Évolution des caractéristiques sociodémographiques et professionnelles des membres de la Société des antiquaires de Picardie et de la Société d’émulation d’Abbeville (1945-2012)1
p. 309-323
Résumé
Parmi les associations qui contribuent à produire un savoir historique local, les sociétés savantes anciennement instituées occupent une place à part. Cet article met en évidence, sur la période de 1945 à 2012, les évolutions des caractéristiques démographiques et socioprofessionnelles des membres de deux sociétés savantes : la Société des Antiquaires de Picardie (SAP) et la Société d’Émulation d’Abbeville (SEA).
Elles font partie des sociétés les plus anciennes et les plus prestigieuses de la région. Les données collectées amènent à nous interroger sur les réseaux de relations qu’elles entretiennent entre elles, comme avec d’autres associations locales, nationales ou internationales.
Texte intégral
1Dans la nébuleuse des associations qui contribuent à produire un savoir historique local – c’est-à-dire circonscrit à une commune, un quartier, une activité ou une microrégion –, les sociétés savantes anciennement instituées occupent une place à part. Elles se distinguent des autres associations du fait de leur prestige et de la légitimité que leur confère leur proximité avec le monde académique et de la recherche. Si dès leur naissance vers les années 1650, jusqu’à la fin du xixe et début du xxe siècle – époque à laquelle elles ont été étudiées par l’historien J.-P. Chaline, O. Parsis-Barubé ou encore G. Tierny –, elles regroupaient essentiellement des notables et des érudits, qu’en est-il de nos jours ? Si les sociétés savantes ont survécu aux nombreux changements et bouleversements sociaux du xxe siècle, quelles transformations ont-elles connu et comment le profil de leurs membres a-t-il évolué ? Quels réseaux mobilisent-elles aujourd’hui au xxie siècle ?
2Pour mettre en évidence ces évolutions, nous nous sommes intéressées à deux sociétés savantes : la Société des Antiquaires de Picardie (SAP) et la Société d’Émulation d’Abbeville (SEA) qui font parties des sociétés les plus anciennes et les plus prestigieuses de la région. Cette étude va donc présenter dans un premier temps, l’évolution des profils des membres de la SAP et de la SEA, étudiés à partir de leurs caractéristiques démographiques et socioprofessionnelles. Dans un second temps, on s’interrogera sur les réseaux de relations qu’elles entretiennent entre elles, comme avec d’autres associations locales, nationales ou internationales.
Méthodologie
3Cette étude a été réalisée à partir d’un travail de dépouillement minutieux des bulletins des deux sociétés. Comme la Société des Antiquaires de Picardie, la SEA publie chaque année, des bulletins dans lesquels sont consignés les procès-verbaux des réunions des membres. Il a donc été possible de recueillir des informations exhaustives relatives à la participation des membres aux réunions ainsi qu’aux admissions de nouveaux membres par année, par sexe et par profession sur une période allant de 1945 à 2012. Ces informations ont été constituées en base de données et traitées statistiquement. Les résultats sont présentés sous forme de tableaux et de graphiques analysés et commentés.
Évolution des caractéristiques des membres de la SAP et de la SEA entre 1945 et 2012
4La société des Antiquaires de Picardie (SAP), créée en 1836 a :
« (pour objet) l’étude et la description de tous les monuments de l’art et de l’histoire que l’Antiquité et le Moyen Âge ont laissés dans la Picardie, tant sous le rapport de l’art que de leur application à l’histoire du pays. »2
5Elle se démarque des sociétés savantes locales par sa dimension régionale. Elle mène ainsi plusieurs actions de conservation et de valorisation du patrimoine picard. Elle a par exemple joué un rôle majeur dans la création du Musée de Picardie dont elle a constitué les collections, conçu et fait construire le bâtiment avant de le céder à la ville d’Amiens.
6La SEA fondée en 1797, a pour objectif « l’étude et l’encouragement des lettres, des sciences et des arts »3 tout en privilégiant l’histoire et le patrimoine d’Abbeville et de ses environs.
7Ces deux sociétés publient des bulletins et mémoires dans lesquels figurent les travaux de leurs membres sur divers sujets d’histoire, d’archéologie et d’art, et organisent des journées d’étude et des conférences sur des sujets variés en relation avec la Picardie. Elles peuvent mener leurs actions grâce au concours de leurs membres. Comment sont-ils admis au sein des sociétés ? Qui sont-ils aujourd’hui ? Comment leur profil a-t-il évolué ?
Modalités d’admission des membres
8La SAP est composée de titulaires résidants et non résidants, de membres honoraires et correspondants. À la SEA, on distingue également des membres titulaires, honoraires et correspondants. Les « membres titulaires résidants » de la SAP équivalent aux « titulaires » de la SEA. Les membres appelés « non résidants » à la SAP sont désignés par le terme « correspondants » à la SEA. En tant que participants à l’administration de leur société, les membres titulaires ont plus de responsabilités vis-à-vis de la société que les autres membres.
