Un champ d’observation pour les États-Unis
La révolution au Río de la Plata
p. 291-304
Texte intégral
1En 1817, le président des États-Unis James Monroe envoie une mission aux Provinces-Unies du Río de la Plata (l’actuelle Argentine), afin d’y collecter des informations sur la situation militaire, politique et économique de la région. Bien que les États-Unis n’aient pas encore reconnu l’indépendance de cette ancienne colonie, il s’agit de la seule mission quasi-officielle que l’administration Monroe dépêche dans l’empire espagnol. Les commissioners, statut conféré aux membres de la mission, séjournent à Buenos Aires de mars à juillet 1818, et de retour aux États-Unis, ils rédigent leurs rapports, dont des extraits sous forme de lettres avaient déjà été publiés dans la presse au printemps 18181. Le secrétaire de la mission, Henry Marie Brackenridge, publie en 1819 son récit, Voyage to South America, où il fait longuement part de ses observations et de ses réflexions sur la révolution dans l’ancienne vice-royauté de La Plata à un public états-unien peu averti, mais avide d’informations.
2Aux États-Unis, la mission Brackenridge soulève des expectatives. Le public, le Congrès et le cabinet présidentiel attendent les conclusions des commissioners, à savoir s’ils recommandent ou pas que les États-Unis reconnaissent l’indépendance des Provinces-Unies. Censés soumettre un rapport unique au Département d’État, les commissioners décident pourtant de rédiger séparément leurs conclusions, leurs différences d’opinions sur la nature, les objectifs et l’issue de la révolution s’avérant, selon eux, insurmontables. Pour sa part, Brackenridge, dont la sympathie pour les révolutionnaires n’est pas un secret, soutient ouvertement la cause des rioplatenses. Force est de constater cependant qu’au-delà de leurs appréciations quelque peu divergentes, ces écrits révèlent les informations que ces observateurs jugent utiles et nécessaires à leur gouvernement, mais aussi le socle idéologique commun sur lequel ils s’appuient pour juger de la validité de cette révolution ainsi que de la viabilité de la nouvelle nation hispano-américaine.
3Les aspects du mouvement d’émancipation au Río de la Plata que les membres de la mission choisissent d’exposer sont également révélateurs de certaines préoccupations des États-uniens. En s’informant de la progression laborieuse des Sud-américains vers l’indépendance, les lecteurs peuvent certainement se contenter, voire se réjouir, de la réussite de leur propre révolution et du bon fonctionnement de leurs institutions républicaines. Mais ils peuvent également lire entre les lignes un avertissement : si des compromis sur des questions encore irrésolues ne sont pas trouvés, les États-Unis, toujours en proie à de fortes tensions internes dues notamment à l’esclavage, risquent de se désintégrer comme les Provinces-Unies.
4Par ailleurs, ces écrits sont d’autant plus importants que pour la première fois des informations sur l’Amérique hispanique, jusqu’alors destinées exclusivement au Département d’État, sont accessibles au grand public. Les lettres des commissioners et Voyage to South America constituent une sorte de grand reportage, permettant aux lecteurs de se faire une idée plus exacte de leurs voisins hémisphériques, avec qui ils ont peu de contacts directs dans leur vie quotidienne. Plutôt familiarisés avec les marchands et les immigrants de l’Europe du Nord, blancs et protestants pour la plupart (exceptés les Irlandais et certains Allemands et Scandinaves catholiques), les États-uniens connaissent peu et souvent mal les Espagnols et en particulier les Hispano-américains. Ils entretiennent à leur égard des préjugés, en grande partie alimentés par la Légende Noire, qui les conduisent à développer une vision hiérarchisée des habitants du continent américain. Les chroniques des envoyés démentiront ces idées préconçues, ou bien les confirmeront.
5Enfin, ces écrits posent la question du rôle de l’opinion publique dans les débats et prises de décisions sur les affaires étrangères. Grâce à une meilleure circulation des journaux et des livres, et aux progrès accomplis dans les réseaux de communications au cours des premières décennies du xixe siècle, les États-uniens ont accès à davantage de sources d’informations. De plus, la démocratie non seulement s’élargit au rythme de l’expansion territoriale, mais elle devient plus participative, en inscrivant de nouveaux électeurs sur les listes et en les sollicitant plus régulièrement. Par conséquent, le citoyen états-unien, mieux informé, s’exprime avec plus de fréquence, de conviction et de force. À leur tour, les membres du Congrès s’appuient sur cette opinion publique pour faire avancer les intérêts de leurs électeurs, regroupés dans les régions (sections) de l’Ouest, du Nord et du Sud, faisant advenir ce que l’historiographie états-unienne définit comme « sectional politics » dans les affaires intérieures. Toutefois, le lien entre opinion publique et affaires étrangères, dont la conduite est surtout entre les mains de l’exécutif, est moins évident. La question est donc de déterminer si et comment la mission Brackenridge a pu faire fléchir la Spanish-American policy de l’administration Monroe.
