Histoire de la migration marchande de la Vallée de Barcelonnette : une première esquisse
Résumé
Une série de recherches sur l’émigration saisonnière, nous permet aujourd’hui d’esquisser une première histoire sur cinq siècles de l’émigration marchande de la Vallée de Barcelonnette. Quatre « âges » ont pu être définis. À l’âge du « grand commerce » (xve-début du xviie siècle), succède un âge de « repli sur l’espace régional » au début du xviie siècle où les marchands se spécialisent dans la diffusion de textiles en Piémont et dans la république génoise. Les années qui suivent le rattachement de la Vallée de Barcelonnette à la France voient l’avènement de l’âge du « colportage » (années 1740-première moitié du xixe siècle) durant lequel les valéians commercent en Provence, en Bourgogne, en Flandre et les rues de la ville de Lyon. Les nouvelles conditions économiques ne permettant plus le développement de ces réseaux marchands en Europe, ceux-ci s’exportent et se déploient en Louisiane et au Mexique, au cours de l’âge des « Amériques » (années 1840-xxe siècle).
Texte intégral
1Lorsque l’on évoque l’émigration dans la Vallée de Barcelonnette1 (fig. 1), immanquablement, c’est la spectaculaire et originale migration des Barcelonnettes au Mexique qui vient à l’esprit. Cependant les nombreuses données recueillies et rassemblées par l’association historique Sabença de la Valéia, par les érudits locaux des siècles précédents et par le musée de Barcelonnette indiquent que, dès le xviie siècle au moins, le commerce était pratiqué par les habitants de cette vallée dans différentes régions de France et quelques pays limitrophes.
2Depuis le début des années 2000, nous avons entrepris toute une série de recherches visant à comprendre l’émigration saisonnière de cette vallée pour les deux derniers siècles de l’Ancien Régime en essayant de reconstituer les réseaux migrants. Trois études y ont été particulièrement consacrées. Une première, inédite, menée à partir des archives judiciaires produites par les deux tribunaux ayant pour ressort la Vallée dans son ensemble2, nous a permis de comprendre dans ses grandes lignes les réseaux marchands de la période 1752-1791 à l’échelle du territoire. Grâce à une deuxième, qui sera bientôt partiellement publiée3, effectuée grâce à l’exploitation des archives judiciaires et notariales de la communauté d’habitants de Jausiers entre 1610 et 17304, nous avons pu reconstituer les réseaux migrants à une échelle plus restreinte. Une troisième, elle aussi inédite, qui synthétise à la fois des données issues des listes des registres du tirage au sort (1817-1860)5 et les registres de passeport pour l’extérieur (1833-1860)6 nous a donné la possibilité d’évaluer la situation des réseaux migrants dans leurs grandes lignes et d’identifier quelques évolutions durant la première moitié du xixe siècle. L’ensemble de ces travaux, ainsi que la synthèse des données éparses connues, complétés par une étude rapide réalisée dans les registres de l’insinuation de Barcelonnette entre 1611 et 16347 et par une autre dans les archives notariales de Jausiers entre 1730 et 1820, nous permettent aujourd’hui d’esquisser une première histoire des réseaux marchands de la Vallée de Barcelonnette.
L’âge du « grand commerce » (xve-début du xviie siècle)
3En raison du faible nombre de données disponibles, cette période et ses bornes ont été déterminées essentiellement par rapport à nos connaissances des réseaux marchands suivants et aux quelques informations rassemblées sur ces siècles qui clôturent le Moyen Âge et couvrent une bonne partie de l’époque moderne. Si le début de la chronologie est vague et approximatif, la fin est mieux établie. À Jausiers, l’analyse des archives indique que la période, qui s’étend d’au moins 1610 jusqu’aux années 1640, constitue un temps de transition et de mutation pour son réseau marchand. Ce découpage arbitraire ne recouvre donc aucune réalité historique mais permet d’établir l’ancienneté des réseaux marchands et quelques-unes des caractéristiques que nous retrouverons tout au long de leur histoire. Nous l’avons dénommé l’âge du « grand commerce » car, contrairement aux âges suivants, le réseau marchand valéian semble géographiquement plus étendu et moins spécialisé que ses successeurs.
