Le besoin d’expertise
Capacité professionnelle et choix des opérateurs économiques italiens sur les terres hongroises aux xiiie et xvie siècles
p. 205-219
Texte intégral
1Entre le xie et le xiie siècles, le royaume de Hongrie entretenait des relations commerciales florissantes avec les terres de la Rus’ de Kiev, depuis les Balkans jusqu’au monde byzantin. À compter des années 1270, les principaux « experts » dans les domaines économique et financier étaient originaires de ces régions. Le commerce à courte et longue distance, la frappe de la monnaie et l’administration des finances royales étaient en majorité dans les mains d’opérateurs d’origine orientale, juifs et Byzantins, mais aussi musulmans, qui eurent ainsi un rôle fondamental dans la vie culturelle hongroise de cette période. Les échanges avec l’Ouest, surtout avec Vienne, les territoires allemands du Saint-Empire romain et la péninsule italienne, étaient certainement déjà fréquents mais ils n’augmentèrent de manière notable qu’à partir du xviiie siècle, selon les choix politiques, diplomatiques et religieux de la Couronne de saint Étienne, de plus en plus proche du monde de la Christianitas latine. L’influence croissante de la papauté et l’action insidieuse des ordres mendiants provoquèrent l’exclusion progressive des juifs, des Byzantins et des musulmans de la vie économique du royaume de Hongrie, tandis qu’augmentait le nombre de nouveaux « experts » italiens et allemands engagés dans les mêmes activités économiques, commerciales et financières. Par ailleurs, les incursions et les dévastations mongoles du xiiie siècle, endémiques jusqu’au début du xive siècle, se firent sentir sur presque toute la structure politique et administrative hongroise. Elles entravèrent le cours normal des échanges commerciaux, notamment vers l’Orient, ce qui finit par favoriser les liens avec l’Occident, en particulier l’Italie et l’Allemagne qui avaient déjà commencé à prendre de l’importance1.
2L’évolution des structures de production, de distribution, d’échange et de consommation du royaume de Hongrie durant l’époque médiévale fut, entre autres causes, déterminée par un besoin croissant d’importer des compétences professionnelles de haut niveau. Il est certain que le besoin d’expertise ne détermina pas de manière absolue le sort économique du royaume de saint Étienne, mais il est sûr qu’il contribua fondamentalement à « moderniser » le pays en favorisant sa bonne insertion dans le contexte économique de l’Europe médiévale.
3Avant de procéder à l’analyse du besoin d’expertise sur les terres hongroises, il est utile de préciser la notion de structure économique et commerciale du pays dans lequel ces individus que nous nommons « experts » étaient appelés à intervenir. Depuis le xiie siècle et surtout aux xiiie et xive siècles, les terres hongroises étaient célèbres pour la facilité avec laquelle il était possible d’y échanger les produits occidentaux de luxe contre du bétail local, des épices et d’autres articles provenant d’Orient, en permettant de réaliser des profits considérables. En effet, la faible densité de population et l’étendue des terres disponibles facilitaient et accroissaient le profit de l’élevage extensif, en particulier dans la grande plaine2. Les terres hongroises produisaient et exportaient principalement des produits d’élevage tels que le bétail, mais aussi des métaux et des minéraux — de l’or, de l’argent, dont une partie était destinée à la frappe de la monnaie —, du fer, du cuivre et du sel, et elles étaient, au moins jusqu’au début du xiiie siècle, pourvoyeuses d’esclaves. Pour ce qui est du bétail, le trafic des chevaux fut graduellement limité pour des motifs à la fois sociaux et militaires, tandis que les exportations de bovins s’accroissaient de manière considérable3. Inversement, les importations concernaient surtout des biens de luxe en provenance de l’Occident : tissus italiens, français et allemands, bijoux et produits artisanaux de valeur ; de l’Orient arrivaient des tissus, des peaux, de la laine, de la cire et des épices. La demande émanait de la Couronne et de la cour ainsi que, dans une moindre mesure, de la nobilitas. Le flux commercial majeur s’effectuait d’Est en Ouest4.
4Grâce à une position géographique favorable, le royaume de Hongrie entretenait d’une part des liens avantageux avec nombre de villes européennes — de Venise à Florence, de Vienne à Nuremberg, de Cracovie à Lvov, de la Valachie à la Moldavie et aux escales de la mer Noire, et plus loin encore, jusqu’aux régions orientales voisines. D’autre part, la structure économique et commerciale du pays resta presque inchangée durant le Moyen Âge et l’époque moderne. De ce fait, au xvie siècle, malgré les guerres presque permanentes et la hausse générale des tarifs, le vin et le bétail hongrois conservèrent des prix résolument compétitifs, garantissant ainsi d’amples marges de profits aux opérateurs autrichiens, allemands et italiens. À l’inverse, le trafic des métaux et des minéraux, dont les coûts d’extraction devinrent de plus en plus élevés, réduisirent d’autant leurs bénéfices5.
5Quel fut le rôle des opérateurs-experts italiens dans ce contexte politique et économique complexe ? Pourquoi, au cours des siècles, la couronne de Hongrie ne renonça-t-elle pas à leurs services, sauf rares exceptions et, quoi qu’il en soit, pour de courtes durées6 ?
6Entre la fin du xiiie et le début du xive siècle, au moment du passage de la dynastie des Árpád à celle des Angevins, les juifs, les Byzantins et les musulmans, présents jusqu’alors uniquement dans l’administration du royaume, parce que reconnus comme les meilleurs experts dans la gestion économique, furent éloignés des terres hongroises. Sous la nouvelle dynastie d’Anjou, ils furent rapidement remplacés par les Italiens, passés maîtres dans les techniques administratives et de gestion les plus avancées. Selon l’autorité centrale, ces techniques étaient nécessaires à la modernisation du royaume. L’exclusion des experts jusqu’alors engagés dans les services économiques et financiers signifiait non seulement la volonté d’éliminer la concurrence dangereuse qu’exerçaient des groupes d’origine ou de religion désormais mal considérés, mais aussi la nécessité de remplacer une expertise obsolète par l’acquisition de compétences, de connaissances et de savoir-faire nouveaux, afin de parvenir à un fonctionnement plus compétitif des marchés hongrois, jusqu’alors peu développés.
