Le recrutement de l’ordre de la Jarretière en Angleterre
p. 135-152
Texte intégral
1L’ordre de la Jarretière n’est pas un ordre religieux-militaire, mais c’est bien un ordre « absolument militaire », pour reprendre l’expression de son premier historien, Elias Ashmole1. C’est l’un des premiers, et sans doute l’un des plus remarquables — ne serait-ce que par sa longévité, car il est toujours bien vivant — de ces ordres militaires princiers dont D’Arcy Boulton nous a donné un précieux répertoire2. L’élément religieux, nous aurons l’occasion d’y revenir, est cependant loin d’être totalement absent des préoccupations de son fondateur, comme la création de la chapelle Saint-Georges à Windsor et la mise en place de son clergé en témoignent abondamment. De même, le désir de donner à la fondation un caractère charitable a abouti à la création d’un troisième élément, hospitalier celui-là : il s’agit donc d’une structure assez complexe, tout à fait caractéristique de ce que la période de la genèse de l’État moderne voit se développer, au moment même où cessent pratiquement d’être créés de nouveaux ordres religieux-militaires.
2Désigné en fait par toute une série de vocables, en latin comitiva, societas ou ordo, en français « ordre » ou « compagnie », l’ordre de la Jarretière — ou, pour l’appeler par son véritable nom, les Chevaliers de saint Georges de la compagnie de la Jarretière — a eu une gestation compliquée, d’autant plus opaque pour nous que ses premiers statuts ont disparu3. On peut toutefois cerner d’assez près ses origines, grâce notamment aux travaux de Juliet Vale, qui se fonde sur les informations indirectes fournies par les comptes de la Great Wardrobe où sont rassemblées les dépenses des tailleurs, des armuriers et des constructeurs et décorateurs des pavillons royaux4, et à l’interprétation de laquelle se rallie aujourd’hui pour l’essentiel l’historien le plus récent de l’ordre5 : elle laisse évidemment de côté l’épisode fameux de la jarretière de la comtesse de Salisbury, dont la légende fait l’origine de la devise de l’ordre, « Honni soit qui mal y pense6 ». Juliet Vale met en tout cas le doigt sur ce qui est essentiel dans cette devise, à savoir qu’elle est en français, alors que toutes les autres devises d’Édouard III sont en anglais, ce qui renvoie bien évidemment à la revendication de la couronne de France par le roi d’Angleterre.
3À la fin de 1343, Édouard III aurait eu l’idée de renouveler une initiative de son grand-père Édouard Ier, qu’il cherchait à imiter en tous points au début de son règne personnel. Comme lui, il entend faire renaître la table ronde du roi Arthur et il décide donc d’organiser une grande fête avec un tournoi à Windsor pour la Pentecôte 1344, à la suite de ceux qu’il a déjà fait s’y dérouler en 1343 et en janvier 1344. Une compagnie de 300 chevaliers aurait été envisagée, modelée sur l’ordre de Franc-Palais fondé par Perceforest, et peut-être même cette compagnie aurait-elle eu pour insigne une jarretière — à cette époque une pièce d’habillement masculine, précisons-le. Tout ceci restait encore de l’ordre de la compagnie de tournoi, virile, festive et sportive, mais, en 1344-1345, la guerre avec la France entre à nouveau dans une phase active. À la fin de 1344, le projet du grand bâtiment où se seraient déroulées les joutes est abandonné et, en 1345, Édouard III s’attelle à la préparation d’une grande campagne sur le continent — celle-là même qui sera couronnée par sa victoire à Crécy, dont les vainqueurs arborent dès 1346 une Jarretière qui n’est encore qu’un simple badge de reconnaissance. Or, peut-être dès 1344, Édouard III a entendu parler du projet du duc de Normandie, le futur Jean le Bon, de créer ce qui allait devenir l’ordre de l’Étoile, une compagnie de chevaliers, mais aussi une organisation religieuse, avec une chapelle, des chanoines et des prêtres7. C’est vers cette solution que va donc se tourner le roi d’Angleterre, car c’est la seule qui, dans les circonstances particulières des débuts de la guerre de Cent Ans, est acceptable aux yeux de la papauté. Si elle avait l’avantage de permettre la pérennisation de l’ordre, elle impliquait des coûts considérables : la victoire en France va permettre au roi de disposer des sommes nécessaires.
4L’ordre de la Jarretière a donc vu le jour à un moment que l’état de la documentation ne permet malheureusement pas de préciser, entre 1348 et 1350. L’institution formelle de l’ordre et la réalisation de la première liste des membres ont été accomplies avant décembre 1348. Ses statuts ont sans doute été promulgués en avril 1349, et la première réunion qui est attestée est celle qui a eu lieu le 23 avril 1350, jour de la fête de saint Georges. L’ordre est structuré en trois éléments. Il y a tout d’abord une compagnie de 25 compagnons réunis autour du « souverain », soit 26 membres. Cette compagnie a, d’après les statuts, trois officiers, le prélat de l’ordre (l’évêque de Winchester, ex officio), un gardien du sceau de l’ordre (l’un des vingt-cinq compagnons) et un secrétaire (le « registre »), un poste qui ne semble pas avoir été occupé avant le règne d’Henri V ; en revanche, dès 1351, il existe un huissier de la compagnie. Un deuxième ensemble correspond à la chapelle, installée à Windsor et dédiée à saint Georges. Vingt-six prêtres, en l’occurrence un maître, douze chanoines et treize vicaires, lui sont attachés, ainsi que quatre clercs et six choristes : les lettres patentes fondant le collège sont publiées le 6 août 13488. Enfin, vingt-six pauvres chevaliers, vétérans des guerres, forment un troisième ensemble. Ces trois ensembles sont institutionnellement distincts, même s’ils fonctionnent en symbiose, ne serait-ce qu’en raison de leur implantation — à des degrés divers — à Windsor. À cela s’ajouteront ensuite les Ladies of the Fraternity of Saint George ou plus simplement les Ladies of the Garter (dans l’ordre breton de l’Hermine, on les appelle les « chivalresses ») : la reine Philippa de Hainaut et la fille d’Édouard III d’abord, mais par la suite les reines et beaucoup de princesses anglaises9, des dames de la noblesse souvent choisies pour des raisons politiques10 et, à partir du XVe siècle, beaucoup de princesses étrangères11.
5Ce qui va faire beaucoup pour l’importance sociale et diplomatique de l’ordre est, en 141712, l’adjonction d’un cinquième officier, « Jartier, Roy d’armes des Angloys », le Garter King of Arms, qui est d’emblée constitué comme le roi d’armes d’Angleterre et le supérieur hiérarchique de tous les officiers d’armes anglais, ce qui fera de lui le maître du College of Arms13 quand celui-ci sera organisé. Dès le XVe siècle, et ceci doit beaucoup à la personnalité du premier détenteur de l’office, Sir William Bruges14, Garter King of Arms devient l’un des rouages essentiels de la diplomatie anglaise (et son office est d’ailleurs directement financé par le pouvoir royal, non par l’ordre), une distinction qui rejaillit sur l’ordre tout entier. Plus important encore, au siècle suivant, il va se trouver à la tête d’une institution qui est devenue le rouage essentiel dans la reproduction de la classe dirigeante anglaise, puisque c’est le College of Arms qui vérifie les titres de noblesse et les armoiries des familles qui prétendent appartenir à la gentry ; ce sont aussi les hérauts membres du College qui attribuent des armoiries aux familles qui désirent entrer officiellement dans la gentry. Tout ceci suppose un travail de recherche complexe dans les archives, ce qui va aussi prédisposer les hérauts à devenir sinon des historiens, du moins des antiquaries. Ils vont de la sorte jouer dans le développement de la culture et de la pratique historiques en Angleterre un rôle essentiel. Bruges lui-même s’est d’ailleurs illustré dans ce domaine par une recherche minutieuse pour reconstituer les armes des premiers compagnons de la Jarretière, afin de décorer avec la plus grande exactitude possible les stalles de la chapelle Saint-Georges à Windsor15, puisque celles-ci ne datent pas de la fondation même de l’ordre, mais n’ont été installées qu’à partir de 1421.
