Introduction
p. 1-13
Texte intégral
1Pour développer son influence à la cour de Rome, Henri IV décida de remettre l’ordre du Saint-Esprit à plusieurs princes romains. Son ambassadeur, le marquis d’Halincourt, fut chargé de tenir la place du roi dans la cérémonie de remise du collier. Il s’agissait d’une nouveauté puisque, pour la première fois, le roi chargeait son ambassadeur de le suppléer lors d’une cérémonie1. Comme le souligna Jean Testefort : « Monseigneur d’Halincourt […] fit l’office d’un roy d’armes, ou plustot d’un viceroy, lorsqu’il donna (par commission receue d’Henry IV, son maistre) le collier de l’ordre du Saint-Esprit2 ». Comme Henri IV l’avait fait avec son ambassadeur, Louis XIII fit remettre le bâton de maréchal à Philippe de la Mothe-Houdancourt en 1642 par son vice-roi en Catalogne, le maréchal de Brézé. Encore une fois, la remise de cet honneur par une autre personne que le roi fut soulignée3.
2Ces deux cas offrent une similitude : l’ambassadeur et le vice-roi remplacent leur souverain dans une cérémonie. En d’autres termes, ils tiennent sa place, c’est-à-dire qu’ils le représentent.
3En France, la notion de « représentation » fait son apparition dans le Dictionnaire de Richelet en 1680 avec de multiples sens. À l’entrée « représenter », on peut relever trois significations : premièrement « jouer quelque pièce de théâtre en présence du monde », deuxièmement « mettre en la présence de quelcun, quelquechose, ou quelque personne », ou enfin « tenir la place de quelcun et en représenter en quelque façon la dignité »4. En Espagne, le dictionnaire de Covarrubias (1611) propose une acception du terme quasi-identique5. Ces sens différents ont toutefois en commun de mettre en évidence l’articulation entre ce qui est présent et ce qui est absent, ou ce qui représente et ce qui est représenté.
4Dans la sphère du pouvoir, l’idée qu’un individu puisse tenir la place du prince séculier se développe surtout au XVe siècle, lorsque les maisons princières affichent une volonté de s’imposer tant à l’intérieur de leurs états comme à l’égard des autres souverains. Dans les deux cas, le recours à un intermédiaire sert de moyen pour manifester la souveraineté princière. La stabilisation croissante de la cour dans un espace géographique de plus en plus réduit — dans le cas espagnol, Madrid, et dans le cas français, l’Île-de-France — implique l’absence de la personne du roi dans ses autres états. Cette évolution imposait l’envoi de représentants permanents du prince, tant à l’intérieur de la monarchie (vice-rois ou gouverneurs)6 qu’à l’extérieur, dans les autres cours (ambassadeurs)7.
5Les figures du vice-roi, du gouverneur ou de l’ambassadeur reprirent progressivement cette fonction à partir du XVIe siècle. Les vice-rois et les gouverneurs ont pour vocation de tenir la place du roi absent dans une province. Il ne s’agit pas seulement d’exercer l’autorité mais aussi dans une certaine mesure d’en tenir le rang. Ils sont désignés par la formule locumtenens generalis8. Au XVIIe siècle, la figure du vice-roi est bien plus familière dans la monarchie espagnole que dans le royaume de France, où elle est surtout présente dans le royaume de Navarre et dans la principauté de Catalogne lorsque ces territoires étaient sous domination française, ainsi que, comme titre plutôt honorifique, dans la Nouvelle France. En Espagne, les vice-rois sont considérés comme de véritables doubles du Roi Catholique9. Magí Sevilla, écrivain et diplomate catalan du XVIIe siècle, écrivait par exemple que le vice-roi de Catalogne était : « la persona misma del príncipe10 ». On retrouve également cette forte identification entre le vice-roi et le souverain sous la plume de quelques auteurs français. Dans l’oraison funèbre prononcée en hommage au duc de Candale, décédé lorsqu’il occupait la charge de vice-roi de Catalogne, Jean Vallot considérait ainsi que le duc était parvenu « au fait des grandeurs avec l’illustre titre de vice-roy, qui eclipsoit, [disons mieux, mettoit au jour tous] les autres11 ». Investi de cette même dignité, le prince de Conti était salué dans la dédicace d’un ouvrage d’astrologie paru en 1655 comme la « vice-majesté de Catalogne12 ».
6Dans le manuscrit de Testefort cité ci-dessus, l’auteur rapprochait naturellement l’ambassadeur avec le vice-roi, ce dernier constituant une sorte de référence dans l’identification entre un individu et son souverain. L’ambassadeur — à l’origine un messager — devient le représentant de la dignité et d’une part du pouvoir du roi auprès d’un autre prince au terme d’une lente évolution13. Outre le témoignage de Testefort, l’ambassadeur, le vice-roi et le gouverneur se retrouvaient également dans une même allégorie, celle de l’ange14. Les vice-rois, gouverneurs et ambassadeurs étaient comparables à l’ange, dont le plus éminent était l’archange saint Michel, décrit comme un « lieutenant général de Dieu », un « vice-Dieu » ou encore comme un « ambassadeur de Dieu »15.
