L’Académie de Stanislas après la Révolution française (1802-1830) : rupture ou continuité ?
p. 13-22
Résumé
Dans quelle mesure l’Académie de Stanislas, rétablie en 1802 sous le nom de « Société des sciences, lettres et arts de Nancy », ressemble-t-elle à la société littéraire fondée en 1750 par le roi de Pologne ? Alors qu’elle annonçait, sous le Consulat, une profonde « régénération », on la voit, à l’époque de la Restauration, proclamer sa fidélité à son héritage d’Ancien Régime. C’était bien naturel ; mais qu’en était-il en réalité ?
Les différences avec l’ancienne académie sont profondes : les membres sont choisis en fonction de leurs travaux et non plus de leurs distinctions honorifiques ; elle fonctionne de façon plus démocratique, à l’image des assemblées politiques. Mais on constate, dès les premières années, sous l’influence des plus conservateurs, une dérive qui la conduit à retrouver peu à peu beaucoup de traditions de l’ancienne académie.
La modernité cependant n’est pas absente. L’Académie s’ouvre plus largement vers les autres corps savants et établit un réseau qui déborde largement les frontières nationales. Certaines disciplines y sont représentées par des savants très au fait du progrès des sciences.
Pourtant, les Académiciens conservent de leur passé une fidélité à l’esprit encyclopédique des Lumières qui les empêche d’adhérer pleinement aux innovations, tant dans le domaine littéraire, que dans celui des sciences, de plus en plus spécialisées.
Texte intégral
1Dans quelle mesure l’académie de Stanislas, rétablie en 1802 sous le nom de « Société des sciences, lettres et arts de Nancy », ressemble-t-elle à la société littéraire fondée en 1750 par le roi de Pologne, dont elle revendique la succession ?
2Nous avons cherché à répondre à cette question à l’aide des archives de l’académie, qui sont très riches à cette époque, des biographies de ses membres et des informations glanées ici et là et notamment dans la presse locale.
3Il est clair que la société « libre » fondée à Nancy en 1802 est une version profondément « régénérée » de l’ancienne académie. Cela apparaît à la fois dans son mode de constitution, dans sa composition et dans son fonctionnement. Mais à mesure que les années passent, on assiste à un retour manifeste à la tradition : l’académie nouvelle se réclame de plus en plus de l’ancienne. Nous nous poserons donc enfin la question de savoir dans quelle mesure cette académie est réellement innovante et ouverte à la modernité.
Une académie fondée sur de nouvelles bases
4La façon dont l’académie a été constituée mérite d’être soulignée. Elle n’est pas issue, au moins en théorie, d’une décision officielle, mais de l’initiative d’un certain nombre de personnages influents, qui ont réuni quelques amis autour d’eux et obtenu l’autorisation du préfet de la Meurthe de se réunir. La première édition du règlement de la société, en l’an X, commence par une adresse au citoyen préfet du département de la Meurthe :
« Les citoyens soussignés, désirant s’éclairer par la communication réciproque des Lumières… se proposent de former à Nancy une réunion qui aura pour objet unique et exclusif, la littérature ancienne et moderne, les sciences et les arts, l’histoire du pays et des objets qui naturellement y sont attachés. Pour atteindre ce but, ils vous prient, citoyen préfet, d’approuver cette réunion, sous le titre de Société libre des sciences, lettres et arts de Nancy, et de l’autoriser à s’assembler dans la salle de lecture, voisine de la Bibliothèque publique. »1
5Je soupçonne qu’il y a eu dans cette présentation un certain degré de mise en scène. Le préfet était naturellement au courant depuis longtemps de la démarche, qu’il avait peut-être suscitée ; j’en vois la preuve qu’à cette supplique, datée du 1er thermidor an X, il donne aussitôt son approbation, à la date du 2 thermidor.
6Dans sa composition, la nouvelle société diffère beaucoup de l’ancienne académie, dont cinq membres figurent encore parmi les titulaires : ce sont Jean Hyacinthe de Bouteiller, Joseph François Coster, l’abbé de Bonneville, Jean-Baptiste Durival et Esprit Pierre de Sivry. Seuls les deux premiers joueront un rôle dans la nouvelle société. On a certes conservé sept membres honoraires, pris au sein des nouvelles autorités : le préfet de la Meurthe, l’évêque de Nancy, le général commandant la 4e division militaire, le maire de Nancy, le premier président de la cour d’appel, le président du tribunal criminel, le conservateur des forêts ; mais ils ne sont là que pour donner des gages supplémentaires au pouvoir en place. On s’en débarrassera à la première occasion, dès 1804, en leur donnant le choix de rester comme membre ordinaire ou de quitter l’académie. Après cette date, l’égalité la plus complète règne entre les membres titulaires, qui tous sont choisis en raison de leur mérite réel et non par la faveur d’un prince comme sous l’Ancien Régime.