6À l’issue de cette présentation rapide, il est possible de tenter d’analyser le recrutement de l’ordre depuis sa fondation entre 1348 et 1350 jusqu’à la fin du règne d’Henri VII en 1509. Si l’on exclut les souverains, cela représente 265 membres. Le premier recrutement ne pose guère de problèmes : il a été analysé en détail par Juliet Vale, qui constate que l’on a affaire, en gros, aux deux équipes de tournoi d’Édouard III et du Prince Noir. D’où l’origine assez modeste de certains chevaliers, ce dont on s’aperçoit quand ils sont remplacés. Ainsi, sans doute mort de la peste, Richard Fitz Simon (le porte-étendard du Prince Noir à Crécy) est remplacé par l’un des capitaines sous les ordres desquels il a servi, le comte (earl) de Suffolk. L’autre caractéristique de ces hommes est leur fidélité politique au souverain : Richard Fitzalan, comte d’Arundel — qui commandait l’une des divisions anglaises à Crécy —, et William Clinton, comte de Huntingdon, présent au siège de Calais et l’un des négociateurs avec les envoyés du pape, ne font pas partie de la première sélection, sans aucun doute parce qu’Édouard III ne leur a pas pardonné leur appartenance au conseil dirigé par l’archevêque de Canterbury John Stratford qui l’avait contraint à mettre un terme à la ruineuse offensive diplomatique dans laquelle il s’était engagé en 134016. Chaque souverain aura ses propres critères et ses propres préférences : aussi, pour l’analyse statistique, faudra-t-il fractionner l’effectif global entre chacun des règnes. Mais, dans un premier temps, considérons les chevaliers comme une population suffisamment homogène pour permettre une analyse d’ensemble.
7Un premier groupe saute aux yeux, formé de 46 personnages que l’on serait tenté de définir avant tout comme des « étrangers ». L’emploi d’un tel terme, cependant, est délicat : il est clair que Sanchet Dabrichecourt (ou Daberchicourt), sans doute fils de ce Nicolas d’Abrichecourt qui avait reçu Isabelle de France et le prince Édouard, lors de leur voyage à Paris en 1326, et frère d’Eustache d’Abrichecourt dont Froissart évoque les exploits, n’est pas un étranger au même titre que le roi de Portugal Jean Ier, par exemple ! On est en présence, d’un côté, de princes qui font avant tout l’objet d’une élection diplomatique et qui souvent ne sont pas installés — quand ils le sont, ils ne se déplacent pas en personne, mais délèguent un membre de leur cour (ainsi Baldassaro Castiglione recevra en Angleterre les insignes de la Jarretière au nom de son patron, Federico de Montefeltre, duc d’Urbino) — et, de l’autre, de chevaliers d’origine étrangère mais entrés au service des rois d’Angleterre qui, comme Guichard d’Angle, ont sacrifié leur patrimoine par fidélité envers leur nouveau maître. Les Français sont en fait tous au service du roi d’Angleterre, qu’ils soient Gascons comme le Soudan de la Trau, les trois Captal de Buch (Jean de Grailly, Jean de Foix et Gaston de Foix) ou Gaillard de Durfort, ou Poitevin comme Guichard d’Angle. Un cas un peu particulier est celui d’Enguerrand de Coucy, comte de Bedford et gendre d’Édouard III dont il a épousé la seconde fille, Isabelle Plantagenêt : à la mort de son épouse, il renoncera d’ailleurs à son comté et à la Jarretière pour redevenir à part entière un prince français. Les seuls Valois figurant dans le groupe sont les ducs de Bourgogne.
8Disons donc que l’on retrouve parmi ces 46 étrangers deux catégories distinctes, d’une part, des nobles ou des soldats de renom engagés au service de l’Angleterre et, de l’autre, des princes européens. La première catégorie, abondante avec Édouard III (les Hennuyers Sanchet Dabrichecourt et Gautier de Mauny, le Brabançon Frank Van Halen, l’Allemand Henri d’Eam) ou Henri V (les Hennuyers Sir John et Sir Lewis Robesart, ou Hartung von Klux, dont l’origine n’est pas très claire17), semble se tarir avec la fin de la guerre de Cent Ans : d’ailleurs, les derniers étrangers de cette catégorie à être entrés dans l’ordre ont souvent dû le quitter. Cela avait déjà été le cas, je l’ai dit, d’Enguerrand de Coucy, comte de Bedford et gendre d’Édouard III, qui choisit en 1377 de revenir en France : il renonce à son comté et renvoie en Angleterre, outre sa femme et l’une de ses filles, ses insignes de la Jarretière. La suite de sa carrière militaire se déroulera en France, jusqu’à son départ pour la croisade de Nicopolis — fait prisonnier à la bataille, il mourra en 1397 à Brousse18 — où il est le seul à avoir été, ne fusse qu’un temps, Garter Knight. François de Surienne, dont l’attaque surprise sur Fougères peut difficilement passer pour véritablement chevaleresque, est obligé de renoncer à l’ordre19. De fait, Jean de Foix et Gaillard de Durfort seront aussi conduits à renoncer à la Jarretière, l’un en 1462, l’autre en 147520. L’appartenance nationale finit dans leur cas par être déterminante.
9La catégorie des princes pose d’autres problèmes. À dire vrai, il n’est pas sûr que les premiers d’entre eux, Robert de Namur, élu en 1369, et le duc de Bretagne Jean IV de Montfort, soient là en tant que princes étrangers, tant leurs activités militaires sont étroitement liées à celles des armées anglaises. Les premières élections diplomatiques datent seulement de 1390, avec celles du duc de Gueldre Guillaume Ier et du duc de Bavière Guillaume VI. À partir de là, leur nombre ne fera que croître et leur présence symbolisera les alliances anglaises : l’une des stalles, placée dans la chapelle Saint-Georges tout près de celle du souverain, est ainsi dévolue aux princes portugais : Jean Ier, Édouard Ier, Alphonse V et Jean II s’y succéderont. Même parmi ceux qui ont été installés, plusieurs ont renoncé, pour des raisons d’ailleurs diverses, à l’honneur qui leur était fait, comme le duc de Bourgogne Philippe le Bon ou le roi d’Aragon Ferdinand le Catholique. Avec les princes viennent leurs ministres ou leurs conseillers, quand ils n’ont guère de titres militaires, comme Inigo d’Avalos, comte de Monte-Odorisio, l’homme de confiance du roi Ferrante21, ou leurs proches, comme Rolando Álvaro Vaz de Almada, le bras droit et le frère d’armes du duc de Coimbra, le régent de Portugal Don Pedro22. Cette contradiction était au cœur même de la conception de la Jarretière : si ses premiers membres sont bien les compagnons d’armes d’Édouard III, l’ordre a en même temps un « souverain » qui se trouve être aussi le souverain de l’État anglais. L’ordre ne pouvait donc échapper ni à sa vocation nationale, parfois en contradiction avec l’éthique du compagnonnage guerrier ou nobiliaire, ni à une implication internationale et aux stratégies diplomatiques qu’elle implique.
