La transmission du savoir au sein de deux coopératives au Gabon
Résumé
Au Gabon, l’intérêt pour les paysans d’adhérer aux coopératives étatiques, au-delà d’un appui financier, est de bénéficier des savoirs aussi bien techniques qu’organisationnels essentiels à la réussite de leurs activités. Ce travail de recherche identifie les acteurs intervenant dans la transmission des savoirs endogènes et exogènes au sein de ces organisations. Ces dernières étant inscrites dans une perspective lignagère et intergénérationnelle, nous montrons comment les savoirs exogènes véhiculés par les familles, les écoles, les nouvelles technologies de l’information et de la communication modifient les comportements coopératifs tout en affectant le développement des coopératives.
Texte intégral
1La transmission des institutions et valeurs d’une génération à une autre est la condition de leur survie dans le temps, et donc de leur continuité. Celle-ci n’étant pas immuable, elle s’assure dans et par le changement qui oppose les nouvelles générations aux anciennes : les coopératives ne sont pas épargnées. La réflexion sur la transmission du savoir au sein des coopératives au Gabon part du fait que j’ai été confrontée, sur le terrain, à des propos sur la nécessité d’acquérir le savoir, sur la perte des savoirs liés aux métiers agricoles et artisanaux et sur l’incapacité de transmettre certains savoirs. Par ailleurs, les recherches sur les coopératives, leur histoire et leur fonctionnement, n’abordent que partiellement cette problématique. Or la transmission est au cœur des préoccupations de leurs acteurs, surtout sous la forme d’une crise de la transmission du savoir. Les études existantes insistent sur le fait que la culture et la tradition se transmettent par l’imitation, l’apprentissage et l’éducation1 et, phénomène nouveau, par le biais d’Internet et de son influence dans la sphère socioculturelle. Cet article ambitionne d’enrichir la réflexion menée à ce jour sur la transmission du savoir.
2J’avais déjà travaillé sur la dynamique de coopération dans le secteur de l’économie sociale et solidaire au Gabon lors de mes recherches doctorales. J’ai décidé de m’intéresser à la transmission du savoir en adoptant deux approches complémentaires : l’une dynamique, où les sociétés connaissent une contradiction entre tradition et modernité, et l’autre interactionniste, où les rapports entre individus et leurs groupes sont privilégiés. Cela nécessite que l’on considère simultanément les processus d’apprentissage des coopérateurs et les processus de transmission organisés par leur environnement social, culturel et économique.
3L’étude a été limitée à la province de l’Estuaire, dans les villes de Ntoum pour la Coopérative des exploitants agricoles de Ntoum (COOPEAN, quartier Cimenterie) et de Libreville pour la Coopérative des produits artisanaux de Mbigou (COOPAM, quartier Alibandeng), avec pour objectif une approche anthropologique des réalités socioculturelles des acteurs de ces coopératives. Celles-ci exercent respectivement dans le maraîchage et la sculpture de la pierre et sont composées de 20 membres pour la première, dont 17 hommes et 3 femmes, et 19 membres pour la seconde, tous des hommes. Ma méthodologie fut la recherche et l’analyse documentaire, les entretiens individuels et collectifs dit focus groups, et l’observation participante en m’immergeant autant que possible dans ces coopératives. Cela m’a conduite à l’analyse de contenu suivant deux thèmes : les acteurs de la transmission culturelle de la coopération et la transmission de la culture coopérative.
4« Les organisations coopératives vivent comme des enfants qu’on a eu à faire et qu’on a laissés dans la rue2. » Selon cet informateur, les coopératives ont été créées puis délaissées et leurs membres ont des difficultés à se prendre en charge et se maintenir. Ce travail a pour origine l’interrogation suivante : comment la transmission de la culture coopérative est-elle vécue au sein des coopératives gabonaises, sachant que celles-ci se sont développées sous l’impulsion de l’État ? Autrement dit, comment se transmettent les savoirs dans les coopératives gabonaises, sachant que les coopérateurs ont été formés par des agents étatiques et qu’ils sont dans une logique intergénérationnelle où se confrontent des valeurs ?
5Mon hypothèse est que les défaillances culturelles des coopératives ont plusieurs causes : la persistance de coutumes locales en leur sein, les mauvaises politiques étatiques associées à l’éducation coopérative et les représentations sociales des adhérents qui ne favorisent pas la transmission et la valorisation des savoirs. Mon travail est organisé en trois parties : la définition des concepts, les acteurs de la transmission des savoirs et la culture coopérative face à l’influence des savoirs exogènes.
