La « transmission du savoir » d’Athènes à Paris : variations autour d’un topos dans trois chroniques médiévales françaises
Résumé
Le thème de la « translatio studii », ou transmission du savoir et de la sagesse depuis l’Orient vers l’Occident, est un topos récurrent de la littérature médiévale. Primat l’a utilisé à la louange du royaume de France dans le prologue de son « roman des rois », vaste compilation historique offerte à Philippe III vers 1274, que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de « Grandes chroniques de France ». S’inspirant de ce texte, Guillaume de Nangis a ensuite repris la même image à propos de la grande grève universitaire de 1229-1230, dans sa Vie de Louis IX. Cette fois, la « translatio studii » se voit convoquée pour rendre hommage non seulement au royaume, mais aussi à saint Denis et à l’université de Paris. Enfin, le continuateur de Primat s’est à son tour emparé du thème, mais en revenant à l’interprétation initiale. L’article se propose donc de montrer, à travers ces trois textes, comment la « transmission du savoir » peut constituer un sujet politique et servir à promouvoir le pouvoir royal, mais aussi d’autres institutions plus ou moins directement liées à celui-ci.
Texte intégral
1Le thème choisi par le CTHS pour son Congrès de 2018 entre en résonance avec un topos cher aux auteurs du Moyen Âge : celui de la « translatio studii », grand mouvement de transmission du savoir depuis l’Orient jusque vers l’Occident1. Pour les lettrés médiévaux, la sagesse était en effet née à l’est : en Égypte, comme le disait déjà Platon, ou chez les Hébreux, comme le voulait l’héritage judéo-chrétien, et bien sûr en Grèce, en laquelle on reconnaissait, au Moyen Âge comme aujourd’hui, la mère de la philosophie. Et de ces contrées lointaines, la sagesse était venue en Occident : d’abord à Rome, puis dans le royaume des Francs. Cette idée, déjà présente à l’époque carolingienne2, s’est beaucoup développée au xiiie siècle, avec l’essor de la prestigieuse université de Paris, encouragé par le roi et par le pape. L’université parisienne est alors une toute jeune institution : cette communauté de maîtres et d’étudiants a vu ses privilèges reconnus par Philippe Auguste en 1200, et a reçu ses statuts du légat pontifical Robert de Courson en 12153. Mais déjà, elle jouit d’une image très forte de « fontaine de sagesse », en raison de son enseignement théologique, réputé dans tout l’Occident. C’est ainsi que la décrit, par exemple, un traité encyclopédique très diffusé à cette époque, l’Image du monde, écrit par Gossuin de Metz vers 1246 :
« Tout autresi vous pui je dire que Paris est la fontainne ou l’en peut plus puisier science que en autre lieu, qui avoir i peut demourance.4 »
2Et ce, parce que Paris abrite la sagesse venue d’Athènes et de Rome :
« Clergie regne orendroit a Paris, si comme ele fist a Athenes, une cité de grant noblesce.5 »
3Cette image de Paris comme nouvelle Athènes a été abondamment reprise par les chroniqueurs contemporains. Or, si l’on observe de plus près les textes, on s’aperçoit que ce thème de la « transmission du savoir » est loin d’être neutre : il est utilisé pour promouvoir le pouvoir royal, mais aussi d’autres institutions plus ou moins directement liées à celui-ci. Nous nous proposons de le démontrer au travers de trois textes écrits dans la seconde moitié du xiiie siècle et au tout début du xive siècle : les Grandes chroniques de France de Primat, la Vie de Louis IX écrite en latin par Guillaume de Nangis et sa traduction française. Bien que ces trois ouvrages entretiennent entre eux une évidente filiation, ils n’en développent pas moins trois interprétations particulières du même topos, mis au service de projets différents.
