Scènes de repas et catalogues gastronomiques dans l’écriture romanesque
p. 213-225
Texte intégral
1La représentation de la nourriture et des manières de table dans la littérature médiévale, notamment dans les récits épiques et romanesques, est un territoire déjà largement exploré. De ces explorations se dégagent un certain nombre d’acquis d’où nous partirons pour voir comment se module dans les textes, la récurrence des situations narratives qui conduisent à l’évocation des scènes de repas. Car il s’agit bien de récurrence, de reprises renouvelées d’épisodes répétés au point de s’être figés en entités relativement stéréotypées1. Leur réitération a pour effet d’ouvrir le texte dans lequel ils s’inscrivent sur un réseau transtextuel dont nous tâcherons de rendre compte. Nourriture et scènes de repas s’articulent autour de deux schémas qui peuvent entrer en combinaison. Le premier est celui des épisodes d’hospitalité si fréquents dans les romans où le partage des plaisirs de la table constitue le second moment d’un rituel qui comporte quatre phases : l’accueil, le repas, le coucher et le départ. « Stable, répétitive, bien identifiable, la séquence consacrée à l’hospitalité fait alors figure de motif narratif2 ». Les épisodes festifs propices aux réjouissances, comme couronnements ou noces, offrent une variante particulière du motif de l’hospitalité. Le second schéma est celui de la « gastromachie », de l’affrontement sur le modèle de la psychomachie, dont l’exemple le plus évident est la Bataille de Caresme et Charnage.
2Par leur caractère parodique, les batailles alimentaires ont pour effet d’exposer de façon ludique le fondement polémique de la relation de l’homme avec la nourriture. Elle s’exprimait chez Horace sur le mode de la satire qui oppose aux excès des festins de cour la frugalité de la vie à la campagne3. La version médiévale en sera le groupe de pièces dans la lignée du Dit de Franc Gontier de philippe de Vitry. Chez les pères de l’église, il s’agissait de dénoncer le péché de gloutonnerie, notamment par l’image d’un combat dont le champ de bataille est l’estomac4. On comprendra donc qu’une tension se manifeste dans les textes, entre l’expression de la générosité de l’hôte qui se traduit par l’abondance de nourritures, et les connotations négatives attachées aux excès alimentaires, métaphores répétées du péché de gloutonnerie5. Cela explique qu’à côté des nombreuses séquences d’accueil de visiteurs dans les romans, la nourriture figure de façon déterminante dans des récits allégoriques à visée morale comme le Songe d’enfer de raoul de Houdenc et le Tournoi de l’Antéchrist de Huon de Méry. Certaines œuvres amalgament les deux modèles. Dans la Voie de paradis anonyme ou le Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis, le parcours semé d’embûches du personnage en quête de rédemption, est jalonné de scènes d’accueil à la façon d’une narration romanesque. Ces récits allégoriques systématisent la portée spirituelle attachée à l’itinéraire de Perceval, par exemple dans la Continuation de gerbert de Montreuil avec les si nombreuses scènes d’hospitalité qui l’accompagnent. Inversement, dans le Roman de Fauvel et le Roman du comte d’Anjou de Jean Maillart, le fait qu’épisode d’hospitalité et célébration festive s’enflent en une copieuse liste de nourritures leur confère une dimension argumentative et un caractère moral, comme on l’observe aussi dans Jehan de Saintré lorsque damp abbé accueille la dame des Belles Cousines. Ce corpus de textes que nous allons analyser de plus près, confirme l’observation des critiques à l’effet que dans les romans, les auteurs restent discrets en général au sujet des mets servis aux convives, réservant leur plaisir de décrire et d’énumérer aux loisirs qui entourent tout festin digne de ce nom6. Ainsi les auteurs multiplient les expressions de leur réticence à exposer de façon directe dans le texte les mets et boissons servis, étalage contraire à la bienséance courtoise. On comprend dans cette perspective, que toute accumulation de nourriture puisse à priori inspirer une certaine méfiance. Nous verrons avec le Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis, sans doute rédigé à la fin du XIVe siècle pour un commanditaire laïc par Michel de l’Hôpital, la valeur accordée à la mesure entre les deux écueils que sont Avarice et Gloutonnerie7.
3À l’instar du Conte du Graal de Chrétien de Troyes sur lequel elle s’appuie, on peut considérer la Continuation de Perceval de Gerbert de Montreuil comme une narration intermédiaire entre le roman d’aventures chevaleresques et ces parcours qui relèvent d’itinéraires conduisant au salut. Les nombreuses scènes d’hospitalité qui se répètent dans le roman offrent un témoignage incontestable de la subtilité du travail d’écriture de gerbert de Montreuil et des nuances de sens que leurs variantes permettent de saisir. On n’en compte pas moins de vingt-deux, qui jalonnent les quêtes de Perceval et de Gauvain8. Elles comprennent les quatre étapes canoniques de l’accueil chaleureux avec désarmement du chevalier, l’offre de vêtements luxueux et parfois la mention des soins apportés aux chevaux. Il y a ensuite le souper, la préparation pour le coucher et le départ le lendemain matin, avec le congé aux hôtes, éventuellement après avoir assisté à la messe. L’art de l’écrivain se manifeste à la façon qu’a gerbert de jouer avec les attentes du lecteur, de les affûter en le rendant sensible, par ses répétitions, aux variantes qui nuancent à chaque fois ce module narratif. On aurait en effet tort de conclure que la récurrence le banalise en donnant à la stéréotypie du motif l’insignifiance du cliché. C’est ce que l’on constatera en observant, dans quelques une de ces scènes, les détails des variations apportées à la description du repas proprement dit.