7Les documents à notre disposition mettent en évidence que les Italiens furent invités à venir dans les territoires hongrois, en vertu de la supériorité indiscutable de leur maîtrise économique. En même temps, l’exploitation consciente de ces compétences par l’autorité centrale permit la « modernisation » du royaume, surtout à partir du xive siècle, et, à la fin de cette même période, permit l’intégration totale des structures de production, de distribution, d’échange et de consommation du royaume de saint Étienne à l’économie médiévale européenne. Les nombreux spécialistes provenant des plus importantes villes d’Europe (en particulier de la péninsule italienne, surtout de Florence ou de Toscane), mais aussi des territoires du Saint-Empire romain, ou placés sous son influence directe, furent initialement appelés à organiser les camerae de la monnaie et les mines du royaume. En possession des technologies productives les plus avancées et très souvent détenteurs de richesses sous forme de capitaux à investir dans les territoires hongrois, un grand nombre de ces techniciens firent fortune grâce au commerce et au prêt d’argent, soit personnellement soit comme agents d’une ou de plusieurs sociétés de leur patrie d’origine. Leur client le plus important fut la Couronne qui, en contrepartie de leur expertise, leur accordait par adjudication les offices les plus prestigieux, comme le recouvrement de certaines contributions, la location des douanes, l’exploitation des mines, le contrôle de la camera, de la monnaie et de l’activité monétaire hongroise. Ces experts décidèrent très souvent de s’établir de manière permanente dans les villes hongroises en tissant des liens matrimoniaux habiles avec les familles locales les plus influentes (elles aussi intéressées à élargir leurs propres relations économiques et sociales), bénéficiant ainsi d’un accès aux conseils municipaux, leur permettant dans certains cas d’y exercer les charges les plus élevées.
8C’est précisément durant cette période que l’expertise des Italiens parvint — ou contribua — à la réalisation d’une série de profondes réformes politiques et institutionnelles, voulues par le premier souverain d’Anjou, Charles-Robert. Grâce à une rationalisation et une meilleure utilisation des ressources disponibles, par la restructuration et la modernisation du système monétaire, de l’industrie minière et des structures douanières, fiscales et bureaucratiques du pays, Charles-Robert fut capable de réorganiser le royaume de Hongrie en un temps relativement court. Il est indéniable que les innovations politiques et économiques réalisées par les Angevins furent d’une telle ampleur et d’une telle complexité qu’elles supposaient l’intervention de « techniciens spécialisés » provenant des territoires italiens, ou allemands, de Nuremberg surtout7. Rappelons qu’après une série de réformes complexes dans le domaine monétaire, à partir de 1325 environ, effectuées en même temps que la réorganisation des frappes d’argent, Charles-Robert ordonna l’émission de florins d’or hongrois « ad modum florenorum Florenciae sed aliquantulum ponderatiores8 », c’est-à-dire avec une valeur et une apparence presque identiques à ceux émis par Florence, mais légèrement plus lourds que ces derniers en raison de la différence dans le degré de pureté des deux monnaies. Étalon fort, le florin d’or hongrois acquit bientôt un crédit important sur les places d’Europe centrale et orientale et conserva une bonne stabilité jusqu’à la fin de l’époque médiévale9.
9Dans ce contexte, les marchés hongrois encore peu actifs offraient des occasions favorables d’investissement au marché européen alors en difficulté ; ainsi, pendant la domination du second souverain angevin, Louis Ier le Grand (1342-1382), les rapports avec la péninsule italienne, en particulier avec Florence, connurent un nouvel essor10. Les spécialistes italiens arrivaient avec leur double qualité d’opérateurs commerciaux et d’experts financiers. Au moins depuis 1349, les frères Jacopo et Giovanni Saraceno de Padoue étaient chargés des opérations de frappe par la Couronne. Grâce à leur influence à la cour aux environs de 1370, les premiers entrepreneurs florentins importants apparurent à Buda. Parmi eux, on peut mentionner Bonaccorso Pitti dont les mémoires fournissent un tableau intéressant du rôle de ces entrepreneurs11. En 1376, Bonaccorso entreprit un voyage en Hongrie en qualité de garçon du marchand Matteo dello Scelto Tinghi, qui fut plusieurs fois ambassadeur de Florence, membre des prieurs en 1396 et en 1402 et allié de la puissante famille florentine des Albizzi. Il quitta Venise après avoir acheté une cargaison de safran pour une valeur de 1 000 ducats d’or12. Bonaccorso et Matteo débarquèrent à Segna pour continuer vers Buda, en passant par Zagreb et Székesfehérvár. En ville, Matteo « vendè il detto zafferano e guadagnonne mille ducati13 », tandis que Bonaccorso tomba malade et, contraint pendant quelque temps de rester alité, il fut l’hôte de la maison de Michele Marucci, déjà établi à Buda, lui aussi marchand et facteur de plusieurs compagnies florentines. Encore convalescent, Bonaccorso ne renonça pas à se rendre au domicile de Bartolomeo de Guido Baldi de Florence, « maestro della moneta di Buda per lo re14 », où l’on se réunissait souvent pour les jeux d’argent. Bonaccorso gagna une somme importante et, avant d’entreprendre le voyage de retour vers l’Italie, il décida d’investir cet argent dans l’acquisition de six chevaux hongrois. En effet, si sur le marché local leur prix était très avantageux, sur les marchés occidentaux, où leur réputation et leurs qualités en faisaient des biens de prestige, il pensait pouvoir en tirer un plus grand profit. Sur le trajet du retour, Bonaccorso perdit un cheval, en offrit un, en vendit deux autres et laissa au jeu une partie de la somme qu’il avait gagnée ; malgré tout, il revint à Florence avec deux bêtes, 100 florins d’or et la grande satisfaction d’avoir réalisé une excellente affaire15. Nous ne possédons malheureusement pas de données chiffrées précises et les propos du marchand florentin doivent être considérés avec prudence.
10Au cours de la dernière année de son règne, Louis Ier donna son accord au lancement d’une societas associant, entre autres, les Portinari et les Medicis. Celle-ci était destinée à exploiter les mines de cuivre hongrois et disposait d’importantes ressources financières ainsi que d’une main-d’œuvre qualifiée dont les compétences étaient reconnues dans toute l’Europe.
