Le registre de la Société républicaine de Paray-le-Monial : généralités et singularités
p. 106-117
Résumé
Il subsiste fort peu de registres des sociétés politiques en Saône-et-Loire, alors que ce département connut un phénomène de sociabilité militante intense, quoique tardif. C’est pourquoi le registre de la Société républicaine de Paray-le-Monial est précieux. Particulièrement représentative de la vie politique du département, cette société naît au cœur de l’avènement de la République (2 février 1793) pour disparaître provisoirement pendant la réaction thermidorienne (17 avril 1795). Mais sa très grande originalité vient du fait qu’elle renaît avec la Seconde République, entre février et le 29 avril 1848. La société républicaine est implantée au cœur d’une petite ville de la Bourgogne du sud, à la fois religieuse et artisanale. La sociabilité urbaine reflète ces forts clivages sociaux et culturels en interne, mais doit aussi se comprendre dans la rivalité administrative et fonctionnelle avec la ville de Charolles.
Texte intégral
1Le département de Saône-et-Loire est un département où la sociabilité politique révolutionnaire, sans atteindre les densités de la Provence, de l’Aquitaine ou de la vallée de la Seine, se situe malgré tout à un niveau moyen1, avec quelques singularités, comme la présence précoce et structurante d’un club au chef-lieu de canton2 ou l’essaimage dans le tissu communal en l’an II. Mais il est surtout possible de définir la période 1793-1794 comme une période inaugurale de la démocratisation de la vie politique. Cette dernière se développe et s’affirme pleinement sous le Directoire, puisque les cercles constitutionnels des ans VI et VII (1798-1799)3 ont une densité d’implantation équivalente à celle des régions à fort potentiel civique des premières années de la décennie révolutionnaire. On peut donc parler vraiment de « sociabilité républicaine ». L’an II a vu la nationalisation de la vie locale, sous le double effet des contrecoups de la rébellion lyonnaise et de l’intrusion du factionnalisme parisien, qui en est la conséquence.
2Les témoignages de cette activité sont ténus. Il y a des traces, bien sûr, dans les registres de délibérations municipales. Mais l’existence de registres autonomes fait figure de perle rare aux archives départementales de Mâcon. Il y a des traces de l’activité de comités de surveillance (Cluny, Mâcon, Charolles), mais peu de choses sur les grandes sociétés populaires de l’an II ; sans doute, le registre d’Autun, qui n’est pas aux archives départementales (4L7), de même que celui de Chalon-sur-Saône ; une allusion à la société populaire de Louhans, le 8 germinal an III, au registre de la société populaire de l’an II, mais c’est tout (4L17). Il y a des fragments épars pour les sociétés populaires de Mâcon (4L22), et aussi quelques éléments pour Montcenis, où une société politique s’implanta de façon précoce (la Société des amis de la Constitution de 1791, 4L24), et laissa ensuite la place à une société populaire (30 prairial an II-18 fructidor an III / juin 1794-août 1795), donc à une période atypique (4L25). Des témoignages lacunaires d’activité peuvent également être relevés à Belvédère (ci-devant Mont-Saint-Vincent), Bellevue-les-Bains (ci-devant Bourbon-Lancy), et Jouvence (ci-devant Saint-Gengoux-le-Royal) sur les registres de délibérations municipales.
3Il nous reste la société populaire de Paray, ou plutôt la Société républicaine de Paray, dont le registre complet couvre les séances du 2 février 1793 au 28 germinal an III (17 avril 1795), soit 222 items correspondant à des séances, qui remplissent 229 grandes pages4.
4L’intitulé de la pièce est : Registre des Clubs républicains depuis le 2 février 1793 jusqu’au 29 avril 1848. L’originalité est effectivement d’avoir les deux périodes accolées, la Deuxième République en continuité avec la Première. Mais c’est un gros registre, qui s’inscrit délibérément dans une sociabilité républicaine. Le registre est continu, la période révolutionnaire en occupe la plus grande partie.
Spectrographie d’une petite ville de la Bourgogne du sud
5Dans le district de Charolles (fig. 1), Paray-le-Monial est en concurrence avec le chef-lieu. Elle se revendique fièrement comme ville à part entière qui, rappelons-le, se définit à cette époque, non par un seuil démographique, mais par l’implantation d’un certain nombre d’institutions structurantes du royaume5.