7Les documents officiels, lettres patentes pour les vice-rois et les gouverneurs et lettres de créances pour les ambassadeurs, permettent de distinguer différentes formes de représentation. Pour le vice-roi et le gouverneur, ils sont parfois qualifiés d’alter nos — dans le cas espagnol —, souvent de prorex16. Pour l’ambassadeur, il est indiqué qu’il est la voix de son souverain17. Représenter le souverain consiste par exemple à recevoir un traitement, des marques de déférence ou une préséance par lesquels les sujets, les autres princes et républiques reconnaissent aux vice-rois, gouverneurs et ambassadeurs la capacité d’user de prérogatives réservées au roi. Dans le cas des vice-rois et gouverneurs, la faculté d’exercer l’autorité royale leur est dévolue par principe, à l’inverse des ambassadeurs où elle demeure exceptionnelle18. Gregorio Leti suggère lui-même la comparaison entre ces figures tout en tenant compte de cette différence. Le vice-roi et l’ambassadeur sont considérés comme des portraits du roi ; le premier se distinguant du second par sa capacité à accomplir des actes propres à la souveraineté du prince :
Le caractère du vice-roi est celui d’un portrait royal vivant, un portrait qui parle, qui a la vie, comme la personne du roi qui est représentée. Au contraire, le caractère de l’ambassadeur est celui d’un portrait qui représente au vif et au naturel la majesté du prince ; mais ce portrait n’a pas la parole, ce portrait n’a pas la vie : celui du vice-roi est vivant car il exerce des actes de souveraineté, il commande comme le roi. Oh ! quel vif portrait d’un caractère royal, mais le caractère de l’ambassadeur est un portrait du prince au naturel, mais sans la parole, cependant il représente la souveraineté, la puissance, la justice et le pouvoir du prince, sans néanmoins les exercer parce qu’en dehors de la principauté il ne peut pas avoir la vie19.
8Cette métaphore du portrait par Leti renvoie à la fonction fondamentale de ces deux agents : la représentation de la dignité royale. L’analyse de symboles employés, comme un baldaquin, un dais20, le droit de rester couvert en présence d’un souverain, constitue une voie de recherche pour saisir les différentes dimensions de la représentation de la « majesté ». Toutefois, il convient de préciser que celle-ci n’implique pas une transmission de souveraineté. Un vice-roi comme un ambassadeur représentent leur souverain sans pour autant que celui-ci se dessaisisse d’aucun de ses pouvoirs.
9Auparavant, il convient de préciser ce que nous entendons par le mot « majesté ». Les contemporains avaient recours à ce terme comme figure d’argumentation pour expliquer l’emploi de symboles, de signes ou encore d’honneurs par des vice-rois, des gouverneurs ou des ambassadeurs.
10Ce mot apparaît en France d’abord comme un titre à partir du XIIIe siècle avec Saint-Louis21. Au XIVe siècle, l’empereur Charles IV l’associe à la dignité impériale (1378), avant qu’il soit plus largement repris au XVe siècle par les rois d’Aragon et de Castille22. Au XVIe siècle, de nombreux rois européens l’adoptent et cherchent à se le faire reconnaître23. En réaction, l’empereur cherche à imposer une distinction entre la « majesté » dite impériale et celle qui serait « royale ».
11Avec Bodin, la « majesté » n’est plus seulement un titre mais un concept plus large qui est défini de la manière suivante : « la souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d’une république que les latins appellent majestatem24 ». La majesté n’est plus seulement un titre mais devient un principe structurant de l’exercice du pouvoir. Pour Bodin, donner des lois, décider de la guerre et de la paix, nommer des officiers, gracier des condamnés, battre monnaie, lever l’impôt, ou encore porter le titre de majesté sont des facultés qui constituent les principales marques de la souveraineté25, auparavant regroupées sous les termes summa potestas et imperium26. La fortune des théories de Bodin se mesure au nombre des rééditions des Six Livres de la République. On ne compte pas moins de vingt-trois éditions en français entre 1576 et 1610 et neuf en latin pour la même période27. En Espagne, l’interdiction par le Saint-Office de l’œuvre de Bodin n’a pas empêché sa diffusion28.
12Au XVIe siècle, avec l’assimilation de la « majesté » à la personne du roi, la lèse-majesté renvoyait à toutes les atteintes portées contre sa personne et à ses droits souverains. En France, sous le ministère du cardinal de Richelieu, elle connut une autre évolution de sens. Plus précise, on distinguait dorénavant la lèse-majesté au premier chef, c’est-à-dire les agressions physiques contre le roi, et la lèse-majesté au second chef, celle qui portait atteinte aux levées des impôts, au faux monnayage et aux ministres29. Dans la monarchie espagnole, une atteinte contre le vice-roi de Naples est considérée depuis 1564 comme un cas de lèse-majesté au premier chef30. En 1668, peu après l’assassinat du vice-roi de Sardaigne, le régent du conseil d’Aragon, Rafael de Vilosa, défendait l’idée qu’une atteinte à un vice-roi devait être considérée comme un cas de lèse-majesté31. Il prenait aussi l’exemple du meurtre du comte de Santa Coloma, vice-roi en Catalogne. Comme les agressions aux vice-rois, celles portées contre les ambassadeurs pouvaient être assimilées à une atteinte contre la majesté de leurs souverains. En 1662, Louis XIV exigea ainsi des réparations après qu’une altercation eut éclaté entre le capitaine des gardes corses pontificales et son ambassadeur à Rome32. Ces exemples soulignent combien ces deux figures se trouvaient indissociablement liées à la majesté du souverain. Les mesures prises à ces occasions permettent d’assimiler les offenses faites aux représentants du roi à une atteinte portée contre la majesté du roi.
