La double marginalisation des migrants issus de l’esclavage des Noirs dans les villes portuaires normandes au xviiie siècle
Résumés
Plus de 1 000 hommes, femmes et enfants précisément identifiés, tous migrants forcés issus des liens entre la Normandie et les colonies, arrivèrent et vécurent en priorité dans les ports du Havre, de Rouen et de Honfleur du xvie au xviiie siècle. Les parcours professionnels de ce groupe ont été rassemblés dans un fichier construit surtout à partir du dépouillement des registres paroissiaux et des équipages maritimes. Grâce à lui, il est possible, au-delà de l’esquisse d’une étude sociogéographique, de mesurer la force du préjugé de couleur des sociétés urbaines d’accueil. Elles ont ajouté à la marginalisation juridique dans laquelle les plaçait leur statut, une seconde marginalisation : elles manifestent en effet une propension à les employer prioritairement dans les professions maritimes.
More than 1,000 precisely identified men, women and children, all forced migrants from the links between Normandy and the colonies, arrived and lived primarily in the ports of Le Havre, Rouen and Honfleur from the 16th to the 18th centuries. The career paths of this group have been gathered in a file built mainly from the analysis of parish registers and maritime crews. Thanks to it, it is possible, beyond the sketch of a socio-geographical study, to measure the strength of the color prejudice of the urban host societies. They added to the legal marginalization in which their status placed them, a second marginalization: they indeed showed a propensity to employ them primarily in the maritime professions.
Texte intégral
11548 : on peut lire dans un contrat passé devant un notaire parisien1, trente ans après la fondation du Havre (1517), le nom de personnes – dont les plus symboliques2 – parmi celles qui placent des fonds pour lever « des nègres au Cap Vert et en la rivière de Gambye », plus tôt encore à Rouen, à Honfleur et à Dieppe3. L’arrivée de femmes et d’hommes de couleur, libres ou esclaves, dans les ports normands est un fait très précoce qui a suscité nombre d’études depuis plus d’un siècle. Mais plus d’un siècle, c’est aussi le long temps qu’il a fallu, depuis ces travaux pionniers4, avant de voir publier les résultats de recherches5 qui permettent d’esquisser les contours sociogéographiques de cette population de « migrants forcés » venus des colonies qui vécurent dans les villes normandes entre le milieu du xvie et le début du xixe siècle, se trouvant ainsi de fait dans une situation de marginalité juridique en raison de l’application dans le royaume de France de l’édit du 3 juillet 1315 dans lequel il était écrit que « selon le droit de nature chacun doit naître franc6 ».
Plus de 1 000 migrants au cœur de la ville
2Les causes de ce long temps de silence sont pour les unes historiographiques, et pour les autres liées aux caractères spécifiques de l’histoire des villes normandes et de l’organisation du dispositif universitaire dans cette région. Au faible intérêt porté à cette population située majoritairement au bas de l’échelle sociale en lien avec le retard de l’historiographie française dans le champ de l’étude de la traite et de l’esclavage atlantiques7, se sont en effet ajoutés, dans le cas de la Normandie, les effets négatifs de la destruction de son plus grand port négrier (Le Havre) et de l’absence, jusqu’au début des années 1990, à la différence des deux autres grands ports négriers de Nantes et Bordeaux, des supports universitaires nécessaires au développement de la recherche8. C’est d’ailleurs de cette situation que provient ce « paradoxe de la traite normande » que constitue, d’une part sa précocité et la très longue durée de son histoire9, et d’autre part le vide historiographique dont elle a été l’objet, notamment quant à l’étude des migrants venus des colonies jusqu’à la publication du dictionnaire d’Érick Noël sur les gens de couleur dans la France moderne10 dont les apports sur la Normandie ont été enrichis par le programme de recherche que nous avons développé sur les équipages des navires négriers normands dans la seconde moitié du xviiie siècle11.