4Actuellement, les premiers marchands valéians8 identifiés sont Marcellin Guiramand de Barcelonne et, peut-être, Pierre Textoris, installés à Aix-en-Provence. En 1405, ils s’associent avec Pierre Barre marchand drapier de Marseille. Dans cette société ce dernier fournit deux tiers du capital et se charge de garantir l’approvisionnement en marchandises provenant des différentes foires du royaume de France qu’il fréquente. Leur société est spécialisée dans le commerce de draps qu’elle diffuse dans la cité via une boutique acquise avant 1411. Durant la première moitié du xve siècle, Marcellin et Pierre Textoris poursuivent leur activité avec d’autres associés constituant plusieurs sociétés successives. Au même moment, une autre compagnie marchande drapière valéiane possédant une boutique exerce son activité à Aix. Il s’agit de la société associant Jacques Guiramand et un marchand de Pertuis9.
5Il est impossible de dire, avec ces deux seuls exemples, si un réseau marchand valéian existe dès le xve siècle. Cependant les caractères originaux qui transparaissent à travers l’histoire de ces deux boutiques (sociétés ou compagnies marchandes valéianes groupant de deux à quatre associés se livrant à l’importation de marchandises textiles revendues dans leur région d’implantation grâce à des boutiques situées en ville) et que l’on retrouvera, à quelques exceptions près, dans quasiment tous les réseaux suivants jusqu’au xxe siècle, plaident en faveur de l’existence de réseaux marchands valéians actifs dès le dernier siècle du Moyen Âge.
6Dans la première moitié du xviie siècle, l’échantillon de 75 marchands, collecté dans les registres de l’insinuation de Barcelonne, nous met en présence d’un réseau marchand qui s’étend de la Toscane à l’Espagne avec cependant une assez forte concentration d’individus en Provence et dans la basse vallée du Rhône (fig. 2). Même si nous ne connaissons pas les logiques qui ont présidé à une telle configuration, il est intéressant de noter que ce réseau semble utiliser les voies commerciales traversant les Alpes qu’empruntent certaines marchandises, notamment textiles10.
7Même si le type de commerce pratiqué n’est connu que pour une minorité d’entre eux, les marchands repérés dans l’insinuation sont des commerçants qui exercent le grand commerce et sont spécialisés dans les tissus, essentiellement les draps, à l’exemple de Pierre Gastinel. Ce natif de la paroisse de Saint-Pons est installé à Palma de Majorque où il possède une boutique de tissus depuis 1608 environ11. Ce marchand s’intéresse également à ce qui fait la richesse de l’île : l’huile, le blé, qu’il exporte. Cette propension à investir ses capitaux dans les secteurs assurant la richesse des régions où l’on est installé est aussi une caractéristique très forte des réseaux marchands valéians des siècles suivants, du moins pour les commerçants les plus importants. Pierre appartient sans l’ombre d’un doute à un réseau marchand valéian, il est en affaire avec ses cousins Pierre Bruet de Barcelonne et Glaud Lion installé à Marseille. Entre 1616 et 1632, il prend en apprentissage12 au moins cinq jeunes gens de sa vallée d’origine. Il existe également une autre boutique tenue par un valéian qui vend des tissus à Palma de Majorque : celle de Jean Graugnard13.
8Les échantillons collectés de marchands au début du xviie siècle tant à Barcelonne qu’à Jausiers semblent indiquer que les réseaux marchands ne comprennent pas que des commerçants effectuant le grand commerce mais aussi de plus petits se livrant à un commerce beaucoup plus modeste, pratiquant peut-être le colportage. C’est ce que semblent indiquer, même si nous n’en avons pas la preuve formelle, à la fois la forte concentration des marchands valéians dans une zone géographique assez limitée (basse vallée du Rhône et Provence) et les implantations repérées dans de toutes petites villes, voire des villages.
L’âge des réseaux marchands en Piémont et dans les États génois (début xviie siècle-années 1740)
9À Jausiers (communauté d’habitants comprenant 335 maisons en 1702)14, les échantillons de marchands ou supposés tels, indiquent que les 40 premières années du xviie siècle marquent la fin d’une période de mutation de son réseau marchand. Cohabitent ainsi des marchands fréquentant la Provence, la basse vallée du Rhône (fig. 3), la Toscane, et d’autres, toujours plus nombreux au fil des années, la plaine piémontaise. Passé les années 1650, seule cette dernière destination avec, dans une moindre mesure, la côte génoise, à partir des années 1660, sont fréquentées et sillonnées par les commerçants jausiérois. L’impression, non vérifiée faute de connaissances sur la période précédente, est que ce redéploiement du réseau s’accompagne d’une spectaculaire montée des effectifs. Sur la période 1615-1730, l’échantillon de marchands constitué compte 612 individus commerçant en Piémont et 28 dans les états génois (fig. 4). De toute évidence se produit à Jausiers, bien que plus précocement et suivant des modalités et une chronologie différentes, un phénomène que Laurence Fontaine avait décrit et appelé le « repli sur l’espace régional »15.