Du « puits de philosophie » athénien à la « fontaine de savoir » parisienne : la translatio studii comme introduction à l’histoire du royaume dans les Grandes chroniques de France
4Le premier de ces textes se trouve dans les Grandes chroniques de France, monumentale histoire de la monarchie française, mise en œuvre à Saint-Denis sous le règne de Saint Louis. L’ouvrage, qui court depuis les origines franques jusqu’à la fin du règne de Philippe Auguste, fut solennellement offert par l’abbé de Saint-Denis au roi de France, Philippe III, vers 1275. On connaît l’importance de ces Grandes chroniques de France – qui ne portaient pas encore ce titre, mais plutôt celui de « roman des rois » –, appelées à être poursuivies jusqu’au xve siècle, au sein de l’abbaye mais aussi dans l’entourage royal6.
5Or, le prologue de ce jalon fondamental dans la mise en écrit de l’histoire de France s’achève justement sur une référence à la transmission du savoir, depuis Athènes vers Paris :
« […] la fonteine de clergie, par cui sainte Eglise est soustenue et enluminee, florist à Paris. Si com aucun veulent dire, clergie et chevalerie sont touz jors si d’un acort, que l’une ne puet sanz l’autre ; touz jors se sont ensemble tenues, et encores, Dieu merci, ne se departent eles mie. En III regions ont habité en divers tens : en Grece regnerent premierement, car en la cité d’Athenes fut jadis le puis de philosophie et en Grece la flors de chevalerie. De Grece vindrent puis à Rome. De Rome sont en France venues. Diex par sa grace vuelle que longuement i soient maintenues à la loenge et à la gloire de son non, qui vit et regne par touz les siecles des siecles. Amen.7 »
6Primat, l’auteur de ce texte, présente ainsi la France comme l’héritière des traditions de l’Antiquité gréco-romaine, à la fois en matière de « clergie », c’est-à-dire de savoir et de connaissance, et de « chevalerie », autrement dit de puissance militaire. Il n’est pas l’inventeur de cette association, que l’on trouve déjà dans le Cligès de Chrétien de Troyes (vers 1176) : dans le début de ce roman courtois, la France est en effet décrite comme la terre d’accueil de la « clergie » et de la « chevalerie » venues de Grèce8. Mais Primat applique plus spécifiquement cette transmission du savoir à l’université de Paris, « fontaine de sagesse, par laquelle sainte Église est soutenue et éclairée ». Cette métaphore combine les deux images le plus souvent associées à l’université de Paris au xiiie siècle, notamment dans les bulles pontificales : celle de la source, du fleuve qui abreuve les écoliers assoiffés de sagesse, et celle de l’astre, de la lumière qui illumine la Chrétienté.
7Alors que la majeure partie du prologue des Grandes chroniques de France est un décalque d’ouvrages antérieurs, empruntant au Ménestrel d’Alphonse de Poitiers ou à Aimoin de Fleury, sa conclusion, en revanche, semble bien être une création originale9. En choisissant d’achever ce préambule sur le thème de la transmission du savoir, Primat exalte à la fois l’université de Paris et la capitale du royaume dont il s’apprête à retracer l’histoire. L’importance qu’il donne ainsi à Paris se retrouve dans la suite de son récit : par exemple, lorsqu’il se penche sur les temps mérovingiens, époque où le partage égalitaire du « royaume des Francs » entre les différents fils du roi défunt était la règle, Primat explique qu’il ne donne le titre de « roi de France » qu’aux souverains qui ont régné sur Paris.
8La transmission de la sagesse antique à Paris a donc un arrière-plan politique : le royaume de France s’affirme ainsi comme dépositaire d’un héritage culturel qui brille d’un éclat tout particulier dans sa capitale. Le lien établi entre le prestige intellectuel de la ville et son statut de « tête du royaume » s’inscrit dans la lignée des textes de Guillaume Le Breton, le chapelain de Philippe Auguste, qui exaltait déjà Paris comme « caput regni » et comme « doctrix (…) totius orbis » dans la Philippide10.