I. — Les États-Unis à l’ère des bons sentiments
6En mars 1817, James Monroe devient le cinquième président des États-Unis, et le quatrième de la « dynastie » virginienne à accéder à cette fonction. Avec l’intention de devenir aussi le président de tous les États-uniens et de pouvoir gouverner dans la bonne entente, Monroe entame aussitôt un voyage à travers le pays, y compris dans la Nouvelle-Angleterre, le dernier bastion des fédéralistes, dont les plus radicaux avaient menacé de faire sécession, en 1814. En effet, la présidence de Monroe (1817-1825) vit la disparition du Parti fédéraliste comme force politique nationale et la prééminence d’un parti unique, le républicain-démocrate, fondé par l’ancien président Thomas Jefferson. Pour le journal fédéraliste Columbian Centinel de Boston, la visite du président est donc la preuve que « l’ère des bons sentiments » vient de commencer, une expression que l’administration accepte volontiers2. Entre-temps, loin du monde de la politique, les États-uniens s’occupent de la croissance intérieure, de l’organisation des terres récemment acquises, où ils entreprennent la construction des réseaux de communication et de transport, l’élargissement du système de crédit et l’accueil des immigrants. Henry Clay, le speaker de la Chambre des représentants, plaide pour le développement de l’économie nationale fondé sur une protection douanière élevée, une politique de grands travaux (internal improvements) et une banque nationale dans le but d’une meilleure intégration des régions et d’une plus grande indépendance économique par rapport à l’Europe, en particulier à la Grande-Bretagne. Clay pose de fait les principes de l’American System, dont l’objectif est le développement harmonieux de différents secteurs de l’économie.
7Le président ne réussit pourtant pas à enterrer complètement les « mauvais sentiments ». Pendant cette période, les États-Unis traversent leur première crise économique, obligeant la Banque des États-Unis à restreindre le crédit, les fermiers à demander une baisse des tarifs douaniers et les chômeurs à migrer vers l’Ouest à la recherche de meilleures opportunités. En outre, des conflits régionaux mettent en péril l’équilibre fragile entre les États à esclaves et les États libres, tandis que des confrontations personnelles au sein de la classe politique enveniment l’atmosphère à Washington. Cela étant, les dirigeants se sont entendus depuis longtemps sur la nécessité de développer davantage les échanges commerciaux avec les autres nations, dont les colonies espagnoles désormais libérées du monopole espagnol. Mais ce n’est qu’à l’issue de la guerre de 1812 entre la Grande-Bretagne et les États-Unis que l’administration Monroe accorde toute son attention aux relations avec l’Amérique hispanique.
8Sous l’impulsion de Henry Clay, représentant du Kentucky, les États de l’Ouest pressent alors le gouvernement de reconnaître l’indépendance des colonies espagnoles. Selon eux, l’économie de la région de l’Ohio et du Mississippi se verrait favorisée par l’ouverture du marché hispano-américain : la production agricole de l’Ouest serait transportée par voie fluviale jusqu’à la Nouvelle-Orléans et ensuite exportée dans le bassin caraïbe et en Amérique du Sud. Les États de la côte Est en profiteraient également : le transport maritime se développerait davantage, pouvant éventuellement devancer la Grande-Bretagne, redoutable concurrente dans ce secteur d’activité3. Les bateaux états-uniens transporteraient des matières premières hispano-américaines vers l’Europe ainsi que des produits manufacturés européens et états-uniens vers l’Amérique hispanique ; la demande croissante de produits états-uniens stimulerait ainsi l’agriculture. Les représentants de l’Ouest, et du Sud également, soutiennent pour leur part que la hausse de la demande de matières premières comme le coton et le chanvre par l’industrie manufacturière états-unienne ferait augmenter leurs prix4.
9Néanmoins, pour les plus sceptiques, dont le secrétaire d’État John Quincy Adams, l’industrie états-unienne n’est pas encore en mesure de concurrencer celle de la Grande-Bretagne, la principale fournisseuse du marché hispano-américain. Les États-Unis peineraient également à écouler leurs produits agricoles dans des régions de l’Amérique hispanique dont l’activité principale est précisément l’agriculture. Devant la pression des représentants pro-reconnaissance, Adams s’en défend en arguant que l’action du speaker et ses collègues en faveur des Hispano-américains constitue une ingérence dans les prérogatives du pouvoir exécutif, à qui revient, d’après la Constitution, la gestion des affaires étrangères5. « M. Clay est monté sur son grand cheval sud-américain […] Le projet de Clay est de contrôler ou de renverser l’exécutif en faisant tanguer la Chambre des représentants », accuse Adams6. Par ailleurs, pour le secrétaire d’État, plutôt enclin à personnaliser les conflits, le speaker attaque la politique de l’administration par dépit. En effet, James Monroe a préféré un Adams expérimenté à un Clay moins versé dans l’art de la diplomatie pour occuper le poste de secrétaire d’État, qui mène traditionnellement à la présidence.