Définition des concepts
La transmission
6Dans la littérature scientifique, la transmission renvoie à la passation de quelque chose et à la perpétuation du culturel en ce qu’elle contribue, de manière transformée, à la persistance des représentations, pratiques, émotions et institutions. Les définitions émiques insistent sur le transfert, la diffusion, la circulation des connaissances, la communication, la relève, la succession, la diffusion de nouveaux savoirs et nouvelles pratiques, leur circulation entre individus et leur perpétuation. Dans le cas des coopératives, ces définitions envisagent la transmission dans sa dimension formelle et standardisée, qui tient aux lieux destinés à la transmission, et dans sa dimension informelle où les pratiques, savoirs ou connaissances liés à la gestion et aux techniques des métiers, circulent ou se transmettent relativement à ce qui est codifié et ce qui ne l’est pas ; et ce, par rapport à la tradition, aux enjeux de la coopération et des différents métiers.
7Aussi, l’homme n’est rien s’il est seul. La transmission du savoir lui est utile pour améliorer sa condition et faire face à son milieu. C’est la raison pour laquelle les coopérateurs la conçoivent comme une affirmation de soi, un enjeu pour la gestion des coopératives, un processus de passation du métier aux descendants, et un instrument à la fois de valorisation et de dévalorisation lié à la promotion ou non de leurs structures, activités, membres, produits et territoires. Ce savoir tient aux savoir-faire, savoir-être et savoir-vivre liés à la coopération.
La coopérative
8Dans l’absolu, la coopérative, avec ses principes et valeurs, est reconnue par les institutions internationales comme un projet humaniste. C’est « une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement3 ». Cependant, sur le terrain, elle est perçue comme un projet étatique, favorisé à l’origine par l’intrusion coloniale française qui a permis l’implantation de systèmes coopératifs au service de l’administration coloniale. Après l’indépendance du pays en 1960, l’État les a récupérées pour les instrumentaliser dans sa politique de développement rural. Cela a permis de regrouper les paysans dans ces entreprises.
9Les coopératives sont des entreprises communautaires. Elles constituent un espace social et un lieu symbolique où s’opère la transmission du savoir et par là, des savoirs pratiques ayant des effets sur les comportements coopératifs. La transmission culturelle y est perçue, selon Luigi Cavalli-Sforza4, comme un processus par lequel des comportements, attitudes ou techniques sont acquis selon la voie de l’empreinte passive, du conditionnement, de l’imitation, de l’enseignement et apprentissage actif ou d’une combinaison de ces méthodes.
La culture coopérative moderne
10Les systèmes coopératifs sont un héritage colonial, qui a induit une culture coopérative perçue sous l’angle de la modernité, constituée de valeurs et principes. Elle consiste, d’après Ward Goodenough5, en tout ce qu’il faut savoir ou croire pour se conduire d’une manière acceptable pour les membres, et ce dans tout rôle qu’ils accepteraient pour chacun des leurs. Sur le terrain, elle est définie par les expressions comme « la coopérative », « le coopérateur », « les statuts et règlements intérieurs », « le comportement à avoir », « l’exemple à donner », « les connaissances à avoir », qui renvoient à l’institution, aux acteurs et éléments utiles à leurs interactions et transmission. L’appartenance et l’acceptation d’un individu à la coopérative passent en effet par l’appropriation d’un savoir-faire et d’un savoir-être définis culturellement. Celle-ci est rendue possible grâce aux processus d’enculturation et de socialisation. Les règles de coopération moderne portent une structure comportementale caractéristique de cette culture qui exprime l’apprentissage et la transmission d’un héritage social.
L’éducation coopérative
11La culture coopérative se transmet par le biais de l’éducation coopérative, qui est un ensemble d’idées et de pratiques ayant pour finalité la transformation individuelle et sociale. Cette éducation est un processus d’apprentissage allant de l’information à la formation, afin d’aboutir à l’éducation. Selon Olivier Reboul, « Apprendre, c’est se délivrer d’une ignorance, d’une incertitude, d’une maladresse, d’une incompétence, d’un aveuglement : c’est parvenir à mieux faire, à mieux comprendre, à mieux être. Or, qui dit mieux dit valeur6. » Le rôle de l’éducation coopérative est donc de permettre, par la pédagogie et la formation, des apprentissages cohérents, progressifs et exhaustifs. Elle impose que les savoirs, connaissances et objets culturels transmis soient intégrés par les individus afin qu’ils les réutilisent dans leur communauté. Elle intègre la question du « sens » de la coopération et vise l’émergence d’individus autonomes capables de s’autogérer et de s’adapter aux changements. Elle renvoie sur le terrain aux formations, stages, séminaires, apprentissages, périodes d’essai, et à l’instruction. Ces éléments permettent d’acquérir des savoirs formels et/ou informels inséparables des processus historiques et des rapports sociaux qui déterminent la transmission des savoirs.
Les principaux acteurs de la transmission de la culture coopérative moderne
L’administration coloniale
12Au début du xxe siècle, l’administration coloniale, avec l’aide des missionnaires, introduisit de nouveaux modèles coopératifs dans les villages, selon la législation française7. Unifonctionnels et centralisés, ces modèles se déployaient sous diverses formes et servaient les intérêts de l’administration. Ils avaient peu ou pas de lien avec les institutions et pratiques transmises par la tradition, selon laquelle les chefs et les anciens encadraient et éduquaient les jeunes afin de leur faire assimiler les valeurs et principes de la communauté. Et ils redéfinissaient la rationalité capitaliste, la division du travail et des mutations des formes de solidarité, les savoirs et savoir-faire locaux et leur transmission.