11Les événements mentionnés jusqu’ici, ainsi que beaucoup d’autres épisodes identiques, confirment que, au xive siècle, le royaume de Hongrie restait une zone plutôt marginale pour les intérêts économiques des Florentins et des Toscans, des Vénitiens ou des marchands de Vénétie, même s’il était considéré comme un pays riche d’opportunités, où il était possible de réaliser des profits considérables, malgré les risques connexes que représentaient les distances à parcourir, souvent sur des territoires en guerre, difficultés propres au transfert d’informations et d’argent. De même, le rôle et l’effort des autorités publiques pour favoriser l’arrivée des experts italiens et tirer avantage de leurs compétences économiques et financières sont évidents : leurs services étaient récompensés par l’adjudication des offices les plus importantes du royaume16.
12Pour renforcer nos affirmations, notons que le nombre des Italiens — en particulier des Florentins et des Toscans — devint de plus en plus important au cours des années suivant le décès de Louis Ier, aussi bien au cours du règne de sa fille Marie d’Anjou (1382-1395), néanmoins très en retrait de la scène politique, que lors de la longue domination de son époux Sigismond de Luxembourg (1387-1437), héritier de la couronne de Hongrie, roi d’Allemagne (de 1410 à sa mort) et de Bohême (à partir de 1419) et empereur romain germanique (à partir de 1433). Nous savons que l’un des motifs d’opposition entre Sigismond et la nobilitas hongroise était la considération excessive que le roi avait pour un très grand nombre de personnages d’origine étrangère, surtout italienne et allemande, qui fréquentaient la cour de Buda. Il favorisait leur ascension politique et économique en leur accordant de grands honneurs, d’importantes charges administratives et, dans de nombreux cas, en allant jusqu’à leur offrir un titre nobiliaire. Bien entendu, la bienveillance de Sigismond n’était pas dictée par le hasard : elle naissait de la volonté de s’entourer et de se servir des « professionnels » les plus compétents dans le domaine politique, économique et culturel. Les choix politiques, économiques et commerciaux du roi de Hongrie furent caractérisés par des décisions identiques, privilégiant les contacts avec la péninsule italienne, les Habsbourg et le Saint-Empire romain17.
13La Chambre royale fut ainsi administrée par les Florentins jusqu’en 1390, date à laquelle leurs furent adjoints des opérateurs de Nuremberg ; par ailleurs, en 1394, Sigismond confia la gestion des activités minières de tout le royaume aux Allemands Ulrico Kamerer et Marcus, son associé. Les Florentins n’obtinrent de nouvelles faveurs du roi qu’en 1410, lorsque Sigismond opta pour la centralisation des finances royales dans les mains du Florentin Filippo Scolari, qui conserva cette charge jusqu’à sa mort en 1426. Puis, à partir de 1430, l’administration centrale fut confiée à une famille de marchands originaire de Raguse, les Talovac, et aux Bardi de Florence : Agnello, facteur des Medicis sur les terres hongroises, son frère Onofrio, ou Nofrio, en activité à Buda depuis la fin du xive siècle, puis familiaris de Filippo Scolari, Leonardo, l’un des fils d’Onofrio, naturalisé sous le nom hongrois de Noffry, qui obtint un titre nobiliaire et resta l’un des principaux bailleurs de fonds de la Couronne18.
14L’exemple le plus significatif de l’incroyable montée politique et économique des experts marchands-entrepreneurs italiens dans le royaume de Hongrie est, sans aucun doute, représenté par les vicissitudes du Florentin Filippo Buondelmonti degli Scolari, connu aussi comme Pipo Ozorai ou d’Ozora (en Hongrie) et Pippo Spano (en Italie). Originaire de Tizzano, où il naquit en 1369, Filippo arriva pour la première fois sur les terres de saint Étienne en 1382, en qualité de facteur de Luca della Pecchia, un riche marchand qui exportait des articles de luxe occidentaux auprès de la cour de Demetrio Kaplai, archevêque d’Esztergom et primat de Hongrie. Après avoir fait preuve de ses compétences commerciales et, en particulier, de son aptitude à régler les questions mathématiques, Filippo fut engagé en qualité d’administrateur de la Chambre archiépiscopale. La maîtrise professionnelle du Florentin fut rapidement remarquée, au point que ses services furent très vite réclamés par Sigismond de Luxembourg en personne. À la cour, Filippo se révéla être un habile administrateur : il occupa la fonction de responsable général des bureaux de la camera de la monnaie (en 1398), des mines royales de sel (en 1401) et de trésorier (1407-1408). Il se distingua aussi comme homme politique et homme d’armes auprès du roi. Celui-ci lui confia à plusieurs reprises les troupes engagées sur les frontières occidentales et orientales du royaume. Il parvint ainsi jusqu’au commandement suprême de l’armée royale. En échange de ses services, Filippo obtint les comitates de Temes, Arad, Krassó, Keve, Csanád, Csongrád, Zaránd, Fejér et de nombreux autres honneurs. Il fut plusieurs fois ambassadeur auprès de la République de Florence et accompagna Sigismond au concile de Constance, où il connut Poggio Bracciolini, à son tour propagateur de la notoriété de Scolari dans sa patrie. Il s’inséra finalement dans la grande nobilitas du royaume et épousa Barbara d’Ozora, issue d’une riche et noble famille hongroise. Le Florentin fut aussi un mécène et, grâce à son action, la culture de la Renaissance italienne se propagea dans le royaume de Hongrie. Pour décorer le château de famille, il fit ainsi appel à Masolino da Panicale qui travaillait en Hongrie entre 1425 et 1427. Filippo Scolari mourut à Lipova le 27 décembre 1426, dans l’attente d’une nouvelle expédition contre les Turcs sur les terres de Valachie, au sud des Carpates, et il fut enterré dans l’église cathédrale de Székesfehérvár, sépulture des rois de Hongrie. Sa renommée fut telle que, entre 1449 et 1451, Andrea del Castagno l’inclut dans son célèbre ensemble pictural des Hommes et femmes illustres19.
15Grâce à la médiation de Filippo Scolari, de nombreux Florentins et quelques Toscans obtinrent non seulement une protection pour la gestion de leurs affaires, mais aussi d’importantes charges politiques et économiques dans tout le royaume de Hongrie. Ils purent ainsi acquérir des positions de prestige considérables en qualité de familiares de Sigismond de Luxembourg. À Buda, on note la présence de nombreuses familles liées à l’extraction de sel, d’or, d’argent et de fer, à la camera de la monnaie ou encore au prêt, qui ont été aussi très dynamiques dans le commerce entre la Toscane et la Hongrie à travers Venise, où l’on connaît certains de leurs représentants et associés. Parmi eux, les Melanesi de Prato, dont quelques membres s’établirent sur les terres hongroises, devinrent nobiles et furent chargés de différentes missions en qualité d’ambassadeurs royaux. D’autres, comme les Carnesecchi-Fronte, engagés dans des opérations de crédit et de commerce, et les Corsini, moins chanceux que les premiers et assez vite contraints à retourner dans leur patrie, connurent des fortunes diverses et moins éclatantes que celle des Scolari. Leur cousin, Andrea, accéda à l’épiscopat et occupa le siège d’Oradea entre 1423 et 1426. Son successeur, Giovanni Melanesi, ne l’occupa qu’en 142620.