10Si l’on se tourne maintenant vers les Anglais, on peut les répartir très grossièrement en trois catégories : les membres de la famille royale (20), les nobles (135) et les gentlemen (64). Il n’est pas facile en Angleterre de cerner avec précision le contour de ce que l’on peut appeler la famille royale : à partir du règne d’Édouard Ier, les Plantagenêt se sont mariés avec les membres de l’aristocratie nobiliaire23, et l’on s’en tiendra ici à ceux qui portent le nom de Plantagenêt et à deux des Tudors, le prince Arthur et le futur Henri VIII, installés alors qu’ils n’ont que quatre ou cinq ans : la plupart de ces personnages royaux ont en effet en commun d’avoir été élus et installés très jeunes. Les Beaufort, en principe exclus de la succession au trône par acte du Parlement, ne sont pas à proprement parler membres de la famille royale. Presque la moitié des 135 nobles (soit 61 chevaliers) appartiennent à seulement onze familles de magnats : les Stafford (9 chevaliers), les Holland (7), une famille qui tient de très près à la famille royale24, les Beauchamp et les Neville (6), les Fitzalan, les Grey25, les Talbot, les Percy et les Stanley (5), les Bourchier et les Mowbray (4). Au total, environ 37 % des membres anglais de la Jarretière appartiennent à la famille royale et à ces onze familles nobles. Des familles nobles mais plutôt baronniales, comme les Scrope ou les Willoughby, comptent au plus trois chevaliers. Certaines des élections paraissent résulter de la seule position dans l’échelle sociale, un peu comme pour les membres de la famille royale. Cela produit parfois des effets regrettables, comme dans le cas de Richard Grey, comte de Kent, élu en 1505 qui se révélera « a natural ideott », et finira, après s’être rendu coupable d’enlèvement, par mourir en 1524 dans la misère après avoir dilapidé toute sa fortune26. Il arrive d’ailleurs que certains de ces nobles soient élus encore très jeunes. Au total, la distinction entre nobles et gentlemen se révèle assez fragile : simples gentilshommes quand ils sont élus, bien des chevaliers sont ensuite anoblis ; dans la mesure où ce changement de statut était prévisible au moment de leur élection, il n’est pas utile d’en tenir compte. En revanche, plus encore que celle des nobles, la carrière des gentlemen qui précède leur entrée dans l’ordre est riche d’enseignements pour nous, puisqu’elle révèle les critères qui ont présidé à leur élection — un processus assez obscur mais dans lequel, à n’en pas douter, le poids de la Couronne est important — et, à travers eux, l’échelle de valeurs qui les sous-tend.
11Comme il est naturel pour un ordre chevaleresque, ses membres sont d’abord des soldats. Parmi les membres de la gentry, on trouve d’abord les soldats de fortune et les capitaines de la guerre de Cent Ans. Il n’est pas sûr qu’à l’instar d’un François de Suriennes ou d’un Thomas Kyriell, ils aient tous été des chevaliers à l’éthique irréprochable, mais presque tous affichent des états de service impressionnants. C’est le cas pour les compagnons d’Édouard III comme pour ceux du Prince Noir, dont les plus âgés ont commencé leur carrière militaire dans les rudes campagnes écossaises d’Édouard II et des Balliol (Lord Ughtred, apparemment le seul à avoir combattu à Bannockburn en 1314, les Lords Grey et Bryan, John Sully) ou pendant la guerre de Saint-Sardos. Les plus jeunes ont fait leurs premières armes en Bretagne ou en Flandre, participé à la bataille de Crécy et au siège de Calais, avant de poursuivre la guerre en France avec le Prince Noir, combattant à Poitiers avant de le suivre en Espagne et de participer à la bataille de Nájera. Certaines carrières militaires sont d’une impressionnante longévité : celle d’un Ralph Stafford, né sans doute en 1301, débute en 1326, dans la retenue de Ralph, Lord Basset et commence véritablement en Écosse, lors de la campagne de 1327-1328, pour s’achever en 1361 avec l’expédition que mène Lionel d’Anvers en Irlande ; quant à Gautier de Mauny, venu en Angleterre avec Philippa de Hainaut, il commence avec l’expédition d’Edward Balliol en Écosse en 1332 pour terminer avec le terrible raid mené en 1369 par Jean de Gand en Picardie. William Montagu, comte de Salisbury, a combattu de 1344 à 138427, Sir John Sully, si l’on en croit sa déposition dans la controverse Scrope-Grosvenor devant la Cour de Chevalerie en 1388 à l’âge de 105 ans28, de 1315 en Écosse à 1370 en Aquitaine : il aurait eu 84 ans lorsqu’il participe à la bataille de Nájera ! Bien que l’âge de leur élection soit variable, il est toujours en rapport avec leurs exploits guerriers : si certains comme Stafford sont déjà blanchis sous le harnais, Montagu et Roger Mortimer ont à peine vingt ans quand ils font partie des premiers membres, mais ils viennent de se distinguer dans la campagne de France, faits chevaliers dès le débarquement à La Hougue et combattant à Crécy, tout comme le Prince de Galles, âgé de 18 ans en 1348. En revanche, les capitaines plus liés après 1348 au Prince Noir qu’à Édouard III, et qui ne font donc pas partie de « l’équipe de tournoi » du Prince, doivent attendre les années 1360, voire la minorité de Richard II, pour être élus dans l’ordre.
12En effet, si le caractère militaire de l’ordre est resté une constante, il est devenu de moins en moins déterminant. La plupart des premiers membres de la Jarretière ont combattu à Crécy29, et les campagnes de France, d’Écosse et d’Espagne, sous Édouard III et Richard II, ainsi que celle de Normandie, sous Henri V, ont fourni pléthore de héros : chaque parti disposait ainsi, pour chaque élection, de candidats possédant les états de service nécessaires. Les élections sont mal documentées, mais il subsiste quelques lettres de recommandation ou des proclamations des résultats dans lesquelles sont soulignées les raisons pour lesquelles tel ou tel a été élu : l’élément militaire arrive toujours en premier. Mais l’élection dépendait en fait du roi seul, qui pouvait choisir quelqu’un d’autre que celui dont le nom avait été suggéré par les compagnons de la Jarretière. Le dernier vétéran de Crécy à avoir reçu les insignes de l’ordre est sans doute Sir Richard Pembridge, élu en 1368, plus de vingt ans après la bataille ; le dernier combattant de Poitiers serait le Soudan de la Trau, Bernard de Preissac, élu en 1379. Quant à John, Lord Bourchier, élu en 1390, il avait commencé sa carrière militaire en Gascogne dès 1355 ! Sous Richard II et Henri IV, les préoccupations politiques sont dominantes : mais les membres de la coterie de l’entourage royal (les Burley, Stapleton, Robert de Vere, Thomas Mowbray), leurs adversaires, les Appellant (Richard Fitzalan, John Devereux, Henry Percy, Peter Courtenay, Edward Despenser), enfin, les ennemis de ces derniers, la « nouvelle noblesse » promue par le roi pour éliminer ses ennemis (Beaumont, William Scrope, John Beaufort, Thomas Holland, John Montagu), ont tous, à l’exception de quelques nobles promus très jeunes au moment où ils reçoivent un titre prestigieux, une carrière militaire brillante. Il en va de même des élus lancastriens, Henri V revenant même à un recrutement presque purement militaire, dans la lignée de celui d’Édouard III.
