La Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne (1798-2015) : deux siècles d’existence d’une société savante
p. 71-83
Résumé
Héritière de l’Académie de Châlons (1775), la SACSAM (1798) a continué son œuvre. Elle organise des concours et, sous l’influence du préfet Bourgeois de Jessaint, porte un intérêt particulier à l’agriculture. Au milieu du siècle des membres des professions de santé et du droit, parfois collectionneurs (Garinet, Nicaise) orientent la Société vers l’histoire de l’art. Le premier volume des Mémoires (1855-56) en témoigne. Après la guerre de 1870, l’archéologie offre des études richement illustrées. À la fin du siècle, sous l’influence des archivistes départementaux (P. Pelicier, J. Berland) les travaux historiques prennent une place plus importante avec l’exploitation des archives. Après 1914, le rythme de la publication se ralentit. Après 1941, René Gandilhon, nouvel archiviste, recrute des membres et attire des chercheurs de qualité qui maintiennent à un haut niveau la publication. Mais surtout, il forme de jeunes étudiants chercheurs aux techniques de la publication scientifique. Son disciple, Armand Ferrant, continue cette mission de responsable de la publication. À partir de 1994, les archives départementales n’assurent plus le fonctionnement de la Société, des enseignants et des personnes de bonne volonté prennent le relais, disposant des locaux légués à la Société par Madame Garinet.
Texte intégral
1Comme elle restreignait ses activités aux besoins locaux, dans le cadre d’un cénacle, un membre de la Société établie à Reims, parvient à fonder à Châlons une société littéraire. Celle-ci a une grande vitalité et un programme très concret :
« Améliorer l’état des routes, fertiliser un sol ingrat, élever le niveau intellectuel de ses habitants et transformer ainsi leurs conditions d’existence, propager l’instruction et détruire les entraves opposées par l’intérêt à l’équitable répartition des impôts comme à la réforme des procédures judiciaires. »1
2Cette société devient l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Châlons2 par lettres patentes de Louis XV en date du 4 août 1775. Elle organise des concours, en précisant que le fond lui importe davantage que la forme3. Cependant la publication de ces travaux est suspendue en 1780 : les idées évoquées sont par trop réformistes. L’Académie disparaît en 1793.
Renaissance de l’Académie sous un autre vocable
3En 1798, la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne (SACSAM) est fondée sur le modèle proposé par le ministre François de Neufchâteau4. Plus de deux siècles après, elle existe toujours sous la même appellation par décision de ses membres. La comparaison des listes des membres des deux institutions montre un profond renouvellement : il concerne notamment les membres du clergé et de la noblesse. On trouve sept membres de l’Académie dans la liste de ceux nommés à la fondation de la nouvelle société : Auger, médecin (1786)5 ; Lemoyne de Villarsy, propriétaire (1786) ; Meroy, avocat devenu juge au tribunal civil à Rethel (1787) ; Pâté, professeur de mathématiques à Reims (1776) ; Sabathier (1776) ; Gelée, médecin (1776) et Navier, médecin à Reims(1777). On peut ajouter deux agrégés pour les arts : Poterlet, architecte, et Baillet, professeur de dessin.
4Elle reprend les concours et s’intéresse, sous l’influence du préfet Bourgeois de Jessaint, (38 ans, préfet de la Marne), à l’agriculture et ce d’une façon très concrète. Le 7 août 1812, Tisset présente le compte rendu de la dégustation d’une demi-bouteille d’eau-de-vie de marc de raisin distillée par Vallin, le maire de Dormans. Il publie également des observations météorologiques. Le 15 ventôse an VIII (6 mars 1800) est présenté un mémoire sur les avantages de la suppression des jachères et de la culture de prairies artificielles.
5Les présidences sont d’abord de six mois non renouvelables, de même que le secrétariat. On s’aperçoit très vite que la durée est trop courte et le 9 thermidor de l’an IX (29 juillet 1801) la durée passe à un an et, en 1845, à deux. La courte durée amène à réélire une même personne deux, trois et même quatre fois mais pas de suite ! Le secrétariat n’est pas soumis à la règle de non-réélection immédiate. Quatorze personnes différentes occupent ce poste jusqu’en 1860.
6Leurs professions sont très variées et à peu près comparables à celle des présidents : médecin (2), notaire (1), avocat (2), professeur (2), « administratif » (2), élu (2) et bibliothécaire (1). À partir de 1807, est publié un Compte annuel et sommaire des travaux de la société. Il comporte le rapport fait lors de la séance publique d’août par le secrétaire. Dès 1813, cette publication prend le titre de Séance publique de la Société et comporte outre le rapport du secrétaire, quelques travaux lus au cours des séances. Le programme des concours apparaît en 1817 et les rapports en 1819. Deux ans plus tard, est donnée la première liste des ouvrages reçus.
7Dès le 1er floréal an VII (20 avril 1799) est abordée la question de l’admission des femmes. Le 20 brumaire an X (11 novembre 1801), Paris donne un avis favorable ; Le 15 ventôse an X (6 mars 1802) Madame Defrance est admise. Elle est la fille de Pierre Champré, maître de pension, auteur d’ouvrages pédagogiques. Son mari est médecin de l’école militaire de Rebais et son fils, Jean-Marie, sera général sous l’Empire. La deuxième admise trois mois plus tard, le 15 prairial an X (4 juin 1802), Madame Carlet est l’épouse d’un professeur du collège : elle avait déposé des poésies le 15 germinal (5 avril).