16La disparition de Filippo Scolari marqua un moment difficile pour le destin et les intérêts des Toscans et des opérateurs provenant de la péninsule italienne. Au cours du xve et surtout au xvie siècle, les témoignages disponibles sur ces opérateurs augmentent cependant de manière considérable. Nombre d’Italiens en activité sur les terres hongroises étaient toujours d’origine toscane, et ils résidaient en majorité à Buda d’où ils contrôlaient un vaste réseau d’échanges. Ils prêtaient des sommes considérables à la Couronne et aux plus hautes autorités du pays, recevant par adjudication l’encaissement des contributions, l’administration des camerae de la monnaie ou des mines royales et d’autres bureaux royaux importants en contrepartie. Le personnage le plus représentatif fut certainement Raggione Bontempi, veteranus ac specialis amicus de la Couronne et représentant, dans le royaume hongrois, de la maison Nerli de Florence, qui opéra entre 1486 et 1488 et jusqu’en 1528, en se servant de nombreux agents qui, à leur tour, assuraient les fonctions de marchands, de collecteurs, de prêteurs ou de locataires indépendants. Parmi les familiares de Raggione se trouvaient Pietro Pitti, alias Martellini, Felice da Firenze et Antonio da Firenze. Francesco da Firenze, Antonio da Venezia, Giacomo Grisoni da Venezia, Fausto Guai da Roma, parmi d’autres, agissaient de manière autonome jusqu’à la deuxième moitié du xvie siècle21.
17Dès le début du xvie siècle, à côté de ces activités politiques et financières, les Italiens trouvaient dans le commerce du bétail hongrois des occasions d’investissement faciles, avec des profits élevés. Ce secteur devint bientôt l’un de ceux qui présentaient le plus d’intérêt pour les opérateurs italiens, cette fois surtout originaires de Venise ou de Vénétie. Alors que les exportations en direction des marchés autrichiens et allemands étaient réglées à travers la stipulation de contrats individuels entre les marchands occidentaux et hongrois, celles destinées aux régions italiennes étaient gérées à travers le système de l’adjudication unique. Un unique marchand, seul ou associé, obtenait le monopole seulement après avoir versé des sommes considérables d’argent aux autorités des Habsbourg. Celles-ci tentaient alors de concentrer les affaires sur la place de Vienne et parfois sur les places turques, elles aussi intéressées par le bétail, ou même les places transylvaniennes qui réglaient le transit des troupeaux provenant des régions moldaves et vénitiennes vers l’ouest. Ces marchands, grâce à de tels accords, tentaient d’organiser, de garantir et de réguler les approvisionnements de Venise. Les sources mentionnent les noms de certains d’entre eux : Zuan Pastor, Hongrois de nation florentine, en 1513 ; Francesco Cigogna, entre 1559 et 1565, de nouveau en 1572 et entre 1592 et 1594 ; le Bergamasque Nicolino Martinoni da Riva et ses associés, entre 1565 et 1570, de nouveau entre 1586 et 1592 ; et Iseppo de Francesco, entre 1570 et 1572, entre autres22.
18Les domaines de saint Étienne étaient très vastes et les experts italiens ne s’arrêtèrent pas seulement à Buda. La Transylvanie offre de nombreux exemples d’un intérêt considérable, car c’est un territoire aux frontières orientales du royaume, riche en ressources minières (or, argent, fer, cuivre et sel) et privilégié par sa position géographique de carrefour entre les voies de communication et d’échanges les plus importantes entre l’Occident, l’Orient et le monde musulman23. Cette région atteint une prospérité économique tout à fait considérable grâce aux activités d’extraction minières et au commerce à courte et longue distance. Ici, les techniciens et les spécialistes italiens furent appelés pour organiser les mines et les camerae de la monnaie locales ou pour leur qualité de collecteurs en faveur de la Couronne, mais ils ne dédaignèrent pas de s’engager personnellement dans d’autres activités à caractère commercial et financier. Nombreux furent ceux qui décidèrent de s’établir dans les villes prospères de Transylvanie24. Entre la fin du xive et le début du xve siècle, Sigismond de Luxembourg assigna au Florentin Matteo Baldi l’administration des salines d’Ocna Sibiului et de la principale camera de la monnaie de Transylvanie à Sibiu25. Des informations plus précises remontent au mois d’avril 1408 où, grâce à la médiation de Filippo Scolari, Matteo put acheter un immeuble dans le grossen ring citadin de Sibiu, siège des plus grands marchands et intermédiaires financiers. Par le biais d’une habile politique matrimoniale, Matteo Baldi s’inséra dans le groupe dirigeant de la première ville transylvanienne : il épousa Dorothea Goldschmidt, fille de Giacomo, magister civium de Sibiu en premières noces ; il s’unit à Katharina Henning, fille de Johannes, greav et iudex regius de la même ville et membre de l’une des plus anciennes et prestigieuses familles locales en secondes noces26. En outre, Matteo investit des sommes considérables pour acheter des propriétés dans les centres d’Abrud et d’Aiud à travers lesquels passait la voie qui reliait la riche zone minière de Rimetea aux plaines du Mureş, ce qui laisse penser qu’il avait des intérêts dans les activités d’extraction du fer des monts Apuseni27.