4Conformément à la règle implicite observée par les critiques, la réserve est de mise et le désir est exprimé d’abréger de telles évocations. Cela va jusqu’à l’omission dans la première des occurrences, l’accueil fait chez un châtelain à Perceval et à la demoiselle qu’il s’est engagé à aider car elle a été trahie par un chevalier qui lui avait promis le mariage. Le narrateur veut, dit-il, « le conte abregier », formule clichée certes, mais qui incite à y voir de plus près, car elle va à l’encontre de la multiplication subséquente d’épisodes d’hospitalité présentés avec l’ensemble des détails habituels. Peut-on supposer que cette première scène tronquée de la mention des mets servis et associée à l’insistance à vouloir abréger, énoncée par deux fois, ait pu servir d’embrayeur pour solliciter chez le lecteur la remémoration de son répertoire narratif ? C’est par rapport à un motif qu’il connaît bien que le lecteur est invité à apprécier les versions des autres occurrences, les unes par rapport aux autres et par rapport au modèle virtuel sollicité par la mémoire. Lorsque Perceval, après avoir réparé l’injustice commise à l’égard de sa cousine Ysmène, est accueilli par le comte, père de la jeune fille que le chevalier s’apprêtait à épouser à sa place, les nourritures figurent dans la longue séquence d’hospitalité qui témoigne du faste et de la courtoisie de l’hôte. Plus que la discrétion attendue à leur sujet, ce qui frappe est le fait que l’accueil de Perceval, qui ne doit pas se livrer de façon excessive au plaisir de la nourriture, soit confié au prêtre. Conformément à ce que représente son état, ce dernier va nourrir son hôte de poissons : « roches et lus, beches, barbiaus9 ». Nous sommes toutefois dans le cadre d’une cour et le vin est apporté à volonté. Lorsque Perceval sera accueilli par sa sœur dans la forêt de son enfance, ce sera selon les attentes du code courtois, par une profusion de nourritures carnées, de la venaison et des chapons. Mais il arrive que les mets ne soient pas énumérés ou que la scène du repas soit simplement sautée. Hébergé chez treize ermites, il n’y trouve que du pain qu’il faut se partager, tandis que les religieuses de l’abbaye de saint domin « n’ont ne pain, ne vin, ne char10 ». En revanche, le don de nourriture peut s’étendre sur une vingtaine de vers pour illustrer la charité d’un ermite qui donne au cheval de Perceval la bouillie d’orge qu’il avait préparée pour lui-même et tue pour son hôte le chevreau qu’il avait élevé. C’est toujours la séquence du repas qui prête à des variantes significatives, par exemple lorsqu’on arrive au terme de la série d’épisodes d’hospitalité. Après deux occurrences typiques du récit courtois qui présentent les formules consacrées pour célébrer l’abondance des mets servis sans les mentionner, la dernière de ces scènes détaille avec complaisance la variété des plats offerts aux invités11. Il est vrai que nous sommes à la cour d’arthur où se justifie la démonstration du faste royal.
5Les Voies de paradis offrent une version allégorisée et moralisée du parcours de quête spirituelle du voyageur, où sont transposées les séquences d’hospitalité romanesques. Dans la Voie de paradis anonyme, le cheminement allégorique du protagoniste narrateur, inscrit dans le cadre du songe, est jalonné par les rencontres qu’il fera avec diverses allégories des conduites à tenir ou à éviter. Les quatre scènes d’hospitalité que l’on compte au cours du récit manifestent le même souci de la variation dans la récurrence que nous avons observé dans la Continuation Perceval. Dans la première de ces scènes, le repas offert par Chrême, le sénéchal de grâce, que le pèlerin rencontre dès le début de son parcours, est décrit en termes identiques à ceux du récit romanesque, avec la même nécessité de faire valoir la générosité de l’accueil et d’éviter la vanité de l’ostentation12. Après le repas, le moment des réjouissances donne lieu à « moult joie et ris », introduction formulaire aux conversations qui vont suivre et qui consistent en un éloge du mode de vie des béguines13. Lors de l’accueil du protagoniste dans les demeures de Contrition et de Confession, le principe de la personnification allégorique permet de jouer à la fois sur le registre de la représentation concrète et de l’abstraction. Ce qui lui est donné à manger et à boire chez la première, ce sont « angoisses et lermes […] / De quoi moult grant plenté eumes/Chaudes coranz aval la face », détails repris chez la seconde14. Le dernier épisode se déroule en toute logique au repaire de pénitence. Encore une fois, conformément à la convention, le narrateur se contente de mentionner sans plus de précisions, qu’il y eut des mets « a grant foison », qu’on mangea à volonté et que tous « burent a grant plenté/De tel boivre qu’il lor convint15 ».