6Paray a 2 434 habitants en 1774, alors que Charolles en a 2 243. Puis l’écart se creuse, au bénéfice de Paray, qui a 2 840 habitants en 1786, pour 2 393 à Charolles. C’est toutefois un plafond, puisque Paray stagne dans la décennie révolutionnaire, pâtissant du fait que Charolles ait centralisé les fonctions administratives : 2 848 habitants en 1798, pour 2 407 à Charolles. Le chef-lieu d’arrondissement bénéficie en outre de l’accentuation de la spécialisation herbagère, inaugurée au xviiie siècle, spectaculairement soutenue et encouragée en ce début de xixe siècle. Charolles rattrape puis double sa concurrente (2 856 habitants pour la première en 1806, contre 2 828 pour Paray).
7Paray est très exactement dans la moyenne fiscale des villes bourguignonnes : 18 livres 05 sols. Cela en fait une ville plus aisée que ses concurrentes : la moyenne fiscale est de 14 livres 03 sols à Charolles. Il y a 433 taillables, et 24 privilégiés et exemptés (un nombre total d’exemptés à 54) ; ce qui porte la population fiscale à 487.
8Les personnes relevant du secteur primaire (activités liées au travail de la terre) sont au nombre de 66, soit 18 % (pour 23 % à Charolles) ; celles relevant du secteur secondaire sont 211 (métiers du petit commerce et de l’artisanat), soit 57 % (pour 39 % à Charolles) ; enfin celles relevant du secteur tertiaire (rentiers, hommes de loi, médecins, etc.) sont au nombre de 91, soit 25 % (pour 38 % à Charolles).
9Incontestablement, Paray est une ville à dominante artisanale, tout comme Cluny ou Marcigny, autres chefs-lieux de canton équivalents dans le Charolais, tandis que Charolles est une ville tertiaire.
10Cluny et Paray ont un nombre élevé d’artisans qui travaillent une matière première brute et qui fabriquent des produits semi-ouvrés. À Cluny, ce sont les métiers du textile qui dominent, notamment pour la fabrique des draps en laine. À Paray, ce sont plutôt les tailleurs de pierre et les fendeurs. Les fendeurs sont des travailleurs du fer, qui découpent le métal en verges, ensuite réparties pour assurer l’activité de chaudronniers, de cloutiers, de serruriers, de taillandiers. Des tuileries et des faïenceries se sont installées sur les rives de la Bourbince, qui traverse la ville.
11Paray est une ville artisanale bien plus que commerçante. On y trouve 25 marchands, qui représentent 3 % des taillables, contre 61 à Charolles, qui en représentent 19,5 %.
La situation dans la Bourgogne et dans le royaume
12Il y a une poste aux chevaux à Paray, avec sept chevaux au relais. De là, on peut communiquer avec Chalon vers le nord-est, et Digoin vers l’ouest. La route n° 38, la transversale Mâcon-Digoin, fut progressivement construite de 1753 à 1778.
13En 1780, un projet de l’administration provinciale envisage la suppression d’un pont. Pour cela, la route passerait au sud et contournerait Paray. Ce projet suscite l’émoi des habitants, qui demandent le maintien du pont et du tracé de la route « qui tourne autour de la ville de Paray, qui en favorise les approvisionnements, qui contribue à son lustre et à sa décoration, qui excite l’ardeur et l’émulation des habitants, et leur inspire le goût du travail et du commerce, en même temps qu’elle provoque leur industrie6 ».
14Vers le nord, les communications empruntent la dépression de la Bourbince vers Chalon-sur-Saône. C’est le tracé qu’emprunte quelques années plus tard le canal du Centre, dont les travaux, commencés en 1784 à la demande des états de Bourgogne, supervisés par l’ingénieur Emiland Gauthey, seront achevés dans leur phase initiale en 1793.
15Il y a un marché hebdomadaire et six foires à Paray. C’est là qu’on mesure toute la différence avec l’importance régionale de Charolles, où se tiennent deux marchés hebdomadaires et douze foires, dont sept furent créées au cours du xviiie siècle. Ce sont des foires aux bestiaux, consécutive à la spécialisation herbagère et bovine du Charolais.
Les fonctions tertiaires et administratives
16La vocation religieuse de Paray s’affirme. Il y a un prieuré clunisien du xiie siècle à Paray, tout comme à Marcigny. Comme à Bourbon-Lancy ou à Marcigny, le clergé est nombreux : on trouve 19 religieux et 55 religieuses à Paray (74 personnes), tandis qu’à Charolles, il n’y a que 8 religieux et 9 religieuses (17 personnes.)
