Les espaces civiques dans l’ouest de la Gaule Belgique (IIe-IVe siècles)
p. 9-27
Texte intégral
1Au cours du Haut-Empire, les cités de l’ouest de la Gaule Belgique se sont dotées de nombreux espaces publics, tant dans les chefs-lieux de cité que dans les agglomérations secondaires urbaines, nombreuses dans cette partie de l’Occident romain. Si les fora ont été l’apanage des chefs-lieux de cité, les autres espaces publics ont été démultipliés, en particulier à cause de l’ampleur territoriale des cités considérées. Je prendrai en considération les dix cités constituant au IVe siècle la province de Belgique Seconde : les cités des Morins, des Ménapiens, des Atrébates, des Nerviens, des Ambiens, des Viromanduens, des Bellovaques, des Sulbanectes, des Suessions et des Rèmes (fig. 1), qui forment un ensemble possédant suffisamment d’espaces civiques archéologiquement bien connus pour fournir des données significatives. Les vicissitudes touchant cet ensemble de cités, qu’elles soient économiques ou d’ordre militaire, sont assez nombreuses à partir du IIIe siècle mais elles ne font pas exception à l’échelle de l’Occident romain, ou au moins des Gaules.
2Les espaces de la vie civique ne se limitent évidemment pas aux fora, d’autant plus que cette vie civique a gagné d’autres espaces publics au cours du Haut-Empire, en particulier les édifices de spectacle1. Dès l’origine, les grands sanctuaires publics sont également intimement liés à la vie de la cité.
3Or, de manière générale, après l’apogée de leur développement au tournant des IIe et IIIe siècles, ces espaces civiques paraissent progressivement s’étioler, ou du moins subissent des mutations. Ce phénomène s’accompagne, à partir du milieu du IIIe siècle, de la raréfaction, voire de la disparition, des inscriptions liées à la vie publique de la cité. À partir de la fin du IIIe siècle, les enceintes incarnent cette mutation de la physionomie et des fonctionnalités des espaces civiques2.
4Plusieurs interrogations sous-tendent cette réflexion sur les espaces civiques dans l’ouest de la Gaule Belgique : quel a été l’impact du maintien ou du changement du siège du chef-lieu ? Tous les types d’espace civique ont-ils connu une évolution comparable dans une même ville ou dans une même cité ? Dans quelle mesure l’étude des spolia remployés dans des constructions de l’Antiquité tardive éclaire-t-elle le destin de ces espaces civiques ?
5Les sources disponibles pour aborder ces questions sont essentiellement archéologiques, et inégales selon les sites. Parmi les chefs-lieux, seuls Amiens, Bavay et Reims fournissent des données de qualité3 ; sur la quinzaine d’agglomérations secondaires urbaines, seules celles de Ribemont-sur-Ancre et Eu (cité des Ambiens), de Beaumont-sur-Oise et Vendeuil-Caply (cité des Bellovaques), d’Orrouy (cité des Suessions), de Nizy-le-Comte et de Mouzon (cité des Rèmes) et de Blicquy (cité des Nerviens) sont relativement bien documentées. À ces sources archéologiques, il convient d’ajouter de rares inscriptions éclairant indirectement la question qui nous intéresse.
LA SECONDE MOITIÉ DU IIe SIÈCLE, OU L’APOGÉE DES ESPACES CIVIQUES
LES FORA
6Les fora constituent au Haut-Empire le cœur de la vie civique. Des dix chefs-lieux du Haut-Empire, seuls trois ont livré des éléments identifiables du forum : Amiens, Bavay et Reims (dans ce dernier cas, nos informations parviennent de fouilles anciennes et partielles et concernent les états postérieurs au début du IIe siècle). À Amiens et Bavay, la mise en place du complexe du forum intervient au milieu du Ier siècle, et le complexe subit plusieurs reconstructions jusqu’à la fin du IIe siècle (tableau 1 ; fig. 2).
Tableau 1. — Les fora d’Amiens et Bavay jusqu’à la fin du IIe siècle
Forum | Phase | Nature des Travaux | Chronologie de la mise en place |
Amiensa | I | Création du forum dans la totalité de son emprise | Fin du règne de Claude/début de celui de Néron |
II | Démolition de l’état I | Néron ou Vespasien | |
III | Après l’incendie de l’état II | Entre 80 et le début du IIe siècle | |
IV | Après l’incendie de l’état III | Milieu du IIe siècle | |
Bavay | I | Création du forum dans la totalité de son emprise | Du milieu à la fin du Ier siècle |
II | Destruction de la basilique par un incendie | Milieu du IIe siècle ? |
7À Amiens comme à Bavay, l’ensemble des composants monumentaux du forum est en place dès le milieu du IIe siècle, à l’issue de plusieurs programmes de construction. Cependant, à Bavay, les reconstructions paraissent marquer le pas dans le courant du IIe siècle : la basilique détruite par un incendie n’est pas terminée lorsqu’est lancé un programme de reconstruction intégrale du forum à la fin du IIe siècle4. À Amiens, nous connaissons la majeure partie du forum à travers le prisme de fouilles anciennes mais les fouilles de sauvetage menées entre 1973 et 1980 dans l’angle nord-est du forum ont fourni de précieuses informations sur la chronologie des portiques périphériques et de l’esplanade orientale5. Lors des reconstructions successives intervenues aux Ier et IIe siècles, la qualité des constructions a été progressivement enrichie, sans que l’on dispose d’informations à propos du financement de ces travaux6.
