Introduction
Texte intégral
1Les huit articles réunis dans le présent volume proviennent de six sessions différentes du 145e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques. C’est dire la diversité des disciplines abordées : anthropologie, archéologie, zoologie, géologie, musicologie, histoire des techniques, histoire de l’art1… Et, sous-jacente à la quasi-totalité de ces articles, l’histoire des médias, qui laisse entrevoir toute son étendue et sa complexité.
2Diversité également des artefacts collectés : daguerréotypes, photographies sur plaque de verre, tirages sur papier, plaques pour projection, diapositives, disques phonographiques en acétate de cellulose, cartes postales, chromolithographies, dessins techniques d’apprentissage, textiles d’ameublement…
3Certains ont été acquis ou produits par des établissements d’enseignement et de recherche, comme le Muséum national d’histoire naturelle de Paris (Lisa Lafontaine) ou l’université de Strasbourg (Delphine Acolat). D’autres ont été fabriqués pour des usages très précis, comme les lés d’étoffe, rideaux, tentures murales, garnitures de sièges et dessus de lit destinés aux grandes résidences de l’État, qui sont aujourd’hui pieusement conservés au sein du Mobilier national (Muriel Barbier).
4D’autres encore sont l’œuvre de chercheurs opiniâtres, désireux de documenter leurs travaux et découvertes, à l’instar de l’archéologue Louis Chatelain, directeur du service des Antiquités, Beaux-Arts et Monuments historiques durant le Protectorat français au Maroc (Néjat Brahmi) ; ou de l’ethnologue américaine Sidney Robertson qui, à la fin des années 1930, collecta des centaines de morceaux d’une musique populaire jusqu’alors sous-documentée (Camille Moreddu).
5La plupart de ces artefacts ont connu bien des vicissitudes, ballottés au gré des changements institutionnels et/ou politiques. Il en est ainsi du fonds Adolf Michaelis, conçu à l’origine dans le cadre d’une université allemande, redevenue française après la Première Guerre mondiale ; ou des photographies réalisées sur les chantiers de fouille marocains par des archéologues français, que conserve aujourd’hui le musée de l’Histoire et des Civilisations de Rabat ; ou encore des enregistrements sonores du California Folk Music Project, désormais préservés par l’université de Berkeley, tandis que la Library of Congress les a numérisés et mis en ligne.
6Il y a également des collections insolites, voire inédites : né d’un concours de circonstances et d’une belle intuition, un échantillonnage de dessins et d’épures, retrouvés au gré des débarras et des brocantes, permet ainsi de documenter de manière pertinente la transmission des savoirs et l’art du trait chez les compagnons du Tour de France du xixe siècle et de la première moitié du xxe siècle (Jean-Michel Mathonière).
7Enfin, ce volume d’actes nous rappelle que le collectionnisme ne se limite pas aux seules œuvres de l’esprit « désintéressé ». L’« instrumentalisation du phénomène de collection par les marchands2 » est un phénomène bien connu, parfaitement assimilé par la société de consommation. En témoignent les cartes postales « fantaisie » du photographe bayonnais Gaston Ouvrard (François Bordes) ou le foisonnement des chromolithographies publicitaires destinées aux enfants entre la fin du xixe siècle et le début du xxe siècle (Christian Robin). Ces ephemera méritent eux aussi qu’on s’y attarde.
8Au final, cet ensemble de contributions montre que tout peut donner lieu à collection. Reste cependant à identifier, documenter, indexer, classifier, restaurer, voire à numériser tous ces artefacts afin de les rendre accessibles au plus grand nombre. Tâche énorme, indispensable et souvent fastidieuse, comme le rappellent plusieurs contributions du présent volume.
Notes de bas de page
1 Afin de respecter les modalités bibliographiques inhérentes à chaque discipline, deux systèmes bibliographiques ont été acceptés pour la réalisation de ce livre électronique.
2 Pascale Ezan, « Le phénomène de collections : une lucarne pour appréhender la dimension affective de la consommation », Management & Avenir, 2005/4, no 6, p. 49-62.
Auteur
Ancien maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, université Paris Cité, directeur de la Revue d’histoire de la pharmacie, membre de la section Sciences, histoire des sciences et des techniques et archéologie industrielle du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS)
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016