10C’est dans ce climat tendu qu’en juillet 1817, Manuel de Aguirre, envoyé par le gouvernement de Buenos Aires, arrive à Washington pour demander la reconnaissance des Provinces-Unies. Trois mois plus tard, dans une réunion de cabinet, le président pose les questions suivantes : l’exécutif a-t-il le pouvoir de reconnaître l’indépendance de nouveaux États, dont l’émancipation n’a pas été reconnue par la mère patrie, et contre lesquels elle mène encore une guerre ? L’envoi d’un ministre équivaut-il à une reconnaissance ? Est-il opportun pour les États-Unis de reconnaître Buenos Aires ou une autre région en rébellion7 ? D’autre part, la demande d’Aguirre incite Henry Clay à soumettre à la Chambre, en mars 1818, un amendement à la loi du budget relatif à l’octroi de 18 000 dollars pour l’envoi d’un ministre dans les Provinces-Unies. Le speaker lance ainsi le premier débat au Congrès sur la « South American Question », au cours duquel les représentants examinent et critiquent ouvertement la politique étrangère attentiste de l’administration Monroe.
11La décision d’envoyer la mission avait pourtant été prise avant l’arrivée d’Aguirre. En 1817, seule l’ancienne vice-royauté de La Plata avait réussi à échapper à la reconquête espagnole et ses dirigeants révolutionnaires à se maintenir en place. Pour le président Monroe, le moment était donc venu de communiquer aux autorités rioplatenses la bonne disposition des États-Unis à leur égard et surtout d’insister pour que le commerce états-unien n’y soit pas désavantagé8. En outre, des informations de première main pourraient élucider les raisons de la présence d’exilés de Buenos Aires à Baltimore. En effet, en février 1817, Juan Martin de Pueyrredon, le Director Supremo des Provinces-Unies, avait expulsé des opposants — huit « hommes respectables », selon la presse états-unienne, dont Manuel Moreno, révolutionnaire de la première heure et ancien membre de gouvernement, et Vicente Pazos, l’éditeur du journal La Crónica Argentina — à cause de leurs idées « exaltées »9. Dans le Baltimore Patriot, ceux-ci se défendirent de comploter contre leur gouvernement et de négocier secrètement avec l’Espagne la réintégration de l’ancienne vice-royauté dans l’empire espagnol10. La Gazeta de Buenos Aires, pour sa part, déplorait que les journaux états-uniens publiassent de fausses accusations contre le Director Supremo11. La lutte entre factions à Buenos Aires dépassait donc les frontières des Provinces-Unies, influençant les membres de la mission, qui placèrent leur sympathie dans l’un ou l’autre camp avant même leur départ.
II. — Au Río de la Plata
12Le secrétaire d’État Richard Rush nomma comme commisioners Caesar Rodney, ancien ministre de la Justice, et John Graham, haut fonctionnaire du Département d’État, tous les deux expérimentés et intègres. La probité du troisième commissioner était en revanche plus douteuse. Theodorick Bland, juge de la Cour du comté de Baltimore, était soupçonné d’avoir des connexions avec les corsaires de la région qui, sous pavillon des gouvernements révolutionnaires hispano-américains, attaquaient les bateaux espagnols sur la route Cadix - La Havane. En revanche, la nomination d’Henry Brackenridge comme secrétaire de la mission s’avérait plus appropriée. Originaire de Baltimore, celui-ci avait passé sa jeunesse en Louisiane, puis était revenu sur la côte Est pour suivre des études de droit, avant de retourner à la Nouvelle-Orléans, où il exerça les fonctions de procureur adjoint et de juge d’État. Ce fut donc en Louisiane, devenue État en 1812, que le secrétaire acquit une connaissance approfondie et surtout une expérience personnelle du monde colonial hispanique et français dont manquaient les commissioners12. Et ce fut également son séjour à la Nouvelle-Orléans, ville portuaire sur le delta du Mississippi, qui lui permit de la comparer aisément avec Buenos Aires, sur l’estuaire du Río de la Plata, où les fleuves Paraná et Uruguay déversent leurs eaux.
13Fort de son savoir, y compris sur les révolutions états-unienne et française, Brackenridge publia, avant son départ, le pamphlet South America, où il recommandait la reconnaissance de « l’État indépendant de La Plata »13. Néanmoins, afin d’éviter une décision prématurée, le président Monroe prit le temps de s’informer sur la population, le commerce, le gouvernement de Buenos Aires, son autorité sur les autres cités, ses ressources financières et militaires, et également celles des factions ennemies, sur les chefs civils et militaires, et enfin sur les perspectives d’une solution durable au conflit entre Buenos Aires et les provinces, à savoir la Bande orientale (l’actuel Uruguay) et la zone du littoral14. La question majeure de son administration portait donc sur cette crise interne : Buenos Aires avait-elle réussi à imposer son autorité sur toutes les Provinces-Unies ? Autrement dit, quel serait le risque pour les États-Unis de reconnaître les Provinces-Unies dont le gouvernement était contesté ?