9À la SAP comme à la SEA, l’admission des membres, qu’ils soient titulaires ou non, se fait par scrutin. Seuls les membres titulaires sont habilités à participer à l’élection des nouveaux membres. Avant d’être soumis au scrutin, ces derniers doivent être proposés par trois membres (pour la SAP) ou deux (pour la SEA).
10Par ailleurs, la SAP ne peut accueillir plus de trente membres résidants simultanément. On peut lire cette disposition dans les statuts de la Société dont l’article 7 stipule que :
11« Le nombre des titulaires résidants sera de vingt, dans la première formation ; il ne pourra, dans aucun cas, excéder le nombre de trente. Le nombre des membres titulaires non résidants, des membres honoraires et des correspondants est illimité. »4
12Une disposition similaire figure à l’article 3 des Statuts de la SEA5. Tandis que le nombre des correspondants est illimité, l’effectif des titulaires ne peut dépasser trente et un (dont vingt-cinq titulaires actifs et six titulaires honoraires). Ainsi, l’on ne procède à l’élection de nouveaux membres résidants que lorsqu’un siège se libère, suite à une démission ou à un décès. Sauf cas exceptionnel, ce sont les membres correspondants/non résidants qui sont élus au rang de titulaire/résidant.
Des admissions irrégulières
13Au cours de la période 1945-2012, la SAP a enregistré au total 1181 admissions de membres dont 1103 non résidants et 78 résidants (Tab 1.a). Elle en a admis nettement plus que la SEA qui a eu au total 776 membres, dont 706 membres correspondants et 70 titulaires (Tab 1.b). La SAP attire plus d’adhérents à cause de sa plus large envergure. En effet, contrairement à la SEA qui a une dimension plutôt locale (Abbeville et ses environs), la SAP étend ses travaux à toute la région Picardie.
14Dans les deux sociétés, la proportion des membres non résidants/correspondants reçus est largement supérieure à celle des membres résidants/titulaires (94 % contre 7 % pour la SAP et 91 % contre 9 % pour la SEA). Sur les graphiques 1.a et 1.b, la courbe de l’évolution des membres non résidants/correspondants se dissocie à peine de celle de l’ensemble des admissions alors que celle des résidants/titulaires reste très basse et quasi linéaire. Ce grand écart entre les admissions se justifie par les dispositions des statuts relatives à l’admission des membres notamment le nombre limité de sièges pour les membres titulaires. Toutefois, comparativement à celles de la SAP, les fluctuations de courbe de l’évolution des membres titulaires SEA montrent un renouvellement un peu plus fréquent (graphique 1.a & 1.b).
15Les flux des admissions des membres correspondants/non résidants au sein des deux sociétés ont évolué de façon irrégulière sur la période étudiée. Certaines années enregistrent moins de membres que d’autres. Les effectifs les plus élevés sont constatés pour la SEA en 1947 (29 admissions), 1948 (28 admissions), avec un pic en 1998 avec 37 admissions. Pour la SAP, ils sont observés en 1970 (35 admissions), 1972 (41 admissions) et c’est en 1968 qu’il y a eu le plus grand nombre de recrutements (67 admissions).
16Plus globalement, entre 1945 et 1974, il y a eu une forte progression des admissions au sein de la SAP tandis qu’entre de 1975 à 2012, les effectifs ont considérablement baissé. On est passé de 172 admissions pendant la période 1945-1954, à 189 admissions en 1955-1964, puis à 331 en 1965-1974 (graphique 2.a). Un autre schéma est observé au niveau de la SEA. Depuis 1945-1954 où on relève le nombre le plus élevé d’admissions (164 nouveaux membres), la tendance est à la baisse, sauf en 1975-1984 (graphique 2.b).
17Comment expliquer la fluctuation et surtout la chute des flux d’adhésions au cours de ces dernières années ? Une réponse plus précise à cette question viendra des travaux que mènent actuellement les autres chercheurs participant à ce projet. Néanmoins, à ce niveau, on peut suggérer des hypothèses mettant en avant des facteurs comme le dynamisme et la personnalité des différents présidents, l’ouverture et l’évolution des deux Sociétés vers de nouveaux publics, l’actualisation des problématiques patrimoniales et intellectuelles, et pour la SAP, la création de l’université d’Amiens en 1969, à l’origine du pic des admissions observé à cette date, etc. Le tassement des admissions que l’on observe à partir des années 80 pourrait s’expliquer quant à lui par la professionnalisation des métiers du patrimoine dont la valorisation et la conservation seraient désormais assurées par les institutions étatiques. Les sociétés savantes seraient alors devenues moins mobilisatrices.
La place des femmes au sein de la SAP et de la SEA
18Les tableaux ci-après présentent la répartition sexuée des membres admis au sein des deux sociétés de 1945 à 2012.
19La SEA et la SAP ont aussi accueilli des personnes morales (associations ou autres institutions). Toutefois, ces dernières ne représentent qu’une infime part des adhésions (1,2 % pour la SAP et 0,4 % pour la SEA). À cause de leur nombre très limité et de leur statut de personnes morales, elles seront moins spécifiées dans la suite de nos analyses.
