Réseaux fossilisés, réseaux fantasmés : les collections épistolaires du haut Moyen Âge
p. 147-156
Résumé
Les collections épistolaires sont fréquentes entre la fin du ve et le début du viie siècle. Longtemps négligées, elles se voient aujourd’hui analysées à la lumière de la théorie des réseaux. Cet usage doit toutefois demeurer prudent car il convient d’envisager chaque ensemble dans le contexte de sa réalisation. Certaines collections constituent des rassemblements réfléchis de la part d’un auteur particulier : dans ce cas, la collection constitue moins le témoignage d’amitiés authentiques que la mise en valeur de contacts jugés importants. D’autres collections ont été rassemblées peu après la mort de l’épistolier : elles témoignent de l’état des archives conservées et du prestige qui y était attaché. Beaucoup de manuscrits sont toutefois tardifs et liés à des enjeux mémoriels ou littéraires. Dans tous les cas, le réalisateur d’un volume de lettres n’affiche pas un réseau passé, mais il le réinvente à la lumière de ses propres besoins.
Texte intégral
1Les épîtres jouent un rôle central dans notre connaissance du haut Moyen Âge, mais elles sont souvent considérées comme des isolats et travaillées comme telles. Pourtant, dans bien des cas, la lettre ne prend son sens véritable que lorsqu’elle est comprise comme la partie d’un ensemble plus vaste, à savoir la collection épistolaire. En termes de transmission manuscrite, la missive isolée constitue en effet une rareté, sinon une exception. En outre, c’est à la lumière d’un corpus cohérent que l’on doit évaluer l’authenticité, la valeur ou la pertinence historique de telle ou telle pièce, indépendamment de son contenu objectif.
2Si l’on veut poser une définition, l’existence d’une collection épistolaire correspond à la présence simultanée et non fortuite d’un ensemble de lettres dans un même manuscrit1. Outre les éléments codicologiques, le caractère délibéré de la réunion peut généralement se déduire d’un effort de classement des textes selon des critères explicites ou implicites.
3Particulièrement fréquentes entre la fin du ve et le début du viie siècle, les collections épistolaires ont longtemps été négligées en raison du caractère banal ou allusif des messages conservés. Analysées depuis quelques décennies à la lumière de la théorie des réseaux, leur intérêt s’accroît. Chaque collection illustre en effet les liens qu’un épistolier construit, entretient et modifie au cours de son existence. Mais elles témoignent aussi d’une volonté d’affichage et de pérennisation de la part d’une certaine élite culturelle ; elles sont ainsi envisagées comme un élément de la réaction identitaire des notables occidentaux menacés par les changements sociaux 2.
4Derrière le terme générique de « collection » se cachent des processus de constitution très variables, avec des chronologies parfois difficile à reconstituer.
5Le type le plus simple à envisager résulte d’une compilation de lettres constituée par leur rédacteur. De fait, c’est sous cette forme que les collections épistolaires sont le plus souvent mentionnées par les sources narratives ou par les catalogues de biographies sur le modèle du De viris illustribus. Compiler et publier ses propres lettres constitue pourtant un exercice rare. La première difficulté vient de la conservation des originaux, puisque l’enregistrement des missives envoyées reste une pratique peu répandue. On le connaît certes à la cour pontificale, et des indices tendent à prouver que certaines chancelleries romano-barbares ou épiscopales l’ont aussi utilisé3. Malheureusement, aucun registre ne nous est directement parvenu. Dans le cas de la correspondance de Grégoire le Grand, on sait que le registre originel existait au Latran, probablement jusqu’au ixe siècle si l’on en croit le témoignage de Jean Diacre4. Toutefois, le prétendu Registrum aujourd’hui conservé n’en constitue qu’une réduction – ou une sélection – opérée à l’époque d’Adrien Ier5. Autant dire que le réseau réel des épistoliers nous reste toujours inaccessible.