8L’emprise au sol des fora est importante à Amiens, à Bavay et à Reims, alors que ces trois villes sont de taille très différente : 600 ha intra-muros à Reims7, capitale de la province, 200 ha environ à Amiens, mais seulement 40 ha à Bavay. Le forum de Reims occupe une surface de plus de 3 ha8, celui de Bavay 2,5 ha environ9 et celui d’Amiens 4 ha10. La taille des fora n’est donc pas proportionnelle à celle des villes à la fin du IIe siècle, et ne reflète sans doute pas l’importance desdites villes au moment de la définition de l’emprise des complexes, comme le montre aisément la comparaison de Reims, capitale et ville majeure de la province, et d’Amiens. Quant au forum de Bavay, que sa taille classe parmi les petits chefs-lieux de cité, il est disproportionné11. Les choix qui ont présidé à la définition du cœur monumental de la cité nous échappent. Ces trois fora appartiennent au type du forum tripartite, mais ne s’organisent pas de manière identique : si la basilique se trouve à une extrémité à Bavay et Reims, elle devait se trouver en position centrale à Amiens12.
9Nous ignorons à peu près tout des bases, statues et inscriptions qui devaient se trouver sur ces fora. Reims possédait un cénotaphe dédié aux Princes de la Jeunesse13, édifié peu après 4 ap. J.-C., dont les fragments n’ont pas été trouvés en place. Bavay a livré davantage d’inscriptions, dont trois peuvent être rattachées au forum14 : une dédicace à Sévère Alexandre15, un autel dédié au génie de la cité des Nerviens16 et une inscription commémorant une évergésie17. Les fouilles ont aussi livré deux bases qui auraient pu supporter des statues.
10Quant aux lieux de réunion des curies et aux bureaux liés à l’administration de la cité, nous n’en savons rien, sauf de manière imprécise à Bavay : la basilique de l’état I possède deux salles s’ouvrant vers l’intérieur du bâtiment, dont la fonction est liée au fonctionnement des institutions civiques.
11Sur les fora de Bavay et d’Amiens, les vestiges d’un temple ont été mis au jour. Dans les deux cas, l’arasement des structures et l’absence d’inscriptions ne permettent pas de préciser le ou les titulaires du culte, mais il est évident qu’il s’agit là de temples poliades et liés au culte impérial.
12À la fin du IIe siècle, les fora archéologiquement connus apparaissent donc comme les lieux où s’exprime la munificence de la cité ; dans le cas de Bavay, le forum concentre la majeure partie des documents épigraphiques connus liés à la vie de la cité.
GRANDS SANCTUAIRES PUBLICS, ÉDIFICES DE SPECTACLE ET ARCS MONUMENTAUX
13À l’exception des arcs monumentaux, exceptionnels, il s’agit d’équipements plus fréquents, et souvent multiples au sein d’une même cité. Dans les cités les mieux connues (Ambiens, Bellovaques, Rèmes), certains sanctuaires et édifices de spectacles18 situés dans des agglomérations secondaires n’ont rien à envier à ceux des chefs-lieux.
14Hormis les temples des fora d’Amiens et Bavay, on ne connaît pas de sanctuaires importants situés dans les chefs-lieux ou à leur proximité immédiate19. Dans la cité des Ambiens, les grands sanctuaires publics se trouvent assez loin du chef-lieu (Ribemont-sur-Ancre), voire en périphérie de la cité (Eu « Bois-l’Abbé » et Morvillers-Saint-Saturnin20). On constate le même phénomène dans la cité des Rèmes21 avec Nizy-le-Comte, Baâlons-Bouvellemont et Mouzon, dans celle des Suessions avec Orrouy ou dans la cité des Nerviens, avec Blicquy. L’importance de ces sanctuaires dans le cadre civique est attestée par leur développement architectural et parfois par des témoignages épigraphiques. Certains associent espaces cultuels et édifices de spectacles22, complétés par d’autres édifices qui ne sont pas directement connectés aux activités civiques (des thermes notamment).
15Le cas de Ribemont-sur-Ancre est particulièrement éclairant23. Situé à l’emplacement d’un site majeur de La Tène moyenne et finale, le sanctuaire dédié à Mercure connaît des développements monumentaux dès l’époque augustéenne. Il atteint l’apogée de sa monumentalité à la fin du IIe siècle. Lors de cette phase, le temple se trouve à l’aboutissement d’une série d’esplanades, sur le sommet d’un versant de vallée. Il présente un plan et une élévation classiques, comme l’ont montré les études réalisées par J.-L. Brunaux. Une inscription, dédiée au numen impérial et à Mercure, trouvée dans les déblais de la démolition de cet état du sanctuaire, indique l’existence d’un praefectus templi24 qui a peut-être été l’un des évergètes intervenant dans le sanctuaire. L’intérieur de la cella (et peut-être l’extérieur) était orné de placages de marbre de provenance lointaine (Carrare, Grèce, Afrique, Pyrénées, Alpes). Ce temple s’inscrit dans un quadriportique monumental. En contrebas, l’aire cultuelle initiale est dallée de pierres noires et comporte plusieurs autels. Cette aire et la grande esplanade séparant le sanctuaire du théâtre sont dotées de vastes portiques périphériques. L’ensemble des aménagements fait preuve d’un grand soin et d’un investissement financier important. Les autres grands sanctuaires sont un peu moins riches, mais ont également fait l’objet de plusieurs reconstructions accroissant leur caractère grandiose. Eu « Bois-l’Abbé » a fait l’objet de plusieurs évergésies, dont l’une concerne la basilique du sanctuaire, offerte par un notable local25. Nous disposons d’une chronologie relativement précise pour Blicquy26, Orrouy27, Mouzon28 et Eu « Bois-l’Abbé29 ». À Blicquy, Orrouy et Mouzon, l’état le plus monumental est mis en place au début du IIe siècle, tandis qu’à Eu « Bois-l’Abbé », il est contemporain de ce que l’on a observé à Ribemont-sur-Ancre. Dans la cité des Ambiens, il n’y a donc pas succession mais évolution parallèle des grands sanctuaires civiques.