20Un peu plus des trois quarts (77 %) des membres admis à la SAP sont des hommes contre seulement 23 % de femmes (graphique 3.a). La part des femmes est un peu plus importante à la SEA ; un peu plus d’un quart (28 %) des admissions sont des femmes (graphique 3.b). Ainsi, dans l’une des sociétés comme dans l’autre, les hommes sont largement majoritaires.
21Avec ces proportions, on peut donc affirmer que SAP et la SEA sont des lieux sociaux dominés par les hommes. La distinction homme/femme de l’évolution des admissions permet de constater une chose : si les femmes étaient moins présentes au sein des sociétés au début de la période, elles sont de plus en plus recrutées ces dernières décennies notamment en 2005-2012 (graphique 4.a & 4.b).
22Au niveau de la SAP, la part des femmes a plus que quadruplé entre les périodes 1945-1954 à 2005-2012 : de 9 % à 39 %. Globalement, on note une progression constante. Au niveau de la SEA, un scénario similaire est observé. Les proportions des femmes augmentent significativement à partir de la période 1985-1994 jusqu’en 2005-2012 où leur nombre dépasse de peu celui des hommes (53 % contre 47 %). Ainsi, dans les deux sociétés, les femmes sont davantage recrutées au cours de ces dernières années.
23Cette évolution peut trouver son explication dans la combinaison de plusieurs facteurs. Dans les années 1945, les fouilles archéologiques, des recherches historiques, des présentations de communications et des publications, etc. qui constituent les principaux travaux de ces deux sociétés, sont des activités auxquelles les femmes étaient rarement associées.
24Toutefois, en plus de six décennies, la place des femmes dans l’ensemble de la société a, on le sait beaucoup changé. Longtemps exclues des études supérieures, les filles représentaient 6,5 % des bacheliers de la session 1915. Leur nombre augmente progressivement pour en atteindre 43 % en 1945. En 1964, pour la première fois, les filles sont plus nombreuses à être diplômées au baccalauréat que les garçons (50,3 % contre 49,7 %), et à partir de 1968 l’écart commence à se creuser au profit des filles ; 52 % contre 48 % (Chesnais, 1975). Selon les données de l’Insee (2012), depuis 1980, le nombre d’étudiantes dépasse celui des étudiants en France ; en 2010, 56 % des étudiants de l’enseignement supérieur sont des filles. Aussi, en 2013, 45 % des femmes exercent une activité à haut niveau de savoir6 contre 32 % des hommes (Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 2016 : 7). Les transformations du recrutement à la SAP et à la SEA reflètent ces évolutions tout en traduisant la féminisation de certaines professions du patrimoine.
25Aussi, un intérêt plus prononcé des femmes pour la valorisation du patrimoine, l’évolution de leur niveau d’instruction leur permettant de s’investir pleinement dans ce genre d’engagement, ou encore l’ouverture des sociétés savantes elles-mêmes peuvent justifier la place de plus en plus importante qu’occupent les femmes au sein de ces sociétés.
26Cependant, même si les femmes sont davantage admises, elles demeurent très minoritaires parmi les membres titulaires et donc, restent plus souvent au bas de l’échelle hiérarchique. Elles représentent 24 % des membres résidants de la SAP et 17 % des membres titulaires de la SEA.
27L’élection des femmes en tant que membres titulaires au sein de la SEA a été très tardive. En effet, depuis sa création en 1797, la première femme titulaire n’y a été élue qu’en 1967 et la première présidente en 2012. Par contre, à la SAP où la place de résidante a été accordée aux femmes depuis plus longtemps, aucune d’entre elles n’a été élue présidente jusqu’alors. Il y a eu une femme vice-présidente de 2004 à 2010.
28Quoi qu’il en soit, on peut dire aujourd’hui que le rôle des femmes au sein des sociétés savantes est réellement grandissant. Loin d’être cantonnées à leur rôle de membres « épouses de… » et « veuves de… » (… notables) comme au xixe et début du xxe siècle, elles sont devenues des membres à part entière impliquées dans les activités « savantes » de la société. Les « organisatrices de réceptions mondaines » décrites par Tierny (1987), ont cédé la place à des femmes pleinement investies dans la valorisation du patrimoine local. Resterait à s’interroger sur la manière dont la féminisation des sociétés savantes a infléchi leurs activités et notamment leurs publications. Les travaux menés par les femmes traduisent-ils des intérêts, des questionnements, des méthodes différentes par rapport aux périodes antérieures où ils étaient presque exclusivement menés par des hommes ? L’état actuel de la recherche ne permet pas de répondre à cette question que l’on ne mentionnera ici que dans la perspective de travaux ultérieurs7.
Caractéristiques professionnelles des membres admis au sein de la SAP et de la SEA entre 1945 et 2012
29Réputées pour leur mode de recrutement élitiste – ce qui d’ailleurs constitue une source de leur prestige – quelles catégories socioprofessionnelles la SAP et la SEA mobilisent-elles aujourd’hui ? Comment leur configuration socioprofessionnelle a-t-elle évolué ?