13En revanche, sous le règne d’Henri VI, les considérations militaires perdent de leur importance dès que la guerre en France tourne mal. Les considérations de politique intérieure prennent le dessus : mais les élus, même quand ils sont jeunes, ont encore des titres militaires à faire valoir. Les affiliations partisanes reprennent le dessus, qu’elles soient lancastriennes (les Earls de Shrewsbury [Talbot], Ormond [Butler] et Pembroke [Tudor], les Lords Stanley, Dudley, Berners et Welles) ou yorkistes, après la première bataille de Saint Albans et le début de ce qu’il est convenu d’appeler la guerre des Deux Roses : encore les Yorkistes prennent-ils soin de nommer deux capitaines renommés, membres de la gentry, Sir Thomas Kyriell et Sir John Wenlock. Il faut dire que le stock des soldats ayant acquis la célébrité sur les champs de bataille de la guerre de Cent Ans commence à se tarir. Édouard IV continue dans la même veine, commençant par nommer William Chamberlaine, un vétéran des campagnes de France sous Bedford, mais choisissant ensuite, outre ses frères Clarence et Gloucester, des nobles représentant les familles qui l’avaient porté au pouvoir ou l’y avaient ramené après la crise de 1470-1471. En plus de Chamberlaine, seuls quatre chevaliers représentent la gentry dans ces vingt-six élections, compte non tenu des étrangers : John Astley, surtout célèbre pour ses exploits dans les joutes et les tournois, Thomas Montgomery, un membre de la household d’Édouard IV dont les seules expériences militaires sont d’avoir combattu à Towton et d’avoir participé à l’expédition de Picquigny (où il obtint de Louis XI une jolie pension) mais qui était un diplomate et un expert en matière monétaire et deux retainers du Kingsmaker, Richard Neville, comte de Warwick, Robert Harcourt, tué en 1470 en suivant son patron du côté lancastrien, et William Parre, promu en 1474 pour l’avoir trahi. Le même schéma se retrouve à peu près sous Henri VII, où le seul véritable soldat est Edward Woodville, une véritable tête brûlée qui trouvera la mort à Saint-Aubin du Cormier.
14Les chevaliers restent tout de même, dans l’ensemble, des militaires. On les retrouve souvent comme capitaine de Calais (au moins quatre d’entre eux), sénéchal de Bordeaux et gouverneur de Guyenne, constables de Windsor ou de la Tour de Londres, porte-étendards des différents souverains ou encore Master of the Ordnance quand l’artillerie a commencé à jouer un rôle important. Aussi n’est-il pas étonnant que nombre de chevaliers de la Jarretière soient morts au combat. Les morts glorieuses, voire héroïques, de John Chandos au pont de Lussac, du duc d’York à Azincourt, de Clarence et de Lord Grey à Baugé, de Louis Robessart à Germigny, de Hull ou Talbot à Castillon sont de celles qui contribuent à forger la légende d’un ordre militaire. Mais il est plus surprenant de constater que plus nombreux encore sont ceux qui ont été exécutés, sommairement décapités à l’issue d’une bataille, assassinés ou massacrés par la foule ou par des bandes incontrôlées dans les tumultes des guerres civiles : 24 morts au combat mais, à partir du règne de Richard II30, 26 morts exécutés ou assassinés31 ; encore ceux qui ont perdu la vie au combat sont-ils souvent victimes de la guerre civile, tels les morts de Wakefield (Richard, duc d’York), de Towton (Lionel Welles), de Tewkesbury (Wenlock), de Barnet (Richard et John Neville) ou de Bosworth (Richard III, Radcliffe, John Howard, duc de Norfolk, Walter Devereux). Et il faudrait ajouter ceux qui sont morts en exil, comme Robert de Vere, Thomas Mowbray ou Francis Lovell. Le champ de bataille de Bosworth est presqu’aussi riche, du moins potentiellement, en chevaliers de la Jarretière que celui de Crécy et l’est bien plus que ceux de Poitiers et d’Azincourt32 : ils étaient au moins 21, en comptant ceux qui vont intégrer l’ordre sous Henri VII. Au total, ce ne sont pas moins de 35 chevaliers de la Jarretière qui sont morts au cours des luttes intestines qui ont déchiré le royaume, soit près de 16 % des 219 membres anglais de l’ordre.
15On comprendra mieux la signification de ces résultats si l’on se tourne vers les activités non militaires des chevaliers de la Jarretière, même si certaines d’entre elles — ainsi à Calais, dont la garnison est le seul contingent militaire permanent en Angleterre, ou à la Tour de Londres, la forteresse qui tient la City — ont une évidente résonance politique. Ils sont en effet présents, en grand nombre, tant au Conseil royal que dans la household royale. Pour le conseil, les données manquent au début de la période, mais si l’on se concentre sur la période 1399-1485, 64 des 108 chevaliers (soit 59,17 %) ont été, à un moment ou à un autre, membres du conseil33. Et Henri VII a repris la même politique, partageant ses nominations entre des étrangers, des magnats et ses conseillers, Edward Woodville représentant l’exception militaire. Tous ses proches, ceux qui l’ont accompagné en Bretagne ou ont fait front avec lui à Bosworth, sont là : John Cheyne, Giles Daubeny, John Dynham, tous trois immédiatement pourvus d’une baronnie, John Savage, aux côtés des Stanley, les proches de sa mère Lady Margaret, et du gendre d’Édouard IV, Lord Welles. Ce n’est qu’après avoir ainsi constitué un fort noyau partisan au sein de l’ordre qu’il nomme des magnats, sans jamais cesser d’introduire les membres de son conseil, Edward Poynings, Reginald Bray ou Thomas Lovell. Ils ne sont pas totalement dépourvus d’expertise militaire34, mais ce n’est pas ce critère qui a guidé le choix d’Henri VII.
16Conseillers, ces hommes sont aussi de précieux auxiliaires du pouvoir royal : parmi les offices détenus par des chevaliers de la Jarretière, on remarque que plusieurs d’entre eux ont été trésoriers d’Angleterre. Beaucoup sont retenus à vie (retainers at life) et membres de la household royale : si l’on s’appuie sur les recherches de Christopher Given-Wilson, on constate que 34 des 132 chevaliers anglais élus entre 1350 et 1460 (25,7 %) sont des membres de la household. Sous Richard II, dix-huit des chevaliers de la Jarretière en sont membres, nombre qui tombe à huit sous Henri IV, mais remonte rapidement sous Henri VI35. Et ici aussi, les souverains yorkistes et le premier des Tudors accentuent encore cette pratique. Hommes de confiance du souverain dont ils sont proches, ils sont aussi utilisés pour manœuvrer au profit du roi : Thomas Lovell est le Speaker des Communes à un moment crucial pour Henri VII et il lui a sans doute été plus utile alors que sur le champ de bataille de Stoke ! Enfin, leur statut social, leur prestige, tout comme leur proximité avec le souverain quand ils appartiennent à la household, tout cela fait des chevaliers de la Jarretière des diplomates de première qualité. On les retrouve donc dans un très grand nombre de missions diplomatiques, trop longues à détailler ici. Détenteurs des postes militaires sensibles, conseillers du souverain, membres de sa maison, diplomates, les Anglais chevaliers de la Jarretière ne sont-ils pas plus porteurs des valeurs de l’officier que de celles du chevalier ?
