Les ordres religieux-militaires et les pouvoirs arméniens en Orient (XIIe -XIVe siècles)
p. 333-345
Texte intégral
1En dépit d’une certaine proximité idéologique1, le rapprochement dans les faits entre les ordres religieux-militaires et les pouvoirs arméniens fut loin d’être évident pendant tout le premier siècle de l’existence de ces institutions d’un nouveau genre. L’État arménien de Cilicie étant lui-même dans une phase de construction, il fallut attendre la charnière des XIIe et XIIIe siècle pour assister à l’émergence d’un souverain suffisamment puissant et, qui plus est, familiarisé avec les usages politiques et sociaux des Francs au point de s’emparer activement de la question des relations avec les frères en vue de s’imposer comme le principal acteur de la présence de ces derniers dans son royaume. Après le règne de Lewon Ier achevé en 1219, les querelles successorales compliquèrent la donne entre les autorités arméniennes et certains ordres, de même que la chute des derniers États latins d’Orient à la fin du XIIIe siècle.
2Les sources les plus précises faisant état des relations des ordres religieux-militaires avec les souverains et les seigneurs arméniens sont les chartes de donation. La correspondance des rois d’Arménie avec les papes, en particulier sur l’attitude de certains membres des ordres, est également riche de renseignements. Les chroniques et les histoires rédigées par des auteurs chrétiens orientaux ou francs nous apportent des informations complémentaires, en particulier pour les périodes où les princes arméniens de Cilicie n’avaient que peu de contacts avec la papauté ainsi qu’à propos de certains conflits ou désaccords ponctuels résolus sans intervention extérieure.
3Nous pouvons nous interroger sur ce qui constitua le moteur des rapports des dignitaires des ordres avec les pouvoirs arméniens ainsi que sur la teneur réelle des relations qu’ils développèrent entre eux.
4Nous nous intéresserons à la nature des premiers contacts, dans une certaine mesure imposés, entre les ordres militaires et les autorités arméniennes ; puis, nous envisagerons la politique volontariste de Lewon Ier à l’égard des ordres avant d’essayer de comprendre l’origine des facteurs qui provoquèrent une forme de dégradation des relations de certaines de ces institutions avec les détenteurs du pouvoir en Arménie.
UNE PRISE DE CONTACT DÉLICATE : DES DÉBUTS DE RELATIONS INDIFFÉRENTS OU CONFLICTUELS
5Pendant une grande partie du XIIe siècle, la situation politique de la Cilicie évolua sans cesse, passant de l’autorité byzantine à celle des Francs, puis à celle des Arméniens, sans compter les invasions turques seldjoukides, ni les renversements périodiques de certains pouvoirs ou encore les partages tacites du territoire en cas d’équilibre relatif des forces. C’est dans ce contexte que le premier ordre à faire son apparition en Cilicie fut celui de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem. Il était alors une simple institution charitable étrangère à toute forme de militarisation. Les donations les plus anciennes dont il fut le bénéficiaire dans la région ont été réalisées entre 1100 et 1130. Les princes arméniens de Cilicie, T’oros Ier (1100/2-1129) puis son frère Lewon Ier (1129-1139), purent seulement constater cet état de fait et ne prirent en aucune manière part à ces donations ; les territoires cédés étant relativement modestes et limités, ils n’avaient pas de raison d’en prendre ombrage d’autant plus que le caractère de l’ordre était alors strictement charitable et que les frères présents dans la région ne pouvaient représenter une quelconque menace pour eux. À l’époque où ces concessions furent faites, c’étaient les princes d’Antioche, Bohémond Ier et Bohémond II, ou leurs régents, Tancrède et Roger de Salerne, qui dominaient la plaine cilicienne. Dans cette province, ils octroyèrent aux frères les casaux de Chourar, dans le territoire de Hâroûnîyâ, et de Sarata, dans le territoire de Mesis (Mamistra)2.
6L’arrivée des Templiers en Cilicie se révéla plus mouvementée. Ils furent, eux aussi, imposés dans le pays par un prince d’Antioche, Renaud de Châtillon (1153-1163), mais, cette fois, par la force et au détriment de certaines des possessions du véritable détenteur du pouvoir en Cilicie, le prince arménien T’oros II (1145-1169). Après un combat entre les deux souverains voisins, l’issue étant favorable au Franc, celui-ci parvint à contraindre le chef arménien d’accepter de remettre toutes les forteresses de l’Amanus, région frontalière qui séparait les principautés arménienne et antiochienne, à l’ordre du Temple. C’est ainsi qu’en 1155-1156, les frères de cet ordre s’installèrent probablement dans les châteaux de Gaston (Baghrâs), Trapesac (Darbsâk), La Roche-Guillaume et La Roche-Roissol, qu’ils restaurèrent, renforcèrent et agrandirent, et qu’ils occupèrent également certains ports du sud du littoral du golfe d’Alexandrette3.
7En réalité, lorsqu’il prit l’initiative d’aller combattre T’oros II, l’intention première de Renaud de Châtillon n’était pas d’imposer le Temple sur son territoire. Il répondait en effet à la requête que lui avait adressée le basileus Manuel Ier Comnène, qui voulait affaiblir la puissance croissante de son vassal arménien. L’empereur byzantin avait promis de multiples richesses à Renaud de Châtillon en échange de la mobilisation de ses troupes contre son voisin, mais, comme il ne tint pas ses engagements, peu après l’installation des Templiers dans la région amanique, le prince d’Antioche rallia la cause de son ancien rival et commit avec lui des déprédations aux dépens des Grecs en Cilicie et en Chypre4. Ainsi les Templiers, d’abord adversaires du prince arménien, devinrent très vite de précieux alliés militaires. Cela put se vérifier lors de l’attaque lancée par le sultan d’Iconium Masfiūd dans la plaine cilicienne vers 1156, et celle, concomitante, de Ya’qūb Arslān, l’émir de Mélitène, dans l’Amanus. Les Templiers alors présents dans la région apportèrent leur appui militaire à Stép’anê, le frère du prince T’oros II, parvenant ensemble à mettre les troupes turques de Ya’qūb en déroute près de La Portella5.