7Ces membres titulaires se recrutent dans trois principaux groupes, entre lesquels il peut y avoir des chevauchements, dus au fait que beaucoup d’académiciens ont exercé successivement, et parfois simultanément, plusieurs professions. Ce sont : les professeurs de l’École centrale du département de la Meurthe, formant le noyau principal ; des médecins et pharmaciens appartenant à la société de médecine locale ; des hommes de loi pourvus de fonctions politiques, administratives ou judiciaires. Ingénieurs, ecclésiastiques et anciens militaires ne jouent à côté de ces trois groupes qu’un rôle d’appoint.
8La liste des associés correspondants, complétée jusqu’en 1804, montre que la société a clairement choisi de se placer sous l’égide de l’Institut de France, dont une quinzaine de membres sont cités, ainsi que de quelques hauts personnages et de grandes institutions nationales. Certains sont choisis en raison des relations qu’ils ont tissées à Nancy, mais d’autres ne le sont qu’en fonction de leur notoriété ou de leur puissance. Les archives de l’académie ne conservent pas de traces de la procédure qui a permis de les désigner : on n’a conservé que quelques lettres d’acceptation et d’encouragement émanant des nouveaux correspondants.
9La manière dont fonctionne l’académie est définie par son règlement. Celui-ci, très proche de celui des autres sociétés savantes fondées à la même époque, nous semble largement inspiré des pratiques des assemblées révolutionnaires. Les séances sont faites pour lire des rapports, pour échanger des points de vue et pour émettre des votes : toutes les décisions importantes sont prises par la société réunie dans son ensemble, après une étude faite en commission. Il existe certes un bureau, mais la rotation des responsabilités est très rapide : le président n’est en place que pour six mois et les secrétaires pour un an. Son rôle se borne en fait à organiser le travail de la société et à présider les séances. On se méfie apparemment des trop fortes personnalités et du risque de pouvoir personnel.
10Une autre influence se manifeste aussi : celle de l’École centrale, véritable creuset de l’académie, où de nombreux membres ont professé ou pour les plus jeunes, étudié. En raison de la structure des études, les professeurs y étaient très proches de leurs élèves. L’académie n’est pas seulement un aréopage, destiné à juger, comme au temps de Stanislas, c’est aussi une pépinière, qui accueille les plus brillants représentants de la nouvelle génération. La façon dont Henri Braconnot a été introduit en 1806 à l’académie est significative : l’académie a voulu entendre une première fois ce jeune homme dont on disait grand bien ; mais ce ne fut pas concluant, car ce grand timide devait être mort de trac. Cette supposition que nous faisons s’appuie sur le fait qu’il n’y a jamais eu dans l’histoire de l’académie de candidat qu’elle ait accepté de tester deux fois, ainsi, que sur la timidité bien connue de Braconnot, que n’a pas cachée son biographe Jérôme Nicklès (Braconnot, sa vie et ses travaux, Mémoires de l’académie de Stanislas, 1855, p. XXIII sq).
11On lui a donné une seconde chance, à la suite de laquelle il a été désigné comme membre titulaire, en février 18072. Cette procédure particulière s’explique parce que Braconnot a acquis sa formation de pharmacien pendant son service militaire : il n’était pas connu des académiciens. Les candidats qui sont passés par l’École centrale et plus tard par le lycée sont au contraire déjà connus, jaugés d’avance à leur juste mérite ; ils viennent s’asseoir d’emblée sur les chaises de l’académie aux côtés de leurs anciens maîtres, dont ils assureront la relève. Et s’ils sont passés par les écoles de médecine ou de droit de Paris ou de Strasbourg, le bruit de leurs succès n’a pas manqué de parvenir jusqu’à Nancy.
12En 1809, c’est un israélite3, Michel Berr, fils du président de la communauté juive de Nancy qui, après un séjour à Paris, se présente comme membre titulaire. Il est accepté sans la moindre difficulté, comme ancien élève de l’École centrale. Avant lui, Justin Lamoureux, Pierre Henri de Caumont avaient été admis sur la même recommandation : la qualité d’ancien élève garantissait à la fois l’étendue de leur savoir et leur adhésion à l’esprit académique.
Un retour progressif à la tradition
13Si elle veut être fidèle à l’esprit de Stanislas, et en même temps s’adapter à la société naissante, la nouvelle académie doit assumer une double mission. C’est ce que lui rappelle Masson, conservateur des Forêts à Épinal, dans la longue lettre qu’il écrit le 18 frimaire de l’an XI pour remercier de son admission. C’est un observateur bien placé pour parler avec franchise, parce qu’il a obtenu un prix de la Société royale, le 8 mai 1786, pour un éloge de Stanislas. La nouvelle société doit, écrit-il, tourner le dos à l’esprit de système, et s’occuper surtout de ce qui est utile, c’est-à-dire des moyens pratiques d’améliorer les conditions de vie du peuple. Elle doit aussi donner l’exemple de la tolérance, par sa diversité et de la concorde, par l’esprit qui l’anime.