6D’ailleurs, même lorsqu’un auteur conserve un exemplaire des pièces qu’il a expédiées et qu’il réalise lui-même sa collection, il est difficile de savoir quel est le degré d’authenticité des lettres réunies. Dans leur préface, les auteurs déclarent en effet qu’ils ont retravaillé leurs textes, qu’ils ont « poli » leur style pour reprendre l’expression romaine. Bien souvent, ils interdisent d’ailleurs à leurs amis de diffuser les lettres avant que ce travail de réécriture n’ait été mené à terme. Tel est notamment le cas de la correspondance de Sidoine Apollinaire, publiée entre 460 et 480, et dont l’auteur précise lui-même le processus d’editio6. Tout commence par une sélection personnelle de quelques lettres7, selon une logique principalement thématique. Sidoine affirme en effet qu’il a fait alterner des lettres d’éloge, de conseil, de déploration et de divertissement8. La seconde étape est celle d’une révision stylistique, dont la charge peut éventuellement être remise à un tiers. Pour son premier livre de Lettres, Sidoine affirme ainsi avoir confié le travail à son ami Constantius de Lyon9. Ici, il s’agit probablement d’une fiction : Sidoine attend de toute évidence que Constantius lui réponde qu’il n’y a pas un mot à changer. Dans tous les cas, cette étape de révision conduit à une modification de format – voire de contenu – de certaines pièces ; Sidoine affirme lui-même qu’il a rompu avec la brevitas nécessaire à la véritable lettre en développant certains passages pour les rendre plus clairs ou plus élégants10. L’édition s’achève sur l’envoi par l’auteur d’un exemplaire officiel du recueil. Le bénéficiaire est alors autorisé à diffuser la collection constituée et authentifiée par l’auteur. Bien sûr, un tel corpus n’est pas clos et peut être enrichi par l’ajout de nouveaux livres. Sidoine signale ainsi chaque nouvelle expédition par une lettre-préface11.
7Dans tous les cas, une telle editio ne correspond pas à la publication d’un dossier. Dans le cours du processus, on peut supposer que non seulement Sidoine a écarté plusieurs pièces gênantes sur le plan politique ou personnel, mais qu’il a pu réécrire certaines lettres composées à la hâte. Le plus inquiétant demeure le décalage chronologique entre la lettre et la collection : Sidoine sélectionne les pièces dont les correspondants lui apparaissent importants au moment du rassemblement de son recueil12. Autant dire qu’une collection personnelle participe d’une démarche apologétique : l’auteur qui publie son propre volume de lettres ne divulgue pas son réseau passé, mais il le réinvente à la lumière du présent.
8Dans quelques cas, un collectionneur de lettres peut chercher à dissimuler l’identité de ses correspondants. La copie des adresses passe alors par un travail d’anonymisation du matériau, comme en témoigne la courte collection épistolaire du comte wisigoth Bulgar. Vers 600, ce dernier s’occupait de négociations diplomatiques sensibles entre Tolède et le monde franc ; naturellement, il ne fallait pas révéler le nom des honorables correspondants qu’il entretenait en Gaule13.
9Au demeurant, rares sont les auteurs qui réunissent de leur vivant l’ensemble de leur correspondance. Bien souvent, la tâche en revient à un ami ou à un secrétaire. Tel est le cas des lettres d’Avit de Vienne, dont Ian Wood a prouvé qu’elles ne correspondaient pas à une sélection accomplie par l’auteur. Peu après la mort d’Avit de Vienne en 523, une main anonyme et bien intentionnée a rassemblé tout ce qui se trouvait encore sur la table de travail du défunt : lettres politiques, fragments de traités doctrinaux, missives personnelles, brouillons, invitations, pièces purement fantaisistes et même quelques réponses de correspondants, tout a été collationné pêle-mêle14.
10Il existe également des situations mixtes. Ainsi, si l’on suit l’analyse proposée par Ralph Mathisen, l’évêque Ruricius de Limoges a personnellement présidé à la constitution du premier livre de sa correspondance, peut-être à la fin des années 480. C’était un volume aussi précieux que vide de toute donnée objective, comme on les aimait au ve siècle. Vingt ans plus tard, Ruricius avait mis en réserve une série de lettres pour composer deux autres livres tout aussi creux, mais il fut surpris par la mort. L’évêque de Limoges n’étant plus là, un proche de bonne volonté mais de peu de talent rassembla ces textes et quelques autres en un plantureux livre II dépourvu de toute véritable cohérence15. Sur le plan purement historique, cette sélection maladroite a bien sûr plus d’intérêt que le très beau livre I ; sans les efforts désordonnés de ce secrétaire, on ne saurait rien des problèmes de conduite du fils de Ruricius ou de l’absence suspecte de l’évêque de Limoges au concile d’Agde de 50616. Dans une collection épistolaire réfléchie, ces éléments n’auraient pas eu leur place.