8Ces bonnes relations en Cilicie entre les pouvoirs arméniens et les ordres militaires furent remises en question sous le règne d’un prince usurpateur prénommé Mleh. Ce personnage, frère de T’oros II, s’empara du pouvoir — grâce à l’aide de Nūr ad-Dīn — en chassant le bayle Thomas, régent de son neveu, puis en faisant assassiner son neveu lui-même, le jeune Roupên II, ce qui laissait présager les méthodes de gouvernement qu’il comptait instaurer6. Il avait été admis dans l’ordre du Temple dans sa jeunesse, soit comme frère à part entière, soit comme confrater, le mot latin de frater utilisé par Guillaume de Tyr pour le désigner pouvant avoir ces deux sens au milieu du XIIe siècle7. Il semble ensuite avoir quitté l’ordre dans des circonstances obscures mais houleuses, ce qui lui laissa un fort ressentiment envers cette institution8. À son arrivée au pouvoir en Arménie, en 1169, l’une des premières décisions de Mleh fut de chasser les Templiers de leurs forteresses amaniques, ce qui déclencha contre lui une coalition réunissant le roi de Jérusalem, Amaury Ier (qui tenta d’abord vainement d’arranger la situation par l’envoi de plusieurs ambassades), le prince d’Antioche, Bohémond III, et les membres des ordres du Temple et de l’Hôpital des États francs. Cependant, l’expédition menée aux alentours de 1173 par les coalisés n’obtint pas les résultats escomptés, et ils durent repartir pour aller défendre le Krak de Moab attaqué par Nūr ad-Dīn pour faire diversion9. Les Templiers ne reprirent possession de leur marche amanique qu’après la mort de Mleh, à l’avènement de son neveu et successeur, Roupên III (1175-1187). Celui-ci prit en effet la décision de normaliser ses relations avec ses voisins francs et avec leurs composantes dans son État.
9À l’extérieur de la Cilicie, les pouvoirs arméniens étant moins représentés, les contacts des seigneurs arméniens avec les ordres militaires furent plus anecdotiques. Cependant, il en subsiste quelques témoignages. Dans la principauté d’Édesse, les princes, issus d’alliances matrimoniales franco-arméniennes, avaient accueilli les ordres militaires10, et c’est d’ailleurs vraisemblablement lors de son séjour à leur cour que le prince Mleh, dans sa jeunesse, avait côtoyé des frères du Temple, dont il décida un temps d’intégrer l’ordre. Dans le royaume de Jérusalem, certains seigneurs arméniens, probablement entraînés dans le sillage de Baudouin Ier puis de Baudouin II, lorsque ces derniers vinrent dans la Ville sainte après avoir gouverné le comté d’Édesse, firent des concessions à l’ordre de l’Hôpital. Ce fut par exemple le cas d’un chevalier arménien prénommé Vardan, qui octroya aux Hospitaliers deux casaux dans la seigneurie de Cabor, à une quinzaine de kilomètres au sud-est d’Acre11.
10Dans le contexte de l’apparition de ces ordres d’un nouveau type que furent les ordres religieux-militaires et de leur implantation dans tout l’Orient chrétien, les pouvoirs arméniens se trouvèrent dans un premier temps dépassés à la fois par les visées expansionnistes des princes d’Antioche sur leur territoire et par le fait qu’on leur impose la présence du Temple, dont ils ne concevaient pas l’utilité sur leur marche amanique, mais qui démontra ensuite tout son intérêt dans la défense de la frontière méridionale du pays contre les envahisseurs turcs.
LA POSITION DE FORCE DES POUVOIRS ARMÉNIENS
11À la fin du XIIe siècle, les souverains arméniens acquirent une meilleure connaissance des institutions des États francs voisins — ils en adoptèrent même un certain nombre — et, parallèlement, ils perçurent mieux les avantages qu’ils pouvaient tirer de la présence des ordres militaires, pourtant de recrutement majoritairement occidental, dans leur pays, et cela à plusieurs niveaux.
12Le prince roubênien précurseur dans ce domaine fut Lewon II, qui accéda au pouvoir en Arménie cilicienne en 1187 et qui, dix ans plus tard, parvint à se faire couronner roi en janvier 1198 avec l’accord du pape et des empereurs germanique et byzantin, prenant en tant que monarque le nom de Lewon Ier. Ayant effectué un rapprochement significatif avec l’Église romaine, le roi d’Arménie était tout disposé à accueillir dans son pays des institutions qui en relevaient. Par ailleurs, il avait connaissance de leur expérience militaire en Orient et de leur capacité à fortifier des zones frontalières exposées aux raids et aux invasions. Un ordre nouvellement créé au moment de son couronnement, celui de Sainte-Marie des Teutoniques, attira particulièrement la bienveillance de Lewon Ier, puisque cela lui permettait de consolider durablement ses relations diplomatiques avec l’empereur germanique, premier protecteur de l’institution avec le pape12.
13Ainsi, au début du XIIIe siècle, Lewon Ier se lança dans une politique de donations au profit de l’ordre Teutonique et de celui de l’Hôpital, leur confiant d’importants châteaux avec les territoires qui en dépendaient, principalement aux frontières de son royaume. L’ordre Teutonique fut officiellement établi au nord-ouest de l’État arménien autour de la forteresse d’Amouta en avril 121213, tandis qu’une partie des possessions de l’Hôpital fut regroupée à la frontière occidentale du pays, avec la donation de Séleucie, Camardias et Castellum Novum en avril 121014. Les Hospitaliers furent ensuite dotés de nouveaux territoires, dans la riche plaine cilicienne, mais, cette fois, en échange d’importantes sommes d’argent données et prêtées au roi d’Arménie pour le mariage de sa fille Rita avec le roi de Jérusalem, Jean de Brienne, en 121415.
