L’entrée en religion, entre choix familial et vocation
L’exemple des fils de la bourgeoisie parisienne au xviiie siècle
p. 117-135
Texte intégral
1Le 9 août 1790, le provincial de l’ordre des capucins quitte le monastère de la rue Saint-Honoré en emportant la statue de Notre-Dame de la Paix. Il la confie à la sœur de Pierre François Papin1, ancien supérieur des Nouveaux Convertis qui a accompagné les condamnés à mort à l’échafaud pendant une dizaine d’années et qui est alors chanoine et grand pénitencier de Notre-Dame. Moins de deux ans après, le 11 février 1792, Mlle Papin est dans la cathédrale Notre-Dame où la famille royale et « les bonnes âmes de Paris » font « leurs dévotions » : elle remet à chacun des assistants la formule de consécration du royaume de France au Sacré Cœur de Jésus et Marie2. Mlle Papin confie peu après la statue à la comtesse d’Albert3, mais elle s’en réserve la propriété ; puis, elle émigre à Londres avec son frère4. Celui-ci meurt à Londres en 1802 ou 1803, elle le suit ou le précède de peu. La statue revient à leur autre sœur, « Mme Coipel », Adélaïde Papin épouse (ou veuve) du marchand épicier Pierre Jean Coipel, avant d’être cédée, vers 1806, à la chapelle des sœurs de la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie et de l’Adoration perpétuelle du Très-Saint Sacrement de l’autel, à Paris, rue de Picpus5.
2La famille Papin apparaît bien dévote dans cette histoire. Le culte du Sacré Cœur (de Marie ou de Jésus) s’est implanté à Paris comme une dévotion antijanséniste dans les années 1750, au couvent de Sainte-Aure grâce au dauphin6 et dans les paroisses de Saint-Laurent et Saint-Sulpice. Puis, il s’est répandu de 1771 à 1774 dans les paroisses de Saint-André-des-Arts et de Saint-Séverin, en même temps que les prêtres bannis par le parlement pour refus de sacrements revenaient dans la capitale, grâce à la réforme Maupeou, c’est-à-dire l’exil des parlementaires (soutiens des jansénistes)7. Il conservera ce caractère antijanséniste au xixe siècle.
3Pourtant, les deux autres ecclésiastiques descendants du marchand épicier François Papin et de Marie Thérèse Tainturier, leur fils cadet Léger Papin (1742-1821) et leur petit-fils Louis Ravoisié ont fait des choix totalement opposés à Papin l’aîné. Au moment de la Révolution, Papin le jeune est chanoine de Sainte-Geneviève et prieur curé de Marly-la-Ville depuis près de vingt ans. Élu député suppléant de la prévôté et vicomté de Paris, il siège finalement aux états à partir du 24 juin 1789 grâce au décès du titulaire. Membre du club des Jacobins puis des Feuillants, il prête serment à la constitution civile du clergé et est élu curé et procureur de la commune de Marly-la-Ville. Il s’y marie religieusement le 28 octobre 1793, puis rend ses lettres de prêtrise, devient employé avant de demander sa réconciliation au cardinal Caprara. Son neveu Ravoisié a un profil très similaire au sien : chanoine de Sainte-Geneviève, il est élu curé constitutionnel de Nanterre en 1793, se marie puis, devenu veuf, demande sa réconciliation8.
4L’histoire de la famille Papin est-elle emblématique des rapports entre les familles bourgeoises parisiennes et le clergé ? La majorité des études actuelles laissent penser qu’il n’en est rien. Paris et le bassin parisien9 sont réputés pour leur précoce déchristianisation qui se marque par la baisse des legs religieux, des fondations et l’effondrement des vocations. Les ressorts de cette évolution sont nombreux10. Les Parisiens sont réticents à donner leurs fils à l’Église à cause des brimades infligées par les archevêques de Paris aux prêtres opposés à la bulle Unigenitus comme aux ecclésiastiques bullistes mais tolérants. Ainsi, en 1739, bon nombre des prêtres et des clercs de Saint-Roch qui doivent renoncer « à leurs pouvoirs et à leurs emplois » sont-ils nés sur la paroisse ou bien y ont grandi11. Encore, en 1768, l’abbé Pierre François Lechanteux, fils d’un mercier, « qui depuis près de vingt ans prêchoit avec applaudissement dans Paris, et qui s’étoit acquis l’estime publique autant par son attachement à la seine [sic] doctrine que par l’intégrité de ses mœurs » est-il interdit de prédication12. La politique des archevêques de Paris prive de débouchés les ecclésiastiques issus des familles de notables parisiens alors que celles-ci ont engagé des frais importants. Les bénéfices sont attribués à des prêtres bullistes qui sont encouragés à refuser les sacrements aux laïcs et aux prêtres jansénistes13 et qui sont en majorité originaires de province.
5Cela dit, l’incontestable sécularisation de Paris emporte un renforcement de la sacralité sur certains pôles14 et les compromis ne sont pas impossibles. L’abbé Cochin, le curé de Saint-Jacques du Haut Pas qui est fils d’un mercier et échevin, tient un juste milieu entre les notables de sa paroisse et les demandes de l’archevêque15. L’hostilité à Voltaire rapproche aussi nombre de dévots et de jansénistes, comme on le voit en 1790 dans les signataires de la pétition critiquant le faste du transfert des restes de Voltaire au Panthéon ; le partage de ces valeurs explique sans doute pourquoi l’abbé Brugière, d’origine auvergnate, qui ne cache pas son jansénisme, est loin d’être persécuté par l’archevêque16. Surtout, le tarissement des flux de Parisiens dans l’Église n’est pas total ; les études de Mme Barbiche-Dainville sur les prêtres des paroisses parisiennes le montrent bien, dans un contexte où la concurrence pour l’accès aux bénéfices est exacerbée. Loin de connaître une « disette de prêtres », le xviiie siècle voit en effet fondre le nombre de bénéfices disponibles. L’augmentation de l’espérance de vie allonge la durée de détention des charges et l’Église ouvre ses portes à des clercs issus de milieux moins favorisés17, certaine de donner à ses prêtres à la fois une solide formation et une qualité éminente qui efface l’humilité de leurs origines. Le « marché de l’emploi sacerdotal » est saturé, à Paris comme en province18.
6Cette étude voudrait revenir sur les familles bourgeoises parisiennes dont un fils est ecclésiastique, comprendre leur choix, entre économie familiale et économie du salut. Le corpus est constitué de 150 prêtres vivants en 1789, dont nous avons identifié la filiation et qui sont nés entre le début du xviiie siècle et les années 1760. À l’appui de certaines démonstrations, nous citerons occasionnellement des individus décédés avant la Révolution ou dont nous ne connaissons qu’un proche parent (oncle ou frère), mais qui ne font pas partie du corpus.
