Du dynastique au religieux
Contribution de la numismatique à l’histoire de la transition politique entre les Almohades et les Mérinides
p. 109-133
Texte intégral
1Avant d’aborder la question de l’apport de la numismatique1 à notre connaissance de la transition politique entre les Almohades et les Mérinides et à l’étude des problèmes de légitimation qui lui sont liés, je voudrais rappeler, en guise d’introduction, deux points concernant la naissance politique des Mérinides susceptibles de nous aider à mieux comprendre certains de leurs choix numismatiques.
2Le premier concerne la question de l’absence d’un projet réformateur initial sous-tendant et justifiant l’avènement des Mérinides, contrairement aux dynasties précédentes des Almoravides et des Almohades ; cette idée est d’ailleurs devenue une sorte d’axiome de la réflexion historique sur l’évolution politique des Banū Marīn. Le second point, qui résulte peut-être du premier, concerne le pragmatisme des premiers émirs mérinides dans la gestion des événements au cours et au lendemain de la dislocation du domaine almohade. Cette attitude les amènera à se contenter, dans un premier temps, qui correspond à la période essentiellement tribale — notamment sous Abū Sa‘īd Uṯmān I (614/1217-638/1240) et Abū Yaḥyā (642/1244-656/1258) —, d’une première conquête que l’on peut qualifier de « non-politique »2 dont le but essentiel était d’assurer avant tout terres et pâturages aux tribus mérinides3. Ce n’est que dans un deuxième temps (vers la fin de l’émirat d’Abū Yaḥyā et durant la première partie du règne de son successeur Abū Yūsuf Ya‘qūb), que les Mérinides mirent en avant des motivations clairement politiques. Ils se rangèrent alors sous la suzeraineté des Hafsides, à qui ils envoyèrent des lettres officielles d’allégeance, après avoir conquis des villes et des territoires almohades.
3L’indépendance proprement dite des Mérinides ne s’affirme que progressivement quelques années après la prise de Marrakech en l’an 668/1269, sous le règne d’Abū Yūsuf Ya‘qūb (656/1258-685/1286). Le contrôle du commerce euro-africain, grâce à la prise des deux villes commerçantes de Ceuta et de Siğilmāsa vers 673/septembre 1274, fut très certainement le premier facteur qui accéléra le processus de construction de l’État mérinide autonome. C’est exactement après cette date en 674/1275-1276 que furent prises quatre autres mesures qu’on peut qualifier de « fondatrices » : la construction d’une nouvelle ville à Fès (Fès Ǧdīd), véritable « ville administrative » destinée aux princes et aux fonctionnaires4 ; l’édification de madrasa-s ; la réorganisation officielle de la frappe monétaire, fixant les normes à respecter pour les émissions d’or et d’argent vers 674/1275 ; et, enfin la première expédition de ğihād « guerre sainte » mérinide en al-Andalus, élément sanctifiant indispensable à toute accession au pouvoir au Maroc médiéval5, justifiant d’ailleurs le laqab de Nāṣir al-Dīn (« Défenseur de la religion ») que le Mérinide fit inscrire sur ses monnaies :
1) AV/Abū Yūsuf Ya‘qūb (656/1258-685/1286)/Sans atelier6
D/Centre
4
Segments
« Votre Dieu est Unique, il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux »7
5R/Centre8
6
Segments
« Il est le Premier et le Dernier/l’Apparent et le Caché/de toute chose/Il est Omniscient »9
El Hadri n ° 2/Hazard 713 (Ex : Brethes 1274 : 4,5 g/29 mm)
2) AV/Abū Yūsuf Ya‘qūb (656/1258-685/1286)/Sans atelier
D/Centre : dans deux carrés linéaires
7
Segments
« Votre Dieu est Unique, il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux »10
R/Centre : dans deux carrés linéaires
8
Segments
La royauté est à Dieu/la majesté est à Dieu/la volonté est à Dieu/la puissance et la force sont en Dieu
El Hadri n° 1/Hazard 714 (Ex MAR 248411 : 2,28 g/22 mm/12°°)
9L’utilisation des émissions monétaires en tant qu’insignes officiels du pouvoir et comme instruments dans la construction de l’identité politique mérinide se lit particulièrement dans le choix des légendes monétaires12. Avant de présenter et discuter les spécificités du monnayage mérinide de ce point de vue, un aperçu du contenu des légendes almohades nous permettra de mieux saisir les évolutions et les éléments de transition entre les deux systèmes.