L’intervention de saint Denis et l’emblème de la fleur de lis chez Guillaume de Nangis
9Le texte fondateur de Primat a fortement influencé d’autres chroniqueurs du xiiie siècle, à commencer par ceux qui ont poursuivi son effort au sein de l’abbaye de Saint-Denis. Celle-ci s’est en effet affirmée, aux xiie et xiiie siècles, comme le principal atelier d’écriture de l’histoire de France, et la plume tombée des mains de Primat, qui est sans doute mort vers 1277, a aussitôt été reprise par un autre moine de l’abbaye, Guillaume de Nangis, qui fut archiviste de Saint-Denis jusqu’à sa mort vers 1300. Guillaume de Nangis a écrit plusieurs ouvrages d’histoire, notamment une longue chronique universelle, et un récit en latin du règne de Saint Louis11. Cette Vie de Louis IX, antérieure à sa canonisation en 1297, a été, comme le « roman des rois » de Primat, offerte au roi Philippe III. Guillaume de Nangis y reprend le thème de la translatio studii, dans un chapitre consacré à la grande grève universitaire de 1229-1230.
10Pendant deux ans, l’université de Paris est en effet restée fermée, les maîtres et les étudiants s’opposant au pouvoir royal alors assumé en titre par le jeune roi Louis IX, mais dans les faits par la régente, sa mère Blanche de Castille. À la source de cette contestation, une banale histoire de violence urbaine : une rixe avec des étudiants, au faubourg Saint-Marcel, violemment réprimée par les sergents du guet. Les privilèges de l’université ayant été bafoués, ses membres se mirent en grève. Il fallut de longs mois, et l’intervention du pape, pour aboutir enfin à un compromis qui permît à l’université de Paris de rouvrir ses portes, non sans avoir perdu quelques-uns de ses maîtres, définitivement partis à Toulouse ou à Oxford.
11Le récit de cet épisode est l’occasion, pour le moine de Saint-Denis, d’un long développement sur l’université, qu’il présente comme l’un des piliers du royaume de France. De ce texte, qui a fait l’objet d’une analyse détaillée de Jacques Le Goff12, nous extrayons le passage consacré à la translatio studii :
« Duplex enim par flos lilii sapientiam et militiam significat, quæ duo sequentes de Græcia in Galliam Dionysium Aeropagitam cum fide, quam ibidem Dei gratia seminavit, tertium florem lilii facientem custodiunt et defendunt. Nam fides gubernatur et regitur sapientia, ac demum militia defensatur. Quamdiu enim prædicta tria fuerint in regno Franciæ pariter et ordinate sibi invicta cohærentia, stabit regnum. Si autem de eodem separata fuerint, vel avulsa, omne illud in seipsum desolabitur atque cadet.13 »
12Guillaume de Nangis a repris l’idée de Primat, à savoir que le royaume de France bénéficiait d’une primauté à la fois spirituelle et matérielle, et il l’a appliquée à un emblème de ce royaume : la fleur de lis. Il identifie les trois fleurons du lis comme une triade science-foi-chevalerie, le tout ayant été, selon lui, amené en France depuis Athènes par saint Denis l’Aréopagite. Paris bénéficie ainsi d’une double transmission : celle du message chrétien, saint Denis ayant été l’évangélisateur de la ville, mais aussi celle de la sagesse antique, que Denis avait acquise à Athènes avant de se convertir en écoutant saint Paul, ainsi que le rapportent les Actes des Apôtres. Guillaume de Nangis combine cette tradition, cultivée dans son abbaye depuis l’époque d’Hilduin au ixe siècle, avec le thème de la translatio studii et aboutit à une synthèse originale. L’association de saint Denis à la translatio studii n’était du reste pas sans fondements, dans la mesure où l’abbaye éponyme constituait l’un des rares foyers de culture grecque au sein du royaume de France : on y célébrait la missa greca et on y conservait plusieurs manuscrits grecs14.
