Communication visuelle autour du Camp du Château à Salins-les-Bains (Jura, France) : mise en évidence d’un réseau de relations visuelles à l’âge du Bronze
p. 128-145
Résumés
Des campagnes de prospections systématiques menées depuis plusieurs années dans le secteur du Camp du Château à Salins-les-Bains ont permis la mise au jour de 40 dépôts de l’âge du Bronze dans des contextes topographiques particuliers. La bonne précision de leur localisation permet de mesurer les liens de perceptibilité entre les lieux de dépôt et des points marquants du paysage naturel et social de l’âge du Bronze, en particulier des sites de hauteur. La topographie de la région a en effet favorisé la constitution d’une véritable toile de relations visuelles tout autour du Camp du Château. Les dépôts semblent marquer les frontières de l’espace visible depuis celui-ci. La mise en place d’une forme de communication visuelle entre les sites a pu permettre de soutenir la mémoire communautaire afin d’entretenir les traditions. Ainsi les choix d’implantation des dépôts avaient-ils pour objectif de baliser l’espace social et culturel associé au camp de hauteur fortifié ?
Ongoing prospection of the area around the Camp du Château at Salins-les-Bains has brought to light 40 Bronze Age hoards in notable topographical contexts. Their precise location has allowed us to define the perceptible link between the hoards’ location and particular landmarks in the natural and social landscape of the Bronze Age and in particular high altitude sites. The topography of the area seems to have conducive in establishing a web of visual relations around the Camp du Château. The hoards mark borders visible from the Camp du Château and contribute to a kind of visual communication needed to support the collective memory that maintains traditions. Do the choices in hoard location demarcate the social and cultural space associated with this fortified site? (traduction Rebecca Peake)
Entrées d’index
Mots-clés : dépôt de bronze, âge du Bronze, visibilité, camp de hauteur, acte social, mémoire communautaire, paysage sacré
Note de l’auteur
avec la collaboration de Hervé Grut
Texte intégral
1L’approche de la dynamique spatiale des dépôts de bronzes repose sur une documentation tributaire du hasard de découvertes souvent anciennes, d’ensembles inégalement documentés, voire incomplets. La région de Salins-les-Bains (Jura) apparaissait jusqu’alors peu documentée par rapport à d’autres secteurs présentant des conditions équivalentes dans la densité des sites, le contexte géographique, la présence de sources de matières premières comme le sel dans la région de Lons-le-Saunier par exemple. Seuls y étaient connus quelques petits dépôts du Bronze ancien et de la fin du Bronze final (Millotte 1963, Piningre 1998).
2Un programme de prospections systématiques au détecteur, conduit dans le cadre légal et formel d’une étude de l’environnement archéologique du site fortifié de hauteur du Camp du Château, est venu sensiblement modifier cet état. En bordure du Jura central, cette zone, aux reliefs contrastés (fig. 1), contrôlée par cinq sites de hauteur fortifiés occupés à différentes périodes de l’âge du Bronze, constitue un point de passage privilégié entre les plaines de la Saône et la vallée de la Loue, d’une part, les plateaux du Jura central et le Plateau suisse d’autre part (Piningre et Grut 2009). Les sources salées des marnes du Trias, exploitées dès le Néolithique (Pétrequin et al. 2001), représentent un atout supplémentaire propice au développement de l’économie et des échanges.
3Le recensement et la fouille de 40 dépôts datant principalement de la fin du Bronze moyen (Bz C2) et du début du Bronze final (Bz D/Ha A1) a autorisé dans un premier temps un réexamen de la question de l’insertion des dépôts dans le cadre d’une micro-région. À partir d’une documentation représentative, ce programme a permis de recueillir de précieuses informations concernant la localisation, le contexte de déposition et la composition de ces ensembles par la prise en compte d’effectifs complets et non sélectionnés. Cette concentration de dépôts constitue un phénomène rare qui n’est sans doute pas étranger à cette situation géographique (fig. 2).