I. — LÉGENDES ALMOHADES ET ÉLÉMENTS POLITICO-GÉNÉALOGIQUES
10Contrairement aux monnaies mérinides, les dinars almohades se caractérisent par l’importance des références politiques et généalogiques. L’évocation du Mahdī, notamment sous la forme al-Mahdī Imām al-Umma (« le Mahdī est l’Imām de la Communauté »), et la référence au nom du calife almohade, à sa titulature, et à sa généalogie sont omniprésentes sur les dinars et les demi-dinars almohades dont elles occupent la majorité de la surface :
3) AV/Abū Yūsuf Ya‘qūb (558/1163-580/1184)/Séville
D/Centre
11
Segments
« Votre Dieu est Unique, il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux »13
R/Centre
12
Segments
L’émir des croyants/Abū Ya‘qūb/Yūsuf fils/de l’émir des croyants
Hazard 497
4) AV/Abū Yūsuf Ya‘qūb (580/1184-595/1199)/Fès
D/Centre
13
Segments
14
« Votre Dieu est Unique, il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux »14 ; « Il n’est de bien dont vous puissiez jouir qui ne soit un don de Dieu »15 ; « Et ma réussite ne dépend que de Dieu »16.
R/Centre
15
Segments
L’émir des croyants/Abū Yūsuf Ya‘qūb/fils de l’émir des croyants/fils de l’émir des croyants
Hazard 500
16Cette tendance à l’affirmation généalogique qui se double de la répétition de la titulature des califes antérieurs en tant qu’émirs des croyants s’accentuera sous les derniers Almohades, de sorte que l’on va remplacer systématiquement, notamment à partir du règne d’Abū ‘Abd Allāh Muḥammad (595/1199-610/1213), les textes coraniques qu’on inscrivait d’habitude dans les segments du droit des dinars almohades par le nom du calife et sa titulature17, tout en réservant l’espace central du revers exclusivement à la mention des ancêtres du calife depuis ‘Abd al-Mū’min. Cette mention est maintenue dans les segments de la même face, tandis que la liste des émirs des croyants antérieurs s’allonge dans les derniers temps de la dynastie des Almohades :
5) AV/Abū Ya‘qūb Yūsuf II (610/1213-620/1224)/Fès
D/Centre
Segments
L’émir des croyants/Abū Ya‘qūb/Yūsuf fils des califes/bien guidés
R/Centre
Segments
L’émir des croyants Abū Yūsuf / Ya‘qūb fils des deux califes/ l’émir des croyants Abū ‘Abd Allāh/Muhammad fils des émirs des croyants
Hazard 507
6) AV/Abū l-’Ulā Idris (624/1227-629/1232)/sans nom d’atelier
D/Centre
Segments
Le combattant al-Mā’mūn/l’émir des croyants Abū l-‘Ulā/Idris fils d’al-Mansūr l’émir des croyants/fils des deux califes émirs des croyants
R/Centre
Segments
L’émir des croyants Abū ‘Abd Allāh/Muhammad fils des émirs des croyants/l’émir des croyants Abū Ya‘qūb/Yūsuf fils des califes bien guidés
Hazard 511
7) AV/Abū l-Ḥasan ‘Alī Ibn Idris (640/1242-646/1248)/Sabta (Ceuta)
D/Centre
Segments
L’émir des croyants le plus Heureux/ le soutenu par Dieu Abū l-Ḥasan/fils de l’émir des croyants al-Ma’mūn/fils des califes bien guidés
R/Centre
Segments
Abū al-‘ Ulā fils des califes bien guidés/ l’émir des croyants al-Rašῑd/Abū Muhammad ‘Abd al-W-ahid/fils de l’émir des croyants al-Ma’mūn
Hazard 518
17Ce système des légendes monétaires almohades, fondamentalement articulé autour de l’élément généalogique califal, que j’ai essayé d’illustrer à travers les exemples cités, est complètement abandonné par les Mérinides. Ces derniers accordent une place prépondérante au texte religieux, aux dépens des références au pouvoir. Dans l’analyse des différents éléments religieux, qui marquent la transition politico-idéologique des Almohades aux Mérinides, j’insisterai particulièrement sur trois points qui caractérisent les légendes monétaires mérinides : d’abord l’importance et la multiplicité des versets coraniques, ensuite l’introduction d’un « slogan » concernant la nature du Coran et enfin l’anonymat des dinars, associé au haut degré de religiosité des inscriptions monétaires mérinides.