17Le portrait du chevalier36 que brosse Geoffrey Chaucer dans les Canterbury Tales37 manifeste bien comment les lecteurs de la « poésie ricardienne », dont on connaît la fonction sociale et l’impact, imaginaient le chevalier idéal : d’abord un chevalier chrétien, ensuite un combattant38. Le premier trait qui « distingue » en effet le chevalier des Canterbury Tales, c’est sa participation à des expéditions lointaines contre les païens et à la croisade. A Knyght ther was… et aussitôt s’enchaînent les noms magiques : Alexandrie, la Prusse (« above all nacions », dit à juste titre Chaucer, on le vérifiera…), la Lituanie et la Russie, Grenade, Algésiras, Benmarin, Ayash, Atalya (« At Lyeys was he and at Satalye/Whan they were wonne… »), la Turquie… En revanche, pas un mot des campagnes de la guerre de Cent Ans ! Celles-ci sont abandonnées à son fils, le jeune squire, âgé de vingt ans : « And he hadde been somtyme in chyvachie in Flaundres, in Artoys, and Pycardie … » En somme, c’est là le terrain d’apprentissage qui propulse ensuite le noble et le gentleman vers les pays des Infidèles où il va, mué en défenseur du Christ, pouvoir donner la pleine mesure de sa chevalerie. Les chevaliers sont d’ailleurs soucieux des traditions de la chevalerie, comme le montre la querelle entre Fastolfe et Talbot à propos de l’attitude du premier sur le champ de bataille de Patay39, et comptent dans leurs rangs quelques combattants célèbres pour leurs exploits dans les joutes et tournois.
18Si l’on considère les états de service des Garter knights, la seule croisade qui les a mobilisés largement est celle contre les Lituaniens païens. Le voyage de Prusse jusqu’à la bataille de Tannenberg qui y mit fin en 1410 est assez bien connu par les travaux de Werner Paravicini40. Le nom de tous les Anglais qui ont participé à ces voyages n’est pas connu, mais l’on est frappé par l’importance des compagnies qui accompagnent de grands seigneurs, comme le futur Henri IV, qui va deux fois en Prusse alors qu’il n’est encore que comte de Derby, entouré pratiquement des mêmes compagnons dont trois deviendront chevaliers de la Jarretière après la révolution lancastrienne41. Il y a des déplacements plus spectaculaires encore, comme la compagnie d’Henri de Lancastre en 1351-1352 qui inclut six chevaliers et trois futurs chevaliers. Un tableau où les identifications ne sont pas certaines résume les participations des chevaliers de la Jarretière. Il exclut les étrangers : Robert de Namur, par exemple, patron de Froissart et beau-frère de la reine Philippa de Hainaut, est allé quatre fois en Prusse : ses armes ornaient les parois de la cathédrale de Königsberg ; Jean de Grailly et Enguerrand de Coucy ont eux aussi été jusqu’en Prusse42.
19Les chevaliers de la Jarretière sont certainement moins présents en Méditerranée qu’en Lituanie. Dès avant la fondation de l’ordre, l’un de ses futurs membres, Henry de Grosmont, comte de Derby et plus tard duc de Lancastre, s’était rendu auprès du roi de Castille Alphonse XI en 1343. Avec son compagnon, William Montagu, comte de Salisbury43, il avait participé au siège d’Algésiras, mais aussi à l’attaque des Maures par la flotte d’Egidio Boccanegra au large de Ceuta44. Il était revenu en 1344, pour regagner Algésiras, cette fois en compagnie de Richard Fitzalan, comte d’Arundel : ils arrivèrent trop tard toutefois, apprenant la prise de la ville à Logroño, et Fitzalan se contenta sans doute d’accompagner sa future épouse, Éléonore de Lancastre (la sœur d’Henry), à Saint-Jacques de Compostelle45. Selon son biographe, Derby serait aussi allé en croisade à Grenade, à Rhodes et à Chypre46, mais il n’y a pas trace de ces expéditions. Bien sûr, certaines guerres sont techniquement des croisades, comme les expéditions d’un autre duc de Lancastre, Jean de Gand, en Espagne47 : mais ce ne sont pas des guerres contre les Infidèles, seulement des conflits dans lesquels la papauté a un intérêt. Thomas Beauchamp, comte de Warwick, est l’un de ceux qui a certainement tenté de partir, mais, malgré ses offres de service au pape, il n’est pas allé plus loin que Venise et s’est rabattu sur la Prusse48. Si les chroniqueurs mentionnent la présence d’Anglais dans l’expédition de Chypre et au sac d’Alexandrie, les seuls membres de la Jarretière présents en Méditerranée orientale semblent avoir été Humphrey de Bohun, comte de Hereford, et Sir Miles Stapleton qui auraient accompagné le roi de Chypre Pierre Ier à la prise d’Atalia en 1361 et pris part au sac d’Alexandrie. Il est vrai que leur présence constante sur les champs de bataille de France et d’Écosse ne laissait guère à ces soldats le temps de partir en Orient.
20Dans les années 1390, après la trêve conclue en 1389 entre les Français et les Anglais, un nouvel élan semble donné : Bolingbroke (Henry de Derby, le futur Henri IV) veut partir en Afrique du Nord, avec l’expédition contre Tunis financée en 1390 par les Génois et menée par le duc Louis II de Bourbon. Ses troupes s’assemblent et il participe avec ses hommes aux joutes de Saint-Inglevert, comme bien des membres de la future expédition. Il n’obtiendra pas le sauf-conduit nécessaire pour gagner Marseille, mais John Beaufort participera à l’expédition, et peut-être aussi le tout jeune Henry Scrope. Lorsque Philippe de Mézières49 veut relancer la lutte contre les Turcs, il s’adresse à Richard II, envoyant Robert l’Ermite lui porter une « épître » dans laquelle, s’il se fait l’avocat d’une paix définitive entre la France et l’Angleterre scellée par le mariage de Richard II et de la petite Isabelle de France, il plaide pour la reprise de la croisade : « Il a este revele a vous ii. roys que par vous sera faitte la paix, et de vous et de la crestiente, l’eglise raunie et conquise Surie50 ».
21C’est sur la chevalerie de leurs royaumes que doivent s’appuyer les deux souverains. Philippe avait déjà présenté à Richard II par l’intermédiaire de John Holland, comte de Huntingdon et chevalier de la Jarretière, La Sustance de la Chevalerie de la Passion de Jhesu Crist, abrégé de son grand projet51, la fondation de l’ordre de « la Chevalerie de la Passion »52 : « Comment le vieil solitaire presente au roy d’Angleterre une nouvelle chevalerie du Crucefix qui doit estre mandee oultremer devant les ii. Roys, qui par la grace de Dieu feront le seint passage53 ».
22La Jarretière n’est pas mentionnée, mais la miniature où est dépeinte la présentation du livre, pourtant exécutée en France, met au premier plan, parmi les courtisans qui entourent le souverain, un membre de l’ordre, reconnaissable à ses insignes54. Et dans l’épître, Philippe de Mézières vante la réception chaleureuse de son projet par les nobles anglais : « vostre tres amee frere, le comte de Hontintone […] vostre tresame oncle ; le duc de Wyork, et par messire Jehan de Harlestone, et autres tres vaillans chevaliers, vos loyaux subgies…55 ».