Composition et chronologie des dépôts
4Les dépôts de Salins sont composés d’un nombre d’objets compris entre quelques unités et près de 300 individus, soit une moyenne de 35 objets par dépôt, pour un poids moyen de 2 kg qui peut atteindre pour les plus importants entre 6 et 9 kg (fig. 3). La plupart d’entre eux associent à des fragments de lingots, un lot d’objets manufacturés, fragmentés, parmi lesquels prédominent les outils (haches, faucilles) et, dans de plus faibles proportions, les parures (épingles, bracelets) et quelques armes (poignards, lames d’épées). Ils peuvent entrer ainsi dans la définition des « dépôts de recyclage ». Douze dépôts, ne comprenant que des fragments de lingots, seuls ou associés à des fragments d’objets non datables, offrent des caractères analogues aux précédents, mais ne peuvent être situés avec toute la précision chronologique souhaitable. Enfin, quelques dépôts évoquant des assortiments de parures féminines entières, appariées, et un petit dépôt de déchets d’or se distinguent plus nettement des précédents et peuvent refléter un rôle social différent.
5Dans le détail, l’analyse de ces dépôts ne répond sans doute pas à une seule logique. La confrontation du poids moyen et des effectifs permet de distinguer des ensembles pondéreux de plusieurs kilos qui diffèrent des dépôts peu pondéreux, où la fragmentation est maximale. La masse de quelques centaines de grammes de certains d’entre eux, ou les quelques ensembles de parures et d’or, correspondent difficilement à l’image du dépôt de fondeur classique.
6Indépendamment des distinctions que nous venons de souligner, on remarquera que ces dépôts appartiennent tous à une tranche chronologique précise, comprise entre le Bronze moyen (Bz B/C) et la période initiale du Bronze final (Bz D2/Ha A1), et que leur nombre fluctuant connaît un accroissement qui place les 2/3 des ensembles datables entre le Bz C2 et D1 (fig. 4). Durant toute la période, la modification dans le temps de la composition des dépôts pourrait être comprise dans le sens d’une évolution de pratiques codifiées. Un accroissement de la fragmentation et une évolution des composants sont ainsi nettement perceptibles (Piningre et Grut 2009, Piningre et al., à paraître). Les dépôts les plus anciens sont composés de petits lots d’objets complets ou peu fragmentés et peu diversifiés (généralement des haches). Ils font place aux dépôts pondéreux de la fin du Bronze moyen et du début du Bronze final (Bz C2-D1), où les fragments de lingots sont majoritaires, alors que dans ceux, moins nombreux, du début du Bronze final, les objets très fragmentés dominent et la proportion des lingots diminue sensiblement (Piningre et Grut 2009).
Localisation et contexte de déposition
7La zone considérée (fig. 2) est centrée sur une aire de 10 km de diamètre autour de Salins-les-Bains, comprise entre les communes de Malans au Nord-Est, Aresches au Sud et Marnoz à l’Ouest. Au centre, le Mont Poupet domine le secteur à 808 m d’altitude. Il ne semble pas avoir été occupé, mais quelques dépôts anciens y ont été signalés (Millotte 1963, p. 341). Le Camp du Château, occupé à partir de la fin du Bronze moyen et au début du Bronze final (Bz C2/D1), a été abondamment étudié et semble dès cette époque occuper un rôle majeur (Piningre et Ganard 2004 ; Piningre et Grut 2009). Il est contemporain de la plupart des 40 dépôts trouvés lors des campagnes de prospection (fig. 1), qui sont datés essentiellement de la même période. Le sud de la zone est parcouru par la Furieuse, un affluent de la Loue, qui passe entre le Mont Poupet et le Camp du Château. Outre les 5 sites de hauteur fortifiés proches du Mont Poupet (à moins de 5 km de la ville actuelle de Salins), la zone compte encore trois autres sites de hauteur à une dizaine de kilomètres. La datation des occupations de ceux-ci reste floue. Même si certains d’entre eux semblent abandonnés à la fin du Bronze ancien, peut-être ont-ils continué à occuper une place dans le paysage culturel ?
8La localisation des dépôts dans la zone d’étude (fig. 2) permet de distinguer plusieurs groupes :
immédiatement au sud du Mont Poupet, sur la commune de Saint-Thiébaud, quatre dépôts sont très proches les uns des autres (Le Poirier au Loup, dépôts 1, 2 et 3 et Mouleyrand).