7La constitution du corpus a été facilitée par les publications sur les prêtres jureurs ou insermentés, massacrés ou déportés, les religieux des couvents supprimés, les musiciens d’église19. Elle a aussi utilisé mes généalogies de marchands merciers, d’échevins et de membres de la confrérie des porteurs de la châsse de Sainte-Geneviève20. Deux egodocuments ont complété les données tirées des archives, le journal du chanoine de Saint-Victor Mulot et les Mémoires de ma vie de l’abbé Gérard (texte qui esquisse une identité familiale proche de la noblesse, alors qu’il est le fils d’un procureur au parlement, profession dérogeante)21. Mais le travail a été difficile. Même les notices très abouties contiennent peu voire pas d’information sur la parenté des ecclésiastiques : la carrière des frères Buée, Adrien Quentin et Pierre Louis, a été très bien reconstituée par l’équipe de Musefrem mais l’identité professionnelle de leur père reste méconnue comme le reste de leur famille. Le croisement des données, quand il est possible, est loin d’être toujours fructueux : le chanoine de Sainte-Geneviève Louis Charlemagne Petit porte les mêmes nom et prénom que trois marchands épiciers, dont deux sont devenus consuls et l’un a fait faillite ; il ne fait pas partie du corpus car nous n’avons pas retrouvé sa filiation exacte. Le suivi des familles est aussi aléatoire car leur horizon n’est généralement pas cantonné à un quartier ou une paroisse ou même à la capitale, les flux migratoires qui contribuent à la croissance démographique de Paris sont en effet doublés de mouvements de départ, temporaires ou définitifs. La pénurie documentaire touche particulièrement les familles de la petite bourgeoisie, les prêtres qui sont fils uniques ou qui sont affectés loin de Paris et les réguliers dont on apprend l’existence incidemment au détour d’un contrat de mariage22, d’un acte de succession ou d’un testament.
8Les données réunies sont donc de qualité inégale, de la simple connaissance de la profession du père à la maîtrise de la parenté sur trois générations. Mais le corpus est suffisant pour proposer une étude qui emprunte à la fois aux traditions de l’histoire sociale et de l’histoire religieuse, à la fois très riches et très différentes, mais qui ne communiquent que très peu entre elles. L’histoire religieuse pense l’entrée en religion à trois échelles : la vocation religieuse dans sa dimension individuelle ou familiale, à l’échelle méso, le recrutement des institutions religieuses (un couvent, un ordre), enfin à l’échelle macro, le recrutement du clergé, séculier ou régulier dans un diocèse ou à un niveau national23. Les figures exceptionnelles comme les vocations contrariées sont valorisées, alors que leur spiritualité est sans doute bien différente de celle des autres ecclésiastiques. L’accent est mis davantage sur les dévots et leurs familles24 : avoir un fils ou une fille dans le clergé assure à toute la parenté une intercession privilégiée entre le ciel et la terre, des prières renouvelées pour le salut de leur âme. L’analyse des flux et reflux du recrutement sacerdotal s’inscrit donc dans une lecture sensible des évolutions centrée sur un catholicisme post-tridentin considéré à son apogée au xviie siècle.
9Les perspectives de l’histoire sociale sont totalement différentes. Les clercs et les religieux semblent destinés à l’Église dès leur plus jeune âge, ayant grandi près d’un frère aîné ou d’un oncle, ce qui relativise la perspective de la « vocation religieuse ». Le placement en religion apparaît avant tout comme une forme efficace et peu coûteuse de relégation des enfants puînés, un moyen de concentrer les fortunes sur les enfants mariés ; les vocations forcées sont présumées. Autrement dit, « l’Église de l’Ancien Régime est bien souvent considérée comme une sorte d’asile pour les cadets de familles nobles, les filles en surnombre des bourgeois25 ».
10Les optiques religieuses et sociales ont donc chacune leur pertinence, mais aussi leurs limites. Le placement de la focale sur l’identité familiale du prêtre voudrait dépasser ces clivages. L’attention aux milieux d’origine se justifie par les résonances sociales de la crise politico-religieuse qui ont été très bien étudiées à Paris par David Garrioch et Nicolas Lyon-Caen. Les notables, appuyés sur le parlement, au nom de la défense de l’Église gallicane et de la résistance au despotisme, s’opposent à la politique épiscopale et au clergé bulliste. Leur éminente dignité est liée à leur appartenance corporative, les notables sont membres de quelques corps, communautés et compagnies dotées d’une forte estime sociale : les Six-Corps des marchands (drapiers, merciers, épiciers, pelletiers, orfèvres et bonnetiers), les avocats au parlement, les notaires et, de façon secondaire, les procureurs (au parlement et au Châtelet), les marchands de vin et les libraires. En revanche, les communautés de métiers artisanales sont méprisées et considérés comme des corps inférieurs et leurs membres sont exclus de la grande majorité des lieux de pouvoir urbain qui sont électifs : échevinage, consulat (tribunal des marchands), fabriques paroissiales.
11Dans un premier temps, nous esquisserons un portrait collectif des familles parisiennes de prêtres. Puis nous préciserons les relations que les prêtres entretiennent avec leur famille.
Les familles bourgeoises dont un fils est ecclésiastique
12La majorité des ecclésiastiques sont issus du milieu de familles de marchands et d’artisans qui appartiennent à des corps et communautés de métiers (voir tableau ci-après). Les marchands des Six-Corps représentent un quart du corpus. Dans le groupe des 18 merciers, les héritiers sont surreprésentés : la moitié (8) ont été reçus comme fils de maîtres, catégorie qui ne représente qu’un quart du total des nouveaux membres de la mercerie26. Mais ce sont de petits héritiers qui ne peuvent guère prétendre qu’aux charges de marguilliers de leur paroisse. Les professions du secteur de l’alimentation sont aussi très présentes parmi les autres marchands et artisans qui fournissent la moitié de l’effectif : le commerce du vin, la boulangerie et la boucherie sont parmi les communautés de métiers les mieux représentées. Les épiciers ne sont que 11, les bouchers 6 mais les corps de la boucherie et de l’épicerie fournissent proportionnellement plus de prêtres et de clercs que la mercerie : on compte environ 250 maîtres bouchers, 800-1000 épiciers27 contre près de 4000 merciers.
Tableau. — Les professions des pères des ecclésiastiques
Type | Nombre | Répartition | Catégorie |
Fils de marchands des Six-Corps et un assimilé (entrepreneur de manufactures) | 41 | 27,3 % | bonnetiers (4), épiciers (11), merciers (18), orfèvres (6) |
Fils de marchands ayant accès au consulat et à l’échevinage à partir de 1745 | 10 | 6,7 % | marchands de bois (3), de vin (5) |
Fils d’artisans et autres marchands | 64 | 42,7 % | boulangers (10), chirurgiens (8), bouchers (6), charrons, menuisiers, serruriers (3), bourreliers-selliers, boutonniers, brasseurs, cartiers papetiers, horlogers, teinturiers, traiteurs-rotisseurs, vinaigriers, vitriers (2), etc. |
Fils d’auxiliaires de justice au grand conseil, au parlement ou au Châtelet et petits financiers | 22 | 14,6 % | procureurs au grand conseil (4), au parlement (10) |
Fils de bourgeois de Paris et assimilés (employés) | 9 | 6 % | |
Fils d’hommes à talents (avocats au parlement, médecins) | 4 | 2,7 % | |
Total | 150 |
Sources : la majorité des sources utilisées, d’origines multiples, sont conservées aux Archives nationales : il s’agit d’actes notariés (contrats de mariage, testaments, partages de successions…) et d’actes relevant de la justice civile du Châtelet (tutelle, avis de parents…). S'y ajoutent ponctuellement des actes d'inhumation ou de mariages contenus dans des registres paroissiaux. Les notes infrapaginales en donnent quelques exemples.
13La place des salariés, « bourgeois de Paris », domestiques aisés ou employés d’administration28, n’est pas négligeable. Ces familles qui sont à la limite entre l’élite des milieux populaires et la petite bourgeoisie bénéficient sans doute de relations dans la bourgeoisie et la noblesse : Rouvière est le fils d’un cuisinier du couvent des Minimes29, Asseline celui d’un palefrenier du duc d’Orléans. Pour une partie de ces hommes, dont les pères exercent des professions méprisées par les notables, l’intégration d’un enfant dans l’Église représente sans doute une voie d’ascension sociale.