II. — MULTIPLICITÉ DES RÉFÉRENCES AU TEXTE CORANIQUE
18La première chose à noter à propos des légendes monétaires mérinides est le nombre important des citations coraniques. Dans l’ensemble on compte vingttrois versets ou extraits de versets coraniques ;
Répartition des versets par règne et par thème
Verset | Regne | Theme |
ii-163 | Tous les règnes à l’exception de ‘Abd al-Ḥaqq II | Unicité de Dieu |
ii-213 | Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II Abū l-Ḥasan ‘Alī Abū Sa‘īd ‘Uṯmān III | Volonté de Dieu |
iii-53 | ‘Abd al-Ḥaqq II | La foi en Dieu |
iii-126 | Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II Abū l-Ḥasan ‘Alī Abū ‘Inān Fāris Abū Zayyān al-Mutawakkil Abū Zayyān Muḥammad IV Abū al-‘Abbās Aḥmad Abū Fāris ‘Abd al-‘Azīz II Abū ‘Āmir ‘Abd Allāh Abū Sa‘īd ‘Uṯmān III Muḥammad al-Mas‘ūd ‘Abd al-Ḥaqq II | La victoire vient de Dieu |
iii-173 | Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II Abū l-Ḥasan ‘Alī | Al-tawakkul |
vii-89 | ‘Abd al-Ḥaqq II | Invocation de Dieu |
ix-51 et 52 | Abū Zayyān al-Mutawakkil | Al-tawakkul |
ix-129 | Abū Zayyān al-Mutawakkil | Al-tawakkul |
xi-88 | Abū Ya‘qūb Yūsuf (uniquement la première phrase) Abū Zayd ‘Abd al-Raḥmān ‘Abd al-Ḥaqq II | Al-tawakkul |
xii-64 | Abū l-Ḥasan ‘Alī | Protection divine |
xv-9 | ‘Abd al-Ḥaqq II | Intégrité du Coran |
xvi-53 | Abū Ya‘qūb Yūsuf Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II Abū ‘Inān Fāris Abū al-‘Abbās Aḥmad Abū Fāris ‘Abd al-‘Azīz II Abū Sa‘īd ‘Uṯmān III ‘Abd al-Ḥaqq II | Faveurs de Dieu |
xviii-39 | Abū l-Ḥasan ‘Alī Abū al-‘Abbās Aḥmad Abū Zayd ‘Abd al-Raḥmān Abū Fāris Mūsā Abū Fāris ‘Abd al-‘Azīz II Abū ‘Āmir ‘Abd Allāh Abū Sa‘īd ‘Uṯmān III ‘Abd al-Ḥaqq II | La puissance de Dieu |
xl-44 | Abū Zayd ‘Abd al-Raḥmān | Al-tawakkul |
xlviii-1 à 3 | Abū Zayyān al-Mutawakkil | Faveurs divines et secours de Dieu |
lvii-3 | Tous les règnes à l’exception de ‘Abd al-Ḥaqq II | Attributs divins |
lx-4 | ‘Abd al-Ḥaqq II | Al-tawakkul |
lxi-13 | Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II Abū al-‘Abbās Aḥmad Abū Zayd ‘Abd al-Raḥmān Abū Fāris ‘Abd al-‘Azīz II Abū Sa‘īd ‘Uṯmān III | Soutien et secours de Dieu |
lxv-2 et 3 | Abū Zayd ‘Abd al-Raḥmān ‘Abd al-Ḥaqq II | Al-tawakkul |
lxv-7 | ‘Abd al-Ḥaqq III | Invocation (du secours divin) |
lxvii-1 | Abū Yūsuf Ya‘qūb | Royauté/pouvoir de Dieu |
lix-22 | Abū ‘Āmir ‘Abd Allāh | Attributs divins |
lxxvi-30 | Abū Yūsuf Ya‘qūb | Omniscience/volonté de Dieu |
19Il s’agit clairement de l’une des spécificités de ce monnayage qui n’a quasiment pas de parallèle dans l’Occident musulman, voire dans l’ensemble du monde musulman médiéval18. Il arrive parfois que deux, voire trois citations coraniques apparaissent sur la même monnaie sans aucune référence au pouvoir mérinide.
8) Dinar anonyme attribué à Abū Ya‘qūb Yūsuf (685/1286-706/1307)
AV/Marrakech/Anonyme
D/Centre
Segments
Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux/Que Dieu bénisse notre seigneur Muḥammad/« Votre Dieu est Unique, il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux19 »
R/Centre
Segments
« Il est le Premier et le Dernier/l’Apparent et le Caché/De toute chose/Il est Omniscient »20
El Hadri 18/Hazard 689 (Ex Brethes 1348 : 4,6 g/29 mm/--°°)
9) Dinar anonyme attribué à Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II (710/1310-731/1331)
AV/Fès/Anonyme
D/Centre
Segments
« Votre Dieu est Unique, il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux »21
R/Centre
2022
Segments
« Il est le Premier et le Dernier/l’Apparent et le Caché/de toute chose/Il est Omniscient23 »
El Hadri 30/Hazard 720 (Ex Lavoix 1022 : 4,44 g/29 mm/12°°)
21Cette forte présence du texte coranique, dont plusieurs extraits sont employés pour la première fois et exclusivement par les Mérinides24, semble avoir été préfigurée par l’inscription sur les monnaies, dès les premiers temps de la dynastie mérinide, d’une formule soulignant la primauté du Coran, à savoir la formule : « le Coran est la parole de Dieu ». Cette dernière est présente sur plusieurs séries de dinars mérinides ainsi que sur la plupart des dirhams anonymes sous une autre forme : « le Coran est notre Imām ».
