Des animaux, des vignes, des humains : correspondances naturelles
Résumé
Les animaux font partie intégrante de la pratique des vignerons « nature ». Le cheval du labeur a repris une place de choix dans le labour de la terre : il arpente désormais les vignes sous le statut de collaborateur de l’humain. Il s’agit pour eux de mettre en œuvre un dialogue des sens qui, au-delà de la praxis, doit entrer en résonance avec le végétal. Ânes, moutons, vaches, abeilles participent également à l’équilibre de l’écosystème des vignes, du point de vue biologique autant que symbolique. Ces échanges fonctionnent du vivant des animaux mais aussi après leur mort puisque certains organes ou attributs servent d’enveloppes pour l’élaboration de composts, lesquels seront reversés à la terre et au végétal sous forme d’humus. Cette chaîne biologique dans laquelle l’humain prend sa place s’inscrit dans une dimension holiste au regard de la nature et développe un système de correspondances fondé sur des formes de communication infraverbale qui invitent à repenser la notion de domesticité.
Texte intégral
1La présence de l’animal est une donnée prégnante dans la pratique des vignerons « nature », et en particulier auprès de ceux et celles qui travaillent selon les préceptes de la biodynamie. Dans cette quête des vins appelés nature, naturels, vivants, ou encore sincères1, les animaux prennent place en tant qu’auxiliaires de travail ou bien du fait même de leurs capacités ontologiques à entrer en médiation avec leur milieu, participant ainsi à sa richesse. Le cheval du labeur, longtemps serviteur de la cause agricole – puis remisé dans des foires et concours de sauvegarde des espèces – retrouve un rôle multidimensionnel. S’il arpente désormais les rangs de vignes pour des travaux de labour (entre autres tâches à effectuer), il le fait sous le statut de collaborateur de l’humain, duquel semble avoir été dissous tout esprit de domination. Il s’agit pour l’un et pour l’autre de mettre en œuvre un dialogue des sens qui, au-delà de la praxis elle-même, doit entrer en résonance avec le végétal. Mais le cheval n’est pas le seul à interagir avec l’humain dans son cosmos : ânes, moutons, vaches, abeilles, entre autres représentants de l’animalité, sont également invités à s’insérer dans cette jacquerie collective, de leur vivant mais aussi après leur mort. Cette chaîne biologique autant que symbolique, dans laquelle l’humain prend place, s’inscrit dans une dimension holistique et développe un système de correspondances fondé sur des formes de communication infraverbale. Ces correspondances naturelles insistent sur ces notions de dialogue entre l’animal et l’humain, l’humain et le végétal, et l’animal et le végétal. Nous sommes en présence d’une relation triangulaire qui évacue le sens unique, sous-tendue par une trame des affects plus ou moins serrée.
Le cheval dans les vignes : nouveau collègue, nouvelles formes de domesticité
2Bien loin de la théorie de l’animal-machine, introduite par René Descartes au milieu du xviie siècle, qui creuse un fossé entre l’humain et l’animal et se refuse à prêter à ce dernier un langage complexe2, nous voyons au contraire, dans ces parcelles des vignerons « nature », se réduire la fracture naturaliste. Prenons tout d’abord l’exemple du cheval : dans les années 1950, les machines agricoles et viticoles ont peu à peu remplacé les équidés, et les désherbants sont devenus les alliés des travailleurs de la terre (plus ou moins rapidement selon les régions3). Les paysans sont ainsi devenus des agriculteurs, et les vignerons des viticulteurs. Le glissement sémantique indique la dépréciation de l’ancien modèle. L’arrivée massive de ces produits phytosanitaires de synthèse a procuré un certain confort immédiat aux agriculteurs en général, aux viticulteurs en particulier4. Or cette panoplie du viticulteur, alors pensée comme moderne, subit une inversion du stéréotype de la ringardise. Les chevaux de trait, sortis de leur retraite, revalorisent le travail du sol et réhabilitent dans le même temps le modèle de culture et l’image des aïeux dans les représentations collectives. Ce travail du sol, délaissé parce que difficile physiquement et ingrat socialement, constitue l’essence même de la pratique « naturelle ». La figure de l’animal domestique demeure, mais le cheval, telle une figure de proue, symbolise la réactualisation d’une pratique ancienne, amendée par une attention accrue et bienveillante à son égard. On lui attribue un véritable rôle dans les interactions sociales, tel un collaborateur ou un collègue. Les chevaux n’ont pas regagné tous les domaines, bien sûr, tout dépend de la topographie du lieu et de l’envie du vigneron. Certaines parcelles, situées sur des terroirs du Jura notamment, restent difficiles d’accès. Pierre Overnoy a connu l’avant et l’après-tracteur et le résume ainsi :
« Les pauvres bêtes, elles n’étaient pas à la noce, on travaillait plus au mulet qu’au cheval, le mulet était très résistant, avec un pas plus lent… On a eu une mule qu’on a gardée trente-six ans, voyez, donc, on a travaillé avec mais, non, c’était trop dur5… »
3Dans le cas du Clos Cristal, dans le Saumurois, la géomorphologie et l’unité du lieu ont favorisé la réintroduction des chevaux au domaine. Ces derniers ont remplacé la machine depuis une dizaine d’années. C’est à la suite de contraintes météorologiques qu’Éric Dubois a pris cette décision au début des années 2000, lors de son arrivée dans les vignes6 : des sols ravinés par les pluies d’orage avaient provoqué des inondations dans la cave située en contrebas. Après avoir étudié la question, il a décidé de laisser pousser l’herbe qui retient la terre, a mis fin aux désherbants et converti le Clos en agriculture biologique en 2001. Ses premières expériences avec les chevaux datent de 2005.