13Le vice-roi « hispanique » comme le gouverneur de provinces en France avaient la vocation de représenter la personne du roi. Ils étaient mandatés pour gouverner, pour administrer une province et pour rendre visible le souverain ; et ceci en dépit de la diversité des statuts selon les situations et les territoires. Les titulaires de ces charges avaient par ailleurs souvent exercé les fonctions d’ambassadeurs et avaient ainsi pu se familiariser avec les pratiques de la représentation. En revanche, la fonction d’ambassadeur consistait essentiellement à représenter le souverain mais sans agir à sa place. L’étude de ce type de représentation permet d’observer et d’analyser la relation qui unit l’ambassadeur à son roi33. En outre, l’ambassadeur remplissait plusieurs fonctions. Il était un messager doté d’amples pouvoirs. Il portait ainsi la parole de son prince et pouvait négocier des accords en son nom. Chargé de collecter des informations, fonction qui s’exprime dans la formule « l’honorable espion », il devait veiller à défendre les intérêts de son prince. Les vice-rois, les gouverneurs et les ambassadeurs ont au moins en commun d’avoir à incarner une image de leur souverain.
14Choisir la monarchie espagnole et le royaume de France comme cadre de cette réflexion répond à plusieurs critères. Tout d’abord, leurs souverains se considèrent chacun comme le premier compétiteur de l’autre. Cet antagonisme se révèle d’ailleurs à travers les multiples et longs affrontements qui opposèrent les deux monarchies. Des guerres d’Italie au XVIe siècle aux nombreux conflits qui jalonnent le XVIIe siècle, les rois de France ont manifesté une infatigable volonté de s’agrandir, le plus souvent au détriment du souverain régnant à Madrid. La maison royale d’Espagne tente de s’installer sur le trône de France au XVIe siècle, sans y parvenir, celle de France réussit, en revanche, à le faire en Espagne au début du XVIIIe siècle34. Cette compétition se matérialise autant sur les champs de bataille que dans l’ordre symbolique des représentations à travers les nombreuses querelles de cérémonial qui affectent leurs relations. Les deux monarchies ont longtemps été opposées et considérées comme caractéristiques de deux modèles irréconciliables, dont l’un serait « français » et l’autre « espagnol ». Cette analyse a fait l’objet de nombreuses remises en cause qui soulignent combien les pratiques administratives, les théories de gouvernement ou les usages politiques circulaient largement entre les deux entités35.
15En outre, la monarchie hispanique se singularise par sa composition, étendue et éclatée géographiquement, qui implique très souvent de recourir à la figure d’un vice-roi. En effet, Charles Quint réunit des possessions situées en Flandres, en Espagne, en Italie, dans l’Empire et dans le Nouveau Monde. Les contraintes géographiques et les besoins d’un État encore naissant favorisent la multiplication des intermédiaires entre le prince et ses sujets. Dans le royaume de France, c’est à partir du XIVe siècle que les rois mandatent des gouverneurs afin de les représenter sur une partie de leurs états36. Pour Bernard Barbiche, « le gouverneur était donc une sorte de vice-roi37 ».
16Il apparaît important de souligner que les vice-rois et gouverneurs d’une part, et les ambassadeurs d’autre part, appartiennent à deux champs de recherches distincts et marqués pour chacun d’eux par un renouvellement historiographique récent. Les vice-rois et gouverneurs ont été davantage analysés à travers les études portant sur la monarchie hispanique pendant que les chercheurs francophones se sont plutôt intéressés aux diplomates38. Les étudier dans la réalité politique et juridique de leurs provinces s’est progressivement imposé comme une nécessité pour les historiens. L’historiographie consacrée aux vice-rois dans la monarchie hispanique s’est fondée sur cette démarche. La distance géographique, la constitution politique et les conditions sociales de chaque royaume ou province contribuent à modeler les différents types d’alter-nos.
17Carlos José Hernando, l’un des auteurs qui a le plus marqué le renouvellement de l’étude de la figure vice-royale dans les années quatre-vingt-dix, souligne les principales caractéristiques communes au-delà des particularités territoriales ou chronologiques en écrivant :
… le vice-roi se présentait comme l’image de la majesté, tête de la province qui lui était confiée et miroir de la noblesse, en accord avec trois dimensions, étroitement liées, qui confluaient dans cette fonction : sacrée et symbolique, légale et institutionnelle, et familiale et clientélaire39.
18La confrontation des études des différents vice-rois (d’Italie, d’Amérique ou encore d’Espagne) a permis de dégager une nouvelle articulation des multiples territoires de la monarchie hispanique. Celle-ci dépasse la conception d’une domination impériale véhiculée par les historiographies nationales. La multiplicité des couronnes et le recours à différents vice-rois contribuent à forger l’idée d’une monarchie de « cours vice-royales »40. Dans cette perspective, l’influence de l’histoire de la cour a été déterminante en ce qu’elle permet d’intégrer les dimensions culturelles, comme le mécénat, les écrits, les images et l’architecture urbaine. Les vice-rois contribuent, en effet, à associer les élites provinciales à l’exercice du pouvoir, œuvrant à la cohésion politique de la monarchie. Les cours vice-royales apparaissent ainsi comme un espace d’échange des formes culturelles en interaction avec la cour de Madrid.
19L’historiographie des gouverneurs en France, les travaux d’historiens comme Roland Mousnier, Michel Antoine, ou encore Bernard Chevalier ont marqué les approches depuis les années soixante-dix41. Ils ont remis en cause la conception selon laquelle le gouverneur était un contrepoids à l’affirmation de l’État royal et dont l’intendant serait le représentant naturel. Ils ont davantage insisté sur la collaboration entre les gouverneurs et les intendants, faisant apparaître les seconds comme des assistants des premiers ou, dans plusieurs cas, comme leurs créatures. Le débat a également porté sur la question de savoir si la fonction de gouverneur correspond à une charge ou à un office. Les historiens anglophones Sharon Kettering, Robert R. Harding ou William Beik ont approfondi nos connaissances de la figure du gouverneur en mettant en évidence le mécanisme de clientèle et de fidélité à l’œuvre dans leurs relations personnelles42. Les études comme celles de Christian Jouhaud, Yann Lignereux ou Stéphane Gal ont relevé la dimension symbolique de la fonction de gouverneur. Elles contribuent à élucider sa place dans l’imaginaire politique et social de la France du XVIIe siècle43.