10Ce nouveau réseau se compose de marchands associés, comme à l’âge précédent, au sein de sociétés établies pour des durées variant de quatre à dix ans, dont chaque membre apporte une partie du capital (en numéraire mais aussi en marchandises). Ces compagnies marchandes, dont les associés ont souvent des liens de parenté plus ou moins éloignés, se livrent à un commerce transalpin. Elles importent en Piémont et sur la côte génoise, grâce à de véritables caravanes muletières qu’ils affrètent, des marchandises textiles (draps, toiles très majoritairement) et un peu de merceries provenant d’une grande partie du royaume de France. Si quelques marchands font le déplacement jusqu’en Bourgogne ou en Languedoc pour leurs achats, la très grande majorité des compagnies marchandes s’approvisionnent à Lyon, alors le deuxième marché textile du royaume où, souvent, un des associés demeure une partie de l’année afin de gérer les achats. Ces sociétés importent aussi une production régionale de draps de laine bon marché, cadis et surtout cordeillats, fabriqués majoritairement dans la Vallée du Verdon (draps dits « de Colmars ») mais aussi dans la Vallée de Barcelonnette. Les marchandises sont réceptionnées et stockées dans les boutiques appartenant à la société. Celles-ci sont installées dans les trois principales villes de la plaine piémontaise : Torino, Casale-Montferrato et, dans une moindre mesure, Cuneo. Dans leur boutique, les compagnies marchandes vendent les marchandises importées, en gros, à d’autres marchands de la ville ou des villes voisines et, au détail, à une clientèle urbaine. Ils approvisionnent aussi, exception faite des draps de Colmars et de la Vallée de Barcelonnette, leurs nombreux compatriotes merciers16.
11Ces derniers représentent l’essentiel de l’effectif. Ils pratiquent le métier de marchand de manière saisonnière, généralement d’octobre à avril. Leur commerce se limite à visiter au cours de leur tournée, plusieurs fois dans l’hiver, une clientèle rurale, résidant dans une dizaine de villages (fig. 5), à qui ils vendent généralement à crédit. Leur assortiment de marchandises, transporté par un mulet ou directement à dos d’homme pour les plus modestes, se compose de draps de Colmars et/ou de la Vallée de Barcelonnette qu’ils ont acquis avant leur départ et de draps, de toiles, d’autres marchandises textiles et de merceries achetés dans les boutiques de leurs compatriotes chez qui ils se rendent plusieurs fois dans l’hiver afin de se réapprovisionner. Ce réseau marchand comprend également des marchands-boutiquiers. Ce sont d’anciens merciers ou de jeunes marchands qui ont ouvert des boutiques destinées à écouler le même type de marchandises que leurs congénères mais dans des villes plus modestes que celles où sont installés les magasins des compagnies marchandes, ou dans de gros bourgs. Sur la période étudiée, ce sont 32 villes et bourgs du Piémont et de la côte génoise qui ont compté au moins une boutique tenue par des Jausiérois.
12En l’état actuel de nos recherches, il apparaît que le réseau marchand, qui a identifié et exploite déjà, avec l’importation de draps de Colmars, un marché porteur pour des draps de laine destinés à une clientèle modeste, a permis la naissance et le développement d’une industrie drapière dans la Vallée. Beaucoup d’indices recueillis dans les archives durant les années 1610-1620 indiquent l’émergence de cette industrie : de nouveaux foulons à drap sont construits à Saint-Paul et à Jausiers notamment17. Les foulonniers qui prennent à rente ces nouveaux établissements sont des spécialistes qui viennent de l’extérieur de la Vallée18. Un certain nombre de tisserands originaires du Haut-Verdon s’installent à Jausiers et Barcelonnette où se fonde une confrérie Saint-Blaise19 composée en partie de d’individus originaires de cette vallée voisine. Des contrats d’apprentissage passés par des tisserands de Colmars sont repérés dans les registres de l’insinuation de Barcelonne jusqu’au début des années 1620. De mêmes normes de fabrication indiquent également que la création/transformation d’un artisanat domestique en industrie s’est faite grâce à un transfert de savoir-faire du Haut-Verdon vers la Vallée de Barcelonnette. À la fin du xviie siècle, la Vallée exporterait aux alentours de 5 000 pièces de draps cordeillats20.