Une société départementale
8La Société a un caractère départemental et un lien très étroit avec le préfet. Cela explique que, dès le 1er décembre 1806, Hubert de Somme-Suippe envoie à la société trois vases antiques, une urne cinéraire et deux poteries trouvées dans le camp d’Attila. En 1813, Mathieu présente un rapport sur l’établissement d’un cabinet d’histoire naturelle et de minéralogie6. Elle dispose, alors, des collections de Villarsy, de l’abbé Becquey et d’Hubert de Somme-Suippe. Dès le 2 novembre 1819, le préfet fait parvenir à la Société deux épées, trois fers de lance et quelques débris d’armes antiques trouvés à Sézanne.
9En 1820, le conseil municipal de Châlons concède à la Société le cabinet d’histoire naturelle de la ville. En 1825, Jules Garinet dépose des objets découverts dans des fouilles. Très vite un problème apparaît : la Société n’a pas de local, et, pour ses réunions, dispose de la salle de l’hôtel de ville, autrefois allouée à l’Académie. Le projet de construction d’un bâtiment est examiné le 1er avril 1814, mais les événements qui vont suivre font oublier cette idée7. Le 7 juillet 1818, les appartements du secrétaire général de la préfecture sont mis à sa disposition, dans une dépendance de la préfecture. Mais cela ne fait que renforcer une certaine tutelle du préfet. En 1887, on apprend que les collections de la Société sont mélangées avec celles du musée pédagogique de la préfecture !
10Mais la création d’un Comice agricole, dès 1821, oblige à revoir la distribution des rôles : la Société aborde l’agriculture sur le plan théorique et le Comice sur le plan pratique. Cette distinction apparaît toutefois très difficile d’autant qu’on ne retrouve pas dans la Société tous les membres du Comice. Toutefois, Alexandre Godart, premier président du Comice et ce pendant 17 ans, est président de la SACSAM de 1831 à 1832. Il en est de même pour Jules Lamairesse, secrétaire du Comice central de la Marne et pour le Dr Grégoire Dagonet, secrétaire du Comice de Châlons, de la SACSAM de 1834 à 1835. Lors de la séance du 1er mai 1858, le projet de fusion entre la Société et le Comice est abordé, mais la différence de structure8 entre les deux rend impossible un tel regroupement. Le développement du Comice et la parution d’un bulletin vont, peu à peu, diminuer, dans ce domaine, les activités de la Société. On le note dans les rapports annuels d’activité. En 1863, l’agriculture occupe trois pages, et l’histoire une ; en 1874-75, trois pages pour l’agriculture et six et demie pour l’archéologie et l’histoire. Peu à peu, on ne mentionne plus l’agriculture que pour les concours alors que la part de l’archéologie et de l’histoire s’accroît. Cependant, contrairement aux craintes exprimées, le nombre de membres ne diminue pas.
De l’agriculture à l’archéologie
11Dans la réalité, c’est peu à peu, et plus encore après le départ de Bourgeois de Jessaint, que la Société s’éloigne de l’agriculture pour s’orienter vers l’archéologie, au sens qu’avait alors ce terme, c’est-à-dire l’histoire de l’art. Cela est sans doute à mettre en relation avec un mouvement général qui se concrétise avec la première liste des monuments historiques (1840)9 et la création d’une commission départementale d’archéologie. Le préfet Boulon de Sarty, gendre de Bourgeois de Jessaint, avait créé des commissions archéologiques par arrondissement suivant le modèle d’Arcisse de Caumont. En 1839, Jules Garinet publie un mémoire sur l’établissement du christianisme à Châlons et sur les institutions qui s’y rattachent10. Il précise que la tradition apostolique n’est pas conforme à la réalité et que le premier évêque, saint Memmie, est arrivé à la fin du iiie siècle. Quatre ans plus tard, il publie une étude sur la cathédrale11. Pour les prélats de Reims et Châlons, l’archéologie est considérée comme une science normative capable de faire retrouver le secret de la construction des belles églises en accord profond avec l’esprit du catholicisme, susceptible de participer à la rechristianisation du peuple.
12Deux prêtres illustrent cet exemple : l’abbé Aubert qui restaure l’église de Juvigny et l’abbé Champenois la collégiale Notre-Dame-en-Vaux de Châlons-sur-Marne : ce dernier fait appel à l’architecte Lassus12. Les thèmes des concours organisés par la Société permettent de constater l’arrivée de l’histoire et de l’archéologie à partir de 1852, avec le travail de Barbat sur Châlons et ses environs qui donne lieu à un premier rapport. Plus régulièrement à partir de 1859, la Société reçoit des monographies, rédigées soit par le curé soit par l’instituteur. On note également des travaux d’Édouard de Barthélemy (notice sur Ville-sur-Tourbe). Une médaille vient récompenser le travail d’archéologues amateurs : le premier est Denis Machet, agriculteur à Saint-Etienne-au-Temple.