30Dans les bulletins, la profession n’a pas été renseignée pour tous les membres. Certains secrétaires consignent les informations des membres de manière plus complète que d’autres, et en majorité, ce sont les professions des femmes qui manquent. Il y en a eu 463 « non renseignés » pour la SAP, soit 39 % de l’effectif et 419 soit 54 % pour la SEA. De ce fait, les résultats présentés dans cette partie sont à prendre avec précaution.
31Pour la suite de nos analyses, afin de rendre les résultats plus lisibles, les « non renseignés » ont été supprimés et les données ont été redressées avec l’hypothèse selon laquelle les professions non renseignées se distribuent de la même manière que les autres. Ainsi, au cours de la période 1945-2012, la SAP a accueilli en majorité des professeurs et assimilés8 (20,2 %).
32Les professions libérales9, représentées à 14,9 % arrivent en seconde position, suivies des étudiants (12,8 %) puis des professions du patrimoine10 (11,3 %). Les agriculteurs et les intermédiaires de la santé et du social sont les moins représentés (tableau 4.a). Ces derniers, ainsi que les artisans et les industriels sont en effectifs négligeables à la SEA également. En revanche, ce sont les professions libérales qui y sont les plus représentées avec une part de 24,9 %, les professeurs et assimilés arrivant en seconde position avec 19,6 % (tableau 4.b). Les professions du patrimoine arrivent en quatrième, derrière les cadres du secteur public/privé. En proportion, les religieux ont été plus nombreux à adhérer à la SEA qu’à la SAP (6,4 % contre 2,6 %).
33Cette configuration professionnelle, principalement intellectuelle, des membres de la SAP et de la SEA est en accord avec les activités de ces sociétés. Le milieu érudit dans lequel elles évoluent nécessite la participation des personnes qui aient – ou qui soient capables de développer – des compétences et/ou des connaissances de l’histoire locale, des personnes capables de mener des recherches et de transmettre des savoirs correspondant à des intérêts locaux. Ce sont par ailleurs des personnes dont la profession est source de prestige social, en l’occurrence des médecins, des juristes, des enseignants, des personnes exerçant dans le domaine du patrimoine, des cadres, des maires et conseillers municipaux.
34Par ailleurs, les hommes et les femmes se distinguent par leur répartition dans les différentes professions. Dans les deux sociétés, les femmes sont en grande partie recrutées parmi les professeurs et assimilés puis les professionnels du patrimoine et les étudiants (cette dernière observation concerne exclusivement les femmes de la SAP). Les hommes sont moins nombreux dans les professions du patrimoine, mais on en compte plus dans les catégories professions libérales et professeurs.
35Étant donné que les professeurs et assimilés ainsi que les professions libérales – professions majoritairement représentées – regroupent des métiers ayant des grades ou domaines d’activités différents, il est intéressant de les analyser plus finement. Ainsi, pour la SAP, parmi les professeurs, la plupart sont des enseignants du secondaire à 42 % et des universitaires (enseignants du supérieur ; 41 %). Les instituteurs ne constituent que 17 % des admissions (Graphique 6.a). Par contre, au niveau de la SEA, ce sont les universitaires qui sont les moins nombreux, les enseignants du secondaire représentent plus de la moitié des effectifs (Graphique 6.b).
36Les professionnels en libéral sont sollicités non seulement à cause de leur savoir mais aussi à cause du prestige associé à leurs métiers (on verra plus loin qu’ils ne sont pas ceux qui ont plus participé aux publications de ces sociétés). À la SAP tout comme à la SEA, ce sont les professions médicales (médecins, dentistes et pharmaciens) qui sont majoritairement représentées (tout juste la moitié pour la SAP et 40 % pour la SEA). Elles sont suivies par les professions juridiques (avocats, magistrats, notaires, etc.). Les architectes et les autres libéraux tels que les journalistes, artistes, etc. occupent les parts restantes (Graphique 7. a & b).
37Une attention particulière portée sur l’évolution des professions11 représentées au sein de la SAP montre que le recrutement des professionnels du patrimoine tend à s’accroitre ; ils sont passés de 5,2 % en 1945-1954 à 13,3 % en 2005-2012 tandis que les admissions des professeurs décroissent (17,4 % à 6 %). Aucune entrée, entre 2005 et 2012, des professions libérales, agriculteurs, artisans, industriel, militaires/policiers et religieux (tableau 5).
38L’absence du clergé parmi les sociétaires suscite particulièrement des interrogations compte tenu des relations fortes qu’entretenait la SAP avec l’évêché dès la création de la société. En effet, plusieurs ecclésiastiques y étaient membres résidants – du moins jusqu’en 1914 – à cause de leur collaboration dans la restauration de la cathédrale d’Amiens et la sauvegarde d’objets de culte dans les églises (Tierny, 1987).
39Pour ce qui est de la SEA, d’une manière globale, toutes les professions ont tendance à diminuer sauf les retraités et les maires/conseillers municipaux. Les professions libérales et les professeurs et assimilés restent majoritaires sur toutes les périodes tandis qu’il n’y a eu aucune adhésion d’étudiant, ni d’artisan et encore moins d’industriel depuis 1985. Enfin, sur toutes les périodes, les professions du patrimoine sont représentées.