16Hormis Mouzon, tous ces grands sanctuaires sont, dans un deuxième temps, dotés d’un théâtre. À l’exception du théâtre de Ribemont-sur-Ancre, daté du troisième quart du IIer siècle ap. J.-C., ces théâtres sont édifiés au début du IIe siècle et font pour la plupart30 l’objet de réorganisations et d’agrandissements jusqu’à la fin du IIe siècle. Seul le théâtre d’Eu « Bois-l’Abbé » a livré une inscription exploitable31. Celle-ci comporte le nom de l’évergète qui a financé la reconstruction du théâtre, sous le règne de Septime Sévère ; il s’agit d’un important notable local, qui a exercé les plus hautes charges dans la cité des Ambiens. Nul doute que le monument soit au cœur des espaces civiques de la cité des Ambiens, en relation avec le culte impérial, puisque le théâtre est dédié aux numina impériaux, au pagus Catuslouius et à un dieu dont le nom a disparu. L’association du pagus à un monument civique n’a rien d’étonnant32. On trouve une situation comparable à Nizy-le-Comte, chez les Rèmes33.
17Les édifices de spectacle sont encore plus présents dans les chefs-lieux de cité archéologiquement bien connus. Des amphithéâtres sont connus à Amiens, Senlis, Reims ; des théâtres à Amiens et Soissons. Si l’amphithéâtre de Senlis34 est précoce (milieu du Ier siècle ap. J.-C.), les autres édifices de spectacles sont construits selon une chronologie comparable à ce que l’on observe dans les grands sanctuaires et dans les agglomérations secondaires urbaines, soit au cours du IIe siècle. Enfin, presque toutes les agglomérations secondaires urbaines35 possèdent un théâtre. Le cas singulier de l’amphithéâtre d’Amiens a été maintes fois souligné. Il se trouve directement au contact du forum, qu’il domine de sa masse. L’ancienneté des observations archéologiques nous prive d’éléments fiables de chronologie mais l’amphithéâtre est mis en place plus tard que le forum, comme l’ont montré les observations réalisées par C. Pinsard en 187836.
18Les capacités d’accueil de ces monuments sont importantes37, sans atteindre le gigantisme de certains édifices de spectacle de Gaule centrale.
19Reims, capitale de la province de Belgique, ville de loin la plus importante de Gaule du Nord, possède également au moins 3 arcs monumentaux, édifiés au IIe siècle38. Le mieux conservé, appelé aujourd’hui Porte de Mars, est également l’arc le plus long que l’on connaisse dans le monde romain (32,40 m). Situé sur le cardo maximus, il présente un décor d’une très grande richesse qui a malheureusement subi les outrages du temps. Peut-être peut-on y reconnaître, entre autres, les portraits des empereurs ayant bénéficié de l’apothéose, d’Auguste à Antonin, ainsi que des scènes liées aux origines de Rome.
20L’absence d’inscriptions ne permet pas de connaître les commanditaires et les destinataires de ces arcs mais, quels qu’ils soient, ces arcs font partie de la parure monumentale mettant en valeur la grandeur de la cité des Rèmes et, sans doute, sa relation privilégiée avec Rome.
21Au tournant des IIe et IIIe siècles, les espaces civiques sont à leur apogée, même si de rares cas montrent une régression précoce, comme à Vendeuil-Caply39, dans la cité des Bellovaques. Cette vaste agglomération secondaire, beaucoup plus étendue que le chef-lieu de la cité et dotée d’une parure monumentale importante, dispose de deux théâtres au milieu du IIe siècle. Le plus petit des deux édifices est désaffecté dans les années 170/180, au moment où le théâtre subsistant est agrandi. Cette désaffection intervient après un incendie qui ravage l’ensemble de l’agglomération et après lequel la densité des habitats diminue notablement.
DES ESPACES CIVIQUES ENSUITE ABANDONNÉS OU TRANSFORMÉS, À L’EXCEPTION DES GRANDS SANCTUAIRES
LES FORA
22Il faut différencier ici les cas des chefs-lieux maintenus, des chefs-lieux déclassés et des chefs-lieux promus lors des réorganisations des provinces de l’Empire40, à la fin du IIIe siècle et au IVe siècle.
23Aucun forum n’est connu dans les chefs-lieux promus41 (Boulogne-sur-Mer, Tournai, Cambrai, Vermand, Châlons-en-Champagne). Il est vrai que les données archéologiques demeurent lacunaires pour tous ces sites. Cela dit, il semble que la vie civique n’impose plus la présence d’un forum, au moins au IVe siècle.
24À Amiens, le forum fonctionne en tant que tel au moins jusqu’à la fin du IIIe siècle (tableau 2 ; figs. 3 et 4).