14Informé du danger d’une possible sécession de la Bande orientale, le secrétaire d’État Adams pressa Aguirre de lui assurer que José Artigas, capitaine d’un corps de milice rural, restait toujours loyal envers la capitale, qui comptait sur lui pour révolutionner cette province15. Adams voulait savoir « quels sont les territoires, qu’il [Aguirre] considère comme faisant partie de l’État ou la nation à reconnaître ? »16, ce à quoi Aguirre répondit vaguement : « l’ancienne vice-royauté de La Plata », bien qu’il sût qu’en 1811, le Paraguay avait déclaré son indépendance17. Réponse certainement insatisfaisante pour un secrétaire d’État convaincu que l’exemple à suivre était le traité de Versailles (1783), par lequel la Grande-Bretagne avait reconnu l’indépendance des États-Unis, et dans lequel le territoire de la nouvelle nation avait été bien défini et chaque État mentionné. Mais si Adams posait la délimitation du territoire national comme l’une des conditions préalables à une reconnaissance, il ne l’exigea plus quand les États-Unis reconnurent le gouvernement de Buenos Aires en 1822, alors que celui-ci n’exerçait son autorité que sur la province de Buenos Aires, séparée du reste des Provinces-Unies, elles aussi éclatées en plusieurs provinces indépendantes.
15Or, sachant que les commissioners ne recommandent pas dans leurs conclusions la reconnaissance des Provinces-Unies, se pose la question de la cause de ce changement d’orientation. Il est certain que dans un premier temps, en 1818, les rapports de la mission confortent le secrétaire d’État dans sa décision de ne pas reconnaître « hâtivement » le nouvel État. Toutefois, le contexte national ainsi qu’international évolue rapidement : en 1819, les États-Unis et l’Espagne signent le traité Transcontinental, par lequel la frontière qui les sépare est définitivement tracée. Désormais débarrassée des contraintes que les conflits territoriaux dans le Sud faisaient peser sur ses relations avec le roi d’Espagne, l’administration Monroe peut poursuivre une politique hispano-américaine plus en accord avec ses intérêts hémisphériques, d’autant que le processus révolutionnaire dans l’empire espagnol devient de toute évidence irréversible. De plus, en 1821, Henry Clay, champion de la reconnaissance de l’indépendance hispano-américaine, quitte son poste de speaker de la Chambre, affaiblissant ainsi la voix des électeurs pro-reconnaissance, et libérant, ne serait-ce que temporairement, le pouvoir exécutif de la pression du législatif. Par conséquent, s’il est vraisemblable que James Monroe décide d’envoyer une mission en partie sous la pression d’un public et des hommes politiques sympathisants de la cause révolutionnaire et réclamant davantage d’informations et d’action de la part du gouvernement, il n’est pas moins vrai que son administration cherche aussi à gagner du temps18. En attendant que la question de la sécurité du territoire national sur la frontière sud soit réglée et que la Sainte-Alliance s’engage à ne pas aider l’Espagne à reconquérir son empire, le président ne se prive pas de satisfaire la demande de ses concitoyens. En d’autres termes, l’opinion publique est le moteur qui l’impulse, mais elle ne réussit pas à bousculer l’agenda du président, qui reste bel et bien maître du calendrier international.
16Éloignés du centre de décision et déjà sur le terrain, les membres de la mission s’interrogent plutôt sur la légitimité et la viabilité du projet de confédération d’Artigas, proclamé chef des Orientaux et protecteur d’Entre Ríos et Santafé, deux des provinces de la zone du littoral également en conflit avec Buenos Aires. Ils y constatent qu’Artigas et ses partisans luttent contre le pouvoir de Buenos Aires, mais aussi contre les ambitions territoriales des Portugais, qui convoitent la Bande orientale et son port principal, Montevideo. Grâce à sa position stratégique à l’entrée du Río de la Plata, le contrôle du port équivaut à la mainmise sur le commerce de Buenos Aires, du littoral et de l’intérieur, c’est-à-dire les intendances de Córdoba, Salta, Tucumán et Mendoza. Cependant, aux yeux de John Graham, le but d’Artigas est précisément le contraire : empêcher la formation d’une confédération afin de garder le contrôle de la Bande orientale19. S’appuyant sur une armée de gauchos, ces gardiens de troupeaux indiens ou de « sang mêlés » à l’existence « nomade et sans restrictions », Artigas intimide, voire terrorise le reste de la population, qui à l’inverse préfère, toujours selon Graham, « l’union » avec les habitants des provinces de la rive occidentale de l’Uruguay et du Paraná, à savoir Entre Ríos et Santafé20. Pour tous les envoyés de Monroe, cet homme « singulièrement habile » qu’est Artigas exerce un pouvoir absolu et arbitraire, tel un cacique indien, sur ces hommes honnêtes, inoffensifs, et pacifiques, mais aussi ignorants, superstitieux, et par conséquent, des proies faciles pour les manipulateurs21. En outre,
si les gauchos de la pampa, comme ceux de la Bande orientale, trouvent un chef hardi qui les incite à se faire entendre par la voix de leurs représentants légaux, la ville de Buenos Aires pourrait devenir comme Montevideo aujourd’hui, à savoir une place où le commerce existait autrefois,
17prédit Bland. Pire, la guerre menée par ces gauchos non seulement affecterait le commerce et l’industrie, mais provoquerait aussi l’abandon de l’agriculture22. Comme le conclut Brackenridge, ce « barbare » d’Artigas constitue donc un « grand malheur »23.