11Dans quelques cas, l’histoire de la collection doit être comprise comme une série de publications successives dues à des mains changeantes. Le meilleur exemple en est le corpus des Carmina épistolaires de Venance Fortunat, qui a fait l’objet d’une solide étude de Marc Reydellet17. Si l’édition canonique des Carmina se présente en onze livres, les phases de travail ont en réalité été échelonnées. Une première editio en sept livres est assurée vers 576 par Fortunat en personne. Cette version est dotée d’une structure extrêmement réfléchie et d’une préface soignée, qui précise le processus de constitution de la collection. Le texte des lettres originales aurait en effet été conservé par leur auteur, à des fins de publication après réécriture. Toutefois, Grégoire de Tours aurait demandé d’accélérer le processus, ce qui permet à Fortunat de proposer une captatio benevolentiae justifiant par la hâte le degré d’inachèvement de son recueil. Le premier exemplaire est bien sûr envoyé à Grégoire. L’évêque de Tours doit dès lors se charger de la diffusion auprès d’un lectorat choisi18. Autant dire que Grégoire de Tours se charge de la publication au sens propre du terme : il rend public un travail qui circulait jusque-là dans un cadre privé. Au demeurant, l’orientation politique de l’édition en sept livres n’est pas indifférente. En 576, à la mort de son mécène Sigebert Ier, Venance Fortunat se trouve dans une situation de grande fragilité : il est coupé de ses principales sources de financement et sans doute obligé d’entrer dans le clergé pour se protéger. Les six premiers livres des Carmina dressent donc un bilan enthousiaste de neuf années passées en Gaule au service des rois d’Austrasie et d’évêques ayant eu des sympathies austrasiennes. Quant au septième livre, il contient une série de lettres flattant des aristocrates qui tiennent la régence en Austrasie depuis la mort de Sigebert. Bref, la collection apparaît comme une déclaration intéressée de loyalisme, émise et diffusée par deux personnalités mises en difficulté par les changements géopolitiques. La préface comprend également un appel à l’aide financier, élégamment tourné mais assez clair quant à la teneur.
12La seconde editio des Carmina a probablement lieu vers 590. Fortunat a alors rajouté à son œuvre précédente deux livres de lettres dont Radegonde et Grégoire de Tours sont les principaux destinataires. Cette compilation semble s’être déroulée dans une certaine urgence, même si la main du maître intervient toujours. Le but poursuivi apparaît plus incertain, mais peut-être s’agit-il de justifier a posteriori le soutien littéraire que Fortunat avait apporté aux rois de Neustrie en 581. La nouvelle publication correspond aussi à un projet esthétique, puisqu’elle permet d’égaler le nombre de livres publiés par Pline le Jeune. En son temps, Sidoine Apollinaire avait aussi fait passer de huit à neuf le nombre de ses volumes de lettres de façon à imiter Pline19.
13Une troisième version des Carmina, cette fois-ci en onze livres, est proposée encore plus tard. La structure et la finalité de cette nouvelle édition sont ici encore moins claires. Il semble que Fortunat ait préparé lui-même deux collections épistolaires, mais que la mort – ou l’accession à l’épiscopat – l’ont empêché de les publier. Pour la première fois, on trouve donc dans la publication des brouillons ou des lettres inachevées20. Subsistent toutefois beaucoup de pièces isolées, notamment des échanges intimes entre Fortunat, la reine-moniale Radegonde et l’abbesse de Sainte-Croix-de-Poitiers Agnès. À terme, ces pièces furent compilées, sans ordre et sans travail de réécriture. On comprend dès lors que l’étude du réseau de Fortunat est complexe. Si l’on peut parler de réseau fossilisé, c’est ici une fossilisation par strates, avec des préservations de qualités très diverses.
14Lorsque l’on évoque les collections épistolaires, on pense surtout aux publications des lettres d’un auteur unique. Mais la mise en collection par le destinataire ou le dépositaire semble être un processus tout aussi fréquent. Pour ne donner qu’un seul exemple, les lettres de Fauste de Riez ont été réunies par Ruricius de Limoges, qui en avait été l’un des principaux bénéficiaires21. Dans d’autres cas, le processus de mise en collection est plutôt le fait d’un intermédiaire. Ainsi, plusieurs lettres composées par Venance Fortunat et adressées à des personnalités byzantines ont été réunies par un membre de la cour d’Austrasie. Il s’agit vraisemblablement de la sélection personnelle d’un diplomate qui avait été chargé de porter ces plis ouverts à Constantinople.