22En analysant la distribution des versets en fonction de leur thème, on remarque la prépondérance des versets relatifs à deux thèmes principaux : la victoire et le secours, venant de et voulus par Dieu, d’une part ; al-Tawakkul (le fait de s’en remettre à Dieu), d’autre part. Ce dernier est présenté quasiment comme une condition, d’après les contextes dans lesquels il est cité, du secours et du soutien divins. La notion de Tawakkul fait par ailleurs également partie de la terminologie du soufisme25, un mouvement religieux populaire qui connaît une grande expansion à l’époque mérinide et dont les souverains mérinides ont finalement dû faire un des éléments de leur légitimation26. Le Tawakkul est également étroitement lié dans le soufisme malikite au Tawḥīd (Unicité de Dieu)27, autre thème très fréquent dans les légendes mérinides (soit par la formule : « Dieu est l’Unique »/Al-Wāḥid Allāh, soit par le verset ii, 163). Également significatifs sont les versets portant sur les invocations de Dieu (du‘ā’) et les rappels de ses faveurs. Ils semblent renvoyer, avec les autres thèmes cités, aux divers éléments et étapes de la pratique soufie à l’époque mérinide.
23On notera enfin que la distribution chronologique des citations coraniques se caractérise par une multiplicité particulièrement accusée des versets coraniques sous le dernier mérinide ‘Abd al-Ḥaqq II : on y trouve onze versets (dont quatre introduits pour la première fois sur le monnayage mérinide) et des citations évoquant, pour la plupart, soit le Tawakkul, soit le soutien de Dieu. Les troubles, les séditions régionales et les attaques étrangères lancées sur les côtes marocaines, notamment par les Portugais, qui marquèrent la quasi-totalité de ce règne28, pourraient expliquer en partie la densité de ces thèmes sur le dernier monnayage mérinide.
III. — LA FORMULE DU CORAN
24Quant à la formule ou « slogan » du Coran al-Qur’ān kalām Allāh (« Le Coran est la parole de Dieu ») qu’on trouve sur les monnaies d’or et, sous la forme un peu modifiée al-Qur’ān Imāmunā (« le Coran est notre Imām »), essentiellement sur les dirhams29, elle a été choisie dès l’avènement des Mérinides. Elle remplace sur leurs monnaies le slogan almohade du Mahdisme qui figurait régulièrement sur les monnaies almohades (« le Mahdī est l’Imām de la communauté » sur les dinars ; « le Mahdī est notre Imām » sur les dirhams).
10) Dinar anonyme attribué à Abū Ya‘qūb Yūsuf (685/1286-706/1307)
AV/Siğilmāsa/Anonyme
D/Centre
Segments
Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux/Que Dieu bénisse notre seigneur Muḥammad/« Votre Dieu est Unique/il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux »30
R/Centre
Segments
« Il est le Premier et le Dernier/l’Apparent et le Caché/De toute chose/Il est Omniscient »31
El Hadri 19/Hazard 678 (Lavoix 1020 : 4,62 g/31 mm/12°°)
11) Demi-dinar anonyme attribué à Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II (710/1310-731/1331)
AV/Sans atelier/Anonyme
D/Centre
Segments
« Votre Dieu est Unique/il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux »32
R/Centre
Segments
« La victoire/ne peut venir que de Dieu/le Puissant/le Sage »33
El Hadri 52 (BN 1966. 28634 : 2.32g/23 mm/12°°)
12) Dinar anonyme attribué à Abū l-Ḥasan ‘Alī (731/1331-752/1352)
V/Tunis/Anonyme
D/Centre
Segments
Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux/Que Dieu bénisse notre Seigneur/Muḥammad, « Votre Dieu est Unique/il n’y a d’autre divinité que Lui, le Clément, le Miséricordieux »35
R/Centre
Segments
« Il est le Premier et le Dernier/l’Apparent et le Caché/de toute chose/Il est Omniscient »36
El Hadri 89 (Musée du Bardo/Farrugia37 n° 64 : 4,68 g/32 mm/12°°)
25Aucun témoignage ou source écrite ne nous renseigne sur les circonstances ou la date de l’adoption de cette nouvelle formule par les Mérinides. Il s’agit d’un slogan qui semble intimement lié à la nouvelle idéologie de la dynastie. Sur les monnaies, il est même le premier signe distinctif des légendes monétaires mérinides : il est presque omniprésent sur les frappes anonymes d’Abū Ya‘qūb Yūsuf (685-706/1286-1307), d’Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II (710-731/1310-1331) et d’Abū l-Ḥasan (731/1331-752/1352) ; il figure également sur de nombreuses émissions au nom d’Abū ‘Inān Fāris (749/1348-759/1358), et d’Abū Fāris ‘Abd al-‘Azīz II (796/1393-799/1396).
26La phrase « le Coran est notre Imām », qui met l’accent sur le rôle du Coran comme guide, exprime et annonce la nouvelle doctrine fondée sur la primauté du Coran au lieu de la doctrine du Mahdī. Elle signale donc un changement qui affecte la légitimation religieuse du pouvoir politique, marqué par le refus du Mahdisme almohade et le retour au sunnisme, que vont propager graduellement les nombreuses nouvelles écoles (les madrasa-s) érigées par les Mérinides dans les villes du pays.
