Les synodes provinciaux
Un révélateur d’un difficile apprentissage des normes dans les communautés réformées françaises (vers 1590 - vers 1670)
p. 171-185
Texte intégral
1Aux xvie et xviie siècles, les Églises réformées françaises représentent un cadre d’apprentissage de normes communes. Que ce soit par l’incorporation de nouveaux membres ou par les efforts incessants des institutions réformées de faire respecter la Confession de foi et la Discipline ecclésiastique définies à partir de 1559, les calvinistes souhaitent avant tout maintenir la cohésion de leurs communautés et faire face ainsi aux attaques de l’Église catholique, des autorités civiles ou du peuple catholique1. L’échelon généralement choisi pour une telle étude est l’Église, c’est-à-dire la cellule de base, à partir des registres du consistoire, comme le montrent les travaux de Philippe Chareyre ou de Raymond Mentzer sur Nîmes2. Toutefois, de tels documents n’existent souvent que dans les communautés du croissant réformé, et très rarement pour le nord de la Loire. Dans de telles régions, les actes des synodes provinciaux représentent donc une source essentielle3. La France protestante est divisée en seize provinces synodales : dans chacune d’entre elles est censé se tenir deux fois par an un synode provincial réunissant un pasteur et un ancien de chaque Église. Son rôle est principalement de désigner les pasteurs et de régler les conflits qui existent dans les Églises ou entre Églises, jouant en quelque sorte le rôle de cour d’appel4. Les questions posées aux délégués des Églises, les discussions, les négociations et les décisions prises et contenues dans les actes de ces assemblées permettent de combler la disparition des actes des consistoires et de comprendre, par l’intermédiaire de ce cadre provincial, des formes d’incorporation construites par les Églises réformées. Le cadre géographique retenu est celui des communautés réformées de la province synodale d’Anjou-Touraine-Maine. Sur cet espace, des sources pour trente-deux synodes provinciaux, qui s’étalent entre 1594 et 1683, ont été retrouvées5. Un des principaux intérêts de cette province est la présence de la ville de Saumur, siège d’une académie réformée qualifiée de novatrice en raison des thèses développées par ses pasteurs et professeurs en théologie. Ainsi, en plus du respect de la Discipline ecclésiastique, les questions doctrinales constituent un aspect fondamental des formes d’incorporation dans les communautés réformées. Le souci majeur des Églises est avant tout de maintenir l’unité de la communauté, de la protéger contre les adversaires et d’éviter sa disparition en raison de conversions au catholicisme. L’objectif est de se demander comment les communautés, par l’action des consistoires qui apparaît dans les actes des synodes provinciaux, agissent auprès de leurs membres, alors que même si la Réforme protestante semble encore conquérante dans certaines provinces du croissant réformé, dans le Nord du royaume, les Églises connaissent un incontestable affaiblissement démographique du début des guerres de religion jusqu’aux fatales années 16806. Trois points peuvent donc être successivement étudiés : l’attitude face aux catholiques, le respect de la Discipline ecclésiastique et le respect de la Confession de foi.
L’ATTITUDE FACE AUX CATHOLIQUES
2Afin de maintenir l’unité de l’Église et de mettre en œuvre les normes et les pratiques communes, les individus doivent avant tout lutter contre l’adversaire. Les Églises cherchent à fixer les frontières confessionnelles et éviter qu’elles soient « poreuses »7. Le catholique est l’ennemi qu’il faut combattre et tout d’abord il faut éviter toute relation avec lui. Cette interdiction doit théoriquement concerner la vie quotidienne, la vie économique ou la vie religieuse. Ainsi, en 1594, les actes du synode provincial de Saumur mentionnent que
celuy qui s’est meslé de faire des idoles pour les vendre et débiter fera recognoissance publique après avoir esté repris aigrement de s’estre porté insolemment avec les anciens de l’église de Vendosme8.
3Toutefois, la même année, se pose la question de savoir « si un marchand faisant profession de la religion peut en bonne conscience vendre de sa marchandise qu’il sait employée à faire chappes et autres telles choses » ; la question est reportée au prochain synode9. Mais, en 1598, le synode provincial de Vendosme insiste sur le fait que
tous fidelles sont exhortez de ne prester aulcuns draps tapiciers ou aultres telles choses pour tandre devant l’idolle ou qu’on les voulust menacer ou intimider pour les y faire consentir. Les menaces dont on pourroit user envers eux pour cest effect ne les pouvant excuser de la faulte qu’ils commettroient10.
4De nombreuses communautés se retrouvent en face de telles difficultés dans la mesure où, d’une part, les Églises réformées ne sont souvent qu’une minorité dans la ville ou le village, et, d’autre part, l’édit de Nantes permet le rétablissement de l’Église catholique dans tous les lieux, même là où le culte catholique n’était plus célébré depuis les années 1560. Robert Sauzet constate les mêmes comportements de la part des protestants nîmois11. Si on peut y voir une infraction à la Discipline ecclésiastique, de telles relations sont également un signe de coexistence entre les deux confessions12.
5L’adversaire est craint et la prudence est recommandée. C’est le cas lors de conflits entre catholiques et protestants. En 1597, les actes des assemblées mentionnent que
quelque papiste se plaignant au consistoire d’un fidelle, on n’est d’advis qu’on défère tant à ses plaintes que de cognoistre de leur faict audict consistoire, mais bien qu’on essaye par arbitres composer leurs disputes tant qu’on pourra13.