« Sous votre influence, non seulement les Lumières se répandront, mais par le rapprochement des esprits, le souvenir des dissensions politiques s’effacera et tous les intérêts finiront par se confondre dans l’intérêt public. »4
14Pourtant, si l’on considère l’évolution de l’académie dans les premières décennies du xixe siècle, on voit qu’elle ne se contente pas d’être fidèle à l’esprit de Stanislas, mais qu’elle affirme aussi de plus en plus fortement sa filiation avec l’ancienne académie. Elle ne tarde pas à réclamer les archives de l’ancienne société royale au préfet Marquis, qui ne lui seront rendues en entier que par son successeur, quelques années plus tard. Elle revendique aussi la mainmise sur la bibliothèque publique, que Stanislas avait placée sous sa surveillance à sa fondation. Après avoir été rattachée à l’École centrale, cette bibliothèque est en effet devenue municipale lors de la création du lycée en 1804. Les académiciens ont perdu le droit de nommer le bibliothécaire, dont la nomination appartient désormais au maire. Mais sur ce point, les réclamations de l’académie seront vaines. Le gouvernement de la Restauration, pressé par elle en août 1814 de « restaurer » la situation ancienne, répond qu’on ne peut plus aller contre des lois qui ont été votées5. L’académie demande aussi des subventions pour pouvoir accorder des prix, comme elle le faisait avant 1793. Ici, le préfet Riouffe a su jouer avec subtilité : il a fusionné la société avec le conseil d’agriculture qui existait dans le département ; ayant acquis une compétence agricole, l’académie devenait éligible aux subventions du conseil général et elle pouvait décerner des prix, ayant un rapport plus ou moins étroit avec l’agriculture6.
15Dans la vie quotidienne de l’académie, beaucoup de pratiques anciennes sont peu à peu réintroduites. Lorsque le préfet Riouffe7 (1764-1813), qui avait succédé à Marquis en 1808, est élu président, on porte la durée de la présidence à un an. On rétablit, pour l’élection des membres titulaires, l’obligation de deux scrutins, entre lesquels le candidat est tenu de rendre des visites à tous ses futurs confrères. Les cotisations, que les membres de la société libre devaient acquitter périodiquement, tombent en désuétude, dès lors que les dépenses courantes de l’académie sont couvertes par des subventions. On reprend aussi l’habitude de porter à la tête de l’académie des personnages qui ne la président que de façon honorifique : c’est le cas du préfet Alban de Villeneuve (1823-1824) ou du général de Pange, gouverneur de Nancy, en 1826.
16Ce retour au passé est parallèle à une autre évolution, qui se constate sur le plan idéologique et politique. Elle se fait de manière presque insensible, en raison du contexte lorrain. La référence à Stanislas est bien commode et permet de jouer au caméléon en matière de politique. L’ancien roi de Pologne pouvait être considéré comme un monarque d’esprit libéral, et comme Napoléon, il s’était substitué à une dynastie traditionnelle : les Bonapartistes pouvaient donc se réclamer de lui. Mais il était aussi le grand-père de Louis XVIII et de Charles X, qui prétendaient suivre son exemple en faisant du bien à leur peuple : les Légitimistes avaient eux aussi le droit de le célébrer. D’un autre côté, en épousant Marie-Louise d’Autriche, Napoléon s’était allié à une descendante des derniers ducs souverains de Lorraine ! Les Lotharingistes fervents ne pouvaient qu’approuver ce second mariage. Il n’est pas très difficile, en se réclamant de Stanislas ou de la vieille Lorraine, d’entretenir le doute sur ses véritables préférences politiques, et de changer de camp sans renier tout à fait ses opinions initiales.
17L’académie prend peu à peu ses distances avec le préfet Marquis, qui est un ancien conventionnel aux idées avancées, mais accueille à bras ouverts le préfet Riouffe, qui, comme Girondin, a été persécuté pendant la Terreur. Progressivement, les révolutionnaires modérés et les Idéologues qui avaient joué le premier rôle, s’éloignent pour faire carrière ou disparaissent par la mort. L’ancien évêque constitutionnel François Nicolas8, qui représentait bien ce courant, meurt en 1807. Lorsqu’il avait prononcé, au nom de l’académie, en 1804, un discours pour l’ouverture des épreuves locales du concours d’entrée à l’école polytechnique, il avait célébré sans retenue l’œuvre intellectuelle de la révolution. Après sa mort, la voie est libre maintenant pour des crypto-royalistes, qui cachent de moins en moins leurs opinions. Haldat9, dont l’influence s’accroît, l’ancien secrétaire perpétuel Coster10, qui n’a pas cessé d’être royaliste constitutionnel, Blau11, qui est catholique ardent en même temps que royaliste modéré, le médecin Louis Valentin12, qui allie la fidélité monarchique avec l’appartenance à la franc-maçonnerie, et d’autres aussi sans doute qui, à la fin de l’Empire, défendent des idées monarchiques sans dire quel monarque a leurs préférences, s’engouffrent dans la brèche et pèsent de plus en plus lourd au sein de l’académie. L’abbé Vautrin13, ancien jésuite exilé en Pologne, qui prononcera une oraison funèbre du duc de Berry en 1820 à la cathédrale, se signale en pourchassant impitoyablement tous les écrits suspects de matérialisme ou de contradiction avec la Bible. Cette évolution, bien perceptible autour de 1810, explique que l’académie n’ait eu aucune difficulté à trouver des membres disposés à célébrer en 1814 le retour de Louis XVIII, comme d’autres s’étaient faits, avant eux, les thuriféraires de Napoléon Bonaparte.