6Dans le Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis, le texte se construit sur le principe de l’opposition entre les vices conduisant en enfer et les vertus qui permettent d’aspirer au paradis. Le schéma narratif n’emprunte cependant pas au modèle de la bataille, il suit, comme dans les Voies de paradis, celui du cheminement, du progrès proposé à l’âme en quête de salut. Dans ce texte qui, bien que le narrateur soit un clerc, semble destiné aux laïcs, ce qui concerne l’alimentation et les péchés de bouche a un rôle structurant dans la démonstration à faire de la vertu de modération16. Elle passe par la stigmatisation des excès de nourriture et de boisson, des conduites répréhensibles qui les accompagnent, mais aussi de tout ce qui contrevient à l’idéal de tempérance. Le propos s’articule autour de quatre allégories principales, avarice et gloutonnerie dans la partie sur la voie d’enfer, abstinence et Sobriété sur le chemin de paradis. Une cinquième figure, pauvreté, est identifiée de façon négative car, dans la mesure où il y a plus de convives que de nourriture, elle ne permet pas d’atteindre la suffisance souhaitée17. Il faut ajouter luxure à quoi conduit gloutonnerie et Chasteté, la conséquence de Sobriété. Dans cette apparente structure en miroir, une seule de ces figures de comportement, Sobriété, est donnée en idéal à atteindre. En effet, à l’entrée de chacune des deux sections, avarice et abstinence sont présentées comme des attitudes à rejeter. Cela peut surprendre pour la seconde, mais comme la première, elle constitue un excès, une forme de déséquilibre, une déviation par rapport à la tempérance recherchée. Sans trop s’y arrêter, le narrateur propose pour illustrer cela, l’exemple de l’ermite qui mène « trop estroite vie, […] par jeunes et par abstinences/et par moult d’aultres penitances18 ». Il s’arrête en revanche longuement sur avarice qui, outre ce qui concerne la nourriture et les manières de table, comporte un long développement satirique au sujet de la simonie et des métiers qui sont sous son emprise19.
7L’intérêt du clerc narrateur arrivé au terme de son périple, chez Chasteté, ne porte pas vraiment sur ce qui a été offert au repas, sauf à insister sur la suffisance des aliments et boissons et refuser des « mes raconter/Ne m’entente mettre a compter20 ». En revanche, l’attention du lecteur est attirée sur la propreté de la vaisselle, la blancheur des nappes et les ablutions des convives. Il est indiqué qu’ils se lavent les mains « moult nettement » avant et après le repas, avec une insistance qui indique la dimension spirituelle de purification de telles ablutions. La propreté du service et la blancheur des nappes s’opposent très exactement à la saleté qu’on trouve chez avarice et gloutonnerie. Chez la première, « les nappes furent moult persees/Noires estoint et pou lavées21 ». Quant aux écuelles, elles ne sont « point trop nettes ne trop belles, / Ains estoint comme charbon22 ». Chez gloutonnerie, on se précipite à table sans prendre le temps de se laver les mains. L’opposition antithétique porte aussi, bien entendu, sur ce qui est servi, du vin coupé d’eau chez Sobriété et une abondance de crus réputés chez gloutonnerie, leur liste et celle des aliments correspondant de façon antinomique au refus de les indiquer manifesté par Chasteté. Le parallélisme entre les deux sections est sans équivoque puisque, à la doctrine énoncée par les figures de l’abus, répondent les enseignements de Sobriété. Dans son éloge de la tempérance et sa réprobation de la gloutonnerie, elle justifie de façon métonymique le fait que la gourmandise conduise en enfer par sa représentation en forme de bouche ouverte qui ne cesse de dévorer sans jamais être satisfaite. Sobriété poursuit avec les avantages pour la santé physique et spirituelle de ne pas faire son dieu de sa panse. Non seulement celui qui « boyt plus ou mengue […] degaste et tue » son corps, mais quand il a « la pance plaine, […] a dieu servir ne peut entendre/N’a bien faire ne se veult prendre23 », ceci d’autant plus que les excès de bouche mènent à la luxure.
8La doctrine d’avarice chez qui on ne trouve que pain noir, poirée sans graisse, fromage dur, pas de sel sur la table et seulement de l’eau à boire, consiste à inverser de façon ironique les principes qui seront édictés par Sobriété. Elle énonce bien qu’il faut mener sobre vie, mais pour inviter ensuite à manger peu à ses dépens pour au contraire profiter de ce qu’offrent parents et amis : « De l’autrui soiez gros et gras24 ». Gloutonnerie exploite dans sa propre doctrine ce principe de retournement ironique. Tandis que Sobriété présente les dangers des excès de table pour le corps et pour l’âme, elle commence par énumérer les dangers du jeûne qui peut provoquer la mélancolie, l’avertin, la frénésie. Elle justifie son refus de jeûner aux périodes prescrites par le fait qu’il est interdit d’attenter à sa vie et qu’il ne faut pas courir le risque de mourir dans le péché25. Autre inversion des normes prescrites, gloutonnerie critique prêcheurs et médecins qui mettent les gens à la diète : on écoute mieux la messe, dit-elle, après avoir bien déjeuné le matin. Ces propos qui renvoient par antiphrase au passage sur l’ascétisme excessif de certains ermites débouchent sur la satire de tous les états du monde qui sont sous sa coupe26.