14Le monde du droit, de la basoche et des officiers de justice est bien moins présent, mais là encore des déséquilibres apparaissent selon les compagnies : 10 procureurs au parlement (pour 400 offices avant 1771 puis 300 après 1774), 4 procureurs au grand conseil (pour 24 offices), 2 procureurs au Châtelet (sur 237 en 1789), un notaire (sur 122), aucun fils de commissaire au Châtelet (sur 48)30. D’autres professions sont peu ou pas représentées. Le milieu des talents (avocats au parlement, médecins) n’est guère enclin à donner ses fils à l’Église : les recherches d’Isabelle Coquillard sur les docteurs-régents de la faculté de médecine de Paris confirment cette fracture entre le monde médical et l’Église, le curé de Saint-André-des-Arts Desbois de Rochefort étant une exception31. Les enfants de notables marchands sont des figures tout aussi rares. Barthelemy Augustin Mocquet, né en 1712, religieux prémontré, est abbé du monastère de Doue (diocèse du Puy) depuis 1762 : il est le fils de Jacques Albert Mocquet, épicier qui avait acquis une charge de quartenier en 1714 pour devenir échevin mais qui est décédé précocement en 1719. Élie Pierre Polissard (1750-1822) est le fils d’un marchand de vin qui a été élu consul, sachant que l’élite du corps des marchands de vin n’accède aux lieux de pouvoir urbain qu'à partir de la seconde moitié du xviiie siècle. Quant à Ruelle et Moriaux, ils sont fils de petits notables (qui ont été seulement gardes de leur communauté).
15Le placement d’un fils en religion s’inscrit donc dans des perspectives sociales très variées. Dans les milieux bourgeois qui se projettent dans l’anoblissement, il peut accompagner l’ascension sociale : huit bourgeois élus échevins ou bien candidats à l’échevinage, des années 1750 à la Révolution, ont des frères prêtres. Mais nombre de familles à prêtres semblent marquées par un projet de reproduction : on l’a vu avec les fils de merciers, c’est le cas aussi des enfants de procureurs (les deux frères de l’abbé Colmet sont procureurs au parlement comme leur père). D’autres enfin sont issus de familles en voie de déclassement, voire ayant subi des revers de fortune. François Valentin Mulot, chanoine de Saint-Victor, a dix ans lors de la faillite de son père, huissier ordinaire du roi en sa Chambre des comptes et receveur de rentes en 175932. Marie Geneviève Charles, mariée en 1719 avec Jean-Baptiste Cornu (1692-1737), marchand mercier de soie, conseiller de ville de 1721 à sa faillite en 1731, a donné ses deux enfants à l’Église. Dans son testament rédigé en septembre 1762, elle commence par demander que ses dettes soient payées, entre autres « la dot et pension » de sa fille religieuse aux Ursulines de Saint-Germain-en-Laye ; elle lui donne aussi 150 livres de rente viagère, outre les 50 livres qu’elle a déjà, avant de léguer 100 livres de rente viagère à son fils, Jean-Baptiste Mathurin Cornu (1722-1780), chanoine de Sainte-Geneviève et 100 livres de rente viagère à sa belle-sœur, Madame de Saint-Michel, religieuse de l’Hôtel-Dieu33 ; son exécuteur testamentaire, le procureur au parlement Jean Balthazar Colmet, est lui-même père d’un prêtre.
16L’Église s’ouvre donc aux milieux de la petite bourgeoisie. Elle valorise le mérite individuel contre la naissance, sachant que l’appartenance au clergé est censée opérer une transsubstantiation des identités des ecclésiastiques, dépouillés de leur identité familiale originelle. Cette ouverture provoque un déclassement du clergé paroissial. Les hommes qui en bénéficient sont parfois confrontés au mépris, sinon à la morgue, des marguilliers qui refusent l’extension des pouvoirs du clergé34 : une partie des conflits paroissiaux comme l’anticléricalisme se nourrissent sans doute du décalage entre, d’une part, un clergé persuadé de son éminente dignité et de la légitimité de son action et, d’autre part, des notables qui jugent tout aussi légitime la défense de leurs droits et dénoncent les « usurpations » cléricales. La valeur sociale du clergé est contestée par les bourgeois qui critiquent sa docilité, sa complaisance, ou même son asservissement, envers l’archevêque. L’horizon des notables est celui de la résistance à ce qui est conçu comme une entreprise despotique, parallèlement à la résistance du parlement au pouvoir royal, alors que le clergé, comme les acteurs de la centralisation monarchique, juge nécessaire la modernisation des institutions. Derrière ces tensions se jouent la sécularisation de la société et la (re)définition des limites entre le profane et le sacré.
17Mais la dimension politique du recrutement du clergé n’apparaît nettement que dans le petit contingent des familles de la basoche. La surreprésentation des procureurs au grand conseil est liée au statut particulier de cette cour souveraine sur laquelle le pouvoir royal s’appuie dans la seconde moitié du xviiie siècle contre le parlement. Plusieurs familles de procureurs se sont aussi engagées en faveur de la réforme Maupeou. En 1771, le chancelier Maupeou a exilé les magistrats du parlement et de la cour des aides de Paris avant de reformer un nouveau parlement puis il a supprimé les 400 offices de procureurs au parlement et les offices de procureur au grand conseil avant de les remplacer par cent offices « d’avocats du parlement ». Les avocats au parlement sont divisés : ceux qui soutiennent la réforme rentrent et prêtent serment au nouveau parlement, ceux qui sont plus réticents rentrent sans prêter serment, d’autres enfin cessent de plaider. Une partie des ecclésiastiques du corpus sont issus de familles qui ont soutenu cette réforme marquée du sceau du despotisme éclairé. Claude Louis Marmotant de Savigny, curé de Compans, est le fils d’un « avocat du parlement », qui a été interdit du banc d’œuvre de Saint-Séverin par les marguilliers jansénistes en 177235, et le frère d’un avocat au parlement, rentré en 1771, qui a prêté serment au parlement Maupeou, avant de se reconvertir comme subdélégué de l’intendance à Enghien puis à Choisy-le-Roi. Daniel Pierre Denoux, curé de La Madeleine en la Cité, est le proche parent de quatre « avocats du parlement » : son frère Nicolas Pierre, son cousin germain, Louis Nolleau, ainsi que le fils et le gendre de ce dernier (Alexandre Nolleau et François Eléonore Aucante). Auguste Angélique Colmet (1742/43-1809), premier vicaire de Saint-Jacques et des Saints-Innocents, est le frère de deux « avocats du parlement », par ailleurs marguilliers de la paroisse Saint-Gervais, respectivement en 1779 et 1787. Enfin, Claude Charles de Ligny de la Quesnoy, curé de Sainte-Marie-du-Temple, est le frère d’un « avocat du parlement » et le neveu du jésuite François de Ligny (1709-1789). Le fils du seul notaire du corpus, Jean-Baptiste Desplasses/Desplaces, qui était déjà chanoine de Notre-Dame, devient conseiller du nouveau parlement avant d’intégrer le grand conseil quand l’ancien parlement est rétabli. Enfin, l’abbé Bellanger, chanoine de Saint-Victor, fils d’un président trésorier de France et secrétaire du roi, frère de deux notaires, appartient à la famille la mieux représentée dans l’Association de bienfaisance judiciaire, institution d’esprit antiparlementaire créée, en 1787, par un conseiller au Châtelet entré en fonction sous Maupeou36 : quatre de ses proches parents en sont membres, son frère (Jean-Baptiste Charles Bellanger dit Bellanger du Vivray), son neveu (Angélique Charles Bellanger alors lieutenant particulier au Châtelet), sa nièce (Madeleine Adélaïde Bellanger épouse du payeur des rentes Jean Joseph Hurel) et son neveu par alliance (Hurel)37. Cette orientation politique particulière de la majorité des familles des prêtres issus de la basoche et de la petite finance peut-elle être étendue aux familles des marchands et artisans ? En l’état actuel de nos connaissances, la réponse est négative ; le soutien des marchands à la réforme Maupeou n’est connu que pour quelques hommes, comme l’échevin Vieillard, ancien marchand épicier et payeur des rentes, qui devient administrateur de l’hôpital général ; mais Vieillard n’a donné ni fille ni fils à l’Église.