13Les fortunes acquises par les marchands dans le commerce s’investissent dans l’industrie de la soie qui fait la fortune du Piémont21. Idéalement placées sur la route commerciale entre Turin et Lyon, premier centre européen de production de tissus de soie, les principales compagnies marchandes jausiéroises s’intéressent dans la deuxième moitié du xviie siècle à ce commerce. Dans les années 1680, certains marchands deviennent propriétaires de moulins à soie en Piémont et d’autres réunis autour de la famille Laugier, construisent à partir de 1681 deux moulins à soie dans la Vallée, à Jausiers et à Uvernet. Enfin, en vrais professionnels de la vente à crédit ou pour faciliter les transactions financières des compagnies marchandes auxquelles ils appartiennent, certains marchands se lancent dans le commerce de l’argent en devenant marchands-banquiers en Piémont ou à Lyon.
L’âge du colportage (années 1740-première moitié du xixe siècle)
14Le réseau marchand de Jausiers subit, à partir des années 1730, de profondes transformations. Sans que nous en connaissions tous les tenants et les aboutissants, il apparaît que ce sont les multiples conséquences induites par le rattachement de la Vallée de Barcelonnette à la France en 1713 qui en soient à l’origine22. L’augmentation importante des droits de douane portant sur les marchandises françaises entrant en Piémont et sur la soie piémontaise importée en France sape, pour l’essentiel, les principaux ressorts du commerce jausiérois. Les marchands et merciers prenant la route du Piémont se font de plus en plus rares surtout à partir des années 1760 jusqu’à disparaître quasiment complètement dans les années 179023. Si la destination génoise se maintient sans grands changements, de nouvelles aires commerciales apparaissent progressivement : la Provence, Lyon, la Bourgogne et de manière marginale la Flandre. Ces nouveaux réseaux marchands se composent exclusivement d’individus appelés marchands-colporteurs ou marchands-forains (en Bourgogne). Les compagnies marchandes ne sont pas à la tête de ces réseaux, leurs anciens membres sont devenus marchands, industriels ou rentiers majoritairement en Piémont ou à Lyon ou dans la Vallée. Les colporteurs, à la fin du siècle, sont à présent minoritaires à Jausiers. Une très grande partie des enfants de merciers se sont transformés, pour la période hivernale, en porteurs de curiosité c’est-à-dire en montreurs de marmottes, en porteurs de lanterne magique, en joueurs de vielle ou d’orgue. À partir des années 1760/1770, le réseau dominant dans cette communauté d’habitants n’est plus un réseau marchand.
15L’évolution constatée à Jausiers, du moins en ce qui concerne le déclin puis la fin du réseau marchand piémontais et l’émergence de nouvelles aires commerciales, se retrouve dans l’échantillon de 386 marchands rassemblé pour la seconde moitié du xviiie siècle. Même si nous manquons de données, les archives utilisées semblent indiquer que pour une majorité de paroisses, des marchands fréquentaient le Piémont jusqu’au début des années 1760. Enclenché apparemment aussi au cours des années 1730, un mouvement de reconversion touche la plupart d’entre elles. Le petit réseau à destination de la côte génoise se maintient sans grands changements. Les réseaux marchands des hameaux de la partie supérieure du vallon du Bachelard (paroisse de Fours) et de la paroisse de Maurin continuent à rester spécialisés dans le commerce en Piémont, ils n’importent plus de marchandises françaises, du moins légalement, et se réduisent à la seule dimension colporteuse. Ceux des autres paroisses diminuent et changent de destination comme à Jausiers pour laisser la place à d’autres spécialités migrantes ou se reconvertissent complètement dans de nouvelles aires commerciales déjà identifiées à Jausiers : Provence, Bourgogne-France-Comté, Flandre orientale-Sud-est des Pays-Bas et, nouveauté, la ville de Lyon (fig. 6) où les valéians pratiquent un colportage non plus en zone rurale mais en zone urbaine, un ensemble de rues ou un quartier remplaçant la dizaine de villages visités chaque hiver24.