15Ce petit ensemble conserve aujourd’hui encore son identité documentaire puisqu’il forme une section codicologique autonome dans le manuscrit BNF latin13.084. Écrite en écriture de Corbie du viiie siècle, cette collection dite Σa contient plusieurs pièces qui ne sont pas connues par ailleurs. C’est le cas notamment de la très célèbre épître Sur la ruine de la Thuringe, adressée à un cousin de la reine Radegonde, ou des lettres d’éloge envoyées à l’empereur byzantin Justin II22. Il est remarquable que Fortunat n’ait pas lui-même publié ces textes, alors qu’ils comptent parmi les chefs-d’œuvre de la rhétorique tardo-antique. Apparemment, ils touchaient à des questions sensibles, notamment en matière militaire et diplomatique ; Fortunat considéra peut-être qu’ils n’avaient pas leur place dans l’édition personnelle de sa correspondance, laquelle se devait de rester badine. En outre, ces lettres révélaient des échecs de la diplomatie austrasienne. Fortunat n’avait sans doute pas intérêt à les rendre publics. Une telle sélection de poèmes gardait pourtant son intérêt pour un courtisan circulant entre l’Austrasie et Constantinople23.
16Dans bien des cas, la constitution d’une collection épistolaire répond moins à l’état des archives disponibles qu’à l’objectif poursuivi par l’auteur de la collection. L’exemple le plus représentatif est celui des Lettres arlésiennes, une imposante collection épistolaire rassemblant des lettres des papes, des évêques d’Arles et des rois francs, et qui couvrent un important champ chronologique entre le début du ve siècle et les années 560. Selon l’interprétation dominante, l’auteur de cette collection entendait défendre la primatie du siège d’Arles à un moment où celle-ci était menacée, sans doute vers 570-58024. À cette fin, l’auteur de la collection aurait rassemblé une cinquantaine de lettres émises par Arles, reçues par Arles, ayant circulé par Arles ou concernant Arles, même si c’était de façon un peu détournée.
17Ces pièces témoignent, certes, de la capacité de mobilisation des archives d’un grand siège gaulois dans une situation de crise. Mais tout n’a pas été publié. Par exemple, les pièces les plus gênantes de la controverse entre Léon le Grand et Hilaire d’Arles ont été soigneusement laissées de côté. De même, quelques pièces montrant que Césaire d’Arles était contesté par ses comprovinciaux ont fait l’objet d’une purge. Inversement, on retint des missives qui rappelaient que la Gaule avait un temps suspecté d’hérésie le pape Pélage Ier25. Il s’agissait de montrer que, pour l’occasion, Arles avait servi le camp romain et qu’un service en méritait un autre.
18C’est en se posant la question de la finalité de la mise en collection qu’il faut essayer de comprendre la constitution d’un corpus précoce. Tel est le cas des Lettres austrasiennes, une importante collection mérovingienne, transmise par un unique manuscrit carolingien provenant de Lorsch26. En apparence, on ne perçoit guère d’unité dans cette sélection de quarante-huit pièces en vers et en prose couvrant les années 470 à 590. Si la dominante diplomatique du matériau est évidente, on y trouve également des lettres privées, d’autres d’intérêt strictement clérical et même quelques échanges de banalités entre laïcs. En analysant le dossier, on perçoit toutefois plusieurs éléments remarquables. Parmi les vingt-quatre premières lettres, on trouve ainsi une majorité d’auteurs appartenant à une faction aristocratique active dans les années 560 à 59027. Ce groupe d’orientation politique pro-burgonde comprenait de nombreux diplomates. Jusqu’en 581, ses chefs de file en furent le comte Gogo, qui avait négocié le mariage entre le roi Sigebert Ier et Brunehaut, et le duc Loup, qui avait préparé un traité de paix avec les Saxons. On sait que cette faction connut une courte éclipse politique entre 581 et 583, au moment de la régence d’Égidius de Reims en Austrasie. Or, justement, aucune des pièces conservées dans la collection austrasienne n’est datable de ces trois années, alors que la décennie 580 se trouve largement documentée par une série de vingt-quatre lettres. Dans les Lettres austrasiennes, on trouve également quatre lettres de Remi de Reims. Les analyses onomastiques conduisent à penser que Remi était un membre de la famille du duc Loup28.