23Les circonstances ne permettront pas aux deux souverains de donner à leur collaboration l’ampleur exigée par l’enjeu d’une nouvelle croisade. Le contingent anglais à la croisade de Nicopolis était peu nombreux56 : il semble que son chef ait été John Beaufort, qui sera créé comte de Somerset à son retour ; un autre Anglais, Sir Ralph Percy, trouvera la mort pendant l’expédition, de même qu’un ex-chevalier de la Jarretière, Enguerrand de Coucy, mort à Brousse des suites de ses blessures.
24La révolution lancastrienne devait mettre fin au rêve, ce qui est un peu paradoxal, si l’on se souvient des entreprises de Bolingbroke avant qu’il ne devienne le roi Henri IV. Ce n’est qu’après 1461 et avec l’accalmie dans la guerre des Deux Roses que représente le règne d’Édouard IV (lui-même plutôt indifférent à l’idéal de la croisade) que l’on retrouve deux croisés authentiques, les Woodville, frères d’Elizabeth, l’épouse d’Édouard IV : Anthony est apparemment le seul Garter Knight à avoir envisagé de gagner le Portugal — en y entraînant John Paston III57 — pour participer aux expéditions que le roi de Portugal, pourtant membre de l’ordre, conduisait au Maroc58 ! Et son jeune frère Edward, rescapé du désastre familial, fut de même le seul à s’engager dans la reconquête du royaume de Grenade, débarquant avec ses hommes à Lisbonne avant de rejoindre Cordoue, où il est présenté à la reine Isabelle la Catholique, et de participer vaillamment à la prise de Loja59.
25Bien qu’il puisse être infligé comme une pénitence pour une faute commise — c’était d’ailleurs également vrai pour la croisade —, le pèlerinage lointain pouvait aussi être source de prestige. On l’a vu, Richard Fitzalan était peut-être allé à Saint-Jacques de Compostelle, comme d’ailleurs Gautier de Mauny : ce dernier, l’un des fondateurs de la Chartreuse de Londres, a d’ailleurs donné maintes preuves de sa piété. Anthony Woodville, plus tard, fera lui aussi le pèlerinage. Il est vrai qu’un tel acte de piété relève de la dévotion privée et qu’il n’a pas la même aura que la participation à une croisade : outre le fait que les sources risquent de ne pas l’enregistrer, il n’est pas l’apanage de la chevalerie. Il y a néanmoins trace d’une dizaine de pèlerinages vers l’Orient et vers la Terre sainte : les détails sont rarement connus, hormis pour Sir Richard Guildford, dont le chapelain a laissé un itinéraire60, mais plusieurs pèlerins sont morts en route, tels Hugh Stafford61, en 1386, à Rhodes, à l’aller, Thomas Mowbray, à Venise au retour, et Guildford lui-même, à Jérusalem. Bartholomew, Lord Burgersh, Ralph, Lord Basset, Bolingbroke, accompagné de deux futurs chevaliers de la Jarretière, ses compagnons du voyage en Prusse, Sir Thomas Erpingham et Sir William Willoughby62, Sir Simon Felbrigg avec Sir William Arundel, John Tiptoft et Anthony Woodville complètent cette liste, qui ne prétend pas être exhaustive, d’autant qu’elle ne tient pas compte des chevaliers étrangers.
26Enfin, les aspects les plus spectaculaires de la chevalerie, comme les cérémonies somptueuses et les prouesses dans les joutes et les tournois, sont aussi des composantes du prestige chevaleresque. Celles-ci ont gardé tout leur attrait63 et restent bien présentes dans les mentalités jusqu’à l’extrême fin du Moyen Âge, comme le montre la fascination qu ´ elles exercent sur John Paston III. L’ordre de la Jarretière compte dans ses rangs quelques illustres champions, même s’ils sont par ailleurs aussi des soldats renommés. Mentionnons parmi eux Sir John Cornwall, élu en 1409, Sir Richard Woodville, élu en 145064, Sir John Astley, élu en 1462, qui est connu pour avoir participé à plusieurs combats célèbres en 1438 (à Paris, contre Pierre Massé, qui fut tué) et en 1442 (contre l’Aragonais Philippe Boyle à Smithfields), ou Anthony Woodville, dont le combat — arbitré par Astley — contre Antoine de La Roche, bâtard de Bourgogne, est resté dans les annales. Est-ce une coïncidence si deux au moins de ces champions doivent leur élévation sociale à des mariages avec des veuves d’un rang très supérieur, Cornwall avec la sœur d’Henri IV, Elizabeth de Lancastre, et Sir Richard Woodville avec Jacquette de Luxembourg, veuve du duc de Bedford ? Leur réputation de jouteur ne leur avait en tout cas pas nui.
27En son temps, saint Bernard contrastait le vrai chevalier, celui qui combattait à la fois la chair et l’Infidèle, et le chevalier laïc, qui ne combattait que pour la gloire et le profit. Il n’aurait pas eu d’hésitation à ranger les chevaliers de la Jarretière, comme d’ailleurs tous les autres Knights of the Crown, avec ces derniers. Dans l’optique chrétienne du salut, il n’aurait sans doute pas eu tort. Pour l’historien, qui a d’autres préoccupations, les choses sont plus complexes. Certes, l’implication des chevaliers de la Jarretière dans les guerres « nationales », luttes fratricides entre chrétiens, leur investissement dans les organes de gouvernement, la diplomatie et les guerres civiles montrent à quel point ils appartiennent aux élites politiques du royaume : l’idéologie de la chevalerie curiale participe pleinement de celle de l’État moderne. Elle y tient cependant un rôle particulier. La Jarretière, comme la Toison d’Or ou l’ordre de Saint-Michel, est un ordre qui participe de la parure religieuse et sacrale dont tente de se revêtir l’État à la fin du Moyen Âge, une parure dont les vertus légitimatrices sont d’ailleurs équitablement partagées entre la noblesse et le pouvoir du prince. Après tout, les ordres religieux-militaires de la fin du Moyen Âge, notamment ceux de la péninsule Ibérique, se sont également éloignés des idéaux de saint Bernard et de ceux des fondateurs du Temple. L’ordre de la Jarretière, avec sa somptueuse chapelle, ses cérémonies grandioses, ses chanoines et leurs vicaires, illustre deux courants importants qui, l’un et l’autre, contribuent à en faire un héritier des ordres religieux-militaires : comme le sacre, comme les différentes composantes de la religion royale, il participe de ce jeu d’apparences par lequel le pouvoir royal développe son pouvoir symbolique aux dépens de l’Église sans doute, mais avec sa complicité active65. Et il fait aussi partie d’une politique consciente d’exaltation de l’idéal nobiliaire, à travers une glorification et une mise en scène des valeurs traditionnelles de la chevalerie symboliquement unie autour du prince, au moment même où, d’une façon plus concrète, la monarchie appesantit son contrôle sur les nobles et où les transformations de l’art de la guerre réduisent à néant les qualités et les compétences du chevalier, qui n’est désormais plus qu’un soldat66.
Notes de bas de page
1 E. Ashmole, The Institution, Laws and Ceremonies. Dans son introduction, après un chapitre « Of knighthood in general » (pp. 1-47), Elias Ashmole établit une distinction entre le religieux (« Of the religious orders of Knighthood », pp. 47-93, qui donne la description de 46 ordres) et le militaire (« A briefe account of the Orders absolutely Military », pp. 47-126 où il décrit aussi 46 ordres militaires). Cette dernière partie contient aussi deux brefs exposés assez pittoresques, l’un consacré à la chevalerie précolombienne, « Of knights in the West Indies », pp. 124-125, et l’autre aux « Feminine Cavaliers of the Torch in Tortosa », pp. 125-126.