3Ces travaux permettent aujourd’hui de disposer d’un fichier d’un peu plus de 1 000 noms12. Sans prétendre pouvoir présenter de façon exhaustive cette population restée longtemps invisible, son importance fut assurément remarquable13, la précision de ces fiches14 nous permettant de reconstituer les parcours de vie de ces personnes qui s’installèrent dans quarante villes et villages normands15. Elles se répartissent dans des proportions presque égales entre libre et esclave, et présentent un ratio au niveau des sexes16 comparable à celui des sociétés serviles aux colonies. Elles offrent des enseignements intéressants, non seulement pour ce qui concerne l’identité des maîtres et l’origine géographique de cette population, mais aussi sur les réactions des sociétés urbaines qui les accueillirent. Il faut souligner l’étonnante variété des origines géographiques et des professions exercées par ces migrants17, ce qui tord le cou aux représentations longtemps dominantes d’une migration constituée principalement par la domesticité – liées à la meilleure connaissance de la partie de cette population partie vivre à Paris18. Il nous semble important de souligner, à côté de la marginalisation juridique dans laquelle se trouvait cette population très urbaine19, sa marginalisation spatiale due à son emploi prioritaire dans les activités maritimes. Elle découle de la vigueur du préjugé de couleur, dont la mesure est favorisée par l’exploitation des registres paroissiaux et de ceux des équipages maritimes, les deux sources principales à partir desquelles a été construit ce fichier.
Aux origines d’une autre marginalisation : le poids du préjugé de couleur
4En effet, dans le cadre des études portant sur les réactions des sociétés d’accueil face à la présence des gens de couleur dans les ports négriers, les chercheurs20 recourent le plus souvent à des sources qui émanent des autorités publiques, fort nombreuses à partir du moment où se met en place le dispositif de répression qui aboutit à l’institution d’une police des Noirs – le nom rappelle la gêne du pouvoir devant la présence de gens issus de l’esclavage21. Elles ont pour inconvénient de placer le regard du chercheur à une distance importante de la sensibilité profonde de la société. Or, face à ce problème, l’un des intérêts de l’exploitation des registres paroissiaux et des désarmements des navires de droiture et de traite, réside dans le fait qu’ils donnent, parce qu’ils proviennent de fonctionnaires de la marine dont le plus grand nombre est d’origine havraise, et de prêtres socialement restés très influents dans la cité océane, la juste mesure du préjugé de couleur. Il semble avoir été très fort dans les villes normandes, particulièrement au Havre, si l’on en croit le vocabulaire employé par ces médiateurs privilégiés entre la société d’accueil et les migrants pour désigner ces derniers22.
5Bien qu’ils disposent parfois d’une connaissance approximative du vocabulaire racialisant des colonies23, c’est presque exclusivement ce vocabulaire qu’emploient les prêtres havrais, qui, il est vrai, sont parfois liés familialement aux armateurs négriers24, et les employés de la marine obéissant aux ordres d’un intendant de la marine, Jean-Roch Mistral, dont nous avons souligné l’influence dans la société havraise – d’où le fort impact de son suicide au début procès de Louis XVI25. Ses rapports témoignent de son fort attachement aux thèses racialistes. Ainsi celui qui est rédigé lors de l’affaire de l’esclave Maguero, arrivé au Havre suspecté de comportements violents26. « Mulâtre », qui est le plus employé, « mestives, mestifs, ou métis », qui le suit de près, « quarterons », « griffes », certes plus rarement, sont en effet les termes utilisés pour désigner les migrants venus des colonies, que ce soit par les prêtres havrais ou les fonctionnaires de marine, au lieu des pourtant plus justes « noir » – présent furtivement en 1722 – ou « de couleur » – aussitôt abandonné après avoir été employé une seule fois au mitan du xviie siècle. Les sociétés urbaines métropolitaines ne sont pourtant concernées ni par la crainte de la submersion, ni par le risque de mésalliance. Il faudra attendre la fin du xviiie siècle pour voir au Havre, dans le contexte de l’interdiction de la traite des Noirs à l’été 1793, puis de l’abolition de l’esclavage décrétée le 4 février 1794, les termes « noir » et « de couleur » progresser aux dépens des termes racialistes. Ce phénomène témoigne de l’existence d’une mentalité urbaine très fortement imprégnée par ces conceptions. On les trouve aussi dans les écrits du for privé que nous avons mobilisés dans une étude des mentalités havraises, approchées en dehors du prisme des écrits des grands négociants27.