13Un ensemble de procédés destiné à leur implantation s’est répandu dans le monde rural pour moderniser les cultures et développer les produits destinés au commerce et à l’exportation. Les agences d’assistance facilitaient l’implantation avec l’autorité des chefs. Les structures d’enseignement formaient des élites pour les besoins de l’administration qui gérait les systèmes coopératifs. Ceux-ci obéissaient, pour certains, à une dynamique qui intégrait un dispositif de développement spécifiant les structures concrètes et organisées de conception et d’administration des interventions et l’ensemble des représentations et normes acquises qui structurent les façons de percevoir, de penser et d’agir des agents de développement.
14L’ancrage culturel de ces modèles s’est fait dans un contexte d’adaptation et de rejet. Selon Bronislaw Malinowski :
« [Les colonisateurs] ne réussiraient pas à imposer des institutions nouvelles tant que ces institutions nouvelles ne seraient pas aptes, en plus de leurs avantages formels, à remplir les mêmes fonctions que les institutions anciennes qu’elles étaient chargées de remplacer8. »
15La culture coopérative transmise aux paysans se détachait donc de celle transmise par la tradition en matière d’apprentissage et de comportements attendus. Les paysans qui s’adaptaient s’éloignaient de leurs familles pour adhérer aux structures destinées à la production agricole et d’objets culturels. Ceux qui les rejetaient étaient contraints par le travail forcé d’y adhérer. Les paysans étaient de plus exploités par les notables qui contrôlaient, pour les besoins de l’administration, la production des biens marchands. Ces systèmes impopulaires, ne profitant pas aux adhérents, furent un échec. Malgré cela, après la colonisation, ils seront repris par l’État postcolonial.
L’administration postcoloniale
16Après l’indépendance du Gabon le 17 août 1960, l’État est confronté à l’exode rural, à l’absence d’infrastructures et de moyens financiers dans les zones rurales, au sous-emploi et au chômage dans les villes. Il élabore alors une politique de développement où les systèmes coopératifs hérités suscitèrent un regain d’intérêt. Cette politique s’inscrivait dans une vision globale des transformations sociales. Elle voulait amener les paysans à prendre connaissance de leur place dans le contexte socio-économique du pays et à les convaincre de la nécessité de s’organiser pour tirer profit de leurs efforts productifs. Il s’agissait de les aider à jouer pleinement leur rôle dans une société qui amorçait sa mutation, cela tout en faisant des coopératives de véritables entreprises de développement au service du monde rural.
17Toutefois, les élites ont réinterprété les coopératives selon les valeurs communautaires, en réconciliant les solidarités traditionnelles et la modernisation technique. Ces élites véhiculaient l’idéologie et la culture coopératives via des agences assurant une sensibilisation et un accompagnement incitatif, technocratique et non directif. Cette transmission s’est réalisée selon deux tendances : la première, former les paysans sélectionnés via des concours aux techniques du métier, puis les installer en coopérative ; la seconde, poser les bases d’un système communautaire et lignager, où les coopératives seraient une ressource importante du dispositif nationaliste. C’est ainsi qu’au début des années 1980, la coopérative des exploitants agricoles de Ntoum et la coopérative des produits artisanaux de Mbigou furent créées, avec des structurations différentes selon leurs secteurs d’activité et une culture coopérative différente.
18Les paysans adhéraient à ces structures pour accéder à des services ou aides étatiques, sans véritablement assimiler les rudiments de la culture du développement et de la culture coopérative. À ce sujet, un interlocuteur déclare :
« Chez nous, au Gabon, nos populations n’ont pas encore la culture de se mettre ensemble. C’est pour cela que l’État, à travers certaines administrations, met des fonds à disposition pour encourager les gens à se prendre en charge. Mais pour que ces personnes puissent bénéficier de ces fonds, l’administration est obligée de leur demander de se regrouper en coopérative ou association. Vous voyez que l’idée de se regrouper ne vient pas des populations. C’est l’administration qui leur demande ça9. »
19L’éducation coopérative utile au développement des paysans et à leur épanouissement avait été reléguée au second plan, au profit de l’apprentissage technique. Certains assimilaient des connaissances techniques liées au métier sous l’autorité des tuteurs, tandis que d’autres n’ont pas bénéficié d’un apprentissage professionnel. Si l’apprentissage et la formation professionnelle sont des formes d’éducation, selon l’article 11 du Code du travail de 1978, il ressort que les savoirs techniques n’ont pas été transmis de manière efficace et effective pour tous les adhérents. Pourtant, c’est par la formation professionnelle que l’on découvre les rudiments du métier et ceux des coopératives.