14Ainsi, Lewon Ier reprit pleinement la main sur la présence des ordres militaires dans son royaume, en particulier s’agissant des deux ordres dotés d’une dimension hospitalière. Ces institutions furent reconnaissantes des donations réalisées en leur faveur par les pouvoirs arméniens et les soutinrent à la fois militairement et diplomatiquement : militairement, contre les intrusions des musulmans et, diplomatiquement, auprès du pape et des autres souverains chrétiens du Proche-Orient, dans la querelle qui opposa Lewon au comte de Tripoli pendant une vingtaine d’années pour la succession à la principauté d’Antioche. L’engagement des frères fut réel et parfois lourd de conséquences puisqu’en 1208, le maître des Teutoniques, Hermann Bart, et plusieurs membres de l’ordre trouvèrent la mort alors qu’ils combattaient aux côtés du roi d’Arménie pour l’aider à repousser le sultan seldjoukide d’Iconium Kaykhusraw Ier, qui était entré en Cilicie16. L’année suivante, l’ordre Teutonique envoya l’un de ses membres auprès du pape Innocent III afin de lui présenter des arguments en faveur des revendications de Lewon Ier sur Antioche17 et, lorsque le souverain arménien parvint à imposer son petit-neveu, Raymond-Roupên, à la tête de la principauté en 1216, ce fut en partie grâce à l’aide des Hospitaliers18.
15Le seul ordre militaire sur lequel le roi Lewon tenta d’avoir une emprise sans y parvenir fut celui du Temple, implanté depuis longtemps dans le pays et, on l’a vu, contre la volonté du prince arménien de l’époque. En effet, les Templiers prirent parti en faveur du comte de Tripoli dans le conflit pour la succession à la principauté d’Antioche et, afin de tenter de les en dissuader, Lewon, en 1203-1204, fit pression sur leurs biens et pilla leurs domaines, occasionnant, selon le maître de l’ordre Philippe du Plessis, quelque 50 000 besants de dégâts. Le souverain arménien assiégea également les châteaux templiers de La Roche-Guillaume et de La Roche-Roissol et refusa de restituer aux frères la forteresse de Gaston qu’il avait récupérée après le départ de la garnison laissée par Saladin depuis la conquête de 118819. En 1211, l’attitude de Lewon Ier se fit encore plus dure contre les Templiers. Il profita de leur absence pour se saisir de leurs possessions à Port-Bonnel et dans d’autres lieux dont ils avaient la garde sur le littoral du golfe d’Alexandrette. C’est pendant cette période que certains membres de l’ordre, parmi lesquels le maître Guillaume de Chartres, furent blessés et que l’un d’eux fut même tué, lors d’une embuscade tendue par les hommes du roi. Cette violence contre les biens et les frères du Temple valut au souverain d’être excommunié à plusieurs reprises, en 1203 et en 1211, par les légats pontificaux, Pierre de Capoue, cardinal de Saint-Marcel, et Albert de Verceil, patriarche de Jérusalem20. La colère du Roupênien avait été en partie déclenchée par l’implication militaire des Templiers dans la succession de la principauté d’Antioche, mais elle était surtout due au fait qu’ils avaient tué des soldats arméniens tentant de pénétrer dans la ville d’Antioche lors d’un siège que le roi menait pour s’en emparer, à l’été 120321.
16Le désaccord politique prit fin en 1216, lors de l’accession du petit-neveu de Lewon Ier, Raymond-Roupên, au trône d’Antioche, le 14 février. À cette occasion, le roi d’Arménie voulut témoigner de sa bonne volonté au pape en remettant la forteresse de Gaston à l’ordre du Temple22. Les frères changèrent par la suite d’attitude envers le Roupênien puisqu’ils l’informèrent de la trahison fomentée contre lui par son petit-neveu trois ans plus tard, lui évitant probablement ainsi d’être assassiné23.
17L’accession de Lewon Ier au trône d’Arménie cilicienne marqua un tournant dans les relations entretenues par les ordres militaires avec les pouvoirs arméniens puisque, pour la première fois, la présence des frères n’était plus imposée au souverain mais sollicitée par lui24. Une meilleure connaissance mutuelle fit comprendre au roi tous les avantages qu’il pouvait tirer des ordres militaires, mais ce rapprochement conduisit aussi à des querelles fratricides entre les chrétiens d’Arménie et ceux d’Antioche et de Tripoli, impliquant pleinement les frères, partagés entre les deux camps.
DES RELATIONS PLUS CHAOTIQUES ET IRRÉGULIÈRES
18À la mort du roi Lewon Ier en 1219, alors que sa succession était disputée entre plusieurs prétendants au trône, l’un des régents du royaume, Kostandin, tenta de prendre le contrôle du pays en éliminant tous les candidats potentiels afin de placer l’un de ses fils au pouvoir. Dans cette perspective, il voulut contraindre les ordres militaires — lesquels avaient pris parti pour l’un ou l’autre des postulants au trône — de se soumettre à sa volonté par divers moyens.
19Les Hospitaliers, soucieux de se conformer aux décisions pontificales, soutinrent dans un premier temps, assez bref, la candidature de la fille aînée de Lewon, Rita, représentée par son mari, le roi de Jérusalem, Jean de Brienne25. Mais la mort prématurée de Rita et de leur jeune fils, Jean, dès juin-juillet 1220, contraignit Jean de Brienne à renoncer à réclamer le royaume d’Arménie pour son épouse et son enfant26. L’ordre de l’Hôpital décida ensuite d’apporter son soutien, tout comme le légat du pape en Orient, Pélage d’Albano, au petit-neveu du défunt roi, Raymond-Roupên, qui fut prince d’Antioche pendant deux ans et qui avait été désigné dans sa jeunesse comme l’héritier de Lewon Ier, étant même couronné en 121227. Cependant, quelques années avant sa mort, Lewon avait choisi de confier le royaume à sa fille cadette, Zapêl, aux dépens de Raymond-Roupên, et il avait rendu officielle cette décision en faisant prêter serment à l’enfant par ses barons28.
20Les Hospitaliers envoyèrent des hommes depuis l’Égypte, où se déroulait la cinquième croisade, pour porter secours à Raymond-Roupên et aux seigneurs qui le soutenaient, contre le régent Kostandin, qui le poursuivait. Cependant, les frères de l’ordre, sous le commandement d’Aymar, neveu du maréchal Aymar de Layron, arrivèrent trop tard — par la faute de leur chef semble-t-il, lequel est accablé dans l’Estoire de Eracles —, et le jeune prince fut fait prisonnier à Tarse, avant de disparaître, assez mystérieusement, dans sa geôle, quelques mois plus tard29.