16Ces réseaux colporteurs demeurent spécialisés dans la vente de marchandises textiles complétées de mercerie. Ils reposent avant tout sur la diffusion de produits importés dans les campagnes de la nouvelle aire commerciale comme en Piémont (fig. 7). Dans les Flandres, les colporteurs vendent des marchandises provenant d’Angleterre, de France, d’Allemagne, de Suisse et du sud de la Belgique actuelle. Alors qu’apparemment dès le départ, le réseau piémontais maîtrisait ses approvisionnements via les compagnies marchandes, ce n’est pas le cas pour ces nouveaux réseaux lors de leur création. Les colporteurs se fournissent, au début, auprès de marchands locaux installés dans les plus grandes villes. C’est seulement dans un deuxième temps, que d’anciens colporteurs enrichis s’associent afin de créer des boutiques et devenir importateurs-fournisseurs reformant des réseaux complets allant du grossiste-importateur au colporteur en passant par le marchand-boutiquier. Cette évolution est surtout vraie pour les réseaux bourguignon, lyonnais et peut-être provençal et semble inachevée dans les Flandres. Ces réseaux diffusent également, sauf dans les Flandres, des draps de Colmars et de la Vallée de Barcelonnette, mais en bien moindre quantité que du temps du plein développement de l’âge précédent. D’une manière générale ces nouveaux réseaux, comme nous l’avons constaté à Jausiers, ne réussissent pas quantitativement à absorber tous les anciens merciers et ne trouvent également pas de débouchés assez larges pour la production drapière régionale.
17L’industrie drapière locale entame ainsi à partir des années 1730 un long déclin qui se terminera par sa disparition complète dans la première moitié du xixe siècle malgré des tentatives de modernisation, de montée en gamme, voire de reconversion dans d’autres productions comme le coton25. Son principal débouché dans la seconde moitié du xviiie siècle demeure le Piémont malgré, en 1760, l’interdiction d’importation des draps français prise par le royaume de Piémont-Sardaigne. Finalement, le moyen le plus efficace que les valéians ont trouvé pour maintenir au moins en partie l’activité de leur industrie drapière jusqu’à la Révolution fut la contrebande. Victimes collatérales également des politiques protectionnistes du royaume de France et du Royaume de Piémont-Sardaigne, les moulins à soie de la Vallée connaissent de premières difficultés un peu avant les années 1750. Ces moulins, après une longue agonie, disparaissent eux aussi, à la veille de la Révolution pour celui d’Uvernet et au début du xixe siècle pour celui de Jausiers26.
L’âge des Amériques (années 1840-xxe siècle)
18À partir des années 1820, de nouveaux changements sont perceptibles dans les réseaux migrants de la commune de Jausiers (qui a succédé à l’ancienne communauté d’habitants dans les mêmes limites en 1790). Même si les chiffres sont modestes, les registres du tirage au sort reflètent assez fidèlement les évolutions constatées à travers l’ensemble des archives utilisées. Ils permettent de constater l’émergence puis le développement d’une migration importante d’ouvriers en soie vers Lyon (tabl. 1). Ce phénomène marque une rupture dans l’histoire des réseaux migrants de cette commune, car ce n’est plus un mouvement massif saisonnier mais quasiment annuel. Il semblerait que l’on soit en présence des prémices de l’exode rural qui, progressivement tout au long du xixe siècle, prive la Vallée d’une partie importante de sa population. Ces registres permettent également de noter que la migration des porteurs de curiosité décline puis disparaît et que s’initie et se développe, de manière quasi simultanée, une migration marchande vers la Louisiane et le Mexique (à partir des années 1830), ce que confirment les registres de passeports pour l’extérieur (tabl. 2). Ces mouvements deviennent réellement massifs dans la seconde moitié des années 1840 au moment où l’émigration des ouvriers en soie s’éteint progressivement. Jausiers devient le foyer principal de ces nouveaux réseaux et redevient une commune où la marchandise domine27. Bien qu’il soit impossible d’y mesurer une quelconque évolution des réseaux colporteurs, vu la modestie des jeunes hommes concernés, le recoupement de données collectées dans les communes où les réseaux marchands dominaient montre que les réseaux vers les Flandres, la Bourgogne, Lyon, la Provence et peut-être la république génoise demeurent actifs jusqu’à la fin des années 1840, alors que le Piémont a complètement disparu dès la fin des années 1810. Passé 1850, seuls se maintiennent le réseau flamand (jusque peut-être dans les années 1870-1880) et dans une moindre mesure le réseau bourguignon.