à l’est du Mont Poupet, de part et d’autre du cours du Todeur, six dépôts se trouvent en limite des communes de Salins-les-Bains et de Saizenay, aux lieux-dits, Bois-Bovard, Bois de Séry et Côte Chenien.
au sud du Camp du Château, c’est un ensemble de quatorze dépôts qui se trouvent alignés le long d’une crête sur la commune de Pretin, face aux camps de Bracon et de Château.
au nord du Camp du Château, deux dépôts ont été découverts sur la commune de Marnoz, et deux autres non loin, au lieu-dit Granges-Feuillet.
au sud de Salins-les-Bains, quatre autres trouvailles proches sont localisées aux lieux-dits Côte de Thésy et Côte-en-Velet. Un dépôt a été découvert beaucoup plus loin au sud, à Aresches.
enfin, tout au nord de la zone prospectée, un ensemble de huit dépôts est dispersé sur les communes de Chay, Bartherans, Cussey-sur-Lison, Malans (3 dépôts) et Eternoz (2 dépôts).
9Les contextes topographiques des lieux de dépôt présentent des caractères particuliers propres à la catégorie des Abhangdepots selon la classification de T. Soroceanu (1995, p. 23 ; 2012), correspondant à deux types de localisations. À Pretin, Salins, Saint-Thiébaud, Saizenay, la plupart d’entre eux se retrouvent ainsi à proximité d’escarpements rocheux, en bordure du plateau, dans des fissures ou en contrebas sur les talus d’éboulis de corniches calcaires. Quelques-uns sont situés sur des crêtes calcaires de lapiaz démantelées par l’érosion, entre des blocs volumineux à Aresches, Salins-Bois Bovard. Ainsi, ces localisations s’identifient souvent avec des repères topographiques naturels, bien visibles en milieu déboisé (corniches calcaires, promontoire rocheux, pointes de lapiaz en relief).
10Le faible enfouissement des objets (entre 5 et 25 cm de profondeur en moyenne, voire en surface pour certains), sous la forme de concentrations lâches sur des superficies de quelques m2, exclut l’existence de dépôts en urne, de dépôts groupés en fosse ou en contenant périssable profondément enfouis. Les objets formant un même ensemble peuvent être éparpillés, ou quelquefois groupés en plusieurs lots de quelques individus. L’existence d’objets déposés dans les fissures d’une corniche rocheuse est attestée à Saizenay, alors que d’autres objets retrouvés en contrebas dans une diaclase argileuse et entre des blocs du talus d’éboulis semblent avoir été naturellement dispersés par la suite. Une mise en place analogue est vraisemblable à Pretin 12. La position d’une majorité des lots d’objets du secteur salinois sur des surfaces planes présentant un substrat rocheux à faible couverture argileuse semble exclure toute action d’érosion importante, naturelle ou anthropique – liée à l’agriculture par exemple – justifiant cette dispersion. Ces caractères sont donc difficilement compatibles avec l’occultation d’un lot d’objets profondément enfoui suivant le modèle classique des cachettes de métal. Ils accréditeraient la volonté d’un faible enfouissement initial, voire la dispersion superficielle des objets dès leur abandon ou encore une déposition hors sol (dans un tronc d’arbre ou associée à une construction périssable par exemple). Cette disposition rendrait alors possible des actes de dépôts effectués en une seule fois ou successivement, échelonnés dans le temps. Les mêmes observations ont été faites pour d’autres découvertes récentes, comme le dépôt 6 de Rabenwand, (Styrie, Autriche, Windholz-Konrad 2005). Les dépôts de Rabenwand sont très similaires à ceux étudiés ici tant par leur position topographique, que la proximité des dépôts, la composition des assemblages, la dispersion des objets et leur faible profondeur, à la différence près qu’ils ont été couverts de blocs de pierres.
11En première analyse, la répartition spatiale des dépôts retient également l’attention. Les trois groupes principaux de Pretin, Salins-Côte de Thésy et Saint-Thiébaud rassemblent respectivement sur quelques centaines de mètres l’essentiel des dépôts identifiés dans le secteur de Salins (fig. 2). Dans chacun de ces ensembles, les dépôts espacés de quelques dizaines ou de quelques centaines de mètres délimitent généralement des zones étendues plutôt que des emplacements ponctuels. Parmi ceux-ci, le secteur de Pretin avec quatorze concentrations d’objets, occupe une place privilégiée où la proximité du Camp du Château, visible à 1 km au Nord, ne semble pas fortuite. Il se distingue par un nombre inégalé de dépôts, ainsi que par le regroupement exceptionnel de six concentrations d’objets placées au voisinage immédiat d’une aiguille rocheuse, détachée de la falaise et formant un point de repère évident dans le paysage.