21Le régent Kostandin dut céder à la pression des barons du royaume et accepter l’union de l’héritière Zapêl avec Philippe, l’un des fils cadets du prince d’Antioche Bohémond IV, à une date comprise entre 1221 et 122330. Cependant, il parvint rapidement à mettre en défaut le jeune homme en l’accusant d’écarter les dignitaires arméniens au profit des Francs et de transférer, à la demande de son père, les trésors de la couronne d’Arménie vers Antioche. Dans cette affaire, les Templiers furent eux aussi considérés comme coupables d’avoir incité Philippe à accomplir la volonté de Bohémond IV. Plusieurs décennies plus tard, Hét’oum l’Historien leur reprocha même d’avoir voulu causer la destruction de l’Église arménienne ; cette assertion provient toutefois d’un personnage aux relations troubles avec l’ordre, puisque, plus de quatre-vingts ans après les faits mentionnés ici, Hét’oum fut mandaté par Clément V pour apporter au gouverneur de Chypre l’ordre d’arrestation des frères de l’île31. En 1225, le régent Kostandin fit donc arrêter le nouveau roi d’Arménie. Philippe mourut probablement empoisonné plusieurs mois plus tard, quelques jours à peine après avoir été libéré de sa geôle, qui se trouvait dans le château teutonique d’Amouta32.
22Zapêl, cherchant à fuir le régent Kostandin, qui voulait la contraindre à épouser son fils Hét’oum, le futur roi Hét’oum Ier, alla trouver refuge auprès des Hospitaliers de Séleucie. Les frères l’accueillirent, mais Kostandin, dont les desseins se trouvaient ainsi compromis, se rendit en personne sur les lieux. Après avoir essuyé un premier refus des frères de lui livrer la reine, il finit par leur proposer d’acheter la forteresse. Comme il était le véritable détenteur du pouvoir en Arménie et que les membres de l’ordre se trouvaient dans une position délicate auprès des souverains de tous les États chrétiens du nord du Proche-Orient, ceux-ci finirent par céder, ce qui revenait à livrer la reine au régent. C’est dans ces circonstances que l’ordre perdit sa principale forteresse arménienne et que la reine Zapêl dut épouser Hét’oum, le 14 juin 1226 ; il fut couronné sous le nom de Hét’oum Ier, instaurant ainsi la dynastie royale des Hét’oumiens en Arménie cilicienne33.
23Dans l’affaire de la succession au trône d’Arménie, les ordres du Temple et de l’Hôpital subirent les foudres du régent Kostandin ; seul l’ordre Teutonique soutint le camp le plus fort, car c’est dans sa forteresse d’Amouta que Philippe fut emprisonné et c’est tout juste quelques jours après en être sorti qu’il mourut soudainement. Les Teutoniques, à la différence de leurs homologues, parvinrent d’ailleurs à obtenir de nouvelles concessions territoriales en Arménie cilicienne pendant le long règne de Hét’oum Ier, le roi confiant au maître Hermann von Salza, au commandeur d’Arménie Littold et à l’ensemble des frères la forteresse de Haroûnîyâ et son territoire, le 22 janvier 123634.
24Les relations des Templiers avec Kostandin, puis avec le roi Hét’oum Ier, furent assez mauvaises dans les années qui suivirent l’affaire de la succession. En effet, au milieu des années 1230, certains frères, soupçonnés d’avoir participé à l’organisation d’un complot contre le souverain, furent pendus et écorchés. La réaction du maître du Temple, Armand de Périgord, fut vive et il ne put s’apaiser qu’après avoir obtenu d’importants dédommagements. En effet, Kostandin et son fils pouvaient craindre une réponse forte de la part de l’ordre, puisque, après cet épisode, le maître et le couvent du Temple s’apprêtèrent à accepter les demandes réitérées du prince d’Antioche Bohémond V de se joindre à lui pour attaquer le royaume arménien afin de venger son frère Philippe35.
25Par ailleurs, Hét’oum Ier éprouva également une forte rancœur envers les Templiers quand, en 1260, ils acceptèrent d’acheter la cité de Sidon et le château de Beaufort à son gendre, Julien de Sidon. Accablé par des dettes de jeu, le mari de la princesse hét’oumienne Fimi amenuisait ainsi considérablement l’héritage des petits-enfants du souverain arménien36. Les murailles de Sidon venaient alors d’être détruites par les Mongols et le seigneur de la cité n’avait pas d’autre choix que de la vendre à l’ordre puisque celui-ci avait les moyens d’en faire reconstruire les remparts et d’en assumer la défense.
26Lors des puissantes invasions mameloukes de la seconde moitié du XIIIe siècle, les ordres dont les marches étaient les plus exposées, à savoir le Temple et l’Hôpital, tentèrent de résister aux assaillants. En dépit de leurs efforts, les Templiers furent contraints d’abandonner progressivement leurs places fortes, fragilisées par la conquête d’Antioche par le sultan Baybars, à commencer par Gaston, La Roche-Roissol et Port-Bonnel en 126837. La dernière forteresse de l’ordre, La Roche-Guillaume, fut, quant à elle, conquise assez tardivement, en juillet-août 1298, par le sultan Lâdjîn38.
27Les teutoniques combattirent vaillamment contre les troupes égyptiennes à Amouta en 1266 et ils offrirent un refuge aux populations de la région, mais la forteresse finit par être conquise39. Ils perdirent Haroûnîyâ quelques décennies plus tard40. Les châteaux des ordres militaires représentèrent donc un rempart contre les ennemis du royaume et servirent en cela aussi à protéger pour un temps les pouvoirs arméniens.
28Après la chute d’Acre en 1291 et la perte des derniers États latins de Terre sainte, les Templiers se rassemblèrent à Chypre et, à l’exception de la garde de leur forteresse amanique de La Roche-Guillaume, ils n’intervinrent plus que de manière ponctuelle en Arménie, dans le cadre de coalitions plus larges, avec les autres ordres militaires, les Chypriotes et même les Mongols, entre 1299 et 130341. Les Teutoniques, quant à eux, établirent leur nouveau quartier général à Venise avant de rejoindre la Prusse42. Les Hospitaliers semblent avoir quitté leur commanderie cilicienne pour se replier en Chypre, raison pour laquelle les autorités du pays leur tinrent rigueur43. Cependant, lorsque le roi Hét’oum II fut écarté du pouvoir par l’un de ses frères, Sembat, qui se fit couronner roi à sa place, il n’hésita pas à faire appel aux Hospitaliers, entre autres, pour l’aider à récupérer son trône, témoignant ainsi de sa confiance envers l’ordre44.