9La prédication « bestournée » de gloutonnerie se poursuit avec l’énumération des malheurs sociaux qu’elle entraîne à cause de la licence verbale que provoque l’excès de boisson. On parle de « ribaudie » et de « baverie », on médit de tous, femmes et hommes, on crie si fort qu’on étourdit les autres convives27. Lorsqu’il s’agit de payer son écot, ce sont jurons, mensonges et querelles qui peuvent aller jusqu’au meurtre et à la pendaison. Tout dépenser en boire et manger mène à la pauvreté et par voie de conséquence, à partager la vie des « faulx larrons28 ». Gloutonnerie ne perd cependant pas de vue sa perspective ironique et satirique. Elle conclut que « Mieulx vault tantost mourir et pendre/que la mort de famine attendre29 ». Les larrons qui viennent d’être évoqués ne sont autres que les clercs, chanoines, nonnes et moines qui ont tout vendu pour le plaisir de leur panse. Ils ne pensent qu’à manger puis à aller dormir le ventre plein si bien qu’ils sont incapables de se lever lorsque sonnent matines et « se gisent la comme bestes30 ».
10Les abus auxquels conduisent ces débordements sont décrits avec un réalisme dans les détails, une truculence qui rend toute la section sur gloutonnerie fort plaisante à lire. De toute évidence, la leçon morale cède la place dans ce passage comme dans celui à propos d’avarice, à la faconde du conteur. La régression aux comportements bestiaux qu’amène l’intempérance justifie l’utilisation de termes destinés aux animaux pour désigner les parties du corps : on boit « plain grant hanap a grant musel », on se remplit la gueule de nourriture. Le front dégouline de sueur à force de manger, les joues sont pleines de graisse, la barbe mouillée, la poitrine souillée de sauce. Quant aux ivrognes, ils pissent sous les tables, font de « grant rot notable », ont mal au cœur et vomissent, chient dans leurs braies et tombent dans la boue31. Enfin, par opposition au refus de Sobriété d’énumérer les plats et boissons servis, de les « compter » dans le double sens de dénombrer et de raconter, gloutonnerie les accumule avec une série de mets suivis d’une liste de vins qui peut se comparer à celle de la Bataille des vins d’Henri d’andeli32. On ne peut mieux démontrer le caractère polémique inhérent à l’ostentation des nourritures et vins.
11Nous allons remonter, pour en prendre la mesure, en amont du Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis. Au début du XIIIe siècle, le Songe d’enfer de raoul de Houdenc offrait une image inversée de l’itinéraire spirituel inscrit lui aussi dans le cadre type du songe macrobien. L’inversion y est programmée dès le début d’un périple qui, bien que situé en temps de carême, évoque plutôt le rire de la Cena Cypriani que les privations du jeûne. Les vices rencontrés sur le chemin d’enfer, « plesant chemin et bele voie », accueillent le voyageur avec courtoisie et on y mange à portes ouvertes33. Il faut très certainement tenir compte du fait que raoul de Houdenc fut sans doute le neveu de pierre le Chantre qui, dans son ouvrage destiné aux prédicateurs, le Verbum abbreviatum, s’est intéressé aux péchés de la langue34. Selon a. Fourrier, raoul aurait présenté dans le Songe d’enfer, une version profane et caricaturale de l’ouvrage de pierre le Chantre35. Dans son article sur ce texte, Mark Burde va jusqu’à voir dans l’errance du voyageur en carême la transgression des contraintes théologiques qui gouvernent la conduite orthodoxe durant cette période de jeûne36. Après des rencontres avec un certain nombre d’allégories de vices qui seront l’occasion de mentionner sans plus de détails l’hospitalité offerte au voyageur, l’accueil qui lui est fait dans la cité de désespérance donne lieu au banquet où sont servis les damnés. Elle est tout à fait conforme aux peintures de l’enfer avec ses scènes de pêcheurs rôtis ou bouillis et dévorés. C’est à une revue caricaturale des états que nous fait assister raul de Houdenc, présentés sous la forme de préparations culinaires. On trouve des peaux d’usuriers et de vieilles putains qui servent de nappes. Les premiers, bien gras, sont aussi servis entrelardés, tandis que les secondes, mangées « a verde saveur », méritent une description repoussante qui les montre pleines de pustules et émanant une odeur qui envahit tout37. La table et le siège sont faits d’hérétiques, les « popelican » et tisserands qui désignent vraisemblablement les albigeois. Les « champions » vaincus en duel judiciaire sont présentés en sauce à l’ail, comme les voleurs, rouges du sang des marchands qu’ils ont tués ; pour les « bougres », on a le choix entre la sauce parisée et le hochepot, tandis que les sodomites sont « bien cuiz en honte ». Quant aux avocats, leurs langues frites suscitent une digression sur les péchés de la langue et une éloquente diatribe qui évoque les ballades sur les langues envieuses de Villon. Coupables de mensonge et de parjure, elles sont appréciées en enfer, de même que les autres cibles de choix que sont les religieux38. A. Fourrier émet l’hypothèse que raoul de Houdenc aurait pu faire partie de l’entourage de robert de Courson, légat d’innocent III, qui fut la cheville ouvrière de la condamnation de philippe auguste contre les hérétiques et promulgua des décrets contre les jeux de hasard, la sodomie et les usuriers39. En ce cas, le caractère satirique de son banquet infernal aurait une portée politique dans le cadre des enjeux importants de la période.