12À l’échelle de la zone d’étude, on remarque aussi que les dépôts forment deux groupes centrés sur deux axes de pénétration du massif jurassien par deux affluents de la Loue, les vallées de la Furieuse au sud et du Lison au nord. Chacune de ces concentrations correspond aussi avec des zones marquantes du paysage soulignant le contact entre la vallée et le plateau.
Les dépôts de bronzes : entre mémoire et perceptibilité
13Si l’image que nous percevons des traditions au sein des sociétés protohistoriques repose sur des vestiges dont l’interprétation met en avant le caractère répétitif et symbolique, principalement dans des lieux à vocation funéraire ou cultuelle (voir une synthèse de ces indices dans Van Dyke et Alcock 2003), certains de ces actes communautaires ont laissé des traces plus ou moins bien interprétables (Bradley 2000). Tel est notamment le cas des dépôts de l’âge du Bronze, placés dans des contextes isolés, à l’écart des habitats et des nécropoles. Tandis que certains y voient des quantités de métal retirées temporairement des circuits de consommation pour répondre à des objectifs économiques, d’autres les interprètent comme le résultat d’actes sociaux voire cultuels (sur l’interprétation des dépôts, voir par ex. Bradley 1990 ; Hansen 1994 ; Kristiansen 2000 ; Fontijn 2002). Sans préjuger que tous les dépôts correspondent à ce type d’activité, on peut raisonnablement penser que certains d’entre eux ont effectivement pu répondre à des préoccupations touchant au domaine du symbolique et de l’expression sociale, de par le nombre, la nature et l’état des objets conservés, mais aussi leur contexte d’enfouissement (voir également une très récente étude de dépôts « de fondeur », démontrant qu’ils peuvent être considérés comme des accumulations d’objets votifs à long terme, intégrés à des pratiques sociales, Dietrich 2014).
14Or, les caractéristiques décrites ci-dessus de la quarantaine d’ensembles étudiés ici, que ce soit l’évolution de leur composition et de l’état des pièces, leur contexte géographique et leur emplacement topographique, mettent en avant l’idée d’une pratique ritualisée. En déposant des lots d’objets fragmentés inutilisables en des endroits remarquables, facilement accessibles et repérables, il ne s’agirait donc pas seulement de soustraire définitivement une masse de métal à la consommation, mais peut-être aussi de la placer sous une protection spécifique en un lieu consacré. Les transformations de ces pratiques dans le temps ont pu, quant à elles, résulter aussi d’une fluctuation des dynamiques économiques et des approvisionnements en métal.
15Si l’on admet donc que ces dépôts aient pu avoir un caractère définitif et un rôle social, on peut considérer qu’ils sont le résultat de pratiques communautaires répétitives, dont on peut supposer qu’elles reposent sur un ensemble de traditions partagées par les membres d’une même communauté. En effet, les coutumes reproduisent des gestes devant correspondre à des idées ou des mythes se transmettant de génération en génération, en tant qu’héritage culturel et vecteur de l’identité communautaire. Les actes qui en résultent se fondent donc sur un ensemble d’interactions et d’interprétations sociales d’où émerge un sens commun donné aux objets et aux lieux (Mead 1938). Or, ces traditions ne bénéficiant pas de supports écrits, elles devaient reposer sur une transmission orale afin de subsister dans la mémoire communautaire (sur le rôle de la mémoire sociale, voir Van Dyke et Alcock 2003).
16Les dépôts étant destinés à être enfouis et les lieux n’ayant sans doute pas été aménagés durablement en surface, seule une communication orale a pu permettre de transmettre leur souvenir (Fontijn 2007). Or, les dépôts peuvent en eux-mêmes être vus comme des actes de célébration de la mémoire (Bradley 1990, Van Dyke et Alcock 2003). De même, les objets qu’ils renferment, de par leur propre histoire, leur « biographie » (Kopytoff 1986 ; Gosden et Marshall 1999 ; Fontijn 2002), offrent un accès au passé (Rowlands 1993). L’exemple du dépôt de Salisbury est particulièrement significatif (Stead 1998). Ce lot d’objets métalliques, enfoui au Second âge du Fer est issu de la récupération de plusieurs dépôts de l’âge du Bronze, associés à des objets spécifiquement votifs, comme des boucliers et des chaudrons miniatures et finalement déposés au fond d’une même fosse. On ne sait pas durant quel laps de temps les dépôts anciens ont été collectés, ni sur quelle aire géographique. Ce cas très particulier illustre non seulement le lien entre la déposition d’objets métalliques et le domaine religieux, mais également la place de la mémoire dans ces pratiques : leur persistance et l’impact de l’ancienneté de ces objets sur la valeur qui leur était attribuée. La notion de mémoire apparaît donc comme essentielle lorsque l’on parle de dépôts (Fontijn 2002). Nous sommes ici à la limite entre les pratiques de « mémoire inscrite » (actes communautaires visibles) et de « mémoire incorporée » (actes secrets et éphémères) de M. Rowlands (1993).