13Cette association entre le lis royal et saint Denis n’est pas restée cantonnée au seul milieu dionysien, puisqu’elle a été reprise au xive siècle par Philippe de Vitry dans le Chapel des fleurs de lis (écrit entre 1332 et 1335)15. Elle est cependant caractéristique des méthodes employées par les historiens de Saint-Denis pour lier la fortune de leur abbaye à celle des rois de France, dans la lignée de Suger. Il est très significatif, à cet égard, que Guillaume de Nangis ait employé l’expression « caput regni » à propos de Saint-Denis dans un autre passage de sa Vie de Louis IX, où il rapporte la perte du Saint Clou16. À ses yeux, l’abbaye constitue le pôle spirituel de la capitale du royaume de France, de par la protection assurée à la monarchie par saint Denis. En associant ce dernier à la translatio studii, Guillaume de Nangis place son abbaye au centre de la promotion du royaume de France.
Une traduction française adaptée aux circonstances politiques
14La Vie de Louis IX de Guillaume de Nangis a été traduite en français, et cette version française, avec quelques ajouts, a été intégrée aux Grandes chroniques de France vers le début du xive siècle. À propos de la grève de 1229, l’auteur a suivi dans ses grandes lignes le texte de Guillaume de Nangis, mais il y a porté quelques modifications qui ne sont pas sans intérêt. Voici donc sa propre interprétation des faits, qui reprend le thème de la translatio studii mais en modifie quelque peu la teneur :
« Jadiz, en ancien temps, clergie demoura à Athenes et chevalerie en Grece. Après, d’iluec s’en parti et s’en ala à Romme, et tantost chevalerie après. Par l’orguel des Rommainz, se parti le clergié de Romme et s’en vint en France et tantost chevalerie après. Et de ce nous senefie la fleur de liz qui est escripte es armes au roy de France, car il y a III fueilles. La fueille qui est ou mileu nous segnefie la foy crestienne, et les autres II du costé senefient le clergié et la chevalerie qui doivent estre touz jourz apareillié de deffendre la foy crestienne. Et tant comme ces III demorront en France, foy, clergié et chevalerie, le reanme de France sera fort et ferme et plain de richece et d’onneur.17 »
15La chronique en français a repris l’association de la translatio studii et de la fleur de lis, proposée par Guillaume de Nangis, mais la figure tutélaire de saint Denis a été évacuée. Ce n’est d’ailleurs pas le seul passage de la Vie de Saint Louis qui élude ainsi le saint ou son abbaye, ce qui semble indiquer que la traduction n’a pas été effectuée au sein de l’atelier dionysien, mais plutôt dans l’entourage royal18.
16Par ailleurs, l’auteur a transformé un thème désormais rangé parmi les lieux communs, celui de la transmission du savoir et de la puissance de l’Orient vers l’Occident, en une réflexion très actuelle sur l’Église : celle-ci, nous dit-il, a dû quitter Rome pour échapper à l’outrecuidance de ses habitants. Cette incise fait probablement référence au départ de la papauté, qui a abandonné Rome pour la France avec l’élection de Clément V, en 1305 – déplacement qui allait conduire à l’installation des papes en Avignon.
17Ce glissement inattendu du topos de la translatio studii s’opère à partir d’un jeu sur les deux sens du mot « clergie », qui peut renvoyer soit au savoir, soit à l’état clérical : l’auteur part du premier sens, mais dérive ensuite sur le second, ainsi que l’explicite le passage du féminin au masculin. Ainsi, ce n’est plus simplement le savoir qui vient de Grèce et de Rome, et qui constitue l’un des fleurons du lys de France ; c’est désormais l’Église.
18La fin du texte nous décrit la fleur de lis, comme chez Guillaume de Nangis, mais avec un message politique un peu différent : le royaume s’appuie sur les trois fleurons que sont le clergé, la foi et la chevalerie. Cette interprétation de l’emblème de la monarchie française s’accorde avec la titulature de Philippe le Bel, le « roi très chrétien »19. L’Église, qui est l’une des composantes du royaume de France, ne saurait donc lui être supérieure : l’auteur se situe ici, sans surprise, dans le camp des juristes de Philippe le Bel, contre les prétentions théocratiques de Boniface VIII20.