18La diversité des profils se retrouve dans les inégalités des fortunes familiales des ecclésiastiques. Dans les familles issues des milieux sociaux les plus estimés, les niveaux de fortune au mariage semblent bien inférieurs au niveau moyen. En 1761, l’avocat au parlement Julien François Boys, fils d’un procureur au parlement et frère de Pierre Michel Boys qui est alors curé de Rozay-en-Brie, n’apporte que 16 000 livres pour un mariage hypogamique avec la fille d’un conseiller en l’élection de Pithiviers dotée de 34 000 livres38. En 1750 et 1753, les sœurs de l’abbé Bimont (dont la mère de Mme Roland) ne reçoivent de leur père, petit mercier, que 2 000 livres chacune39, alors que, dans ce milieu, les apports inférieurs à 3 000 livres sont très rares. Les dots des demoiselles Bimont se situent même au-dessous du niveau des familles artisanales. Marie Anne Françoise Turpin, fille d’un vinaigrier et sœur de Dom Turpin, a reçu 3 500 livres de la succession de ses parents ; en 1759, elle apporte 2 500 livres à son mariage avec le fils d’un maître de pension de Picpus, Pocquillon Carret de Vaublon ; devenue veuve, elle entrera finalement au couvent de la Congrégation de Notre-Dame en 1766 avec 2 000 livres et son douaire40. Deux filles de menuisiers sont suffisamment bien dotées pour faire des mariages hypergamiques : en 1761, Marguerite Madeleine Mansel, sœur de Jean Jacques Mansel (1741-1819), prêtre vicaire à Palaiseau puis à Saint-Eustache, reçoit 6 000 livres pour son alliance avec un mercier41 ; en 1787, la sœur des abbés Hurtrel, apporte 9 000 livres à un « docteur en médecine et membre du collège de l’Académie royale de chirurgie42 » (sic). Le milieu des « bourgeois de Paris » est encore plus aisé : en 1760, Michel Legrand et Marie-Marguerite Souart, « garde de Madame la Dauphine », donnent 20 000 livres à leur fils Nicolas François Legrand, employé dans les fermes du roi, frère de l’abbé Guillaume Legrand qui est un ami de Mme Roland43. Or, quelques milliers de livres suffisent au paiement du titre clérical qui est de 150 livres de rente mais pas au paiement d’études longues, si l’on généralise l’exemple de Guillaume Nicolas Davolle, qui est un enfant unique : de 1742 à 1751, son beau-père et sa mère ont dépensé 3 500 livres pour son titre clérical et 11 500 livres pour neuf années de pensions, à raison de 1 000 livres pour chacune des 4 premières années et 1 500 livres pour chacune des cinq autres, y compris son entretien, ses médicaments lors de ses maladies, ses meubles, la bibliothèque qu’il s’est constitué et le coût de ses thèses et degrés pris en philosophie et théologie44. Aussi est-il probable qu’une partie non négligeable de notre corpus se soit vue offrir son titre clérical par un homme ou une femme charitable, voire financer ses études.
19L’entrée en religion d’un fils est traditionnellement liée aux contraintes démographiques et économiques qui pèsent sur les familles45. L’abbé Legrand, qui ne cache pas son manque de vocation à Mme Roland, impute ainsi son sort à son appartenance à une fratrie de trois garçons et une sœur (ses parents marient trois de leurs quatre enfants) : « c’était un homme d’un excellent jugement, qui n’avait de son état que la robe dont il était encore assez embarrassé. Sa famille l’avait fait prêtre, parce que, de trois frères, il fallait bien en mettre un dans l’Église46 ».
20L’existence d’une fratrie nombreuse, qui tend à devenir singulière au xviiie siècle, induit parfois le placement de deux frères en religion : les Gandolphe, fils d’un marchand de bois, appartiennent à une famille de dix enfants ; chez les Papin, il y en a au moins neuf ; les familles Chambry en ont huit, Cochin, Martin de Saint-Martin, Boucart et Gosse sept, Pelé six, Hurtrel cinq, Dubertrand quatre ; mais les Besnard ne semblent avoir que trois enfants. Au total, dix-sept familles (patronymiques) ont placé deux frères ou deux cousins en religion, 24 prêtres qui ont (ou ont eu) un frère prêtre, auxquels il faut ajouter quatre cousins germains et deux cousins plus éloignés, ce qui fait un total de 30 individus et près d’un cinquième du corpus. Le phénomène des fronts de parenté est donc minoritaire mais il est loin d’être négligeable. En tout cas, il est plus frappant que la transmission de la prêtrise d’une génération à une autre. Le placement d’un fils en religion sur deux générations semble en effet exceptionnel, même si on prend en compte les parentés à la fois paternelle et maternelle : il est associé à trois de ces familles (les Dubertrand, Chambry et Papin) et à trois autres ayant un seul prêtre à chaque génération (Deligny, Bruté, et la famille Bossu – le curé de Saint-Paul, est le neveu de Charles André Berthelot, curé du Pin – près Chelles). La diffusion du célibat forcé, éventuellement associé à une procédure d’interdiction, est une alternative pour les familles nombreuses qui veulent concentrer leur patrimoine sur quelques enfants47.
21La situation parisienne est plus remarquable par le grand nombre de prêtres qui sont fils, voire enfants uniques : Nicolas Louis Périnet (1738-1812), curé de Marolles en Hurepoix, était orphelin à 14 mois d’un maître serrurier, Louis François Collignon (1738-1816), premier vicaire de La Madeleine en la Cité (1790), est le fils unique d’un maître chirurgien, etc. D’autres le deviennent : le père de l’abbé Gérard avait quatre enfants, deux garçons et deux filles, à son décès en 1749 ; quelques années après, l’abbé n’a plus qu’une sœur qui reste célibataire.
22La configuration démographique des familles est donc un critère secondaire. En revanche, le rang dans la fratrie joue un rôle plus important. On trouve des prêtres parisiens aussi bien parmi les aînés que les puînés, sans que la proportion des uns l’emporte de façon significative sur les autres : sur 77 fils dont le rang dans la fratrie masculine est identifié, nous avons compté 25 aînés, 8 fils ou enfants uniques contre 44 enfants puînés (30 sont des cadets, 11 sont des troisièmes garçons, et trois des quatrièmes fils).