18Nous en trouvons une confirmation dans le journal d’un nouvel académicien. Azaïs14, qui est un « libéral » et qui a été présenté à l’académie par son ami Michel Berr, confie à ce dernier, lors des visites réglementaires à tous ses futurs confrères (en 1813), qu’il a constaté qu’ils étaient presque tous des conservateurs et qu’il devra éviter d’exprimer toutes ses idées avec franchise dans son discours, pour ne pas les choquer.
19Cela ne veut pas dire, tout de même, que la Société des sciences ne soit pas disposée à maintenir un certain équilibre entre les tendances. Pour bien marquer son indépendance, elle accueille au début de la Restauration le général Drouot15, pourtant resté fidèle jusqu’au bout à l’empereur. En 1830, ce sera Auguste Monnier, petit-fils du maréchal Ney et gendre de Molitor.
20C’est d’ailleurs presque une loi générale, qu’on trouve vérifiée dans d’autres académies et à d’autres époques : les académies deviennent des refuges pour les opposants, dans la mesure où ceux de ses membres qui sont partisans du gouvernement sont accaparés par leurs fonctions officielles sur place ou trop mobiles, en raison de l’avancement de leur carrière.
Une modernité relative
21Si nous voulons maintenant porter une appréciation sur la modernité de l’académie dans le premier tiers du xixe siècle, il nous faut considérer son ouverture vers l’extérieur et sa participation au mouvement scientifique et littéraire de son temps.
22Avant la Révolution, l’Académie de Stanislas avait commencé à établir des relations avec d’autres sociétés savantes françaises. Elle avait par exemple accueilli dans une de ses séances un académicien de Besançon. Les échanges avec Metz, Lyon, Angers ou Troyes sont signalés ponctuellement. Mais il ne pouvait y avoir de correspondance régulière, dans la mesure où l’Académie de Stanislas avait cessé en 1759 de publier ses mémoires16 : elle n’avait rien à envoyer, elle ne recevait rien parce que d’autres académies étaient dans la même situation. Les échanges ne reposaient que sur des déplacements d’hommes ou des correspondances individuelles.
23La situation change en 1802 dans la mesure où l’académie s’impose la règle d’une publication périodique, largement diffusée et échangée avec les périodiques d’autres sociétés savantes. Ce fut un cap difficile à tenir : les premières publications n’ont été possibles que grâce aux cotisations des membres. Les communications proposées et les travaux des membres n’y étaient présentés que sous la forme de résumés, le nombre de pages étant très limité. Plus tard, on voit l’académie, aux prises avec des difficultés financières, espacer de plus en plus la périodicité de son Précis analytique qui, annuel au départ, n’a plus été édité que tous les trois, quatre ou cinq ans17. Mais elle n’y a jamais renoncé. Grâce à cette persévérance, la liste des publications échangées et des sociétés correspondantes n’a cessé de s’allonger, d’année en année. Elle a constitué autour d’elle un véritable réseau.
24Les Académiciens ne se contentent pas de recevoir et de classer dans leur bibliothèque les périodiques qu’ils reçoivent. Ils les lisent, ce qu’on ne fait plus guère aujourd’hui, ils les dissèquent, ils les commentent ! Des rapporteurs sont nommés, pour en faire la présentation à leurs confrères. On analyse de la même façon les ouvrages importants qui viennent de paraître. C’est même la caractéristique des premières années du xixe siècle : on entend plus de rapports que de travaux originaux. D’ailleurs, les travaux originaux des académiciens sont souvent fragmentaires : ils communiquent sur ce qu’ils sont en train d’écrire, pour bénéficier des remarques et des encouragements de leurs confrères. Attentive à tout ce qui se dit ou se fait ailleurs, la nouvelle académie suit l’actualité de très près. Elle y est aidée, dans les années 1810 et surtout 1820, par le flux de jeunes professeurs qui viennent occuper quelques années une chaire au lycée ou l’arrivée de jeunes médecins qui formés d’abord à Nancy, sont allés poursuivre leurs études à Paris ou Strasbourg, avant de revenir au bercail.
25Par rapport à l’Académie fondée par Stanislas, qui se voulait surtout lorraine, la nouvelle société, par la force des choses, se trouve beaucoup plus largement ouverte sur l’Europe et même sur le monde. À l’époque de Stanislas, les étrangers ou les Français vivant à l’étranger étaient admis à l’académie quand ils venaient rendre visite au monarque lorrain.