19À la fin du premier exemplaire de cette Vie de Saint Louis, copiée à la suite du « roman des rois » de Primat (Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms 782), figure une mappemonde probablement contemporaine qui renforce le message politique attaché à la translatio studii21 (fig. 1). Sur la carte, quatre icones représentent les principales villes de l’Europe : Athènes, Constantinople, Rome et Paris (fig. 2). Si la trilogie Athènes-Rome-Paris constitue l’illustration du prologue des Grandes chroniques de France et de l’extrait de la Vie de Saint Louis que nous venons de citer, l’adjonction de Constantinople superpose au thème de la translatio studii celui de la translatio imperii, selon un processus que Mireille Chazan a également mis en lumière dans la Chronique universelle de Guillaume de Nangis22. Là encore, cette évolution peut être rapprochée des formules des juristes de Philippe le Bel, « imperator in suo regno ».
20En somme, à travers ces trois exemples, on voit que le thème de la « transmission du savoir » est chargé de connotations qui varient suivant le contexte de rédaction. Nous en avons cité trois témoins pris chez les chroniqueurs français du xiiie et du début du xive siècle, tout à l’honneur de Paris ; mais les Anglais ne sont pas en reste, et font continuer le mouvement de translation de l’Orient vers l’Occident, jusqu’à l’université d’Oxford : c’est ce qu’avance par exemple le théologien anglais Jean de Galles (John Waleys) dans son Compendiloquium23.
21La transmission du savoir est donc ressentie comme un enjeu éminemment politique par les écrivains du Moyen Âge. Mais le topos n’est pas univoque et se prête à des usages divers. Si l’exaltation du royaume de France est un thème partagé par les trois chroniqueurs ici retenus, chacun d’eux l’infléchit en fonction de ses propres intérêts. L’introduction ou au contraire l’omission de la figure de saint Denis dans le schéma de la « transmission du savoir » d’Athènes à Paris est représentative de ces inflexions.
22Au-delà du Moyen Âge, le thème de la translatio studii avait bien sûr tout pour séduire les écrivains français de la Renaissance. Preuve de sa vitalité, il a été adopté au début du xive siècle pour promouvoir Lyon, devenu à l’occasion des guerres d’Italie le « second œil de France » : on imagine alors qu’une « catherve et compaignie de philosophes » athéniens se serait installée près de la confluence du Rhône et de la Saône, au temps où Minos régnait en Crète24. La « transmission du savoir » apparaît donc toujours comme l’un des éléments qui fondent le prestige d’une ville. Mais la remise en cause de l’aréopagitisme de saint Denis allait peu à peu ruiner les savantes constructions du xiiie siècle en faveur de Paris – même si l’on en trouve encore l’écho dans certains ouvrages tardifs, comme la Galliade de Le Fèvre de La Boderie, en 158225.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Le thème de la translatio studii a suscité de nombreuses études, notamment : E. Gilson, Les idées et les lettres, p. 182-186 ; A.G. Jongkees, « Translatio studii : les avatars d’un thème médiéval » ; A. Patschovsky, « Der heilige Dionysius, die Universität Paris und der französische Staat » ; C. Beaune, Naissance de la nation France, p. 300-303 ; E. Jeauneau, « Translatio studii », the Transmission of Learning. A Gilsonian Theme ; S. Lusignan, « L’Université de Paris comme composante de l’identité du royaume de France : étude sur le thème de la translatio studii » ; S. Lusignan, « Vérité garde le roy ». La construction d’une identité universitaire en France, p. 225-277 ; B. Guenée, Comment on écrit l’histoire au xiiie siècle, p. 58-60.