40En somme, la structure professionnelle des membres de la SAP et de la SEA se transforme au fil du temps. Les sociétés attirent différentes catégories socioprofessionnelles suivant les périodes.
La SAP et la SEA : quelles formes de réseaux ?
41Depuis plusieurs années déjà, de nombreuses associations fonctionnent en réseau ou partenariat. Au niveau des sociétés savantes, ces réseaux prennent plutôt la forme de « réseaux de correspondance » leur permettant de partager leurs connaissances et savoirs sur des sujets variés. Cette collaboration peut se faire par le biais d’échange de publications, de partenariat, la participation aux activités les unes des autres, voire l’organisation conjointe certaines activités. Dès lors, aborder la question des réseaux d’une société savante revient à analyser ses liens et les relations de ses membres avec les autres acteurs du milieu érudit.
42La SAP et la SEA entretiennent entre elles et avec nombre d’autres sociétés savantes ce type de relation d’échange. La constitution de réseaux est plus marquée à la SAP qui a admis 14 associations membres au cours de la période étudiée (cf. tableau. 2.a) alors que la SEA n’en a admis que trois. De plus, depuis les années 1960, on assiste à une constante augmentation de la part des membres enregistrés en tant que membre d’une autre association : de 0,6 % en 1965-1974 à 2,4 % en 2005-2012 (cf. tableau 7).
43Lors du dépouillement des bulletins des deux sociétés savantes, il est apparu que leurs relations vont au-delà d’une simple « relation de correspondance ».
La double-appartenance au sein du « réseau SAP-SEA »
44Depuis quelques années, on compte parmi les membres titulaires de la SEA un représentant de la SAP et vice versa et les deux sociétés collaborent sur nombre d’activités culturelles. Par ailleurs, certains membres ont individuellement adhéré aux deux sociétés. Il y en a eu 56 au total. Dans le cadre ce travail, nous allons nommer ces membres ayant été admis dans les deux sociétés les « double-adhérents ». Sur les 1957 admissions (1181 pour la SAP et 776 pour la SEA), le nombre des double-adhérents (56) peut sembler insignifiant. Mais ici, l’importance de l’effectif des double-adhérents compte moins que leurs caractéristiques sociodémographiques et professionnelles. Ainsi, les double-adhérents sont majoritairement des hommes ; 47 hommes contre seulement 9 femmes. Ce déséquilibre de la structure par sexe est beaucoup plus prononcé que celui de la configuration de l’ensemble des membres des deux sociétés.
45La majorité des doubles-adhérents (30 hommes et 2 femmes) avaient d’abord été admis à la SAP avant de rejoindre la SEA et 24 d’entre eux (17 hommes et 7 femmes) ont fait l’inverse. Cela peut se justifier par la supériorité numérique la SAP.
46Un double-adhérent peut être titulaire dans l’une des sociétés et non résidant dans l’autre, ou titulaire dans les deux sociétés. Concrètement on a :
38 membres correspondants au sein de la SEA et non résidants à la SAP ;
7 titulaires au sein de la SEA et non résidants à la SAP ;
2 correspondants au sein de la SEA et titulaires à la SAP ;
9 titulaires au sein de la SEA et résidants à la SAP.
47La plupart des membres adhérant aux deux sociétés sont donc des correspondants/non résidants. En ce qui concerne leurs professions, ils sont pour la majorité professeurs et cadres. Ensuite, on a des professions du patrimoine (des femmes pour la plupart). Bien qu’elles soient plutôt bien représentées dans les deux sociétés, les professions libérales semblent moins intéressées par la double-appartenance (tableau 8).
48Cette analyse sommaire bien qu’intéressante, ne nous donne que très peu d’informations sur la participation des double-adhérents à la vie des sociétés auxquelles ils appartiennent. C’est pour compléter cette analyse que nous allons faire un focus sur les membres titulaires qui, outre la SAP et la SEA, adhérent à d’autres sociétés.
Les réseaux des membres titulaires
49Quarante membres titulaires/résidants des deux sociétés savantes ont été recensés comme appartenant à au moins deux sociétés savantes. Parmi eux, douze ont une double-appartenance. On note une multi-appartenance (appartenance à plus de deux sociétés) assez importante chez les titulaires ; près de 2 sur 3 (cf. tableau 9).
50Parmi les sociétés auxquelles appartiennent ces multi-adhérents, on peut distinguer deux catégories de sociétés : celles situées dans la Picardie et dans le Nord de la France de celles qui ont une portée nationale, voire internationale, qui sont pour la plupart basée dans la région parisienne. Les premières sont : l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Amiens, la Société des Rosati Picards, Société de Linguistique Picarde, la Société d’Histoire du Droit des pays Flamands, Picards et Wallons, la Société d’histoire et d’Archéologie du Ponthieu et du Vimeu, la Société Linnéenne du Nord de la France, la Société des Antiquaires de la Morinie, la Société Archéologique et Historique de Noyon, la Société Industrielle d’Amiens, la Société Photographique de Picardie, la Société des Amis des Arts, l’Académie de Rouen, la Société des Amis de la bibliothèque d’Amiens, la Société de Dialectologie Picarde, la Société de Mythologie Picarde, la Société Eklitra, Le Bel Amiens, Société des Amis de la Musique, la Société Géologique du Nord, la Société des Picardisants, les Amis du Musée et de la Bibliothèque d’Abbeville, le Cercle Généalogique de Picardie, la Société des Violetti et la Société des Amis de Saint-Riquier.