19En Transylvanie, les Italiens continuèrent à être très actifs aussi après la disparition de Sigismond de Luxembourg en 1437. Il suffit de citer la societas formée en 1456 entre Cristoforo de Florence, Nicola de Wagio et Osvaldo Wenzel. Le premier fut comes camerarius monetarum et Premier collecteur royal du voïvode de Transylvanie et gubernator, Giovanni Hunyadi, puis du roi de Hongrie, Matthias Corvinus, exerçant à Sibiu, Braşov, Sighişoara, Cluj et Baia Mare entre 1443 et 1468. Le second, qui est peut-être le fils de Matteo Baldi lui-même, est nommé dans d’autres documents Waldo. Le troisième fut magister civium de Sibiu. Tous les trois étaient responsables de la camera de la monnaie de Sibiu et avaient le monopole sur l’acquisition des métaux précieux des mines de Baia de Arieş et de Zlatna, et le contrôle presque total sur l’or et l’argent des mines transylvaniennes28. Les Italiens — en particulier les Florentins — impliqués dans ce type d’activités étaient nombreux : les sources transylvaniennes mentionnent Papia Manin de Florence qui opérait en 1427 et entre 1439 et 1448, Giovanni Italico en 1441, Edoardo Italico en 1448 et Angelo da Firenze en 145829. À la fin des années 1460, Gaspare Italico était quant à lui engagé dans le commerce des épices entre la Valachie et la Transylvanie avec un civis saxon de Braşov et quatre Grecs. Il fut cependant accusé d’utiliser de fausses lettres de crédit30. Hormis les difficultés dues aux méthodes illicites, les trafics entre les deux versants des Carpates étaient des plus rentables. Les sources du xvie siècle signalent de nombreuses entreprises commerciales gérées avec des participations italiennes d’importance différente et avec des relations dans les milieux politiques des plus hauts niveaux, comme par exemple l’Italien Giovanni et son associé Geronimo de Târgovişte qui, en 1500, étaient engagés dans le commerce de tissus31 ; Vincenzo di Giacomo, assisté de Drăghici de Moldavie qui, entre 1520 et 1521, s’intéressa à l’achat et à la vente de bétail32 ; Giovanni Dilansi qui, en 1535, importait en Transylvanie des produits agricoles, du vin et du poisson, en utilisant des facteurs de Valachie et en se servant des laissez-passer du voïvode valaque33 ; Antonio da Venezia qui, en 1549, exportait dans les régions au-delà des Carpates des marchandises variées34 ; Pierfrancesco Perusini de Milan qui, en 1563, obtint du prince de Transylvanie, Giovanni Sigismondo Zápolya (1540-1571), un saufconduit pour ses propres trafics35, et enfin Gaspare Mazza, marchand de Vénétie qui opérait entre le xvie et le xviie siècle, mentionné en qualité de représentant et agent de certains riches marchands vénitiens, résidents à Istanbul, ou engagé personnellement dans les échanges commerciaux entre la zone danubienne, l’empire ottoman et Venise36.
20Certains de ces « experts » décidèrent de s’établir en Transylvanie. Les documents de la deuxième moitié du xve siècle dressent la liste des descendants du susnommé Cristoforo de Florence : son frère ou parent Francesco, à son tour résident à Cluj, intéressé par le commerce du vin, possesseur d’un nombre important d’immeubles et peut-être d’une petite banque, avec des liens de parenté avec le magister civium de Sibiu, Nicola Aurifaber, et ses trois enfants Paolo, Barbara et Margherita. Durant ces années-là, la famille s’appliqua à garder le contrôle des propriétés immobilières accumulées à Sibiu, menacées de confiscation en raison de sa situation financière difficile et en particulier de ses dettes devenues insoutenables37. Toujours pour cette période, sont mentionnés Zanobi da Firenze, gendre du riche greav et iudex regius de Sebeş, Nicola Zaz, impliqué dans l’extraction de l’or transylvanien, et ses fils Antonio et Nicola « Zanobi alias Proll » de Sibiu (apparaissant tous deux dans les registres locaux des impôts et élus au Conseil citadin)38. Nicola Proll fut iudex sedis, en 1494 et en 1495, comes camerarius regius, de 1496 à 1499, avec la responsabilité de la camera de la monnaie citadine et de tout le complexe des mines de sel transylvanien et magister civium, en 1498 et en 149939 ; en outre, il fut actif dans l’industrie des mines d’argent de Rodna et dans le commerce prospère entre la Transylvanie et la Valachie, en échangeant surtout des articles de luxe de provenance occidentale avec les épices orientales, à travers un large réseau d’intermédiaires locaux40. Ce Transylvanien d’origine toscane accumula une grande fortune en argent et en bijoux, ainsi que de nombreuses propriétés immobilières entre Sibiu, Sebeş, Aiud et Cluj41, et ses descendants sont évoqués jusqu’à la moitié du xvie siècle42.
21Il va de soi que les Italiens n’étaient pas « experts » dans les seuls domaines du commerce et des finances. Ils étaient très recherchés pour leurs capacités techniques, et donc sollicités pour produire des ouvrages de qualité supérieure à ceux réalisés par les populations locales, cela dans des conditions avantageuses pour eux. Les sources du xvie siècle mentionnent des maîtres vitriers provenant certainement de Venise et chargés à la fois de fabriquer selon les modèles italiens et d’enseigner leur art à la main-d’œuvre locale. Alessandro Morosini, par exemple, travailla à la requête du prince Étienne Báthory43 dans la verrerie de Râşnov, aux environs de la ville transylvanienne de Braşov ; des drapiers et des teinturiers florentins furent aussi embauchés pour organiser et améliorer la production à travers un système de manufactures décentrées, bien que cela n’aboutît qu’à des résultats médiocres. Antonio Morosini da Firenze et Stefano di Pietro, tinctor et praefectus pannificum italorum, furent actifs dans la ville transylvanienne de Sibiu44. Des tailleurs de pierre, des maçons et des architectes, organisés souvent en petites societates apparaissent également. Ils sont embauchés par les autorités centrales, les conseils urbains, ou par des personnages riches pour l’entretien ou la réalisation de structures publiques et privées, des systèmes de défense urbaine aux bains publics jusqu’aux résidences de prestige édifiées selon le goût italien45.
22Dans ce contexte, les opérateurs italiens étaient appelés en Hongrie non seulement pour satisfaire la demande croissante, de la part des classes dominantes locales d’articles de luxe occidental (surtout des tissus et des joyaux), mais aussi pour réaliser, à travers leur « haute spécialisation », les réformes économiques nécessaires (administratives et monétaires). Certains d’entre eux, après être arrivés en Hongrie en qualité de marchands, de facteurs ou « d’entrepreneurs », entraient au service de la Couronne, de quelques nobilis ou de hauts prélats locaux, et allaient jusqu’à s’engager dans des carrières politiques ou ecclésiastiques de grand prestige pour accéder parfois au plus haut degré de la nobilitas du royaume. Il était également possible de s’établir dans les villes du royaume et de nouer d’importantes relations économiques et sociales, de contracter des alliances de mariage avec les principales familles dominantes dans les différents centres urbains, et d’obtenir ainsi sa naturalisation. Celle-ci permettait d’accéder aux charges municipales les plus prisées. Du reste, c’était dans l’intérêt de ces mêmes familles nobiliaires, ou des groupes hégémoniques urbains, que de nouer des alliances matrimoniales avantageuses avec ces personnages d’origine étrangère, italienne ou allemande, habituellement dotés d’importants capitaux, capables d’une mobilité remarquable et ayant de vastes relations politiques jusqu’au niveau de la Cour.