« On en est là maintenant, l’absence totale de mécanisation et la disparition du tracteur, le lieu se prête beaucoup à ce genre d’exercice, et ça fonctionne très bien7. »
4Ce vigneron a investi au sens propre et au sens figuré dans l’humain et l’animal plutôt que dans un tracteur de vigne, coûteux et pour lequel il n’a jamais vraiment nourri d’attirance. Éric Dubois a constitué ce qu’il appelle une « équipe cheval » (fig. 1, 2).
5Ce changement de pratiques a constitué une véritable rupture dans son approche du métier et sa relation au vignoble :
« Quand on est derrière un cheval, on sent la terre, on entend la charrue, enfin il y a un contact comme ça qui est très important avec le lieu, quand on est dans un tracteur on s’extrait complètement du lieu, on n’a plus les odeurs… »
6Le fait de ne plus travailler seul et de construire une vie collective dans le cadre du travail est venu renforcer cette césure :
« C’est une équipe, plutôt soudée, tout le monde est convaincu par la démarche, il y a une vraie richesse, un vrai échange, il n’y a pas de hiérarchie dans notre équipe, tout le monde a son mot à dire, tout le monde a des propositions à faire… »
7Le statut du cheval s’apparente bien ici à celui de collègue. La prise en compte du bien-être de l’animal guide l’équipe : visites chez l’ostéopathe équin, respect de la durée du travail, partage des tâches difficiles. Si le retour des chevaux de labour dans les rangs semble relever d’une pratique à rebours, celle-ci présente une forme beaucoup plus contemporaine. Le matériel posé sur le cheval a considérablement évolué, du point de vue du poids et de l’ergonomie. Un collier agricole pour cheval, du début du xxe siècle jusqu’au début des années 1950, pesait environ vingt kilos, le matériel utilisé ici, façonné en magnésium, en pèse cinq. Le risque de blessures s’est, de ce fait, réduit.
« On essaie de trouver des méthodes douces, notre dernière avancée, c’est d’essayer de supprimer le mors, on n’utilise quasiment plus de mors sur le cheval, alors ça peut paraître anodin, mais le mors, donc la partie, la commande que l’on met dans la bouche du cheval, c’est quelque chose qui est vraiment très puissant. »
8Et puis l’absence de mors ôte toute forme de remords à faire travailler le cheval. Ce dernier réagit aux indications de la voix, ce qui présuppose d’avoir su construire une communication optimale, fondée sur la confiance et la connaissance intime de l’animal, qui mêle langage articulé et autres signaux non verbaux (langage des corps, transmission des émotions, odeurs, toucher, etc.8). L’animal a permis, dans ce cas, de ramener de l’humain à l’humain, par le biais de la constitution d’une équipe de travailleurs. Si les machines n’ont pas totalement disparu, elles n’occupent plus une place prépondérante, et il ne semble pas envisageable pour ce vigneron de revenir à un autre modèle. Celui-ci fait même basculer le paradigme du progrès dans le camp du vivant puisqu’il considère la réintroduction du cheval dans les vignes comme un progrès, à l’instar du tracteur après-guerre. Le domaine Le Temps Retrouvé illustre à sa manière ces nouvelles formes de domesticité dans lesquelles la notion de care vis-à-vis de l’animal est contenue. Cette dimension de l’affect s’exprime – tel un photolangage9 – jusque sur l’étiquette (fig. 3).
