Vestiges graphiques, culture matérielle et matières premières : circulations du Néolithique aux âges des métaux dans les Alpes du sud. Les exemples de l’abri Faravel (Freissinières, Hautes-Alpes), de l’abri des Oullas (Saint-Paul-sur-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence) et du tertre des Sagnes (Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence)
Graphic remains, material culture and raw materials: circulations from the Neolithic to the Metal Ages in the French Southern Alps. Faravel (Freissinières, Hautes-Alpes), Oullas (Saint-Paul-sur-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence) and tertre des Sagnes (Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence)
Résumés
Les recherches menées depuis plusieurs années dans les Alpes du sud ont mis en évidence la présence et l’intense circulation des hommes au cœur des reliefs alpins dès la Préhistoire. Les sites et indices de sites en milieu d’altitude y sont en effet nombreux. L’étude des matières siliceuses et céramiques permet d’identifier des connexions à d’autres territoires et attestent d’échanges et de circulation à plus ou moins longue distance. Il en va de même de la fonction de certains sites à vocation rituelle. S’y ajoute l’image rupestre qui, par le choix des formes et des techniques, invite à considérer des circulations à l’échelle européenne dès le Néolithique. Trois sites emblématiques ont été choisis pour illustrer le propos : l’abri Faravel (Freissinières, Hautes-Alpes, alt. 2 133 m) dans le parc national des Écrins, l’abri des Oullas (Saint-Paul-sur-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence, alt. 2 390 m) et le tertre des Sagnes (Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, alt. 1 900 m), dans la haute Ubaye.
Research conducted for over twenty years in the Southern French Alps has highlighted the presence and intensity of human mobility in the core of this region since prehistoric times. Surveyed and excavated sites are numerous in the sub-alpine zone (1,500 – 2,300 m). The study of lithic and ceramic material allows us to consider connections with other territories and infer exchange and circulation networks over a range of distances. The same is true for certain types of ritual sites. The study of rock art, based on the assessment of the similar forms and techniques apparent at a number of sites, allows us to consider the question of the mobility of ideas at the European scale from the Neolithic onwards. Three emblematic sites have been chosen to illustrate this subject: the Faravel rock shelter (Freissinières, Hautes-Alpes, 2,133 m) in Les Écrins National Park, the Oullas shelter (Saint-Paul-sur-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence, 2,390 m) and the Sagnes burnt-mound (Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, 1,900 m) in the Upper Ubaye.
Entrées d’index
Mots-clés : abri-sous-roche, céramique, circulation, industrie lithique, Brandopferplätze, Préhistoire, Protohistoire
Keywords : ceramic material, human mobility, lithic industry, Brandopferplätze, rock art, rockshelter, Protohistory
Index géographique : Alpes
Texte intégral
1Les vestiges archéologiques découverts sur trois sites alpins, l’abri Faravel (Freissinières, Hautes-Alpes), au cœur du parc national des Écrins, la paroi des Oullas (Saint-Paul-sur-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence) et le tertre des Sagnes, dans la haute Ubaye (Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence), situés entre 1 900 et 2 390 mètres d’altitude, attestent, dès le Mésolithique, d’une circulation des hommes et des idées au sein des massifs alpins méridionaux (Garcia et al. 2007, Mocci et al. 2009, Margarit et al. 2014, Walsh et Mocci 2011 et 2016, Walsh et al. 2010, 2014 et 2016) (fig. 1).
2La fonction des sites, les graphismes pariétaux et la culture matérielle témoignent, par les structures archéologiques présentes, les matières premières employées, la technique ou le choix des expressions graphiques, d’affinités culturelles à plus ou moins longue distance. Il apparaît ainsi que ces zones de montagne, loin de constituer des barrières infranchissables, témoignent de circulations intervallées et transalpines ainsi que d’interactions culturelles nombreuses. Celles-ci mettent en lumière une problématique importante : celle des modalités de pénétration en haute montagne consécutivement à la fin des temps glaciaires. Les données relatives aux fluctuations et reflux des masses glaciaires en haute Durance apparaissent compatibles avec l’idée d’une arrivée jusqu’en montagne de groupes humains depuis les régions méridionales dès le Tardiglaciaire (Le Roy 2012). En reculant, les glaciers ont libéré d’importants espaces permettant la mise en place progressive de niches écologiques spécifiques et ont procuré ainsi des territoires nouveaux (Jorda 1988). « Les Alpes ne sont pas des confins ni un territoire extérieur en perpétuel retard sur l’évolution générale, mais à plein titre un pôle original et actif de mouvement et de contact, que ses richesses placent au cœur des changements culturels d’Europe occidentale » (Beeching 2003 : p. 184).
Une circulation en altitude entre la préhistoire et l’âge du Fer : les sites de l’abri Faravel, des Sagnes et des Oullas
L’abri Faravel (Freissinières, Hautes-Alpes)
3Découvert en 2010 et fouillé entre 2011 et 2015 sous la direction de F. Mocci (co-direction K. Walsh, C. Defrasne et V. Dumas), l’abri Faravel est un surplomb ouvert au sud-est, à 2 133 mètres d’altitude, dans la partie septentrionale d’une ligne d’escarpement peu élevée de grès du Champsaur. Celle-ci constitue l’un des nombreux ressauts du plateau de la Grande Cabane de Faravel, vaste espace dénué de végétation ligneuse situé au sein du parc national des Écrins (Walsh et al. 2016), en aval du col du Fond de la Cabane (alt. 2 928 m) surplombant la vallée du haut Champsaur (fig. 2).