29Un autre événement refroidit nettement les relations des Hospitaliers avec les gouvernants arméniens : il s’agit du soutien que les frères apportèrent au roi de Chypre Henri II, retenu prisonnier en Cilicie en 1310 à la demande du gouverneur de l’île, Amaury de Tyr, frère de ce roi et beau-frère du roi d’Arménie Ochin Ier. L’ordre, qui tenta de faire libérer le souverain chypriote, fut ensuite volontairement écarté du territoire arménien, et ses possessions dans le pays furent confisquées45. Il fallut l’insistance du pape Jean XXII et la bonne volonté du nouveau commandeur d’Arménie, Maurice de Pagnac, pour restaurer des relations convenables entre l’Hôpital et le pouvoir hét’oumien, et assister à la réinstallation des frères dans leur ancien bailliage arménien. Au cours des années 1320, Maurice de Pagnac s’attela à défendre le royaume, et ce jusqu’à sa mort, avec toutes les ressources dont il pouvait disposer, alors que l’État arménien était attaqué par les Mongols, les Turcomans et les Mamelouks46.
30Lorsque le jeune roi Lewon IV élimina ses régents plutôt hostiles à l’Hôpital, il décida, en 1332, de confier les châteaux de Sechin et d’Antiochette aux frères, témoignant ainsi de sa confiance à leur égard47. Pendant tout le XIVe siècle, les Hospitaliers de Rhodes tentèrent d’intervenir pour porter secours au royaume d’Arménie, mais leurs faibles moyens et la multiplicité des fronts sur lesquels ils étaient engagés, à la demande des papes, ne leur permirent pas d’être suffisamment efficaces48. L’État arménien lui-même se réduisait à chaque nouvelle attaque des Mamelouks, des Syriens, des Karamanides et des Turcomans, perdant progressivement ses possessions littorales et se trouvant confiné, dès avant sa chute, en avril 1375, à sa capitale, Sis, et au territoire environnant49.
31Les ordres religieux-militaires connurent plusieurs phases dans leurs relations avec les pouvoirs arméniens. Elles évoluèrent au fur et à mesure d’une meilleure connaissance mutuelle, mais aussi du contexte politique intérieur de l’Arménie et du climat politique international. Les relations des Hospitaliers avec les autorités arméniennes furent les plus mouvantes : elles débutèrent par l’installation précoce mais limitée de l’ordre en Cilicie, dans l’indifférence des seigneurs arméniens, puis continuèrent avec une solide implantation dans des zones riches ou stratégiques voulue par le roi Lewon Ier, pour finir sur des rapports plus compliqués avec ses successeurs en raison des prises de position de membres de l’ordre en faveur de personnages qu’ils estimaient être plus légitimes ou dont ils voulaient défendre la cause. L’Hôpital fut toutefois le seul ordre militaire à continuer à intervenir sur le territoire arménien pendant une grande partie du XIVe siècle, que ce soit de l’intérieur, depuis son bailliage, ou de l’extérieur, par la voie maritime, en venant de Rhodes ou de Chypre. Dans ses actions vis-à-vis de l’Arménie, l’Hôpital fut guidé par le respect de la volonté pontificale, la fidélité aux souverains ou aux causes qu’il estimait légitimes, mais aussi, par la défense de ses propres intérêts. Le Temple fut l’ordre qui, en Arménie, a entretenu la relation la plus conflictuelle avec les pouvoirs. Le fait remonte aux circonstances de son arrivée dans les montagnes amaniques. Toutefois, les Templiers surent démontrer leur utilité aux souverains arméniens en constituant un rempart face aux envahisseurs, nombreux à tenter d’emprunter la marche dont les frères avaient la garde pour entrer dans le pays. Par contre, lors des conflits entre les souverains chrétiens de la région, les Templiers choisirent systématiquement le camp du prince d’Antioche aux dépens du roi ou du régent d’Arménie cilicienne ; ils suscitèrent donc toujours la méfiance des autorités arméniennes, malgré quelques périodes d’accalmie et la manifestation ponctuelle d’une certaine forme de solidarité. Il apparaît que, pendant tout le temps de sa présence en Arménie, l’ordre du Temple semble avoir privilégié ses propres intérêts et ceux du prince d’Antioche, ne suivant les consignes pontificales que lorsque cela pouvait lui être favorable et n’apportant son appui aux souverains arméniens que de manière très épisodique. La relation de l’ordre Teutonique avec les pouvoirs arméniens fut la plus linéaire ; apparus au début du XIIIe siècle dans le pays par la volonté de Lewon Ier, ses membres restèrent fidèles à leur bienfaiteur et, après la mort de celui-ci, ils choisirent de suivre la politique de celui qui incarnait véritablement le pouvoir en Arménie, à savoir Kostandin, pourtant peu apprécié des autres ordres militaires. Les Teutoniques maintinrent leurs positions dans le royaume jusqu’à la chute complète de la marche qui leur avait été confiée, à la fin du XIIIe siècle, sous les coups des Mamelouks. À la différence de ses homologues également, l’ordre Teutonique était une institution au recrutement majoritairement national. Fortement lié par son origine à l’empereur germanique, il en suivait les orientations politiques et diplomatiques, en particulier en faveur de certains rois d’Arménie, même lorsque ceux-ci se trouvaient sous le coup d’une excommunication.
Notes de bas de page
1 G. Dédéyan, « Idéologie de croisade », pp. 55-65.
2 Ces donations furent confirmées par une charte du prince d’Antioche Raymond de Poitiers le 1er février 1149 ; S. Pauli, Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t. I, pp. 27-28, n° 25 ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. I, pp. 143-144, n° 183. Voir aussi M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 68-78.
3 Bar Hebraeus, Chronography, p. 283 ; Michel le Syrien, Chronique, éd. de J.-B. Chabot, p. 314, et éd. d’É. Dulaurier, p. 349. Sur cette question, voir M.-A. Chevalier, Les ordres religieuxmilitaires en Arménie cilicienne, pp. 56-68.
4 Michel le Syrien, Extrait de la chronique, éd. De J.-B. Chabot, p. 315, et éd. d’É. Dulaurier, p. 350 ; Jean Dardel, Chronique d’Arménie, p. 7.