9Le cliché résume l’interrelation existante entre trois constituants fondamentaux de la bulle10 des vins « nature » et/ou biodynamiques : végétal-humain-animal. Il matérialise par l’image le contenu de la bouteille ; à savoir du raisin fermenté, mais aussi la somme des échanges qui ont permis ces fermentations naturelles dans de bonnes conditions. La très grande majorité des domaines engagés dans cette démarche s’inscrit dans le modèle des petites structures familiales11, mais il en est un, modeste en superficie mais de grande renommée internationale, qui a remis le cheval au labour dans ses parcelles : le domaine de la Romanée-Conti12. Du fait de sa posture hors norme, il ne conviendrait pas de le comparer aux modèles des domaines précités, mais il s’avère néanmoins opportun d’observer les occurrences du point de vue des motivations qui ont conduit les héritiers à réintroduire là aussi le cheval. Même si, dans ce cas, le domaine de la Romanée-Conti fait appel à un prestataire de services.
« Vous voyez par exemple le cheval, on utilise un cheval sur sept hectares du domaine, on ne peut pas le faire sur tout, il faudrait avoir des guides, dix chevaux, ce serait un peu compliqué, mais on fait une partie au cheval… Je pense que le cheval nous aide à entretenir un lien avec la nature, bon malheureusement on ne peut pas faire toutes les vignes comme ça, mais le cheval entretient un lien parce qu’il est vivant et que, le plus on peut travailler avec du vivant sur la vigne, c’est-à-dire avec des hommes et des femmes, c’est très important. […] Chaque pied, chaque cep est différent, chaque cep est un individu et doit être traité comme tel. [… Il faut que] chaque pied puisse être considéré comme un enfant, si je puis dire, dont on s’occupe comme il faut, et ça c’est très important13… »
10On touche ici une fois de plus la question du statut de l’animal mais aussi celui du végétal, considérés comme des pairs, à l’endroit desquels certains égards sont requis. Il serait tentant d’avoir recours aux catégories ontologiques mises en relief par Philippe Descola pour qualifier les types de relation qui régissent ici l’humain, le cheval, la vigne (et les autres), mais il serait risqué et probablement erroné d’en avoir une lecture purement taxinomique. S’il est vrai que se dessinent par instants des schèmes faisant référence à la conception animiste, voire analogique, ces pratiques ne sont pas pensées ni vécues de la même manière par tous les vignerons. La modélisation du rapport à la nature invite davantage à questionner les catégories de pensée et leur porosité. Il n’est pas rare d’observer des superpositions ontologiques chez ces vignerons encore marqués par le naturalisme Ce qu’envisage tout aussi bien Descola lorsqu’il évoque, à distance de son ouvrage majeur Par-delà nature et culture, ces formes d’hybridation des modèles eux-mêmes :
« D’autres articulations entre modèles cosmologiques se donnent à voir moins comme une succession graduelle que comme une combinaison durable qui peut prendre la forme soit d’une hybridation progressive de modes d’identification dans laquelle l’un d’eux va peu à peu établir son emprise sur l’autre, soit d’une coexistence le long d’une frontière entre deux nappes ontologiques qui peut rester stable pendant très longtemps14. »
11Pour aller un peu plus loin dans la tentative de renverser les perspectives, nous pouvons convoquer les travaux d’Eduardo Viveiros de Castro. Ils permettent de débrider notre appréciation de la position de l’humain dans son milieu et introduisent différents points de vue, comme autant de « champs-contrechamps » entre animal et humain, dans lesquels existent des multiplicités d’être en relation. Viveiros de Castro, dont l’intention est de développer un « Anti-Narcisse » de la discipline anthropologique plutôt « occidentale », renverse les perspectives et ouvre la voie vers d’autres modes de pensée :
« Accepter l’opportunité et l’importance de cette tâche de penser autrement la pensée, c’est se compromettre avec le projet d’élaboration d’une théorie anthropologique de l’imagination conceptuelle, sensible à la créativité et à la réflexivité inhérentes à la vie de tout collectif, humain et non humain15. »
12Ce détour épistémologique nous permet d’envisager ces nouvelles formes de domesticité à l’œuvre dans les vignes qui ne sont ni un moyen d’asservir l’animal, ni une réactivation d’un certain folklore, mais bien des multiplicités d’interactions. Les relations entre le vigneron et son cheval (mâle ou femelle) relèvent davantage d’une coopération. La dimension purement utilitaire ne convient pas à la qualification des échanges entre l’humain et l’animal puisque, dans cette façon de penser, la qualité des liens établis par la prise en compte de l’autre individu doit pouvoir mener à la réussite de l’entreprise ; dans un esprit horizontal de la relation plutôt que vertical.