17Néanmoins, la mémoire collective a une durée limitée (Bradley 2003). Un soutien visuel pourrait avoir permis de l’entretenir. En effet, la vue, premier vecteur de communication après la parole, s’intègre dans les processus d’échanges sociaux et permet d’établir des liens entre les individus, mais aussi avec des objets ou des lieux. Elle permet de conserver, rappeler et partager le souvenir des actes passés. Concernant l’histoire d’une population sans écriture :
« Un élément visuel est presque toujours nécessaire pour maintenir vivante la mémoire soutenue uniquement par des traditions orales. » (Person 1962, p. 468)
18Ainsi des objets mobiliers ou des monuments ont vraisemblablement été utilisés pour conserver la mémoire d’actes passés (Bradley 2003).
19Concernant les dépôts, ce n’était bien entendu pas les objets eux-mêmes qu’il s’agissait de voir, mais plutôt les endroits qui ont été le cadre des rites perpétués par les membres de la communauté, parmi lesquels le sacrifice (l’enfouissement définitif) d’objets de bronze pourrait n’être que la dernière étape et la seule trace archéologique qui nous soit parvenue.
20Ici, le fait de voir les lieux précisément n’est pas tant important que le fait de pouvoir les apercevoir ou se les représenter mentalement. Leur « présence » dans le paysage permet de les intégrer au quotidien et de maintenir vivace le souvenir de ces lieux qui avaient alors peut-être acquis un caractère sacré. On peut en effet penser que l’endroit conservait une importance pour la société, au moins pour quelque temps. Ils sont chargés émotionnellement et montrent un engagement social dans le paysage (Schama 1996, Van Dyke et Alcock 2003, Harmanşah 2014). D’une part, la sélection de contextes topographiques particuliers montre que le choix de leur emplacement n’était pas anodin et d’autre part, le positionnement des dépôts suivants a pu être conditionné par celui des précédents. On le voit notamment par l’accumulation de dépôts sur certains sites : Pretin, 14 dépôts ; Rabenwand, au moins 7, (Windholz-Konrad 2005) ; Bullenheimer Berg, au moins 19, (Diehm, Falkenstein 2012). Par ailleurs, si les enfouissements n’ont pas été faits en une seule fois (voir ci-dessus), il était nécessaire de se souvenir de leur emplacement.
21De récentes études des dépôts (voir notamment Fontijn 2002 ; Hansen et al. 2012) ont révélé que leur emplacement s’intègre dans le paysage naturel et anthropisé. Bien que les dépôts ne soient pas marqués au sol, il est probable qu’un moyen de se souvenir et de repérer leur emplacement fut, comme ici, leur proximité avec des éléments naturels particuliers. Et à l’instar des dépôts de la région de Salins-les-Bains, les choix topographiques (Soroceanu 2012) mais aussi leur position par rapport à d’importants axes de circulation ou l’exploitation de ressources, notamment en sel, sont des éléments souvent constatés (par exemple Windholz-Konrad 2002, 2005, 2010 ; Dietrich 2013). On connaît aussi plusieurs cas d’associations de dépôts avec des sites de hauteur fortifiés ; l’exemple de Bullenheimer Berg est l’un des plus marquants (Diemer 1995).