20Transmettre un « patrimoine coopératif », ce n’est pas juste transmettre les techniques du métier qui lui est associé. Au-delà des apprentissages techniques, la transmission de la culture coopérative consiste, aussi et surtout, à transmettre des valeurs et principes qui n’existent que lorsqu’ils sont matérialisés par des actes. Mais les agents étatiques, faute de compétences et de formations adaptées, n’ont pas développé auprès des adhérents une approche de participation. L’État gabonais n’avait pas assez de personnel qualifié pour instruire ses formateurs sur l’éducation coopérative et contrôler les coopératives. Les cours dispensés étaient des cours enseignés dans les pays industrialisés, mal adaptés par des formateurs qui ne se souciaient pas assez des liens entre réalités locales, matières enseignées, contraintes et revendications de chaque secteur d’activité, de chaque communauté. Il y eut des écarts et contradictions entre les structures de formation et les discours politiques. Ainsi, dans le cas de la COOPAM, aucune formation sur la gestion et l’éducation coopérative n’a été donnée aux sculpteurs. À la COOPEAN, en revanche, les défections dues à la pénibilité du travail et à l’incompréhension du système coopératif ne facilitaient pas ces formations, qui furent abandonnées par les formateurs.
21L’État imposait des statuts et règlements intérieurs en confinant les paysans dans une vision utilitariste, régie par une dynamique socio-économique où la culture coopérative était faible. Il reniait l’autogestion et la participation. Cela conduisit les adhérents à un formalisme et à des fonctions sans contenu. Comment fut alors vécue la transmission entre membres et entre anciens et nouveaux dans les coopératives ?
Les coopérateurs
22Les coopérateurs ayant peu assimilé la culture coopérative moderne évoluent dans des milieux où sa transmission est faible, et où celle des savoirs se fait de manière traditionnelle, de génération en génération. Les membres de la COOPEAN et de la COOPAM exercent, en effet, dans des environnements où coexistent trois générations. Ils ont des connaissances acquises pour les uns lors des séminaires ou stages organisés par des agences d’encadrement, pour les autres sur le tas, ou par un apprentissage personnel via les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Ce sont des personnes économiquement faibles et faiblement instruites, incapables d’assurer par elles-mêmes, avec les fonds de leur coopérative, leur formation professionnelle. Elles se différencient par leur âge, leur instruction, leur ancienneté et leur expérience.
23La transmission des savoirs se fait dans et par les rapports entretenus dans chaque communauté. Elle repose sur trois processus10 tributaires de la confiance que les uns accordent aux autres, confiance née du déploiement d’une histoire en commun.
24Le premier processus est lié à la sensibilisation et l’information. Ceux qui « savent » ou sont expérimentés diffusent, par souci d’exemplarité, de ralliement et/ou de mieux faire, tout type de connaissance par des paroles ou conseils. Cela leur permet de valoriser l’expérience et le savoir acquis et de transmettre un message, comme le laisse entendre cet interlocuteur :
« Plus on pose des actions qui sont porteuses, plus ils comprennent que ça ne sert à rien d’être isolé. La sensibilisation va dans ce sens. On leur dit : “Améliorons notre façon de faire. Si on n’a pas bénéficié d’un certain nombre de choses, c’est parce qu’on n’a pas été organisé. Mais si nous sommes organisés, on va avoir beaucoup plus que ce que nous avons quand chacun est individuel.” On leur tend ce message et beaucoup sont en train de comprendre qu’il y a nécessité de travailler ensemble11. »
25Les coopérateurs vivent aussi, selon les cas et les situations, surtout à la COOPEAN, des échanges qui stimulent l’enrichissement réciproque sur des points précis. Mais cela reste entravé par les stratégies et logiques tribales et les conflits de mémoire, c’est-à-dire les conflits passés qui influent sur leur situation actuelle d’affrontement. Certains usent, de manière volontaire ou non, de stratégies de rétention des savoirs. Selon Claude Meillassoux, l’acquisition des connaissances donne à celui qui les possède une autorité réelle sur le profane, puisque c’est de ces connaissances que dépend la perpétuation du groupe. Des leaderships plus ou moins durables s’établissent au profit de celui qui manifeste sa supériorité dans telle ou telle technique12.
26Le second processus est l’imitation. Les coopérateurs par l’observation, l’écoute et l’apprentissage des pratiques organisent eux-mêmes leurs initiations. Ils essaient d’assurer une transmission des savoirs et savoir-faire liés au métier pour garantir leurs activités économiques dans leur communauté et maintenir les coopératives dans le temps. Les moments de travail passés ensemble dans les espaces communs sont pour eux des occasions de se transmettre ou de transmettre des savoirs sur les espèces, la nature des matières, l’usage des outils et les techniques de production. Ces savoirs sont assimilés au gré des apprentissages et expériences, et ce par un investissement qui associe l’œil, la tête et les mains. Ainsi, les coopérateurs expérimentés maîtrisent un savoir-faire résultant de leur apprentissage personnel, de leur expérience et de leur habileté. Il n’est transmissible, pour eux, que par la reproduction plus ou moins à l’identique d’individus au cours du travail lui-même. L’apprentissage informel débute donc au sein des communautés dès l’enfance et fait l’objet d’un encadrement des aînés.