26Mais les événements de la Révolution, du Consulat et de l’Empire ont déterminé une mobilité beaucoup plus grande des individus : des émigrés sont allés vivre à l’étranger, des militaires ont parcouru l’Europe au gré des batailles, des administrateurs et des diplomates français ont occupé des postes dans les pays conquis, des étrangers sont devenus sujets de l’Empire français et y ont fait carrière.
27La curiosité pour les pays étrangers s’est aiguisée. On voit le docteur Louis Valentin profiter de l’éclaircie de la paix d’Amiens pour faire en 1803 un voyage en Angleterre et étudier le système médical anglais et en rendre compte à ses confrères18. Le même Valentin, qui s’était réfugié aux États-Unis pendant la Révolution, reçoit une abondante correspondance qui le tient au courant de toute l’actualité scientifique américaine. Il fait au début des années 1820 un voyage médical en Italie19 qui lui permet de recruter des correspondants. Il a aussi voyagé sur le Rhin. Haldat voyage dans la future Belgique, en Allemagne et en Suisse, il visite des institutions scientifiques et des collections de curiosités.
28Cela se traduit dans la composition de l’académie : en 1829, elle compte dix-huit associés correspondants étrangers par la résidence20. Quatre habitent aux États-Unis (New York, Philadelphie, la Nouvelle Orléans, la Virginie), deux en Russie à Odessa, trois vivent en Allemagne, trois aux Pays-Bas, deux à Genève, deux en Italie, un en Espagne et un au Caire, en Égypte. Il y a en outre, parmi les associés nationaux, plusieurs étrangers qui vivent à Paris : l’Italien Charles Botta, le consul américain David-Bailie Warden et Léonard Chodzko, un Polonais réfugié en France. On notera que cette diversité est certes un trait de modernité, mais qui prolonge et étend le cosmopolitisme des Lumières. L’académie se renouvelle dans la ligne droite de sa tradition.
29L’Académie s’intéresse à toutes les formes de progrès, surtout scientifique ou technique, et elle y est incitée par les pouvoirs publics. Les préfets, qui ne disposent pas de tous les collaborateurs qu’ils ont aujourd’hui, demandent assez souvent aux académiciens de faire des expertises, dans les domaines les plus divers. Cela n’est pas nouveau, et l’ancienne académie, par les prix qu’elle attribuait, récompensait déjà bon nombre d’inventeurs de machines ou de procédés nouveaux.
30Pourtant, en dépit des jeunes professeurs qui sèment des idées nouvelles, mais passent à Nancy comme des météores, l’académie défend sur bien des points des positions traditionnelles. Alors que l’Académie de Lyon a ouvert ses portes aux femmes, celle de Nancy n’admettra les premières qu’en 1840, et ce sera un essai sans lendemain. Elle ne fait aucune place aux questions sociales dans ses préoccupations : celles-ci n’apparaîtront – bien timidement – que plus tard.
31Les académiciens de 1802 et des années suivantes sont des fils des Lumières. Ils ont l’esprit encyclopédique, et on les voit travailler souvent dans plusieurs spécialités différentes. Braconnot, qui est chimiste, dirige le jardin botanique de Nancy. Haldat, qui est médecin, plutôt physiologue, est devenu professeur de physique et s’intéresse de ce fait à l’optique, à l’acoustique et même à la peinture. Pierre de Caumont21, professeur de mathématiques, compose des fables en vers qui ne manquent pas de qualités. Des avocats ou des magistrats deviennent littérateurs. Lamoureux l’aîné, qui était médecin, est devenu professeur de langues anciennes à l’École centrale, puis de sciences naturelles à l’école forestière ! Cette polyvalence des goûts et des aptitudes de ses membres explique en partie le fait que l’académie ait pu conserver un caractère transdisciplinaire et ne pas se diviser en sections, comme l’avait fait l’Institut. Mais l’amateurisme de certains académiciens dans des matières qu’ils croyaient à tort bien connaître, a été certainement un frein à son succès.
32Si nous considérons les différentes disciplines auxquelles appartiennent les académiciens, nous constatons plusieurs vagues de modernité, qui ne sont pas synchrones. Tous les académiciens, en fonction de leur spécialité, ne font pas preuve au même moment de l’esprit d’innovation que l’on attendrait d’eux.
33Une science est alors en pointe à cette époque en France : la chimie, qui entraîne plus ou moins dans son sillage la physique, autre science expérimentale. Braconnot, qui a suivi à Paris l’enseignement de Vauquelin, la représente parfaitement. Elle a d’ailleurs beaucoup d’applications concrètes, qui tendent à transformer les conditions de vie quotidiennes : Mathieu de Dombasle22 analyse les eaux de source, le pharmacien Mandel23 analyse le savon, les denrées alimentaires ou traite des meilleures méthodes de vinification.
34L’agriculture, qui bénéficie d’un fort soutien des pouvoirs publics, est d’ailleurs à cette époque un puissant moteur de progrès pour les disciplines connexes. Elle stimule la botanique, la chimie appliquée, la mécanique ; elle pose des questions de nature juridique, comme celle des remembrements, dont Antoine Bertier24 se fait le champion. Elle bouscule même la pédagogie, en demandant l’introduction dans l’enseignement primaire de connaissances agricoles pratiques.