6Mais ce sont les pasteurs qui doivent avant tout se méfier de ces adversaires. Leurs initiatives à l’égard de l’Église catholique et de ses membres ne doivent pas mettre les communautés réformées en difficulté, signe que les réformés se sentent dans ces communautés en état d’infériorité, même à Saumur ou à Loudun, pourtant les deux plus importantes Églises de la province : ils craignent que de telles attaques ne fassent qu’affaiblir le calvinisme. En 1597, le synode provincial demande que « nul pasteur ne s’engagera en disputes avec nos adversaires sans l’advis de son consistoire ou mesme de l’eglise voisine14 ». Cet article est précisé en 1600 :
Il ne se pourra entreprendre aucune dispute publicque sans le consentement des magistrats, consistoires et colloques. Mais quand aux disputes particulières, on le pourra faire pour l’édification de quelques particul liers, et pour leur conversion avec le consentement du consistoire. Et toutes disputes soit verballes ou par escript se decideront par l’escriture15.
7Par exemple, en 1608, à la suite d’une conférence publique, entre le pasteur Fleury16 et un ecclésiastique, qui s’est déroulée avec « la permission du magistrat », le ministre « a esté loué de la procedure qu’il y a tenue et de la diligence qu’il a apportée à soutenir la saincte doctrine17 ». Après le temps des affrontements sanglants, la paix revenue, le combat se poursuit par la controverse. Au cours des premières décennies du xviie siècle, une des formes les plus prisées par les théologiens des deux confessions est la conférence verbale qui peut donner lieu à une publication d’un des deux camps18.
8Ainsi, il faut également s’armer contre l’ennemi. Le combat étant naturellement pacifique et en quelque sorte un « substitut » des guerres de religion du xvie siècle. Le synode provincial de Loudun en 1601 propose au synode national « de députer hommes de lettres qui demeurent chargés de respondre aux livres qui pourront estre mis en lumière par les ennemis de la vérité en chaque province19 ». En 1608, deux pasteurs sont désignés dans ce but pour « estre prests à la deffense de la vérité lorsqu’elle sera impugnée par les adversaires par escript ou aultrement20 ». La même année, par exemple, le synode provincial décide de ne pas répondre à un ouvrage publié par un carme de Loudun dénommé Périn sur la communion sous les deux espèces, jugeant que « le livre ne le mérite, plusieurs ayant suffisamment escript sur ceste matière21 ». En 1606, celui de Bellême suggère d’une part de
recueillir et ramasser tous les vieux livres contenant les plus absurdes et grossières superstitions de l’église romaine pour les garder soigneusement es bibliothèques […] pour en garder des originaux et en faire des extraits, [d’autre part de] traduire quelques traités desdicts pères qui en seront propres pour esclaircir plusieurs points de controverses de ce temps22.
9Le synode provincial, à l’image des consistoires, cherche également à ce que les Églises luttent contre tout ce qui rappelle l’Église catholique, que ce soit dans les gestes au cours du culte, dans les croyances et superstitions. En 1599, il est recommandé « de s’abstenir des grandes révérences qui peuvent troubler l’assemblée et la distraire de l’ouie de la parole de Dieu » au cours du culte23. En 1605, est exprimée la crainte « de ce que les prestres romains font mariages clandestins et baptesmes de ceux de la religion24 », certains couples réformés étant rassurés à la fois par un double mariage et un double baptême : ces comportements montrent très bien que des fidèles des deux confessions ne conçoivent pas systématiquement les deux Églises comme étant opposées, même si les consistoires peuvent difficilement admettre de telles attitudes25. Les mariages « bigarrés » sont condamnés, relayant également l’action des consistoires : ainsi, en 1610, un dénommé Renard est suspendu de la cène par le consistoire de Tours « pour avoir donné consentement aux espousailles de la fille de sa femme par un prestre26 ». Renard fait appel auprès du synode provincial qui confirme la sentence du consistoire. Toutefois, il ne faut pas se faire d’illusions, de tels mariages sont condamnés, mais afin d’éviter des conversions au catholicisme, les consistoires acceptent de pardonner de telles unions27. Toutes les Églises réformées doivent faire face à de tels cas. Ainsi, à Saumur, en juin 1641, François Duncan abjure devant le curé et se marie à l’église ; mais près de deux ans plus tard, il présente sa fille Claude au temple28 !
10Cette crainte de la conversion s’exprime clairement certaines fois, comme en 1605 quand le synode provincial rend compte de « la plainte qui a esté faite de ce que plusieurs pères envoient leurs enfans aux escoles romaines et permettent qu’ils aillent à la messe29 ». Au début du xviie siècle, l’établissement le plus redouté est celui de La Flèche, même si cette partie de l’Anjou comporte peu de familles protestantes. Cependant, en 1616, trois pasteurs du synode provincial qui se réunit à Loudun sont chargés à leur retour de s’arrêter à La Flèche chez un dénommé Bruston « et l’exhorter aiant soing de sa famille d’empescher que son fils soit pollué et instruit par les Jésuites30 ». Si cette démarche a pour objectif d’éviter une conversion au catholicisme, alors qu’à Saumur il existe un collège protestant, il est courant de voir des familles réformées envoyer leurs enfants dans des collèges jésuites ou oratoriens, ce qui permet de souligner que le socle culturel est commun entre les deux confessions. Là encore, cette attitude peut être interprétée de façons différentes31. Est-elle un signe de coexistence confessionnelle ? ou bien la marque d’un affaiblissement des Églises réformées ? En tout cas, les Églises font tout ce qu’elles peuvent pour éviter que les frontières confessionnelles soient « poreuses ». Le respect de la Discipline ecclésiastique apparaît comme un second moyen de maintenir la norme auprès des individus.