6L’exemple des écrits privés ou semi-privés de trois de ces Havrais ordinaires qui, bien que liés aux milieux coloniaux, ne furent pas directement des bénéficiaires du commerce antillais, permet d’illustrer ce phénomène qui nous éclaire sur le soutien indéfectible de la société havraise aux élites négociantes, même au plus fort de la Révolution28. Le formidable journal du mercier Toussaint Bonvoisin, la première de ces trois figures, constitue un édifiant témoignage29. Mercier de profession, il a un frère lieutenant sur deux navires négriers, et intégré dans la sociabilité amicale du négrier et futur député à la Constituante Jacques-François Bégouën – au point de faire éduquer ses enfants avec ceux de l’armateur durant les années de la Révolution, en Angleterre puis dans les États allemands. Non intéressé lui-même par le commerce colonial, Toussaint Bonvoisin exprime dans son journal, non seulement la frayeur des Havrais devant la crise de Saint-Domingue et son soulagement devant le rétablissement de l’esclavage au printemps 1802, mais aussi, comme en témoignent les pages qu’il recopie dans la presse à l’occasion des troubles de l’été 179330, un discours racialisant. Il insiste par exemple sur la transformation de l’indolence des Noirs en violence.
7L’on retrouve à l’identique cette idée dans les écrits de Pierre-Philippe Urbain Thomas, fonctionnaire natif du Havre, devenu le no 2 de l’administration coloniale dans l’île de la Réunion au début de la Restauration (1817-1824). Il est connu comme auteur d’un texte très diffusé dans tous les milieux coloniaux, l’Essai de Statistique de la Réunion31, et d’un important volume de souvenirs32. Nommé au poste de secrétaire de la Marine (à vingt ans) en 1793, au moment de « la fin du Saint-Domingue havrais », il s’éloigne longuement du Havre à partir de 1796 pour mener une vie gyrovague qui le rapproche de Brest, puis de l’Égypte (où il participe à l’expédition de Bonaparte), de Flessingue, de Rochefort et enfin de la Réunion. Il y devient l’ordonnateur de la dernière colonie française dans l’océan Indien après un ralliement sans enthousiasme à Louis XVIII. Il revient brièvement au Havre en 1825, puis s’installe à Honfleur où il meurt en 1854. Il s’est familiarisé durant ses années de jeunesse passées au Havre aux idées racialistes, et ses souvenirs témoignent avec force de son imprégnation par l’univers de la traite33. En 1825, il s’épanche sur ses années réunionnaises, dans un texte qu’il déclare destiné à un public réduit, « les négociants de toutes les villes portuaires34 », portant sur la question cruciale du devenir des colonies françaises passant du travail servile au travail libre – question brûlante dans la colonie de la Réunion. L’ancien fonctionnaire colonial prend position pour l’affranchissement des Noirs, ce qui lui vaudra d’ailleurs de figurer parmi les écrivains abolitionnistes dans un volume d’écrits colligés au Havre huit ans après l’abolition de 1848 !35 Mais la raison de sa défense de l’affranchissement des Noirs est fort éloignée d’une quelconque sensibilité abolitionniste mue par des attendus moraux. Elle prend acte de l’exemple donné par l’Angleterre dans la proche colonie de Maurice dont elle vient d’hériter, et dans l’île de la Réunion de 1810 à 1815. Entre les temps de l’abolition de la traite en 1807, ceux de l’abolition de l’esclavage avec les lois d’émancipation des esclaves de 1833 et de 1834, l’Angleterre avait choisi sans surprise la voie du travail libre des autochtones pour valoriser les colonies. Il semblait donc malheureusement inéluctable à Thomas de devoir prolonger la politique ainsi engagée dans l’île de la Réunion. Son texte glisse peu à peu vers un écrit nostalgique de l’esclavage au xviiie siècle. Il le défend dans les mêmes termes que ceux de l’armateur Begouën dans le célèbre texte que publia le Constituant au moment des États généraux36. Vingt ans après ses réflexions de 1825, lorsque vient le temps de l’écriture des « souvenirs d’un vieillard », les pages que réserve Toussaint Bonvoisin aux « souvenirs coloniaux37 » sont marquées par les mêmes idées racialistes.