19Si d’une manière générale, nous n’avons pu décrire les évolutions du début du xixe siècle que dans leurs grandes lignes et de manière très approximative pour les réseaux migrants précédents étant donné la modestie des échantillons rassemblés et l’absence d’études, la situation est tout autre pour l’émigration vers la Louisiane et le Mexique grâce à une bibliographie assez fournie et à des archives qui mesurent mieux les pratiques migratoires qu’auparavant28. Le réseau louisianais se met en place à partir des années 1830, connaît son apogée dans les années 1860-1880 puis disparaît progressivement29. Quantitativement parlant, c’est un réseau modeste mobilisant moins de 200 individus et se déployant pour l’essentiel dans quelques paroisses le long des rives du Mississippi entre la Nouvelle Orléans et le nord de la ville de Bâton Rouge (fig. 8). Les valéians, originaires principalement de Jausiers et des communes voisines de la Condamine-Châtelard et de Faucon, vendent dans les plantations qui s’échelonnent le long du fleuve, tout ce dont les ouvriers et employés ont besoin : textiles et merceries, mais aussi des outils et de la nourriture. Ce sont des colporteurs qui transportent leurs marchandises sur des charrettes attelées. Ils visitent leurs clients plusieurs fois par an et exercent ce métier toute l’année. On constate une évolution, même si certaines questions comme les approvisionnements ont très peu été étudiées, similaire à celle des réseaux colporteurs. À partir des années 1840, les premières boutiques apparaissent et se multiplient. Il semblerait que progressivement le réseau maîtrise ses approvisionnements et se fait importateur de marchandises, ce dont paraît témoigner l’histoire du magasin des frères Jaubert de la Nouvelle Orléans. Puis, comme du temps des réseaux marchands piémontais, les capitaux accumulés par certains s’investissent dans les secteurs économiques qui font la richesse de leur région d’implantation : achat de plantations et de sucreries, participation à la fondation de banques.
20Le schéma de développement est différent pour le réseau marchand mexicain30. Il repose d’emblée sur l’implantation de boutiques, dénommées cajones de ropa, spécialisées dans la vente de marchandises textiles. La première à Mexico, la capitale du pays, est fondée en 1827 par un marchand jausiérois, Dominique Arnaud qui appartient à une dynastie de marchands-industriels dont les affaires se trouvent à Jausiers mais aussi à Lyon31. Et effectivement parmi la première génération de boutiques à se mettre en place dans ce pays d’Amérique centrale apparaît l’affaire de la famille Gassier qui possède déjà une banque à Barcelonnette32. Nous retrouvons ensuite le même cas de figure qu’en Piémont deux siècles plus tôt : l’implantation et les premiers développements de ce réseau marchand se font à l’initiative et sous l’impulsion des plus importants marchands qui attirent ensuite dans leur sillage leurs nombreux compatriotes. Ceux-ci ne sont plus des colporteurs qui développent leur commerce dans les campagnes et s’approvisionnent dans les magasins de leurs compatriotes, mais des employés qui vont être embauchés directement afin d’être vendeurs dans l’établissement ou, pour quelques-uns, voyageurs de commerce sillonnant ainsi une partie du pays au profit de leurs patrons. Un certain nombre d’entre eux réussissent, après quelques années de travail, à s’associer à d’autres valéians, et, avec l’appui de leurs anciens patrons, à développer leur propre affaire.
21Les affaires des Barcelonnettes au Mexique s’organisent, jusqu’à la fin du xixe siècle, de la même manière qu’en Piémont. Elles regroupent des marchands associés qui apportent chacun une partie du capital et concluent des contrats de société pour des durées allant de 4 à 8 ans en général. Ces marchands-associés diffusent dans leur magasin des marchandises textiles d’importation qui proviennent pour beaucoup d’Europe mais aussi, très certainement, des États-Unis. Progressivement, à partir des années 1870, le réseau maîtrise ses approvisionnements via les plus importants commerces et se fait, même, importateur de marchandises dans le pays.
22Le réseau se développe de manière exponentielle à partir de la fin des années 1840. En 1864, les 45 magasins recensés (dont 19 à Mexico) emploient près de 400 Barcelonnettes comme vendeurs33. En 1890, on compte 110 maisons de commerce valéianes dont certaines se transforment en grands magasins comme à Paris ou à Londres34. L’apogée du réseau est atteint à la veille de la révolution mexicaine de 1910. Des jeunes partiront vers ce pays jusqu’au début des années 1950. Comme en Piémont, à Lyon ou en Louisiane, les capitaux accumulés s’investissent dans l’industrie, surtout textile, la banque, voire dans le secteur agricole dans certaines provinces.
23Cette première esquisse de l’histoire marchande de la Vallée de Barcelonnette, quoique très incomplète et très imparfaite, a permis pour la première fois d’établir une filiation étroite entre différentes migrations qu’aujourd’hui nous pouvons qualifier de marchandes. Le spectaculaire mouvement des Barcelonnettes au Mexique, par exemple, ne peut plus être présenté comme un épiphénomène sorti de nulle part, sans véritables liens avec le passé, si ce n’est l’habitude qu’avaient les valéians de voyager depuis au moins le xviie siècle. Bien au contraire, il s’inscrit dans une très longue histoire dont il est le dernier épisode. Cette synthèse brise également l’idée selon laquelle les migrations alpines auraient été immuables, à l’image de leurs économies et sociétés, du Moyen Âge au début de l’époque contemporaine. Les différents réseaux marchands, à rebours de ces interprétations, ont fait preuve tout au long de leur histoire de capacités importantes de souplesse et d’adaptation face à des environnements changeants.