4Le plafond de l’abri couvre une surface d’environ 13 mètres carrés, où sont conservés les niveaux sédimentaires les mieux préservés de tous les sites de haute altitude fouillés jusqu’à présent dans les Alpes méridionales. Les dynamiques naturelles et anthropiques locales ont contribué à l’évolution de la topographie. Lors des premières implantations, l’abri donnait sur un petit replat surplombant une petite dépression humide, entièrement comblée au début de l’âge du Bronze ; le passage depuis le plateau de la Grande Cabane de Faravel vers les vallées du Champsaur via ce col pouvait être possible grâce à la présence de zones englacées, aujourd’hui disparues. Actuellement, l’accès vers le haut Champsaur emprunte le col des Terres Blanches (alt. 2 720 m), qui évite le plateau de la Grande Cabane de Faravel.
5Vingt-trois phases d’occupation humaine et de processus naturels, regroupées en huit états distincts, ont été identifiées dans la chronostratigraphie de l’abri. Sur la base du mobilier archéologique et de datations radiocarbone, onze périodes sont représentées : le Mésolithique, le Néolithique ancien, le Néolithique moyen, le Néolithique récent/final, l’âge du Bronze ancien, l’âge du Fer II, le début de la période gallo-romaine (ier s.), la fin du Haut Empire/début de l’Antiquité tardive, l’Antiquité tardive, le haut Moyen Âge et le Moyen Âge classique, ainsi que l’époque contemporaine.
6Le caractère exceptionnel de cet établissement de haute montagne réside pour une bonne part dans la conservation, sur le plafond de l’abri, de peintures pariétales réalisées à l’aide d’une argile rouge chargée en oxydes de fer sur des dépôts de calcite, après préparation du support par piquetage. Il s’agit à ce jour de l’unique cas recensé dans le parc national des Écrins. Au sein du mobilier archéologique, constitué de plus de 3 000 objets lithiques, d’une centaine de fragments de céramique non tournée et d’objets métalliques (clous de chaussure, éléments de ferronnerie), se distingue une pièce remarquable à une telle altitude : une fibule de type Aucissa en fer, datée entre 30 et 90 av. J.‑C., d’influence italique (artefacts FIB 4643 ; Feugère 1985, Riha 1994) (fig. 3).
7Halte de chasse, campement temporaire, installation associée à une économie de ressources spécifiques et/ou à un itinéraire alpin (via le col du Fond de la Cabane), l’abri Faravel s’inscrit dans un environnement d’altitude régulièrement fréquenté par l’Homme depuis au moins le Mésolithique (une pointe à cran atypique attribuée au Paléolithique supérieur récent a été découverte sur le site de Faravel XIX, à 2 303 mètres d’altitude, attestant d’une fréquentation antérieure) et modelé par les activités anthropiques depuis le début de l’âge du Bronze (Tzortzis et al. 2019, Walsh et al. 2014).
8Les études paléoenvironnementales menées sur et autour du site apportent, pour les périodes préhistorique et protohistorique, des données sur l’accessibilité et l’occupation des zones d’altitude. L’étude pédoanthracologique réalisée sur le plateau de Faravel par B. Talon apporte une première analyse des charbons de bois conservés dans les sols hors contexte d’habitat (feux de végétation d’origine naturelle et anthropique). L’étude des charbons de bois prélevés dans les unités stratigraphiques de l’abri par C. Cenzon-Salvayre et N. Martin a permis de déterminer les taxons présents dans les contextes d’occupation et de proposer une première image de l’usage du bois comme combustible. Des carottages palynologiques conduits par J.‑L. de Beaulieu ont été réalisés en aval de l’abri Faravel, dans la tourbière de Fangeas (alt. 1 990 m).
9Entre 16 000 et 8 500 avant notre ère, le milieu reste très ouvert et donc favorable aux incursions humaines. Seuls les genévriers (Juniperus) forment des peuplements arbustifs nains durant les deux phases d’amélioration climatique, vers 13 000 puis vers 11 000 avant notre ère, sans doute accompagnés d’un modeste développement du bouleau près des zones humides. Ce n’est que vers 8 000-6 900 avant notre ère que les boulaies claires s’installent. Au cours du Néolithique, un paysage forestier au caractère semi-ouvert à ouvert se distingue, avec une limite supérieure de la végétation forestière s’élevant jusqu’à 2 300 mètres d’altitude environ. Cette végétation est constituée principalement de pin cembro (Pinus cembra) avec, en mosaïque dans le peuplement, des mélèzes (Larix decidua), des bouleaux (Betula) et des genévriers. Au Bronze ancien, le milieu boisé est caractérisé par une dominance du pin cembro et dans une moindre mesure du mélèze d’Europe et/ou de l’épicéa (Picea). La présence du bouleau, du saule (Salix) et du genévrier, tous trois héliophiles, indique que le milieu forestier est très ouvert. L’identification d’essences présentes actuellement à une altitude inférieure (érable, pin de type sylvestre) conduit à envisager l’éventualité de transport de bois de feu ou de construction depuis les altitudes inférieures vers les sites d’altitude. Entre la seconde moitié du iiie millénaire avant notre ère et le second âge du Fer, la présence croissante, dans les diagrammes polliniques, de Poaceae, des herbacées stepporudérales et nitrophiles liées à l’élevage, et de particules carbonisées (charbons) indique localement un accroissement de cette activité et l’utilisation du feu pastoral pour l’entretien des alpages. Ces signaux sont associés à une quasi-disparition de la forêt ouverte de Pinus cembra, favorisant l’expansion de Larix liée à la constitution des alpages supraforestiers locaux (Mocci et al. 2009 ; Talon 2010 ; Walsh et al. 2014 ; Tzortzis et al. 2019).