12Avec son Tournoi de l’Antéchrist, Huon de Méry, s’inscrit explicitement dans la lignée de Chrétien de troyes et de raoul de Houdenc40. Il propose une synthèse originale, un récit allégorique qui emprunte des motifs narratifs au premier, notamment au Chevalier au Lion avec l’aventure de la fontaine dans la forêt de Brocéliande, et développe en combat des vices et des vertus, l’itinéraire du protagoniste narrateur présenté par le second. Il reprend la métaphore du festin des damnés dans la cité de désespérance, partagé par les chevaliers de l’antéchrist lors des festivités de préparation du tournoi contre les vertus. À la confrontation des allégories, correspond celle des nourritures, entre les mets corrompus offerts par l’antéchrist et l’alimentation sanctifiée du royaume de dieu. Conformément à la coutume lors des tournois, les chevaliers et écuyers sont logés chez les bourgeois de la ville, en l’occurrence un usurier chargé de l’hospitalité de l’antéchrist. On y sert « Foison de vin et mes pleiniers », soldats et valets s’enivrent et festoient toute la nuit, le narrateur n’étant pas en reste41. La scène du banquet elle-même se déploie conformément aux conventions propres au motif et dont les célébrations du couronnement d’arthur dans le Roman de Brut de R. Wace est l’exemple canonique42. Elle commence par l’évocation des préparatifs et se clôt sur les performances des jongleurs avec l’énumération, classique dans ce contexte, des pièces de leur répertoire. Pour le repas proprement dit, le narrateur ne s’attarde pas sur les mets eux-mêmes puisqu’il n’y a « fèves ne pois, oef ne harenc », mais « Touz les mes raol de Hodenc », c’est-àdire une friture de péchés contre nature qu’il n’est donc pas utile de répéter43. En revanche, l’excès de boisson accompagnée des amuse-gueules et épices de tous les vices possibles, mérite un long développement. L’essentiel consiste en la transposition narrativisée de la locution « toutes hontes bues ». Une tonne pleine de honte est apportée pour arroser les fritures, afin d’éviter la mort à ceux « Qui orent la friture eüe,/S’il n’ëussent honte a bëue44 ». Au-delà du jeu verbal qui se poursuit avec des paronomases autour des termes « guersoi » et « seille », qui désignent l’excès de boisson, l’intervention de la honte fait allusion aux souffrances morales subies en enfer45. La tonalité d’ensemble qui domine la scène reste pourtant celle de la jovialité qui convient aux festivités.
13La leçon viendra du tournoi lui-même, de la lutte d’abstinence contre guersoi et contre gloutonnerie, mais surtout, avec la victoire des vertus, de l’éloge de largesse et de son accueil. Le festin qu’elle offre dans la cité d’espérance répond au banquet de l’antéchrist servi dans la ville de désespérance46. Chez elle aussi, les portes sont ouvertes à tous, peuple et barons. En réplique à Raoul de Houdenc qui ne s’était attardé que sur les nourritures de l’enfer, Huon de Méry propose celles dont on peut jouir au paradis. Leur abondance — tout ce qu’on trouve « en air et en terre et en mer/et en estans et en riviere » —, l’élégance des convives parés d’étoffes exotiques et la tête couverte de roses, sont tempérées par la dignité et la noblesse du service47. Le cœur du repas, on peut s’en douter, ce sera le pain et le vin du sacrifice divin apportés par l’archange Gabriel. Le pain, c’est aussi la manne que dieu fit descendre dans le désert, le pain de Vie servi à la table des anges. Le vin, d’abord apporté dans deux vases en or et qui se boit coupé d’eau de source, offre l’occasion d’un commentaire d’appréciation œnologique fait d’adjectifs en allitération, tels qu’on peut en trouver chez Jean Bodel ou Henri d’andeli :
Si fort, si franc, si fres, si fin,
Si sade, si soëf oulant,
Si froit, si cler, si fresillant,
Que tuit en fumes enbasmé48.
14Quant au vin offert au coucher, ce n’est plus celui de Honte bu chez l’Antéchrist, mais celui d’Honneur et de Gloire qui monte à la tête de tous à cause de la générosité de Largesse.