2 D’A. J. D. Boulton, The Knights of the Crown, pp. 93-166.
3 Il est vraisemblable qu’ils aient existé, mais la plus ancienne version disponible ne date que du règne d’Henri V : voir L. Jefferson, « Statutes and Records ».
4 J. Vale, Edward III and Chivalry, pp. 76-91.
5 H. L. Collins, The Order of the Garter. Dans la bibliographie particulièrement riche consacrée à l’ordre de la Jarretière, il faut signaler les ouvrages anciens mais qui restent utiles de G. F. Beltz, Memorials of the Order of the Garter ; et de Sir Nicholas Harris Nicolas, « Observations on the Institution of the Most Noble Order of the Garter ». Parmi les ouvrages plus récents, signalons celui, très précieux, entre autres, pour son inventaire des sources littéraires, de D. Schneider, Der Englische Hosenbandorden.
6 L’épisode, popularisé en France par le roman d’Alexandre Dumas, La comtesse de Salisbury, remonte à la chronique de Jean Le Bel, Chronique de Jean le Bel, p. 30 sqq. Sur cette affaire, que Froissart lui-même estime inventée de toutes pièces, voir A. Gransden, « The Alleged Rape of the Countess of Salisbury by Edward III », pp. 333-344 : elle estime que l’épisode est emprunté à un tract de propagande français.
7 Y. Renouard, « L’ordre de la Jarretière et l’ordre de l’Étoile », pp. 281-300.
8 Calendar of Patent Rolls, 1345-1350, p. 144.
9 Par exemple, au XVe siècle, les reines Catherine de Valois et Marguerite d’Anjou, les épouses des ducs de Gloucester et de Bedford, Jacqueline de Hainaut et Jacquette de Luxembourg.
10 Le cas le plus significatif est celui de l’épouse morganatique du duc de Lancastre, Jean de Gand, Katherine Swynford, la mère des Beaufort. Elle est la belle-sœur du poète Geoffrey Chaucer, dont la petite-fille, Alice Chaucer, épouse de William de la Pole, comte de Suffolk, sera elle aussi une Lady et porte d’ailleurs à son bras l’insigne de l’ordre sur la magnifique tombe d’albâtre érigée pour elle et son deuxième époux à Ewelme.
11 La première semble avoir été en 1399 Catherine de Bavière, duchesse de Gueldre, dont le mari et le père étaient l’un et l’autre chevalier : H. L. Collins, The Order of the Garter, p. 83 et, pour une liste complète, pp. 202-203.
12 La date de 1415 a aussi été proposée. La question semble résolue en faveur de 1417 par P. J. Begent, « The Creation of the Office of Garter King of Arms », pp. 134-140.
13 A. Wagner, Heralds of England.
14 H. S. London, The Life of William Bruges.
15 W. H. St John Hope, The Stall Plates of the Knights of the Order of the Garter ; voir aussi G. Holmes, The Order of the Garter.
16 J. Vale, Edward III and Chivalry, pp. 87-90.
17 Voir l’article de R. Griffiths dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, 2004, vol. 23, pp. 864-865, s. v. « Klux, Sir Hartung von » : ses domaines étaient en Silésie, mais on ne sait s’il était d’origine danoise ou allemande.
18 G. F. Beltz, Memorials of the Order of the Garter, pp. 150-153.
19 A. Bossuat, Perrinet Gressart et François de Suriennes. La correspondance de « l’Aragonais » sur cette affaire est dans Letters and Papers of the Wars of the English in France, p. 276 sqq.
20 M. G. A. Vale, War and Chivalry, p. 34.
21 G. F. Beltz, Memorials of the Order of the Garter, pp. xx-xxiv. Ferrante a été élu en 1463, son ministre en 1467.
22 Le cas est un peu différent car le régent Pedro — qui a séjourné en Angleterre — et Rolando sont l’un et l’autre des soldats ; ils mourront d’ailleurs ensemble à la bataille d’Alfarrobeira, H. L. Collins, The Order of the Garter, p. 181.
23 J.-Ph. Genet, « Une arme mortelle ? ».
24 Ainsi, le Prince Noir s’est remarié avec Joan of Kent, veuve de Thomas Holland, comte de Kent : celui-ci, qui doit sa fortune à son rôle militaire (en Flandres en 1342 puis à Crécy et à Calais, il est l’un des vainqueurs de la bataille navale des Espagnols sur mer, lieutenant du roi en Bretagne et en Poitou puis en Normandie), a eu quatre enfants, demi-frères ou demi-sœurs du roi. Le frère de Thomas Holland, Otes [Otho] est aussi chevalier de la Jarretière mais n’est pas noble. Henri IV et Richard III ont aussi pris leurs épouses dans la noblesse anglaise ; quant à Édouard IV, il a fait scandale en épousant une dame de la gentry, ce qui a rapproché la dynastie royale de deux familles de la gentry, les Woodville et les Grey (voir note suivante) au point que Lady Jane Grey sera décapitée pour avoir prétendu à la couronne à la mort d’Édouard VI.
25 Il y a sept Grey, mais un Grey de Heaton (le comte de Tancarville, tué à Baugé en 1421) et un Grey de Rotherfield, Lord Grey, compagnon d’Édouard III, mort en 1359. Les autres Greys appartiennent à la même famille, un à la branche des Greys de Codnor, trois à celle des Greys de Ruthin qui, en dépit de leur ancienneté, doivent leur situation à leur proximité avec le sang royal : le premier époux d’Elizabeth Woodville, veuve qui s’est ensuite remariée avec Édouard IV, est un Grey.
26 Voir l’article de G. W. Bernard dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, 2004, vol. 23, pp. 877-878, s. v. « Grey, Richard, third earl of Kent ».
27 Né en 1328, il participe encore à une joute en 1382 au cours de laquelle il tue accidentellement son propre fils et seul héritier.
28 The Controversy between Sir Richard Scrope and Sir Robert Grosvenor.
29 H. L. Collins, The Order of the Garter, p. 39 : 22 sur 26 ont combattu de façon certaine à Crécy ; pour deux autres, Sanchet d’Abrichecourt et Henri d’Eam, ce n’est pas impossible. Quant à Henri de Grosmont, comte de Derby et futur duc de Lancastre, et au Captal de Buch, ils étaient en action ailleurs.
30 Simon Burley ouvre la marche : son titre de chevalier de la Jarretière lui a valu d’être décapité, au lieu d’être pendu et coupé en quartiers pour exposition publique.
31 Le bilan de la famille royale est plus impressionnant encore : trois morts au combat (dont Richard III à Bosworth) et six exécutés ou assassinés (Thomas de Woodstock, Richard II, Richard d’York, après Wakefield, George de Clarence, les deux fils d’Édouard IV), si l’on admet que la mort d’Humphrey, duc de Gloucester, est naturelle.
32 Pour Azincourt, les noms figurent dans le Agincourt Roll, éd. par N. H. Nicolas, History of the Battle of Agincourt, pp. 331-364. Sur la nature et la valeur du document qui a disparu aujourd’hui, voir A. Curry, The Battle of Agincourt, pp. 407-408.
33 Voir liste et bibliographie dans J.-Ph. Genet, « Les conseillers du Prince en Angleterre », pp. 117-151.
34 Lord Wenlock est un vétéran de la campagne d’Henri V en 1415, gouverneur de Vernon sous Bedford : d’abord lancastrien, il se rapproche de Warwick et doit sa promotion dans l’ordre de la Jarretière au fait qu’il s’est emparé de la Tour de Londres en 1461, permettant ainsi au futur Édouard IV d’entrer dans la ville. Sa fidélité à Warwick le fera se ranger du côté lancastrien à Tewkesbury.