19À partir de novembre 590, l’évêque de Reims était d’ailleurs Romulf, le propre fils de Loup29 ; c’est lui qui avait le contrôle des archives locales et l’on sait qu’il en fit notamment profiter Grégoire de Tours, qui nous transmet un fragment du texte qui forme la première pièce du corpus austrasien. Enfin, soulignons que la presque totalité des autres pièces de cette collection sont des lettres diplomatiques échangées entre les rois d’Austrasie et Byzance. Dans plusieurs cas, l’identité du dictator, c’est-à-dire du rédacteur, est précisée ; il s’agit de membres de la faction pro-burgonde, tels Gogo et Fortunat. Ceci ne permet pas une attribution certaine de la collection à cette faction, mais représente tout de même un faisceau d’éléments concordants. Restent certes deux pièces problématiques, à savoir une très ancienne lettre envoyée à un comte basé à Trèves dans les années 470, et une lettre d’éloge très récente, offerte par Venance Fortunat à Magneric de Trèves dans les années 58030. Ce texte n’a que peu circulé et il n’a pas été retenu dans les éditions successives des Carmina ; il ne semble pas avoir été connu en dehors de Trèves avant le xie siècle. Pourtant, on le retrouve dans les Lettres austrasiennes, ce qui semble témoigner d’un intérêt de l’auteur de la collection pour cette pièce particulière. Un élément peut aider à comprendre l’inclusion de ces deux lettres. En effet, le catalogue de la bibliothèque de Lorsch nous montre que la collection se trouvait à Trèves, au plus tard au début du ixe siècle31. Il est donc possible, et même probable, que la collection initiale ait été élaborée à Trèves, où l’on pouvait trouver ces deux textes rares qu’étaient la lettre à Arbogast de Trèves et la lettre à Magnéric de Trèves. Une hypothèse, séduisante même si elle reste invérifiable, serait donc de supposer que le premier rassembleur de la collection fut un Austrasien de la faction aristocratique pro-burgonde, actif dans la région de Trèves et travaillant à la fin du vie siècle. Le candidat idéal paraît être l’évêque Magnéric de Trèves qui servit de conseiller diplomatique à la reine Brunehaut à partir de 584 et obtint le retour en grâce du recteur Dynamius, un important contributeur des Lettres austrasiennes32. Dans la mesure où Magnéric disparaît au début des années 590, on comprendrait mieux l’interruption brutale de la collection austrasienne. Même si l’attribution à cet évêque de Trèves reste incertaine, une telle mise en collection peut offrir quelques leçons. Ainsi, ce travail de collation ne correspond pas ici à une entreprise littéraire, mais à la constitution d’un outil de travail et peut-être même d’un outil de pouvoir.
20Un dernier type de mise en collection à envisager est le rassemblement d’un corpus épistolaire attribué à un auteur longtemps après sa mort. Ce phénomène est particulièrement net à l’époque carolingienne. Si le modèle prototypique en est la diffusion du Registrum de Grégoire le Grand, on peut aussi évoquer la collection canonique des Epistolae d’Ennode de Pavie, bien étudiée par Stéphane Gioanni. Le rassemblement n’est pas le fait d’Ennode lui-même, mais a été réalisé plus de deux siècles après sa mort, vers la fin du viiie siècle, peut-être sous l’influence de Paul Diacre. Pour réaliser cette collection, on rassembla différentes micro-collections préexistantes, en intercalant çà et là des pièces isolées que l’on avait retrouvées33. Dès lors, la collection, bien qu’elle soit ordonnée en livres, n’est classée ni selon des critères chronologiques, ni selon une logique stylistique. C’est un pur artefact éditorial, même s’il est évidemment ancien. À partir d’un tel corpus, l’étude de réseau que l’on peut tenter de mener n’est pas inintéressante, mais elle est fortement biaisée : les lettres ne correspondent pas à une sélection cohérente au sein de la production d’un auteur, mais à des pièces jugées remarquables pour leur intérêt littéraire.
21Ceci m’amène à évoquer le problème de la fossilisation de ces réseaux épistolaires. Pourquoi a-t-on conservé les collections du haut Moyen Âge ? Si l’on perçoit assez bien l’intérêt de l’auteur de la collection initiale, il est plus délicat de saisir la volonté des copistes successifs qui entreprennent de retranscrire des pièces le plus souvent anecdotiques, concernant des quasi-inconnus et dont la matière objective est le plus souvent périmée depuis plusieurs siècles.
22En effet, beaucoup de ces collections ne contiennent pas de décrétales ou de lettres-traités théologiques ; elles ne présentent donc aucun intérêt immédiat pour un juriste ou pour un exégète. De plus, la copie d’une collection épistolaire constitue pour un scribe un travail ardu, puisque le texte est allusif et difficile à comprendre. L’art épistolaire procède en effet de l’esthétique de la variatio, qui amène à multiplier les mots rares ou les tournures alambiquées. Ajoutons que la figure de style préférée des épistoliers tardo-antiques est l’hyperbate, c’est-à-dire l’éloignement dans la phrase de termes grammaticalement reliés. Certains passages précieux apparaissent déjà incompréhensibles pour les contemporains, comme en témoignent les débats judiciaires autour du sens précis d’une lettre34 ; le changement des formes d’écritures et, surtout, des formes d’abréviation des finales rend encore plus délicate la réception d’une collection mérovingienne à l’époque carolingienne.