51Dans la seconde catégorie, on a la Société Française d’Archéologie, la Société Française d’Architecture de jardins, la Société Française des Urbanistes, la Société Nationale d’Horticulture de France, la Société Préhistorique Française, la Société des Études Robespierristes, le Comité International des musées et les Francs-Maçons.
52D’une part, on constate la pluralité des sociétés savantes auxquelles appartiennent ces pluri-adhérents et de la diversité des disciplines dans lesquelles ils s’investissent. D’autre part, la majorité des multi-adhérents appartient à des sociétés situées en Picardie et dans le nord de la France. On serait tenté d’établir un parallèle entre l’établissement d’un réseau savant à l’échelle régionale et les parcours professionnels et résidentiels de certains membres qui, auraient développé une idéologie plus localiste et s’identifiant à un patrimoine culturel avant tout régional. Dans ce cas, ceux qui appartiennent à des sociétés à portée nationale auraient une vision plus élargie du patrimoine et seraient par conséquent dans une dynamique intellectuelle professionnelle nationale qui augmenterait non seulement la visibilité de la société, mais aussi leur propre notoriété au niveau national.
53De manière générale, les multi-adhérents sont très actifs ; la majorité d’entre eux appartient au bureau de la SAP, ou soit à celui de la SEA (tableau 10). De plus, ils ont à leur actif au moins une publication d’article ou communication dans les bulletins ou mémoires de leurs sociétés d’appartenance. Nombres d’entre eux ont publié des ouvrages ou des thèses. Seulement cinq (5) membres n’ont publié aucun ouvrage (tableau 11).
54Au niveau des professions, les multi-adhérents exercent des métiers majoritairement représentés dans les sociétés savantes. En effet, la plupart des professions libérales ainsi que les professeurs recensés collaborent avec au moins trois sociétés savantes (tableau 12).
55En somme, les multi-adhérents sont en majorité des membres plutôt actifs, investis dans la cause qu’ils défendent et appartiennent à des professions prestigieuses et intellectuelles : professions libérales (juridiques et médicales surtout), professeurs et conservateurs du patrimoine.
56L’analyse des résultats du dépouillement des admissions au sein de la SAP et de la SEA entre 1945 et 2012 a fait ressortir l’évolution des caractéristiques sociales de leurs membres respectifs.
57Sur le plan numérique, si d’une manière générale, le nombre d’admissions au sein des deux sociétés est en décroissance, les femmes sont de plus en plus recrutées. Elles demeurent toutefois moins nombreuses que les hommes. Sur le plan professionnel, la SAP est majoritairement investie par le corps professoral, et la SEA, par les professions libérales. Toutefois, dans les deux sociétés, les professions libérales tendent à disparaître des admissions, cédant la place aux professions du patrimoine.
58En ce qui concerne les réseaux, on a observé que les multi-adhérents sont en majorité des membres plutôt actifs, investis dans la cause qu’ils défendent et appartiennent à des professions prestigieuses et intellectuelles : professions libérales (juridiques et médicales surtout), professeurs et des professions typiquement patrimoniales. Même si leurs réseaux sont plus locaux que nationaux, leur pluralité traduit la multiplicité des circuits et canaux de diffusion des savoirs et connaissances typiquement locaux.
59Pour conclure, on peut dire que la configuration des membres des sociétés savantes étudiées n’est pas statique, elle évolue en fonction des transformations sociales. Leur ouverture et leurs politiques de communication peuvent jouer un rôle majeur dans l’évolution des admissions, ce qui y va peut-être de leur survie.
Bibliographie
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Bulletins de la SAP, 1945-2012.
Bulletins de la SEA, 1945-2012.
Chaline Jean-Pierre, 1995, Sociabilité et érudition : les sociétés savantes en France (xixe-xxe siècles), Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques.
Chesnais Jean-Claude, 1975, La population des bacheliers en France. Estimation et projection jusqu’en 1995. Population, n°3, pp. 527-550.
Insee, 2012, Femmes et hommes - Regards sur la parité, édition 2012.
Lemé-Hébuterne Kristiane, 2012, Présentation de la Société des Antiquaires de Picardie, Bulletin de liaison des sociétés savantes, n°16.
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Parsis-Barubé Odile, 2011, La province antiquaire. L’invention de l’histoire locale en France 1800-1870, Paris, CTHS, 454 p.
Tierny Gonzague, 1987, Les sociétés savantes du département de la Somme de 1870 à 1914, Paris, CTHS.