18La personne d’Artigas cristallise donc les périls, et non des moindres, auxquels les Provinces-Unies sont confrontées et auxquels les États-uniens restent particulièrement attentifs. Ceux-ci ne peuvent que saisir la gravité de la situation : toute division interne, voire sécession, nuit inévitablement au succès de la révolution et au progrès de la république. L’affront d’Artigas les renvoie de fait aux dangers qui ont menacé et planent encore sur l’Union, à la fois forte et fragile. En 1806 Aaron Burr, le vice-président du premier mandat de Jefferson, a été accusé d’organiser, avec l’aide du général James Wilkinson, une expédition militaire contre le Mexique. Son véritable objectif n’a jamais été tout à fait élucidé : s’emparer des Florides et du Texas, ou bien séparer l’Ouest de l’Union et en faire un empire à part, selon les rumeurs contradictoires qui courent à l’époque24 ? Quoi qu’il en soit, c’est Aaron Burr, autrefois homme de confiance de l’ancien président, qui incarne la menace pour l’intégrité territoriale de la jeune République, comme désormais Artigas vis-à-vis celle des Provinces-Unies. D’où la question plus générale que se pose Brackenridge : les colonies espagnoles constitueront-elles des républiques sur une échelle territoriale semblable à celle des États-Unis, ou bien des petites républiques déconnectées les unes des autres25 ?
19Or, insiste le secrétaire, pour garantir leur unité territoriale, les Provinces-Unies devraient en premier lieu mettre fin à la guerre intestine et à celle menée contre les royalistes dans le Nord, et contre les Portugais dans la Bande orientale. Les États-uniens, rappelle-t-il, ont attendu d’avoir un territoire fédéré et libéré de troupes britanniques, pour lequel ils ont ensuite formé un gouvernement26. Par conséquent, les membres de la commission considèrent qu’en 1818, la discussion aux Provinces-Unies sur l’installation d’un gouvernement, qu’il soit « consolidé » ou « national », « confédéral » ou « fédéral » (termes d’ailleurs permutables pour ces témoins), s’est engagée trop tôt. Tous conviennent que si l’unité territoriale est le préalable à l’unité politique, la rédaction de la constitution devrait être repoussée. Puisant dans leur expérience constitutionnelle, les envoyés étaient bien placés pour annoncer la mort prématurée d’une constitution rédigée sur fond de guerre. Précédant la Constitution américaine de 1787, les Articles de Confédération, composés par le Congrès continental alors que la guerre d’Indépendance se prolongeait, furent davantage conçus avec l’idée de s’octroyer une arme pour résister au pouvoir impérial britannique que dans la perspective de se doter d’une structure gouvernementale durable27. Il en résulta une confédération lâche qui se heurta rapidement à des difficultés économiques et politiques, la menant au bord de la désintégration. Elle fut « sauvée » par la Convention constituante de 1787, censée en principe réviser les Articles de Confédération mais qui finit par rédiger une nouvelle constitution. Aussi, la solution aux maux des Provinces-Unies se trouve-t-elle, selon le secrétaire, dans la rédaction d’une constitution « énergique », mais à condition que celle-ci soit conçue dès que la paix reviendra aux Provinces-Unies28.
20Néanmoins, aucune solution satisfaisante ne sera trouvée tant que la capitale n’acceptera pas de s’accorder avec les provinces. Les trois commissioners condamnent en effet la position dominante de Buenos Aires, qu’ils expliquent par son emplacement stratégique, sa richesse, son armée mieux équipée et par ses habitants plus éduqués et entreprenants29. Selon eux, la capitale, en voulant à tout prix imposer son autorité, entrave plus qu’elle ne promeut la cohésion politique des Provinces-Unies. Bien que plus compréhensif envers la tendance « naturelle » de la capitale de l’ancienne vice-royauté à monopoliser « toute autorité » après l’indépendance, le secrétaire de la mission insiste sur le fait que les révolutionnaires doivent trouver un « équilibre ». Le processus « réussi » d’annexion de nouveaux territoires à l’Union est la preuve qu’à « ce type de lutte ou fermentation, absolument nécessaire » succède « l’ordre »30. Brackenridge doit pourtant savoir que sa comparaison est faussée : à la différence des États-Unis, c’est la fragmentation des Provinces-Unies, et non pas l’incorporation de territoire, qui est à l’origine du conflit au Río de la Plata. « Chaque district se croyant en droit de former un gouvernement, non seulement indépendant de la vice-royauté, mais aussi de la province à laquelle il est attaché »31, le défi auquel doivent faire face les dirigeants révolutionnaires rioplatenses est double : primo, comment préserver l’unité territoriale et politique ; secundo, comment négocier avec les provinces réclamant leur souveraineté qui sera le détenteur du pouvoir du vice-roi déchu.