LE RESPECT DE LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE
11Comme dans les registres des consistoires, les recommandations et injonctions sur le respect de certains points de la Discipline ecclésiastique sont très courantes. Les affaires qui sont discutées en appel lors des synodes provinciaux après de premières mesures prises par le consistoire de l’Église concernée sont généralement traitées avec plus de clémence par les délégués de la province, en particulier lors des dernières années des guerres de Religion et des premières années de paix : pasteurs et anciens des consistoires apparaissent ainsi plus désireux que les synodes provinciaux, pourtant eux aussi composés de pasteurs et d’anciens, de faire appliquer strictement la Discipline ecclésiastique, soucieux qu’ils sont avant tout de maintenir la cohésion de leur communauté. Il faut probablement voir là de la part des synodes provinciaux l’objectif d’éviter trop de rigueur et d’empêcher ainsi des conversions au catholicisme et un affaiblissement de la communauté concernée. Ce phénomène s’observe quand il s’agit tout d’abord d’affaires de violence, qu’elles soient entre membres de la communauté ou à l’intérieur d’une famille. À la suite d’une bagarre à Saumur, vraisemblablement entre protestants, d’une réconciliation et d’une « recognoissance publique par celui qui a le dernier offensé » devant le consistoire, le synode provincial, réuni à Saumur en 1594, juge que le pasteur32 de l’Église a « exagéré » la faute « par toutes les circonstances33 ». La même année, le synode provincial estime que le consistoire de Pringé « devoit user de remonstrances et censures plus douces » à l’égard du sieur de La Chapelle, semble-t-il violent à l’égard de sa famille.
12Hormis les cas de violence, à l’occasion de nombreux conflits, cette attitude du synode provincial s’observe. En 1597, il est reproché au consistoire de L’Île-Bouchard d’avoir « trop rigoureusement poursuivy » un de ses fidèles34. En 1600, dans un conflit opposant un réformé et son consistoire, le synode provincial de Pringé juge que « les preuves recherchées par ledict consistoire ne sont suffisantes pour vérifier les cas desquels ledict sieur de La Roberdière est chargé », il doit donc désormais être reçu à la cène35. En 1602, le synode provincial de Preuilly intervient dans une affaire entre le consistoire d’Angers et un particulier qui est censuré : il propose que « les frères du consistoire d’Angers continueront à exhorter par toute voye amiable le dict réfractaire à se ranger à la discipline36 ».
13À l’égard des jeux, l’attitude est la même. L’assemblée réunie à Saumur en 1597 précise qu’« on réprimera tant qu’on pourra les jeux qui sont simplement de hasard. Et quant à ceux qui sont licites, on en corrigera l’abus selon la prudence des consistoires37 ». Deux ans plus tard, le synode provincial de L’Île-Bouchard précise que
sur la question des jeux licites, et s’il est bon d’interdire aux fidelles de jouer à quelque jeu que ce soit pour argent, il a esté avisé que la perte de temps et d’argent qui se trouvera excessive et immodérée sera réprimée sans qu’on en puisse faire aucune loi38.
14Or, la Discipline ecclésiastique est très explicite sur ce sujet39.
15Même prudence sur une question difficile comme celle des noueurs d’aiguillettes. Si la condamnation semblerait aller de soit, afin de condamner les superstitions, ce n’est pas le cas. En 1600, se pose la question des « noueurs d’esguillettes désirant de s’aller épouser en d’aultres églises que la leur » ; aucune réponse n’est donnée40. L’année suivante, le synode provincial de Loudun souhaite que le synode national donne
quelque modération à l’article de la discipline portant deffenses expresses d’aller espouser ailleurs qu’en l’église dont les parties ont accoustumé d’estre à cause des noueurs d’aiguillettes41.
16Cependant, le synode provincial n’apparaît pas toujours aussi clément et conciliant à l’égard du comportement des communautés qui ne suivent pas la Discipline ecclésiastique. Il existe des fautes personnelles pour lesquelles le synode provincial, comme le consistoire, ne transige pas : l’existence même des Églises réformées et leur pérennité semble en jeu. C’est le cas par exemple de l’adultère ou de ce qui est mentionné comme de la « débauche ». Le synode provincial de Vendôme de 1598 « a donné advis à l’église de Saumur de procéder au retranchement d’un particulier de ladicte église s’il ne veult faire recognoissance publique de l’adultère par luy commis42 ». L’année suivante, celui de L’Île-Bouchard « a donné advis à l’Église de Chasteau du Loir de n’admettre à la cène un qui le bruit de s’estre gouverné fort impudiquement43 ». Nous ne pouvons pas cependant en savoir plus, faute de registres consistoriaux. À Nîmes, par exemple, la « mauvaise conduite sexuelle » représente 7,5 % des délits traités lors des délibérations du consistoire ; l’accusation la plus fréquente était celle de paillardise qui connotait des relations sexuelles illicites44.
17Quand les critiques touchent l’ensemble de la communauté, la prudence disparaît également, rejoignant les exhortations traditionnelles de tous les consistoires. En 1597, le synode provincial de Saumur exhorte l’Église de Loudun « de s’opposer virillement aux débauches et dissolutions qui y règnent45 ». L’année suivante, les mêmes réformés de Loudun sont « censurez de leurs danses, superfluitez d’accoutrements, mascarades et aultres dissolutions non convenables aux fidelles46 ». Les mêmes interdictions touchent ceux qui font de la musique. En 1600, le synode provincial de Pringé précise que « touchant les bastelleries et joueurs de violon, ils seront advertis de s’abstenir de cest exercice suivant l’article de la discipline, autrement ils ne seront receus à la communion des sacrements47 ». À l’image de nombreux consistoires et synodes provinciaux du royaume, c’est la danse qui apparaît la « dissolution » la plus réprimée48. Le synode provincial de Loudun de 1601 précise que
sur ce qui a este proposé touchant certaines filles qui ayent père papiste et mère fidelle se meslent de danser s’excusans sur la volonté de leurs pères qui les contraignent, la compagnie est d’advis que lesdictes filles qui font profession de la religion réformée soyent censurées griefvement, comme aussi les mères au cas qu’elles y portent consentement ; que s’il appert d’un déplaisir qu’elle en a et du peu de pouvoir qu’elle a à y remédier, on ne la privera de la participation de la cène49.