35La médecine se trouve à mi-chemin entre les disciplines progressistes et celles qui sont conservatrices ou attardées. Les premières années du xixe siècle sont marquées par l’essor de la vaccination antivariolique, qui avait eu tant de mal à s’imposer un siècle auparavant. Les médecins de l’académie, comme Louis Valentin et Sébastien Serrières 25 y adhèrent avec enthousiasme et sont même des pionniers pour le département de la Meurthe. Mais les théories nouvelles qui ont cours à Paris sont accueillies avec beaucoup de réserve ou de scepticisme. Nous faisons de la médecine de terrain, pas de la théorie, disent en chœur les médecins de l’académie de Nancy. On se méfie des jeunes médecins qui ont été formés à Paris aux applications médicales des sciences expérimentales : ne leur a-t-on pas en même temps inculqué le matérialisme, voire l’athéisme ? Pour marquer leur indépendance, leurs aînés font l’éloge de l’éclectisme en matière médicale. Le virage vers la médecine expérimentale ne sera réellement pris qu’après 1830.
36Si du côté de l’archéologie, on constate un léger frémissement après 1815, moins marqué que dans d’autres régions plus en pointe, l’histoire est loin d’avoir accompli sa mutation. Elle conserve le caractère de récits, qui doivent être bien ordonnés et contenir des leçons ou de morale, ou du moins de conduite pour les responsables politiques. On l’écrit comme on l’enseigne, et certains exposés de Coster sur l’histoire lorraine ressemblent beaucoup par la forme aux leçons d’histoire qu’il donnait à l’École centrale. De la même façon, les biographies qu’écrivent les académiciens sont surtout des « éloges » de grands personnages, dont on ne retient que les qualités et les vertus26. Le recours aux documents de première main et aux archives n’apparaîtra qu’après 1830 et surtout 1840.
37Quant à la littérature, le tableau est encore plus désolant. On ne la conçoit guère que de la façon dont elle est présentée par l’enseignement classique, qui ne diffère presque pas de celui des collèges de l’Ancien Régime. On prend certes du recul par rapport au xviiie siècle, dont la littérature a conduit à la Révolution, mais on célèbre sans retenue les grands classiques du xviie siècle, ainsi que les grands auteurs anciens. Une grande partie de la production littéraire consiste en traductions (en vers français, pour les poètes de l’Antiquité) ou en imitations. On juge les œuvres en fonction de règles très étroites de composition et de style : on condamne celles qui ne respectent pas les règles du « genre ». Et cela dure encore jusqu’en 1830. On reproche aux écrivains du courant romantique des impropriétés sur le sens des mots ou sur des images et des libertés prises avec le bon style. Cette attitude figée n’évoluera qu’après 1830, sous l’influence de Lamartine, en liaison avec un renouveau religieux dont on ne peut apercevoir avant cette date que les prémices.
38Soulignons pour conclure que les académies ont une grande faculté d’adaptation. Dans une compagnie de 36 personnes, si diverses, il y a toujours des hommes pour répondre à toutes les sollicitations d’où qu’elles viennent ; mais il y a aussi toujours des traînards, ce qui fait que les évolutions d’ensemble demandent du temps. Il y a eu en fait deux vagues de modernisation : celle de 1802, encore incomplète, et dont nous avons marqué les limites, car les académiciens étaient encore très influencés par l’éducation qu’ils avaient reçue au xviiie siècle ; celle d’après 1830, avec l’avènement d’une nouvelle génération, d’esprit plus scientifique et plus positif, marchant d’un pas beaucoup moins hésitant sur la voie du progrès.
Bibliographie
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favier Justin, Table analytique des publications de l’Académie de Stanislas (1750-1900), précédée par l’Histoire de l’Académie par Christian Pfister. Nancy, Berger-Levrault et Cie 1902, 225 pages.
gain André, L’École centrale de la Meurthe à Nancy, Annales de l’Est 1921-1922, Berger-Levrault 1922, 240 pages.
haldat Charles Alexandre de, « Fragments historiques sur la suppression et le rétablissement de la Société fondée par Stanislas », dans les Mémoires de la Société des sciences, lettres et arts de Nancy, 1850, p. XLVII-LXIV.
panigot E., Notices biographiques et bibliographiques des membres de l’Académie de Stanislas de 1750 à 1880. Manuscrit 960-962 (702) de la Bibliothèque municipale de Nancy. Précis analytique des travaux de la Société des sciences, lettres et arts de Nancy, an XII, 32 p. ; an XIII, 48 p. ; 1806, 59 p. ; 1897, 67 p. ; 1808-1809, 75 p. ; 1810, 97 p. ; 1811-1812, 164 p. À partir de 1813, Précis des travaux de la Société royale des sciences, lettres et arts de Nancy : 1813-1815, 151 p. ; 1816-1818, 175 p. ; 1819-1823, 309 p. ; 1824-1828, 280 p. ; 1829-1832, 288 p. On trouvera dans Justin Favier, cité ci-dessus, les modifications de détail du titre de ces recueils.