21Aux questions territoriales et politiques s’ajoute le conflit entre la capitale et les provinces qui freine le développement économique. Pour les lecteurs, il est évident que le destin de la jeune République s’est joué sur la frontière, et son avenir continue de se façonner loin de Washington, dans les États frontaliers, où le citoyen, livré à sa propre initiative, fait preuve de vitalité, de détermination, et de productivité. Les membres de la commission ne manquent donc pas de signaler les conséquences néfastes de cet état de guerre entre Buenos Aires et les autres Provinces-Unies sur l’économie. Ils déplorent en premier lieu que l’élevage de bétail continue à être privilégié au détriment de l’agriculture, d’autant que celle-ci constitue, selon l’idéologie jeffersonienne, la base de la prospérité d’une nation et un agent de civilisation32. Aussi reprochent-ils aux gauchos leur prédisposition au vagabondage et aux occupations guerrières, aux antipodes de la vie sédentaire, civilisée et pacifique du fermier états-unien, le citoyen vertueux par excellence. En outre, les habitants des villages, observe le secrétaire, ne travaillent que les parcelles des alentours, laissant à l’abandon les terres entre communes. Les conséquences en sont graves : de vastes déserts entourent les agglomérations et les limites deviennent floues, provoquant des rivalités intercommunales mesquines. Brackenridge avertit que l’agriculture ne deviendra l’un des moteurs de l’économie des Provinces-Unies que si la population se disperse sur tout le territoire pour labourer la terre, comme le veut d’ailleurs la volonté de l’Éternel, selon le puritanisme33. Il complète sa recommandation d’inspiration jeffersonienne et religieuse avec des ingrédients de la recette du « système américain » de Henry Clay : une politique d’immigration comme celle des États-Unis favoriserait le peuplement des plaines, fournirait la main-d’œuvre supplémentaire et aiderait également à remplir les coffres de l’État avec les revenus provenant de la vente aux nouveaux arrivés de terres publiques en parcelles. En perpétuant cependant le système espagnol, à savoir l’octroi d’immenses terres d’élevage, les estancias (pratique inconnue aux États-Unis), le gouvernement révolutionnaire ne fait qu’obstruer la croissance économique34.
22Par ailleurs, les émissaires notent que le déferlement sur le marché de produits européens, notamment britanniques, ont détruit l’industrie locale. Le commerce, certes prospère, se limite donc à l’exportation de viande et de cuir. Pour remédier à cette « stagnation », le « système américain » serait toujours applicable : stimuler la consommation locale, qui, à son tour, développerait le marché et l’industrie. Ce développement favoriserait le commerce intérieur de façon à rendre les régions interdépendantes, et aussi le commerce extérieur, en confiant le transport de produits locaux aux Hispano-américains35. Somme toute, prônent les États-uniens, une économie de marché devrait remplacer le régime monopolistique espagnol dont les colonies peinent de toute évidence à se débarrasser.
23La rébellion d’Artigas renvoie également les États-uniens au rapport, souvent malaisé, entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire. Dans une nation où la méfiance des républicains-démocrates à l’égard de l’armée professionnelle demeure grande, la désobéissance militaire n’est aucunement tolérable ni tolérée. Comme le rappellera Henry Clay, en 1819, lorsque le général Andrew Jackson envahit les Florides, vraisemblablement contre les ordres de James Monroe, les troupes ne sont autorisées à marcher en territoire étranger qu’avec l’accord du Congrès36. La non-observance de cette règle annonce « le triomphe du principe de l’insubordination — le triomphe des militaires sur l’autorité civile — le triomphe sur les pouvoirs de cette Chambre — le triomphe sur la constitution de cette nation », prévient le speaker37. En conséquence, si l’armée échappe au contrôle des autorités civiles pour devenir l’instrument des factions, la république démocratique risque de se transformer en république militaire, réfléchit Brackenridge à propos des Provinces-Unies38. Au total, que des milices bien armées, entraînées, disciplinées et rapidement démobilisables, assurent la défense des Provinces-Unies afin de mettre la république à l’abri de ce danger, constituerait, dans l’esprit du citoyen états-unien, une solution bien plus acceptable. Néanmoins, des chefs partisans incontrôlables, à la tête de milices qui livrent des guerres irrégulières, comme les décrit Voyage to South America, ne sont pas souhaitables non plus39. À cette possible dérive viennent s’ajouter les difficultés des autorités à recruter. Face à la pénurie de soldats, le gouvernement de Buenos Aires enrôle des esclaves, qui sont libérés après deux ans de service. Bien que la pratique soit saluée par Brackenridge, la composition de cette armée, dont un quart de réguliers sont des Noirs, a sûrement dû faire sourciller plus d’un lecteur, chez qui le souvenir du recrutement d’esclaves dans l’armée continentale de George Washington s’était peut-être estompé avec le temps40. En outre, la mobilisation par Artigas et par le général Martin Güemes à Salta, dans le Nord, de milices de gauchos mi-blancs, mi-indiens soulève des interrogations chez les États-uniens quant à la fiabilité de celles-ci, dans la mesure où lors de leur propre guerre d’Indépendance, la plupart de tribus indiennes ont fait alliance avec l’ennemi britannique. Et pendant de longues années, les Noirs et les Indiens seront tenus à l’écart des forces armées, mais aussi de la société états-unienne en général.