27Le troisième processus est l’intégration à la communauté des membres. Selon le scénario culturel ou organisationnel, les anciens transmettent aux nouveaux différents savoirs pour les aider à se repérer dans la coopérative et à réaliser leur travail. Ces savoirs ont trait à l’exercice du métier, à l’histoire de la coopérative et à son fonctionnement. Le processus de transmission est favorisé, en plus de la confiance, par les affinités, la curiosité et la patience. À la COOPEAN, celui qui demande à intégrer la coopérative subit une période d’essai de six mois pour jauger ses capacités de travail et d’intégration des normes. Il est ensuite gardé ou refoulé, selon son comportement et ses capacités de travail. Aussi, l’unité de production étant de type familial, le chef de famille sociétaire peut, en cas d’incapacité, désigner parmi les membres de sa famille un représentant initié au métier qui sera membre de la coopérative à sa place. À la COOPAM, où le système lignager est intégré au système coopératif, la période d’essai n’est pas une contrainte pour les nouveaux, déjà connus. Le travail se transmet de père en fils dès l’enfance. L’adhésion est directe par la filiation, ou indirecte via les mariages contractés par les membres. On constate dans les deux coopératives des transferts de statuts, des rôles et représentations et une succession dans les activités, qui assurent leur gestion et leur maintien.
28Toutefois, il ne peut y avoir de transmission des savoirs entre coopérateurs ou entre ces derniers et les nouveaux adhérents, s’il n’y a pas un climat propice à la transmission ou l’acquisition des savoirs. Selon Catherine Choron-Baix, la transmission agit comme « une dynamique subtile, traversée de contradictions, entravée par les obstacles, les interférences, les brouillages et autres ratages, mais capable aussi d’engendrer de la création ou de la recréation13 ».
La transmission de la culture coopérative et l’influence des savoirs exogènes
Les coopérateurs face à leur environnement organisationnel
29Le cadre de coopération des membres de la COOPEAN et de la COOPAM traduit un espace changeant où s’actualisent et s’opposent des valeurs concurrentes et des classes d’âge différentes14. En effet, les représentations et idéaux transmis aux coopérateurs et véhiculés dans leur milieu communautaire offrent, au premier abord, une image de la coopération réduite aux seules valeurs de solidarité et d’entraide. Ils se résument, selon mes interlocuteurs, à « Un seul doigt ne peut pas laver la figure15 » et « Unis, on est plus forts16 ». Mais pour la nouvelle génération, tous les doigts de la main n’ont pas le même rôle et ne sont pas tous égaux. Le commun est confondu avec l’unicité et ne se fonde que vaguement sur un intérêt bien compris de la coopération. Or, si l’on coopère et l’on s’entraide, ce n’est pas parce qu’on s’y sent contraint, c’est parce qu’on a décidé de le faire en ayant bien compris qu’en mettant ses ressources en commun et en gérant ensemble de façon solidaire et responsable, on obtient de meilleurs résultats et un bien-être collectif.
30L’ancrage territorial et culturel de ces coopératives symbolise en outre pour leurs membres, surtout les privilégiés, un patrimoine à maintenir. Ils manipulent et réinterprètent alors ces structures selon leurs expériences, personnalités, statuts, conditions de travail et de coopération et spécificités culturelles. Des gens de pouvoir – implicite ou explicite, travaillant avec l’État ou ayant un savoir accumulé – s’imposent ou s’estiment tout permis face aux ressources communes et à leur gestion. Les autres subissent leurs actes ou se révoltent pour changer les pratiques et représentations transmises par l’État, la tradition, l’éducation familiale, religieuse, scolaire et la société, qui affectent la transmission des savoirs. Le pouvoir et les savoirs étant inégalement répartis, les coopérateurs jouent une pseudo-démocratie. Les savoirs relatifs à la propriété commune (un membre, un propriétaire) et au pouvoir démocratique (un membre, un vote) sont à peine pris en compte par les gens de pouvoir et faiblement transmis parmi les membres, d’où l’absence de véritables espaces démocratiques.
31Le culte du silence où le secret et les réunions à huis clos sont prônés, permet à ces gens d’avoir, par le silence et la discrétion, un avantage sur les autres, de mener des actions à leur insu et d’orienter la transmission selon les affinités et les liens de parenté.