8Cependant, peut-être parce qu’il a un père qui a été capitaine négrier, c’est Louis-Augustin Pinel, avocat pourvu d’une charge de procureur du roi, qui est l’auteur de l’écrit le plus significatif de l’imprégnation de la société havraise par le préjugé de couleur. Il s’agit d’une pièce de théâtre intitulée Le Barbier d’Ingouville ou le Retour du Barbier de Séville (1776), inspirée de Beaumarchais et destinée à être jouée pour un public d’amis38. Le choix du cadre de l’intrigue est peu surprenant. L’amateur Pinel met en effet en scène une comédie dans laquelle un aristocrate du nom de Guatimalo tente de séduire une bourgeoise fortunée, mais protégée par un tuteur encombrant dont il faut absolument se rapprocher et obtenir la faveur pour espérer épouser la belle. Pour parvenir à ces fins, le prétexte utilisé par le héros, la folie, est également classique, mais la nature de son dérangement est édifiante du point de vue de l’influence du préjugé de couleur. Le symptôme de celle-ci est en effet l’amour que le héros porte « à une négresse ». Tout le reste du texte de la pièce est truffé de références à un univers urbain esclavagiste, dans lequel le rire est souvent provoqué par l’infériorisation physique et psychologique des femmes et des hommes de couleur39.
Du dépôt des Noirs au métier maritime… et de la surveillance accrue à l’éloignement
9S’il est difficile de mesurer avec exactitude l’intensité des tensions nées de la force du préjugé de couleur au Havre où a régné une relative paix sociale40, il ne semble pas que cette population de migrants coloniaux, notamment sa partie qui a pénétré le monde des corporations havraises41, gage de quelques ascensions sociales42, ait provoqué de grands désordres dans la ville. En revanche, il est sûr qu’elle a suscité une crainte particulière de la part de ceux qui, à partir du début des années 1760, sont chargés de mettre en place les instruments de sa surveillance. Elle est facilitée au Havre et à Rouen par la création de deux des huit dépôts des Noirs sur le territoire métropolitain43. En témoignent les rapports produits par le procureur du roi Leprevost-Tournion, en 1784, qui concernent l’installation et la vie du dépôt havrais44. Il confirme le poids du préjugé de couleur dans les raisons économiques qui motivent le choix de la prison de l’Arsenal pour enfermer ces migrants, au lieu d’une des deux autres prisons havraises pourtant plus spacieuses, mais plus dispendieuses : 30 sols par jour au lieu de 15, un surcroît de dépenses que ne méritaient pas, selon Leprevost-Tournion, les femmes et les hommes de couleur. Il montre surtout l’intensité de la crainte suscitée par la concentration de femmes et d’hommes de couleur à la veille de la Révolution45 et c’est cette crainte qui, à l’évidence, a poussé la société havraise à tenter d’éloigner le plus possible les travailleurs de couleur du cœur de la ville en les cantonnant dans des métiers maritimes, de plus en plus nombreux avec l’activité croissante du port du Havre sous le règne de Louis XVI.
10L’encouragement à l’embauche des hommes de couleur dans les métiers maritimes est en effet le constat principal qui résulte de l’étude de la répartition et de l’évolution des professions des 153 personnes dont on connaît la profession avec précision46. Représentant plus d’un tiers des métiers (52 personnes, dont 25 au moins participèrent à des voyages de traite !), le secteur maritime recrute autant parmi les migrants venus des colonies que le monde de la domesticité (51). Il présente de plus, à la différence de ce dernier, un large éventail de métiers : un novice, huit matelots, deux officiers mariniers, un tonnelier, sept mousses, deux pêcheurs, six interprètes, quinze domestiques de capitaines et pas moins de quatorze cuisiniers. La chronologie montre, en outre, la montée régulière de cet emploi des migrants dans la marine. Les Havrais reproduisent ainsi, de manière plus ou moins consciente, le projet d’éloigner du cœur de la ville une population suscitant à la fois les préjugés et la crainte, comme ils l’avaient fait vis-à-vis de la minorité protestante après la révocation de l’édit de Nantes47.