23On a un bon témoignage à travers la collection primitive d’Avit de Vienne, connue par quelques fragments de papyrus de la fin du vie siècle. À l’époque carolingienne, la lecture était déjà si pénible qu’elle a dû faire l’objet d’une glose interlinéaire pour pouvoir être décodée35. Autre exemple, le copiste carolingien des Lettres austrasiennes peine à comprendre l’abréviation ad dom. reg., qu’il développe en ad domnum regem. Or, l’examen des lettres montre qu’il s’agissait de ad domnam reginam36. Apparemment, un scribe carolingien ne conçoit pas qu’une reine puisse recevoir un message évoquant des questions militaires. Au ixe siècle, de telles négociations ne se trouvent que dans la correspondance des rois.
24Bref, copier une collection de lettres était infiniment plus exigeant que de copier une œuvre antique, un traité patristique ou une collection canonique. Et nettement moins gratifiant, dans la mesure où l’intérêt des collections épistolaires n’était pas évident. Pourquoi alors s’engager dans une telle entreprise ?
25Dans certains cas, on peut évidemment mettre en avant une pure vocation mémorielle du texte. C’est le cas, à certains moments de son histoire, de l’ensemble connu sous le nom de Lettres wisigothiques37. Le contexte de la première mise en collection est inconnu, mais il semble s’agir d’un rassemblement relativement précoce de deux micro-collections antérieures à 630, auxquelles on adjoignit quelques pièces isolées qui semblaient plus ou moins reliées au thème. Ce dossier était sans doute perçu comme un recueil attaché à la mémoire du roi Sisebut, qui avait régné entre 612 et 621 ; on ajouta donc à la collection épistolaire une autre œuvre de Sisebut, la Vie de saint Didier de Vienne. De fait, cette Vie a pu être perçue comme un document para-épistolaire ; il semble en effet qu’elle ait été à l’origine un cadeau diplomatique envoyé par le roi des Wisigoths au souverain mérovingien Clotaire II38. Si l’on veut hasarder une hypothèse, on serait tenté de situer ce premier rassemblement des Lettres wisigothiques à l’époque du roi Sisenand (631-636), lequel cherchait à se réclamer de la mémoire de Sisebut.
26On n’en sait pas plus sur l’histoire de la collection à l’époque wisigothique, mais comme elle contenait des pièces de grands noms de l’histoire espagnole, elle suscita l’intérêt à d’autres moments significatifs de l’histoire de la péninsule. La première copie, importante mais partielle, fut réalisée au ixe siècle, dans le monde mozarabe. Elle est contemporaine de la première grande collection des lettres d’Isidore de Séville. Il s’agit visiblement de magnifier le passé wisigoth, alors que les Chrétiens sont dans une situation de soumission par rapport aux pouvoirs musulmans. Sans surprise, la seconde copie majeure date du temps de la reconquête. Elle fut commanditée par l’évêque Pelayo d’Oviedo, qui fut le grand chroniqueur du temps d’Alphonse VI de Castille39. Au temps où Pelayo compilait l’Histoire des Goths d’Isidore, il pouvait sembler tentant de recopier les rares épaves documentaires de l’époque wisigothique ayant survécu à la destruction du royaume de Tolède. Pelayo pourrait avoir été tenté de compléter la collection par quelques pièces nouvelles qui jusque-là circulaient indépendamment. L’état actuel de la collection ne permet toutefois pas de trancher clairement. Pelayo fut sans doute gêné dans la lecture du manuscrit qu’il utilisait. Il consigna donc, avant la collection, une liste d’abréviations wisigothiques. De fait, sa transcription semble être d’une assez bonne tenue. Pour les érudits, cette copie constitue le Codex antiquissimus d’Oviedo, un manuscrit malheureusement perdu depuis le xviie siècle. Dans la mesure où les lettres conservées présentaient une vision quasi impériale de la royauté wisigothique, ce Codex d’Oviedo suscita à son tour l’intérêt de Philippe II. Au xvie siècle, ses érudits prirent une série de copies de la collection. C’est grâce à ces copies et au manuscrit mozarabe que l’on a pu reconstituer la collection initiale. Dans tous les cas, des objectifs historiques et identitaires dirigèrent la main des copistes, alors que le réseau révélé par les Lettres wisigothiques était en lui-même totalement obsolète. Ces transcriptions multiples furent d’autant plus valeureuses que le latin wisigothique était particulièrement complexe et que le principal épistolier de la collection, le roi Sisebut, avait un amour particulier de l’hyperbate et pour l’anacoluthe40.