20L’étude des relations internationales est longtemps restée cantonnée à une dimension factuelle où les articles des traités étaient minutieusement analysés. Cette approche réduisait ainsi les relations des princes et de leurs États à une succession de conflits et de paix, où les concessions, les échanges territoriaux et les clauses participaient à la genèse de l’État-nation44.
21Depuis, les différents travaux se sont concentrés sur d’autres dimensions, comme par exemple les techniques, le personnel, les représentations et les modalités. Ces aspects ne sont plus considérés comme un facteur explicatif unique mais interagissent pour expliquer la conduite d’une négociation.
22Les études sur les négociations, les relations entre les princes et les « diplomates » ont été renouvelées en profondeur à partir des années quatre-vingt-dix. Elles portent aujourd’hui davantage sur les pratiques et techniques de la négociation, la dimension symbolique du politique et les différents acteurs. Analyser les relations internationales comme « un langage, des conventions, des symboles, des codes » permet aujourd’hui de mieux comprendre ce qui était auparavant considéré comme anecdotique, superficiel ou dépassé45.
23La dimension personnelle et familiale des relations internationales a ainsi été réévaluée. Elle est davantage étudiée à partir des liens de parenté qui unissaient les différentes maisons souveraines. Les études sur cet « inextricable écheveau de relations familiales46 » permettent de mettre en évidence d’autres aspects de la diplomatie. On pense ici aux phénomènes de clientèles qui ne manquaient pas d’intervenir dans le choix d’un négociateur, aux différentes stratégies employées pour mener une négociation ou à des notions comme l’amitié47, la confiance48 ou la réputation49. De plus, la figure du négociateur est également marquée par ce renouveau. Les logiques d’ascension personnelle ou l’instrumentalisation d’une négociation pour obtenir une faveur ou une grâce sont aujourd’hui mieux connues50. On s’intéresse aussi à la présence du diplomate dans une cour étrangère et comment celle-ci impliquait pour lui de défendre un statut social ou un rang51. Son autonomie ou ses marges de manœuvre ont suscité de nouvelles interrogations52. Ainsi, l’historiographie des relations internationales a connu non seulement un renouvellement, mais aussi une véritable ouverture à des questionnements propres à l’histoire sociale, à l’histoire de l’art et à la sociologie, etc.
24Établir un parallèle entre ces deux figures invite à les comparer pour mieux les distinguer ou au contraire à les rapprocher. Les confronter permet de déterminer les différentes dimensions et degrés de cette représentation. Il s’agit de s’interroger sur le rôle des vice-rois, des gouverneurs et des ambassadeurs dans l’élaboration d’une image de la majesté qui serait propre à la première modernité. Les contributions offertes dans cet ouvrage ont pour objectif de saisir les multiples aspects de la majesté. Les dysfonctionnements ou les altérations apportés aux diverses formes de représentation permettent d’appréhender ses contours ou ses limites. Les querelles de préséances qui émaillent différentes cérémonies sont souvent beaucoup plus instructives pour les historiens que celles qui se sont déroulées sans contestations. En effet, les traces de ces dernières dans les sources sont beaucoup plus rares que celles qui ont suscité un débat. Il est plus aisé d’examiner le fonctionnement de la représentation à partir du moment où celle-ci est remise en cause.
25Afin de ne pas inscrire cette réflexion dans une perspective trop figée, il convient de repérer les évolutions, les inflexions qui affectent ces dimensions et degrés de la représentation. L’étude de la dimension historique de la représentation s’avère être ainsi une perspective complémentaire aux questionnements de l’histoire politique. Les dissensions qui caractérisent la représentation de la majesté permettent précisément de relever des étapes dans son évolution et de dégager ainsi une chronologie.
26L’architecture de ce livre s’organise autour de trois thèmes. Le premier est consacré à ce qui relève des structures de la représentation. Il est donc ensuite légitime de s’interroger sur les instruments employés pour la rendre effective, avant d’envisager dans un troisième temps ce qui apparaît comme une « mise en scène » de la représentation de la majesté à travers les figures du vice-roi et de l’ambassadeur.
27Partir à la recherche de ses « structures » conduit naturellement à étudier les origines de la représentation de la majesté ou les différents éléments de sa genèse. L’absence prolongée du souverain dans les Pays-Bas espagnols a ainsi favorisé le recours à des membres de la famille royale pour gouverner et administrer ces territoires. La contribution de R. Vermeir insiste sur le rôle des gouverneurs-généraux aux Pays-Bas habsbourgeois. Depuis le Moyen Âge, l’administration de territoires de plus en plus étendus favorise l’émergence de nouvelles figures politiques. N. Bazzano souligne à travers le cas de Marco Antonio Colonna, vice-roi de Sicile, deux facettes de la figure vice-royale : celle « théorique », fondée sur l’idée de la « substitution » fictive de la personne même du roi par un alter-nos tout-puissant ; et celle, beaucoup plus conflictuelle, de la pratique du pouvoir. Le vice-roi Colonna, tout double du roi qu’il se voulait, dut affronter, comme le rappelle l’auteur, les luttes de factions qui divisaient les « hommes du roi », tant dans le territoire qu’il avait en charge qu’au sein même de la Cour. Les difficultés et les conflits liés à l’exercice du pouvoir royal éprouvés par les gouverneurs-généraux des Pays-Bas, pour la plupart princes de sang royal, et par les vice-rois issus la grande noblesse — comme le montre l’exemple sicilien — permettent dans ces deux premières contributions de souligner les limites de la représentation en tant que figure abstraite et juridique. Il est en effet plus commode de saisir un objet historique à partir de ses limites et de ses contours que depuis une définition encore largement inexistante ou équivoque. N. F. May poursuit dans cette voie en revisitant les héritages de l’époque médiévale et du legs du droit romain en la matière. Selon lui, la distinction entre dignitas et potestas mérite d’être revisitée pour mieux comprendre les évolutions de la « représentation ». Lors des négociations de Westphalie, par exemple, ces deux dimensions se sont fondues au point que la plupart des négociateurs portèrent dorénavant le titre « d’ambassadeur et plénipotentiaire ». Ce processus fut enfin lui-même contrarié au début du XVIIIe siècle par des impératifs propres à la conduite d’une négociation et de la simplicité qu’elle exigeait.