27Quant à la deuxième formule qui définit le Coran comme la parole de Dieu, au-delà de son sens littéral, qui rejoint en quelque sorte celui de la première, en présentant également le Coran — parole de Dieu — comme le seul guide de la vie des gens par opposition aux dires et aux paroles du Mahdī, presque sacralisés dans la doctrine des Almohades, elle semble aussi véhiculer d’autres significations. Du point de vue philosophique ou du ‘ilm al-kalām (« apologie défensive » ou « science du discours sur Dieu »)38, affirmer que le Coran est la parole de Dieu revient à prendre position au sein de l’une des grandes controverses qui a agité le kalām au cours des premiers siècles de l’Islam et qui portait précisément sur le rapport entre le Coran et l’attribut de la parole et sur la question de savoir si le Coran « était la vraie parole de Dieu ou était créé »39.
28Les Mu‘tazilites et leurs soutiens politiques, tel notamment le calife al-Ma’mūn qui lança une grande polémique et mit en place une sorte de Miḥna (« inquisition ») autour de la question, ont tous adopté une position insistant sur le caractère créé du Coran40.
29Une autre position, en opposition totale avec la première et soutenue par les Aš‘arites et d’autres groupes de théologiens sunnites, était favorable à la doctrine de l’éternité du Coran et de son caractère « incréé » (ġayr maẖlūq)41. Les Mérinides en définissant le Coran comme parole et non création de Dieu se sont évidemment ralliés à cette conception, suivant en cela la tendance sunnite majoritaire. On ne connaît pas en revanche la position exacte d’Ibn Tūmart sur ce point. Nous savons par contre que sa pensée doctrinale, qui était caractérisée par son éclectisme, rejoignait le mu‘tazilizme sur quelques points42 relevant du kalām comme la définition des attributs divins43. Il semble, en fait, avoir évité de se prononcer clairement sur le dogme de la création du Coran44, ce qui n’empêche évidemment pas que des opinions sur le sujet aient pu être adoptées par des soutiens de la pensée almohade après sa mort. C’est très probablement par rapport à eux que les Mérinides se sont positionnés, en affichant le caractère incréé du Coran à travers la formule anti-mu‘tazilite : « le Coran est la parole de Dieu ».
IV. — L’ANONYMAT DES MONNAIES
30Les premières monnaies sous Abū Yūsuf (656/1258-685/1286) sont d’abord une série de dinars anonymes portant des légendes « politiquement neutres », et quelques dinars, frappés à une date ultérieure, portant son nom, suivi du titre d’« Émir des musulmans », qui deviendra le titre habituel des sultans mérinides. Les frappes, toujours d’or, redeviennent, par la suite, anonymes. Ce type d’émissions se prolonge sous le règne d’Abū Ya‘qūb Yūsuf (685-706/1286-1307), avec plusieurs séries frappées dans les ateliers de Fès, Siğilmāsa, Marrakech, Ceuta, et même à Tlemcen la Neuve45. Toutes ces séries ont été attribuées de manière erronée à Abū Yaḥyā par Hazard (nos 8 et 10)46.
31Par la suite, les frappes anonymes, qui caractérisent certainement les deux courts règnes des successeurs d’Abū Ya‘qūb, Abū Ṭābit (706/1307-708/1308) et Abū l-Rabī‘ Sulaymān (708/1308-710/1310)47, se poursuivent sous le règne d’Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II (710-731/1310-1331) [nos 9 et 11]. Des éléments nouveaux, et notamment les données provenant du nouveau trésor de Butera48, permettent de réattribuer l’ensemble des séries en or portant le nom d’Abū Sa‘īd ‘Uṯmān au dernier Abū Sa‘īd ‘Uṯmān III (800/1398-823/1420)49. Ce qui signifie évidemment qu’on a continué à émettre des monnaies ne mentionnant pas le nom du sultan sous Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II. Les émissions, également anonymes (no 12), sous le règne d’Abū l-Ḥasan (‘Alī : 731/1331-752/1352), qui ont été considérées jusqu’à présent comme des exceptions qui rétablissaient l’anonymat des monnaies mérinides, ne font en fin de compte que poursuivre la tradition des règnes précédents.