Le site des Oullas (Saint-Paul-sur-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence)
10Le site des Oullas, ou Roche des Poignards, se situe à 2 390 mètres d’altitude, dans la haute vallée du Longet, en rive gauche de l’Ubaye (Müller et Jorda 1990, Müller et al. 2004 : p. 96, Arcà et Fossati 1995 : p. 32, Arcà 2004, Trustram-Eve 2005, Defrasne et Bailly 2014). Il est situé dans un talweg orienté nord-est/sud-ouest, bordé de part et d’autre par de hautes parois schisteuses (fig. 4).
11Cette configuration topographique participe à la particularité du site, véritable corridor naturel, passage sur une importante voie de communication empruntée depuis le Néolithique. En effet, la haute vallée du Longet relie l’étroite vallée de Maljasset/Maurin (alt. 1 910 m) (Saint-Paul-sur-Ubaye) au col du Longet (alt. 2 660 m) et au piémont italien. L’une des parois faisant face au sud-est forme dans la partie aval un petit abri-sous-roche et porte un nombre considérable de peintures et gravures pariétales datées du Néolithique jusqu’à l’époque moderne (campagnes de relevés effectuées en 2010 et 2014 sous la direction de C. Defrasne). Les vestiges d’une structure rectangulaire en pierres témoignent de la récente vocation pastorale du lieu. Les sondages réalisés en 2006 sous la direction de F. Mocci (co-direction K. Walsh) à l’intérieur de la structure ont permis d’identifier trois phases :
- Des niveaux d’occupation d’époque moderne, contemporains de la structure pastorale ;
- Deux foyers successifs et des vestiges d’incendies médiévaux (1 020-1 260 cal. BC, Pa 2445) ;
- Une structure ovoïde, peut-être antérieure au xie siècle avant notre ère.
12La présence d’un important chaos rocheux sous les niveaux médiévaux a empêché la poursuite de la fouille archéologique et la recherche de niveaux contemporains des plus anciennes figurations pariétales (Mocci et Walsh 2007). La fréquentation néolithique du secteur est néanmoins attestée par la découverte de cinq haches polies lors de prospections menées dans la haute vallée au xixe siècle, ainsi que d’une lame avec grattoir du Néolithique moyen (alt. 2 521 m) et d’un tranchant de hache polie en roche verte (alt. 2 536 m) identifiés lors de prospections en 2005 dans le cadre du programme collectif de recherche « L’Ubaye de la fin de la Préhistoire aux Temps modernes » (2001-2005).
Le site des Sagnes (Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence)
13Découvert en 2002 et fouillé en 2003, le site des Sagnes se trouve à 1 900 mètres d’altitude, dans la haute vallée de l’Ubaye (Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence), au sein d’un environnement topographique et paysager remarquable, en bordure du parc national du Mercantour (Isoardi 2006, Garcia et al. 2007, Golosetti 2016 : p. 171) (fig. 5).
14Placé au pied du massif de la Tour des Sagnes (alt. 2 365 m), en aval des cols de Restefond et de Pelouse, voies de passage les plus directes vers les Alpes-Maritimes, le tertre des Sagnes borde une grande tourbière transformée en retenue artificielle en 1975, au débouché du torrent du Caïre. Il s’agit d’un tertre artificiel de 14 mètres de diamètre et d’une hauteur de 1,40 mètre constitué au cours de l’âge du Fer par une succession de lits de plaquettes de schiste et de charbons de bois mêlés à plus de 6 000 fragments de céramiques et de restes fauniques. La base du tertre est datée, par datation 14C, entre 550 et 350 cal. BC (Pa 2288) et 430-170 cal. BC pour le sommet (Pa 2210). Cet amoncellement recouvrait trois fosses et un coffre constitué de deux couronnes de plaquettes plantées sur chant. Le résidu charbonneux d’une des fosses a été daté par 14C entre 800 et 500 cal. BC (Pa 2289).
15Ce tertre, interprété comme un aménagement cultuel résultant de la tenue d’un important banquet (Brandopferplätze), est implanté sur le sommet du cône de déjection du torrent, espace hors zone humide et hors pentes instables environnantes, propice à une installation humaine. Il succède ainsi à une occupation de la fin de l’âge du Bronze/début de l’âge du Fer, dont témoigne une fosse de combustion au comblement riche en charbons de bois (essences variées : aulne, épicéa, hêtre ; 797-541 cal. BC, Pa 2289). Cette dernière s’implante elle-même sur une occupation du Néolithique ancien marquée, sur environ 58 mètres carrés, par la présence d’objets lithiques qui en constituent les uniques témoins.
Vestiges graphiques et culture matérielle : territoires en jeu et circulation des idées au cœur des massifs alpins
16Les vestiges matériels issus des milieux d’altitude, qu’il s’agisse de peintures et gravures ou d’objets, révèlent des interactions culturelles à différentes échelles, et des connexions à des territoires situés hors des secteurs de montagne. Ils sont les témoins de l’intégration des zones alpines à une géographie culturelle en perpétuelle évolution. Ces influences culturelles se retrouvent également au tertre des Sagnes, dont la constitution en dépôts successifs peut être comparée aux Brandopferplätze mis au jour dans les Alpes orientales et centrales, entre 800 et 2 500 mètres d’altitude (Mahlknecht 2005, Pernet et Schmid-Sikimik 2007, Steiner 2010).
Les graphismes pariétaux, témoins d’interactions culturelles
17Les interactions culturelles et la circulation des idées qui en est le corollaire ont été inscrites sur et dans la pierre. Les parois rocheuses et affleurements des Alpes ont livré des vestiges graphiques qui mettent en images et matérialisent des connexions entre régions européennes dès le ve millénaire avant notre ère. Des gravures pariétales du Val d’Aoste, du Valais suisse et probablement du mont Bégo (Alpes-Maritimes) attestent ainsi des fondements idéels unissant les Alpes au golfe du Morbihan dans le contexte de la circulation des grandes haches en roches alpines (Cassen 2017a et 2017b, Cassen et al. 2017a et 2017b). Des correspondances, non seulement de formes mais aussi d’associations de formes, entre ces régions géographiquement éloignées témoignent ainsi de l’existence d’une trame idéelle commune qui transcende la diversité culturelle.