18En 1605, le synode provincial de L’Île-Bouchard note que,
veu la grande dissolution qu’on voit à nostre grand regret se glisser dans l’église, comme les jeux de cartes, des danses, mommeries et semblables, la compagnie donne charge à tous les consistoires d’y tenir sa main et faire pratiquer la discipline exactement50.
19Les plaintes de 1607 sont comparables : le synode provincial évoque
le grand désordre qui se commet aujourd’huy par l’indévotion de plusieurs à fréquenter les sainctes exhortations […] au grand mespris de la parole de Dieu, des sacrements et des prières publiques qui sont délaissées par aulcuns pour les affaires particulières, et par aultres pour s’amuser aux tavernes et jeux illicites avec grand scandale51.
20Cette mesure est réitérée en 1609, le synode provincial demandant à
tous les pasteurs et consistoires de ceste province […] de s’employer vertement à empescher et réprimer les danses en son église selon la parolle de Dieu et la Discipline ecclésiastique, et ce tant pour ceulx qui font apprendre leurs enfans à danser et tous ceux qui s’y exercent et les fréquentent52.
21Cette décision explique que, l’année suivante, le synode provincial approuve « la procédure du consistoire d’Angers à l’endroict de M. du Gué, lequel ne peut estre receu à la cène pendant qu’il monstre à danser53 ». Ces plaintes apparaissent ainsi régulièrement comme pour rappeler à l’ordre ceux qui désobéissent à la Discipline ecclésiastique, mais surtout afin de mobiliser les communautés. Encore en 1673, le synode provincial de Bellême note
avec beaucoup de douleur le peu de respect avec lequel plusieurs de notre professsion s’approchent de la table du Seigneur, ce mépris accoutumé depuis long tems estant un des plus grands maux qui règnent parmi nous et qui en fomente plusieurs autres particulièrement l’indifférence, l’indévotion, le manquement de charité, les haines, les querelles et la dureté aux exortations a la réconciliation et a la repentance, ce qui nous a attiré les chatiments dont Dieu nous visite, nous menaçant de quelques jugement terrible si nous ne le prevenons par un sérieux et véritable amandement54.
22Enfin, dans chaque communauté, on se méfie des nouveaux venus qui sont souvent accueillis avec quelques réserves et réticences. Ce sont tout d’abord les « coureurs ». Selon la Discipline ecclésiastique, il s’agit de « ceux qui n’ont aucune vocation et s’ingèrent au ministère55 ». Ainsi, en 1597, le synode provincial de Saumur « a donné pour remède contre les coureurs qui passent ordinairement chargés de fausses attestations un diligent examen de leur foy pour savoir s’ils sont vrayement fidelles56 ». En 1603, est « mis au rang des coureurs » un dénommé Mussidan qui aurait été déposé deux fois du ministère : le synode provincial lui conseille dorénavant de « s’adonner à quelque aultre vocation » et décide d’avertir les Églises « de se donner garde de luy57 ». Le même synode propose au synode national
pour obvier aux coureurs, s’il seroit expédient que chaque Église soit tenue de nourrir ses pauvres, et si quelqu’un d’iceux a voyage nécessaire à faire, soit tenu de luy donner le moien sans que les aultres Églises en soyent chargées58.
23Encore en 1673, les consistoires
sont exortez d’observer le 5e art. de la discipline chap. 12 qui ordonne que les ministres ne recevront a la cene aucun etranger s’il n’a ny temoignage de son ministre, s’il n’est conneu, et au moins autant que faire ce poura59.
24Ce sont également les prosélytes, c’est-à-dire les catholiques convertis au protestantisme, dont les Églises réformées se méfient. Ils apparaissent peu dans les actes des synodes provinciaux, les abjurations étant prononcées devant les consistoires. Les seuls prosélytes mentionnés lors de ces assemblées sont ceux qui veulent devenir pasteurs ou les anciens ecclésiastiques qui demandent le versement d’une pension. En 1602, le synode provincial de Preuilly accepte comme proposant, c’est-à-dire comme étudiant en théologie pour devenir pasteur, un ancien cordelier de Saintes, Vincent de Jourdain60. Mais dès l’année suivante, en raison de sa « vie scandaleuse », le prosélyte est rayé de la liste des proposants et sa subvention supprimée61. Une nouvelle aide est accordée en 1616 à Michel Dutertre, ancien capucin, afin de poursuivre ses études à Montauban, Montpellier ou Nîmes62. Cependant on constate que les consistoires n’hésitent pas à envoyer ces anciens ecclésiastiques dans un pays du Refuge, principalement les Provinces-Unies et l’Angleterre, afin de ne pas subir les assauts d’une Église catholique mécontente d’avoir perdu un de ses membres63. C’est le cas de François Cupif, ancien curé de Contigné en Anjou, qui se convertit en 1637 et devient pasteur des troupes françaises aux Provinces-Unies. Les attaques de François Véron, ancien jésuite et curé de Charenton, là où le temple de l’Église de Paris est édifié, n’y changent rien64.