22Dans ce contexte, l’importance du lien visuel avec les différents éléments constituant le paysage social devient claire : les sites cultuels peuvent en effet baliser le paysage. Au moment des cérémonies, le contact visuel avec les autres sites pouvait permettre une prise en compte plus globale de l’espace cultuel. En effet, comme le souligne D. Fontijn (2002), il est préférable de ne pas considérer les lieux de déposition comme indépendants les uns des autres, mais il est plus approprié de parler en termes de « zones de déposition ». L’idée d’un balisage du paysage a déjà été proposée dans un contexte topographique similaire, pour des sanctuaires de pics en Crête à l’âge du Bronze (Peatfield 1983, 1994). L’intervisibilité aurait tenu un rôle important dans la gestion du paysage religieux et politique (Soetens et al. 2002). La perception des anciens lieux de dépôt servirait en effet à la commémoration des activités passées et ces lieux seraient devenus des jalons visuels pour les participants à ces activités. Par ailleurs, selon A. Peatfield (1994, p. 25), à un niveau régional, l’intervisibilité des sanctuaires de pics offre une opportunité pour l’expression de l’unité rituelle qui a pu dépasser les frontières politiques. Cet exemple apporte deux pistes intéressantes : d’une part, la visibilité peut jouer un rôle notable dans l’implantation des sites à caractère religieux et d’autre part, ces sites forment un tout dans le paysage cultuel d’un territoire ou d’une région.
23Or, la topographie de la région des Salins, très contrastée, offre de beaux panoramas dans lesquels il est aisé de choisir des lieux bien visibles ou, au contraire, cachés ou encore des lieux à partir desquels on peut voir tel ou tel autre point important dans le paysage. Il apparaît donc intéressant de chercher si des liens de visibilité ou de perception peuvent être identifiés entre les lieux de déposition et différents éléments marquants du paysage social : l’habitat de hauteur fortifié situé sur le site du Camp du Château est en position centrale et concentre les activités de l’époque ; le Mont Poupet domine visuellement la zone à 808 m d’altitude ; plusieurs autres camps de hauteur plus petits et pour certains occupés plus anciennement ont pu conserver un rôle dans la mémoire collective à cette époque.
Une implantation des dépôts fondée sur un système de relations visuelles ?
24Pour répondre à cette question, une approche exploratoire a été menée afin de tester la visibilité depuis et en direction de chacun des lieux concernés, à l’aide d’un Système d’Information Géographique. La méthode a été développée dans les années 1990 (voir notamment Fisher 1996 ; Wheatley et Gillings 2000 ; Lake et Woodman 2003). Le protocole d’étude mis en place consiste à calculer les zones visibles depuis chacun des sites et à comptabiliser les relations visuelles. Le MNT utilisé est celui de la BD ALTI de l’IGN, avec une résolution de 25 m. La notion de perception étant plus imprécise que la visibilité, une marge supplémentaire de 100 mètres autour des zones de visibilité a été prise en compte.
25Les analyses mettent en évidence une forte intervisibilité des lieux de dépôt puisque la plupart sont visibles depuis 8 autres sites en moyenne, et inversement (fig. 5). Certains ont une bien meilleure visibilité, notamment ceux de Pretin 14 et Thésy 3, d’où il est possible d’apercevoir jusqu’à 21 lieux de dépôt. Les groupes de dépôts de Pretin et de Saint-Thiébaud sont les mieux perceptibles depuis les autres emplacements car on peut les apercevoir depuis une douzaine de sites.
26Mais il est clair que ces relations ne concernent quasiment que le centre de la zone étudiée, sur l’actuelle Salins-les-Bains et les communes limitrophes. Il est intéressant de noter qu’il existe aussi une forte inter-visibilité entre les différents groupes de dépôts situés de part et d’autre du Camp du Château et du Mont Poupet (Saint-Thiébaud, Clucy, Thésy et Pretin). Ces relations donnent l’image d’un système de liens visuels complémentaires, visant à couvrir tout le secteur immédiat du Camp du Château (fig. 6).
27Concernant la position des lieux de dépôt par rapport aux points marquants du paysage social de l’époque, on observe également de très bonnes relations visuelles, en particulier avec le Camp du Château et le Mont Poupet, privilégiés bien entendus par leur position dominante leur conférant une large emprise visuelle. Mais il faut noter que pratiquement tous les dépôts du centre de la zone étudiée peuvent être aperçus conjointement depuis ces deux sites (fig. 7). La relation visuelle avec les camps de hauteur occupés au Bronze ancien, de Bracon, Cernans, Clucy et Fort Belin, est moins systématique, mais elle est également remarquable. La perception des lieux de dépôts depuis et en direction de ces points importants du paysage crée ainsi une seconde toile de relations visuelles couvrant également toute la zone centrale (fig. 8). Cette première approche permet donc de proposer l’existence d’un système fondé sur l’importance de la perceptibilité des sites dans le choix des lieux de déposition, ayant abouti à une répartition organisée des dépôts autour de la vallée de la Furieuse.