Tableau 2. — Les fora d’Amiens et Bavay du début du IIIe à la fin du IVe siècle
Forum | Phase | Nature des travaux | Chronologie de la mise en place |
Amiens | V | Après l’incendie de l’état IV | Début du IIIe siècle |
VI | Après l’incendie de l’état V | 2e moitié du IIIe siècle | |
VII | Réorganisation du forum : | 1re moitié du IVe siècle | |
VIII | - destruction de l’entrepôt | Milieu du IVe siècle | |
IX | Abandon du site ? | 1re moitié du Ve siècle | |
Bavay | III | Destruction par incendie de l’état I | Fin IIe — début IIIe siècle |
IV | Désaffectation du forum | 260/270 | |
V | Construction de la 1e fortification | Fin IIIe — début IVe siècle | |
VI | Construction de la 2e fortification | Milieu du IVe siècle | |
VII | Fin de l’occupation | 1re moitié du Ve siècle |
25À Bavay (figs. 5 et 6), le forum est en cours de reconstruction depuis plusieurs décennies lorsqu’il est désaffecté, autour de 260/270. Les fouilles menées par R. Hanoune et P. Thollard ont permis de mettre en évidence l’inachèvement de la basilique, qui n’était plus fonctionnelle depuis le milieu du IIe siècle. Cette désaffection est liée à la déchéance de Bavay, qui perd sa fonction de chef-lieu de la cité des Nerviens42. Dès lors, le forum de Bavay ne répond plus à sa nécessité première. Cette désaffection se traduit par une privatisation, au moins partielle, du forum, qui est marquée par la mise en place de structures d’habitat dans certaines parties du complexe. Elles sont matérialisées dans un premier temps par des fosses-silos implantées dans l’ancien cryptoportique43, puis par des habitats dans l’ancienne basilique et dans les anciennes boutiques. Les parties couvertes sont prioritairement investies par les nouvelles structures privées. Celles-ci présentent des caractéristiques communes : absence de fondation, réutilisation de murs ou sols antérieurs, utilisation fréquente de matériaux de remploi, plans irréguliers. Cependant, ce ne sont pas des structures dépourvues de confort, comme le montrent les 6 hypocaustes mis au jour dans ces habitats. Ce sont surtout les fouilles récentes qui ont permis d’étudier ces structures, souvent détruites sans relevé lors des fouilles antérieures aux années 1970. La place publique demeure libre de constructions durant cette phase, et jusqu’à la fin du IVe siècle. C’est seulement durant l’ultime phase d’occupation du forum que des habitats sont installés dans cette zone. À la fin du IIIe ou au début du IVe siècle, le forum est transformé en castellum par l’édification d’une enceinte défensive réutilisant largement les murs extérieurs du complexe. Cette fortification est remaniée et doublée au milieu du IVe siècle. Une militarisation du site, à la fin du IVe siècle ou au début du Ve siècle, pourrait être matérialisée par un bâtiment sur sablières basses fouillé sur l’ancien tracé du cardo bordant le forum au sud, dont l’organisation d’ensemble rappelle les casernes fouillées à Arras et Boulogne-sur-Mer44.
26Même à Amiens, chef-lieu qui conserve son rang, le forum subit des transformations profondes à partir de la première moitié du IVe siècle. Ces transformations sont liées au passage de la ville ouverte à la ville réduite fortifiée. Le rempart du castrum s’appuie sur la limite sud du forum. Dans la zone archéologiquement la mieux connue, le nord-est du forum, la galerie portique existant depuis le IIe siècle est rasée. L’angle du complexe est désormais occupé par un bâtiment dont le sous-sol comporte des conduits, que l’on peut interpréter comme un système de vide sanitaire. La structure de ce bâtiment se rapproche de celle de bâtiments similaires mis au jour au nord du castrum, et qui correspondent à des entrepôts. Sa construction est très soignée, et son caractère public ne fait pas de doute. Son édification répond probablement à la nécessité de disposer de réserves protégées. Dans la seconde moitié du IVe siècle, ce bâtiment est intégralement nivelé et cède la place à une zone de dépotoir liée à une importante activité de production métallurgique. Les fouilles ont mis en évidence une couche de cendres et de scories d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur dans l’intégralité de l’emprise de l’ancien entrepôt, correspondant à un volume de 120 m3 environ. Des fosses liées à cette production ont aussi été implantées dans les anciens conduits d’aération, en plein air, tandis que d’autres structures de production prenaient place dans des espaces couverts, sous la galerie portique nord et dans un bâtiment implanté dans la cour dans la seconde moitié du IIIe siècle. La cour demeure en revanche vierge de tout épandage et de toute structure de production. La localisation de ces ateliers et l’importance des rejets qui leur sont liés pourraient les rattacher à la fabrica d’épées et de boucliers mentionnée dans la Notitia Dignitatum45.
27À Amiens comme à Bavay, les espaces ouverts semblent donc remplir une fonction publique plus longtemps que les espaces couverts. Cela pourrait s’expliquer par la nécessité de disposer d’espaces assez vastes pour tenir des marchés dans la zone protégée par le rempart, plutôt que par le maintien de ces places en tant qu’espaces civiques. L’absence de données relatives aux monuments publics honorifiques qui se trouvaient sans doute sur ces places ne permet pas d’aller plus loin dans l’interprétation à Amiens. À Bavay, en revanche, l’étude des éléments en remploi dans la première enceinte vient confirmer le changement de destination du complexe du forum.
28À Bavay, Reims ou Senlis, l’étude des spolia permet d’aller plus loin dans l’analyse de l’évolution des espaces civiques. À Bavay, si l’inscription en l’honneur de Sévère Alexandre a été trouvée hors contexte, deux autres inscriptions liées à la vie civique ont été découvertes en remploi dans la première enceinte, édifiée dans les dernières décennies du IIIe siècle. Il s’agit d’une dédicace au Génie de la cité des Nerviens46 et d’une inscription commémorant une évergésie47. Si l’inscription au Génie de la cité, provenant très probablement du sanctuaire civique du forum, est trop lacunaire pour fournir des informations utiles, il n’en est pas de même pour l’inscription ILTG, 362. Cette dernière commémore la restauration par un notable local du bâtiment abritant les poids étalons de la cité qui avait été détruit par un incendie, probablement situé sur le forum. À Reims, ce sont les blocs monumentaux qui constituaient le cénotaphe dédié par la cité des Rèmes en l’honneur des Princes de la Jeunesse, Caius et Lucius César48 qui sont utilisés dans le soubassement du rempart, mis en place entre 330 et 370. On ignore l’emplacement primitif de ce monument, mais il est fort possible qu’il se soit dressé sur le forum de Reims. À Senlis49, ce sont les fragments d’une base de statue en bronze dédiée à Claude par la cité des Sulbanectes50, méthodiquement brisée, qui ont été retrouvés enfouis dans un fossé daté du IIIe siècle. Il ne fait aucun doute que cette statue se trouvait sur le forum de Senlis.