24Cette esquisse met aussi en lumière le rôle fondamental des élites locales35 dans la création et l’organisation de ces réseaux. Longtemps oubliés et pourtant omniprésents dans les archives à tel point qu’il est plus facile de les repérer et de les étudier que les colporteurs, qui eux demeurent largement invisibles, les marchands propriétaires d’une boutique se livrant au « grand commerce » sont présents dans tous les réseaux (même de manière indirecte dans le cas des réseaux que nous avons qualifié de colporteurs). Ce n’est certainement pas un hasard si ces réseaux se sont développés dans des régions fréquentées par ces marchands dans les décennies qui précèdent leur naissance, ou si Jacques Arnaud, membre de la dynastie Laugier-Arnaud, à l’origine du réseau mexicain, s’est installé près de 25 ans auparavant dans une paroisse louisianaise proche de celles exploitées commercialement par les valéians.
25Cette synthèse établit aussi que pour certaines vallées alpines, les marchands ont pu avoir un véritable rôle dans le développement économique local. Jusqu’à présent, on pensait plutôt que les réseaux colporteurs s’étaient développés à partir et grâce à l’industrie drapière locale. Les valéians se seraient lancés dans le commerce de marchandises textiles en allant vendre leur production à l’extérieur. Cette courte histoire démontre que les réseaux marchands valéians se sont développés sans lien avec une quelconque industrie locale jusqu’au début du xviie siècle. Bien au contraire, ce sont eux qui sont à l’origine de l’implantation de l’industrie drapière et de l’industrie du moulinage de la soie dans cette vallée.
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Notes de bas de page
1 La Vallée de Barcelonne (1232-1713), puis de Barcelonnette, est une entité politique et administrative regroupant, jusqu’en 1789, huit communautés d’habitants (Saint-Paul, Larche, Meyronnes, le Châtelard, Jausiers, Barcelonnette, Méolans, Revel et le Lauzet) situées dans la moyenne et la haute Ubaye et une communauté (Allos) située dans la Vallée du Haut-Verdon. De 1388 à 1718, les communautés d’Entraunes et de Saint-Martin d’Entraunes dans le Haut-Var lui furent rattachées administrativement tout comme les communautés de la Vallée Stura di Demonte durant une partie des xve et xvie siècles (dates exactes inconnues). Attachée au Comté de Provence jusqu’en 1388, la vallée passe sous domination savoyarde jusqu’au traité d’Utrecht (1713), année de son rattachement définitif à la France. À partir de 1790, la Vallée de Barcelonnette forme, avec le rattachement des 4 communes de la basse Ubaye (Saint-Vincent du Lauzet, la Bréole, Ubaye et Pontis) le district puis en 1800 l’arrondissement de Barcelonnette.
2 Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, B 411 à B 591, étiquettes du tribunal de la judicature ; B 381 à B 385, étiquettes du tribunal de la préfecture ; B 2 792 et B 2 793, registres des défauts du greffe du tribunal de la préfecture ; B 408, B 409 et B 410, étiquettes couvrant la période septembre 1752-avril 1753 ; B 612-B 615, procédures civiles du tribunal de la judicature, B 616-B 617 requêtes et informations du même tribunal, B 2 807, B 2 812 et B 2 833, procédures civiles du tribunal de la préfecture.
3 L. Surmely, Le réseau marchand de Jausiers (vers 1620-vers 1730) : préfiguration du mouvement migratoire vers le Mexique ?.
4 Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, 2E 19416 à 2E 19614, 2E 1594 à 2E 1607, 2E 19691 et 19692, B 2952 à B 2957. Ces registres représentent la totalité des archives notariales et judiciaires de la communauté d’habitants puis commune de Jausiers de la période 1615-1820.
5 Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, 1R 127 à 1R 171.
6 Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, 4M 77.
7 Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, B 44 à B 128.
8 Nom que se sont donnés jusqu’au xixe siècle les habitants de la Vallée de Barcelonne/Barcelonnette en référence à son appellation locale Valéia (la Vallée en français).
9 N. Coulet, Aix en Provence, espace et relations d’une capitale (milieu xive siècle-milieu xve siècle), p. 300-301.
10 Le rapprochement a été fait, pour les réseaux marchands alpins, par L. Fontaine, Histoire du colportage en Europe xve-xixe siècle, p. 19-21.