Annexe
Tableaux
Tab 5 : Évolution des professions au sein de la SAP
Profession /Période | 1945-1954 | 1955-1964 | 1965-1974 | 1975-1984 | 1985-1994 | 1995-2004 | 2005-2012 | TOTAL |
Non renseigné | 30,2% | 41,3% | 26,0% | 30,4% | 34,0% | 77,2% | 71,1% | 39,2% |
Professeur et assimilé | 17,4% | 8,5% | 16,9% | 14,5% | 8,5% | 4,7% | 6,0% | 12,3% |
Prof. libérales | 9,9% | 6,9% | 12,7% | 9,4% | 14,9% | 0,8% | 0% | 9,1% |
Étudiant | 1,7% | 2,6% | 13,3% | 14,5% | 9,9% | 3,1% | 2,4% | 7,8% |
Profession du patrimoine | 5,2% | 4,2% | 4,5% | 11,6% | 7,8% | 8,7% | 13,3% | 6,9% |
Cadre du secteur public/privé | 14,0% | 4,8% | 6,6% | 0,7% | 2,1% | 0% | 0% | 5,0% |
Employé intermédiaire privé/public | 3,5% | 4,8% | 4,8% | 5,8% | 5,0% | 0,8% | 1,2% | 4,1% |
Ingénieur-Cadre technique | 4,1% | 6,3% | 4,2% | 4,3% | 4,3% | 0,8% | 0% | 3,9% |
Retraité | 2,3% | 3,7% | 1,2% | 2,9% | 6,4% | 0,8% | 2,4% | 2,6% |
Clergé/ Religieux | 4,1% | 3,2% | 0,9% | 0% | 0,7% | 1,6% | 0% | 1,6% |
Artisan | 2,3% | 2,1% | 1,2% | 1,4% | 2,8% | 0% | 0% | 1,5% |
Policier/Militaire | 2,3% | 3,2% | 0,6% | 1,4% | 0,7% | 0% | 0% | 1,3% |
Industriel | 0,6% | 3,2% | 1,8% | 0% | 0,7% | 0% | 0% | 1,2% |
Membre d'une association | 1,2% | 1,6% | 0,6% | 0,7% | 0,7% | 1,6% | 2,4% | 1,1% |
Maire/Conseiller municipal | 1,2% | 2,1% | 1,2% | 0,7% | 0,7% | 0% | 1,2% | 1,1% |
Agriculteur | 0% | 1,6% | 1,8% | 0% | 0% | 0% | 0% | 0,8% |
Profession interm. santé/social | 0% | 0% | 1,5% | 1,4% | 0,7% | 0% | 0% | 0,7% |
TOTAL | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% |
Tableau 6 : Évolution des professions au sein de la SEA
Profession /Période | 1945-1954 | 1955-1964 | 1965-1974 | 1975-1984 | 1985-1994 | 1995-2004 | 2005-2012 | Total |
Non renseigné | 43,3% | 41,3% | 49,5% | 58,8% | 78,3% | 50,9% | 67,3% | 54,0% |
Professions libérales | 13,4% | 11,5% | 9,9% | 12,5% | 4,7% | 17,9% | 10,2% | 11,7% |
Professeurs et assimilés | 10,4% | 9,6% | 13,5% | 8,1% | 7,5% | 4,7% | 8,2% | 9,0% |
Cadre du secteur public/privé | 9,8% | 11,5% | 5,4% | 3,7% | 2,8% | 4,7% | 0% | 6,1% |
Professions du patrimoine | 3,0% | 1,0% | 3,6% | 3,7% | 2,8% | 4,7% | 2,0% | 3,1% |
Clergé-Religieux | 5,5% | 5,8% | 2,7% | 0% | 1,9% | 1,9% | 2,0% | 3,0% |
Employé intermédiaire privé/public | 2,4% | 1,9% | 2,7% | 4,4% | 0% | 3,8% | 2,0% | 2,6% |
Maire-conseiller municipal | 3,0% | 3,8% | 2,7% | 0,7% | 0% | 0,9% | 4,1% | 2,1% |
Policier-Militaire | 3,0% | 3,8% | 1,8% | 0,7% | 0,9% | 0% | 0% | 1,7% |
Ingénieur-Cadre technique | 1,8% | 1,9% | 1,8% | 2,9% | 0% | 0,9% | 0% | 1,5% |
Membre d'association | 0,6% | 1,0% | 3,6% | 1,5% | 0,9% | 0,9% | 0% | 1,3% |
Agriculteur | 0,6% | 3,8% | 0% | 0,7% | 0% | 1,9% | 0% | 1,0% |
Étudiant | 1,8% | 1,0% | 0,9% | 1,5% | 0% | 0% | 0% | 0,9% |
Retraité | 0% | 0% | 0% | 0% | 0% | 5,7% | 2,0% | 0,9% |
Profession interm. Santé/social | 0% | 1,0% | 0% | 0,7% | 0% | 0,9% | 2,0% | 0,5% |
Artisan | 1,2% | 1,0% | 0% | 0% | 0% | 0% | 0% | 0,4% |
Industriel | 0% | 0% | 1,8% | 0% | 0% | 0% | 0% | 0,3% |
TOTAL | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% | 100% |
Tab 7 : Type de membre au sein des deux sociétés
Type de membre au sein de la SEA | Total | |||
Type de membre au sein de la SAP | Correspondant | Titulaire | ||
Non Résidant | 38 | 7 | 45 | |
Résidant | 2 | 9 | 11 | |
Total | 40 | 16 | 56 |
Tab 8: Professions des double-adhérents
Professions | Femme | Homme | Total |
Professeurs et assimilés | 2 | 10 | 12 |
Cadre du secteur privé/public | 11 | 11 | |
Non renseigné | 1 | 7 | 8 |
Professions du patrimoine | 4 | 2 | 6 |
Ingénieur-cadre technique | 5 | 5 | |
Professions libérales | 5 | 5 | |
Étudiant | 2 | 2 | 4 |
Religieux | 3 | 3 | |
Industriel | 1 | 1 | |