LE RESPECT DE LA CONFESSION DE FOI
25L’apprentissage des normes communes passe enfin par la volonté de défendre le dogme et de le faire connaître. Les synodes provinciaux apparaissent soucieux tout d’abord de la connaissance du dogme réformé de la part des individus. En 1594, il est mentionné
[qu’]il est remis en la liberté des Églises de catéchiser publicquement ou par les familles selon qu’elles verront estre bon et commode pour l’édification du troupeau. Et d’autant que l’ignorance se glisse tous les jours de plus en plus en nos églises pour le peu de devoir qu’on fait de s’instruire, les pasteurs et anciens de ceste province sont tenus d’avertir les pères et mères de famille de faire lire après le repas une ou plusieurs sections du grand catéchisme pour se le rendre plus famillier en tous les points de la religion65.
26Une nouvelle inquiétude apparaît en 1607 sur le catéchisme enseigné aux enfants, le synode provincial de Saumur insiste sur le rôle des chefs de famille « de le faire apprendre à leurs enfans, les y ranger, et eux mesmes y assister pour la plus grande et évidente utilité qui en peult revenir à toute l’église66 ».
27Il faut également rechercher l’unité de la communauté et son resserrement par des pratiques communes comme le jeûne67. Que ce soit à l’initiative du synode national, comme en 1609, la date du 5 novembre ayant été choisie68 ; ou encore sur la simple proposition du synode provincial comme en 1683, lors du dernier synode de la province, les délégués ordonnent un jeûne pour le 29 août 1683, justifiant cette décision par le besoin
de nous humilier devant Dieu pour tacher d’éteindre le feu de sa colère que nos péchez allument, et que jusqu’à present nos humiliation précédentes n’ont pas produit le fruit qu’on avoit espéré69.
28Les synodes provinciaux cherchent enfin à maintenir la cohésion du corps pastoral, mais c’est probablement sur cet aspect de la question que les contradictions apparaissent dans les décisions des synodes provinciaux de cette province d’Anjou-Touraine-Maine à l’égard des Églises réformées. L’exemple de l’Église de Saumur est à cet égard significatif. Ainsi en 1608, il est précisé que
tous les pasteurs présens [au synode provincial] ont juré la confession de foy, promis et protesté de vivre et mourir en ceste foy, et nommément en ce qui a esté arresté et déterminé que nous sommes justifiés devant Dieu70.
29En 1623, lors du synode provincial de Loudun, les pasteurs et anciens, à la demande du synode national d’Alès de 1620, prêtent serment d’approuver et d’embrasser « toute la doctrine enseignée et décidée au synode de Dordrecht, comme entièrement conforme à la parolle de Dieu et à la confession de foy » et ils déclarent rejeter et condamner « la doctrine des Arminiens, veu qu’elle fait dépendre l’eslection de Dieu de la volonté de l’homme »71. En 1647, il est demandé que
dans l’académie de Saumur, il ne se mette rien en avant qui puisse causer du trouble dedans les églises, qu’il ne se mette aucun livre de religion en lumière sans l’approbation que les synodes nationaux ordonnent, et qu’entre les estudiants en théologie il ne se dispute point des questions qui peuvent causer de la contention72.
30Ce serment prononcé par les pasteurs en 1623 intervient alors que cinq ans plus tôt le synode provincial d’Anjou-Touraine-Maine73 a recruté un nouveau professeur de théologie pour l’académie de Saumur en la personne d’un Écossais, jusque-là pasteur à Bordeaux : John Cameron74. Influencé par l’arminianisme, alors que s’ouvre quelques mois plus tard le synode de Dordrecht qui condamne justement ces thèses novatrices, l’élection de John Cameron est contestée par le délégué du Poitou, même si le théologien a déclaré recevoir « tous les articles » de la confession de foy,
de s’y tenir fermement et constamment sans varier, et mesme touchant ce qui y est enseigné touchant l’estat de l’homme avant sa conversion, l’efficace de la grace de Dieu en la vocation et conversion d’iceluy75.
31Près d’un demi-siècle après le choix de Cameron, c’est le recrutement de Claude Pajon qui pose problème. L’attitude du synode provincial est la même : il défend son choix malgré les critiques qui peuvent être émises par les délégués des autres provinces synodales présents lors de la tenue du synode. En effet, les délégués des provinces de Poitou et de Bretagne déclarent
au nom de leurs provinces, qu’il s’opposoyent à l’établissement dudit sieur Pajon dans l’académie de Saumur, à cause de ses sentimens sur quelques points de grande importance qu’ils estiment dangereux et contraires à la doctrine des Eglises réformées76.
32L’examen de sa doctrine, à partir des manuscrits apportés par Pajon lui-même, conduit les députés du synode provincial à confirmer Pajon dans ses fonctions de professeur de théologie ;
néanmoins, parce que ses expressions ne sont pas ordinaires et qu’il y a plusieurs qui s’en offensent, il luy a esté expressément défendu de se servir de celles qui ont esté remarquées dans les extraits de ses écrits ; ce qu’il a promis77.