Les Alpes occidentales et l’expression schématique méditerranéenne (ve-iiie millénaire avant notre ère)
18Peut-être dès le ve millénaire, mais probablement davantage aux ive et iiie millénaires avant notre ère (Hameau 2002), des peintures schématiques investissent des abris-sous-roche d’altitude. Neuf sites en ont livré, exclusivement situés dans les Alpes occidentales (fig. 1). Le site des Oullas et l’abri Faravel en font partie. Les vestiges les plus anciens visibles sur la paroi des Oullas sont des ramiformes peints à la base du panneau rocheux (fig. 6).
19La technique de réalisation et la nature de ces figures permettent de les rattacher à l’expression schématique méditerranéenne, connue de la péninsule Ibérique au piémont italien. Cette expression se caractérise par la réalisation de peintures schématiques majoritairement dans des abris-sous-roche, parfois en grotte. Il semblerait que le choix des abris peints ait répondu à des critères de sélection préférentiels : une orientation méridionale, la présence d’une paroi orangée et d’écoulements périodiques d’eau sur ou aux abords du site, ainsi qu’une position dominante et/ou repérable dans l’environnement (Hameau 2002 et 2009). Le corpus de formes conjugue caractéristiques communes à l’ensemble des régions concernées et variabilité régionale. Il comprend essentiellement des ramiformes, soléiformes, lignes brisées, ponctuations, anthropomorphes et grilles, ainsi que des figurations animales, notamment des cervidés et caprinés. Les figures, d’exécution rapide, sont réduites à leur plus simple structure.
20Le site des Oullas répond en tous points à ces critères, tout en étant le site à peintures situé le plus haut en altitude. L’insertion chronologique de ce phénomène demeure très imprécise en l’absence de datations absolues. Toutefois, l’ensemble des indices chronologiques issus de l’environnement des sites, des superpositions de vestiges graphiques, des comparaisons entre peintures et culture matérielle et du contexte archéologique des abris lorsqu’il est présent, situent le schématisme méditerranéen dans une période comprise entre le ve et le iiie millénaire avant notre ère (Defrasne, inédit, recherche post-doctorale en cours). La paroi des Oullas a ainsi livré un terminus ante quem essentiel, les peintures schématiques étant recouvertes de gravures de poignards de type Remedello caractéristiques de la première moitié du iiie millénaire avant notre ère.
21Cette infiltration des massifs alpins par l’expression schématique est probablement également visible sur le site de l’abri Faravel. Son plafond a en effet livré deux groupes de tracés parallèles voisinant avec deux animaux affrontés, dont un probable cerf (fig. 7).
22D’autres vestiges de peintures ne sont plus identifiables, tandis que des taches colorées sont visibles sur la paroi verticale du fond de l’abri. L’animal que nous interprétons comme un cerf présente des bois rayonnants identiques à ceux de la paroi piémontaise de la Balm d’la Vardaiola (Gambari 1994 et 2007, Crosa Lenz 2001, Poletti Ecclesia 2011, Walsh et al. 2016), ainsi qu’un projectile figuré au milieu du dos. La fouille archéologique de l’abri Faravel n’a pas permis de préciser davantage la chronologie des figurations. Celles-ci sont réalisées sur le négatif d’une dalle découverte en stratigraphie, qui se serait détachée sur les niveaux du Néolithique ancien (5 295-5 045 cal. BC – 6 200 ± 40 BP, Poz 76773, 95,4 %) constituant de fait un terminus post quem pour la réalisation des peintures.
23Ainsi, les sites des Oullas et de l’abri Faravel, deux sites de haute montagne, n’en sont pas moins pleinement intégrés à un phénomène idéel d’ampleur européenne, qui rassemble les sociétés de la péninsule Ibérique au piémont italien. La construction graphique associant cerf et projectile et véhiculant l’idée de chasse invite à évoquer des affinités à plus large échelle. Un tel schéma figuratif est documenté dans le schématisme méditerranéen (Chasteuil, gorges du Verdon ; Castellane, Alpes-de-Haute-Provence), mais également dans des régions plus méridionales. Des cerfs présentant des caractéristiques et associations semblables sont peints sur les parois de la Grotta dei Cervi, à Porto Badisco (Lecce, Italie) (Graziosi 1996). Une même solution iconographique apparaît ainsi indépendante du contexte environnemental et culturel. Tout en restant prudents sur le sens à prêter à ces comparaisons entre régions très éloignées, nous pouvons interroger l’existence d’idées communes à différentes régions du Néolithique européen et leur circulation sur de grandes distances. Sont-elles l’indice d’un système idéel commun ? Quelles sont les interactions de ces graphismes à la géographie culturelle des régions concernées et aux dynamiques culturelles identifiées par ailleurs ? Ces problématiques constituent des axes de recherche essentiels, qu’il conviendra de développer ultérieurement.
Le iiie millénaire et l’influence nord-apennine
24Au iiie millénaire avant notre ère, ce sont d’autres connexions culturelles et idéelles qui peuvent être identifiées sur la paroi des Oullas. Les gravures de poignards en cuivre de type Remedello qui recouvrent les peintures schématiques figurent des objets bien connus des contextes archéologiques, et particulièrement des nécropoles de la première moitié du iiie millénaire avant notre ère de la plaine padane (fig. 8).