24À partir donc de leur expérience d’une société plutôt homogène, quelle pouvait être la vision des États-uniens des sociétés hispano-américaines métissées ? Influencés par la Légende Noire apprise à l’école, ils méprisaient ces Espagnols catholiques superstitieux, indolents, cruels, et surtout laxistes vis-à-vis des populations indiennes et noires, avec lesquelles ils s’étaient mélangés depuis leur conquête du continent américain. Mais c’était surtout le métis hispano-américain, possédant selon eux toutes les imperfections de l’Espagnol mais aucune de ses vertus, qui suscitait le plus de méfiance41. Cela étant, le secrétaire appréciait davantage les porteños, les habitants de Buenos Aires, car il les trouvait mieux informés et éduqués. Toutefois, bien qu’il critiquât ses concitoyens remplis de préjugés, Brackenridge lui-même ne pouvait s’empêcher d’observer que « les habitants [de Buenos Aires] en général, ont la peau un peu plus foncée que celle des Nord-Américains ; mais j’en ai vu beaucoup avec de belles peaux. C’est un beau peuple »42. Mais si pour le secrétaire une bonne éducation pouvait éventuellement compenser une peau foncée, rien n’était moins sûr pour les lecteurs chez qui persistaient de fortes réticences. Selon l’historien John Johnson, ces préjugés raciaux eurent un impact considérable sur l’attitude des États-uniens vis-à-vis des révolutionnaires hispano-américains et sur la Spanish-American policy du début du xixe siècle43. Cependant, étant donnée la difficulté d’établir la relation exacte entre ces idées préconçues et la politique étrangère de Washington, il ne serait pas hasardeux d’affirmer qu’elles ont certes joué un rôle dans la prise de décisions des dirigeants états-uniens, mais que des considérations géopolitiques, et des intérêts nationaux et régionaux ont certainement pesé plus lourd dans la balance.
25Arrivés au terme de leur périple, les commissioners et le secrétaire réussissent à accomplir la mission qui leur avait été confiée, c’est-à-dire rendre un rapport honnête et juste. Force est de constater cependant que dans ce voyage de l’autre côté du miroir, où ils trouvent un monde sinon inversé, du moins déformé, la tâche ne s’avère pas aisée. John Graham, Caesar Rodney, et en particulier Henry Brackenridge, sont tiraillés entre la volonté de vouloir croire au succès de la révolution rioplatense et le devoir de constater que la situation dans les Provinces-Unies est loin d’être conforme à ce que pouvait en attendre le citoyen états-unien. Après lecture, l’homme d’affaires du Nord-Est, déjà peu convaincu que l’Amérique du Sud constituait une aubaine commerciale, redoublera d’efforts pour développer davantage les échanges avec l’Amérique centrale et Cuba, des régions avec lesquelles il commerçait depuis le xviiie siècle. Les producteurs agricoles de l’Ouest et du Sud craindront la concurrence sud-américaine. Les sympathisants de la cause révolutionnaire comprendront que la lutte contre les Espagnols est bien engagée, mais encore loin d’une résolution heureuse. Le citoyen instruit, mais circonspect, voire méfiant, à l’égard des voisins hémisphériques, retiendra les descriptions peu flatteuses d’Artigas et de ses hommes ainsi que de la population métissée. L’administration y trouvera des bonnes raisons pour ne pas reconnaître les Provinces-Unies.
26Enfin, à l’issue de cet examen clinique et cet exercice d’histoire comparative auxquels se livrent les envoyés de Monroe, c’est étrangement Brackenridge, pourtant le mieux disposé envers les révolutionnaires hispano-américains, qui exprime sans ambiguïté le sentiment de supériorité sous-tendant la mission :
Le caractère sauvage de la population des plaines, le caractère lugubre de la foi catholique coloniale, l’état primitif de la littérature et des arts, lorsque l’on compare avec celles d’autres pays civilisés, et en fait, le manque de maturité de tous les arts de civilisation, sont des considérations graves […]IL N’YA QU’UNE AMÉRIQUE COMME LA NÔTRE44.
Bibliographie
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Sources
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Annals of the Congress, 15e Congrès.
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Watson, Harry, Andrew Jackson vs. Henry Clay. Democracy and Development in Antebellum America, Boston, Bedford/St. Martin’s, 1998.