35 C. Given-wilson, The Royal Household and the King’s Affinity.
36 T. Jones, Chaucer’s Knight, a voulu faire du chevalier un mercenaire, mais cette position n’apparaît pas tenable. Voir notamment M. Keen, « Chaucer’s Knight », pp. 45-47 ; et la mise au point de P. Strohm, Social Chaucer, p. 88 et n. 4.
37 Geoffrey Chaucer, Canterbury Tales, dans The Riverside Chaucer, p. 24.
38 M. Keen, Chivalry, pp. 44-63 ; et R. Kaeuper, Holy Warrior.
39 H. L. Collins, « Sir John Fastolfe, John Lord Talbot, and the Dispute over Patay », pp. 114-140.
40 W. Paravicini, Die Preussenreisen des europäischen Adels, t. I, pp. 115-135.
41 F. R. H. Du Boulay, « Henry of Derby’s Expeditions to Prussia », pp. 153-172.
42 W. Paravicini, Die Preussenreisen des europäischen Adels, t. I, p. 9 ; voir p. 76-77 et n. 246 du chapitre iii, ibid., t. I, p. 95, n° 50 (1357-1358), p. 96, n° 74 (1364-1365) et, incertain, p. 97, n° 84 (1369-1370).
43 C’est le père du Garter Knight homonyme, second comte de Salisbury : l’un des principaux artisans du coup d’État qui a débarrassé Édouard III de Mortimer : membre de la compagnie de 1344, il aurait certainement été membre de la Jarretière s’il n’était mort avant.
44 K. Fowler, The King’s Lieutenant, pp. 45-46.
45 Ce mariage explique pourquoi Fitzalan, qui comme Salisbury figurait parmi les compagnons d’Édouard III en 1344, n’est jamais devenu chevalier de la Jarretière : il avait répudié sa première femme, Isabella Despenser, et déshérité et rejeté dans la bâtardise le fils né de ce mariage, Edmund, marié à Sybil, fille de William Montague, premier comte de Salisbury, et sœur du second, lui-même chevalier de la Jarretière, M. Burtscher, The Fitzalans Earls of Arundel and Surrey, pp. 43-48.
46 J. Capgrave, Liber de illustribus Henricis, p. 161.
47 N. Housley, « France, England and the ‘National Crusade’ », pp. 195-198.
48 Id., The Avignon Papacy and the Crusades, pp. 78 et 100-101. Pour d’autres Anglais impliqués dans les croisades du XIVe siècle, ibid., pp. 236-237 ; et M. Keen, « Chaucer’s Knight », p. 54.
49 Sur l’auteur, voir maintenant Ph. de Mezieres, Une epistre lamentable et consolatoire, introduction.
50 Id., Letter to King Richard II, p. 119.
51 A. H. Hamdy, « Philippe de Mézières and the New Order of the Passion ».
52 Philippe de Mézières, De la Chevallerie de la Passion de Jhesu Crist, Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2251.
53 Ph. de Mezieres, Letter to King Richard II, p. 103.
54 London British Library, ms. Royal 20 B VI, fº 2. Voir M. V. Clarke, Fourteenth Century Studies, pp. 286-287, à propos du célèbre Wilton Diptych, sans doute peint dans ce contexte de préparation à la croisade ; voir aussi J. J. N. Palmer, England, France and Christendom, pp. 242-244.
55 Ph. de Mezieres, Letter to King Richard II, p. 105.
56 J. J. N. Palmer, England, France and Christendom, pp. 239-240.
57 C. Tyerman, England and the Crusades, p. 308.
58 Woodville avait reçu en juillet 1471 de son beau-frère Édouard IV le commandement d’un navire espagnol, la Galante, pour commercer avec la Castille et le Portugal. Il ne partit pas, mais dès octobre, il avait obtenu une licence pour aller combattre les Sarrasins avec le roi de Portugal, ce qu’il ne fit pas non plus, puisqu’il dut conduire 1 000 archers au secours du duc de Bretagne François II. Mais sa réputation ibérique était telle qu’il est devenu l’un des personnages du roman catalan de Joan Martorell, Tirant lo Blanch ; voir J. Edwards, The Spain of the Catholics Monarchs, p. 125.
59 Ibid., pp. 126-128 ; et Id., « Reconquista and Crusade in Fifteenth-Century Spain », p. 178.
60 Imprimé par Richard Pynson en 1512 : The pylgrymage of Sir Richard Guyldford to the Holy Land.
61 L’un des motifs du pèlerinage de Hugh Stafford est probablement le meurtre de son fils Ralph par l’un des demi-frères de Richard II, lui-même chevalier de la Jarretière, John Holland, un incident longuement raconté par Froissart.
62 Expeditions to Prussia and the Holy Land, pp. l-li. Il n’y eut pas de reyse cette année-là et Bolingbroke se décida à gagner Venise directement, pour s’arrêter à Prague chez le frère de la reine d’Angleterre, le roi Wenceslas, avant de partir pour la Terre sainte ; voir aussi J. L. Kirby, Henry IV of England, pp. 28-43.
63 M. Keen, Chivalry, pp. 200-218.
64 Il est aussi l’époux de Jacquette de Luxembourg, la veuve du duc de Bedford (et le père d’Elizabeth, la future épouse d’Édouard IV).
65 Un point que j’ai développé dans J.-Ph. Genet, « Légitimation religieuse et pouvoir », pp. 381-418.
66 R. Kaeuper, Chivalry and Violence.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La gobernanza de los puertos atlánticos, siglos xiv-xx
Políticas y estructuras portuarias
Amélia Polónia et Ana María Rivera Medina (dir.)
2016
Orígenes y desarrollo de la guerra santa en la Península Ibérica
Palabras e imágenes para una legitimación (siglos x-xiv)
Carlos de Ayala Martínez, Patrick Henriet et J. Santiago Palacios Ontalva (dir.)
2016
Violencia y transiciones políticas a finales del siglo XX
Europa del Sur - América Latina
Sophie Baby, Olivier Compagnon et Eduardo González Calleja (dir.)
2009
Las monarquías española y francesa (siglos xvi-xviii)
¿Dos modelos políticos?
Anne Dubet et José Javier Ruiz Ibáñez (dir.)
2010
Les sociétés de frontière
De la Méditerranée à l'Atlantique (xvie-xviiie siècle)
Michel Bertrand et Natividad Planas (dir.)
2011
Guerras civiles
Una clave para entender la Europa de los siglos xix y xx
Jordi Canal et Eduardo González Calleja (dir.)
2012
Les esclavages en Méditerranée
Espaces et dynamiques économiques
Fabienne P. Guillén et Salah Trabelsi (dir.)
2012
Imaginarios y representaciones de España durante el franquismo
Stéphane Michonneau et Xosé M. Núñez-Seixas (dir.)
2014
L'État dans ses colonies
Les administrateurs de l'Empire espagnol au xixe siècle
Jean-Philippe Luis (dir.)
2015
À la place du roi
Vice-rois, gouverneurs et ambassadeurs dans les monarchies française et espagnole (xvie-xviiie siècles)
Daniel Aznar, Guillaume Hanotin et Niels F. May (dir.)
2015
Élites et ordres militaires au Moyen Âge
Rencontre autour d'Alain Demurger
Philippe Josserand, Luís Filipe Oliveira et Damien Carraz (dir.)
2015