23Le rapport de réciprocité entre l’économie et la politique est donc évident et l’on doit y prêter une attention particulière. Entre la fin du xiiie et le début du xive siècle, à une époque de réorganisation du royaume, la couronne de saint Étienne apprécia à sa juste valeur le potentiel offert par les Italiens pour leurs capacités économiques et financières. À leur tour, les Italiens présents sur les terres hongroises furent parfaitement conscients du fait que le seul moyen susceptible de donner suite à leurs propres aspirations économiques — et, dans certains cas, même politiques et sociales — était de soutenir l’autorité de la couronne dont dépendait leurs privilèges.
24Les relations qui lièrent la couronne de Hongrie aux Italiens furent donc complexes et, pour aller à l’essentiel, elles s’accomplirent selon un mécanisme de « solidarité et de consentement réciproque », c’est-à-dire dans un soutien commun, dont le but manifeste était de défendre les intérêts spécifiques de chacun. L’exclusion des minorités engagées dans les services économiques et financiers, comme les juifs, les Lombards dans les Flandres, et souvent aussi les Florentins, avec confiscation éventuelle de leurs biens, peut être interprétée comme la volonté d’éliminer les concurrents potentiels dépourvus d’alliances et de protections politiques, mais peut être aussi interprétée comme le besoin de remplacer un know-how arriéré, en bénéficiant de nouvelles compétences, des connaissances et une certaine maîtrise opérationnelle. C’est précisément ce qui se produisit sur les terres hongroises au moment du passage des Árpád aux Anjou, lorsque les juifs, les Byzantins et les musulmans, jusque-là appelés et employés dans l’administration du royaume, parce qu’ils étaient reconnus comme des experts adroits dans la gestion économique, furent chassés pour être remplacés par les Italiens, dépositaires de techniques plus modernes et raffinées, considérées par l’autorité du roi comme nécessaires à la modernisation du royaume. Ce rapport particulier se révéla essentiel pour le progrès politique ultérieur et pour la croissance économique du royaume de Hongrie qui, en peu de temps, réussit à augmenter significativement ses relations dans le milieu international et à s’insérer de façon cohérente dans les domaines politique, économique et social de l’Europe moderne, en conservant néanmoins ses caractéristiques de périphérie.
Noms des villes citées en français, roumain, hongrois et allemand
Français / Roumain | Hongrois | Allemand |
Abrud | Abrudbánya | Grossschlatten |
Aiud | Nagyenyed | Grossenyed |
Baia de Arieş | Aranyosbánya | Offenburg |
Baia Mare | Nagybánya | Frauenbach |
Bistritţa | Beszterce | Bistritz |
Braşov | Brassó | Kronstadt |
Cluj | Kolozsvár | Klausenburg |
Ocna Sibiului | Vizakna | Salzburg |
Rimetea | Torockó | Eisenburg |
Sebeş | Szászsebes | Mühlbach |
Sibiu | Nagyszeben | Hermmanstadt |
Sighişoara | Segesvár | Schässburg |
Zlatna | Szász-Zalatna | Kleinschlatten |
Notes de bas de page
1 N. Berend, At the Gate of Christendom, pp. 110-148. Une dernière attaque mongole est enregistrée en Moldavie et en Maramureş en 1717 (I.-A. Pop, Romanians and Hungarians, p. 172).
2 Sur la démographie des terres hongroises, avec différents points de vue, voir I. Szabó, « Magyarország népessége », pp. 97-98 ; E. Fügedi, « The Demographic Landscape », p. 53 ; P. Engel, The Realm of St. Stephen, pp. 328-330 ; plus récemment, la récolte d’essais Historische Demographie Ungarns.
3 L. Mákkai, « Der ungarische Viehhandel » ; V. Zimányi, « Esportazione di bovini Ungheresi » ; U. Tucci, « L’Ungheria e gli approvvigionamenti » ; L. Żytkowicz, « Trends of agrarian economy in Poland, Bohemia and Hungary », pp. 73-80 ; I. N. Kiss, « Agricultural and livestock production » ; P. Sárközy, « Mercanti bovini » ; voir I. Blanchard, « The Continental European Cattle Trades ».
4 G. Székely, « Niederländische und englische Tucharten » ; S. Goldenberg, « Commercio, produzione e consumo dei panni di lana » ; L. Mákkai, « Commerce et consommation de draps de laine » ; l’importance du secteur textile dans l’économie hongroise est mise en évidence dans W. Endrei, A textilipari technikák termelékenységének története.
5 Pour l’organisation du marché hongrois à l’époque médiévale et moderne et ses rapports d’échange avec l’Europe, voir Zs. P. Pach, « Levantine Trade and Hungary » ; Id., « Le commerce du Levant et la Hongrie » ; Id., « La politica commerciale di Luigi d’Angiò ». Beaucoup d’études de ce spécialiste hongrois ont été récemment recueillies dans Id., Hungary and the European Economy. Voir P. Engel, The Realm of St. Stephen, pp. 345-371, avec une autre bibliographie.
6 A. Fara, « Attività di carattere imprenditoriale ».
7 G. Kristó, « Les bases du pouvoir royal » ; I. Petrovics, « The Kings, the Towns and the Nobility ».
8 D. Huszti, « Mercanti italiani in Ungheria », p. 22, note 1.
9 B. Hóman, A magyar királyság pénzügyei és gazdaságpolitikája Károly Róbert korában ; Id., Gli Angioini di Napoli, pp. 120-283 ;G.Kristó, « Hungary in the Age of the Anjou Kings »; Ch. Higounet, Les Allemands en Europe centrale et orientale, pp. 202-203 ; E. Rüsz Fogarasi, « Relaţiile aşezărilor urbane din Transilvania » ; A. Papo, G. Németh PApo, Storia e cultura dell’Ungheria, pp. 156-157 ; P. Engel, The Realm of St. Stephen, pp. 153-156 ; A. Fara, « Le riforme politiche ed economiche di Caroberto d’Angiò » ; P. Engel et alii, Histoire de la Hongrie médiévale, pp. 48-53.