15Si dans les œuvres allégoriques dont nous venons de traiter, le propos moral passe par la confrontation psychomachique des nourritures et des boissons, il peut aussi se traduire par leur déploiement en listes et le caractère implicitement agonistique de celles-ci. C’est ce que nous verrons avec les trois dernières œuvres considérées dans cette étude, le Roman du Conte d’Anjou de Jean Maillart, le Roman de Fauvel ou plutôt l’interpolation due à Chaillou de pesstain, et Jehan de Saintré d'Antoine de la Sale. Les deux premières sont issues du même milieu de fonctionnaires de la cour de philippe le Bel et de son successeur Louis X le Hutin. L’arrière-plan des crises politiques, religieuses et financières de la période est à prendre en compte dans la lecture de ces textes, notamment le traumatisme de la révélation des adultères de deux des trois brus royales49. Que ce soit dans le récit de la malheureuse fille du comte d’anjou qui a dû fuir les avances incestueuses de son père ou dans l’allégorie de Fauvel épousant Vaine gloire, les deux longues listes alimentaires qui viennent interrompre la narration fonctionnent comme une dénonciation transparente des abus que subsume le terme de gula. Explicite dans le Roman de Fauvel qui a repris à peu de variantes près la liste du Roman du comte d’Anjou, la portée morale de l’accumulation de nourritures et de vins se dégage dans cette dernière œuvre, d’une analyse fine de l’itinéraire que l’héroïne doit accomplir50. On pourrait voir dans ce roman que son auteur qualifie lui-même de « dit », la transposition romanesque d’une voie de paradis ou tout au moins d’un parcours de rédemption51. Il se conforme en cela à ce qu’avaient déjà proposé les deux récits fondés sur l’aventure de la fille à la main coupée, La Manekine de philippe de rémi et la Belle Hélène de Constantinople. Comme elles, la fille du comte d’anjou aura à effectuer un premier périple d’errance à la suite des avances sexuelles de leur père, avant de rencontrer celui qui tombera amoureux de l’étrangère apparemment sans lignage qu’elle est et l’épousera, le roi d’angleterre ou ici le comte de Bourges. Comme ce qui apparaît comme une mésalliance doit être légitimé, il lui faudra à nouveau fuir et accomplir un second trajet rédempteur pour elle et pour l’époux parti à sa recherche.
16Dans un tel contexte, la rêverie alimentaire qui se saisit de la fugitive au tout début de sa pérégrination, lorsqu’elle doit se contenter du pain dur, noir et moisi offert par la vieille femme qui l’héberge, ne peut être simple nostalgie pour l’abondance dont elle jouissait à la cour paternelle. Certes, c’est ainsi que se présente cette reprise amplifiée du motif des regrets pour les fastes de la vie passée, tel qu’on les rencontre dans le Tristan de Béroul chez Yseut en fuite avec tristan dans la forêt du Morois. Il est vrai que l’imparfait, temps de la nostalgie, est le temps dominant de la liste52. Comment ne pas se méfier pourtant d’un tel déploiement de « viandes chieres et fines » et de « vins precïeus », et ne pas y voir une figure de l’excès à rapprocher du comportement sexuel abusif du comte d’anjou53 ? Sa fille devra poursuivre un chemin qui la conduira à exercer le métier de brodeuse tout en échappant aux sollicitations sexuelles que suscitent sa beauté et sa vulnérabilité. Lors de sa seconde fuite, elle devra mendier et se nourrir avec son enfant des aumônes distribuées par l’évêque à Orléans. Au parcours de l’héroïne, correspond celui qu’accomplit son époux, le comte de Bourges. Il l’a perdue alors qu’il était au loin à la défense de ses terres, à la suite des accusations mensongères et de la condamnation à mort prononcées par sa tante. Il ne pourra la retrouver qu’après l’avoir cherchée en pauvre parmi les pauvres, déguisé en serf, puis en mendiant à la distribution de nourriture de l’évêque d’orléans54. C’est alors seulement, qu’ayant eu à dépendre de la charité des autres pour se nourrir, ils pourront se reconnaître et revenir en seigneurs légitimes à Bourges pour y mener une vie de charité envers les pauvres : la comtesse leur donne « a mengier et a boire,/ Sanz appétit de vaine gloire55 ». Placée en exergue de leurs deux périples, la liste de mets, apparemment nostalgique du luxe de la cour d’anjou, en signale plutôt la corruption que traduisent les pulsions incestueuses du comte. Elle contraste, à l’instar du banquet d’enfer opposé aux nourritures sanctifiées du paradis, avec les privations de leur itinéraire de réhabilitation qui les a rendus dignes de la plénitude enfin trouvée.
17Dans l’interpolation du Roman de Fauvel, la liste de mets et de vins se déploie dans la scène d’évocation des festivités des noces du cheval fauve dont le nom synthétise les vices de Flatterie, Vilenie, Variété, envie et lâcheté, avec Vaine gloire. L’épisode comporte donc les séquences attendues de la présentation des invités, du tournoi qui précède la cérémonie, du festin, des performances de ménestrels qui le clôturent et les épices servies au coucher des mariés. Des invités, qui peuvent éventuellement donner lieu à d’amples énumérations, il est simplement dit qu’il serait trop long de donner « les nons de cele multitude/de gent si mauvese et si rude56 ». Ils affronteront en tournoi la foule des vertus si nombreuses qu’on ne pourrait les compter, mais que l’antéchrist mettra en fuite. Dans la description du banquet lui-même, l’intertexte du Roman du conte d’Anjou et du Tournoi de l’Antéchrist se combinent. Comme dans la psychomachie de Huon de Méry, s’opposent la ville d’espérance et le palais de désespoir sous la gouverne de l’antéchrist. Et si le banquet commence par reproduire presque à l’identique la liste de mets du texte de Jean Maillart, il se termine après celle des vins, en s’inspirant directement de Huon de Méry. On y retrouve la même friture de péchés contre nature et la même tonne de honte à boire pour désaltérer la soif qu’ils procurent57. Chaillou de Pesstain va jusqu’à reprendre le jeu sur la remotivation de la locution : « Tuit a boire mettent estuide,/ Adès avront honte beüe58 ».