32L’existence du secret tient d’une part à la crainte des pratiques d’ordre mystique, qui consistent à bloquer et paralyser spirituellement et/ou physiquement les individus ou leurs projets ; d’autre part, à l’égoïsme des aînés ou dirigeants cherchant à conserver leur pouvoir et leur savoir au détriment de leur communauté. Elle crée une frontière entre ceux qui peuvent savoir et donc à qui l’on peut transmettre des savoirs et des compétences, et ceux qui n’ont pas le droit de savoir et qui, de fait, sont victimes de rétention. Aussi la tendance de ces gens de pouvoir à converser en langue maternelle dans les espaces communs, parfois pour entretenir le secret, viole-t-elle le langage commun. La conversation est, souligne Candau, « un comportement coopératif entre un locuteur et un auditeur, dont une des finalités est de diffuser de l’information17 ». Par ailleurs, cet auteur note que la « transmission est aussi production de la part de celui qui la reçoit car […] les informations acquises sont remaniées par le groupe ou le sujet18 ». Par rapport à cela, l’acquisition grâce à l’école de certains modes de raisonnement, certaines techniques ou habitudes langagières, révèle une remise en cause constante des savoirs et pratiques des uns et des autres, favorisant des inégalités et tensions parmi les membres. Cela aboutit à une marginalisation où l’ignorance des uns et la faible expérience des autres les mettent en marge des activités et du processus de décision. Cette marginalisation enfreint toute égalité et participation et freine la transmission des valeurs et principes coopératifs. Les inégalités en matière d’instruction et d’expérience créent des incompréhensions et influent, tout en suscitant des incivilités, sur l’exemplarité à donner quant aux comportements honnêtes, responsables et solidaires attendus.
Un passage de relais incertain
33Les communautés encadrent leurs membres pour animer et maintenir les activités coopératives. Cependant, cet encadrement ne s’adapte que difficilement à l’évolution de la société. La COOPEAN et la COOPAM montrent en effet une faible dynamique de transmission des connaissances du métier et de coopération entre les générations. Cela est dû au manque de motivation et d’incitation des anciens, et au désintéressement et à l’absence des jeunes.
« On ne transmet que ce qu’on a ou qu’on a reçu. Si tu as été mal éduqué, tu vas donner quel exemple aux autres ? Quand on dit aux enfants que “le travail là ce n’est pas bien pour vous”, quelle relève on assure là19 ? »
34Certains anciens, du fait du manque de transparence, de solidarité et d’inclusion dans leurs comportements coopératifs, reconnaissent ne pas être des exemples à suivre ; d’autres n’accordent que peu d’intérêt ou d’estime à leur métier. Il y a ceux qui se sous-estiment et pensent ne pas être en possession des savoirs pertinents à transmettre, et ceux qui sont partagés entre l’envie de transmettre, le découragement face à l’inattention, l’arrogance et l’impatience des jeunes et la peur d’être remplacés par ces derniers.
35En outre, la société du travail étant en pleine mutation, les métiers agricoles et artisanaux souffrent d’une image péjorative liée au monde rural. Pour certains anciens, ces métiers mènent à une vie ratée et pour certains jeunes, le métier exercé n’est qu’une activité de passage, en attendant de trouver mieux ; ce qui entraîne un refus, conscient ou non, d’encourager les jeunes à exercer le métier et l’absence d’un réel engagement dans les coopératives. La majorité des coopérateurs perçoivent d’ailleurs leur métier comme rabaissant, dégradant, parfois peu rentable, et leurs coopératives comme n’existant pas. Sans compter que les jeunes s’intéressent peu aux activités coopératives. Certains travaillent ailleurs. Les difficultés des coopératives et la précarité des anciens freinent la transmission de ces institutions aux jeunes générations. Certains ne sont pas disposés ni destinés à prendre la relève de leurs pères. Cette vision est encouragée par certains anciens préférant les voir acquérir d’autres savoirs qui les distingueront dans la société.
36Les dynamiques familiales et les modèles éducatifs des coopérateurs véhiculent de plus en plus l’idée que la réalisation de soi et la réussite sociale passent par la carrière professionnelle. La majorité d’entre eux s’accorde même sur le fait qu’il n’y aura jamais de relève dans leurs coopératives, et estime être la dernière génération qui y travaille. Les anciens vieillissent et les jeunes ont peu de rapports avec eux, du fait d’un autre emploi ou de l’école, des NTIC, médias ou jeux vidéo. Ces jeunes ouverts à d’autres savoirs passent moins de temps auprès des anciens pour observer et apprendre un métier et les pratiques coopératives.
37Les valeurs du travail et sa symbolique disparaissent donc peu à peu. Certains anciens assistent, impuissants et révoltés, à la perte de leurs valeurs et savoir-faire, dans la génération de leurs enfants qui développent d’autres techniques face à la concurrence sur le marché, et plus encore dans celle de leurs petits-enfants, exposés à d’autres savoirs. Cette dernière génération est destinée à un cursus scolaire, pour atteindre un meilleur rang social que la première et deuxième génération. Faire des études permet certes d’avoir un diplôme, d’ouvrir les portes, d’avoir une ascension sociale, mais la question de la pérennité des coopératives reste posée dans les communautés.