33Toutefois, au cours des derniers synodes provinciaux, on assiste à un revirement. Il n’est plus question de défendre les thèses novatrices de l’école de Saumur, alors que les persécutions se multiplient, il faut au contraire rentrer dans le rang et condamner tout écrit hétérodoxe dans la mesure où il risque d’affaiblir la position des Églises réformées de France face à l’Église catholique et au pouvoir royal. C’est par exemple en 1673 la condamnation des écrits d’un de ses anciens pasteurs, Isaac d’Huisseau, auteur de La réunion du christianisme : il est demandé aux proposants qui vont devenir pasteurs de condamner l’ouvrage avant de recevoir l’imposition des mains78. En 1677, un nouvel abandon a lieu. En effet, le synode national tenu à Saumur cette année-là déclare :
Le samedy 6e dud. mois sur ce qui a esté rapporté a la compagnie que quelques contestations s’estoient meues en divers endroits de ce royaume sur la maniere de l’operation de la grace de Dieu dans la conversion de l’homme, la compagnie […] a declaré que conformement a la parolle de Dieu et a la confession de foy, Dieu n’agit pas seulement par la predication exterieure de l’Evangile et les autres circonstances qui l’accompagnent, mais desploye encore au-dedans une efficace particuliere et immediate de son esprit, distincte de la parolle, pour illuminer l’entendement et flechir la volonté a l’obeissance de Dieu et de nostre Seigneur Jesus Christ, et a condamné le sentiment contraire comme opposé à la parolle de Dieu et a ladite confession de foy, et a defendu a tous ministres d’en parler ny en public ny en particulier, ny l’enseigner de vive voix ny par escript. A enjoint aux professeurs en theologie et a tous ceux de l’academie de Saumur d’avoir l’œil sur les estudiants en theologie pour leur defendre de tenir et insinuer la doctrine condamnée cy dessus79.
34Les thèses de Claude Pajon se voient ainsi condamnées. Ainsi, en 1684, un des étudiants de l’académie de Saumur, Isaac Papin, neveu de Claude Pajon, refuse de renoncer à la théologie de son oncle alors que le conseil académique le lui demande. Il ne peut donc pas devenir pasteur80.
35Alors que les frontières confessionnelles sont « poreuses », les communautés réformées d’Anjou-Touraine-Maine, très fortement minoritaires au sein de la société, cherchent avant tout à se défendre contre l’Église catholique et à lutter contre leur affaiblissement démographique. Pour cela, l’apprentissage de normes communes, leur acceptation, leur respect, la détermination de sanctions à l’égard des contrevenants, apparaissent des règles que les consistoires cherchent à imposer auprès des fidèles. Dans ce cadre-là, les synodes provinciaux, institution intermédiaire entre le consistoire et le synode national, joue un rôle original dans l’apprentissage de ces normes communes par les communautés réformées dans la mesure où ils semblent souvent plus conciliants que les consistoires, avant tout soucieux d’apaiser les conflits et d’éviter dans la mesure du possible les conversions au catholicisme.
Notes de bas de page
1 Sur la mise en place de ces textes, voir D. Boisson et H. Daussy, Les protestants, pp. 84-88.
2 Ph. Chareyre, « Consistoire et catéchisme » ; Id., « Jeux interdits, jeux tolérés » ; R. A. Mentzer, La construction de l’identité réformée.
3 C’est une des raisons pour lesquelles Yves Krumenacker et moi-même, avec une équipe de chercheurs, avons décidé d’entreprendre la publication de ces actes pour les xvie, xviie et xviiie siècles. Les premiers actes des synodes provinciaux publiés devraient être ceux d’Anjou-Touraine-Maine, de Normandie et de Bourgogne.
4 Voir D. Boisson et H. Daussy, Les protestants ; É. Labrousse, « Une foi, une loi, un roi ? ».
5 La répartition chronologique est inégale : 20 d’entre eux se sont déroulés entre 1594 et 1619, les autres étant davantage dispersés dans le temps : 1623, 1631, 1647, 1649, 1656, 1658, 1667, 1670, 1673, 1677, 1679 et 1683.
6 Ph. Benedict, « La population réformée ».
7 É. Labrousse, « Perspectives plurielles ». Voir également, du même auteur, « Conversion dans les deux sens », et Id., « La conversion d’un huguenot ».
8 Bibliothèque de la Société de l’histoire du protestantisme français (BSHPF), ms. 526, synode provincial de Saumur, 1594, article 7.
9 Ibid., article 10.
10 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Vendôme, 1598, article 7 des faits généraux.
11 R. Sauzet, Contre-Réforme et Réforme, pp. 192-193. Robert Sauzet cite l’orfèvre huguenot David qui est appelé en 1597 devant le consistoire de l’Église de Nîmes « pour travailler aux idolles et imaiges et instruments de la messe » et parce qu’il fabrique des calices pour le clergé d’Arles. En 1602, des serruriers doivent répondre de l’accusation d’avoir posé la croix sur le clocher de la cathédrale.
12 Sur cette question voir, par exemple, G. Hanlon, Confession and Community ; K. Luria, Sacred Boundaries.
13 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Saumur, 1597, article 11 des faits généraux.
14 Ibid., article 10 des faits généraux.
15 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Pringé, 1600, article 9 des faits généraux.
16 Jean Fleury, dit Le Huppé, est né à Angers. En 1580-1581, il est élève à l’académie de Genève et, l’année suivante, pasteur à Angers. Il change ensuite régulièrement d’Église : pasteur à La Rochelle de 1585 à 1589, à Fontenay en 1590-1591, à Loudun en 1591-1593, de nouveau à Angers en 1593, à L’Île-Bouchard de 1594 à 1601, à Baugé de 1601 à 1608, et il termine sa carrière à Loudun. Il meurt le 6 mars 1622 au cours d’un prêche. En 1584, il avait épousé Anne Louveau, fille de Mathurin Louveau, pasteur de Rennes ; en 1596, il se remarie avec Françoise Torterue. Voir A. Sarrabere, Dictionnaire des pasteurs, p. 60.
17 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Preuilly, 1608, article 32 des faits généraux. La seule controverse retrouvée de ce pasteur est la Dispute entre le révérend père Jouye et Maître Jan Fleury touchant 1. l’authorité de l’Église et de l’Ecriture ; 2. les sainctes images ; 3. et que sainct Pierre a esté à Rome, Saumur, R. Hernault, 1611. Sur les ouvrages de controverse, voir L. Desgraves, Répertoire des ouvrages de controverse.