29Si la destruction des inscriptions dédiées par des particuliers peut se comprendre, éventuellement dans un contexte de renouvellement des élites locales, la démolition du cénotaphe de Reims peut être interprétée comme l’abolition d’un lieu de mémoire important de la cité des Rèmes. La destruction de la statue de Claude à Senlis peut être interprétée dans le même sens. À Bavay, si l’on peut interpréter la destruction des inscriptions en l’honneur de Sévère Alexandre et du notable anonyme de l’inscription ILTG, 362 comme d’éventuelles conséquences du contexte politique, il n’en est pas de même de l’inscription au Génie des Nerviens, qui s’inscrit dans un contexte de culte public de la cité, et dont le remploi atteste sans doute la désaffection du sanctuaire civique du forum de Bavay dès la fin du IIIe siècle.
GRANDS SANCTUAIRES PUBLICS ET ÉDIFICES DE SPECTACLES
30Les grands sanctuaires subissent aussi le changement de conjoncture de l’Antiquité tardive, mais de manière différente.
31À Ribemont-sur-Ancre, sanctuaire majeur de la cité des Ambiens, le déclin architectural débute dès les premières décennies du IIIe siècle, avec la démolition du grand temple, qui a fonctionné peu de temps, et celle des portiques flaviens entourant la cour primitive et la grande esplanade. Ces espaces sont largement laissés à l’abandon, sauf la cour primitive dans laquelle est établie une allée monumentale bordée de murs et de bases de statues, et qui est sans doute encore entourée d’un portique, sans lequel on ne comprend pas la raison d’être de la nouvelle exèdre 13. Le démantèlement des anciennes structures a été méthodique, comme le montre la réalisation d’une voie empierrée dans l’ancien portique Po-4, afin de faciliter l’accès au site des charrois. Cela dit, le sanctuaire conserve une monumentalité : le temple présente toujours une physionomie classique, même s’il ne possède plus de podium et si ses dimensions équivalent seulement à celles de la cella de l’état précédent et il est toujours entouré d’un quadriportique de 50 m de côté. L’allée monumentale participe aussi à cette nouvelle mise en scène, ainsi que le grand autel édifié devant le temple. La mauvaise conservation des niveaux postérieurs au IIe siècle ne facilite pas la compréhension de la fin du sanctuaire. Les monnaies les plus récentes sont datées des années 380, ce qui incite à fixer l’abandon du sanctuaire dans les dernières décennies du IVe siècle.
32Le sanctuaire d’Eu « Bois-l’Abbé », dédié aux mêmes divinités que celui de Ribemont-sur-Ancre51 (Mercure et le numen impérial) est rapidement abandonné à partir de la fin du IIIe siècle. Là encore, la chronologie de l’abandon n’est pas précisément fixée.
33À Blicquy, dans la cité des Nerviens, le sanctuaire est abandonné dès la seconde moitié du IIIe siècle. Sur les sites d’Orrouy et de Nizy-le-Comte, le destin des sanctuaires à partir du IIIe siècle n’est pas connu.
34Dans les chefs-lieux de cité, la stratigraphie des édifices de spectacle est généralement mal connue, en particulier pour les niveaux de l’Antiquité tardive52. À Amiens, les observations anciennes réalisées dans l’amphithéâtre ont permis de constater son intégration à la défense du castrum : il constitue un bastion, dans l’angle sud-ouest de la ville fortifiée. Cela s’explique par sa position originale dans la topographie urbaine. Le théâtre, en revanche, est désaffecté dès 210/220, lorsque l’insula périphérique dans laquelle il s’est implanté devient une zone de dépotoirs. Dès le troisième quart du IIIe siècle, le secteur devient une nécropole.
35À Ribemont-sur-Ancre, le théâtre connaît une évolution parallèle à celle du sanctuaire : il subit une réfection à la fin du IIIe siècle, et semble fonctionner jusqu’aux dernières décennies du IVe siècle. Cependant, les sondages limités réalisés au théâtre53 ne permettent pas d’être certain qu’il a continué de remplir sa fonction primitive jusqu’à cette époque. À Eu « Bois-l’Abbé », le théâtre associé au sanctuaire, restauré à la fin du IIIe siècle est probablement abandonné dans le courant du IVe siècle54.
36À Vendeuil-Caply, le grand théâtre paraît fonctionner jusqu’au début du IIIe siècle au moins. Au début du IVe siècle, des constructions en matériaux légers sont implantées dans l’orchestra, ce qui indique clairement que l’édifice ne remplit plus ses fonctions premières55. G.-P. Woimant a proposé l’idée que le théâtre est transformé en castellum à cette époque. À Beaumont-sur-Oise, le théâtre est désaffecté dans le troisième quart du IIIe siècle. Des foyers mis au jour dans l’arène et les carceres indiquent là aussi une privatisation des ruines au IVe siècle56.