Premières publications
13Le premier volume de Mémoires paraît en 1855, sous la présidence de Caquot, notaire, quatre fois président ! Il s’étoffe de la publication d’études, dont celle de Chaubry de Troncenord13 sur les peintres verriers champenois, qui ouvre les travaux en histoire de l’art14. Sellier15 publie une notice sur les arquebusiers de Châlons16. Levasseur17, rendant compte du volume des Mémoires, écrit :
« La Société de Châlons a compris son rôle ; placée au milieu d’une région tout agricole, elle a tout d’abord porté ses regards vers les sciences qui peuvent perfectionner la culture et améliorer le sort des cultivateurs ; elle y a joint les études les plus désintéressées de l’histoire et depuis quelques années elle a eu ses lauréats de poésie et des lauréats d’économie rurale. »18
14L’auteur évoque :
« La sollicitude des classes éclairées étudiant les souffrances du peuple, cherchant les remèdes, c’est le désir d’élever l’humanité en versant dans les masses, l’instruction, le bien-être et la moralité, c’est l’amélioration de ceux qui produisent, de l’accroissement des produits et justification de la richesse. La Société de la Marne est restée fidèle à ce devoir nouveau qui s’impose aux classes aisées… Nous applaudissons au patronage bienveillant qu’exerce la Société de la Marne comme à une bonne action. »19
15La conjoncture, dans la période 1850-1870, est particulièrement favorable : il faut attendre un siècle pour retrouver une période comparable pour l’essor de l’économie. Le sort des personnes s’étant amélioré et les transformations de l’agriculture se faisant par l’intermédiaire des comices20, la Société peut se consacrer aux études d’histoire et d’archéologie. On note, durant ce siècle, que les professions libérales dominent, notamment les docteurs puis les négociants (famille Perrier), et dans la seconde moitié du siècle, les professions liées au droit. L’agriculture est représentée par des propriétaires terriens qui veillent à une bonne rentabilité des terres qu’ils louent. La plupart, surtout dans cette période, sont des hommes ouverts, curieux : Jules Garinet étant allé dans ce domaine trop loin aux yeux de l’Église. Ce dernier réunit une collection éclectique par sa nature21 : tableau, ivoire, étain, bronze, faïence, mobilier, et surtout livres : la bibliothèque qu’il lègue à la ville est égale en nombre à celle de sa cité22. On peut avoir une idée de leur intérieur en visitant le musée Garinet, sa demeure, restée en l’état, comme l’implique son legs.
16La collection d’Auguste Nicaise rivalise avec celles du musée : elle a été dispersée à sa mort. Comme celle de Jules Garinet, elle semble très éclectique. L’annonce de la vente d’une partie de celle-là mentionne du mobilier et des faïences de Rouen, Marseille, Strasbourg, Nevers et Delft, mais aussi de Chine et du Japon ; on signale également des tapisseries et objets divers.
17En 1865, la commission d’archéologie est composée du docteur Salle, président, Jules Garinet, Savy père, Barbat, les abbés Aubert23 et Boitel, MM. Remy et Émile Perrier ; elle décerne une médaille au baron de Baye pour ses travaux archéologiques. En histoire, l’abbé Puiseulx24 reçoit, en 1880, une médaille d’argent grand module pour l’enseignement primaire dans le diocèse ancien de Châlons. L’année suivante, Louis Grignon reçoit une médaille d’or d’une valeur de 200 F pour la description historique de la collégiale Notre-Dame-en-Vaux. En 1899, Pistat reçoit une médaille d’argent pour sa collection d’archéologie. Parmi les auteurs persévérants, on note Armand Bourgeois, qui donne des mémoires sur l’abbaye d’Argensolles, le château de Brugny, une famille noble en Champagne au xiiie siècle, l’histoire de la seigneurie de Montmort.
18L’action de Mgr Meignan, évêque de Châlons, visant à améliorer le niveau culturel des prêtres du diocèse se traduit par un plus grand nombre d’entre eux parmi les membres. En 1872, il y en a un titulaire, un titulaire non résidant, trois correspondants dont un de l’Aisne. En 1880, quatre prêtres sont titulaires, un titulaire non résidant et trois correspondants. Certains y font des communications : l’abbé Boitel sur l’abbaye d’Argensolles, l’abbé Lucot25 titulaire en 1875, l’abbé Barré26 en 1877. Mais peu à peu, le clergé, si enthousiaste jusque-là, se montre plus circonspect quand on aborde la fondation des églises de Gaule, la geste de l’Église ancienne ou les origines des statues miraculeuses autour desquelles se rassemblent les pèlerinages27.
De l’archéologie à l’histoire
19Suite au Congrès archéologique de France de 1855, tenu à Châlons28, Charles Gillet, conservateur de la bibliothèque, publie des extraits des comptes de dépenses de roi Charles VI et de la reine, et de Mgr de Beaujeu et Mgr de Valois pendant les années 1463-146429. En 1888, Louis Grigon donne une Topographie historique de la ville de Châlons-sur-Marne, qui correspond à un volume de Mémoires30. L’auteur a renoncé à écrire une nouvelle histoire de la ville. Utilisant un remarquable dépouillement des archives municipales alors accessibles, il décrit l’évolution des différents quartiers.
20Dans une réédition31, Jean-Marie Arnoult et Jean-Pierre Ravaux ont donné la côte des liasses d’archives utilisées. Cette nouvelle direction des travaux vers l’exploitation des archives va se prolonger et s’approfondir avec la venue de l’archiviste Paul Pélicier32, qui oriente les travaux de la Société vers la publication et l’exploitation des archives, notamment municipales, pour écrire un article sur la population de Châlons au xive siècle33, des jugements rendus au xive siècle à propos des vendanges et des troubles fomentés par les ouvriers vignerons34. Il donne aussi l’inventaire des meubles et joyaux de la cathédrale en 141035. En 1907, à la mort de Pélicier, Just Berland36, nouvel archiviste, devient secrétaire de la Société et va occuper ce poste jusqu’à sa mort. Il refuse, en effet, d’être président parce qu’il estime que le secrétariat est un poste clé dans la vie de la Société d’autant qu’il n’a pas de limite de durée contrairement à la présidence. Il va poursuivre dans la voie ouverte par son prédécesseur, mais il est moderniste. Son premier travail est consacré aux appellations révolutionnaires et aux changements de nom des communes, particulièrement de la Marne37, puis sur la théophilanthropie à Châlons (an VI-an X)38. On relève un travail très documenté sur la construction du pont de Marne39, liée au réaménagement des lits de la Marne. Il ouvre près d’un siècle de lien très étroit entre la Société et les Archives.