Une révolution dans les pratiques et rapports coopératifs ?
38La COOPEAN et la COOPAM ont un rôle à jouer dans la satisfaction et le bien-être collectifs. Quelques coopérateurs l’ont compris. Ils estiment que la transmission de nouveaux savoirs leur permettrait de s’affranchir des vieilles habitudes et comportements acquis, résultats d’influences d’idéologies diverses. Cela pourrait les aider à donner une nouvelle dynamique à leur coopération, à être mieux armés pour répondre à leurs problèmes et à transmettre aux générations futures un héritage en adéquation avec l’environnement. Ils reconnaissent toutefois que l’application des valeurs et principes coopératifs et leur transmission aux nouvelles générations sont un défi. Les comportements hybrides et non stabilisés observés contribuent en fait au maintien d’aînés gérants et au transfert des relations privilégiées et logiques tribales, des inégalités de pouvoir, du rejet et des résistances. Ils font donc circuler des représentations relatives à ce qui doit être transmis, comment cela doit l’être et avec quelle finalité.
39Cette compréhension du rôle et des enjeux de la coopération vient cependant de l’usage d’Internet et des médias, qui transforment la sphère socioculturelle des coopérateurs. Ces outils bouleversent chez certains les références, valeurs et codages anciens assurant une relative stabilité des coopératives. Ils leur donnent accès à d’autres systèmes de pensée, d’autres façons de s’exprimer, d’autres savoirs, qui parfois entrent en contradiction avec les savoirs acquis et remettent en cause les sources traditionnelles d’autorité et les processus de transmission des savoirs. Vincent de Gaulejac et Fabienne Hanique, dans Le capitalisme paradoxant, un système qui rend fou, publié en 2015, montrent que les dominations culturelles, sociales, familiales, religieuses et politiques sont débordées par ces outils puisqu’elles n’imposent plus aux individus leur langage, leur enseignement, leurs dogmes et systèmes de valeurs. Par leur potentiel révolutionnaire20, les NTIC renouvellent chez ces coopérateurs certaines valeurs et affectent ainsi leurs représentations et comportements en créant parfois le désordre, la résistance et le manque de respect mutuel.
« Il y a un réveil chez beaucoup, on n’est plus comme avant, où certains acceptaient tout. On s’informe. Les gens pensent qu’on parle pour parler. Le monde est en train de s’occidentaliser. Il se transforme en un petit village où on sait quand même comment ça se passe chez les autres21. »
40Le cyberespace permet en outre de relier les habitants de la planète et de faire converger les actions humaines. De la sorte, la transmission des savoirs apparaît comme un processus dynamique qui entraîne à la fois la recréation du processus technique et celle du groupe social des coopérateurs. Certains perçoivent les codes, pratiques et valeurs de leurs coopératives comme caducs, en inadéquation avec les coopératives prônées en Europe. Par des résistances, ils se désolidarisent et boycottent les pratiques qui les gardent dans le schéma traditionnel. Les savoirs acquis par ces outils et l’école leur permettent donc, bien que faiblement, de s’y opposer.
41La prise de conscience et la révolte de certains traduisent une volonté de changer les choses. Plus leur conscience est éveillée, plus elle s’affranchit des manières anciennes de penser et plus elle discerne les injustices et anomalies liées à la coopération. On a alors un double langage entre « conservateurs » et « réformistes » par rapport à la gestion coopérative. Les premiers refusent d’actualiser leurs savoirs, de s’ouvrir à une génération ouverte au monde. Ils affichent un conservatisme qui n’a plus lieu d’être du fait des évolutions récentes rendant obsolètes leurs pratiques et l’expérience des membres âgés. Les réformistes cherchent à rehausser les valeurs et principes coopératifs en rejetant les anciennes politiques et pratiques pour favoriser la transparence, la démocratie, l’égalité et l’équité. Pour eux, la consolidation de la coopération passe par une formation et une éducation bien pensées par rapport à l’évolution de la société.
42Pour conclure, l’administration coloniale, l’État postcolonial et les coopérateurs ont joué, chacun à leur niveau, un rôle qui a peu favorisé la transmission de la culture coopérative moderne, d’où les défaillances culturelles des coopératives. On a, en leur sein, une hybridation des pratiques coopératives et une persistance des habitudes traditionnelles, qui influent sur les représentations et comportements des adhérents et apparaissent comme des obstacles à la transmission des savoirs et à la promotion de la culture coopérative moderne revendiquée par une génération exposée à des savoirs qui transforment leur mémoire, leur perception et leur raisonnement. L’enjeu dans la transmission de cette culture est, en fait, de former l’individu lui-même, passionné par le métier, afin qu’il intègre pleinement le statut de coopérateur.