25Ces objets en cuivre ont été investis d’une forte valeur idéelle. Leur image apparaît alors comme un dénominateur commun à nombre de régions alpines. Elles apparaissent tant sur les stèles des sites funéraires du Petit-Chasseur à Sion, en Valais suisse, que sur celles de Saint-Martin-de-Corléans, en Val d’Aoste (Mezzena 1997, Corboud 2009). Leur nombre est décuplé sur les statues-menhirs et les affleurements rocheux des Alpes centrales italiennes (Val Venosta, Valcamonica, Valtellina), témoignant d’un investissement social et idéel de l’objet. Ces images de poignards en cuivre ornent ainsi des corps de pierre érigés en contexte cérémoniel et/ou funéraire et matérialisent une communauté d’idées propre aux régions alpines au Néolithique final/Chalcolithique. En dehors de ces secteurs, l’image du poignard Remedello se retrouve exclusivement sur la paroi des Oullas, et son absence dans le secteur du mont Bégo est notable et significative (Huet 2012 : p. 286). Elle témoigne en effet de discontinuités culturelles entre certains secteurs des Alpes du sud. Quant aux gravures de poignards documentées à Chastel-Arnaud, dans la Drôme (Morin et al. 2005), elles présentent d’importantes différences morphologiques avec les exemples italiens, qui invitent à les considérer avec prudence. Les exemplaires ubayens, identiques aux objets réels et dont l’organisation sur la paroi évoque les statues-menhirs centre-alpines, attestent donc d’une influence culturelle nord-apennine dans la vallée de l’Ubaye au iiie millénaire avant notre ère. Cette influence est perceptible jusqu’en France méridionale, avec la découverte d’un poignard de type Remedello dans le dolmen d’Orgon, dans les Bouches-du-Rhône (Courtin et Sauzade 1975).
Le guerrier de l’âge du Fer : une image transalpine
26Cette insertion de la paroi du site d’altitude des Oullas au cœur des phénomènes culturels qui ont animé l’Europe est également valable pour l’âge du Fer. Les sites funéraires de cette période sont très bien attestés en Ubaye et témoignent d’influences transalpines (Isoardi et Mocci 2019). La paroi des Oullas offre dès lors un argument supplémentaire en faveur de connexions avec le nord de la péninsule apennine à cette période.
27Une gravure de guerrier, située nettement plus haut en altitude que les sites de la même époque connus et peut-être contemporaine de la première phase du tertre des Sagnes, évoque en tous points, comme les autres pôles de l’iconographie rupestre que sont la haute Maurienne, la Valcenischia et le val de Suse, les gravures du Valcamonica, dans les Alpes centrales italiennes. Sa morphologie tend en effet à le rattacher aux vie-ve siècles avant notre ère (Fossati 1991) (fig. 9).
28Du Néolithique à l’âge du Fer, les vestiges graphiques des parois d’altitude des Oullas et de Faravel attestent non seulement d’une circulation des hommes au cœur des reliefs alpins, mais également d’une circulation des idées et d’une intégration de la haute Ubaye et des Écrins dans des phénomènes culturels et idéels d’ampleur européenne.
La circulation des matières premières lithiques
L’abri Faravel
29Avec 3 365 artefacts, l’assemblage lithique représente la majeure part des témoins archéologiques mobiliers présents sur le site de l’abri Faravel. Il faut cependant nuancer cette donnée quantitative en indiquant que la série ne représente qu’un volume et une masse pondérale limités, étant donné l’écrasante majorité des petits modules la constituant. Elle provient pour partie d’unités stratigraphiques issues de colluvionnement et se retrouve de fait fréquemment en position stratigraphique secondaire, parfois associée à des témoins plus récents. Toutefois, une partie conséquente de cet assemblage lithique a été mise au jour dans des niveaux en place correspondant aux premiers états d’occupation de l’abri. L’étude de la série est en cours et les données sont donc encore à approfondir. Les remontages, en particulier, n’ont pour l’heure pas encore été tentés. Un certain nombre de traits généraux peuvent toutefois d’ores et déjà être établis.
30En dépit d’une bonne quantité de pièces non diagnostiques, la majeure partie de cette série présente une relative homogénéité technologique et peut être assignée au premier Mésolithique (Sauveterrien ou épigones). On note ainsi la présence de plusieurs dizaines d’armatures microlithiques entières ou fragmentaires, réalisées généralement sur lamelles étroites. Parmi elles sont notamment bien représentés les scalènes. Par ailleurs, une infime quantité de pièces évoque davantage le second Mésolithique (Castelnovien). La série se caractérise de plus par une production d’éclats lamellaires et de lamelles de petit module, à partir de nucléus souvent aménagés sur éclats épais. L’outillage du fonds commun, peu représenté, est constitué principalement d’éclats retouchés et de denticulés.
31Il existe enfin une petite quantité de pièces qui se distinguent assez nettement au sein de la série et qui proviennent très probablement d’un faciès chronoculturel postérieur, en l’occurrence le Néolithique moyen. Il s’agit de fragments de lames manifestement issues d’une tout autre chaîne opératoire que celle caractérisant la production mésolithique observée par ailleurs. Il est à noter dans ce contexte que la fouille n’a livré aucun objet poli en roche tenace. Face à une quantité aussi modeste de pièces assignées à cette période, il reste difficile d’interpréter ce fait. Il pourrait en effet témoigner de la non-utilité perçue par les porteurs de cette culture matérielle de tels artefacts dans ce contexte précis (territoire investi et activités qui y sont projetées), et par conséquent de l’absence de tels objets dans le bagage des Néolithiques. Toutefois, il pourrait tout aussi bien être la conséquence d’un soin particulier accordé à la conservation de telles pièces et donc à leur transport au moment où les hommes quittent l’abri.