28En se focalisant sur le cas d’un ambassadeur extraordinaire toscan, qui était par ailleurs un membre de la famille du souverain, P. Volpini met en évidence la force des liens du sang tout en l’inscrivant dans une échelle de plusieurs degrés. Un envoyé des Médicis pouvait représenter la personne même du Grand-duc, mais cette représentation apparaît toujours comme incomplète et définie selon les seuls choix et volonté du souverain qui en définit l’amplitude. Elle ouvre ainsi la question des instruments de la représentation qui englobe également la question de ses moyens financiers, matériels et concrets. E. Bourdeu analyse ensuite le rôle de l’argent dans la représentation diplomatique. Il souligne que la représentation diplomatique ne se limite point à l’utilisation des symboles lors des cérémonies publiques, mais que l’argent est aussi un instrument pour véhiculer l’image du prince à l’étranger. Le « crédit » financier pour payer les pensions aux clients et la levée des troupes contribuent à la réputation du roi espagnol dans le Saint Empire. Cet article dégage une dimension supplémentaire souvent négligée par l’histoire culturelle des dernières années. Comme dans le cas de l’argent, Á. Rivas s’intéresse aux preuves matérielles qui fondent la délégation de majesté, au premier rang desquelles il faut mentionner les lettres de créances. Dans le cas d’un envoyé du Roi Catholique auprès du pape, celui-ci en recevait également pour les différents princes de la péninsule Italienne. Cette contribution révèle ainsi les mots employés pour fonder une délégation et les réalités concrètes d’une ambassade du Roi Catholique à Rome.
29Une étude de la représentation de la majesté et des formes de sa délégation ne peut se limiter ou être réduite à sa « structure » ou aux instruments par lesquels elle fonctionne. La troisième partie propose donc des contributions dans lesquelles sa « mise en scène » est présentée. En d’autres termes, il s’agit de l’éclairer à partir des pratiques, des images et des traces qu’elle a pu laisser. D. Carrió-Invernizzi propose ainsi une analyse de la représentation artistique des vice-rois italiens et américains de la monarchie hispanique mais en tant que groupe. Reposant sur l’étude de cinq galeries de portraits, l’étude de ces ensembles figuratifs — leurs commanditaires, les conditions de leur création ou les espaces auxquels ils furent destinés — révèle la fonction que les entreprises artistiques eurent dans l’intégration politique des territoires au sein du « corps » de la monarchie. L’étude de la représentation des ambassadeurs français en Espagne au début du XVIIIe siècle, développée par G. Hanotin, permet de saisir les différents niveaux et les limites de ce mécanisme de délégation. Elle montre que le système des signes utilisés, comme par exemple les habits des ambassadeurs, s’inscrit toujours dans un cadre spatio-temporel précis qui interdit toute généralisation univoque. Seules les occasions qui permettent de démontrer une supériorité sur les personnes présentes sont opportunes pour se déclarer « représentant » du roi. Les images constituent l’une des facettes de la représentation au sein desquelles les convergences entre la figure de l’ambassadeur et celle du vice-roi apparaissent le plus clairement. Dans le cadre d’une représentation d’ordre diplomatique, A. Cañeque montre combien les vice-rois de Nouvelle-Espagne constituaient une forme de reflet « vivant » d’un souverain absent. Il interroge ainsi les images visuelles et textuelles afin de montrer les correspondances entre l’idée de la majesté et l’articulation du pouvoir dans l’espace américain, où l’absence du roi est une constante déterminante des institutions et de la culture politique. L’auteur dévoile un subtil jeu de miroirs entre la catholicité et la constitution d’un imaginaire monarchique et vice-royal. D. Aznar soulève dans sa contribution la question d’une délégation de majesté aux gouverneurs de province français à travers différentes modalités. La figure du gouverneur est ainsi appréhendée moins par sa définition institutionnelle que par les usages et les traditions attachés à cette fonction. Il analyse aussi autant les symboles du cérémonial public, que les représentations picturales — comme par exemple les portraits équestres — ou encore le rôle de protecteur de la province et la perpétuation de logiques lignagères dans certaines d’entre elles. Ces différents articles offrent donc une nouvelle grille d’analyse qui réunit les interprétations propres à l’historiographie des relations internationales et à celle des vice-rois et gouverneurs.