21De 1861 à 1881, le secrétariat connaît neuf titulaires, soit une moyenne d’un peu plus de deux ans chacun : on relève un bibliothécaire, trois juristes, deux professeurs, un docteur. La période, qui suit, de 1881 à 1896, confie le secrétariat à deux prêtres, l’abbé Puiseulx et l’abbé Thibault40. Le premier est un homme très consciencieux qui va faire méticuleusement le compte rendu des travaux. Il a laissé deux études, importantes aux yeux de Pélicier qui en fait la nécrologie, sur Mgr de Prilly et Louis Grignon. Le second est un scientifique, par le vouloir de son évêque, qui l’envoie faire une licence de mathématiques et sciences physiques pour enseigner ces matières à l’Institution Saint-Étienne, alors qu’il aurait préféré les lettres41. Très curieux, il fait part de ses voyages durant les vacances scolaires qui l’amènent à découvrir le monde. En 1900, il quitte le professorat pour la cure de Sézanne42.
22À ces prêtres succèdent deux professeurs du collège et un secrétaire général de l’hôtel de ville. Mais en 1907, Just Berland devient secrétaire et le reste jusqu’à sa mort en 1951. Il refuse la présidence, estimant pouvoir être plus utile à un poste qui permet de contrôler la Société. Une excursion scientifique et archéologique dans le canton de Vertus est organisée le 14 mai 1905. En plein air, deux cents personnes écoutent les deux communications sur le Mont-Aimé. L’année suivante, le lieu est Mareuil-en-Brie, Fromentières, Orbais et Montmort ; puis Reims, en 1907 ; l’église de Jâlons et la héronnière de Champigneul, le 1er juin 1912 ; l’église de Coligny et les grottes de Villevenard, le 30 du même mois ; Sermaize, Cheminon et Trois Fontaines, en juin 1914. Deux mois et demi plus tard, la première de ces villes est presque entièrement détruite dans le cadre de la Bataille de la Marne.
23La présence féminine reste très discrète. Madame Niboyet est élue le 15 avril 1839. La même année, le 15 mai, Madame Bayle Houillard (Élisabeth Celnart) de Clermont-Ferrand est admise en qualité de membre correspondant : en 1829, elle a été distinguée pour un mémoire sur la supériorité de la morale évangélique. Elle a aussi été couronnée par l’Académie des sciences morales et politiques ; elle est secrétaire générale du Comité de bienfaisance de la Société de la morale chrétienne à Paris.
24En 1865, Madame Raindre de Guéret (Creuse) est élue : elle est la veuve d’un receveur général des finances de Guéret, lauréat d’un concours. Le 1er juin 1875, on entend une communication de Mlle Duglin sur des faits de la guerre de 1870 à Coolus : le déraillement d’un train prussien. Madame Anaïs Segalas, membre honoraire non résidant depuis le 15 février 1889, décède le 3 novembre 1893. Berthe Ségalas, sa fille, devient membre correspondant le 18 août 1897.
La société trouve un siège et quitte la préfecture
25En 1897, Madame Garinet, veuve de Jules Garinet, trois fois président, lègue à la ville de Châlons sa demeure de la rue Pasteur, à condition que deux pièces soient mises à la disposition de la Société à perpétuité. Par le legs qu’elle fait de la table de la salle à manger, et en raison de la possibilité d’entrer dans ces pièces par une entrée située dans le jardin, il est vite admis que ce sont la salle à manger et le vestibule que la légatrice avait envisagés. Le legs est accepté par la ville. La Société se trouve disposer depuis lors d’un siège social qui lui assure son indépendance. Toutefois elle doit louer une partie de la « grange », qui se trouve au fond du jardin, pour entreposer ses collections de volumes. Just Berland reste au secrétariat après son départ en retraite. Il va assurer l’interim de son successeur, Michel Le Grand43, arrivé en 1938, mobilisé puis tué au combat en 1940.
26En 1941, René Gandilhon est nommé à la tête des Archives de la Marne. Quelques réunions ont lieu pendant les années de guerre et le nouvel archiviste fait une communication sur les origines châlonnaises de Nicolas Appert. Après la mort de Just Berland, en 1951, c’est le chanoine P. Foillot qui est élu secrétaire et le reste jusqu’à son décès, en 197144. Par cette élection, les membres titulaires avaient voulu se protéger d’une trop grande emprise des Archives sur la Société. René Gandilhon prend en mains la publication. Après un modeste volume (1947-1952), un second (1953-1954) comporte 423 pages dont l’inventaire sommaire des archives de la Société. Un accord, en effet, aboutit au dépôt de celles-ci et de la bibliothèque de la Société aux Archives de la Marne. Les collections de périodiques viennent enrichir les collections de ce service, plus ouvert que le siège de la Société qui ne pouvait plus, d’ailleurs, les abriter.