23Comme ailleurs, l’entrée en religion d’un fils aîné ou de plusieurs fils (voire des filles) semble le propre des familles dévotes. Michel Charles Malbeste est l’aîné des cinq enfants (dont trois garçons) de Charles Malbeste en 177848. Pierre Antoine Audoy, prêtre de Saint-Louis-en-l’Île, est le fils aîné d’un procureur au parlement qui a probablement été le fiancé de Mme de Moysan : en 1749, cette dame a été imposée par Mgr de Beaumont comme supérieure de l’Hôpital Général, au grand dam des jansénistes49. Au contraire, les puînés semblent davantage devoir leur appartenance au clergé à une stratégie familiale motivée par des motifs économiques, et c’est parmi eux qu’on trouve les cas de vocations forcées. C’est le cas de l’abbé Legrand, déjà rencontré, comme du fils d’Edme Antoine Genet (1720-1813), mercier et porteur de la châsse de Sainte-Geneviève, qui a laissé un très beau témoignage au moment de sa renonciation à la prêtrise, écrit le 27 Brumaire l’an II :
Depuis huit ans, forcé plus par volonté que par goût à professer un état, dont les loix m’ont toujours paru contredire les premières institutions de la Nature et de la Société, je profite de la nouvelle Cariere qu’un Gouvernement philosophe et bienfaisant ouvre à ceux qui ne sont point entichés du fanatisme, pour abdiquer à jamais et les fonctions du Ministère et le caractère de Prêtre, que je n’ai conservé jusqu’à présent que pour obéir aux volontés paternelles50…
24Jean Louis de Poilly, religieux professe au couvent des cordeliers de Meaux qui cherche à être relevé de ses vœux, est le fils cadet de Nicolas de Poilly, mercier de soie qui est mort ruiné, et de Geneviève Durant. Celle-ci a marié sa fille à un marchand mercier et fait de son fils aîné, Sébastien de Poilly de Chanterenne, un secrétaire du roi et maître en la chambre des comptes de Normandie ; elle aurait placé son cadet à l’Église pour permettre à son aîné de faire un beau mariage51. Une autre affaire de vocation forcée oppose, en 1775-1776, Joseph Simon / Jean-Baptiste Simon Bigot de Beauchamp, né en 1733, fils d’un lieutenant général de l’Amirauté à la Table de marbre du Palais, à sa sœur, Marie-Gilette Bigot, veuve en premières noces de Bon-Joseph-Antoine Collet, remariée en 1765 à Edme Louis Girault, tous deux procureurs au parlement52. La seule affaire de vocation forcée d’un aîné que nous ayons renseignée et qui date de 1769 semble exceptionnelle à tous points de vue. Henri Quoinat, qui était marchand boursier près le Palais, a connu une belle ascension sociale en devenant scelleur de la grande chancellerie en 1759. De ses quatre fils, seul le dernier a été établi dans le monde (comme lieutenant général civil et criminel au bailliage de Mantes), tandis que l’aîné Jean Henri et le troisième Étienne Geneviève sont entrés en religion. Dans ce cas, c’est l’aîné qui proteste. Mais leur frère Claude François « imbécile » a été interdit pour démence et leur mère, Marie Yvent/ Yvon est « morte de douleur et de colère le 1er novembre 1768, en l’abbaye de Valdone à Charenton près Paris où son mari aidé de son fils puîné le lieutenant général de Mantes, avoit été contraint de la faire placer par ordre du roi, à cause de ses méchancetés53 ». Il semble bien difficile de tirer quelque enseignement de leurs malheurs.
25Ces cas de vocation forcée ont en commun de ne concerner que des familles aisées et issues de la bonne bourgeoisie : le différentiel entre la dot de religion — qui est sauf exception de quelques milliers de livres — et la dot matrimoniale est important54. Le calcul rationnel des parents n’exclut pas une forte spiritualité familiale55 : le père du prêtre défroqué Genet était porteur de la châsse de Sainte-Geneviève. D’autres parents de prêtres sont membres de la même confrérie. L’abbé Mocquet est le fils, le neveu et le frère de trois épiciers et porteurs. Dom Adam et Charles Jules Bizet (1746-1821), chanoine de Sainte-Geneviève et curé de Nantouillet, sont fils de merciers et porteurs. La confrérie comprend aussi quatre frères de prêtres, tel le marchand orfèvre François Pierre Duhamel (?-1798), porteur de 1774 à la Révolution et frère puîné de Jacques Étienne Duhamel curé du Coudray-Monceaux qui décédera octogénaire en 178956. Les liens de parenté entre les porteurs et les prêtres peuvent être plus lointains sans que leurs relations soient moins intenses. Le bonnetier Jacques Hornet, porteur de 1745 à 1763, est le tuteur de son neveu, Jean-Baptiste Jacques de Villy, qui devient religieux au couvent des Augustins déchaussés de Rouen (appelé aussi de Martinville). L’abbé Michel Charles Malbeste, fils d’un mercier failli, est le premier bénéficiaire des legs de son cousin, le mercier Jean-François Robin Dubos (1726-1778) :
Il sera donné au sr. Malbeste fils aisné du sr. Charles Malbeste la somme de sept cent livres laquelle somme luy servira pour les honoraires d’un annuel de messes pour le repos de mon ame et a luy acheter des livres de morale et de theologie le tout s’y il est pretre [il le sera en 1777]. Sy il ne l’est pas encore oü qu’il est plus de six mois a attendre pour etre revetüs du sacré sacerdoce, trois cent livres luy seront seulement données pour l’achat desdits livres de morale et de théologie comme un bijoux que j’aurois püs luy laisser et les quatre cents livres restantes seront données a l’église la plus proche et la plus commode pour ma chere femme sy elle me survit et a son deffaut a une eglise au choix du sieur Etienne Malbeste, que je charge particulierement du soin de faire acquitter ledit annüel57.
26La diversité des conditions familiales de production des ecclésiastiques parisiens explique peut-être leur invisibilité aux yeux des historiens, comme des hommes de l’Ancien régime, par rapport au début du siècle. Peut-être aussi que la formation qu’ils ont suivie et leur carrière font oublier la spécificité de leurs origines.
Les prêtres, leur famille et leurs amis
27Cette seconde partie cherche à comprendre les relations des prêtres avec leur famille. La résidence associée à la présence/absence dans les moments documentés de la vie familiale permet de distinguer trois types de prêtres et ce, indépendamment de la démographie familiale qui peut évidemment orienter les choix, mais dont l’impact reste marginal.
28Certains restent très proches de leur famille d’origine, qu’ils appartiennent à une fratrie nombreuse ou pas, qu’ils fassent partie du clergé de la capitale ou non. Car la résidence du clerc ou du prêtre dans le lieu de son bénéfice est loin d’être systématique. En 1756, Claude François Lecourt, chanoine de Champeaux et curé de Saint-Pierre d’Avallon, réside rue Saint-Martin, chez son frère, le notaire Jean-Pierre Le Court, et c’est sur la paroisse de Saint-Benoit qu’il décédera en 1772. Certains ecclésiastiques ont un domicile parisien personnel comme Remy Charles Seguin, fils d’un marchand de vin, chanoine de Tonnerre et curé de Maizilly au diocèse de Mâcon, qui déclare en 1772 résider à la communauté de Saint-Nicolas des Champs58, ou bien Jean-Baptiste François Cochin qui est domicilié quai de Conti paroisse Saint-André-des-Arts en 1789 : Cochin se présente comme aumônier ordinaire du roi en son hôtel des Monnaies, omettant sa qualité de curé de Carroy (diocèse de Sens)59. Ces exemples laissent entrevoir des hommes qui ont subi leur affectation hors de Paris et préfèrent vivre dans la capitale, sans qu’on puisse mesurer l’ampleur du phénomène.