5 Grigor Yérêts, Chronique, éd. de Jérusalem, pp. 511-515, trad. d’É. Dulaurier, pp. 337-339, et Id., Chronique dans Armenia and the Crusades trad. d’A. Dostourian, pp. 262-264.
6 Bar Hebraeus, Chronography, p. 292 ; Michel le Syrien, Chronique, éd. de J.-B. Chabot, p. 331, et éd. d’É. Dulaurier, p. 362 ; Sembat, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, pp. 622-624, et trad. de G. Dédéyan, pp. 49-50 et 53-54 ; Vahram Raboun, Chronique rimée, pp. 508-509, et trad. p. 14 ; Hét’oum l’Historien, Rovbinank’, pp. 102-103 ; Lignages d’Outremer, pp. 135-136 ; Guillaume de Tyr, Chronique, l. 20, chap. xxvi, éd. de R. Huygens, p. 949, et dans Recueil des Historiens des Croisades, Historiens Occidentaux (ci-après RHC, HOcc.), t. I, p. 991 ; S. Der Nersessian, « Cilician Armenia », p. 642.
7 Guillaume de Tyr, Chronique, l. 20, chap. xxvi, éd. de R. Huygens, p. 949, et RHC, HOcc., p. 99.
8 Guillaume de Tyr, Chronique, l. 20, chap. xxvi, éd. de R. Huygens, p. 949, et RHC, HOcc., p. 991 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, pp. 11-12 ; L. Alichan, Léon le Magnifique, pp. 52-53 ; Id., Sissouan, p. 55.
9 Guillaume de Tyr, Chronique, l. 20, ch. 25-26, éd. de R. Huygens, pp. 947 et 949-950, RHC, HOcc., pp. 991-992 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, pp. 11-12. Voir aussi L. Alichan, Léon le Magnifique, p. 54 ; Id., Sissouan, p. 56. Par contre, selon Michel le Syrien (Chronique, éd. de J.-B. Chabot, p. 337) et Bar Hebraeus (Chronography, p. 295), le roi de Jérusalem Amaury Ier aurait vaincu Mleh, récit peu plausible étant donné la suite des événements. Voir aussi M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 106-111.
10 M. Amouroux-Mourad, Le comté d’Édesse, p. 141.
11 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. I, pp. 172-173, n° 225 ; S. Pauli, Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t. I, pp. 32-33, n° 30.
12 M.-A. Chevalier, « Les chevaliers teutoniques en Cilicie », pp. 137-153.
13 V. Langlois, Le Trésor des chartes d’Arménie, pp. 117-120, n° 6, et p. 121, n° 7 ; E. Strehlke, Tabulae ordinis Theutonici, pp. 37-39, n° 46 ; K. Forstreuter, Der Deutsche Orden am Mittelmeer, p. 234.
14 S. Pauli, Codice diplomatico diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t. I, pp. 98-99, n° 94 ; V. Langlois, Le Trésor des chartes d’Arménie, pp. 112-114, n° 3, et pp. 114-115, n° 4 ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, pp. 115-116, n° 1344, et p. 119, nos 1350-1351.
15 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, pp. 164-166, nos 1426-1427 ; S. Pauli, Codice diplomatico diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t. I, pp. 105-106, n° 100 ; V. Langlois, Le Trésor des chartes d’Arménie, pp. 124-125, n° 9.
16 F. de Salles, Annales de l’ordre Teutonique, éd. Genève, p. 15.
17 Innocent III, Patrologiae cursus completus, éd. J.-P. Migne, t. 216, col. 54-56, n° 45 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 160-161.
18 Ibn Shaddād, Description de la Syrie du Nord, p. 260 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieuxmilitaires en Arménie cilicienne, p. 164.
19 Innocent III, Patrologiae cursus completus, éd. J.-P. Migne, t. 214, col. 1003-1006, n° 43, et t. 215, col. 504, n° 189 ; O. Hageneder et alii, Die Register Innozenz’ III., t. V, pp. 78-82, n° 36 (37), et t. VII, pp. 340-341, n° 189.
20 Innocent III, Patrologiae cursus completus, éd. J.-P. Migne, t. 215, col. 687-692, n° 119, col. 692-694, n° 120, t. 216, col. 430-431, n° 64, col. 431-432, n° 65, et col. 432, n° 66 ; O. Hageneder et alii, Die Register Innozenz’III., t. VIII, pp. 211-217, n° 120 (119), et pp. 218-220, n° 121 (120). Voir aussi Sicardi Cremonensis episcopi Chronicon, col. 535.
21 Innocent III, Patrologiae cursus completus, éd. J.-P. Migne, t. 215, col. 687-692, n° 119 ; O. Hageneder et alii, Die Register Innozenz’III., t. VIII, pp. 211-217, n° 120 (119).
22 Ernoul, Chronique, p. 322 ; La Continuation de Guillaume de Tyr, p. 96, § 93 ; L’Estoire de Eracles, pp. 137 et 318 ; Annales de Terre sainte, pp. 436-437, col. A-B ; Les Gestes des Chiprois, p. 665 ; F. Amadi, Chronique, p. 101 ; Bar Hebraeus, Chronography, pp. 370-371 ; Vahram Raboun, Chronique rimée, p. 512 ; Sembat, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, p. 643, et trad. de G. Dédéyan, p. 89 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 63 (en arm.) ; Hét’oum II, Annales, p. 79 (en arm.) ; Id., Tables chronologiques, p. 483 ; O. Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. I, p. 221, § 38 ; Abū Shāma, Le Livre des Deux Jardins, t. V, p. 160 ; Ibn Shaddād, Description de la Syrie du Nord, pp. 258-260 et 265. Sur toute la querelle de succession d’Antioche, M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 146-166.
23 Bar Hebraeus, Chronography, p. 370.
24 Sur la perception des ordres militaires par les Arméniens, M.-A. Chevalier, « La vision des ordres religieux-militaires par les chrétiens orientaux ».
25 B. Hamilton, « The Armenian Church and the Papacy », p. 77.
26 Sembat, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, p. 645, et trad. de G. Dédéyan, pp. 89 et 94 ; Ernoul, Chronique, p. 427 ; Cl. Cahen, La Syrie du Nord à l’époque des croisades, p. 631 ; W. H. Rudt de Collenberg, The Rupenides, Hethumides and Lusignans, tabl. I ; C. Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne, p. 428, tabl. 94.