27L’archiviste sait également enrichir la publication en attirant des chercheurs extérieurs à la région : ainsi le volume de 1955 voit apparaître la signature de William H. Forsyth du Metropolitain museum sur la Vierge de Saint-Chéron45. Puis, Robert Branner46, Dom Hourlier47, Anne Prache48, fille d’un notable vitryat, le père Dimier49, Pierre Héliot50, Hans Reinhardt51 apportent une ou plusieurs contributions, mais toujours sur un sujet régional. Il obtient, ainsi, des subventions des collectivités : 17 communes du département apportent leur contribution. La condition implicite de cette aide est le caractère régional des publications.
Le renouveau après la Seconde Guerre mondiale
28Pour le recrutement de nouveaux membres, la technique de René Gandilhon est simple : elle consiste à inciter tout chercheur venant travailler aux Archives à adhérer à la Société et éventuellement à donner une étude qui pourrait être publiée. Même si certains ne restent pas longtemps membres, le résultat a été largement positif. Par ailleurs, l’archiviste est bien inséré dans la société de la ville et peut, de ce fait, faire entrer dans la Société des représentants de la fonction publique et du monde des affaires. Il est intéressant de relever que certains, une fois partis de Châlons, maintiennent leur adhésion. Le nombre de membres femmes augmente. En 1933, Mlle Germaine Maillet est élue membre correspondant. En 1947, elles sont six dont deux titulaires : Madame Jeulin, conservateur de la bibliothèque, et Mlle Manson, professeur à l’Institution Notre-Dame. En 1952, elles sont seize.
29Dès que le Collège littéraire universitaire est créé à Reims, avec un département d’histoire très dynamique, des étudiants vont venir travailler aux Archives. M. Gandilhon en profite pour les recruter non seulement comme membres mais aussi comme auteurs, qu’il va former aux techniques de la publication scientifique. La première est Brigitte Thomas avec Une seigneurie rurale de la Champagne aux xive et xve siècles : la châtellenie de Courville52 publiée en 1970 ; lui succède Claude Damery avec La société rémoise au début du xive siècle53 ; puis viennent Alain Saint-Denis et ses travaux sur l’abbaye Saint-Pierre-aux-Monts54 ; François Lefèvre, ceux sur la Porte de Mars de Reims55 ; Jacques Hussenet sur l’Argonne et la démographie56 (M. Dupaquier l’a considéré comme le meilleur spécialiste de la démographie champenoise) ; Michel Chossenot sur un répertoire archéologique de Châlons57. M. Georges Dumas, nouvel archiviste, assure le secrétariat à partir de 1971, et surtout donne des articles sur l’enseignement58, prolongement de ceux commencés à l’initiative de Maurice Crubellier. L’archéologie est représentée par Jean-Jacques Hatt, Pierre Roualet, Michel Chossenot, Jackie Lusse59 tandis que Jean-Pierre Ravaux, conservateur des musées municipaux, livre une série de travaux, notamment sur la cathédrale de Châlons60. Jean-Marie Arnould, conservateur de la bibliothèque, met en valeur le fonds Peiresc de cet établissement61 et donne des travaux sur les débuts de l’imprimerie62.
30Surtout, René Gandilhon forme des auteurs aux règles des publications avec tout l’appareil scientifique, notamment les notes qui donnent la référence des documents utilisés. Son « disciple », Armand Ferrant, prend le relais en 1970 quand celui-ci part à l’Inspection générale. Les Archives départementales continuent d’assurer le secrétariat jusqu’en 1990 avec MM. du Verdier et Georges Dumas. Armand Ferrant occupe le poste pendant les vice-présidences et présidence du directeur des Archives. Les excursions amènent la société à sortir du cadre départemental en rencontrant des sociétés correspondantes notamment à Charleville-Mézières, Langres, Bar-le-Duc, Metz, Troyes ou même en créant de nouveaux liens (Meaux). Mais la Société n’oublie pas qu’elle est départementale et organise avec des sociétés locales des journées décentralisées comportant deux demi-journées, l’une de communications et l’autre de visites, deux fois dans les sous-préfectures : Vitry le François (1982-1988), Sainte-Menehould (1983- 1991), Épernay (1984-1990) et Reims ( 1985-1996) ; et une fois dans des anciens chefs-lieux de canton : Sézanne (1986), Vertus (1987), Dormans (1992), Avize (1997), Mourmelon-le-Grand (1994), Mareuil sur Ay (1997), Courtisols (1999), Fismes (2000). Dans les trois premiers cas, il existe une société locale.
Une nouvelle génération prend le pouvoir
31Au départ en retraite de Georges Dumas, en 1990, Mlle Kulemann est alors élue secrétaire. Les Archives départementales se dégagent de cette responsabilité mais reçoivent et traitent les revues qui lui sont transmises63. En novembre 1990, un secrétaire-adjoint, Serge Colin est élu. Ce dernier installe le secrétariat dans le siège de l’hôtel Garinet, où des permanences sont tenues le mercredi après-midi. Grâce à la ville, il sera doté de quelques équipements très utiles. En octobre 1994, Serge Colin décédant subitement, le nouveau président assure les permanences et une part du secrétariat. Il est aidé par le trésorier, Daniel Bautheney. C’est ce tandem qui assure l’organisation des manifestations du Bicentenaire de la SACSAM, en 1998. Les Archives départementales, aidées par une équipe de membres, organisent une exposition.