11 Joaquim Ma BOVER, Immigrants als concessos 1600-1650, http://www.onomastica.cat/sites/onomastica.cat/files/10_bover.PDF consulté le 29/04/2019.
12 Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, registres de l’insinuation de Barcelonnette, B 69, fol 13, B 84, fol. 481, B 96, fol. 761, B 119, fol. 27 et B 122, fol. 701.
13 Joaquim Ma BOVER, ibid.
14 Recensement de maisons établi à partir du cadastre de Jausiers (Archives départementales des Bouches-du-Rhône, B 1014).
15 L. Fontaine, Histoire du colportage en Europe xve-xixe siècle, p. 51-55.
16 La structuration de ce réseau est typique des réseaux marchands alpins du xviie siècle, voir L. Fontaine, Histoire du colportage en Europe xve-xixe siècle, p. 23-35.
17 Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, B 636, fol. 223, acte d’obligation du 2 mai 1617 mentionnant la construction d’un « parayre » (H. Barnier, Images d’archives : les moulins de Saint-Paul et le forestage de Parrouard de 1575 au cadastre napoléonien 1813-1841) pour celui de Saint-Paul et 2E 19416, fol. 181, prix-fait pour la construction de deux paroirs à battre les draps, pour celui dit du pont couvert de Jausiers, 1er juillet 1618.
18 Celui du pont couvert est pris à rente par Louis Silve de Seyne en 1619 (Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, B 83, fol. 509). En 1644, celui de Saint-Paul est encore pris à rente Marc Baudin feu Marc de Guillaumes (Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, B 656, fol. 29).
19 Archives départementales des Alpes-De-Haute-Provence, B 87, fol. 85, acte de fondation de la confrérie Saint-Blaise de Barcelonne, 3 février 1620.
20 Archives départementales des Alpes-Maritimes, « cità e contado di Nizza », mazzo 15, mémoires de monsieur Pascalis prieur de Molanès, official de Barcelonnette, 1689.
21 Le duché de Savoie grâce à la maîtrise et à l’avance technique acquise dans ce type de production, devient, à partir du xvie et surtout du xviie siècle, le premier producteur européen de soie grège et de soie filée.
22 La Vallée de Barcelonnette n’est pas la seule à être touchée par les conséquences produites par le traité d’Utrecht. Voir L. Fontaine, Pouvoirs, identités et migrations dans les hautes vallées des Alpes occidentales (xviie-xviiie siècles), p. 214.
23 L. Surmely, Le traité d’Utrecht et ses conséquences en Ubaye, p. 102-105.
24 Cette transformation des réseaux marchands en réseaux colporteurs n’est pas propre à la Vallée de Barcelonnette. Elle est constatée dans d’autres vallées alpines voir L. Fontaine, Histoire du colportage en Europe xve-xixe siècle, p. 58-60.
25 L. Surmely, Le traité d’Utrecht et ses conséquences en Ubaye, p. 105.
26 L. Surmely, ibid., p. 105.
27 Les registres de passeports pour l’extérieur de la période 1833-1860 recensent 293 passeports délivrés pour le Mexique dont 161 pour les seuls Jausiérois.
28 Le changement de nature de l’émigration, qui de saisonnière devient de longue durée ou définitive, et les destinations lointaines, qui nécessitent la prise obligatoire de passeports, expliquent en grande partie cette situation.
29 Cette description du réseau louisianais a été faire à partir des recherches de J.-C. Hyppolite-Piolle, De l’Ubaye aux rives du Mississippi, les Barcelonnettes commerçants-planteurs de Louisiane.
30 Les principales caractéristiques du réseau mexicain ont été établies à partir des ouvrages suivants : F. Arnaud, « Les Barcelonnettes au Mexique » ; R. Auvaro-Antiq, L’émigration des Barcelonnettes au Mexique ; P. Gouy, Pérégrinations des « Barcelonnettes » au Mexique.
31 P. Coste, « Jacques Arnaud, ses frères, ses descendants », p. 100-112.
32 J.-L. D’Anglade, Un grand patron barcelonnette au Mexique, Joseph Ollivier, p. 63-64.
33 F. Arnaud, ibid., p. 31-33.
34 F. Arnaud, ibid., p. 46-52.
35 L. Fontaine, Pouvoirs, identités et migrations dans les hautes vallées des Alpes occidentales (xviie-xviiie siècles), p. 210.
Auteur
Responsable commercial, président de Sabença de la Valéia/connaissance de la Vallée de Barcelonnette
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2016