Maire, adjoint au maire, conseiller municipal | 1 | 1 | |
Total | 9 | 47 | 56 |
Tab 9 : Nombre de sociétés d’appartenance
Nombre de sociétés d’appartenance | Eff. |
2 sociétés | 12 |
3 sociétés | 13 |
4 sociétés | 7 |
5 sociétés et plus | 8 |
Total | 40 |
Tab 10: Appartenance au bureau de la SAP/SEA
Nombre de sociétés d’appartenance/ Appartenance au bureau | Oui | Non | Total |
2 sociétés | 10 | 2 | 12 |
3 sociétés | 8 | 5 | 13 |
4 sociétés | 6 | 1 | 7 |
5 sociétés et plus | 4 | 4 | 8 |
Total | 28 | 12 | 40 |
Tab 11 : Répartition selon la publication
Nombre de sociétés d’appartenance/Publication | Non | oui | Total |
2 sociétés | 2 | 10 | 12 |
3 sociétés | 2 | 11 | 13 |
4 sociétés | 1 | 6 | 7 |
5 sociétés et plus | 8 | 8 | |
Total | 5 | 35 | 40 |
Tab 12 : Répartition par profession
Profession/Nombre de sociétés d’appartenance | 2 stés | 3 stés | 4 stés | 5 stés et plus | Total |
Professions Libérales | 4 | 7 | 2 | 2 | 15 |
Professeurs et assimilés | 1 | 5 | 2 | 2 | 10 |
Profession du patrimoine | 4 | 1 | 1 | 6 | |
Employé intermédiaire | 2 | 1 | 3 | ||
Ingénieur-cadre technique | 1 | 1 | 2 | ||
Religieux | 1 | 1 | 2 | ||
Cadre | 1 | 1 | |||
Maire | 1 | 1 | |||
Total | 12 | 13 | 7 | 8 | 40 |
Graphiques
Notes de bas de page
1 Cet article est issu des premiers résultats d’un travail de recherche réalisé dans le cadre du projet ERUDIPIC « Érudits, savoirs et mémoires en Picardie aux xxe et xxie siècles : les sociétés savantes et la fabrique d’un patrimoine régional » coordonné par Tiphaine Barthelemy, à l’Université de Picardie. Ce projet vise d’une part à mettre en évidence la diversité des parcours et des sensibilités érudites. Il s’interroge d’autre part sur la coexistence aujourd’hui de ces anciennes sociétés avec des associations nouvelles ainsi que sur la manière dont elles ont contribué, au cours du xxe siècle, à la fabrique d’une culture et d’un patrimoine régional.
2 Articles 2 et 3 des Statuts et fonctionnement de la Société des Antiquaire de Picardie, https://sites.google.com/site/socdesantiquairesdepicardie/les-statuts-et-le-fonctionnement-de-la-societe
3 Présentation de la Société d’Émulation d’Abbeville, https://www.societe-emulation-abbeville.com/pr%C3%A9sentation-de-la-sea/
4 https://sites.google.com/site/socdesantiquairesdepicardie/les-statuts-et-le-fonctionnement-de-la-societe
5 Statuts de la Société d’Émulation d’Abbeville : http://fr.calameo.com/read/0015128728903af751108
6 Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche définit dans son rapport « Vers l’égalité femmes-hommes ? » les activités à haut niveau de savoir comme des activités pour lesquelles les personnels employés diplômés de l’Enseignement supérieur représentent plus de 33 % de l’emploi total dans cette même activité.
7 Je remercie les relecteurs du CTHS d’avoir attiré mon attention sur cette question.
8 Enseignants intervenant dans l’enseignement supérieur, secondaire et primaire.
9 Professions juridiques, médicales, d’architectures, journalistiques.
10 Conservateurs de musées, de bibliothèques, les archivistes, les archéologues, et autre travail directement lié à la valorisation du patrimoine.
11 Dans les tableaux 4 & 5, nous avons maintenu la variable « Non renseigné » afin de voir son influence sur les données de chaque période. C’est donc au cours des périodes 1995-2004 et 2005-2012 que la profession n’a pas été renseignée pour la plupart des membres de la SAP. Elles concernent les périodes 1985-1994 (78%) et 2005-2012 (67%) pour la SEA. Sur ces périodes, les données manquent de fiabilité.
Auteur
Doctorante, Université Picardie Jules Verne
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016