30Ce volume est issu d’une collaboration entre la Casa de Velázquez, le Centre Roland Mousnier et l’université de Barcelone. Nous tenons à remercier : Antonio Álvarez-Ossorio Alvariño, Nicoletta Bazzano, Lucien Bély, Étienne Bourdeu, Alejandro Cañeque, Diana Carrió-Invernizzi, Fernando Chavarría Múgica, Ignasi Fernández Terricabras, Alfredo Floristán Imízcoz, F. Xavier Gil Pujol, Pere Molas, Joan-Lluís Palos Peñarroya, Ángel Rivas Albaladejo, Fernando Sánchez Marcos, René Vermeir et Paola Volpini. L’université de Barcelone nous a accueillis et a soutenu cette initiative. Nous avons également pu compter sur l’aide généreuse de Denis Crouzet, directeur du Centre Roland Mousnier, qui nous a toujours fait confiance. Nous remercions également Jean-Pierre Étienvre, ancien directeur de la Casa de Velázquez, et Stéphane Michonneau qui ont contribué à ce projet et à sa publication.
Notes de bas de page
1 Voir la description de la cérémonie par L. Garon dans Triomphes et resjouissance des Romains faict en faveur des Ducs Sforce et Sancto Gemini.
2 J. Testefort, Livre premier de la parfaite idée d’un bon gouverneur prise sur Mgr d’Halincourt, 1642, f° 146 [Bibliothèque municipale de Lyon, ms. 954].
3 Memorial Histórico Español, t. xxii [Crónica de Miquel Parets], vol. 5, p. 28.
4 P. Richelet, Dictionnaire françois contenant les mots et les choses, s. v. « représenter ».
5 S. Covarrubias, Tesoro de la lengua castellana o española, s. v. « Representar ».
6 M. Rivero, La edad de oro de los virreyes, pp. 31-96.
7 G. Mattingly, Renaissance Diplomacy ; L. Bély, Les relations internationales, pp. 339-340 ; et la contribution de R. Vermeir pp. 17-33 de ce volume.
8 J. Lalinde Abadía, La Institución virreinal en Cataluña, pp. 71-75. Les gouverneurs français détenaient aussi le titre de « lieutenant général du roi ».
9 Sur les vice-rois hispaniques, voir M. Rivero, La edad de oro de los virreyes ; J. L. Palos et P. Cardim (éd.), El mundo de los virreyes en las monarquías de España y Portugal ; A. Musi, L’impero dei vicere.
10 M. Sevilla, Memorias o crónica de Cathalunya, p. 208 [Bibliothèque nationale de France, Mss Espagnols, 115].
11 J. Vallot, Panégyrique funèbre à la mort du duc de Candale, p. 17.
12 J. Du Four, La délinéation des chemins du soleil et de la Lune et des jardins de son dragon.
13 L. Bély, L’invention de la diplomatie ; D. Ménager, Diplomatie et théologie à la Renaissance.
14 A. Cañeque, The king’s living image, pp. 33-34 ; W. Beik, Absolutism and society, p. 151 ; Y. Lignereux, Lyon et le roi, p. 390 ; D. Ménager, Diplomatie et théologie à la renaissance, p. 81.
15 A. Cañeque, The King’s living image, pp. 41-44.
16 J. Lalinde Abadía, La Institución virreinal en Cataluña, pp. 71-72 ; M. Rivero, « Doctrina y práctica política en la monarquía hispana; las instrucciones dadas a los virreyes y gobernadores de Italia en los siglos XVI y XVII », p. 198, n. 2. Dans les traités sur la juridiction et les attributions des vice-rois espagnols parus au XVIIe siècle, les auteurs affirment explicitement : « Prorex est alter nos Regis ». L. Matheu y Sanz, Tractatus de regimine Regni Valentiae, Valence, 1654 (2, 1, 15). Cité dans J. Mateu Ibars, Los Virreyes de Valencia. Fuentes para su estudio, p. 343. Voir aussi S. de Cortiada, Discurso sobre la jurisdiccion del Excelentissimo Señor Virrey y del Excelentissimo Señor Capitán General del Principado de Cataluña, Barcelona, 1676, p. 8. Dans le cas de la France, l’emploi du terme « prorex » est plus rare. Actes et correspondance du connétable de Lesdiguières, t. III, p. 442.
17 D. E. Queller, The Office of Ambassador in the Middle Ages, p. 7.
18 Les ambassadeurs ont pu exercer l’autorité royale dans au moins deux cas précis : celui de la collation des ordres de chevalerie et celui de la juridiction sur leur propre suite. Voir Y. Lignereux, Lyon et le roi, p. 278, et J. Hotman, De la charge et dignité d’ambassadeur, fos 71vo-74ro.
19 G. Leti, Il Ceremoniale Historico e Politico, pp. 129-130 : « Il Carattere del Vicerè è un Ritratto del Réal vivo, un Ritratto che parla, e che hà vita come la Persona del Ré ch’é rappresentata, al contrario il Carattere dell’Ambasciatore è un Ritratto che rappresenta ancora al vivo, & al naturale la Maestà del Prencipe: ma questo Ritratto non hà parola, questo Ritratto non hà vita: ha vita quello del Vicerè, perche esercita atti di Sopranità come il Rè, comanda come il Rè, oh che vivo ritratto d’un Reggio Carattere, ma il Carattere dell’Ambasciatore è un Ritratto del Prencipe al naturale ma senza parola, mentre rappresenta la Sopranità, Potestà, l’Autorità, la Giustitia, & il Potere del Prencipe, mà non l’esercita perche fuori del Prencipato non hanno vita » (trad. de l’auteur).
20 A. Osorio, « La entrada del virrey y el ejercicio de poder en la Lima del siglo XVII », pp. 810813 ; A. Cañeque, The King’s Living Image, p. 125.
21 J. Le Goff, « Le Moyen Âge », p. 115.
22 J. Villanueva, « La majesté royale », p. 4, n. 9. La première occurrence du titre de majesté apparaît en 1469, sous le règne de Jean II, pour désigner le roi d’Aragon dans les Journaux de la Députation de Catalogne. Dietaris de la Generalitat, t. I, p. 193.