LES ENCEINTES DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE
37Les enceintes constituent, sans nul doute, un signe manifeste de la grandeur de la cité durant l’Antiquité tardive57
38Les questions relatives à leur tracé et à leur chronologie ont suscité moult spéculations chez les historiens et ne sont, dans certains cas, pas encore résolues de manière satisfaisante. À l’exception des enceintes de Noyon, Senlis, Soissons et Tournai, pour lesquelles nous ne disposons d’aucun jalon chronologique, on constate que les enceintes sont mises en place entre les années 270 et le milieu du IVe siècle (tableau 3).
39Comme l’a souligné J. Hiernard58, l’érection de ces remparts a dû coûter cher aux élites locales, et cette dépense ne correspond pas seulement à une nécessité de défense. Même si Bavay et Noyon ne sont pas alors des chefs-lieux de cité, il faut considérer leur fortification dans le cadre de la cité, car rien n’atteste que ces deux sites soient militarisés, au moins jusqu’à la fin du IVe siècle. Le cas de Cassel est plus problématique, dans la mesure où la nature de son occupation tardive n’est pas établie.
40De manière générale, il faut souligner le soin mis à fonder et ériger les remparts. Le cas bien documenté d’Arras l’illustre bien : le tracé du futur rempart a été soigneusement piqueté et s’appuie le plus possible sur des rues, afin de bénéficier d’un substrat stable. À Amiens, le tracé choisi permet une protection par l’Avre au nord et évite les zones tourbeuses à l’ouest. Les zones en avant des remparts sont soigneusement nivelées de manière à constituer un glacis59, qui a une fonction défensive, mais participe aussi sans doute à la mise en scène des enceintes.
Tableau 3. — Importance et chronologie des enceintes tardives des villes de l’ouest de la Gaule Belgique
Ville | Taille de l’espace fortifié | Datation |
Amiensa | 20 ha | Entre 277/278 et 340/341b |
Arrasc | 9 ha | Après 272/273d |
Bavaye | 2 ha | 1/ Entre 280 et le début du IVe sièclef |
2/ Époque valentinienneg | ||
Beauvaish | Un peu plus de 10 ha | Après 311/313i |
Casselj | Imprécisk | Après 275l |
Noyonm | 2,54 ha | ? |
Reimsn | 55 ha | Entre 330 et 370o |
Senlisp | 6,38 ha | ? |
Soissonsq | 13 ha | ? |
Tournair | 13 ha | ? |
41À Beauvais, les moellons qui constituent l’âme du rempart sont revêtus de pierres appareillées, l’élévation étant ponctuée par quatre lits de briques, à l’intérieur comme à l’extérieur. À Senlis, Reims, Cassel, Tournai et Noyon, on note le même soin mis à parementer l’enceinte. Quelques remparts sont moins soignés, tel le premier rempart de Bavay, qui se caractérise par un manque d’homogénéité et une abondance de remplois dans l’élévation. Cela pourrait s’expliquer par l’importance moindre des remparts qui ne protègent pas les chefs-lieux.
42Les portes permettant l’accès à l’intérieur de l’enceinte peuvent être particulièrement soignées. Le cas le plus flagrant est celui de Reims, où l’enceinte s’appuie sur les arcs monumentaux du Haut-Empire qui sont reconvertis en portes et continuent de remplir leur rôle de marqueurs de la grandeur de la cité des Rèmes.
43Les espaces civiques de l’ouest de la Gaule Belgique sont marqués par un double mouvement de mutation et de déclin à partir du milieu du IIIe siècle. La mutation des fora, puis leur privatisation partielle, est sans doute due aux changements d’expression de la vie civique. Les cas de Bavay et d’Amiens montrent deux mutations importantes du cœur civique du chef-lieu, selon des modalités nettement différentes. Dans le cas de Bavay, chef-lieu déchu, l’espace du forum est progressivement privatisé à partir de la seconde moitié du IIIe siècle, à l’exception de la place publique, et peut-être de l’édifice occidental, généralement identifié à un espace cultuel60. Cette privatisation précède la fortification, et s’inscrit dans un contexte civil. À Amiens, en revanche, il semble que l’ensemble du forum demeure un espace public, dont les fonctions changent à partir du début du IVe siècle. Cette mutation s’inscrit plutôt dans le contexte de la militarisation des villes du nord de la Gaule, et d’une présence de plus en plus marquée du pouvoir central dans les chefs-lieux de cité. Si les structures mises au jour à l’est du forum correspondent bien à la fabrica, cela signifie que cette partie du forum au moins n’appartient plus à l’espace civique à la fin du IVe siècle. Dans les chefs-lieux promus, on ne connaît aucun forum. Dès lors, l’essentiel de l’investissement des cités dans le développement monumental paraît tourné vers la construction des enceintes.
44Les espaces civiques excentrés sont abandonnés, parfois précocement, comme le montre le cas du théâtre d’Amiens, abandonné un siècle avant la fortification de la ville. La taille du castrum est donc plutôt une conséquence de cette rétractation et sanctionne le déclin urbain.
45Jusqu’à la fin du IVe siècle, hors des chefs-lieux de cité, certains espaces civiques continuent de fonctionner sans bénéficier de la protection d’une enceinte fortifiée, notamment le grand sanctuaire civique de Ribemont-sur-Ancre. Cependant ce sanctuaire connait un déclin en termes de monumentalité et de richesse ostentatoire. Le déclin paraît plus précoce dans les cités septentrionales, comme le montre le cas de Blicquy, mais la situation est en fait plus complexe, comme en témoigne l’abandon d’Eu « Bois-l’Abbé » dès le début du IVe siècle. La fin du IVe siècle apparaît comme un moment de rupture, au cours duquel la majorité des agglomérations des cités de l’ouest de la Gaule Belgique et les espaces civiques, essentiellement cultuels, qui s’y trouvaient sont abandonnés.