32Du point de vue des roches utilisées, il faut signaler d’emblée que le plateau de Faravel ne recèle pas de gîtes à silex. Les formations siliceuses repérées les plus proches ne se situent pas à moins de 10 kilomètres. Il s’agit de ressources peu intéressantes, du fait de la difficulté à les extraire de leur encaissant, d’une accessibilité à leurs gîtes également difficile et surtout de leur mauvaise aptitude au débitage. Elles n’ont pas été utilisées. À l’abri Faravel, les matières premières siliceuses sont essentiellement allochtones et leurs aires d’acquisition sont situées à plus de 50 kilomètres à vol d’oiseau, au sud-sud-ouest. L’assemblage lithique est ainsi très largement dominé par l’association des silex hauteriviens et des silex barrémo-bédouliens. La provenance de ces matériaux est localisée sur une aire située entre le sud-ouest du département des Hautes-Alpes et le nord-ouest du département des Alpes-de-Haute-Provence (ouest de Montclus, secteur de la montagne de Céüze/Barcillonette, alentours de Sisteron). Est également représenté, mais dans une faible proportion, le silex bédoulien blond, dont des gîtes sont relativement connus dans la région du mont Ventoux et des monts du Vaucluse. C’est de ce matériau que sont tirées en particulier les quelques pièces attribuées au Néolithique moyen. De façon plus modeste encore est représenté le silex rubané oligocène du bassin d’Apt-Forcalquier, à la limite du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence.
33On rencontre enfin, là encore en moindre proportion, d’autres matières premières lithiques : du quartz hyalin (d’origine très probablement alpine), de la chaille et quelques autres types de silex, en particulier une variété noire et diaclasée dont la provenance exacte n’est pas encore établie. En fin de compte, on retrouve à l’abri Faravel la plupart des matières premières lithiques rencontrées par ailleurs sur les stations préhistoriques repérées et/ou fouillées depuis une vingtaine d’années sur le plateau et la montagne de Faravel, et plus généralement dans les massifs de l’Argentiérois/Vallouise (Tzortzis et al. 2006 et 2019, Mocci et al. 2009).
Le site du tertre des Sagnes
34La série lithique constituée sur le site des Sagnes est bien modeste, avec un total de 112 pièces seulement, pour une masse limitée quant à elle à environ 160 grammes. 66 d’entre elles ont été mises au jour en stratigraphie (niveau d’occupation préhistorique et horizons protohistoriques sub-jacents), les 46 autres étant le fruit d’une collecte effectuée sur les abords immédiats du tertre, ce dernier ayant été malheureusement tronqué à au moins deux reprises au cours des temps par l’aménagement d’un chemin communal puis d’une station de pompage. L’analyse de la série a révélé des traits technologiques qui nous ont conduits à la situer sans trop de difficulté parmi les industries lithiques holocènes. La présence d’une flèche tranchante de type flèche de Montclus (armature réalisée sur lamelle par bitroncature inverse et retouche rasante directe, Orliac 1988) ainsi que l’usage avéré de la technique du microburin, avec 3 exemplaires sur lamelles de modules analogues à celui dont est tirée l’armature tranchante, nous incitent à rapprocher cet assemblage lithique des séries provenant d’horizons du Néolithique ancien de plusieurs gisements de moyenne et haute montagne des territoires alpins ou de leurs marges. Nous citerons en particulier, dans l’arrière-pays méditerranéen, l’abri Pendimoun, à Castellar (Alpes-Maritimes, Binder et al. 1993) et dans les Alpes occidentales, l’abri de La Grande Rivoire, à Sassenage, dans l’Isère (Nicod et Picavet 2013), ou bien encore le site de L’Aulp-du-Seuil, à Saint-Bernard-du-Touvet, en Isère (Bintz et al. 2004). Une attribution chronoculturelle plus précise nous semble difficile sur la seule base des données technologiques et typomorphologiques disponibles, en l’absence de céramique associée comme de datation radiocarbone du niveau d’occupation préhistorique. De par sa situation géographique, le site du tertre des Sagnes pourrait se trouver dans l’aire d’influence de plusieurs ensembles culturels du Néolithique ancien : Cardial provençal et rhodanien, Impressa ligure, voire même groupe padan de Vhò (Perrin 2004).
35L’assemblage lithique des Sagnes présente une palette relativement diversifiée de matériaux utilisés. Leur reconnaissance se fonde à ce jour sur un examen macroscopique. Elle demeure ainsi très générale et méritera bien entendu d’être complétée et précisée à l’issue d’une étude spécifique d’identification de nature pétrographique et de provenance. 25 pièces sont ainsi issues des silex barrémo-bédouliens mentionnés précédemment au sujet de l’abri Faravel. De même, le silex hauterivien, très présent à l’abri Faravel et plus généralement sur les sites d’altitude des Écrins, est représenté aux Sagnes par 18 objets. 7 artefacts sont issus du silex oligocène du bassin d’Apt-Forcalquier. Une courte majorité d’objets, soit un nombre de 26, sont issus d’un silex zoné de couleur beige-blanc dont l’origine gîtologique reste à déterminer. 23 pièces ont été tirées de matériaux variés et apparemment distincts de ceux décrits précédemment, ou bien présentent une patine blanchâtre très marquée modifiant leur aspect initial. Enfin il faut noter la part des pièces, 13 au total, ayant subi une altération thermique (coloration grisâtre, aspect faïencé, cupules) ne permettant aucune reconnaissance fiable.
36Ainsi, malgré les incertitudes pesant d’une part sur la nature exacte et l’origine des matériaux altérés et d’autre part sur celles du silex zoné, le plus représenté en nombre d’artefacts, on constate que près de la moitié de la série provient de silex allochtones. Bien évidemment, ces données sont à relativiser du fait même de la petitesse de la série et de l’impossibilité d’évaluer la représentativité d’une telle documentation vis-à-vis du site dans son état initial.