Registres manuscrits des Procès-verbaux des séances de l’Académie, consultables au siège de l’Académie, 43 rue Stanislas, à Nancy : 1802-1818, 1819-1829, 1829-1844.
Règlement de la Société libre des sciences, lettres et arts de Nancy. À Nancy, chez J.R.Vigneulle, fructidor an X, 23 pages.
voilliard Odette, maigret Michel, « Grands notables du Premier Empire, (Meurthe, Moselle, Meuse) », dans Grands notables du Premier Empire, tome 10, Louis bergeron et Guy chaussinand-nogaret (dir.), éditions du CNRS, Paris, 1984, 214 pages.
Notes de bas de page
1 Règlement de la Société libre des sciences, lettres et arts de Nancy, adopté le 4 fructidor an X.
2 Registre (manuscrit) des procès-verbaux des séances, 1802-1816, p. 115-140.
3 Avec le recul du temps, nous avons tendance à considérer cela comme un événement important. Cependant, les registres de l’académie ne le soulignent pas comme tel. D’ailleurs, les liens de la famille Berr avec l’académie n’étaient pas nouveaux : dès 1792, le père de Michel Berr avait fait un don à l’académie pour fonder un prix que seules les circonstances politiques avaient empêcher d’attribuer.
4 Archives de l’Académie de Stanislas, lettre manuscrite, dossier Masson.
5 Il n’a tenu aucun compte du long mémoire que Haldat avait élaboré, qui expliquait toute l’histoire des relations de l’académie avec la bibliothèque fondée par Stanislas en même temps qu’elle et développait les arguments en faveur d’un retour à la situation initiale, lorsque le secretaire perpétuel de l’académie était le biblothécaire en chef et cinq académiciens, ayant le titre de censeurs, étaient chargés de veiller aux acquisitions. Registre des procès verbaux (1802-1818) p. 294-301.
6 L’académie a accepté facilement la fusion, pourvu qu’elle n’ait pas à modifier ses statuts. Ce fut en fait une véritable substitution, car on ne parle plus dans la suite des membres extérieurs à l’académie. Registre des procès verbaux (1802-1818), séance du 22 juin 1809, p. 200-201.
7 Honoré Riouffe (1764-1813) avait succédé en 1808 à Marquis (1747-1822), qui avait été le premier préfet nommé en 1800. Contrairement à son prédécesseur, il a accepté de devenir membre ordinaire de la société, qu’il a présidée pendant un an. Il est mort en rendant visite à des soldats malades du typhus, qui avaient été rapatriés à Nancy.
8 François Nicolas (1748-1807), ancien curé de Tantonville, était devenu évêque constitutionnel de la Meurthe ; il a été évincé à l’époque du Concordat au profit de Mgr d’Osmond. Parallèlement, il enseignait les belles-lettres à l’École centrale. Il passait pour le meilleur orateur de l’académie.
9 Charles Alexandre de Haldat (1769-1852), qui descendait par les femmes de la famille de Jeanne d’Arc, avait étudié d’abord le droit ; il avait pratiqué la médecine comme aide chirurgien militaire lors de sa période d’engagement dans les armées révolutionnaires. Il était devenu plus tard professeur de physique à l’École centrale. Il a continué à mener de front une carrière de professeur de lycée, puis d’inspecteur, avec une carrière médicale, grâce à sa thèse de médecine soutenue à Strasbourg en 1803. Il deviendra directeur de l’école préparatoire de médecine de Nancy.
10 Joseph François Coster (1729-1813) avait été secrétaire de l’intendant de Corse sous l’Ancien Régime, puis premier commis au contrôle général des finances de 1770 à 1790. Considéré comme « patriote », il est aussi libéral et inquiété sous la Terreur. Membre du jury d’instruction publique, il s’était désigné lui-même comme professeur d’histoire à la nouvelle École centrale en 1796. Secrétaire perpétuel de 1792 à 1793, ayant joué un rôle actif dans la reconstitution de l’académie, il n’a pas retrouvé cette même place dans la nouvelle : ses confrères se méfiaient de son caractère autoritaire, peu compatible avec le fonctionnement démocratique de la nouvelle société.
11 Jean Blau (1767-1842) était de condition modeste, et n’avait pu faire des études que grâce à la protection d’un ancien jésuite. À l’École centrale de la Meurthe, il n’a occupé qu’un simple poste de maître de langues vivantes ; par la suite, il est devenu professeur au lycée, montant de classe en classe avant de devenir inspecteur. Catholique fervent, il était père de 19 enfants, ce qui explique qu’il ait peu produit en matière littéraire. C’est lui qui le premier, a fait la proposition d’un monument à élever à Stanislas. Nostalgique de l’ancienne Lorraine, il n’a composé de vers officiels qu’à l’occasion du passage à Nancy de l’impératrice Marie-Louise, descendante des anciens ducs de Lorraine.