23 Après la récupération du titre par les rois, une distinction entre « majesté impériale » et « majesté royale » a été introduite, sans doute dans les cercles proches de l’empereur soucieux de marquer sa prééminence. R. Giesey et alii, « Cardin Le Bret and Lese Majesty », p. 38 ; N. F. May, « Auseinandersetzungen um den Majestätstitel für Frankreich ».
24 J. Bodin, Les Six Livres de la République, liv. I, 8, p. 179.
25 Ibid., liv. I, 10, pp. 295-341.
26 M. Scattola, « Die Frage nach der politischen Ordnung ».
27 H. Denzer (éd.), Jean Bodin, pp. 494-495.
28 J. Villanueva, « El reformismo de González de Cellorigo y sus fuentes: Maquiavelo y Bodin ». Pour la réception de Bodin en Espagne, on pourra se référer à M. T. Cid Vázquez, « Estado, formas de gobierno y soberanía en el pensamiento político español del siglo XVII ». L’emploi du terme « soberanía » reste limité en Espagne jusqu’au XVIIe siècle (J. A. Maravall, La philosophie politique espagnole au XVIIe siècle, pp. 157-158). Néanmoins, la notion « bodinienne » de la majesté est présente chez des auteurs comme l’arbitriste Valle de la Cerda, lequel « identifie la personne publique du prince à la Majesté, qui est pour lui comme pour le Français [Bodin] synonyme de souveraineté ». A. Dubet, Réformer les finances espagnoles au Siècle d’or, p. 126.
29 J.-M. Carbasse, « Lèse-majesté ».
30 M. Rivero, La edad de oro de los virreyes, p. 114.
31 A. Cañeque, The King’s Living Image, pp. 19-20.
32 S. Haffemayer, « L’affaire des gardes corses et l’opinion publique (20 août 1662-12 février 1664) ».
33 Voir J. Hotman, L’Ambassadeur, p. 2, et A. Wicquefort, L’ambassadeur et ses fonctions, t. I, pp. 4-5 : « C’est sur quoy se fonde la necessité des Ambassades ; parce que les Princes ne pouvant faire eux mesmes leurs affaires avec les autres Souverains, il faut necessairement qu’ils y employent des personnes, qui les representent, & qui par ce moyen se trouvent dans une dignité relevée, où on leur rend des honneurs qu’ils ne pourroient pas pretendre sans cette qualité eminente. » Plus loin, il définit : « l’Ambassadeur est un Ministre Public, qu’un Souverain envoye à une puissance etrangère, pour y representer sa personne, en vertu d’un pouvoir, de lettres de creance, ou de quelque commission, qui fasse connoistre son caractère ».
34 « Il fallait bien que l’un des deux États vainquît ou s’attachât l’autre. L’incorporation par la conquête étant impossible, l’union par les mariages étant éphémère, on recourut à un autre moyen mêlé de violence et de droit, à l’établissement de la dynastie du pays le plus fort dans le pays le plus faible. Ce moyen de rétablir par un assujettissement déguisé l’accord détruit depuis le commencement du XVIe siècle entre la France et l’Espagne fut alternativement tenté par les deux maisons qui régnaient sur elles. Chacun des deux pays dans le moment de sa faiblesse. Philippe II l’essaya pour le compte de l’Espagne pendant les troubles de la Ligue, lorsque la branche des Valois disparut, et Louis XIV l’accomplit pour le compte de la France, lorsque la postérité masculine de Charles Quint s’éteignit » (F.-A. Mignet, Négociations relatives à la succession d’Espagne sous Louis XIV, t. I, p. II, cité dans J.-Fr. Schaub, La France espagnole, p. 90).
35 J.-Fr. Schaub, La France espagnole ; A. Dubet et J. J. Ruiz Ibáñez (éd.), Las monarquías española y francesa (siglos XVI-XVIII): ¿Dos modelos políticos? ; G. Sabatier et M. Torrione (éd.), ¿Louis XIV espagnol? Madrid et Versailles, images et modèles.
36 La formule « tout ainsi que nous-même ferions si présent en personne y étions » est employée pour les lieutenants. Voir J. Duquesne, Dictionnaire des gouverneurs de province sous l’Ancien Régime, p. 1.
37 B. Barbiche, Les Institutions de la monarchie française à l’époque moderne, p. 323.
38 Pour un aperçu général de l’historiographie récente des relations internationales, on se reportera à l’article de L. Bély et G.-H. Soutou, « Les relations internationales », pp. 261-275 ; C. Windler, « En guise de conclusion : quelques jalons pour une nouvelle histoire des relations extérieures et de la diplomatie » ; et S. Péquignot, « Rapport sur les diplomaties occidentales, XIIIe-XVe siècles ». Plus particulièrement, S. Andretta, « Note sullo studio della diplomazia in Età moderna » ; S. Andretta et alii (éd.), Paroles de négociateurs ; O. Asbach et P. Schröder (éd.), War, the State and International Law in Seventeenth-century Europe ; L. Bély, Espions et ambassadeurs ; Id., La Société des princes ; L. Bély et G. Poumarède (éd.), L’incident diplomatique ; G. Braun, « L’art de la paix au XVIIe siècle » ; M. T. Ferrer Mallol et alii, Negociar en la Edad Media ; D. Frigo (éd.), Politics and Diplomacy in Early Modern Italy ; B. Haan, L’Amitié entre princes ; S. Jettot, Représenter le roi ou la Nation ; M. Jucker et alii (éd.), Rechtsformen internationaler Politik ; H. Schilling, Konfessionalisierung und Staatsinteressen (1559-1659) ; H. Scott, « Diplomatic culture in old regime Europe » ; H. von Thiessen et C. Windler (éd.), Akteure der Außenbeziehungen ; J.-C. Waquet, « L’ambassadeur, son domestique et son maître ». Voir aussi J.-P. Bois, De la paix des rois ; C. Gantet, Guerre, paix et construction des États, et J.-M. Sallman, Géopolitique du XVIe siècle.