32Durant toute cette période, Armand Ferrant assume la tâche de directeur de la publication. Les volumes comprennent plus de 400 pages. Le nombre des membres, et les subventions alors accordées par la ville de Châlons-en-Champagne et le conseil général, le permettent. En 2006, Armand Ferrant abandonne la responsabilité du volume annuel. Après un temps de flottement, le nouveau secrétaire, Dominique Tronquoy, prend en plus la charge de l’édition de cette publication, dont il réalise, à partir de 2013, la mise en page informatique. Ce travail considérable permet de sérieuses économies et de continuer la sortie d’un volume de 352 pages, en conservant les mêmes qualités. Depuis 1953, c’est environ 18 000 pages consacrées à l’histoire de la Champagne, qui ont été publiées. Il est difficile d’écrire une histoire de la Champagne sans se référer à celles-ci. Toute synthèse ne peut se faire sans ces travaux d’histoire régionale trop souvent décriée. Leur utilisation renouvellerait pourtant le récit et la compréhension de certains faits, notamment de l’époque révolutionnaire.
33Le xixe siècle est celui de la continuité de l’Académie de Châlons, notamment avec les concours et, au moins pour les cinquante premières années, l’intérêt porté à l’économie et particulièrement à l’agriculture. Puis, peu à peu, l’archéologie, au sens le plus large, occupe une place de plus en plus importante. Aux médecins et juristes, succèdent aux postes de responsabilité des érudits, qui sont parfois des collectionneurs. Le premier archiviste à jouer un rôle est Pierre Pélicier qui entreprend des publications de documents. Son successeur, Just Berland, est le secrétaire « perpétuel » pour le second siècle d’existence de la Société qui devient dépendante des Archives départementales. Il en est ainsi jusqu’en 1991.
34C’est alors que des enseignants formés par l’équipe de René Gandilhon, assument tant la présidence que le secrétariat. On peut relever que la présence de l’Église est presque inexistante : le dernier à avoir eu une influence et à avoir été apprécié de tous fut le chanoine Pierre Gillet. La fonction publique n’est guère plus présente, sans doute faute d’attachement à la région et en raison de l’attraction de Reims et Paris. Plus grave, sans doute, sont le manque de jeunes enseignants et le désengagement des archivistes départementaux, alors même que la bibliothèque et les archives de la Société sont déposées dans leur service, à Châlons-en-Champagne. Malgré cela, la Société poursuit son activité et demeure, sans doute, une des sociétés historiques les plus remarquables de l’Est de la France.
Bibliographie
« Extrait du rapport de M. Mathieu sur l’établissement projeté d’un cabinet d’histoire naturelle et de minéralogie par la société », Séance publique de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, 1813, p. 76-86.
J. Garinet, « Mémoire sur l’établissement du christianisme à Châlons et sur les institutions qui s’y rattachent », Séance publique de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, 1836, p. 99-132.
J. Garinet, « Histoire de l’église cathédrale de Châlons et de son chapitre », Séance publique de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, 1840, p. 3-38.
P.-E. Sellier, « Note biographique sur le vicomte de Jessaint », Séance publique de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, 1854, p. 25-98.
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Liste des publications de la Société consultables sur Gallica jusqu’en 1972
Compte-rendu annuel et sommaire des travaux de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, 1807-1812.
Séance publique de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, 1813-1856.
Mémoires de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, 1856-2004.
Études Marnaises publiées par la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, 2005.
Notes de bas de page
1 H. Menu, « La société littéraire et l’Académie des Sciences, Arts et Belles lettres de Châlons-sur-Marne 1750-1792 », 1868, p. 193. Pour faciliter la lecture de ce travail, nous ne répéterons pas sa source principale : R. Gandilhon, « Inventaire sommaire des archives de la société », 1953-54, p. 3-321.
2 G. Génique, « L’Académie de Châlons, ses origines et son caractère au xviiie siècle », 1947-52, p. 10-19 ; D. Roche, « La diffusion des Lumières : un exemple l’Académie de Châlons », 1964, p. 887-922. « Sociétés savantes et Lumières. À propos du 250e anniversaire de l’Académie de Châlons-en-Champagne », 2012, p. 137-156.
3 J. Spurlock-Stockland, « L’Académie de Châlons-sur-Marne au Siècle des Lumières. Une académie vouée au service du Roi et à l’écoute de la Nation », 1999, p. 24.
4 François de Neufchâteau, ministre de l’Intérieur, a incité à la création de sociétés d’agriculture, commerce, sciences et arts, dont il pensait, à juste titre, qu’elles pourraient jouer un rôle pour le développement de l’économie.
5 La date indique l’entrée dans l’Académie.
6 « Extrait du rapport de M. Mathieu sur l’établissement projeté d’un cabinet d’histoire naturelle et de minéralogie par la société », 1813, p. 76-86.
7 Après un violent bombardement et la destruction du pont de ??, la ville est occupée par les Russes. Le Journal de la Marne, quotidien local, ne reparait que le 1er mai.
8 Le Comice est organisé en comité départemental et sections par arrondissement (Châlons, Reims, Épernay, Vitry-le-François et Sainte-Menehould).
9 Pour la Marne, la Porte de Mars et Saint-Remi à Reims, Notre-Dame-en-Vaux à Châlons-sur-Marne, Notre-Dame-de l’Épine sont sur cette liste ainsi que l’église d’Orbais-l’Abbaye et le portail sud de l’ancienne église Saint-Martin d’Épernay.
10 J. Garinet, « Mémoire sur l’établissement du christianisme à Châlons et sur les institutions qui s’y rattachent », 1836, p. 99-132.