32L’anonymat des dinars mérinides, qui concerne, parmi d’autres, particulièrement deux des grands règnes des premiers souverains de cette dynastie, Abū Ya‘qūb Yūsuf et Abū l-Ḥasan ‘Alī, caractérisés par la puissance militaire et l’expansion territoriale des Mérinides, est un phénomène un peu surprenant et exceptionnel dans l’histoire monétaire du Maroc. Il est possible de l’interpréter de deux façons. Il faut en premier lieu tenir compte du problème essentiel de la légitimité du nouveau pouvoir. Ce problème qui continue d’être sensible pendant plusieurs décennies après l’avènement de la dynastie mérinide, même si un certain pragmatisme, qui avait assuré son succès lors de la « période tribale », avait conduit la dynastie à moins se préoccuper des apparences que des réalités du pouvoir. Mais en adoptant un point de vue un peu différent, on peut aussi considérer qu’à l’apogée de l’affirmation politique de la dynastie, il ne s’agit pas vraiment d’une hésitation de la part des grands souverains mérinides à afficher leur nom sur leurs monnaies. L’abondance des dinars anonymes, un monnayage majoritairement de très bonne qualité technique et portant des légendes nouvelles, suggère que ces grands souverains entendaient être identifiés surtout par les messages contenus dans les inscriptions de leurs monnaies. Exclusivement religieuses, et incluant en particulier un nouveau « slogan » soulignant la primauté du Coran, qui remplaçait la référence des monnaies almohades au Mahdī, les légendes mérinides anonymes renvoient à la nouvelle doctrine de la dynastie fondée sur le malikisme et la « parole de Dieu », une tendance clairement sunnite dont les Mérinides se voulaient dès l’origine les vrais défenseurs.
V. — CONCLUSION
33Ce survol des différentes composantes des légendes monétaires mérinides amène à la conclusion que l’originalité du monnayage de leur dynastie réside en premier lieu dans le contenu de ses inscriptions. Ces dernières sont fondamentalement religieuses, qu’elles multiplient les formules relatives aux pratiques et aux principes fondamentaux de l’Islam (Basmala, Taṣliya, Šahāda, Tawḥīd, etc.) ou à l’adoration de Dieu et à la reconnaissance de ses bienfaits et de sa majesté (Ḥamd, Šukr, Minnat/‘Izzatu, ‘Aẓama, Mulk, Qudra, etc.), qu’elles utilisent abondamment les citations coraniques ou, enfin, qu’elles introduisent de nouveaux slogans politico-religieux dont le plus important est celui de la nouvelle formule concernant la nature du Coran.
34Avec les Mérinides on assiste à une augmentation spectaculaire des références religieuses aux dépens de ce que l’on peut appeler le séculier ; la référence au souverain et sa généalogie, qu’on avait l’habitude de voir figurer sur la plupart des dinars almohades de façon presque systématique et détaillée50, se fait toujours plus rare sur le monnayage mérinide. Ainsi lorsqu’on veut faire figurer le nom du sultan on se contente souvent de ses nom et titre, auxquels on ajoute parfois son laqab. Ce n’est qu’à partir du règne d’Abū ‘Inān Fāris que l’on ajoute la référence aux premiers califes (califes bien guidés — Al-ẖulafā’ al-rāšidūn)51 réservant l’espace restant des segments à un verset coranique ou, le cas échéant, à la mention de l’atelier.
35Le haut degré de religiosité des légendes monétaires mérinides trouve, toutefois, son illustration la plus manifeste dans les nombreuses et longues séries de dinars anonymes, portant exclusivement des légendes religieuses sans aucune référence au sultan ni à la date, un phénomène quasi unique pour ce qui est du monnayage d’or dans le monde islamique.
36La prépondérance du religieux sur les monnaies mérinides trouve sans doute son explication dans l’obsession de légitimation qui a caractérisé la dynastie mérinide tout au long de son histoire52 ; elle traduit également par la fréquence des formules relevant du registre soufi, la volonté des Mérinides de tirer profit du succès contemporain du puissant mouvement populaire du soufisme53.
Annexe
DESCRIPTION ET TRADUCTIONS DES VERSETS CORANIQUES FIGURANT SUR LES MONNAIES MÉRINIDES
1) ii-163 (La Génisse) :
(« Votre Dieu est Unique. Il n’y a d’autre divinité que Lui. Il est le Bienfaiteur, le Miséricordieux »).
2) ii-213 (La Génisse) :
(« Allāh dirige qui Il veut vers une voie droite »).
3) iii-53 (La famille d’Imran) :
(« Seigneur ! Nous avons foi en ce que Tu as révélé et nous suivons Ton prophète »).
4) iii-126 (La famille d’Imran) :
(« La victoire ne peut venir que de Dieu, le Puissant, le Sage »).
5) iii-173 (La famille d’Imran) :
(« Dieu nous suffit, quel excellent Protecteur »).
6) vii-89 (Les Murailles) :
(« Seigneur ! Veuille trancher en toute équité le différend qui nous oppose à notre peuple, car Tu es le Meilleur des juges »).
7) ix-51 et 52 (Le Repentir) :
(« Dileur : “Rien ne nous atteindra en dehors de ce que Dieu nous a déjà prescrit. Il est notre Maître ! Et c’est en Lui que les croyants doivent mettre leur confiance” »).
8) ix-129 (Le Repentir) :
(« “Dieu me suffit ! Il n’y a d’autre Dieu que Lui ! C’est en Lui que je place ma confiance. Il est le Maître Souverain du Trône sublime !” »).
9) xi-88 (Hūd) :
(« Et ma réussite ne dépend que de Dieu. C’est à Lui que je me confie et c’est à Lui que je ferai retour »).