Les autres collaborateurs (mouton, vache, cochon…) : dialogue interspécifique
13Les différentes options d’entretien « naturel » du sol (labour léger, enherbement, buttage-débuttage, etc.) favorisent la présence d’une faune souterraine. Les lombriciens, outils vivants, archaïques, car vieux de près de deux cents millions d’années, œuvrent dans la discrétion et participent eux aussi au labour. Ces agents, plutôt secrets, considérés comme des artisans de la fertilité16, avaient déjà attiré l’attention de Charles Darwin, qui leur consacra un ouvrage, paru en 1882 sous le titre Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale. Outre les lombriciens et les chevaux, véritables effigies du travail du sol, se rencontrent dans les vignes âne, vache, mouton, abeille, oie, cochon… Autant de représentants de l’animalité, invités à interagir, à dialoguer avec les multiples vivants présents dans le milieu. Et c’est bien dans ce but qu’ils sont introduits. Prenons l’exemple de cette vache et de cet âne déambulant dans une parcelle du Minervois (fig. 4) : aucune tâche directe ne leur est attribuée, seule compte leur présence, pensée comme une pièce nécessaire au puzzle de la diversité.
14Toutefois, d’un point de vue tout à fait concret, ce matin-là, les bouses de la vache jersiaise avaient été collectées pour figurer dans une préparation diluée avec de l’eau et des gouttes d’huile essentielle de géranium. Cette mixture est appliquée en tant qu’onguent cicatrisant sur les jeunes branches coupées après la taille – moment de vulnérabilité pour les bois vis-à-vis des maladies (champignons, parasites, etc.). « Action indirecte négative », nous soufflerait André-Georges Haudricourt17, mais aussi intervention directe d’un troupeau d’oies, installé dans l’une des parcelles du Clos Cristal pour aider à l’entretien quotidien des cinq hectares (fig. 5).
15L’idée est venue au vigneron de les y introduire à la suite d’informations parvenues du Japon. En effet, une partie des rizières a été recolonisée par des canards, utiles à la prédation de parasites de la plante18. De plus, l’oie dispose d’un système digestif très efficace qui lui permet d’ingurgiter rapidement quantité de végétaux (en l’occurrence, principalement l’herbe et les plantes avoisinant les ceps19). Sur les coteaux d’Ancenis, au domaine de la Paonnerie, se côtoient moutons d’Ouessant et cochon maori de Nouvelle-Zélande (Kune Kune) (fig. 6).
16Bien sûr, tous ces gourmands de végétaux doivent s’éloigner, le temps d’une retraite, d’un jeûne, pendant le débourrement et la véraison de la vigne. Et certains y rechignent plus que d’autres. Là encore, les parfums du terroir doivent s’exprimer dans la diversité, et l’identité se former sur l’abolition virtuelle des frontières géographiques et interspécifiques. Les abeilles des ruchers posés à proximité de certaines parcelles se mêlent aux autres insectes volants et aux oiseaux. Tous animent l’ensemble-vignes, dans une volonté de partage de cet espace et de quiétude dans les échanges, à l’opposé d’un no life’s land. Le vignoble, en tant que système relationnel, renvoie et reçoit une image globale de lui-même. La globalité de la relation, le caractère apodictique des échanges entre les espèces peuvent relever du truisme, mais la logique taxinomique conduit parfois à masquer ces entrelacs constitutifs de la place de l’homme dans l’univers ; ce que rappelle Edgar Morin, de façon limpide, dans Penser global :
« Donc voici la vie, phénomène créateur, phénomène comportant aussi, ce qu’on avait longtemps oublié, une coévolution. La coexistence d’une variété d’êtres vivants crée un écosystème, un système spontané qui se régule de lui-même dans les relations entre les vivants, dans une relation qu’on peut appeler trophique20. »
17Ces « nourritures terrestres21 », qui régissent fondamentalement les interactions entre les espèces, se voient ici augmentées de nourritures spirituelles par l’entremise de l’humain.