29Les ecclésiastiques qui exercent une charge à Paris ou en banlieue sont bien sûr les plus présents aux réunions familiales, comme les enterrements : le 7 novembre 1777, Antoine Duhamel, marchand orfèvre à Paris, décédé en sa maison de Vitry, y est inhumé en présence de son frère, curé du Coudray, et de ses trois autres frères marchands orfèvres (dont un porteur de la châsse de Sainte-Geneviève)60. Ils peuvent être parrains : Paul Olivier, curé des Saints-Innocents de 1738 à 1759, est le cousin paternel et le parrain de Marie Paule Cochin, fille d’un procureur au grand conseil et sœur de deux futurs prêtres61. Ils hébergent parfois dans leur presbytère un de leurs vieux parents et assistent à son inhumation : en 1777, la veuve Pion vit auprès de son fils qui est curé de Sainte-Opportune ; en 1785, le bonnetier Jumel est enterré dans le chœur de l’église de Houilles, emplacement funéraire théoriquement réservé au clergé mais cédé par son fils62. Mais cette proximité physique n’est pas l’apanage du clergé de Paris ou de sa banlieue : en 1761, la veuve du mercier Louis Aubin de la Forest décède en Auvergne près de son fils, Charles Aubin Delaforest, chanoine de Sainte-Geneviève et prieur de Voussac (près de Saint-Pourçain)63.
30Le second type est mixte, le prêtre conserve des relations fortes avec sa famille tout en nouant des amitiés fortes avec d’autres ecclésiastiques. Ainsi l’abbé Gérard passe ses vacances à la campagne avec sa sœur, restée célibataire, son ami l’abbé Legros, « sa nièce, qui étoit, pour ma sœur et pour moi, comme une seconde sœur, ainsi que son oncle étoit pour moi un père avant même qu'il eut été un ami64 ». L’abbé Bimont, oncle maternel de Mme Roland, née Manon Phlipon, est aussi de ce type. Il mêle ses relations familiales et amicales : sa nièce raconte que dans les années 1760, il « s’était fait pensionnaire du premier vicaire [de Saint-Barthélemy], l’abbé Le Jay, qui tenait assez bonne maison, et chez lequel nous allions avec lui passer les soirs des dimanches et fêtes après l’office65 ». Lejay se suicide en 1768, désespéré par la faillite de ses deux frères, notaires ; il est l’oncle de Michelle Sophie Lejay une des quatre premières associées de la Société des Filles de Marie, congrégation fondée en 1791 par Marie-Adélaïde Champion de Cicé et le jésuite Picot de Clorivière. Ce double attachement à la famille et au corps de l’Église se traduit aussi lors des inhumations par une forme de mixité. Les témoins sont à la fois des parents laïcs et des collègues prêtres : Jean François Papillon de Bourgneuf, curé de la paroisse de Villejuif, est enterré en présence de Charles Louis Besnard, curé de Rungis, Pierre Louis Guesnon prêtre, prieur de Saint-Martin-d’Étampes, son cousin, et de Jean Alexandre Martin, peintre et vernisseur du roi, son neveu66.
31Dans ces deux types de profils, les familles les plus dévotes se singularisent par la mobilisation du prêtre de famille pour l’administration des sacrements aux parents. En 1789, c’est Jérôme Claude Gandolphe, docteur de Sorbonne, curé de Sèvres et député suppléant du clergé de la vicomté de Paris, qui baptise le fils de son cousin germain, Auguste Joseph Gandolphe, à la place d’un des ecclésiastiques de la paroisse Saint-Louis-en-l’Île67. La détention par le prêtre de famille d’un bénéfice à l’extérieur de Paris est parfois mise à profit pour l’administration d’un sacrement dans un cadre plus intime que la paroisse parisienne : en 1767, l’ex-jésuite Papillon du Bourgneuf, qui est alors curé de Villejuif, marie son neveu, Jean Alexandre Martin, vernisseur du roi de Prusse, avec Angélique Louise Josephine Dubertrand, nièce de deux ecclésiastiques et sœur d’un troisième68. Les familles dévotes sollicitent aussi les curés de banlieue pour qu’ils cèdent sa place au prêtre de famille. En 1761, c’est à Saint-Pierre-du-Perray que l’abbé Delaroue, curé de Saint-Cosme, marie son frère, secrétaire du procureur général du parlement. En 1774, Claude Gabriel Lemaistre, bernardin de la maison de Paris, marie le sien à Brie-Comte-Robert69. Les liens de parenté entre le prêtre et les mariés peuvent être plus lointains : l’abbé Mulot ne cache pas sa fierté d’avoir été sollicité pour marier à Saint-Paul, en 1778, son « alliée », Mlle de Joyenval, avec « M. Guillon » : celui-ci « reçut de ma main la bénédiction nuptiale à laquelle je prononçai le petit discours qui a été imprimé avec un serment de profession à l’Hôtel-Dieu70 ».
32Le troisième modèle est celui du prêtre qui privilégie les relations avec d’autres ecclésiastiques ou des laïcs extérieurs à sa parenté et qui est relativement indifférent au lieu d’exercice de son ministère. Un des derniers prêtres que nous avons identifié grâce à Mathieu Marraud, l’abbé Rousseau, est ainsi issu d’une famille nombreuse de bonnetiers aisés mais il est absent aux actes de tutelles car il est très occupé : il est chanoine de Chartres, prédicateur de Louis XV et de Louis XVI (jusqu’à son renvoi, à la demande de Marie Antoinette, en 1785, car il a osé parler du cardinal de Rohan dans son sermon), vicaire général d’Albi, abbé commendataire de l’abbaye de Lure, diocèse de Sisteron, et, en cette dernière qualité, membre du clergé de Provence (1789). C’est aussi le cas des prêtres qui vivent et décèdent en province : les amitiés nouées avec les prêtres et clercs des paroisses voisines compensent l’absence de la famille. Ces hommes remplacent les liens de parenté par des amitiés professionnelles très fortes, selon un modèle d’identification valorisé par l’Église. Le fait ne concerne pas que les prêtres parisiens : Christophe Chayer, originaire de Villeneuve-le-Roy, est un abbé mondain fréquentant les Rohan ; il est le frère puîné du procureur au parlement/avocat du parlement Maximilien Joseph Chayer mais il ne signe ni le contrat de mariage de son frère en 1744, ni celui de sa nièce Marie Edmée Chayer avec l’avocat au parlement Louis Simon Martineau, le futur rapporteur de la constitution civile du clergé, en 176771. Dans ce modèle clérical, l’origine géographique et sociale cesse d’être un élément de distinction au profit d’un mélange des clercs de toutes provenances, à l’image des chanoines de la Sainte-Chapelle de Vincennes en 1785 : sur 16 ecclésiastiques, cinq sont originaires du diocèse de Paris, les onze autres viennent de diocèses tous différents (Auch, Beauvais, Carpentras, Clermont, Le Puy, Rouen, Saint-Flour, Sens, Soissons, Tarbes, Tulle)72.
33Nous voudrions finir par une rapide étude de la situation des prêtres d’origine parisienne aux débuts de la Révolution. La réception de la constitution civile du clergé les a divisés. Environ 60 % des prêtres parisiens prêtent serment73, mais seulement la moitié de notre corpus : 59 jurent, 56 refusent, 6 jurent puis se rétractent, avec une répartition à peu près égale des fils de marchands, d’artisans et d’hommes de loi. Comme l’avaient déjà remarqué Timothy Tackett et Ségolène de Barbiche-Dainville, l’origine sociale n’a que peu d’influence sur les choix74. Mais, contrairement au reste de la France, les enfants d’artisans ne se signalent pas par un engagement particulièrement fort en faveur de la constitution civile du clergé75, peut-être parce que l’Église leur a déjà ouvert ses portes et offert de belles situations dès le xviiie siècle. Les choix sont communs aux frères et cousins germains (les frères Chambry jurent, les frères Benoist et Hurtrel et Moufle et les cousins Gandolphe sont réfractaires) ou pas : Pelé le génovéfain, curé de Saint-Mesmes et Vineuil dans le diocèse de Meaux, jure mais son frère le prêtre de Saint-Jean-en-Grève refuse, comme quasiment toute la communauté paroissiale. Les familles qui ont des ecclésiastiques sur deux générations sont les plus touchées par les divergences : on se souvient des deux frères Papin et de leur neveu Ravoisié ; chez les Dubertrand, le principal du collège de Navarre jure, le curé de Saint-Pierre-des-Arcis (qui avait refusé les derniers sacrements à Saint-Nicolas-des-Champs en 1758) refuse, comme leur neveu Jacques Roch Elisabeth Dubertrand, deuxième vicaire de Saint-Laurent. Les cadets sont-ils plus enclins à accepter le nouvel ordre ? Rien n’est moins sûr ; en tout cas, la ferveur religieuse n’est pas l’apanage des aînés : Dom Adam s’emploie à tirer de leurs chasses les reliques du prieuré de Saint-Martin-des-Champs pour en composer un « recueil », « pour la plus grande gloire de Dieu sans aucun motif de cupidité76 », avant d’être condamné à mort par le tribunal révolutionnaire comme « fanatique » et exécuté le 29 mars 1794.