18 B. Dompnier, Le venin de l’hérésie, pp. 173-175. L’auteur cite en particulier les travaux d’Émile Kappler qui a travaillé sur ces conférences théologiques. Sur 166 conférences étudiées, 70 % se déroulent entre 1593 et 1630 ; elles opposent principalement un pasteur et un ecclésiastique au cours de débats réglés qui peuvent durer plusieurs heures, et parfois même plusieurs jours.
19 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Loudun, 1601, article 8 des faits généraux.
20 Ibid., synode provincial de Preuilly, 1608, article 24 des faits généraux.
21 Ibid., article 22 des faits généraux.
22 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Bellême, 1606, article 11 des faits généraux.
23 Ibid., synode provincial de L’Île-Bouchard, 1599, article 11 des faits particuliers.
24 Ibid., 1605, article 15.
25 On retrouve des cas semblables dans de nombreuses régions. Ainsi, Jean Vollageon, de L’Albenc, en Dauphiné, doit faire réparation publique devant le consistoire le 23 mars 1614 pour avoir fait baptiser son enfant dans l’église catholique. Voir le Livre des délibérations de l’Église réformée de L’Albenc, éd. F. Francillon, p. 46.
26 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Loudun, 1610, séance du 23 avril, « appellations ».
27 Voir É. Labrousse, « Les mariages bigarrés » ; R. Sauzet, Contre-Réforme et Réforme.
28 BSHPF, ms. E 170.
29 BSHPF, ms. 526, synode provincial de L’Île-Bouchard, 1605, article 14.
30 Ibid., synode provincial de Loudun, 1616, article 4 des faits particuliers.
31 Dans le sens inverse, les visites pastorales effectuées en Beauce dans la première moitié du xviie siècle notent que des maîtres d’école catholiques enseignent le catéchisme réformé à des enfants huguenots ou leur apprennent à chanter les psaumes, au grand scandale de la hiérarchie catholique.
32 Il s’agit vraisemblablement de Jean de Lespine, né vers 1528 à Daon dans le Maine, ancien ermite de l’ordre de Saint-Augustin, qui se trouve chargé, en 1556, par l’évêque d’Angers Gabriel Bouvray, de convertir Jean Rabec, ancien cordelier, qui prêchait les idées de la Réforme protestante en Anjou et fut condamné à mort. C’est, au contraire, Jean de Lespine qui est converti. Il devient alors un théologien important, présent au colloque de Poissy en 1561, ministre à La Rochelle, à Angers et enfin à Saumur entre 1591 et 1596. C’est dans cette ville qu’il décède le 15 septembre 1596.
33 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Saumur, 1594, article 9.
34 Ibid., 1597, article 6 des faits particuliers.
35 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Pringé, 1600, article 13 des faits particuliers.
36 Ibid., synode provincial de Preuilly, 1602, article 15 des faits particuliers.
37 Ibid., synode provincial de Saumur, 1597, article 2 des faits généraux.
38 Ibid., synode provincial de L’Île-Bouchard, 1599, article 3 des faits généraux.
39 « Tous jeux défendus par les édits du roi comme cartes, dés et autres jeux de hasard, et ceux où il y aura avarice, impudicité, perte notoire de temps ou scandale seront réprimés, et les personnes reprises et admonestées au consistoire et censurées selon les circonstances » (La discipline ecclésiastique, chap. xiv, article 29, p. 371).
40 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Pringé, 1600, article 6 des faits généraux.
41 Ibid., synode provincial de Loudun, 1600, article 14 des faits généraux. S’il est possible de se marier dans un autre lieu « où les parties sont résidentes et connues », le synode national de Montpellier (1598) précise que cela n’est pas possible quand il s’agit d’éviter « les sortilèges » des noueurs d’aiguillettes. Le même arrêté est pris en 1607 au synode national de La Rochelle.
42 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Vendôme, 1598, article 22b des faits particuliers.
43 Ibid., synode provincial de L’Île-Bouchard, 1599, article 2 des faits particuliers.
44 R. A. Mentzer, La construction de l’identité réformée, pp. 17-48.
45 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Saumur, 1597, article 18 des faits particuliers.
46 Ibid., synode provincial de Vendôme, 1598, article 18 des faits particuliers.
47 Ibid., synode provincial de Pringé, 1600, article 12.
48 R. A. Mentzer, La construction de l’identité réformée, pp. 17-48.
49 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Loudun, 1600, article 9 des faits généraux.
50 Ibid., synode provincial de L’Île-Bouchard, 1605, article 11.
51 Ibid., synode provincial de Saumur, 1607, article 11 des faits généraux.
52 Ibid., synode provincial de Poligny, 1609, article 2 des faits généraux.
53 Ibid., synode provincial de Loudun, 1610, séance du 23 avril, « appelations ».
54 Archives nationales de France (ANF), TT 235, 1.
55 Discipline ecclésiastique, chap. i, article 54. La Discipline ecclésiastique prévoit également que « ceux qui seront déclarés coureurs, apostats, hérétiques et schismatiques seront dénoncés par toutes les Églises afin qu’elles s’en donnent garde, et d’iceux la liste sera portée des synodes provinciaux aux nationaux » (ibid., chap. i, article 55).
56 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Saumur, 1597, article 3 des faits généraux.
57 Ibid., synode provincial de Baugé, 1603, article 4 des faits généraux.
58 Ibid., article 12 des faits généraux.
59 ANF, TT 235, 1, synode provincial de Bellême, 1673.
60 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Preuilly, 1602, article 7 des faits généraux.