2 Voir notamment Notker le Bègue, Gesta Karoli Magni imperatoris, p. 731-732 ; dans cette œuvre, rédigée vers 884-887, Notker souligne le soutien apporté par Charlemagne aux savants tels qu’Alcuin, grâce à qui les Francs peuvent se comparer aux Romains et aux Athéniens de l’Antiquité (« Moderni Galli sive Franci antiquis Romanis et Atheniensibus æquarentur »).
3 Sur les débuts de l’université de Paris, voir notamment : N. Gorochov, Naissance de l’université : les écoles de Paris, d’Innocent III à Thomas d’Aquin, v. 1200-v. 1245 ; J. Verger, « L’Université de Paris au Moyen Âge (xiiie-xve siècle) ».
4 L’Image du monde de maître Gossouin, chap. VI : « Des trois manieres de gens, et comment clergie vint en France », p. 78. Traduction en français moderne : « Ainsi, je puis vous dire que Paris est, de tous les lieux où l’on peut demeurer, la fontaine où l’on peut le mieux s’abreuver de science. »
5 Ibidem, p. 77 : « Le savoir règne aujourd’hui à Paris, comme il le fit jadis à Athènes, une cité de grande noblesse. »
6 B. Guenée, « Les Grandes chroniques de France. Le Roman aux roys (1274-1518) » ; B. Guenée, Comment on écrit l’histoire au xiiie siècle. Primat et le « Roman des roys » ; G.M. Spiegel, The Chronicle Tradition of Saint-Denis : A Survey.
7 Grandes chroniques de France, éd. Jules Viard, t. I, p. 5-6. « […] la fontaine de savoir, par laquelle sainte Église est soutenue et éclairée, jaillit à Paris. Et comme certains le disent, savoir et vaillance s’accordent toujours, et l’un ne peut aller sans l’autre ; ils se sont toujours tenus ensemble, et de nos jours encore, Dieu merci, ils ne se séparent point. Ils ont séjourné en trois régions, au fil du temps : d’abord en Grèce, car c’est en la cité d’Athènes que fut jadis puisée la philosophie, et en Grèce que fleurissait alors la vaillance. De Grèce, elles passèrent dans Rome. De Rome, elles sont venues en France. Dieu, par sa Grâce, veuille-t-il les y maintenir longtemps, à la louange et à la gloire de Son nom, qui vit et règne par les siècles des siècles. Amen. »
8 Cligès, vers 30-44. Bernard Guenée a souligné le parallèle entre les deux textes, signe de l’intérêt de Primat pour la littérature de langue française (B. Guenée, Comment on écrit l’histoire au xiiie siècle…, p. 60).
9 B. Guenée, Comment on écrit l’histoire au xiiie siècle, p. 49.
10 Guillaume le Breton, Philippide, chant I, vers 97-101, p. 11 : « At jam Sequanio surgebat littore cunctis/Urbibus urbs speciosa magis, bona cujus ad unguem/Commendare mihi sensus brevitate negatur,/Que caput est regni, que grandia germina regum/Educat, et doctrix existit totius orbis ». Traduction : « Mais déjà s’élevait sur les rives de la Seine une ville plus belle que toutes les autres villes, dont les avantages ne peuvent être parfaitement mis en valeur par la faible étendue de mon esprit, qui est la capitale du royaume, qui fait croître de grandes gerbes de rois, et qui enseigne à tout l’univers. »
11 L. Delisle, « Mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Nangis » ; H.-F. Delaborde, « Notes sur Guillaume de Nangis » ; J. Viard, édition des Grandes chroniques de France, tome VII, p. III-IV ; G. Spiegel, The Chronicle Tradition of Saint Denis, p. 101-102 ; J. Le Goff, Saint Louis, p. 349-350 (et sur les Gesta, p. 357-362) ; notice de G. Tyl-Labory dans le Dictionnaire des lettres françaises, Le Moyen Âge, p. 636-637 ; I. Guyot-Bachy, « La Chronique abrégée des rois de France de Guillaume de Nangis : trois étapes de l’histoire d’un texte ».