28Les analyses permettent également de saisir les limites géographiques de ce système (fig. 9). En effet, plusieurs sites ne répondent pas aux mêmes critères d’emplacement. La surface visible depuis le site d’Aresches est tournée vers la haute chaîne du Jura et exclut donc totalement la zone de Salins-les-Bains. Pour les dépôts trouvés au nord du Camp du Château et du Mont Poupet (Malans, Bartherans, Chay, Cussey, Eternoz), il ne semble exister aucune relation de visibilité avec les autres groupes. Ces dépôts paraissent donc ne pas participer au phénomène remarqué dans le secteur de Salins et devaient sans doute s’implanter selon un tout autre modèle. De la même manière, les camps plus lointains d’Echay, Mesnay et Port-Lesney ont une faible emprise visuelle sur la commune actuelle de Salins et sont donc peu visibles depuis les lieux de dépôt.
29La concentration des liens visuels dans le secteur central permet ainsi de proposer l’existence d’un système de communication visuelle à la transition Bronze moyen – Bronze final dont le pivot serait le Camp du Château et qui fonctionnerait dans une zone limitée à une dizaine de kilomètres de diamètre (fig. 9). Profitant de la topographie particulière de ce secteur, les communautés attachées au camp fortifié auraient ainsi choisi les lieux servant de cadre à leurs pratiques de déposition en tenant compte de leur potentiel visuel.
30Par ailleurs, il est intéressant de constater que la position des découvertes est le plus souvent en limite des zones de visibilité, que ce soit celles des sites de hauteur ou des autres dépôts. Au lieu d’être au centre de l’emprise visuelle, les dépôts sont presque systématiquement dans les premiers 5 % des surfaces perceptibles (voir par ex. fig. 7). Ce phénomène s’explique par le fait qu’ils sont essentiellement placés sur des lignes de crêtes et des bords de terrasses. De la même manière, on constate que les découvertes sont pratiquement absentes du centre même de la commune de Salins. Là aussi, les choix topographiques y sont pour beaucoup puisque la vallée semble délaissée au profit des hauteurs. Les dépôts sont rejetés aux limites de la zone de 10 km de diamètre définie précédemment. Les lieux de déposition matérialisent donc ici la frontière de l’espace visible depuis les différents points importants du paysage et balisent ainsi un secteur dépendant visuellement du Camp du Château. À l’écart des habitats et des nécropoles, ils pourraient être considérés alors comme des marqueurs significatifs du territoire, en bordure des principales voies de pénétration du Jura centre-occidental entre la plaine de la Saône et le Plateau suisse.
31Cette étude exploratoire est, bien entendu, tributaire des données archéologiques. Si les informations sur les dépôts eux-mêmes sont remarquables tant du point de vue de leur composition que de leur localisation, il n’en reste pas moins que le secteur n’a pas été entièrement prospecté et qu’il l’a surtout été dans des zones similaires. Il faudrait donc étendre les recherches à d’autres contextes topographiques et couvrir davantage la région de Salins-les-Bains. La prise en compte de la datation fine permettrait aussi de mieux appréhender les relations entre des vestiges strictement contemporains, mais également de suivre la chronologie de l’implantation des dépôts pour vérifier l’hypothèse d’une prise en compte des dépôts précédents dans l’implantation des nouveaux.
32Cette étude offre néanmoins des perspectives intéressantes pour comprendre l’organisation spatiale autour du Camp du Château et les liens entre milieu naturel et pratiques culturelles. Les communautés ont marqué et chargé de mémoire le paysage qui pour elles était autant un cadre social et sans doute religieux, qu’un cadre de vie. Alors que le rôle des sanctuaires dans l’organisation et le marquage territorial est assez bien connu pour la Grèce ancienne (De Polignac 1984, Alcock et Osborne 1994), il est bien plus difficile à saisir pour l’âge du Bronze nord-alpin. Se pourrait-il qu’ici nous ayons un aperçu de ce que pouvait être un « paysage sacré » associé à un territoire contrôlé par un camp de hauteur fortifié à la fin du Bronze moyen et au début du Bronze final ?
Bibliographie
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Annexe
Illustrations
Auteurs
Maître de Conférences, Université de Franche-Comté, CNRS UMR 6249, Chrono-Environnement, Besançon
Conservateur du Patrimoine, DRAC Franche-Comté, CNRS UMR 6298 ARTEHIS, Dijon
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016