11 J. Garinet, « Histoire de l’église cathédrale de Châlons et de son chapitre », 1840, p. 3-38
12 Abbé P. Champenois, « Note sur les travaux de restauration de l’église Notre-Dame-en-Vaux (in vallibus) de Châlons sous la direction de M. Lassus architecte du gouvernement », 1856, p. 314-320.
13 Joseph Frédéric Chaubry de Troncenord est né à Toulon (Var) en 1793. Il est conseiller à la Cour de Paris et achète le château de Congy (Marne). Il est le maire de cette commune de 1865 à 1871, et conseiller d’arrondissement de 1833 à 1836 et général de 1840 à 1867.
14 J.-F. Chaubry, « Les peintres verriers champenois »,1855-56, p. 213-230.
15 Pierre-Étienne Sellier, né à Sarry près de Châlons en 1797, est avoué. Il est juge suppléant à partir de 1834. Il est conseiller général de la Marne pour le canton d’Avize pendant seize ans. Conseiller municipal de Châlons dès 1836 ; adjoint au maire, il se consacre entièrement à ses recherches.
16 P.-E. Sellier, « Notice historique sur les arquebusiers de la ville de Châlons », 1855-56, p. 139-212.
17 Émile Levasseur est reçu premier à l’agrégation de lettres en 1854 et, la même année, il soutient une thèse sur le système Law. Membre du CTHS depuis 1861, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques en 1862.
18 E. Levasseur, « Analyse du volume de l’année 1862 des Mémoires de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne », 1864, p. 181.
19 Ibid.
20 C’est surtout vrai pour le développement de la mécanisation : des foires sont organisées sur la place du marché (République, aujourd’hui) avec d’intéressantes ristournes pour les membres du Comice et des expériences agricoles ont lieu dans les alentours de la ville.
21 Mais déjà Bourgeois de Jessaint avait réuni une remarquable collection de tableaux, médailles, bronzes, vases antiques et de précieux manuscrits : P.-E. Sellier, « Note biographique sur le vicomte de Jessaint », 1854, p. 47.
22 Soit 30 000 volumes.
23 Né en 1820, Pierre Alexandre Aubert est ordonné en 1845. Vicaire à Sainte-Menehould, il est nommé à Juvigny pour remplacer le curé décédé à l’âge de 28 ans. Membre du Comice agricole, il est le secrétaire pour l’arrondissement, en 1857, et va jouer un rôle important dans l’organisation du Concours agricole de 1861. Il rédige une notice sur Juvigny qui lui vaut une médaille de Vermeil de la Société. Il assure, à le demande son évêque, la rédaction de la Semaine Champenoise, bulletin diocésain. C’est dans cette revue qu’il publie un manuscrit d’un curé de Fèrebrianges au xviie siècle. Il écrit nombre de petits articles fort intéressants, mettant en valeur des documents, peu utilisés jusque-là.
24 L’abbé Puiseulx, élève des Carmes, ayant séjourné en Allemagne, avait la science de la critique et l’habitude du discernement sans lesquelles nul ouvrage de l’esprit ne trouvera crédit dans le monde de la pensée. Curé de Bussy-le-Château, en 1882, de Coolus en 1888, aumônier de la prison militaire de Châlons et du collège en 1890, chanoine honoraire en 1894, il donne plusieurs travaux sur l’enseignement, l’instruction publique dans le diocèse de Châlons avant 1789, et sur une famille d’instituteurs au xviiie siècle, sur le collège de Châlons. Il publie une vie et des lettres de Mgr de Prilly, évêque de Châlons. Il écrit également une vie de Nicolas Musart, curé de Somme-Vesle, et préparait une monographie de Notre-Dame de l’Épine dont il a donné des extraits dans la Semaine religieuse.
25 L’abbé Lucot, né en 1826 à Vitry le François, est nommé en 1856 supérieur de la maison des prêtres auxiliaires, plus spécialement chargé du ministère de la prédication ; il est aussi aumônier de la Congrégation Notre-Dame. En septembre 1877, il est curé-archiprêtre de la cathédrale. Quatre ans plus tôt, il a été admis comme membre titulaire de la SACSAM. Il en devient un des membres les plus actifs, faisant de nombreux rapports du concours de poésies et rédigeant des études sur l’abbaye de Boulancourt et la statue de la Vierge conservée à l’église de Montier-en-Der, sur la procession des châsses à Châlons et les verrières de la cathédrale.
26 L’abbé Barré, né en 1826, est curé de Chouilly en 1852, et publie une étude sur Chouilly ; il aime à peindre notamment au soir de sa vie. Il meurt à 90 ans.
27 G. Clause, « Discours d’ouverture du Congrès archéologique de 1977 », 1980, p. 863-867.
28 En fait, le hasard avait amené le président de la Société Historique et Archéologique de Chalon-sur-Saône à découvrir sept cartons à la bibliothèque municipale de Châlons-sur-Marne. Il signale cette découverte lors du Congrès archéologique de France de 1855, au cours d’une séance présidée par le Baron Chaubry de Troncenord.
29 C. Gillet, « Extraits des comptes de dépenses du roi Charles VI et de la reine, de Mgr de Beaujeu et de Mgr de Valois. 1463-1464 », 1860, p. 191-204.
30 Cette année-là, il y eut deux volumes. Ce fait se renouvelle en 1992 avec la publication du Catalogue de la collection de madame Perrin de la Boullaye.
31 L.Grigon, Topographie historique de la ville de Châlons-sur-Marne, édition augmentée par J-M Arnould et J-P. Ravaux, 1976.