12 Louis Valentin (1758-1829), chirurgien militaire et médecin, se trouvait à Nancy lors de la mutinerie qui a abouti à la mort de Désilles, en août 1790. Il a alors quitté la France pour Saint-Domingue, où sa femme possédait des propriétés. Victime du soulèvement des esclaves, il a cherché refuge aux États-Unis, en Virginie, où il a vécu jusqu’à la fin de la Révolution. Sa qualité de franc-maçon lui a permis de bien s’y intégrer. Comme l’opinion américaine, il juge sévèrement les excès de la Révolution. Il sera décoré par Louis XVIII de l’ordre de saint Louis.
13 Hubert Vautrin (1742-1822) était professeur de physique au collège de Jésuites de Saint-Nicolas de Port. Il s’est exilé en Pologne après la dissolution de la compagnie. Pendant la Révolution et l’Empire, il gagne sa vie comme maître de pension. Mais il n’a jamais renoncé à l’état ecclésiastique. Respecté, aimé pour son caractère affable, c’était un esprit caustique, qui ne manquait aucune occasion de faire l’apologie de la religion chrétienne.
14 Pierre Hyacinthe Azaïs (1766-1845) était un homme de lettres, fils d’un professeur de musique au collège de Sorèze. Il avait occupé divers emplois avant de devenir inspecteur de la librairie, à Avignon, puis en 1812 à Nancy. Il a laissé un journal, qui a été largement cité par Pierre Bayaud : « Le philosophe Azaïs, inspecteur de la librairie à Nancy, 1812-1813 » (Congrès des Sociétés savantes, Nancy 1950).
15 Fils d’un boulanger, Antoine Drouot (1774-1847) est originaire de Nancy. Il est unanimement respecté dans la ville pour la fidélité dont il a su faire preuve envers l’empereur, mais aussi pour son désintéressement et pour sa charité.
16 Mémoires de la Société royale des Sciences et Belles-Lettres de Nancy, tome 1, 1754 ; tome 2, 1755 ; tome 3, 1755, tome 4, 1759.
17 Les Précis analytiques des travaux ont été publiés en l’an XII, en l’an XIII, en 1806, 1807, 1808-09, 1810, 1811-12, 1813-15, 1816-18, 1819-23, 1824-28, 1829-32.
18 Précis analytique des travaux de la Société des sciences, lettres et arts de Nancy, an XII, p. 13-14.
19 Il a publié les notes de ses voyages en Italie, accomplis en 1820 et 1824. Celles-ci sont résumées dans les Précis analytiques des années 1819-23 (p. 135-150) et 1824-28 (p. 171-172). Le voyage sur le Rhin est résumé dans le Précis de 1919-23 (p. 150-157).
20 Nous considérons la date de 1829, parce qu’il y a eu en 1825, à l’initiative du nouveau bibliothécaire archiviste trésorier, Hubert Félix Soyer Willemet, une remise en ordre complète de la liste des membres de l’académie, qui n’était plus tenue à jour. Ce travail a servi de base pour la liste qui figure à la fin du Précis analytique de 1824-1828.
21 Pierre-Henri de Caumont (1781-1855), de noblesse récente, franc-maçon, ancien élève de l’École centrale, professeur de mathématiques au lycée, a sous l’Empire la réputation d’un homme qui brille dans les salons. Il contribue par ses vers agréables au succès des séances publiques de l’académie. Monarchiste convaincu, il ne célèbre l’Empire que lors du passage à Nancy de l’impératrice Marie-Louise, descendante des ducs de Lorraine. Sous la Monarchie de Juillet, il deviendra recteur départemental de la Meurthe.
22 Mathieu de Dombasle (1777-1843) n’a jamais été membre titulaire de l’académie, mais seulement associé correspondant. Il s’en est séparé de fait, mais non en droit, lorsqu’il est devenu président de la nouvelle Société centrale d’agriculture, en 1821.
23 François Mandel (1749-1820), pharmacien, qui était franc-maçon, est un des hommes les plus représentatifs de cette période de reconstitution de l’académie. Très charitable, il était surtout intéressé par les applications concrètes de la science tournées vers le bonheur de la population.
24 Antoine Bertier (1760-1853), toujours resté associé correspondant, était un excellent agronome et un homme politique d’idées très libérales. C’est lui qui a loué à Mathieu de Dombasle sa ferme de Roville, pour qu’il en fasse une ferme-modèle d’enseignement agricole.
25 Sébastien Serrières (1776-1835), très engagé dans la médecine sociale, était secrétaire général du comité de vaccine du département et conseiller municipal de Nancy.
26 Ce sont encore des biographies de ce type que l’abbé Grégoire (1750-1831), associé correspondant de l’académie, devenu sénateur, proposera de rédiger, le seul jour où il put venir siéger à Nancy, le 5 août 1813.
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La France savante
Ce livre est cité par
- Sintès, Quentin. (2023) Quand le Roussillon met de l’eau dans son vin : l’hydraulique agricole dans la lutte contre le phylloxéra. Patrimoines du Sud. DOI: 10.4000/pds.12386
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