27 Wilbrand d’Oldenbourg, Peregrinatio, pp. 162 et 178, et Id., Itinerarium Terrae Sanctae, pp. 197 et 223 ; Bar Hebraeus, Chronography, p. 371 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, p. 209 ; L’Estoire de Eracles, pp. 318 et 347 ; P. Halfter, « Die Staufer und Armenien », pp. 199-201 ; Id., « Die Beschreibung des armenischen Königreiches Kilikien », pp. 403-404 et 412 ; Id., « Eine Beschreibung Kilikiens aus westlicher Sicht », pp. 179, 191 et 197.
28 Sembat, Chronique, trad. de G. Dédéyan, p. 90 ; Hét’oum l’Historien, Rovbinank’, p. 104 ; Lignages d’Outremer, p. 137.
29 L’Estoire de Eracles, p. 347 ; Sembat, Chronique, trad. de G. Dédéyan, pp. 94-95 ; Hét’oum II, Annales, p. 79 ; Id., Tables chronologiques, p. 485 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 64 ; Id., Rovbinank’, p. 104 ; Lignages d’Outremer, pp. 137-138 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 665 et 671 ; F. Amadi, Chronique, p. 115 ; Bar Hebraeus, Chronography, p. 380.
30 Ibid., p. 381 ; Vardan le Grand, « Extrait de l’Histoire universelle », pp. 442-443 ; Kirakos de Gandzak, Histoire d’Arménie, éd. Mélik‘-Ohandjanyan, pp. 188-189 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 64 ; Hét’oum II, Annales, p. 80 ; J. Dardel, Chronique d’Arménie, p. 10.
31 Hét’oum l’Historien, Rovbinank’, p. 104 ; Lignages d’Outremer, p. 138. Sur le rôle de Hét’oum de Korykos dans l’arrestation des Templiers de Chypre, M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 597-608.
32 Ibn al-aṯīr, al-Kāmil fī l-tārīá, t. II, p. 168 ; Bar Hebraeus, Chronography, pp. 380-381 ; Michel le Syrien, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, pp. 407-408 ; Kirakos de Gandzak, Histoire d’Arménie, éd. de Mélik’-Ohandjanyan, pp. 188-189, éd. d’É. Dulaurier, p. 428, et trad. de M.-F. Brosset, p. 93 ; Sembat, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, pp. 647-648, et trad. de G. Dédéyan, pp. 95-96 ; Vardan le Grand, « Extrait de l’Histoire universelle », pp. 442-443 ; Samouêl d’Ani, Extrait de sa Chronographie, p. 460 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 64 ; Hét’oum II, Annales, p. 80 ; Id., Tables chronologiques, p. 485 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, pp. 210-211 ; F. Amadi, Chronique, p. 115 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 665-666 et 671 ; Annales de Terre sainte, pp. 437, col. A-B et p. 438, col. B ; L’Estoire de Eracles, p. 348.
33 Bar Hebraeus, Chronography, pp. 381 et 389-390 ; Michel le Syrien, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, p. 408 ; Kirakos de Gandzak, Histoire d’Arménie, éd. de Mélik’-Ohandjanyan, p. 189, éd. d’É. Dulaurier, pp. 428-429, et trad. de M.-F. Brosset, p. 93 ; Vardan le Grand, « Extrait de l’Histoire universelle », p. 443 ; Samouêl d’Ani, Extrait de sa Chronographie, p. 460 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 64 ; Id., Rovbinank’, pp. 104-105 ; Hét’oum II, Annales, p. 80 ; Id., Tables chronologiques, p. 485 ; Sembat, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, p. 648, et trad. de G. Dédéyan, p. 96 ; Lignages d’Outremer, p. 139 ; L. Alichan, « Zapêl », pp. 128-131.
34 V. Langlois, Le Trésor des chartes d’Arménie, pp. 141-143 ; E. Strehlke, Tabulae ordinis Theutonici, pp. 65-66, n° 83 ; K. Forstreuter, Der Deutsche Orden am Mittelmeer, pp. 235-236.
35 L’Estoire de Eracles, pp. 405-406.
36 Annales de Terre sainte, p. 449, col. A-B ; L’Estoire de Eracles, p. 445 ; Sembat, Chronique, trad. de G. Dédéyan, p. 96 ; Hét’oum II, Annales, p. 82 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, pp. 70-71 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 752, 775 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, p. 221 ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. III, pp. 31-33, n° 3029 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, p. 46 ; P. Deschamps, Les châteaux des croisés en Terre sainte, t. II, pp. 179 et 194-196 ; G. Bordonove, La vie quotidienne des Templiers, p. 158 ; A. Forey, The Military Orders, pp. 61-62 ; M. Barber, The New Knighthood, p. 156 ; J. Richard, Histoire des croisades, p. 415 ; H. Kennedy, Crusader Castles, pp. 122, 128 ; A. Demurger, Chevaliers du Christ, p. 138 ; Id., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, p. 233.
37 J. Upton-Ward, The Catalan Rule of the Templars, pp. 81-87, n° 180 ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. IV, pp. 291-293, n° 3308 ; Les Gestes des Chiprois, p. 772 ; Hét’oum L’Historien, Chronique, p. 74 ; L’Estoire de Eracles, p. 457 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, p. 223 ; F. Amadi, Chronique, p. 210 ; F. Bustron, Chronique de l’île de Chypre, p. 113 ; Ibn Al-furāt, Ayyubids, Mamlukes and Crusaders, t. II, p. 127 ; Abū Al-fidā, Résumé de l’Histoire des Annales, p. 152 ; Ibn Shaddād, Description de la Syrie du Nord, pp. 266-267 ; Al-Moufaddal, « Histoire des sultans mamelouks », t. XII, p. 514 ; Al-Makrīzī, Histoire des sultans mamelouks, t. I, 2e partie, p. 56 ; Cl. Cahen, La Syrie du Nord à l’époque des croisades, p. 717 ; M. Melville, La vie des Templiers, pp. 256-258 ; A. Forey, The Military Orders, p. 85 ; H. Nicholson, The Knights Templar, p. 63 ; A. Demurger, Jacques de Molay, pp. 46 et 58.