Synthèse : assemblages lithiques, longues distances et exploitation des écosystèmes d’altitude
37Sur les deux sites, la forte représentation des matières premières lithiques allochtones, en provenance de sources lointaines, hors des hautes vallées et massifs centraux alpins, atteste de circuits d’acquisition à longue distance, très probablement dans le cadre d’une fréquentation et d’une exploitation saisonnière de ces territoires de haute altitude (fig. 10).
38Témoignent sans doute aussi de ces transports à longue distance pour une présence temporaire la masse et le volume modestes des deux séries. Pour l’abri Faravel, où le nombre d’artefacts est toutefois sensiblement plus élevé, et en mettant de côté certains traits technologiques et culturels propres au premier Mésolithique en général (production de petits supports pour confectionner des armatures microlithiques), cette nette prédominance de la fraction fine au sein de l’assemblage lithique peut être aussi, en l’occurrence, la conséquence de deux pratiques non exclusives. Nous pensons ici, d’une part, au fait de limiter la quantité de matière première emportée sur le secteur afin de faciliter les déplacements depuis ses lointains gîtes. Ceci amenuise d’autant les activités de débitage et de façonnage sur le site, bien que la plupart des différents produits et sous-produits de la chaîne opératoire soient représentés dans la série, ce qui n’est toutefois pas le cas dans le petit lot de pièces assignées au Néolithique moyen, produites vraisemblablement ailleurs. Nous pensons aussi, d’autre part, au fait de conserver avec soi (de faire durer) autant que possible un grand nombre d’artefacts lithiques, qui ne seront donc pas laissés sur le site.
39Comme à l’abri Faravel, beaucoup d’indices semblent indiquer que la matière première lithique n’a été introduite sur le site des Sagnes qu’en quantité restreinte. Là encore, cette donnée est sans doute à mettre en lien d’une part avec son origine lointaine (du moins dans une proportion très importante), et d’autre part avec les conditions particulières qu’engendrent les longues distances et l’altitude en ce qui concerne les déplacements. Pour être davantage nourrie, cette problématique nécessite toutefois qu’un travail plus approfondi, notamment de prospection, soit mené sur la nature et l’origine précise de certains matériaux présents dans la série.
40Au sein de l’assemblage lithique, le silex beige-blanc est celui qui présente le plus d’éléments d’une chaîne opératoire de débitage, avec ses produits intentionnels et ses sous-produits, en particulier l’unique nucléus décompté. Il s’agit du seul témoignage allant dans le sens d’un débitage sur place. Aucun remontage n’a pu toutefois être opéré, ce qui peut laisser supposer qu’une partie de cette production a été récupérée et emportée ailleurs.
41Les autres matériaux sont surtout représentés par les supports, parmi lesquels se dégage une assez forte proportion de produits élancés de plein débitage, en l’occurrence des lamelles. Un tel fait peut signifier que cette partie de l’assemblage lithique a été produite ailleurs, puis conduite sur place, comme nous le pensons pour les pièces attribuées au Néolithique moyen de l’abri Faravel. Aux Sagnes, en contexte néolithique, si la retouche des supports est dans l’ensemble assez peu développée, la production ou du moins la possession d’armatures géométriques est en revanche attestée, ce qui sous-entend l’usage de l’arc et des flèches. En tenant compte notamment des spécificités de l’environnement du site, avec, en premier lieu, la proximité immédiate d’un point d’eau important, il nous semble tout à fait fondé d’associer cette occupation préhistorique à des motivations analogues à celles ayant prévalu à l’installation de groupes humains à l’abri Faravel et plus généralement sur le plateau du même nom. Ces motivations renvoient à des activités saisonnières pouvant ne mettre en œuvre qu’un groupe restreint d’individus qui évoluent dans les espaces montagnard et subalpin : chasse et collecte spécialisées, ciblées sur des niches écologiques spécifiques ; pastoralisme à compter du Néolithique, une pratique qui implique très probablement encore une part de chasse pour assurer l’ordinaire des pasteurs ainsi que le souci de préserver les troupeaux des prédateurs éventuels, loups, ours, félins.
La céramique : des caractéristiques alpines ?
42Fait inédit en contexte d’altitude dans la région, les fouilles réalisées à l’abri Faravel ont également permis la découverte de mobilier céramique. Seuls quelques cas comparables sont connus sur des sites des Alpes orientales (Reitmaer 2012 : p. 30).
43Les 121 tessons récoltés correspondent à seulement 3 – éventuellement 5 – vases différents, présentant une homogénéité manifeste. Cette production se caractérise par l’utilisation d’une argile contenant naturellement des inclusions de muscovite, dans laquelle ont été adjointes des fibres d’amiante. Les surfaces, bien que sensiblement érodées, montrent les traces d’un brunissage sommaire, et ces récipients ont été cuits dans une atmosphère réductrice leur conférant des teintes noirâtres. Ces vases bénéficient de morphologies relativement simples, aux lèvres aplaties : elles correspondent à deux gobelets et un pot aux parois presque parallèles, de délinéation convexe ou légèrement sinueuse (fig. 11).
44Ces formes évoquent des récipients du tertre des Sagnes (Garcia et al. 2007 : fig. 13, n° 106.3/033 et 106.3/035). En outre, sur ce site, une partie de la céramique modelée se caractérise également par des pâtes amiantées. Elle est associée à des fragments de céramique à pâte claire massaliète et grise celtique, ainsi qu’à des mortiers italiques autorisant une datation du second âge du Fer, à la fin du iiie siècle avant notre ère ou du début du iie siècle avant notre ère (Garcia et al. 2007 : p. 41). Cette chronologie pourrait donc également convenir aux récipients de l’abri Faravel, en accord avec la datation par le radiocarbone obtenue pour l’US 118G, de laquelle provient d’ailleurs une partie du mobilier.