10 Voir, entre autres, A. Fara, « Il conflitto e la crescita ».
11 B. Pitti, « Ricordi », pp. 366-368.
12 Pour quelques indications sur le commerce du safran dans le royaume de Hongrie, voir A. Petino, Lo zafferano nell’economia, pp. 24, 31, 39, 58 et 139. Entre le xiiie et le xve siècles l’escale du Segna eut un rôle important dans les échanges commerciaux entre les deux rives de la mer Adriatique (Z. Teke, « Il porto di Segna come impresa economica »).
13 B. Pitti, « Ricordi », pp. 366-368.
14 Ibid.
15 Ibid.
16 Dans les textes, les termes employés en latin et en vernaculaire pour « adjudication » sont variés. D. Huszti, « Mercanti italiani in Ungheria », pp. 20-27 et 31-38 ; V. Branca, « Mercanti e librai fra Italia e Ungheria », pp. 336-337 ; H. Kellenbenz, « Gli operatori economici italiani » ; B. Dini, « L’economia fiorentina e l’Europa centro-orientale » ; Z. Teke, « Operatori economici fiorentini in Ungheria » ; K. Arany, « Firenzei kereskedők, bankárok és hivatalviselők ».
17 La complexe figure de Sigismond de Luxembourg a été objet d’un numéro impressionnant d’études, parmi lesquelles on peut consulter E. Mályusz, Die Zentralisationsbestrebungen König Sigismunds ; J. K. Hoensch, Kaiser Sigismund ; I. Takács (éd.), Sigismundus rex et imperator ; pour une synthèse des relations avec la République de Florence voir, G. Németh et A. Papo, « Firenze e l’Ungheria all’epoca di Sigismondo ».
18 En général, sur les étrangers dans le royaume de Hongrie, voir P. Engel, The Realm of St. Stephen, pp. 211-214.
19 G. Canestrini, « Discorso sopra alcune relazioni della Repubblica Fiorentina » ; D. Huszti, « Mercanti italiani in Ungheria », pp. 36-37 ; G. Lăzărescu et N. Stoicescu, Ţarile Române şi Italia, pp. 61-66 ; I. Haţegan, « Banatul i începuturile luptei antiotomane » ; id., « Filippo Scolari i Iancu de Hunedoara » ; Id., Filippo Scolari, un condotier italian ; P. Engel, « Ozorai Pipo » ; F. Cardini, « Pippo Spano nell’Ungheria umanistica » ; A. Papo et G. Németh Papo, Pippo Spano. Un eroe antiturco.
20 K. Arany, « Success and Failure » ; Eadem, « Siker és kudarc » ; Eadem, « Firenzei kereskedők, bankárok és hivatalviselők Magyarországon » ; Z. Teke, « Firenzei kereskedőtársaságok, kereskedők Magyarországon », pp. 195-198 ; R. Nuti, « Un mercante pratese in Ungheria ».
21 S. Goldenberg, « Notizie del commercio italiano in Transilvania », pp. 257-260 ; B. Dini, « L’economia fiorentina e l’Europa », pp. 643 et 648-649 ; voir l’étude plus récente de Z. Teke, « Egy firenzei keresked a Jagelló-korban ».
22 L. Mákkai, « Der ungarische Viehhandel » ; V. Zimányi, « Esportazione di bovini Ungheresi » ; U. Tucci, « L’Ungheria e gli approvvigionamenti ».
23 Pour désigner les localités transylvaniennes nous avons utilisé le toponyme contemporain afin d’éviter les répétitions superflues des mêmes noms en roumain (langue qui exprime une bonne partie des toponymes d’aujourd’hui), hongrois (langue du royaume de Hongrie dont la Transylvanie fit partie aux époques médiévale et moderne), allemand (langue des influentes communautés saxonnes locales) et latines (langue officielle de la documentation de la période médiévale). Pour les correspondances entre les différentes formes, voir le tableau des équivalences en fin d’article, p. 218. Pour une identification plus précise des localités transylvaniennes, outre la carte des principales routes commerciales de Hongrie, p. 219 de cet article, voir C. Suciu, Dicţionar istoric al localităţilor din Transilvania ; T. Nägler, Aşezarea Saşilor în Transilvania, pp. 262-270 ; O. Mittelstrass, Historisch-Landeskundlicher Atlas von Siebenbürgen ; H. mEschendörfer et O. Mittelstrass, Siebenbürgen auf alten Karten ; H. Fabini, Atlas der siebenbürgisch-sächsischen Kirchenburgen ; H. Roth, Historische Stätten.
24 Pour une plus ample étude, voir A. Fara, « Italici in Transilvania » ; pour les autres territoires du royaume de Hongrie, voir T. Raukar, « I fiorentini in Dalmazia » ; N. Budak, « I fiorentini nella Slavonia e nella Croazia » ; S. Goldenberg, « Italieni şi ragusani în viaţa economică » ; et, d’un intérêt considérable, M. Moroni, « Mercanti e fiere tra le due sponde dell’Adriatico », pp. 57-62.
25 K. G. Gündisch, « Patriciatul din Sibiu », p. 134. Une relation de parenté entre Nofrio et Leonardo Bardi, résidents à Buda, et Matteo Baldi, résident à Sibiu, est seulement une hypothèse (voir K. G. Gündisch, Das Patriziat siebenbürgischer Städte, pp. 239-241, note 17).
26 Urkundenbuch zur Geschichte der Deutschen in Siebenbürgen (ci-après Urkundenbuch), III, n° 1613, p. 460 (8 avril 1408) ; n° 1650, pp. 500-501 (13 décembre 1410) ; G. Seiwert, « Die Brüderschaft des heiligen Leichnams », p. 316 ; K. G. Gündisch, « Patriciatul din Sibiu », p. 134.