11Pour achever ce propos, avec en filigrane la perspective d’ouvrir quelques nouveaux axes de recherches, on soulignera que la « solution maritime havraise » pour écarter les dangers d’une présence indésirable, ne semble pas avoir été sans comporter quelques risques. En effet, si l’emploi des migrants coloniaux dans les professions maritimes a peut-être été un moyen efficace de limiter les tensions urbaines en les éloignant du cœur de la ville, elle eut aussi, du point de vue de la régulation sociétale, un contrecoup dommageable, comme le montre l’étude du déroulement des expéditions havraises en traite. Parmi les quatre mouvements de révolte que nous avons pu repérer sur les navires négriers dans la seconde moitié du xviiie siècle48, deux d’entre eux ont en effet pour origine des désordres liés à la cohabitation entre les marins blancs et les hommes de couleur, un cuisinier dans un cas et un simple matelot dans l’autre cas. Le contexte humain de ces mouvements sur les navires négriers est-il spécifique, isolé, ou le phénomène est-il plus général ? La question reste entière. Elle témoigne en tout cas de la richesse et de la variété des pistes offertes par le chantier récent de l’étude de l’intégration de ces migrants venus des colonies au xviiie siècle, trop longtemps restés invisibles.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Sur ce contrat, voir : P. Bardin, « Le premier contrat français de traite négrière ? », Généalogie et Histoire de la Caraïbe, p. 6538-6539.
2 L’un des associés havrais engagés par le contrat signé en mai 1548, Guyon d’Estimauville, est en effet le fils de Jacques d’Estimauville qui fut, avec Guyon Le Roy du Chillou, l’un des fondateurs du Havre.
3 En 1548, il est déjà attesté la présence de personnes venues des futures colonies à Rouen (1479), à Honfleur (1505) et à Dieppe (1524). Voir : É. Noël (dir.), Dictionnaire des gens de couleur dans la France moderne. Paris et son bassin, vol. 1, « Normandie », p. 358-472.
4 Ch. et P. Bréard, Documents relatifs à la marine normande et à ses armements aux xvie et xviie siècles pour le Canada, l’Afrique, les Antilles, le Brésil et les Indes ; Ph. Barrey, Le Havre maritime du xvie au xviiie siècle ; du même, Les origines de la colonisation française aux Antilles : la Compagnie des Indes occidentales.
5 Voir « Normandie » dans É. Noël (dir.), Dictionnaire des gens de couleur dans la France moderne. Paris et son bassin, p. 358-472.
6 L’esclavage était interdit dans les territoires régnicoles depuis cet édit royal. Deux siècles plus tard, la conscience de l’ambiguïté originelle dans laquelle se trouvaient les migrants venus de colonies esclavagistes émerge dans de nombreux témoignages d’habitants de villes normandes. Voir P-H. Boule et S. Peabody, Le droit des Noirs en France au temps de l’esclavage. Textes choisis et commentés.
7 Voir O. Pétré-Grenouilleau, Les traites négrières. Essai d’histoire globale, p. 7-15.
8 É. Saunier, « Le Havre, port négrier : de la défense de l’esclavage à l’oubli ».
9 En aval de l’histoire de la traite et de l’esclavage atlantiques dont les premières preuves archivistiques concernent le port du Havre et des Havrais, on remarque que le dernier cas de traite illégale en 1862, soit près de quinze ans après le vote du décret d’Abolition de Victor Schœlcher (27 avril 1848), concerne également un navire armé dans cette ville et appartenant à un négociant havrais (le futur maire Jules Masurier).
10 É. Noël (dir.), Dictionnaire des gens de couleur dans la France moderne.
11 Ce programme, « Normandie-esclavage », englobait la construction d’une base de données sur 6 675 membres des équipages des navires négriers havrais de 1749 à 1793 (www.normandie-esclavage.fr/). Elle a permis de recenser parmi les passagers 88 hommes et femmes de couleur.
12 L’enquête publiée en 2011 à partir de l’exploitation des registres paroissiaux et des registres de désarmement des navires de droiture avait permis de constituer le premier fichier de 1 038 personnes. Enrichi des 88 noms retrouvés avec le programme « Normandie-esclavage », le fichier actuel comprend au total 1 126 personnes.