« Ce qui est important aussi, c’est que l’animal joue sur nous, c’est-à-dire que ça peut être indirect quoi. Ça peut être indirect, parce que la vigne a besoin de communication avec nous, et nous aussi avec. Alors après, il faut trouver le mode de communication, ce n’est pas si simple, mais la vigne a besoin de ça… […] Pour moi, l’animal est un intercesseur, c’est-à-dire qu’il sait mieux parler à la plante que moi, moi j’ai oublié… Maintenant il faut créer cette espèce de mix où à la limite on n’ait plus besoin de s’expliquer mais où on n’est pas loin d’être ensemble quoi22. »
18Les discours oscillent le plus souvent entre deux pôles : un aspect très pragmatique dans l’instauration de ce dialogue interspécifique, et un rapport variable aux croyances. Ce rapport, souvent distancié avec celles-ci, interroge leur validité, leur possibilité de n’être que des croyances, les accepte puis les met à distance dans une même dynamique. Ces vignerons n’hésitent pas à questionner leur propre méthodologie, en empruntant à d’autres modèles, d’autres ontologies pour asseoir leur intuition, leur intime conviction.
Les enveloppes animales, actives par-delà le vivant
19Cette chaîne de correspondances entre les entités vivantes se prolonge post mortem dans le cas des préparations biodynamiques consacrées à l’élaboration de composts à partir d’enveloppes animales. Rappelons ici que la biodynamie constitue un ensemble de préconisations présentées par Rudolf Steiner lors d’une série de cours destinés aux agriculteurs en 192423. Steiner y expose pour le champ de l’agriculture ses théories. Deux préparations, parmi les plus emblématiques, apparaissent comme les fondements de la pratique biodynamique et sont appelées communément 500 et 501 (fig. 7, 8).
20La bouse de corne (500) est une préparation issue de la bouse de vache enterrée dans des cornes pendant l’hiver puis déterrée au printemps. Après transformation, la préparation est dynamisée (c’est-à-dire brassée dans un sens puis dans l’autre de manière à créer un vortex, pendant une heure, les biodynamistes estimant que cette technique apporte une « cohérence » aux différents éléments contenus dans la préparation), puis pulvérisée (environ cent grammes de compost pour un hectare sont dilués dans trente à trente-cinq litres d’eau de pluie). La 500 s’adresse particulièrement au sol, doit favoriser la germination, la présence des oligo-éléments et des micro-organismes, ainsi que la circulation de l’eau. La 501 est quant à elle utilisée pour le feuillage de la vigne, il s’agit d’une préparation à base de silice (poudre de silice là aussi diluée mais à plus faible dose, à raison de quatre grammes par hectare, puis dynamisée). Cette préparation, également insérée dans des cornes de vache au printemps pour estiver, doit donner de la vigueur, de la souplesse et de la résistance à la plante, ainsi que favoriser la photosynthèse et la transmission des arômes. Les préparations et composts, qui vont de 500 à 507, ont depuis été expérimentés et réadaptés24. Mais l’esprit général de la lettre est resté le même. D’un vigneron à l’autre, on retrouve peu ou prou le même modus operandi. À la question pourquoi utiliser une corne de vache pour accueillir la matière à hiberner ou estiver, et pas un autre réceptacle, voici ce que proposait Steiner comme explication :
« La vache a des cornes afin d’envoyer dans son propre corps les forces formatrices astrales et éthériques qui doivent déployer tous leurs efforts dans ce sens pour progresser jusqu’au système digestif de telle manière que dans ce système se développe un travail intense par l’intermédiaire précisément du rayonnement en provenance des cornes et des sabots. […] Qu’en résulte-t-il ? Ayant enfoui la corne de vache remplie de fumier, nous conservons dans celle-ci les forces que la corne de vache avait l’habitude d’exercer à l’intérieur même de la vache, à savoir réfléchir l’éthérique et l’astral25. »
21L’argumentation, ici tronquée, met toutefois en lumière le principe de similitude, et toutes les préparations proposées procèdent de la même analogie : les propriétés du contenant doivent agir réciproquement avec celles du contenu. Au-delà de l’interprétation donnée par Steiner, il est intéressant de noter que cette corne résonne de références mythiques et que, sous d’autres latitudes, elle est utilisée à des fins similaires, ainsi que les principes du calendrier biodynamique. Ce qu’a pu noter un vigneron, parallèlement engagé dans une action de reforestation à Madagascar avec son association de vignerons biodynamistes, Madavin26, dont l’objectif est de partager des pratiques agriculturales avec des paysans africains.