12 J. Le Goff, Saint Louis, p. 354-356. Cette analyse porte sur le texte de la chronique universelle, qui reprend presque mot pour mot le passage de la Vie de Louis IX. Le texte de Guillaume de Nangis a également été étudié par Alexander Patschovsky, « Der heilige Dionysius, die Universität Paris und der französische Staat », p. 23.
13 Guillaume de Nangis, Gesta sanctæ memoriæ Ludovici regis Franciæ, p. 318-320. Traduction : « … les deux fleurons symétriques de ce lys représentent la sagesse et la chevalerie, qui toutes deux, venues de Grèce en Gaule en suivant Denis l’Aréopagite, avec la foi que la grâce de Dieu y a répandue, gardent et défendent le fleuron central de la fleur de lys. Car la foi est gouvernée et régie par la sagesse, et défendue par la chevalerie. Aussi longtemps que ces trois vertus seront présentes dans le royaume de France, indissolublement liées ensemble, le royaume sera stable. Mais si elles en étaient séparées ou arrachées, il serait tout entier désolé et s’effondrerait. »
14 W. Berschin, Griechisch-lateinisches Mittelalter, p. 164-167.
15 Philippe de Vitry, « Le Chapel des fleurs de lis de Philippe de Vitry », p. 90, strophes 156-158. Voir Fr. Duval, introduction de son édition du Dit de la fleur de lis de Guillaume de Digulleville, p. 59-60 ; A. Patschovsky, « Der heilige Dionysius, die Universität Paris und der französische Staat », p. 24.
16 Guillaume de Nangis, Gesta sanctæ memoriæ Ludovici regis Franciæ, p. 322.
17 Grandes chroniques de France, t. VII, § 13, p. 60-61. « Jadis, aux temps anciens, le savoir se trouvait à Athènes et la chevalerie en Grèce. Après, il en est parti pour aller à Rome, entraînant aussitôt la chevalerie à sa suite. L’orgueil des Romains poussa le clergé à quitter Rome pour la France, et avec lui, la chevalerie. Et c’est ce que nous marque la fleur de lis qui figure sur les armes du roi de France, car elle a trois feuilles : celle du milieu représente la foi chrétienne, et les deux autres, sur les côtés, le clergé et la chevalerie qui doivent se tenir toujours prêts à défendre la foi chrétienne. Et tant que ces trois-là demeureront en France, la foi, le clergé et la chevalerie, le royaume de France sera fort et ferme et plein de richesse et d’honneur. »
18 Comme le souligne Jules Viard dans l’introduction du tome VII des Grandes chroniques de France.
19 Je remercie Olivier Mattéoni pour cette remarque, formulée au cours des échanges pendant le Congrès.
20 J. Krynen, L’Empire du roi, p. 85-109.
21 D. Lecoq, « Éléments pour une lecture d’une mappemonde médiévale ». La date habituellement retenue pour cette image est relativement tardive : vers 1364-1372 (M. Destombes, Mappemondes, 50.19, p. 177 ; A.-D. von den Brincken, Fines Terrae, p. 136), mais on a récemment proposé une datation plus précoce : la carte aurait alors été dessinée au moment de l’adjonction de la Vie de Saint Louis, dans le premier quart du xive siècle (A. Stones, Gothics Manuscripts 1260-1320, Part I, vol. 2, notice I-21, p. 42-45) ; A. D. Hedeman, « Le pouvoir des images saintes dans les Grandes chroniques de France. Le cas de Saint Louis », p. 242-245.
22 M. Chazan, « Guillaume de Nangis et la translation de l’Empire aux rois de France ».
23 Jean de Galles (John Waleys), Compendiloquium de vitis illustrium philosophorum, chap. IX, p. 424.
24 O. Ramèze, L’Origine et antiquité de la cité de Lyon, p. 82, § 12.
25 J.-M. Le Gall, Le mythe de saint Denis, p. 52-53.
Auteur
Conservateur du patrimoine au service Patrimoines et Inventaire de la région Île-de-France
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2016