18La reprise du schéma de la psychomachie explicite le caractère argumentatif et polémique que porte en soi la liste dans un dispositif narratif où la litote est de mise. Énumérer les mets servis peut simplement, comme dans le dernier exemple de la Continuation Perceval de Gerbert de Montreuil, faire valoir la largesse et l’opulence de bon aloi du souverain. Plus souvent, lorsque l’énumération s’amplifie en accumulation, il s’agit de dénoncer une richesse et une somptuosité devenues suspectes comme figures de débauche. À cet égard, l’auteur du Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis est exemplaire, qui réserve à gloutonnerie la déclinaison des plats et des vins, alors que Sobriété refuse de les compter. C’est aussi ce que nous venons de voir avec les listes du Roman du comte d’Anjou et du Roman de Fauvel. Dans Jehan de Saintré d’antoine de la Sale, il suffit, pour que le message passe, d’opposer l’énumération succulente des plats présentés par damp abbé à la dame des Belles Cousines à la discrétion des détails relatifs aux repas lors des fêtes en milieu de cour59. La formulation est alors conforme à la pratique du récit romanesque : « De vins, de viandes de diverses façons ne fault point escripre ne demander. Et quant les tables, pour abregier, furent levees, les menestrelz commencerent pour dansser60 ». Le contraste s’impose. À la cour, la largesse se traduit par le luxe des vêtements et des bijoux, en particulier chez Belles Cousines qui est alors en position de séductrice et de donatrice à l’égard de Saintré. À la campagne, elle devient celle que l’on séduit par un étalage d’aliments qui, malgré leur raffinement, font ressortir la vulgarité des personnages. Les leçons de l’éducation reçues à la cour et prodiguées à Saintré par Belles Cousines sont oubliées. C’était elle pourtant qui professait : « eschieve oyseuse, superfluité de vins, de viandes, adfin qu’en luxure tu ne soies soullié, car la personne oyseuse et bien repeue a grant peine puet garder chasteté » et prodiguait ses instructions en manières de table61. La Sale décrit avec complaisance comment, après avoir fait bonne chère, les futurs amants « s’encommencerent de peu a peu l’un l’autre touchier, et puis l’un sur l’autre marchier62 ». Car il s’agit de laisser entendre sans ambiguïté que la gourmandise conduit à la luxure. Cela signifie-t-il que l’affaire est entendue et sans appel la condamnation de l’abbé et de sa proie trop aisément consentante ? Ainsi que le remarque fort justement Florence Bouchet, damp abbé « apparaît comme un double burlesque de Saintré […] qui lui même ne sort pas indemne des effets de miroir ironiques63 ».
19En fait, le lecteur lui-même ne sort pas indemne de ces effets de miroir ironiques. Il ne peut manquer d’être lui aussi séduit par l’énergie de l’accumulation verbale avec ses allitérations et les qualificatifs suggestifs attribués aux mets. Il s’amuse du fait que l’abbé ait respecté dans la profusion et l’excès, les contraintes du temps de carême en ne servant que poissons, légumes, fruits et laitages. Il en vient à s’interroger sur la complaisance du narrateur à décrire dans le détail les vêtements que Belles Cousines fait coudre pour son protégé ou les pièces de l’équipement de Saintré et de ses compagnons, écuyers et chevaux. La suspicion qu’elle peut provoquer à l’égard de la vanité du faste courtois et de ses protocoles est tempérée par le plaisir pris à l’éloquence des descriptions comme à la faconde plutôt jubilatoire du menu offert par l’abbé. Partant, sensible à ces effets de séduction, il se trouve partie prenante du récit qui lui est fait, l’innocence de sa lecture est de ce fait mise en doute.
Notes de bas de page
1 Pour de nombreux exemples de scènes de repas dans les romans, voir G. Lozinski, La bataille de Caresme et de Charnage, pp. 64-82.
2 C. Roussel, « Moyen Âge : le motif anthropologique et littéraire de l’hospitalité dans la littérature médiévale », p. 84.
3 Satires 2 et 8, livre II.
4 J.-C. Mühlethaler, « Le tyran à table », p. 55.
5 Sur le péché de gourmandise, voir C. Casagrande et S. Vecchio, Histoire des péchés capitaux, pp. 193-228.
6 A. Planche, « La table comme signe de la classe », pp. 239-240 ; J.-C. Mühlethaler, « De la frugalité de l’ermite au faste du prince » ; D. Rieger, « “Par devant lui chantent li juglor”. La poésie médiévale dans le contexte du Gesamtkunstwerk du repas courtois », chapitre de Chanter et dire, pp. 89-110, citation p. 90.
7 L. Ungeheuer, « Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis ». Le texte, non édité, est conservé dans un manuscrit du XVe siècle (BNF, fr. 1051).
8 J. W. Baldwin, Aristocratic Life in Medieval France.
9 Gerbert de Montreuil, La continuation de Perceval, t. I : Vers 1-7020, v. 2455. Sur la dimension codée des aliments présentés et sur le triangle monastique des nourritures, à côté des triangles guerrier et chevaleresque, voir A. Guerreau-Jalabert, « Les nourritures comme figures symboliques » et J.-C. Mühlethaler, « De la frugalité de l’ermite au faste du prince ».