17Avant les guerres de Religion, cette région était marquée par le protestantisme. Il y eut une volonté de reconquête par le catholicisme. Cette zone de résistance cléricale provoque ultérieurement une fracture dans le clergé, puisque le nombre de réfractaires équilibre quasiment le nombre de jureurs.
18Il y avait 143 paroisses en 1789, donc 143 curés, et 60 aumôniers, vicaires et religieuses. Chez les curés, ce sont les jureurs qui ont l’avantage (83). Il y a 62 réfractaires (avec des pôles à Charolles, Gueugnon, Marcigny, Paray, Semur-en-Brionnais). Chez les aumôniers, c’est rigoureusement équilibré : 30 jureurs et 30 réfractaires.
19Une église constitutionnelle se mit en place ; aux 83 prêtres jureurs vinrent s’adjoindre 63 autres ecclésiastiques. Sur le total, 80 se sont rétractés, surtout en 1795 et 1796, et 23 se sont mariés. La conséquence en est que Paray étant une ville monastique, elle n’a pu posséder de juridictions royales. Charolles a très nettement l’avantage en ce domaine ; Charolles est chef-lieu de bailliage.
20Il y a une brigade de maréchaussée à Charolles, d’ancienne résidence, puisque la brigade fut installée en 1721. On trouve d’autres brigades, de création récente (1778) à Bourbon-Lancy, à Cluny, à Digoin. Mais il n’y en a pas à Paray.
21En revanche, en rapport avec le futur creusement du canal du Charolais (canal du Centre), Paray possède une justice spécialisée, la justice des canaux.
22Charolles est incontestablement une ville administrative, dont la Révolution va encore renforcer l’emprise. Puis c’est Cluny qui se révèle la mieux dotée, en raison de l’importance de sa justice seigneuriale, qui est celle des abbés de Cluny.
23On ne sait pas trop quel est le nombre de familles nobles qui résident à Paray ; en revanche, on a un état des privilégiés7 :
Madame la comtesse de Buxeuil et son fils ont 4 000 livres de revenus
Mademoiselle de Chavagnac a 6 000
Monsieur Maublanc de La Vesure a 12 000 livres
Monsieur Thouvent de Boyer a 30 000 livres
Madame de Sermaize, douairière a 4 000
Monsieur de Labaille a 3 000
Monsieur Ribailler aîné a 2 000
Monsieur Desmoulins a 4 000 livres
Monsieur Ribailler cadet, ingénieur a 3 000 livres
Monsieur et mademoiselle Vialle ont 3 000
Monsieur de Masclary a 1 500 livres
Monsieur de Saint-Micaud a 8 000
Monsieur de Boissire a 2 500
Monsieur Mallard a 6 000
Monsieur de Montpinet a 1 000 livres
Monsieur Quarré de Verneuil a 8 000 livres
Monsieur Quarré de Chonteny a 4 000
Monsieur Quarré de Moncamp a 2 000
Monsieur Bouillet de La Faye a 8 000 livres
Monsieur le marquis de Digoine a 4 000 livres
Monsieur Desaires a 4 000
Monsieur de Laveaux a 5 000 livres
Monsieur Deshaires a 1 200
24Pour soutenir un train de vie digne d’un officier de cour souveraine, on estime qu’il faut avoir au moins 2 000 livres de revenus. Nous avons souligné ceux qui peuvent mener un train de vie bien supérieur, à 5 000 livres et au-delà, les mieux lotis étant Thouvent de Boyer, puis Maublanc de La Masure. Huit personnes dominent ce groupe de notabilités.
25Nous pouvons relever également, au sein de ce groupe de privilégiés, quelques personnes qui vont jouer un certain rôle pendant la période révolutionnaire. Ainsi, le marquis de Digoine va être le porte-parole de la frange de la noblesse la plus arc-boutée sur la défense des ordres, tandis qu’Etienne Mayneaud de Laveaux, futur gouverneur de Saint-Domingue et ami de Toussaint-Louverture, va s’opposer au nom de la minorité libérale de la noblesse. Remarquons encore Deshaires, qui va jouer un rôle certain dans le personnel révolutionnaire local, tant au niveau de la commune qu’à celui du département.
26Un hôpital a été fondé en 1679. Pour le service, on trouve quatre médecins, quatre chirurgiens et un nombre variable de religieuses.