« Une fois il y a un chef de tribu du Bénin qui était venu ici… Quelqu’un l’a emmené pour que je parle de biodynamie, alors bon je lui dis à peu près ce qu’il faut faire et tout, mais je dis il y a quelque chose qui va être un petit peu délicat, je ne sais pas si vos villageois vont accepter : c’est de mettre de la bouse de zébu dans la corne de zébu. Et là il me regarde, il me dit : non, ça il n’y a pas de problèmes ! [Rires.] Bon très bien ! Donc en fait, chaque fois qu’on essaie de faire quelque chose comme ça, on se rend compte qu’il y a des gens, des appuis, que ça existe déjà et que les gens ont toujours fait ça… Le mythe de la corne d’abondance, c’est ça… C’est à partir de la corne de vache… À partir de la vache en général, chez les Égyptiens c’était encore plus marqué que ça… On arrive à renouveler27… »
22Renouveler, ou réactualiser les mythes. La porosité entre pratique culturale et pratique symbolique est inscrite dans la biodynamie. La vache, ses cornes, ses bouses s’insèrent dans des actions du quotidien en divers lieux du globe, pour des usages qui relèvent à la fois du pragmatisme et de la spiritualité. Qu’il s’agisse de vache européenne, du zébu, « clé de voûte des sociétés du Sud et de l’Ouest malgache » présent dans les systèmes de représentations socioculturels et magico-religieux, de la naissance à la mort28, ou bien du cattle complex en Afrique de l’Est29, ou encore des cornes à offrandes (du miel dans une corne à Madagascar30) et des bouses31. C’est ainsi que le principe biodynamique façonne ses propres actions rituelles sur le terreau mythique qui le conditionne. En dehors des préparations les plus usitées que sont les préparations de bouse de vache et de silice extraites des cornes, il existe d’autres associations entre végétal et animal qui suivent la même logique « fonctionnaliste-analogique ». L’animal sert d’enveloppe au végétal : par exemple, l’insertion de fleurs d’achillée millefeuille dans une vessie de cerf (fig. 9, 10), ou de pissenlit dans un mésentère de bovin, ou encore d’écorce de chêne dans un crâne d’animal domestique.
23La vessie de cerf, comme la corne de vache, est utilisée ici en tant que reproduction symbolique de sa fonction première. Chaque préparation est ainsi élaborée selon des associations complémentaires, favorisant la réciprocité des éléments mis en contact, afin d’aboutir à une quintessence de la matière exprimée. C’est en tout cas l’objectif recherché. Nous pouvons, de notre côté, user de l’analogie saussurienne32, en considérant l’enveloppant (animal) et l’enveloppé (végétal) comme le binôme structural signifiant-signifié, tous deux donnant naissance au signe. Les différents composts issus de l’enveloppant et de l’enveloppé sont autant de signes envoyés au végétal (terre, vigne, feuille, racine, etc.) avec lequel ils entretiennent une forme de langage.
24Le retour en force de l’animalité dans les vignes « nature » et sa mise en exergue par les acteurs élargissent le champ de perception des interactions possibles entre les trois entités, animal-humain-végétal. Toutefois, il pourrait être légitime de s’interroger sur cette alliance parfaite : l’animal ne serait-il qu’un « prétexte33 » ? Tout cela ne serait-il qu’un discours teinté de romantisme à l’égard de cet autre, qu’est l’animal, permettant de mieux normaliser son utilisation socialement ? On ne peut évacuer entièrement la possibilité de la construction d’un discours. Il est vrai, par ailleurs, que nous ne disposons pas d’un avis clairement énoncé de la part des animaux eux-mêmes, nous alerterait Vinciane Despret34. Bien sûr, nous pouvons toujours concevoir un doute sur l’interprétation des interactions. Mais, sur le terrain de l’observation, tout semble indiquer que les animaux se portent bien et ne présentent pas de signaux de mal-être. Que, dans le même temps, les humains choisissent un modèle de production contraignant pour eux-mêmes, sur le plan physique et économique ; les vignerons s’investissent et prennent des risques quand ils choisissent ces pratiques, à rebours de la dominante productiviste intensive en viticulture, et en agriculture en général. Si cette propension à valoriser l’animal peut relever d’une impulsion utopique (dans l’idée d’une relation triangulaire égalitaire ou quasi égalitaire), si le trait est (peut-être) un peu forcé sur la dimension de l’affect, ils s’inscrivent aussi dans la performance. La réintroduction du cheval et d’autres espèces dans les vignes s’inscrit dans une dynamique performative. Le faire permet de le dire, de formuler la relation et de la créer dans le même temps. En témoignent par ailleurs les travaux de Jocelyne Porcher qui interrogent le statut de « travailleur » chez les vaches, leur implication et les échanges construits avec l’éleveur (hors système industriel). Elle prolonge ainsi sa réflexion sur les animaux domestiques en général :
« Je considère – c’est un postulat de recherches quelque peu animiste sans doute – que la société humaine n’est pas une société mixte ou hybride qui inclurait des animaux domestiques mais que la société est humaine avec et même par les animaux domestiques. […] Dans ma proposition, la catégorie d’humain sans animaux n’existe pas, même si les animaux, domestiques ou pas, ont besoin de représentants35. »
25Ce sont bien ces notions de collaboration et de nécessité d’être(s) ensemble qui président au bon fonctionnement du système de « correspondances naturelles » mis en place entre vignerons, animaux et végétaux. Entre phase de réadaptation, réinvention d’une relation à l’animal (et au végétal) et emprunt à d’autres modèles de penser les interactions, ils naviguent. Et c’est à ce titre que nous pouvons légitimement parler de « nouvelles formes » de domesticité qui, de fait, viennent fissurer les catégories académiques – si tant est qu’elles existent – du sauvage et du domestique.