34Notre étude du clergé d’origine parisienne, issue du croisement de sources variées, montre le bénéfice que les chercheurs peuvent tirer du décloisonnement des champs disciplinaires pour questionner les relations des Parisiens avec l’Église et la religion catholiques. Tout d’abord leur anticléricalisme. L’anticléricalisme est, sans conteste, une valeur dominante dans la bourgeoisie parisienne.
35Les relations entre les familles parisiennes et leurs prêtres se rattachent autant aux modèles d’analyse proposés par les historiens du religieux que par les historiens du social. Le prêtre est tantôt un enfant investi qui est le pilier spirituel de la fratrie voire de la famille élargie, tantôt un fils qui subit le contrecoup d’une stratégie socio-économique. Notre étude ajoute un troisième type de prêtre, l’enfant qui ne porte aucune aspiration familiale : orphelin et enfant unique, il lui serait sans doute difficile de se marier sans appui familial, il entre dans le clergé comme dans une nouvelle famille.
36Mais la minorité dévote conserve sa confiance dans la médiation cléricale. L’ancien marchand mercier Pierre Dubois est le père de neuf enfants dont deux sont entrés en religion : l’aîné, Jean Charles, a fait profession au couvent des Augustins de Reims en 1745 et une de ses filles est chez les Ursulines de Noyon. Rue Saint-Antoine, Dubois occupe une maison qu’il loue aux jésuites. Enfin, il choisit un prêtre (et parent de son épouse) comme exécuteur testamentaire77. Une telle prégnance de l’environnement clérical est exceptionnelle ; la majorité des bourgeois parisiens n’invite aucun membre du clergé à leur mariage, ne place pas d’enfant en religion ou ne teste pas en faveur d’un prêtre. Mais la rupture entre la société parisienne et le clergé est loin d’être totale.
37La crise des vocations qui affecterait ainsi la capitale obligerait le diocèse de Paris, déficitaire, à importer une partie de ses prêtres de provinces excédentaires. La capitale produit peut-être moins de prêtres que d’autres villes du royaume, mais elle est loin d’être un désert de vocations. L’échelle du diocèse qui est l’horizon de nombreux travaux d’histoire religieuse semble à cet égard peu adaptée au cas parisien. À l’absence de procès-verbaux de visites pastorales ou de rapports de synthèse comme ceux établis dans les diocèses de Bordeaux, Reims78, s’ajoute l’extrême dispersion des ecclésiastiques parisiens au-delà des frontières du diocèse, aussi bien dans le clergé paroissial que dans les couvents de province. Les assignations dans les couvents comme les affectations des chanoines de Sainte-Geneviève dépendent des jeux de récompense, sanction et des règles d’avancement propres à chaque ordre. Les prêtres parisiens sont nombreux mais ils sont invisibles. L’absence de polarisation sur la ville et même le diocèse de Paris est sans doute subie par les familles qui veulent un prêtre de famille apte à donner les sacrements ou dont l’identité est enracinée dans la ville. Elle est aussi assumée car elle correspond à un élargissement des opportunités de carrières qui bénéficient avant tout au prêtre : nous n’avons pu documenter les éventuelles retombées de ces parcours sur les familles ; l’impression qui domine est celle de l’émancipation d’une partie des clercs qui s’affranchissent de leur origine.
Notes de bas de page
1 Biver, 1970, pp. 318-319.
2 D’après une lettre de Madame Elisabeth à Madame Bombelles citée par Casgrain, 1899, p. 386.
3 Sur Mlle d’Albert, sœur du duc de Luynes, voir Chastenay, Deux révolutions pour une seule vie, pp. 175-176.
4 Plongeron, 1989.
5 Hilarion, 1837.
6 Dufau, 1871, p. 228.
7 Sur la diffusion du culte du Sacré-Cœur en France, voir Jonas, 2000 et pour la diffusion à Paris, voir Croq et Lyon-Caen, 2018.
8 Il est le fils de Thérèse Françoise Henriette Papin et de l’épicier Charles Pierre Ravoisé.
9 Plongeron (dir.), 1987.
10 Chaunu, Foisil, Noirfontaine, 1998.
11 Mémoires de Madame Roland, t. II ; Nouvelles Ecclésiastiques [1739], p. 27.
12 Hardy, Mes loisirs, ou Journal d’évènemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance, vol. 1 : 1753-1770, p. 274.
13 Lyon-Caen, 2010.
14 Garrioch, 2005.
15 Lyon-Caen, 2010, pp. 411-414.
16 Pisani, 1913.
17 Tackett, 1986.
18 Ferté, 2013, pp. 180-181.
19 Alliot, 1913 ; Barbiche-Dainville, 1992 et 2005 ; Bianchi, 1990 et 2003 ; 1792. Les massacres de septembre ; Petit, 2008 ; Plongeron, 1964. Voir aussi les bases de données Musefrem et <https://www.famillesparisiennes.org/> (actes numérisés par des généalogistes, sous la houlette de Jacques Lemarois).
20 Pinet, 1903.
21 Le Journal de l’abbé Rudemare, qui a été en grande partie complété ou réécrit, a été écarté.
22 Archives Nationales [AN], Minutier central [MC], LXXXI, 332, 2 octobre 1751, mariage Jean Baptiste Jailliet – Marie Charlotte Paquot, fille d’un mercier : la future épouse est « pour un tiers de la succession de Jean-Baptiste Paquot son frère au moyen de sa profession en religion au couvent des Jacobins à Bourges ».
23 Loupes, 1985 ; Dompnier, 1997 ; Dinet, 2011.
24 Gutton, 2004.
25 Châtellier, 1970, p. 90.
26 Croq, 2009.
27 Marraud, 2010.
28 Croq, 1998.
29 Barbiche-Dainville, 1992, notice 4243.
30 Descimon, 2005b.
31 Coquillard, inédite.
32 « Journal intime de l’Abbé Mulot (1777-1782) », éd. de Tourneux, 1902 ; AN, MC, XII, 564, 29 octobre 1759, contrat d’union des créanciers de V. Mulot ; Croq, 2004.
33 AN, MC, LVII, 454, 28 octobre 1762, dépôt du testament olographe de Marie Geneviève Charles, veuve Jean Baptiste Cornu.
34 Lyon-Caen, 2006.
35 Hardy, Mes loisirs, ou Journal d’évènemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance, vol. 2 : 1771-1772, pp. 582-583.