10) xii-64 (Joseph) :
(« Dieu est le Meilleur Protecteur et Il est le plus Miséricordieux des miséricordieux »).
11) xv-9 (Al-öijr) :
(« C’est Nous qui avons révélé le Coran, et c’est Nous qui en assurons l’intégrité »).
12) xvi-53 (Les Abeilles) :
(« Il n’est de bien dont vous puissiez jouir qui ne soit un don de Dieu »).
13) xviii-39 (La Caverne) :
(« Il n’y a de puissance qu’en Dieu »).
14) xl-44 (L’Indulgent) :
(« Je remets mon sort à Dieu, car Dieu a une parfaite connaissance de Ses créatures »).
15) xviii-1 à 3 (La Victoire) :
(« En vérité, Nous t’avons accordé une victoire éclatante, afin que Dieu te pardonne tes fautes, passées et présentes, parachève sur toi Sa grâce et te dirige dans la voie droite ; Dieu te prête ainsi un puissant secours »).
16) lvii-3 (Le Fer) :
(« Il est le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché ; de toute chose Il est Omniscient »).
17) lx-4 (L’Éprouvée) :
(« Seigneur ! C’est en Toi que nous mettons notre confiance ! C’est vers Toi que se fera, en définitive, notre retour ! »).
18) lxi-13 (Le Rang) :
(« Secours de Dieu et une prompte victoire, annonce cette bonne nouvelle aux croyants »).
19) lxv-2 et 3 (La Répudiation) :
(« À quiconque est pieux envers Dieu, Celui-ci ménage une issue favorable et lui accorde Ses dons par des voies insoupçonnées. Quiconque s’en remet à Dieu, trouvera en Lui son suffisant. Dieu est réalisateur de ce qu’Il ordonne »).
20) lxv-7 (La Répudiation) :
(« Dieu fera succéder à l’adversité l’aisance »).
21) lxvii-1 (La Royauté) :
(« Béni soit Celui qui détient le pouvoir suprême et qui est Tout-puissant »).
22) lix-22 (L’Exode) :
(« C’est Lui Dieu, en dehors de qui, il n’y a point de divinité ; Il est le Connaisseur du monde visible et du monde invisible ; Il est le Clément, le Miséricordieux »).
23) lxxvi-30 (L’Homme) :
(« (Mais), vous ne saurez le vouloir qu’autant que Dieu le veuille. Dieu est Omniscient et Sage »).
Notes de bas de page
1 Les remarques présentées dans cet article sont tirées de mon étude sur le monnayage des sultans mérinides : M. El Hadri, Les monnaies mérinides dans l’histoire monétaire du Maroc.
2 J’entends ici l’absence d’un vrai projet politique et dynastique chez les premiers chefs tribaux mérinides.
3 M. Kably, Société, pouvoir et religion au Maroc, pp. 24-35 et 53.
4 R. Le Tourneau, Fès avant le protectorat, pp. 61-63.
5 M. Kably, Société, pouvoir et religion au Maroc, p. 80.
6 Pour les références concernant les monnaies présentées dans cet article seront employées les abréviations suivantes : Brethes : J.-D. Brethes, Contribution à l’histoire du Maroc par les recherches numismatiques ; El Hadri : M. El Hadri, Les monnaies mérinides dans l’histoire monétaire du Maroc ; Hazard : H. Hazard, The numismatic history of late medieval north Africa ; Lavoix : H. Lavoix, Catalogue des Monnaies musulmanes de la Bibliothèque Nationale.
7 Coran, ii, 163. Pour la traduction des versets coraniques nous avons suivi : Le Coran, trad. française par R. Blachere.
8 Dans les descriptions des monnaies, sont indiqués en gras les éléments des légendes particulièrement utiles dans la discussion (titulatures, laqab/s, généalogie et versets coraniques).
9 Coran, lvii, 3.
10 Coran, ii, 163.
11 Collection inédite du musée archéologique de Rabat.
12 Du point de vue formel (faciès, module et métrologie), le système monétaire mérinide poursuit par contre grosso modo la tradition monétaire almohade.
13 Coran, ii, 163.
14 Coran, ii, 163.
15 Coran, xviii, 39.
16 Coran, xi, 88.
17 Il importe de préciser que la référence au calife régnant, à l’exception de ‘Abd al-Mū’min, a toujours été reléguée, sur les dinars almohades, à l’espace des segments. Elle a seulement été déplacée des segments du revers à ceux du droit pour laisser plus d’espace à la mention généalogique, devenue plus longue avec le temps, mention qui a toujours occupé la totalité de l’espace central du revers.
18 D’après l’inventaire des versets employés dans les monnayages musulmans dressé par F. A. Aḥmad Yūskuf, Al-’Āy āt al-qur’āniyya ‘alā al-maskūkāt al-’isl āmiyya, on ne trouve autant de versets coraniques sur aucune des monnaies des autres dynasties musulmanes.