Notes de bas de page
1 Dumasy, 2011, pp. 193-222.
2 Sur les murailles en tant qu’élément du prestige civique : Brassous, 2011, pp. 275-300.
3 Cambrai, Cassel, Châlons-en-Champagne, Saint-Quentin et Vermand sont totalement inconnus en ce qui concerne les espaces publics.
4 Le terminus post quem de cette reconstruction est donné par une monnaie de Commode frappée en 192 : Delmaire, 2011, pp. 136-138.
5 Pichon, 2009, pp. 111-121.
6 Les seules inscriptions en lien avec la vie civique de la cité des Ambiens proviennent de grands sanctuaires publics situés dans des agglomérations secondaires, à Ribemont-sur-Ancre et Eu « Bois-l’Abbé ». L’absence d’indication sur le financement de la construction et des réfections des fora n’est pas étonnante, puisque nous n’avons jamais ce type d’information pour les cités du nord-ouest de l’Empire.
7 L’ensemble de la surface comprise dans l’enceinte du Haut-Empire n’était probablement pas bâtie, mais les opérations archéologiques menées ces dernières années ont montré la présence fréquente de quartiers bâtis à proximité de l’enceinte.
8 250 m sur 125 m. Pour ce qui concerne le forum de Reims : Chossenot, Kleijn, Slootjes, 2010, pp. 152-163.
9 232 m sur 110 m. Pour ce qui concerne le forum de Bavay : Delmaire, 2011, pp. 97-149.
10 300 m sur 125 m.
11 De manière générale, la taille des fora de Gaule du Nord est très importante par rapport à celle des fora du reste des Gaules. L’explication avancée par C. Coquelet à propos de l’étendue du forum d’Amiens (son association avec l’amphithéâtre) est peu probable, l’amphithéâtre étant très probablement postérieur au forum (Coquelet, 2011, p. 142).
12 La partie centrale du forum demeure très mal connue.
13 CIL, XIII, 3254 + AE, 1979, 411 = AE, 1982, 715 : Dis Manibus Sac[rum] | [C(ai) Cesaris Augusti fil(ius) diui] nepotis pontificis consuli[s im]peratoris | [L(uci) Caesaris Augusti fil(ius) diui nepo]tis principis iuuentutis co(n)s(ulis) design(ati) auguris | ciuitas [Remorum] : « Consacré aux dieux mânes de Caius César, fils d’Auguste, petit-fils du divin (Jules), pontife, consul, imperator (et) de Lucius César, fils d’Auguste, petit-fils du divin (Jules), prince de la jeunesse, consul désigné, augure. La cité des Rèmes ».
14 Aucune d’entre elles n’a été retrouvée en place.
15 CIL, XIII, 3571 : [Imp(eratori)] Caes(ari) | [M(arco) Aur(elio) Seve]ro Alexan|[dro Pio Fel]ici Aug(usto) | [civitas] Nervior(um) : « À l’empereur César Marc Aurèle Sévère Alexandre, pieux, heureux, auguste, la cité des Nerviens ».
16 AE, 1969-1970, 410 : Genio civit|atis Nervi|orum A[... : « Au Génie de la cité des Nerviens, A (…) ».
17 ILTG, 362 :…] ni[…| … ho]norib(us) a[pud suos functus | exa] gium et pon[derarium | vi ignis] absumptum […] re[stituit] : « (…)ni(…) ayant exercé chez les siens tous les honneurs, a restauré (…) le poids étalon et le local des poids détruits par la violence de l’incendie ».
18 Je n’ai pris en compte que les édifices situés dans les chefs-lieux de cité et dans les agglomérations secondaires urbaines, le caractère public et civique des sanctuaires et édifices de spectacle situés dans les petites agglomérations secondaires n’étant pas avéré. La pauvreté du matériel épigraphique de la région, à laquelle les découvertes des dix dernières années commencent à remédier, m’a conduit à intégrer tous les grands sanctuaires archéologiquement connus dans cette réflexion, y compris ceux n’ayant livré aucune inscription en rapport avec la vie civique.
19 Le site du Mont Capron à Beauvais (Woimant, 1995), comme celui de la Rue Belin à Reims (Chossenot, Kleijn, Slootjes, 2010), ne sont pas clairement identifiés comme des sanctuaires. Il est également possible que la galerie semi-circulaire (associée à un bassin) mise au jour sur le site de la « Galerie de la Tapisserie » à Beauvais corresponde à une partie de sanctuaire : cette galerie n’est pas sans analogies avec une structure mise au jour dans le sanctuaire de Blicquy (cité des Nerviens).
20 La stratigraphie du site étant mal connue à partir du IIe siècle, je ne développerai pas ce cas.
21 Je laisse de côté les sanctuaires mal documentés de Belval-Bois-des-Dames, Nanteuil-sur-Aisne et Ville-sur-Lumes.
22 Ribemont-sur-Ancre, Eu « Bois-l’Abbé », Orrouy, Blicquy notamment.
23 Brunaux, 2009.
24 Ibid., p. 160 + AE, 1999, 1080 : Num(ini) [Aug(usti)…] | deo Merc[urio…]|uiciens () S[… Sa]|turnin(us) […] |5 praef(ectus) tem[pli…]|fluis sti[…]|uo ip[…]|stru […]|pon […
25 AE, 2006, 837 = AE, 2007, 980 : Num(ini) Aug(usti) pag(o) Catus|louio Mercurio Bri|gensi P(ublius) Magnius | Belliger basilicam |5 d(e) s(uo) d(edit) : « Au numen impérial, au pagus Catuslovius, à Mercure Brigens ; Publius Magnius Belliger à donné à ses frais une basilique ».