45Des céramiques à pâtes amiantées sont notamment produites en Corse au second âge du Fer, ce minéral étant particulièrement abondant dans le nord de l’île. Ces productions, qui ont été diffusées vers la côte étrusque, à Populonia, en transitant par l’île d’Elbe, se démarquent néanmoins des vases de l’abri Faravel par des formes différentes et des surfaces peignées (Paolini-Saez 2012, Peche-Quilichini et Chapon 2012, Peche-Quilichini et Piccardi 2013).
46La céramique de l’abri Faravel a donc vraisemblablement une provenance régionale ; le dégraissant utilisé pourrait notamment provenir du gisement d’amiante du vallon de Péas, à Château-Ville-Vieille, dans le Queyras, exploité au début du xxe siècle et localisé à une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau du site. L’intérêt de son incorporation dans l’argile est probablement technique. En effet, l’amiante offre une très bonne résistance aux chocs mécaniques et thermiques, de par son caractère réfractaire et son élasticité. Elle permet en outre de confectionner des vases aux parois fines et faiblement poreuses (Istria 2007, Paolini-Saez 2012, Peche-Quilichini et Chapon 2012). Son utilisation pourrait ainsi être dédiée à une catégorie de vaisselle servant à la cuisson de préparations liquides. Cette proposition n’est pas incompatible avec les analyses des résidus organiques extraits de ces tessons, lesquelles indiquent la présence de graisses animales issues de ruminants et de non-ruminants (identification biomoléculaire des marqueurs chimiques réalisée en 2014 par F. Carrer et A. Lucquin au laboratoire BioArCh, université de York).
47Le mobilier céramique de l’abri Faravel, et par extension celui du tertre des Sagnes, peut ainsi être interprété comme une production spécifique aux Alpes méridionales, dont le caractère régional est confirmé par l’emploi de la technique du modelage et d’un dégraissant local. Son répertoire se distingue par ailleurs nettement des productions plus méridionales de la région provençale. Ainsi les affinités stylistiques dont il témoigne renvoient-elles plutôt au domaine continental plutôt que méditerranéen (Garcia et al. 2007 : p. 42). En l’état actuel des recherches, l’utilisation de cette céramique n’est illustrée que sur deux sites, mais cette production demeure aisément reconnaissable, en particulier par la présence d’amiante dans la pâte, ce qui devrait permettre à l’avenir de définir plus précisément son aire de diffusion.
Conclusion
48Les données archéologiques issues des travaux réalisés dans les Alpes méridionales depuis une vingtaine d’années, et plus particulièrement dans les massifs des Écrins et de l’Ubaye, documentent ainsi des circulations montagnardes et transalpines dès le Néolithique. Au Mésolithique et Néolithique, les matières premières lithiques employées par les groupes fréquentant ces secteurs de montagne proviennent essentiellement, à ce jour, des zones pré-alpines, dans les secteurs de Sisteron (Céüze et Barcillonette), du mont Ventoux et des monts de Vaucluse, et dans une moindre mesure du bassin de Forcalquier. L’origine de ces matières premières implique des circulations montagnardes par des vallées pénétrant les massifs alpins des Écrins et de l’Ubaye jusqu’aux zones d’altitude où elles sont découvertes. Les sites « intermédiaires » font encore défaut pour restituer les circuits effectifs de ces groupes qui explorent des territoires sur de longues distances. Nous pouvons émettre l’hypothèse que la seule fréquentation récurrente de ces territoires pourrait être un facteur favorisant l’avènement des itinéraires transalpins parcourus aux périodes plus récentes. Des circulations transalpines à proprement parler sont, en revanche, attestées par les peintures et gravures rupestres. Au Néolithique moyen et récent/final, l’expression schématique méditerranéenne présente dans l’ensemble de la péninsule Ibérique et en France méridionale est en effet attestée dans les massifs alpins occidentaux jusqu’en Piémont. Au iiie millénaire avant notre ère, la charge sociale et idéelle prêtée à l’objet « poignard en cuivre » dans les Alpes centrales italiennes se diffuse jusque dans la haute Ubaye, où il est gravé sur une paroi bordant une importante voie de circulation reliant la vallée de la Durance et le Piémont. Ces circulations transalpines sont également attestées pour l’âge du Fer par la présence en Ubaye d’une gravure témoignant de connexions à la sphère italique ainsi que d’un Brandopferplatz, lieu cultuel largement documenté dans les Alpes centrales et orientales. Tous ces vestiges mettent en évidence l’intégration de ces secteurs d’altitude dans les phénomènes culturels et idéels qui ont animé l’Europe pré- et protohistorique et l’articulation entre circulations montagnardes et circulations européennes propres à chaque période (Hafner 2012, Jennings 2017, Lachenal 2008, Petrequin et al. 2006).
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10.11141/ia.42.1 :Auteurs
Aix-Marseille Université, CNRS, LaMPEA, Aix-en-Provence, France
Aix-Marseille Université, CNRS, Centre Camille Jullian, Aix-en-Provence, France
University of York, Department of Archaeology
Ministère de la Culture, direction régionale des affaires culturelles de PACA, service régional de l'archéologie et Aix-Marseille Université, CNRS, EFS, Anthropologie bioculturelle, droit, éthique, santé (ADES), Marseille, France.
ORCID : 0000-0003-3313-7284
Aix-Marseille Université, CNRS, Centre Camille Jullian, Aix-en-Provence, France ; Institut de recherche pour le développement ; Avignon université, Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE)
ASM - Archéologie des sociétés méditerranéennes, UMR 5140, Univ Paul-Valéry Montpellier, CNRS, MCC, F-34000 Montpellier, France
Aix-Marseille Université, CNRS, Centre Camille Jullian, Aix-en-Provence, France
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016