43Cette étude de la transmission des savoirs étant réduite à deux coopératives créées dans les années 1980, de nouvelles recherches sont en cours pour étayer mes arguments et éclaircir certaines zones d’ombre. Elles portent sur les stratégies de socialisation et d’apprentissage et visent les coopératives liées au nouveau dispositif de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) relatif au droit des sociétés coopératives. L’objectif est de saisir les pratiques culturelles transmises par ce dispositif et leur impact sur les idéologies, comportements et pratiques des acteurs.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bastide Roger, Le prochain et le lointain, Paris, Éditions Cujas, 1970.
Berliner David, « Anthropologie et transmission », Terrain, 2010, vol. 55, p. 4-19.
10.4000/terrain.14035 :Bril Blandine, « Apprentissage et culture », dans Chevallier Denis (dir.), Savoir-faire et pouvoir transmettre, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1991, p. 15-21.
10.4000/books.editionsmsh.3818 :Bureau international du travail, « Recommandation no 193 sur la promotion des coopératives », 90e session CIT, Genève, 2002.
Candau Joël, « Pourquoi coopérer », Terrain, 2012, vol. 58, p. 4-25.
10.4000/terrain.14604 :Candau Joël, Anthropologie de la mémoire, Paris, Armand Colin, 2005.
Choron-Baix Catherine, « Transmettre et perpétuer aujourd’hui », Ethnologie française, 30 (3), 2000, p. 357-360.
Gaulejac Vincent de et Hanique Fabienne, Le capitalisme paradoxant, un système qui rend fou, Paris, Le Seuil, 2015.
Lévy Joseph et Lasserre Evelyne, « Internet, savoirs et savoir-faire : de quelques perspectives anthropologiques », Anthropologie et sociétés, 2011, vol. 35, no 1-2, p. 17-34.
Makouatsa Boupo Nina-Marinette, « La dynamique de coopération dans le secteur de l’économie sociale et solidaire au Gabon. Cas de la COOPEAN et de la COOPAM : état des lieux et perspectives », thèse de doctorat en anthropologie, Nice, université Nice – Sophia-Antipolis, 2017.
Maquet Jean et Quazza Jean-Pierre, « Transmission... », Actualités en analyse transactionnelle, 2009, vol. 129, no 1, p. 71-73.
10.3917/aatc.129.0071 :Meillassoux Claude, Terrain et théorie, Paris, Anthropos, 1977.
Reboul Olivier, Les valeurs de l’éducation, Paris, Presses universitaires de France, 1992.
Winkin Yves, Anthropologie de la communication : de la théorie au terrain, 2e éd., Paris, Le Seuil (Points), 2001.
Notes de bas de page
1 D. Berliner, « Anthropologie et transmission », p. 6.
2 Dieudonné, 48 ans, expert en agrodéveloppement, 2012, Libreville.
3 Bureau international du travail, « Recommandation no 193 sur la promotion des coopératives », 90e session CIT.
4 L. Cavalli-Sforza, cité dans B. Bril, « Apprentissage et culture », p. 16.
5 W. H. Goodenough, cité dans Y. Winkin, Anthropologie de la communication : de la théorie au terrain, p. 127.
6 O. Reboul, Les valeurs de l’éducation, p. 1.
7 Loi no 47-1775 de l’AEF, de l’arrêté no 2097 du 25 octobre 1947 et décret-loi du 2 février 1955 portant statut de la coopération dans les territoires relevant du ministre de la France d’outre-mer.
8 B. K. Malinowski, cité dans R. Bastide, Le prochain et le lointain, p. 45.
9 Jean-Louis, 56 ans, agent de la Direction générale des coopératives, 2014, Libreville.
10 J. Maquet et J.-P. Quazza, « Transmission... », p. 71-73.
11 Richard, 44 ans, président de la COOPAM, 2012, Libreville.
12 C. Meillassoux, Terrain et théorie, p. 33-34.
13 C. Choron-Baix, « Transmettre et perpétuer aujourd’hui », p. 359.
14 N.-M. Makouatsa Boupo, « La dynamique de coopération dans le secteur de l’économie sociale et solidaire au Gabon : cas de la COOPEAN et de la COOPAM, état des lieux et perspectives », p. 280.
15 Mboumba, 73 ans, membre de la COOPAM, 2012, Libreville.
16 Jacques, 64 ans, membre de la COOPEAN, 2012, Ntoum.
17 J. Candau, « Pourquoi coopérer », p. 12.
18 J. Candau, Anthropologie de la mémoire, p. 152.
19 David, 56 ans, membre de la COOPAM, 2012, Libreville.
20 J.-J. Lévy et E. Lasserre, « Internet, savoirs et savoir-faire : de quelques perspectives anthropologiques », p. 19.
21 Gatien, 38 ans, membre de la COOPAM, 2012, Libreville.
Auteur
Docteur en anthropologie, Laboratoire d’anthropologie et de psychologie cognitives et sociales (LAPCOS), université Nice – Sophia-Antipolis
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016