27À côté de la vocation mémorielle, une motivation politique des collections épistolaires n’est pas à négliger, même si elle paraît plus occasionnelle. On peut à nouveau convoquer le témoignage des Lettres austrasiennes. La copie conservée date du premier tiers du ixe siècle, à un moment où le monde carolingien était en train de mener des négociations serrées avec Byzance. Or, plus de la moitié des Lettres austrasiennes concernait les échanges que les Francs du vie siècle avaient noués avec Constantinople. Au ixe siècle, la copie de Lorsch présentait même plusieurs annotations permettant de préciser le sens des offices et des dignités byzantines mentionnés dans les lettres. Ici, ce n’était pas le réseau passé qui intéressait le copiste, mais l’organigramme administratif de la puissance voisine.
28Il faut aussi signaler des utilisations plus littéraires des collections épistolaires. Dans la seconde moitié du viiie siècle, une micro-collection concernant l’évêque Chrotbert de Tours a ainsi été incorporée dans le Formulaire de Sens de façon à fournir à l’utilisateur des modèles de lettres d’insultes41. Les pièces étaient extrêmement crues, l’évêque de Paris demandant à son collègue de Tours s’il était satisfait de la longueur de son membre viril lorsqu’il faisait le tour de ses monastères féminins ! Pudiquement, le compilateur inventa une rubrique Parabola pour introduire la pièce la plus graveleuse. Toutefois, rien ne prouve que les échanges aient réellement existé. Il peut s’agit d’une correspondance parodique, un pur jeu politique qui aurait confondu à la fois le copiste carolingien et les historiens postérieurs.
29En somme, il convient de ne pas surévaluer l’intérêt sociologique des collections épistolaires. D’abord, la conservation des collections épistolaires du premier haut Moyen Âge a été très inégale. Plusieurs recueils signalés comme importants par des auteurs anciens sont aujourd’hui perdus, alors que des textes de quasi-inconnus comme Ruricius de Limoges ou Bulgar de Septimanie sont bien conservés. Ici, le poids de la renaissance carolingienne ne doit pas être sous-estimé. Les collections italiennes des ve et vie siècles ont souvent été sauvegardées, car leur latin était jugé correct. Il en est de même pour les collections de Gaule du Sud. Inversement, les compilations du nord de la Loire et les collations de textes du viie siècle sont rarissimes, alors que les fragments et les témoignages littéraires montrent qu’elles ont existé. Gageons que la prose rythmique émaillée de vernaculaire du Chrotbert de Tours a moins attiré un copiste carolingien que les périodes ampoulées de Sidoine Apollinaire ou que les distiques élégiaques de Venance Fortunat.
30Il faut aussi souligner un problème méthodologique. En raison du nombre et de la qualité des pièces préservées, on a eu tendance à surexploiter les collections et à y voir un reflet des réseaux réels. Or, comme souvent en histoire, l’image change selon la source que l’on utilise. Considérons par exemple le réseau d’un homme bien connu du vie siècle, le patrice de Provence Dynamius42. Au regard des sources narratives, c’est un Grand dont les horizons sont essentiellement méridionaux, et dont les stratégies ne dépassent pas Marseille et les villes environnantes. Au regard de l’épistolographie, c’est en revanche un personnage à l’échelle méditerranéenne, connecté aussi bien au nord qu’au sud de l’Europe. L’effet de décentrement est notable. Qui était le Dynamius véritable ? Disons qu’entre la réalité et le fantasme, la ligne de démarcation est ténue.
31Les lettres, nous disent les sources, sont le miroir de l’âme. Dans une société du paraître qu’est le haut Moyen Âge, c’est surtout le miroir aux illusions. La lettre ne sert pas à montrer ce que l’on écrit, mais à qui l’on écrit, à qui l’on a écrit, à qui l’on aurait pu écrire. En somme, la lettre expose non ce que l’on est, mais ce que l’on voudrait être.
Bibliographie
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Walstra Gerardus J. J., Les cinq épîtres rimées dans l’appendice des Formules de Sens, Leiden, Brill, 1962.
Notes de bas de page
1 G. Constable, Letters and Letter-collections.
2 Sur leur analyse comme élément d’autodéfinition de l’élite menacée de déclassement : R. Mathisen, Roman Aristocrats in Barbarian Gaul ; sur leur intérêt littéraire : S. Iranzo Abellán, « La epistolografía hispana de época visigótica », p. 87-96.
3 Ces archives épiscopales sont mentionnées à l’occasion de procès, notamment pour Césaire d’Arles (Vita Caesarii, I, 21.) et Égidius de Reims (Grégoire de Tours, Dix livres d’Histoires, X, 9).