19 Coran, ii, 163.
20 Coran, lvii, 3.
21 Coran, ii, 163.
22 Coran, iii, 126.
23 Coran, lvii, 3.
24 Voir annexe (pp. 131-133) pour la description de l’ensemble des versets figurant sur les monnaies mérinides.
25 L. Lewisohn, « Tawakkul », pp. 403-405.
26 M. Kably, « Légitimité du pouvoir étatique », pp. 55-65 (notamment pp. 61-62).
27 L. Lewisohn, « Tawakkul », p. 405.
28 R. Ricard, « Le Maroc septentrional au xve siècle » ; A. Cour, « Les derniers Mérinides ».
29 Seules quelques rares émissions en or portent cette dernière formule : il s’agit de deux variantes d’un dinar inédit au nom du sultan Abū ‘Inān Fāris : M. El Hadri, Les monnaies mérinides dans l’histoire monétaire du Maroc, pp. 146-147 et 322 (nos 167-168).
30 Coran ii, 163.
31 Coran, lvii, 3.
32 Coran, ii, 163.
33 Coran, iii, 126.
34 Collection non publiée du Cabinet des monnaies et médailles de la Bibliothèque nationale de France (Paris).
35 Coran, ii, 163.
36 Coran, lvii, 3.
37 Catalogue du musée du Bardo (à Tunis) par J. Farrugia de Candia, « Monnaies hafsides du musée du Bardo » (collection que j’ai également étudiée sur place).
38 L. Gardet, « Kalām ».
39 A. T. Welch, « Al-Ḳur’ān », pp. 428-431 et L. Gardet, « Kalām », p. 489.
40 A. T. Welch, « Al-Ḳur’ān », p. 428. Pour plus de détails sur la question voir W. Madelung, « The origins of the controversy concerning the creation of the Koran ».
41 A. T. Welch, « Al-Ḳur’ān », p. 428.
42 H. Laoust, Les Schismes dans l’Islam, p. 218.
43 En considérant que la position des Mu‘tazila par rapport aux attributs divins est similaire à celle des Ibadites, D. Urvoy est favorable à une influence plutôt ibadito-kharijite sur la pensée d’Ibn Tūmart concernant les attributs : D. Urvoy, « La pensée d’Ibn Tūmart », p. 26.
44 Ibid., p. 23.
45 Il s’agit de la nouvelle ville mérinide fondée par Abū Ya’qūb dans les environs de Tlemcen la Zayyānide, au cours du long siège qu’il imposa à cette dernière (de 698/1299 à 706/1305).
46 M. El Hadri, Les monnaies mérinides dans l’histoire monétaire du Maroc, pp. 77-93 et 98-101.
47 Sur les frappes problématiques au nom d’Abū l-Rabī‘ Sulaymān, attribuées dans certains études aux Mérinides voir M. El Hadri, « Monnaies et relations diplomatiques sous les derniers Zayyānides ».
48 Il s’agit d’un trésor mérinide inédit conservé à l’université de Tübingen, que j’ai étudié au cours de mes recherches doctorales : M. El Hadri, Les monnaies mérinides dans l’histoire monétaire du Maroc, pp. 69-74. Je profite de cette occasion pour remercier M. Lutz Ilisch de son invitation et son accueil pour l’étude de ce trésor à Tübingen.
49 Ibid., pp. 69-74 et 114-122.
50 On note par exemple sur les dinars des Almohades al-Sa‘īd et d’Al-Murtaḍā que l’espace central du revers et les segments des deux faces sont occupés exclusivement par l’indication du nom du sultan et sa généalogie jusqu’à ‘Abd al-Mū’min, ainsi que par la référence au Mahdī : H. W. Hazard, The numismatic history of late medieval north Africa, pp. 154-157, nos 518-521 et 522-536.
51 Cette référence apparaît pour la première fois sur les monnaies d’Abū ‘Inān Fāris (749-59/1349-59) et devient presque habituelle pendant la deuxième moitié du XIVe siècle. Quant au type attribué par Hazard (The numismatic history of late medieval north Africa, p. 202) à Abū Sa‘īd ‘Uṯmān II et portant la référence aux premiers califes (n° 731), il appartient comme nous l’avons montré dans le nouveau classement au règne d’Abū Sa‘īd ‘Uṯmān III (800/1398-823/1420) : M. El Hadri, Les monnaies mérinides dans l’histoire monétaire du Maroc, pp. 114-128.
52 M. Kably, Société, pouvoir et religion au Maroc, p. 66.
53 Le lexique de ce dernier, étant donné son caractère emblématique et officiel (S. Gubert, « Pouvoir, sacré et pensée mystique », p. 395) avait avant tout pour but de « convaincre de la piété » et de « l’humble modestie du souverain » (M. Kably, Société, pouvoir et religion au Maroc, pp. 302-303) ce qui reflète en réalité l’utilisation du mysticisme par le pouvoir mérinide à des fins évidentes de propagande (ibid., p. 303).
Auteur
Université Lumière - Lyon 2 - UMR 5648
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