32 Paul Pélicier arrive dans la Marne en 1878. Il rédige des inventaires sommaires des archives anciennes du département et surtout celui des archives municipales de Châlons que les chercheurs utilisent toujours aujourd’hui. Il est le premier archiviste à publier dans le volume des Mémoires.
33 P. Pélicier, « La population de Châlons vers la fin du xive siècle », 1894, p. 191.
34 P. Pélicier, « Une émeute à Châlons-sur-Marne en 1306-1307 », 1890, p. 117.
35 P. Pélicier, « Inventaire des meubles et joyaux de la cathédrale en 1410 », 1886-87, p. 267.
36 Originaire de Châlons, Just Berland poursuit le travail de son prédécesseur (série H) et réalise celui de la série M, la plus importante, et de la série V (culte).
37 J. Berland, « Appellations révolutionnaires et changement de nom des communes particulièrement dans le département de la Marne de 1790 à l’an VI », 1907-08, p. 337-411.
38 J. Berland, « La théophilanthropie à Châlons », 1910-11, p. 287-386.
39 J. Berland, « Le camp de Châlons en 1792 », 1919-20 p. 83-68.
40 L’abbé Thibault, né en 1850, est ordonné en 1875, et nommé professeur à Saint-Étienne, puis curé à Jâlons en 1900, et à Sézanne en 1905. Il enseigne les mathématiques, mais il est fin lettré : il sait analyser une œuvre d’art, la douceur de la lumière grecque, la majesté des traditions romaines, l’étrangeté des mœurs slaves, l’intensité de la vie américaine. En 1900, il décide d’arrêter l’enseignement et de prendre un ministère paroissial.
41 L’évêque tient à avoir un prêtre pour enseigner ces matières scientifiques !
42 Quinze ans plus tard son élève et successeur, l’abbé Marmottin fait le même chemin mais pour le prolonger par les charges épiscopales de Saint-Dié puis de Reims.
43 Michel Le Grand, né à Paris en 1906, fils d’un archiviste, après des études au lycée Stanislas, entre à l’École des Chartes en 1924. Il consacre sa thèse au chapitre cathédral de Langres. Il commence sa carrière aux Archives nationales puis, pour raison de santé, part dans les Landes, en 1931, avant de venir à Châlons, en 1938. La famille de sa mère était originaire de Reims et il y avait passé, de nombreuses années, ses vacances. Appelé en 1939, il est tué lors de la bataille de l’Aisne (N. Dufourcq, « Notice nécrologique », 1943, p. 378-384).
44 On doit voir là la volonté d’une majorité des membres titulaires d’échapper à un contrôle de la Société par René Gandilhon, qui avait parfois du mal à éviter les conflits d’intérêt : ainsi en est-t-il lorsque, en tant qu’archiviste, il obtient que la ville loue deux salles au Conseil général pour y exposer la collection Schiller-Goethe. Or, l’une de ces deux salles était le vestibule attribué à la Société !
45 W. H. Forsyth, « Une Vierge de Saint-Chéron », 1955, p. 65-68.
46 R. Branner, « Quelques dates pour servir à l’histoire de la construction de la cathédrale de Reims (1210-1241) », 1960, p-78-81.
47 Dom Hourlier, « Note sur les courants d’influences et les particularités relevés dans les fragments de manuscrits des Archives de la Marne », 1956, p. 135-139.
48 A. Prache, « Saint-Remi, église de pèlerinage », 1959, p. 61-87.
49 Dom J. Dimier, « Deux campagnes de fouilles à l’abbaye d’Igny », 1963, p. 18-27.
50 P. Héliot , « Deux églises champenoises méconnues : les abbatiales d’Orbais et d’Essonnes », 1965, p. 87-112.
51 H. Reinhardt, « Une statue du dernier quart du xiie à Nesle-la-Reposte », 1967, p. 123-127.
52 B. Thomas, « Une seigneurie rurale de la Champagne aux xive et xve siècles : la châtellenie de Courville », 1970, p. 41-58.
53 C. Damery, « La société rémoise au début du xive siècle », 1973, p. 37-70.
54 A. Saint-Denis, « Le temporel de l’abbaye Saint-Pierre-aux-Monts de Châlons-sur-Marne (1142-1315) », 1975, p. 89-108.
55 F. Lefèvre, « Historique de la Porte de Mars de Reims », 1970, p. 47-55.
56 J. Hussenet, « États de peuplement en Argonne et Champagne aux xviie et xviiie siècles », 1979, p. 197-214.
57 M. Chossenot, « Répertoire archéologique, topographique et bibliographique de Châlons-sur-Marne », 1976, p. 45-87.
58 G. Dumas, « Les cris séditieux dans la Marne de 1819 à 1881 », 1978, p. 231-257.
59 J. Lusse, « Les fouilles de l’église du village déserté de Saint-Hilaire-sur-Moivre », 1997, p. 25-102.
60 J-P. Ravaux, « Les cathédrales de Châlons-sur-Marne avant 1230 », 1974, p. 31-70.
61 J-M. Arnould, « Catalogue du fonds Peiresc de la Bibliothèque municipale de Châlons-sur-Marne », 1974, p.149-205 ; 1975, p.131-183.
62 J.-M. Arnould, « Les débuts de l’imprimerie à Châlons-sur-Marne », 1977, p. 157-173.
63 Travail qui n’est plus assumé depuis le départ en retraite de Mme Deban, membre de la Société. Aussi a-t-il été décidé de garder les dernières années en notre siège social (depuis 2005) : ceci prive les chercheurs travaillant aux archives de revues très utiles.
Auteur
Président de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
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2016