39 « El virrey se presentaba como: imagen de la majestad, cabeza de la provincia a él encomendada y espejo de la nobleza, de acuerdo con las tres dimensiones, estrechamente vinculadas, que confluían en el oficio: la sacral y simbólica, la legal e institucional y la familiar y de facción » (C. J. Hernando, « Los virreyes de la Monarquía española », p. 37, trad. de l’auteur).
40 X. Gil, « Una cultura cortesana provincial. Patria, comunicación y lenguaje en la Monarquía Hispánica de los Austrias » ; F. Cantú, Las cortes virreinales de la monarquía española: América e Italia ; P. Cardim et J.-L. Palos (éd.), El mundo de los virreyes en las monarquías de España y Portugal ; P. Cardim et alii (éd.), Polycentric Monarchies: How did Early Modern Spain & Portugal achieve & maintain a Global hegemony.
41 R. Mousnier, Les institutions de la France sous la monarchie absolue. 1589-1789, pp. 10271037 ; M. Antoine, « Les gouverneurs de province en France, XVIe-XVIIIe siècle » ; B. Chevalier, « Gouverneurs et gouvernements en France entre 1450 et 1520 ». Plus récemment, S. Pannekoucke, Des Princes en Bourgogne ; G. Lasconjarias, Un Air de majesté.
42 R. R. Harding, Anatomy of a Power Elite ; S. Kettering, Judicial Politics and Urban Revolt in Seventeenth-Century France ; W. Beik, Absolutism and Society in Seventeenth-Century France. Voir aussi les contributions des historiens français plus récentes : H. Gronau-Chenillet, « Le parlement de Bourgogne et l’intendant sous les ministères de Richelieu et Mazarin » ; C. Jouhaud, « Politique de princes : les Condé (1630-1652) ».
43 Id., « Le duc et l’archevêque » ; Y. Lignereux, Lyon et le roi. De la « bonne ville » à l’absolutisme municipal ; S. Gal, Lesdiguières, prince des Alpes et connétable de France.
44 L’emploi de l’expression « relations internationales » pour qualifier les relations entre les princes s’est longtemps imposée dans les travaux historiques sans faire pour autant aujourd’hui l’unanimité. Voir L. Bély, Louis XIV, le plus grand roi du monde, p. 78 ; J.-M. Moeglin, « Heurs et malheurs de la négociation du Moyen Âge à l’époque moderne », pp. 6-26 ; L. Bély, L’Art de la paix, p. 27 ; S. Péquignot, Au nom du roi : pratique diplomatique et pouvoir durant le règne de Jacques II d’Aragon (1291-1327), p. 2 ; L. Bély, « Race des rois, monde des princes, société des souverains » ; S. Péquignot, « Les diplomaties occidentales ».
45 L. Bély, « Représentation, négociation et information dans l’étude des relations internationales à l’époque moderne », p. 216.
46 Id., La Société des princes, p. 9.
47 B. Haan, L’Amitié entre princes.
48 P. Schröder, « La pensée politique d’Alberico Gentili et la problématique de la confiance pour l’ordre international ».
49 M. Rohrschneider, « Reputation als Leitfaktor ».
50 Voir les études inspirées par S. Kettering, Patrons, brokers and clients in Seventeenth-century France ; notamment celle de H. von Thiessen, Diplomatie und Patronage.
51 J. Duindam, Vienna and Versailles.
52 C. Windler, La diplomatie comme l’expérience de l’autre.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La gobernanza de los puertos atlánticos, siglos xiv-xx
Políticas y estructuras portuarias
Amélia Polónia et Ana María Rivera Medina (dir.)
2016
Orígenes y desarrollo de la guerra santa en la Península Ibérica
Palabras e imágenes para una legitimación (siglos x-xiv)
Carlos de Ayala Martínez, Patrick Henriet et J. Santiago Palacios Ontalva (dir.)
2016
Violencia y transiciones políticas a finales del siglo XX
Europa del Sur - América Latina
Sophie Baby, Olivier Compagnon et Eduardo González Calleja (dir.)
2009
Las monarquías española y francesa (siglos xvi-xviii)
¿Dos modelos políticos?
Anne Dubet et José Javier Ruiz Ibáñez (dir.)
2010
Les sociétés de frontière
De la Méditerranée à l'Atlantique (xvie-xviiie siècle)
Michel Bertrand et Natividad Planas (dir.)
2011
Guerras civiles
Una clave para entender la Europa de los siglos xix y xx
Jordi Canal et Eduardo González Calleja (dir.)
2012
Les esclavages en Méditerranée
Espaces et dynamiques économiques
Fabienne P. Guillén et Salah Trabelsi (dir.)
2012
Imaginarios y representaciones de España durante el franquismo
Stéphane Michonneau et Xosé M. Núñez-Seixas (dir.)
2014
L'État dans ses colonies
Les administrateurs de l'Empire espagnol au xixe siècle
Jean-Philippe Luis (dir.)
2015
À la place du roi
Vice-rois, gouverneurs et ambassadeurs dans les monarchies française et espagnole (xvie-xviiie siècles)
Daniel Aznar, Guillaume Hanotin et Niels F. May (dir.)
2015
Élites et ordres militaires au Moyen Âge
Rencontre autour d'Alain Demurger
Philippe Josserand, Luís Filipe Oliveira et Damien Carraz (dir.)
2015