61 Ibid., synode provincial de Baugé, 1603, article 5 des faits généraux.
62 Ibid., synode provincial de Loudun, 1616, article 5 des faits généraux.
63 D. Boisson, Consciences en liberté ? De toute façon, à partir de 1663, la législation royale interdit aux ecclésiastiques de se convertir au protestantisme, ce qui implique nécessairement un départ vers un pays du Refuge.
64 Sur cette controverse, voir en particulier : F. Cupif, Déclaration de Maistre François Cupif ; F. Cupif, Lettre de M. Cupif à MM. les pasteurs et anciens ; F. Véron, Response entière aux déclarations de Basile et Cupif ; Id., Response aux déclarations de Basile et de Cupif.
65 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Saumur, 1594, article 8.
66 Ibid., 1607, article 11 des faits généraux. Si, avant l’édit de Nantes, le catéchisme diffusé dans le royaume est celui du Calvin, ensuite, plusieurs pasteurs ont publié un catéchisme. Le plus répandu est celui de Charles Drelincourt, pasteur de Charenton, dont la première édition date de 1642, mais sont publiés également ceux de Louis de Fauquembergue (1632), de Cyrus du Moulin (1649) et de Paul Ferry (1657). Voir H. Bost, « Les catéchismes réformés ».
67 Selon la Discipline ecclésiastique, les jeûnes doivent être pratiqués « en temps d’âpre persécution ou de peste, ou de guerre, ou de famine, ou d’autre grande affliction ». Toutefois, de telles pratiques doivent se faire « sans scrupule et superstition » (chap. x, article 3). Le jour de jeûne, jour d’abstinence, toute activité doit être interrompue. Les fidèles doivent se rendre au temple et assister à trois exercices consécutifs. À Charenton, le 19 avril 1658, 32 chapitres de la Bible sont lus, 3 sermons formant un volume de 167 pages sont prêchés et 19 psaumes chantés. Voir P. de Félice, Les protestants d’autrefois, pp. 154-171.
68 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Poligny, 1609, article 4. Quand il existe comme cela un jeûne général, toutes les Églises réformées doivent le suivre à la date fixée. Ainsi, l’Église de Châteaudun a été censurée pour l’avoir organisé le… 6 novembre.
69 ANF, TT 267, 16, synode provincial de Sorges, 1683. Ce ne sont pas les actes du synode qui ont été conservées mais les procès-verbaux tenus par les deux commissaires du roi présents tout au long de l’assemblée, un catholique et un protestant.
70 BSHPF, ms. 526, synode provincial de Preuilly, 1608, article 21 des faits généraux.
71 BSHPF, ms. 431, synode provincial de Loudun, 1623. Le synode de Dordrecht de 1618-1619, convoqué par les États généraux des Provinces-Unies pour résoudre la question des Arminiens qui proposaient un « système théologique conférant à la foi individuelle une responsabilité pour le salut, en opposition à la doctrine calviniste officielle proclamant une prédestination éternelle ». Le synode condamna la doctrine arminienne et définit la prédestination en des termes qui excluaient toute participation de l’homme à l’œuvre du salut. Voir P. Gisel (éd.), Encyclopédie du protestantisme, p. 373.
72 BSHPF, ms. 431, synode provincial de Loudun, 1647.
73 Bibliothèque nationale de France (BNF), ms. fr. 15829, fo 187.
74 Né à Glasgow en 1580, John Cameron enseigne en 1600 le latin et le grec au collège protestant de Bergerac, puis devient professeur à l’académie de Sedan, avant d’être choisi comme pasteur à Bordeaux entre 1608 et 1618. Il y reste deux ans, retourne trois ans à Glasgow, puis revient à Saumur, avant de terminer sa carrière à Montauban où il meurt en 1625.
75 BNF, ms. fr. 15829, synode provincial de Saumur, 1618. Cameron, tout en défendant l’orthodoxie calviniste, propose de concilier la doctrine de la prédestination avec l’affirmation de l’amour salvifique universel de Dieu, ce qui influencera en particulier l’un de ses étudiants, Moïse Amyraut. Voir F. Laplanche, Orthodoxie et prédication.
76 BNF, Arsenal, Papiers Conrart, ms. 5423, extraits des actes du synode provincial de Preuilly, 1667.
77 Ibid. Né en 1628, élève de Moïse Amyraut à Saumur, professeur de théologie à Saumur en 1666, Claude Pajon « veut concilier l’efficacité de la grâce avec la liberté humaine en soutenant que l’action divine qui convertit n’est autre que la persuasion intellectuelle jaillie de la prédication ». Voir, en particulier, Cl. Fatio, « Claude Pajon ».
78 ANF, TT 235, 1, synode provincial de Bellême, 1673. Isaac d’Huisseau, né en 1603, devient pasteur de Saumur après avoir fait des études dans l’académie de cette ville. En 1656, il est suspendu de ses fonctions une première fois, principalement en raison d’un conflit qui l’a opposé à Moïse Amyraut ; il est cependant rétabli par le synode national de Loudun de 1659-1660. Cependant en 1670, il publie un ouvrage, La réunion du christianisme, dans lequel « il se propose d’appliquer aux doctrines religieuses la méthode du doute cartésien afin de réduire au maximum les ponts religieux entre les deux confessions » (H. Bost, « Huisseau, Isaac de », p. 705). Déposé par le synode provincial de 1670, il meurt deux ans plus tard. Voir également, R. Stauffer, L’affaire d’Huisseau.
79 ANF, TT 266, 4, synode provincial de Saumur, 1677.
80 Th. Guillemin, Isaac Papin.
Auteur
Université d’Angers
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