4 Jean Diacre, Vita Gregorii, préface, dans Patrologie latine, LXXV, 62.
5 Sur une production estimée à 16 000 lettres, le Registrum de Grégoire le Grand n’en retient qu’environ 850 : E. Pitz, Papstreskripte im frühen Mittelalter, p. 251. Les conditions de constitution de cette sélection restent débattues, mais le hasard de la conservation joua sans doute un rôle important : R. Markus, Gregory the Great and his World, p. 15.
6 Sidoine, Ep. VII, 18 ; H.-I. Marrou « La technique d’édition à l’époque patristique” » Vigilae christianae, 3 (1949), p. 208-224. ; P. Meyvaert, « Medieval Notions of Publication », p. 78-89.
7 Voir également S. Gioanni, Ennode de Pavie, Lettres, p. CXXXVII.
8 Sidoine Apollinaire, Ep. VII, 18, p. 79 : « hortando, laudando plurima et aliqua suadendo, maerendo pauca iocandoque nonullla »
9 Sidoine Apollinaire, Ep. I, 1, 3.
10 Sidoine Apollinaire, Ep. VII, 18.
11 Notamment Sidoine Apollinaire VIII, 1; IX, 1 et 16.
12 Il est dès lors délicat d’utiliser la structure de la collection pour dresser une chronologie des événements en Gaule : R. Mathisen « Dating the Letters of Sidonius », p. 221-248.
13 Epistolae Wisigothicae, 10, 11 et 12. Rien ne permet toutefois de savoir si ce travail d’anonymation est celui de Bulgar ou d’un compilateur postérieur.
14 I. Wood et D. Shanzer, Avitus of Vienne, p. 56-57.
15 R. Mathisen, Ruricius of Limoges and Friends, p. 56-61.
16 Ruricius, Epist. II, 33 et 57-58.
17 M. Reydellet, Venance Fortunat, Poèmes, p LXVIII-LXXI
18 M. Reydellet, Venance Fortunat, Poèmes, p. 6
19 Sidoine Apollinaire, Ep. IX, 1.
20 M. Reydellet, Venance Fortunat, Poèmes, p. LXXVIII-LXXIX.
21 Fauste de Riez, Epistulae, p. 406-415.
22 Venance Fortunat, Poèmes, Appendices, 1-3.
23 B. Dumézil, « Les lettres de Venance Fortunat au nom de la reine Radegonde ».
24 Epistolae Arelatenses genuinae, p. 5-83. L’hypothèse d’une constitution plus tardive, en milieu romain, a toutefois été défendue par S. Gioanni, « Césaire d’Arles et la collection des Epistolae Arelatenses », p. 183-198.
25 B. Dumézil, « Les vrais faux messages diplomatiques mérovingiens », p. 19-34.
26 E. Malaspina, Il Liber epistolarum della cancellaria austrasica.
27 B. Dumézil, « Gogo et ses amis », p. 553-593.
28 M. Heinzelmann, « L’aristocratie et les évêchés entre Loire et Rhin jusqu’à la fin du viie siècle », Revue d’Histoire de l’Église de France (62), 1976, p. 87.
29 Grégoire de Tours, Dix Livres d’Histoires, X, 19.
30 Lettres austrasiennes, 14 et 23.
31 A. Häse, Mittelalterliche Bücherverzeichnisse aus Kloster Lorsch, p. 98.
32 Grégoire de Tours, Dix livres d’Histoires, IX, 11.
33 S. Gioanni, Ennode de Pavie, Lettres, p. CXLI-CXLVI.
34 C’est notamment le cas lors du procès d’Égidius de Reims (Grégoire de Tours, Dix livres d’Histoires, X, 19).
35 Bibliothèque Nationale de France, ms. latin 8913, fol. 10 v.
36 Lettres austrasiennes, 40.
37 Epistulae wisigothicae, p. 3-49.
38 J. Fontaine, « King Sisebut’s Vita Desiderii », p. 93-129.
39 R. Collins, « Ambrosio de Morales, Bishop Pelayo of Oviedo and the lost Manuscripts of Visigothic Spain », p. 609-632.
40 J.-C. Martín-Iglesías, «The Latin of the Epistulae Wisigothicae», p. 37-60.
41 G. Walstra, Les cinq épîtres rimées dans l’appendice des Formules de Sens.
42 B. Dumézil, « Le patrice Dynamius et son réseau », p. 167-194.
Auteur
Maître de conférences à Paris Ouest Nanterre La Défense
Membre junior de l’IUF
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016