Sociabilité et vie politique
27La sociabilité traditionnelle tournait autour d’exercices pseudo-militaires, héritages des milices urbaines de la Renaissance, qui consistaient à s’entraîner au tir et à banqueter copieusement. Mais cette sociabilité est en déclin. Le jeu de l’arquebuse a été fermé, l’intendant lui étant hostile en raison de son coût excessif. Les jeux de l’arc sont loin de connaître le même engouement. La sociabilité nouvelle, fondée sur la franc-maçonnerie, n’a pas vraiment pris le relais. C’est une activité qui progresse, mais je n’ai pas rencontré de loge instituée.
28Dix maires se sont succédé depuis un siècle. C’est un record, mais six d’entre eux sont décédés peu après leur entrée en fonction. Une assemblée municipale a été installée en 1785, aux côtés du dernier maire de l’Ancien Régime, A. Durand, qui est en fonction depuis 1767.
Paray et la Révolution
29Il n’y a pas de monographie de Paray pendant la Révolution, alors qu’on en trouve pour Cluny, Charolles, Saint-Gengoux, etc. Il faudra donc une étude attentive du registre des délibérations municipales pour comprendre les enjeux. Toutefois, il est possible de relever quelques généralités à travers les exemples de localités proches8.
30À l’image de l’ensemble du département, les ruptures se produisent lors de la mission de Javogues, en 1793, puis lors de la mission de Reverchon au début du Directoire. En ces deux occasions, un certain nombre de rivalités locales ont été nationalisées, et replacées dans un affrontement plus vaste, dont l’épicentre est la ville de Lyon. Charles Javogues, né en 1759 à Bellegarde, exerce la profession d’huissier avant la Révolution. Conventionnel montagnard, il est envoyé à Lyon, aux côtés de Couthon, Maignet, Chateauneuf-Randon et Laporte. Il prend ensuite la tête d’une armée révolutionnaire qui parcourt les départements voisins : Ain, Saône-et-Loire, Rhône, Loire. Il installe un tribunal révolutionnaire à Feurs.
31Charolles semble être une pointe avancée de la déchristianisation. En 1791, le curé constitutionnel, Langeron, est devenu maire de la ville. Il se déprêtrise le 25 brumaire an II. En 1793, le district est dirigé par Gayet, Dargaud, Boussin et Bonnet. Le président est Mathieu. On trouve aussi Douhéret, Lapalus (l’adjoint direct de Javogues) et Saulnier. À l’initiative de Boussin et Lapalus, plusieurs manifestations d’iconoclasme anti-chrétien ont lieu ; les archives du prieuré bénédictin de Paray sont brûlées. La Société populaire de Charolles a commencé ses séances le 15 mai 1793. Elle les tient dans l’église. L’un des meneurs est « Minimus Deshaires » (voir liste précédente).
32Jean-Claude Bijon est également membre du district de Charolles, et agent de Lapalus. À son initiative, le district de Bourbon-Lancy, un « petit Coblentz », est supprimé et rattaché à celui d’Autun, « la Montagne du département ». Bijon est nommé commissaire cantonal à Bellevue-les-Bains, où une lutte violente l’oppose au maire, Lescène-Desmaisons. Voici l’opinion émise par ce dernier sur Bijon en pluviôse an V (janvier 1797) :
« Il était peut-être trop naturel qu’un homme qui n’a pas un sol dans le monde adoptât tous les systèmes extrêmes du sans-culottisme9. »
33Jean-Marie Lapalus est né à Matour, dans le haut-Mâconnais, le 12 novembre 1767. Avant la Révolution, il est clerc de notaire à Mardore, dans la Loire. Il est membre de la commission de justice militaire de Feurs, puis président de la dite commission, qui envoie un grand nombre de prévenus au peloton d’exécution. Il envoie des agents dans chaque canton, qui révolutionnent la localité ; à La Clayette, Pierre Roche fait basculer une opinion qui était jusqu’alors majoritairement favorable aux modérés, couverts par un ancien constituant, Antoine de La Métherie. Les communes de Digoin et de Gueugnon sont également de sentiments très révolutionnaires. Lapalus est arrêté le 22 février 1794 pour ses positions ultra-révolutionnaires. Il est déféré au tribunal révolutionnaire de Paris, condamné à mort et exécuté le 13 avril.
34Marcigny est un autre fief du modérantisme.