Notes de bas de page
1 Les lettres sont publiées dans les numéros du 23 mai, du 13 et 20 juin 1818 du Niles’ Weekly Register, ainsi que dans le Philadelphia Aurora et le National Intelligencer.
2 D. W. Howe, What Hath God Wrought, p. 93.
3 J. F. Rippy, Rivalry of the United States and Great Britain over Latin America, p. 108.
4 Annals of the Congress, 15e Congrès, première session, p. 1535.
5 G. A Lipsky, John Quincy Adams, p. 288.
6 J. Q. Adams, Memoirs, t. IV, p. 28.
7 J. Monroe, The Writings of James Monroe, t. VI, p. 31.
8 « Message of the President James Monroe at the commencement of the first session of the Fifteenth Congress of the United States », dans W. Manning, Diplomatic Correspondence, t. I, p. 51.
9 Niles’ Weekly Register, le 31 mai 1817. Les informations sont prises du Baltimore Patriot, qui publie les noms des autres expatriés, à savoir Domingo French, Eusebio Valdenegro, Manuel Pagola, Feliciano Chiclana et Pedro Agrelo. Il est important de noter que Henry Brackenridge, dans le pamphlet South America, revient sur la lettre de Pueyrredon à l’administration Monroe pour expliquer les raisons de l’expulsion. Selon Brackenridge, les journaux états-uniens avaient mal traduit « exaltadas », qui en espagnol signifie « violent », « séditieux », « dangereux », par « exalted », synonyme de sentiments nobles. Par conséquent, se fondant sur une mauvaise traduction, les lecteurs anglophones avaient condamné l’action du Director Supremo. South America. A Letter on the Present State of that Country.
10 « Respuesta al manifiesto de Juan Martín de Pueyrredón », publiée dans le Baltimore Patriot. Ces informations se trouvent dans la correspondance de l’envoyé spécial au Río de la Plata William Wortington au Département d’État. Worthington ne précise pourtant pas la date du numéro du Baltimore Patriot où il lit la Respuesta.
11 Gazeta de Buenos Aires, 6 mai 1818.
12 Les renseignements sur les membres de la mission sont extraits de : L. Bornholdt, Baltimore and Early Pan-Americanism ; W. F. Keller, The Nation’s Advocate ; W. Stewart, « The South American Commission ».
13 South America. A Letter on the Present State of that Country, p. 38. Il publie également Views of Louisiana (1814) et Journal of a Voyage up the River Missouri (1816).
14 W. Manning, Diplomatic Correspondence, t. I, pp. 47-49.
15 J. Q. Adams, Memoirs, t. IV, p. 41.
16 Id., The Writings of John Quincy Adams, t. VI, p. 302.
17 W. Manning, Diplomatic Correspondence, t. I, pp. 59-60.
18 W. Stewart, « The South American Commission », p. 37 ; L. Bornholdt, Baltimore and Early Pan-Americanism, p. 93 ; C. Griffin, The United States and the Disruption of the Spanish Empire, pp. 142-143 ; W. Weeks, John Quincy Adams and American Global Empire, pp. 86-89.
19 W. Manning, Diplomatic Correspondence, t. I, p. 489.
20 Ibid., t. I, pp. 434, 489.
21 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. I, pp. 225, 227, 241, 246 ; W. Manning, Diplomatic Correspondence, t. I, pp. 434, 489, 502.
22 Ibid., t. I, p. 434.
23 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. I, pp. 216, 229.
24 G. S. Wood, Empire of Liberty, pp. 384-385. Le danger sécessionniste de l’Ouest n’était pas nouveau : il date des premières années de la jeune République, au moment de la crise de la libre navigation du Mississippi, entre l’Espagne et les États-Unis.
25 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. I, p. 156.
26 Ibid., t. II, p. 268.
27 J. Rakove, « Articles of Confederation », p. 83.
28 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. II, p. 284.
29 W. Manning, Diplomatic Correspondence, t. I, pp. 435, 489.
30 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. II, pp. 245, 253.
31 Ibid., t. II, p. 242 ; G. Verdo, L’indépendance argentine, p. 16.
32 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. II, p. 99 ; W. Manning, Diplomatic Correspondence, t. I, p. 487.
33 A. Weiberg, Manifest Destiny, p. 74.
34 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. II, pp. 99, 188.
35 Ibid., t. II, pp. 195-198 ; W. Manning, Diplomatic Correspondence, t. I, p. 491.
36 D. W. Howe, What Hath God Wrought, p. 105.
37 H. Watson, Andrew Jackson vs. Henry Clay, p. 143.
38 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. II, p. 179.
39 Ibid., t. II, p. 176.
40 Voir M. J. Rossignol, « A “Black Declaration of Independence” ? ».
41 J. J. Jonhson, A Hemisphere Apart, pp. 70-74.
42 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. I, p. 295.
43 J. J. Jonhson, A Hemisphere Apart, p. 179.
44 H. M. Brackenridge, Voyage to South America, t. II, p. 301.
Auteur
Université Paris-Est Créteil
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