27 Urkundenbuch, IV, n° 1874, pp. 116-117 (22 décembre 1419) ; K. G. Gündisch, « Patriciatul din Sibiu », pp. 134-135.
28 Urkundenbuch, V, n° 3047, pp. 548-549 (30 octobre 1456) ; n° 3048, p. 549 (31 octobre 1456). Pour la parenté entre Matteo Baldi (de Waldo) et Nicola de Wagio, voir K. G. Gündisch, Das Patriziat siebenbürgischer Städte, p. 241, note 17. Pour l’activité de Cristoforo da Firenze, rappelé dans le document de 1446 avec Antonio da Firenze, voir Urkundenbuch, V, n° 2460, p. 116 (6 juin 1443) ; n° 2466, pp. 120- 121 (29 septembre 1443) ; n° 2550, pp. 175-176 (23 août 1446) ; n° 2556, p. 179 (28 octobre 1446) ; n° 2562, p. 184 (22 décembre 1446) ; n° 2598, p. 210 (30 août 1447) ; Urkundenbuch, VI, n° 3104, pp. 4-5 (7 février 1458) ; n° 3106, p. 6 (19 février 1458) ; n° 3107, p. 6 (3 mars 1458) ; n° 3321, pp. 145-146 (24 avril 1463) ; n° 3383, pp. 186-187 (12 juin 1464) ; n° 3621, pp. 341-342 (13 juin 1468).
29 Pour Papia Manin da Firenze, voir Urkundenbuch, IV, n° 1995, pp. 273-274 (20 février 1427) ; Urkundenbuch, V, n° 2335, pp. 25-26 (16 mars 1439) ; n° 2398, p. 69 (16 janvier 1441) ; n° 2403, pp. 73-74 (7 mars 1441) ; n° 2528, pp. 163-164 (6 février 1446) ; n° 2654, p. 260 (12 août 1448). Pour Giovanni Italico (avec Papia Manin), voir Urkundenbuch, V, n° 2398, p. 69 (16 janvier 1441) ; n° 2403, pp. 73-74 (7 mars 1441). Pour Edoardo Italico, voir Urkundenbuch, V, n° 2655, pp. 260-261 (15 août 1448) et pour Angelo da Firenze Urkundenbuch, VI, n° 3138-3139, pp. 27-28 (20 et 24 août 1458).
30 Urkundenbuch, VI, n° 3753, pp. 425-426 (8 novembre 1469).
31 Quellen zur Geschichte der Stadt Hermannstadt (ci-après QGSH), I, p. 287 (12 mai 1500).
32 E. Hurmuzaki, Documente privitoare la istoria românilor, t. XV-1, n° 447, p. 248 (10 septembre 1520) ; Quellen zur Geschichte der Stadt Kronstadt (ci-après QGSK), I, p. 367 (26 novembre 1521) ; p. 368 (5 décembre 1521) ; S. Goldenberg, « Notizie del commercio italian° in Transilvania », p. 262.
33 QGSK, II, p. 416 (22 juillet 1535) ; p. 417 (13 août 1535).
34 S. Goldenberg, « Italieni şi ragusani în viaţa economică », p. 597 note 8.
35 Arhivele Naţionale ale României (ci-après ANR), Direcţie Judeţeană Cluj, Fond Primăria oraşului Bistriţa, n° 35 (28 septembre 1563) ; document aussi signalé dans A. Berger, Urkunden-Regesten aus dem Archiv der Stadt Bistritz, t. II, nos 2839 et 2840.
36 Pour la figure et les affaires de Gaspare Mazza, voir C. Luca, « Veneziani, Levantini e Romeni », pp. 247 et 258 ; Idem, Ţările Române şi Veneţia.
37 Urkundenbuch, VI, n° 3671, p. 370 (18 janvier 1469) ; n° 3916, pp. 526-527 (1er juin 1472) ; Urkundenbuch, VII, n° 4504, pp. 325-326 (6 septembre 1482) ; voir K. G. Gündisch, Das Patriziat siebenbürgischer Städte, pp. 243-244 ; A. Fara, « Italici in Transilvania », pp. 341-342.
38 Pour Zanobi da Firenze, voir Urkundenbuch, V, n° 3024, pp. 533-534 (3 juin 1456) ; K. G. Gündisch, « Patriciatul din Sibiu », p. 135, note 45 ; id., Das Patriziat siebenbürgischer Städte, p. 244. Pour Antonio et Nicola Zanobi alyas Proll de Sibiu, voir QGSH, I, à l’index des noms, à partir de 1470.
39 QGSH, I, pp. 162-164, 166-167, 174, 178, 183, 196, 217, 220-222, 225-226, 228, 236, 241-242 et 251 ; G. Seiwert, « Chronologische Tafel der Hermannstädter Plebane », p. 213, notes 128 et 129.
40 QGSH, I, pp. 178, 196, 284, 288 et 301 ; E. Hurmuzaki (éd.), Documente privitoare la istoria românilor, t. XV-1, n° 279, pp. 152-153 (12 avril 1500) ; n° 280, pp. 153-154 (12 avril 1500) ; n° 281, p. 154 (25 avril 1500) ; n° 282, pp. 154-155 (31 mai 1500) ; K. G. Gündisch, « Patriciatul din Sibiu », p. 136, note 48 ; K. G. Gündisch, Das Patriziat siebenbürgischer Städte, p. 245, note 25 ; M. Pakucs-Willcocks, Sibiu-Hermannstadt, pp. 131, 133.
41 R. Schuller, « Das Patriziergeschlecht der Polner in Schäßburg », p. 366 ; K. G. gündisch, « Die Grabsteine in der Ferula », pp. 15-17 ; QGSH, III, pp. 26-27.
42 Par exemple, dans ANR, Direcţie Judeţeană Sibiu, Colecţia Brukenthal, H 6-9, n° 26, ils sont appelés « Johannes Zanobi alias Prohl, comes camerarius regalium Cibiniensis » (en 1501) et « Cristophorus Proll de Cibinio » (en 1515).
43 E. hurmuzaki (éd.), Documente privitoare la istoria românilor, t. XI, pp. 810 et 812 ; S. Goldenberg, « Notizie del commercio italiano in Transilvania », p. 273.
44 S. Goldenberg, « Commercio, produzione e consumo dei panni di lana ».
45 Voir, parmi les nombreuses études consacrées à ce sujet (avec des exemples dans d’autres domaines tels que la peinture, la musique et la presse) : G. Măndrescu, « Activitatea lui Petrus Italus de Lugano » ; S. Goldenberg, « Notizie del commercio italiano in Transilvania », pp. 263- 264 et 274-275 ; G. Lăzărescu et N. Stoicescu, Ţarile Române şi Italia, pp. 53-54 et 200-207 ; I. Mârza, Z.-I. Drăghiţă, « Italiani ad Alba Iulia ».
Auteur
Università degli Studi della Tuscia di Viterbo
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