35À Paray, sous le Directoire, les luttes partisanes semblent peu prononcées : le commissaire y est Bertucat, une personnalité du lieu, ancien conventionnel membre de la Plaine, et adversaire du Montagnard Marc-Antoine Baudot, de Charolles.
36Une grande part des luttes partisanes de la période directoriale s’enracine dans les nominations opérées par Jacques Reverchon, conventionnel montagnard originaire de Vergisson, dans le Mâconnais, puis installé à Marcigny. Envoyé en mission à Lyon, avec Laporte, au printemps 1794, Reverchon s’efforça d’atténuer les effets de la répression menée par Fouché et Collot d’Herbois. C’est une de ces nombreuses missions « thermidoriennes » avant la lettre. Il revint à Lyon au printemps 1795, avec Poullain-Grandprey, au cours des troubles consécutifs aux massacres des prisons tolérés par Boisson. Convaincu que Lyon est le cœur d’une vaste conspiration contre-révolutionnaire, il épure au début du Directoire toutes les administrations des départements de Saône-et-Loire, de l’Ain, de la Loire et du Rhône, écartant les notables dits « modérés » pour les remplacer par les jacobins qui avaient exercé des responsabilités en l’an II, et qui vont ainsi durablement être remis en selle.
*
37Avec ces quelques éléments en mains, et sans préjuger d’interrogations ultérieures nées de la saisie et de la confrontation avec d’autres sources, il serait intéressant de scruter le registre des deux sociétés politiques, avec comme axes directeurs :
l’identité urbaine : la société politique d’un lieu donné ne reflète pas uniquement le statut social de ses membres, elle exprime également l’identité collective d’une communauté donnée, elle traduit une histoire, elle s’ancre dans un territoire, elle porte des revendications et des aspirations ;
le jeu d’échelles de la politisation : la microstoria de la petite ville et de ses rivalités avec les voisines, importante pour comprendre les identités locales, et la constitution des clientèles et des réseaux sociaux structurant le lien social dans l’Ancien Régime, sont confrontées, par l’événement révolutionnaire – ici, la rébellion lyonnaise, et le siège de Lyon – à la nationalisation des enjeux, qui reconfigure durablement les positionnements et les alliances. Il faudra mesurer les permanences et les changements dans la moyenne durée, d’une République à l’autre, du Directoire à la Deuxième République ;
la mémoire : comment la mémoire des luttes religieuses du xvie siècle, l’empreinte du protestantisme et de la Contre-Réforme, ont-elles pu influencer les positionnements et le langage des acteurs de l’époque révolutionnaire ? Comment la mémoire de 1793 et de Thermidor peut-elle influencer les reconfigurations postérieures et les héritages du républicanisme ?
Bibliographie
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Margadant Ted, Urban rivalries in the French Revolution, Princeton University Press, 1992.
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Annexe
Notes de bas de page
1 J. Boutier et P. Boutry (dir)., Atlas de la Révolution française, t. VI : Les sociétés politiques, p. 34-37.
2 Ibid., p. 96 ; on voit que toutes les sociétés politiques existant dans le district de Charolles entre 1790 et 1794 sont implantées au chef-lieu de canton.
3 Ibid., p. 107 et B. Gainot, 1799, un nouveau jacobinisme ?, p. 326-352.
4 Arch. dép. Saône-et-Loire, 4L26.
5 Pour toute cette partie, j’ai beaucoup utilisé les données (surtout fiscales) fournies par C. Lamarre, Petites villes et fait urbain en France au xviiie siècle. Le cas bourguignon. Voir aussi T. Margadant, Urban rivalries in the French revolution, p. 21-83.
6 Arch. dép. Saône-et-Loire, C214, Papiers des sub-délégations (pour Paray : C210-C2017), Mémoire de l’assemblée générale des habitants tenue le 9 janvier 1780.
7 Arch. dép. Saône-et-Loire, 4L26, et Arch. dép. Côte-d’Or, C6837 et C6838, Papiers de l’Intendance : impositions et rôles de taille Paray.
8 Exploration de la sous-série 3L3 des Arch. dép. Saône-et-Loire ; classement par cantons.
9 Arch. dép. Saône-et-Loire, 3L3, Bellevue-les-Bains ans 3-8.
Auteur
Maître de conférences honoraire à l’Institut d’histoire de la Révolution française, université Paris I – Panthéon-Sorbonne
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016