Bibliographie
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Steiner Rudolf, Agriculture : fondements spirituels de la méthode biodynamique, Genève, Éditions anthroposophiques romandes, 2006.
Viveiros de Castro Eduardo, Métaphysiques cannibales : lignes d’anthropologie poststructurale, Paris, Presses universitaires de France, 2009.
Notes de bas de page
1 Cet article s’inscrit dans le cadre de ma recherche sur l’anthropologie des vins « nature » et/ou biodynamiques, c’est-à-dire un modèle qui prône le travail à la vigne et une vinification sans intrants chimiques de synthèse, épousant le principe de la moindre intervention. Les discours et pratiques s’inscrivent dans des cosmologies de type holistique. Voir C. Pineau, La corne de vache et le microscope : le vin « nature », entre sciences, croyances et radicalités ; C. Pineau, « Vins vivants : à l’abreuvoir de la nature ».
2 R. Descartes, Discours de la méthode, 5e partie, p. 91-95.
3 Nous prenons comme référence la France, même si le phénomène se retrouve dans d’autres pays dits occidentaux, comportant quelques écarts temporels là aussi.
4 Voir sur ce point P. Champagne, L’héritage refusé : la crise de la reproduction sociale de la paysannerie française (1950-2000), p. 62.
5 Entretien avec Pierre Overnoy, vigneron à Pupillin (Jura), février 2013.
6 Éric Dubois est le troisième vigneron gérant du Clos Cristal, depuis le legs d’Antoine Cristal aux Hospices de Saumur.
7 Entretien avec Éric Dubois, vigneron à Souzay-Champigny (Maine-et-Loire), février 2016. Le Clos n’est plus géré par ce vigneron qui s’est installé dans un domaine de Savennières. Ils sont trois à poursuivre ce travail avec les chevaux dans le même esprit.
8 Nous pourrions nous inspirer sur ce point des travaux de la linguiste Anna Wierzbicka qui propose « d’envisager les différents aspects de la communication humaine à l’aide d’un même outil de description – la métalangue sémantique naturelle (MSN). […] La MSN est une métalangue issue des langues naturelles, présentant un lexique restreint et gouverné par une syntaxe sommaire et préétablie » (A. Koselak, « La sémantique naturelle d’Anna Wierzbicka et les enjeux interculturels »). Anna Wierzbicka propose ainsi des sortes de mots-clés universels et sa méthode, élaborée dans le souci de s’éloigner de l’écueil de l’ethnocentrisme, pourrait nous aider à penser comment, dans le cas qui nous préoccupe, se crée une forme de métalangage « naturel » entre l’humain et l’animal, sur la base de media eux aussi universels.
9 Jacques Demorgon en démontre l’efficacité dans un article qui prend pour cadre des rencontres internationales. Le photolangage permet de relativiser « le primat du linguistique et l’obsession de la traduction » et crée un « raccourci » dans la communication. Dans cette perspective, l’étiquette, bien qu’unique, suffit à contenir le message tout entier. (J. Demorgon, « Approche de l’altérité et communication non-verbale dans la rencontre internationale ».)
10 Au sens de réseau, ensemble, groupe.
11 Guère plus de dix hectares, plutôt moins dans la plupart des cas.
12 Le domaine de la Romanée-Conti à Vosne-Romanée en Bourgogne s’est converti en agriculture biologique en 1985 puis a introduit progressivement des méthodes de la biodynamie à partir de la fin des années 1990.
