationale de France, Cartes et plans, GE D-11718) [en ligne].
47 Archivo Histórico Nacional (AHN) [Madrid], Estado (E), leg. 4046, no 11, « Mémoire sur la Nouvelle Géorgie ».
48 AGS, Mapas, Planos y Dibujos, 04, 035 [en ligne].
49 Franceses en La Florida, éd. de Gómez-Tabanera, 1991 ; Lestringant, 2017.
50 Folmer, 1953.
51 AGS, E, Francia, leg. 4397, lettre de La Mina au marquis de Villarias, 14 mai 1739. Ces préparatifs servirent l’année suivante en juin 1740 lors d’attaques contre l’île d’Anastasia et Matanza. Voir Cerdá Crespo, 2010, pp. 106-108.
52 Sur la prise de Portobelo en 1739, voir ibid., pp. 93-99.
53 AHN, E, leg. 4081, lettres de La Mina au marquis de Villarias, 28 et 30 mars 1740.
54 AGS, E, Francia, leg. 4407, « Déclaration qui sera publiée au nom du roi dans les colonies françaises de l’Amérique », s. d.
55 Nelson, 1945.
56 AGS, E, Francia, leg. 4390, lettre d’Amelot au marquis de La Mina, 16 aout 1738.
57 Hanotin, 2018b.
58 AGS, E, Francia, leg. 4397, lettre de La Mina au marquis de Villarias, 22 avril 1738.
59 « para que lo comunique al rey » (AGS, E, Francia, leg. 4397, lettre de La Mina au marquis de Villarias, 29 octobre 1739).
60 AGS, E, Francia, leg. 4397, lettre de La Mina au marquis de Villarias, 28 juin 1740.
61 AGS, E, Francia, leg. 4404, lettre d’Amelot de Chaillou à La Marck, 28 juin 1740.
62 Cerdá Crespo, 2010, p. 94.
Auteur
Université Bordeaux Montaigne
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