36 Croq, 2018.
37 Diet, 1990.
38 AN, MC, LXXVI, 377, 30 mars 1761, mariage Julien François Boys – Marie Elisabeth Le Begue.
39 Le contrat de mariage de Pierre Gatien Phlipon et Marie Marguerite Bimont établi le 16 juin 1750 a été reproduit dans les Lettres de Madame Roland, pp. xv-xvi ; AN, MC, LXVI, 499, 16 octobre 1753, mariage Thierry Duterne – Jacqueline Françoise Bimont.
40 Au moment de son mariage, Mlle Turpin, orpheline de père et de mère, demeure chez les dames de la Trinité, rue de Reuilly. AN, MC, CXIII, 403, 4 septembre 1759, contrat de mariage Pierre Jean Pocquillon Carret de Vaublon – Marie Anne Turpin. Elle fait profession au couvent de la congrégation de Notre-Dame le 28 juillet 1766 ; et voir Cornu, 2018.
41 AN, MC, LXX, 410, 15 septembre 1761, mariage Joseph Leclerc – Marguerite Madeleine Mansel.
42 AN, MC, XXVIII, 529, 26 octobre 1787, mariage Jacques Biziou – Reine-Françoise Hurtrel.
43 AN, MC, CXXII, 712, 16 juin 1760, mariage Nicolas François Legrand – Marie Marguerite Gellain.
44 AN, MC, LXXIX, 74, 22 novembre 1751, compte de communauté et de tutelle Davollé.
45 Dinet, 2007 ; Minvielle, 2005, p. 222.
46 Mémoires de Madame Roland, p. 111.
47 Marraud, 2009.
48 AN, série Y (Châtelet de Paris et prévôté d’Île-de-France) [Y], 5046 A, 6 août 1778, avis substitution Robin Dubos.
49 Légier-Desgranges, 1954, pp. 173-174 ; Galland, 2017.
50 Harlé, 1915, pp. 174-176.
51 Un premier procès l’oppose à sa belle-sœur en 1744-1745, un second en 1772-1777 ; il les perd tous les deux. Hardy, Mes loisirs, ou Journal d’évènemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance, vol. 2 à vol. 5. Les deux procès sont rapportés comme des causes célèbres dans les années 1780.
52 Ibid., vol. 4 : 1775-1776, pp. 432-434 et 442-443.
53 Ibid., vol. 1 : 1753-1770, pp. 540-543 et 547.
54 Pour une approche institutionnelle des vocations forcées, voir Roger, 2013.
55 Excluons cependant l’exercice de la charge de marguilliers de paroisses : celle-ci est un devoir d’état lié à la résidence et à la condition de notable ; elle n’implique pas une spiritualité particulière.
56 Les trois autres exemples concernent des marchands merciers : Jean Flamand est le frère de Mathieu Louis Flamand, chanoine de Sainte-Croix, prieur de Caen, puis de Chauny (1770) ; Jean-Baptiste Varé est le frère de Pierre Vare, directeur spirituel à l’École royale militaire, puis vicaire général d’Albi puis de Cambrai ; Étienne Fremin est le frère de Jean Denis Fremin, prêtre sacristain de Saint-Médard, pendant une vingtaine d’années à partir de 1761.
57 AN, MC, LXXXIX, 728, 27 juillet 1778, dépôt du testament de Jean François Robin Dubos, marchand mercier, contrôleur des rentes de l’Hôtel de Ville, administrateur du grand bureau des pauvres, rédigé le 22 août 1775. C’est nous qui soulignons dans cette citation.
58 AN, Y, 4965 A, 12 juin 1772, avis Dubarle.
59 AN, Y, 5185 B, décembre 1789, avis Cochin.
60 Archives Départementales du Val-de-Marne [AD 94], État civil, EDEPOT / VITRY / 1E 69, BMS Saint-Germain de Vitry-sur-Seine, vue 179/257, 7 novembre 1777.
61 Cette qualité de parrain est signalée dans le contrat de mariage de Mlle Cochin. AN, MC, LXXXVI, 653, 6 juillet 1752, mariage Nicolas Gelez – Marie Paule Cochin.
62 Archives Départementales des Yvelines, 2087400, registre paroissial de Houilles 1771-1785, vues 297-298/303, 21 octobre 1785, inhumation de Charles Jumel, ancien marchand bonnetier à Paris.
63 AN, MC, CXV, 742, 13 juillet 1761, dépôt du testament de Catherine Boullanger, veuve de Louis Aubin de la Forest.
64 Gérard, « Mémoires de ma vie », p. 64.
65 Mémoires de Madame Roland, p. 83.
66 AD 94, EDEPOT / VILLEJUIF / 1E 115, BMS Villejuif, vue 62/72, 2 avril 1780, inhumation.
67 AN, Base Leonore, LH/1067/28, dossier d’Auguste Joseph Gandolphe (extrait de baptême).
68 AD 94, EDEPOT / VILLEJUIF / 1E 107, BMS Villejuif, vue 25/80, 22 juin 1767, mariage Jean Alexandre Martin – Angélique Louise Joséphine Dubertrand.
69 Archives Départementales de Seine-et-Marne, 5MI7375, BMS Brie Comte Robert, vues 212-213, 1er février 1774, mariage Joseph-Anne Lemaistre, « ci-devant employé dans les Aides » – Hélène Charlotte Huard.
70 Le mariage a été célébré le 22 janvier 1778 ; « Journal intime de l’Abbé Mulot (1777-1782) », p. 64.
71 AN, MC, XCIV, 234, 7 septembre 1744, mariage Maximilien Joseph Chayer – Marie Edmée Petitjean (scanné par les soins d’Alexandre Cojannot, juin 2016) ; CXVI, 432, 24 août 1767, mariage Louis Simon Martineau – Marie Edmée Chayer.
72 Poncet de La Grave, Mémoires interessans pour servir à l’histoire de France, p. 265.
73 Barbiche-Dainville, 1992, p. 83.
74 Tackett, 1986, pp. 109 et 117 ; Barbiche-Dainville, 1992, p. 83.
75 Tackett, 1986, p. 107.
76 Baciocchi, Julia, 2009, p. 523.
77 AN, MC, XXVIII, 317, 2 juillet 1750, inventaire après décès de Pierre Dubois.
78 Julia, 1966.
Auteur
Université Paris Nanterre – IDHES
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Violencia y transiciones políticas a finales del siglo XX
Europa del Sur - América Latina
Sophie Baby, Olivier Compagnon et Eduardo González Calleja (dir.)
2009
Las monarquías española y francesa (siglos xvi-xviii)
¿Dos modelos políticos?
Anne Dubet et José Javier Ruiz Ibáñez (dir.)
2010
Les sociétés de frontière
De la Méditerranée à l'Atlantique (xvie-xviiie siècle)
Michel Bertrand et Natividad Planas (dir.)
2011
Guerras civiles
Una clave para entender la Europa de los siglos xix y xx
Jordi Canal et Eduardo González Calleja (dir.)
2012
Les esclavages en Méditerranée
Espaces et dynamiques économiques
Fabienne P. Guillén et Salah Trabelsi (dir.)
2012
Imaginarios y representaciones de España durante el franquismo
Stéphane Michonneau et Xosé M. Núñez-Seixas (dir.)
2014
L'État dans ses colonies
Les administrateurs de l'Empire espagnol au xixe siècle
Jean-Philippe Luis (dir.)
2015
À la place du roi
Vice-rois, gouverneurs et ambassadeurs dans les monarchies française et espagnole (xvie-xviiie siècles)
Daniel Aznar, Guillaume Hanotin et Niels F. May (dir.)
2015
Élites et ordres militaires au Moyen Âge
Rencontre autour d'Alain Demurger
Philippe Josserand, Luís Filipe Oliveira et Damien Carraz (dir.)
2015