10 Gerbert de Montreuil, La continuation de Perceval, t. II : Vers 7021-14078, v. 9142.
11 Ibid., t. III : Vers 14079-fin, v. 16653-16660.
12 La voie de Paradis, p. 102, vv. 42-49.
13 Ibid., p. 103, v. 65.
14 Ibid., p. 112, vv. 196-198. « Et si but on lermes plorees / Aval la face jus coulees » (p. 124, vv. 378-379).
15 Ibid., p. 151, vv. 798 et 800-803.
16 L. Ungeheuer, « Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis », p. 52.
17 Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis (BNF, ms. fr. 1051), f o 9v o a.
18 Ibid., f o 37v o b. L’alimentation étant une nécessité vitale, les règles monastiques stipulent que le jeûne doit respecter une certaine mesure : (C. Casagrande et S. Vecchio, Histoire des péchés capitaux, pp. 199-202).
19 Sur le péché d’avarice, voir ibid., pp. 153-191 et p. 155 sur le fait qu’elle se manifeste à partir du XIe siècle sous la forme de la simonie.
20 Songe de la voie d’enfer et du chemin de paradis, f o 55ro b.
21 Ibid., fo 13ro b.
22 Ibid., fo 13vo a.
23 Ibid., fo 52 ro a.
24 Ibid., fo 13 vo a.
25 Ibid., fo 20 vo b.
26 Ibid., fo 21 ro a.
27 Ibid., fo 19 vo b.
28 Ibid., fo 21 ro b.
29 Ibid., fo 21 vo a.
30 Ibid., fo 21 ro b.
31 Ibid., fo 19 ro b pour cette évocation qui n’évite pas les termes crus.
32 Ibid., fo 19 vo b.
33 Raoul de Houdenc, Le songe d’enfer, v. 14.
34 C. Casagrande et S. Vecchio, Les péchés de la langue ; A. Fourrier, « Raoul de Houdenc, est-ce lui ? », pp. 172-193.
35 Ibid., p. 193.
36 M. Burde, « Sweet Dreams », p. 64.
37 La description du banquet va des vers 428 à 603.
38 Raoul de Houdenc, Le songe d’enfer, vv. 590-594.
39 A. Fourrier, « Raoul de Houdenc, est-ce lui ? », pp. 183-186.
40 Huon de Méry, Le tournoi de l’Antéchrist, pp. 17-19 au sujet de l’intertexte romanesque auquel renvoie le texte ; allusions à Chrétien de Troyes aux vers 22-26 et 103 sqq.
41 Ibid., pp. 48-49, vv. 304-347 ; le narrateur boit sans retenue du vin de poitou car il est parmi les plus forts.
42 Ibid., pp. 50-53 : la scène va des vers 380-490 ; R. Wace, Le roman de Brut, t. II : Guerre contre Colgrin-Yvor et Yni, vv. 9005-14866, pp. 542-555, vv. 10337-10588.
43 Huon de Méry, Le tournoi de l’Antéchrist, p. 51, vv. 411-412.
44 Ibid., vv. 421-422.
45 Ibid., vv. 424-431. La « seille » désigne le seau dans lequel est servie la honte, « a guersoi » la beuverie et le verbe « guerseiller », la provocation à boire entre ivrognes. Ces paronomases sont suivies par d’autres avec les termes « lecherie », « delechier », « leichier », « lecheor », pour évoquer la gourmandise (ibid., pp. 52, vv. 432-448).
46 Ibid., pp. 134-139, vv. 3154-3332.
47 Ibid., pp. 135, vv. 3172-3173.
48 Ibid., pp. 137, vv. 3262-3265.
49 A. Planche, « Omniprésence, police et autocensure des pauvres », p. 266 ; J.-C. Mühlethaler, Fauvel au pouvoir, p. 19.
50 Jean Maillart, Le roman du comte d’Anjou, pp. 34-36, vv. 1104-1162.
51 Ibid., p. 247, v. 8149.
52 A. Planche, « La table comme signe de la classe », p. 252. Voir pp. 252-255 pour l’analyse de la nomenclature des mets.
53 Jean Maillart, Le roman du comte d’Anjou, pp. 34 et 39, vv. 1107 et 1149.
54 M. Jeay, « Chercher une fille, une épouse ».
55 Jean Maillart, Le roman du comte d’Anjou, p. 243, vv. 8015-8016.
56 Gervais du Bus, Le roman de Fauvel, Interpolation, p. 150, vv. 167-168.
57 Ibid., p. 158, vv. 456-461.
58 Ibid., p. 156, vv. 500-501.
59 Ibid. La liste se trouve p. 252.
60 Antoine de La Sale, Jehan de Saintré, p. 304.
61 Ibid., p. 72 ; voir aussi p. 66 : « bien vivre ne se entend pas seullement pour mengier bonnes viandes, boire bons vins, dormir longues matinees et en bons litz » ; et les développement sur les péchés de gourmandise et de luxure, pp. 74-78.
62 Ibid., p. 432. L’ironie est accentuée du fait que le narrateur dans ce passage détourne les métaphores les plus convenues de la tradition courtoise (F. Bouchet, « “Que reste-t-il de nos amours ?” », pp. 25-26).
63 Ibid., p. 22.
Auteur
McMaster University, Hamilton, Canada
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