38 Abū al-Fidā, The Memoirs of a Syrian Prince, p. 29 ; Al-Moufaddal, « Histoire des sultans mamelouks », t. XIV, pp. 601-603 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 839-841 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 554-559.
39 Ibn al-furāt, Ayyubids, Mamlukes and Crusaders, t. II, p. 99 ; Al-Makrīzī, Histoire des sultans mamelouks, t. I, 2e partie, p. 34 ; Abū al-fidā, Résumé de l’Histoire des Annales, p. 151.
40 Un acte conclu entre le grand-maître Anno de Sangerhausen et Kostandin de Sarwandik’ar indique que les Teutoniques tenaient toujours cette forteresse en 1271 ; Archivio di Stato de Venise, inventario sommario sec. XIX ex Ss. Trinita o S. Maria dei Teutonici, bb. 3, n° 59 ; L. Alichan, Sissouan, texte, p. 209, trad., p. 239 ; K. Forstreuter, Der Deutsche Orden am Mittelmeer, pp. 236-237 ; J. Riley-Smith, « Templars and Teutonic Knights », p. 114.
41 M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 559-571.
42 H. Bogdan, Les chevaliers teutoniques, p. 70.
43 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, t. II, p. 350, n° 14104 ; A. Luttrell, « The Hospitallers’ Interventions in Cilician Armenia », pp. 126 et 135-137 ; A. Forey, The Military Orders, pp. 221-222 ; P. Edbury, The Kingdom of Cyprus and the Crusades, pp. 101-102 ; Id., « The Templars in Cyprus », pp. 192-193.
44 Sembat, Extrait de la Chronique, trad. de V. Langlois, p. 33 ; Hét’oum l’Historien, Flor des estoires, liv. III, chap. xliv, p. 328 ; Hét’oum II, Annales, p. 87 ; Id., Tables chronologiques, p. 490 ; Les Gestes des Chiprois, p. 833 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, p. 233 ; F. Amadi, Chronique, p. 233 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, pp. 56-57 ; H. Finke, Acta Aragonensia, t. II, p. 742, n° 459.
45 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, t. II, p. 350, n° 14104 ; Lignages d’Outremer, p. 144 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 856-857 et 871 ; F. Amadi, Chronique, pp. 240-242, 248, 314-315, 320-324, 336-340, 358-359, 365-368, 371-374 et 376 ; D. Strambaldi, Chronique, t. II, p. 26 ; F. Bustron, Chronique, pp. 135, 137-138, 184-185, 188-192, 201-204, 224, 227-230 et 232 ; L. Machairas, Chronique, trad. d’E. Miller et C. Sathas, pp. 38-39, et trad. d’I. Cervellin-Chevalier, pp. 53-54 ; Philippe de Mézières, Le Songe du vieil Pèlerin, t. II, l. III, pp. 22 et 227 ; L. Alichan, Sissouan, p. 335 ; G. Hill, A History of Cyprus, t. II, pp. 216-219, 226-227, 242-244 et 249-250 ; J. Riley-Smith, The Knights of St John in Jerusalem and Cyprus, pp. 210-215 ; A. Luttrell, « Hospitallers’ Interventions in Cilician Armenia », pp. 125-126 et 135-137 ; P. Edbury, The Kingdom of Cyprus and the Crusades, pp. 115, 118-119 et 124 ; Id., « The Templars in Cyprus », p. 194 ; Cl. Mutafian, Le royaume arménien de Cilicie, p. 79 ; Id., « Héthoum de Korykos », p. 170 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 589-622.
46 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, t. III, p. 189, n° 12388, p. 350, n° 14104, et t. V, pp. 245-246, n° 20907 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, p. 62 ; A. Luttrell, « Hospitallers’ Interventions in Cilician Armenia », pp. 126 et 135-137 (d’après Reg. Av. 14, fº 426b, v. 71, ep. 108) ; Id., « The Hospitallers in Cyprus », p. 161 ; Id., « Notes on Foulques de Villaret », p. 85 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 627-635.
47 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, t. X, p. 242, n° 57909 ; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 17, n. 2, et p. 87 ; A. Luttrell, « Hospitallers’ Interventions in Cilician Armenia », p. 128 ; W. H. Rudt de Collenberg, « Les Bullae et Litterae adressées par les papes d’Avignon à l’Arménie cilicienne », p. 717.
48 H. Finke, Acta Aragonensia, t. II, pp. 741-743, n° 459 ; A. Coulon et S. Clémencet, Lettres secrètes de Jean XXII, t. III, fasc. 9, pp. 9-11, nos 4308-4310, fasc. 10, pp. 116-117, n° 5292, pp. 153-154, n° 5412, et pp. 175-177, nos 5484-5486 ; E. Deprez et G. Mollat, Lettres closes, patentes et curiales de Clément VI, t. I, pp. 193-195, nos 1488-1493 et 1495 ; Ch. Köhler, « Lettres pontificales concernant l’histoire de la Petite Arménie », p. 323, nos 12-13 ; L. de Mas-Latrie, Histoire de l’île de Chypre, t. II, pp. 304 et 328-329 ; Philippe de Mézières, Le Songe du vieil Pèlerin, t. I, liv. I, p. 295, et t. II, liv. III, p. 419 ; L. Machairas, Chronique, trad. d’E. Miller et C. Sathas, pp. 116-117, et trad. d’I. Cervellin-Chevalier, p. 111 ; D. Strambaldi, Chronique, pp. 84-85 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, p. 64 ; G. Hill, A History of Cyprus, t. II, pp. 353-354 ; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, pp. 87-91 et 160 ; J. Gay, Le pape Clément VI et les affaires d’Orient, p. 130 ; A. Luttrell, « The Crusade in Fourteenth Century », p. 135 ; Id., « Hospitallers’Interventions in Cilician Armenia », pp. 127-131 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 630-658.
49 G. Mollat, Lettres secrètes et curiales de Grégoire XI intéressant les pays autres que la France, fasc. 3, p. 1, n° 3701 ; J. Dardel, Chronique d’Arménie, pp. 31 et 67-81 ; Colophons de manuscrits arméniens du XIVe siècle, p. 451, n° 546 ; Cl. Mutafian, Léon V, p. 205 ; H. Kühl, Leon V., pp. 131-139.
Auteur
Université Montpellier 3 – CEMM
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