26 Gillet, Paridaens, Demarez, 2006, pp. 181-215.
27 Woimant, 1995, pp. 353-359.
28 Nicolas, 2011, pp. 339-343.
29 Mangard, 2011, à compléter avec Mantel, Dubois (éds.), 2010.
30 Seul le théâtre d’Orrouy semble avoir connu un seul état.
31 AE, 1978, 501 = AE, 1982, 716 = AE, 2006, 836 : L(ucius) Cerialius Rectus sacerdos R[omae et Aug(ustorum)] IIIIvir q(uinquennalis) pra[efectus latro]cinio [arcendo ?] | numinibus Aug(ustorum) pago Catuslou(io) deo [… theatru] m cum proscaenio […] d(e) s(ua) [p(ecunia) f(ecit)] : « Lucius Cerialius Rectus, prêtre de Rome et de l’empereur, quattuorvir, quinquennal, préfet chargé de la répression du brigandage, a fait à ses frais, aux numina impériaux, au pagus Catuslovius, au dieu […], un théâtre avec proscaenium ».
32 Que l’on se réfère à l’exemple maintes fois commenté du sanctuaire de Rennes, lui aussi fondé (ou refondé) dans la première moitié du IIe siècle.
33 CIL, XIII, 3450 : Num(inibus) Aug(ustorum) deo Apo|llini pago Vennecti | proscaenium L(ucius) Ma|gius Secundus do|5no de suo dedit : “Aux numina impériaux, au dieu Apollon, au pagus Vennectus ; Lucius Magius Secundus a donné à ses frais un proscaenium”.
34 Woimant, 1995, pp. 444-445.
35 Aux agglomérations déjà citées, il faut ajouter Vendeuil-Caply et Beaumont-sur-Oise dans la cité des Bellovaques ; Château-Thierry dans la cité des Suessions ; Nizy-le-Comte dans la cité des Rèmes ; Morvillers-Saint-Saturnin dans la cité des Ambiens.
36 Pichon, 2009, pp. 111-121.
37 5.000 places à Blicquy ou Ribemont-sur-Ancre, davantage à Eu « Bois-l’Abbé ».
38 Chossenot, Esteban, Neiss, 2010, pp. 132-140 ; Ibid, pp. 178-179 ; Ibid., pp. 202-204.
39 Woimant, 1995, pp. 476-481.
40 Comme l’a souligné R. Delmaire, le transfert du chef-lieu est du ressort de la curie, et non du pouvoir impérial : Delmaire, 2004, pp. 39-50.
41 On constate la même chose dans les autres chefs-lieux promus des Trois Gaules : Verdun dans l’est de la Gaule Belgique ; Albi, Angoulême, Le Puy, Lescar, Oloron-Sainte-Marie en Aquitaine ; Alet, Auxerre et Orléans en Lyonnaise.
42 La dernière attestation de Bavay en tant que chef-lieu de la cité des Nerviens est l’inscription en l’honneur de Sévère Alexandre (CIL, XIII, 3571) ; la première attestation de Cambrai comme chef-lieu de la cité est la Notitia Galliarum (fin IVe / début Ve siècle).
43 Thollard, Denimal, 1998, pp. 153-221.
44 Hanoune, Loridant, Louvion, 2006, pp. 115-154.
45 Not. Dig. Occ. IX, 39 : Ambianensis spatharia et scutaria.
46 AE, 1969-1970, 410.
47 ILTG, 362.
48 CIL, XIII, 3254 + AE, 1979, 411 = AE, 1982, 715.
49 Woimant, 1995, pp. 441-444.
50 ILTG, 357 : Ti(berio) Claudio | Caesari | Aug(usto) Germanic(o) | pontif(ici) max(imo) |5 trib(unicia) pot(estate) VIII co(n)s(uli) IIII | imp(eratori) XVI p(atri) p(atriae) censori | ciuitas Sulbanectium | publice : « À Tibère Claude César Auguste Germanicus, grand pontife, ayant reçu sa huitième puissance tribunicienne, consul pour la quatrième fois, salué seize fois imperator, père de la patrie, censeur ; la cité des Sulbanectes, à ses frais ».
51 AE, 2006, 837 = AE, 2007, 980.
52 Amphithéâtre de Reims ou théâtre de Soissons notamment.
53 Cadoux, 1975, pp. 29-54.
54 Rogeret, 1997, pp. 250-252.
55 Comme le fait judicieusement remarquer P. Van Ossel, la présence dans les édifices de spectacles de structures sans rapport avec leurs fonctions normales n’est pas suffisante pour être certain que les édifices ont changé de destination : Van Ossel, 2011, p. 9-21. En revanche, l’installation de structures « parasites » au cœur des espaces dédiés aux spectacles constitue un élément tout à fait probant.
56 Wabont, Abert, Vermeersch, 2006, pp. 160-162.
57 Ne sont prises en compte ici que les enceintes dont la vocation n’est pas exclusivement militaire. J’ai donc exclu celles de Famars, Mouzon et Boulogne-sur-Mer, dont il n’est pas prouvé qu’elles soient civiles (pour cette dernière, voir Brulet, 2004, pp. 191-200). Mise au point sur les problèmes de chronologie de ces enceintes en Gaule : Reddé, 2004, pp. 159-160.
58 Hiernard, 2003, pp. 259-270.
59 C’est ce qui a été mis en évidence à Amiens, Arras, Reims.
60 Dans d’autres chefs-lieux déchus, le déclassement se traduit par une démolition des éléments constitutifs du forum, comme à Lillebonne : Fichet de Clairfontaine et alii, 2004, p. 141-155.
Auteur
Université Blaise-Pascal Clermont-Ferrand, CHEC
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