13 Entretien avec Aubert de Villaine, l’un des héritiers et gestionnaires de la Romanée-Conti, avril 2015.
14 P. Descola, La composition des mondes : entretiens avec Pierre Charbonnier, p. 256.
15 E. Viveiros de Castro, Métaphysiques cannibales : lignes d’anthropologie poststructurale, p. 7.
16 Bruno Sirven, membre de l’association Arbre et paysage, dans l’avant-propos de M. B. Bouche, Des vers de terre et des hommes : découvrir nos écosystèmes fonctionnant à l’énergie solaire, p. 12.
17 A.-G. Haudricourt, « Domestication des animaux, culture des plantes et traitement d’autrui ».
18 « En Asie, dans les rizières, les canards contribuent par leur alimentation à diminuer les intrants, pesticides et engrais. Ils mangent en effet des adventices et leurs graines, des insectes et limaces. Le travail de désherbage, habituellement effectué à la main par des femmes, diminue, et les excréments des canards se transforment en nutriments pour les végétaux. Par ailleurs les canards peuvent être vendus ou consommés. Ce système, initié au Japon, a été adopté en Chine, en Inde et aux Philippines. Au Bangladesh, l’Institut international de recherche sur le riz indique que les rendements des cultures ont augmenté de 20 % et que les revenus nets se sont accrus de 80 %. » (S. Rebulard, « Nourrir neuf milliards de personnes en 2050 : quelques pistes pour l’avenir », chap. ii-iii, « Favoriser les animaux auxiliaires ».)
19 « C’est la structure et la fonction du système digestif de l’oie qui lui permet de consommer de grandes quantités de nutriments riches en fibres, ce qui la différencie des autres espèces aviaires. Cette faculté d’utiliser les aliments riches en fibres, combinée à celle de pâturer et de consommer des déchets et son comportement aquatique font qu’elle s’adapte aisément à des systèmes agricoles variables et durables. » (G. Gérard, R. Buckland, Production des oies, 1re partie, « Systèmes de production des oies », chap. iii, « Système digestif ».)
20 E. Morin, Penser global : l’humain et son univers, p. 53.
21 Emprunt à l’ouvrage d’André Gide, Les nourritures terrestres (1897).
22 Entretien avec Jacques Carroget, domaine de la Paonnerie, Anetz (Loire-Atlantique), mars 2016.
23 Steiner, fondateur de l’anthroposophie, elle-même issue de la théosophie, courant de pensée mythico-religieux qui s’appuie sur le christianisme, emprunte à de nombreuses autres doctrines, philosophies orientales, réincarnation, ésotérisme. Steiner a publié les œuvres scientifiques de Goethe et théorisé dans de nombreux champs tels que l’éducation, la médecine et l’agriculture. La figure de Steiner et le mouvement anthroposophique font toujours l’objet de controverses.
24 Entre autres, les Allemands Maria Thun (1922-2012) et Alex Podolinsky (1925-2019), deux pionniers de la mise en application de la biodynamie, ont travaillé à l’optimisation de ces préparations avec chacun leurs options.
25 R. Steiner, Agriculture : fondements spirituels de la méthode biodynamique, p. 38. Traduction française Marcel Bideau et Gilbert Durr, relue et complétée par J.-L. Des Arts et J.-M. Jenni selon la 8e édition allemande de 1999, p. 133-134, 136.
26 Mark Angeli est aussi le cofondateur du salon professionnel des vins biodynamiques Les Greniers Saint-Jean à Angers dont les bénéfices sont reversés à l’association Madavin.
27 Entretien avec Mark Angeli, janvier 2015.
28 B. Moizo, conférence donnée à l’Institut d’ethnologie de l’université de Strasbourg le 3 mars 2016.
29 M. J. Herskovits, « The cattle complex in East Africa ».
30 D. Burguet, « Charles Renel et le culte traditionnel. Des carnets de voyage aux œuvres romanesques et scientifiques : une lecture anthropologique du culte traditionnel à Madagascar à travers ses écrits ».
31 Voir J.-D. Christophe, « La bouse : historique, importance et écosystème ».
32 F. de Saussure, Cours de linguistique générale.
33 En référence au blog de Sergio Dalla Bernardina, « L’animal comme prétexte » (lanimalcommepretexte.blogspot.com).
34 V. Despret, Que diraient les animaux si… on leur posait les bonnes questions ?
35 J. Porcher, « Le travail des animaux d’élevage : un partenariat invisible ? », p. 29.
Auteur
Docteure en anthropologie sociale et ethnologie (EHESS), chercheure associée à l’Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (EHESS) et à l’Institut de recherche Montesquieu (université de Bordeaux)
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016