13 Thomas Paulmier de Grentemesnil a recensé 175 baptêmes de « nègres, négresses, négritons et mulâtres », pour la seule paroisse Saint-François aux xvie et xviie siècles. Th. Paulmier de Grentemesnil « Le Havre de Grâce et son hinterland. Histoire démographique et sociale aux xvie-xviie siècles ».
14 Les origines géographiques de ces migrants sont mentionnées systématiquement dans les listes de passagers des registres de désarmement des navires, de même que leur âge pour les deux tiers.
15 Le détail des 40 villes et villages normands où l’on trouve au moins un de ces migrants est mentionné dans le dictionnaire des gens de couleur dans la France moderne. É. Noël (dir.), Dictionnaire des gens de couleur dans la France moderne. Paris et son bassin, vol. 1, p. 358-472.
16 La qualité d’esclave ou de libre étant le plus souvent mentionné dans les registres de désarmement, il a été possible de connaître cette donnée pour les deux tiers des noms du fichier, 58 % d’entre eux étant arrivés esclaves. S’agissant du ratio selon les sexes de cette population dont un peu moins de 20 % sont des enfants, on compte deux tiers d’hommes et un tiers de femmes.
17 Voir S. Barot, « Présence noire au Havre sous l’Ancien Régime : première approche à partir des apports des sources locales ».
18 É. Noël, Être noir en France au xviiie siècle.
19 Si l’on considère les lieux de résidence des 1 048 individus recensés dans le dictionnaire des gens de couleur dans la France moderne, les quatre ports normands du Havre (908 fiches), de Rouen (40), de Honfleur (30) et de Dieppe (10) concentrent à eux seuls la quasi-totalité de ces migrants tous ou presque domiciliés au centre-ville.
20 Voir ainsi pour les cas de la Normandie et de Bordeaux : É. Saunier, « Les négriers et la franc-maçonnerie. Les pratiques culturelles dans un port de traite : Le Havre à la fin du xviiie siècle » ; M. Figeac, « Pour ou contre l’esclavage. Un débat clivant au sein des élites portuaires ».
21 H. Belsunce, La police des Noirs en Amérique (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Saint-Domingue) et en France aux xviie et xviiie siècles, p. 41-66.
22 Soit 908 des 1 126 fiches.
23 Témoignage de cette maîtrise très approximative est ainsi le fait que le curé de la paroisse havraise de Saint-François confond une dénomination raciale (Cabresse) avec le nom d’une femme mulâtresse de 22 ans, originaire de Martinique mariée en 1754.
24 Le curé de Notre-Dame, Antoine Mahieu, qui tint les registres de baptêmes et de mariages d’une trentaine d’enfants et de jeunes mariés de couleur dans la paroisse Notre-Dame, est ainsi le frère de l’épouse de l’armateur négrier Jacques-François Begouën.
25 Le suicide de Mistral est relaté non seulement dans la presse, mais aussi dans les journaux privés comme ceux de Toussaint Bonvoisin et de Pierre-Philippe Urbain Thomas. Voir É. Saunier, « Bombardements et pratiques résilientes dans les villes portuaires à l’époque moderne : l’exemple du Havre de Grace (1694 et 1759) ».
26 Arch. mun. du Havre (AMH), Série H, sous-série HH : HH 51 (Marine, colonies, Traite des noirs 1771-1788). Affaire Maguero, janvier-mars 1788.
27 É. Saunier, « Les égo-documents et la mémoire des villes atlantiques ».
28 É. Saunier et J. Barzman (dir.), Histoire du Havre, p. 165-189.
29 É. Saunier, « Le Précis de la Révolution relativement à Louis XVI. Respec du aux Rois et aux Puissances (1792-1803) ».
30 É. Saunier, « La passion des Havrais pour le monde colonial : le Précis de la Révolution de François-Toussaint Bonvoisin ».
31 P-Ph. U. Thomas, Essai de statistique de l’île de la Bourbon. Cet ouvrage, par la précision des descriptions et des données statistiques fournies, a en effet inspiré la plupart des écrits historiques sur la Réunion jusqu’au milieu du xxe siècle.
32 H. Chabannes, É. Saunier et É. Wauters (éd.), Pierre-Philippe Urbain Thomas. Un intellectuel havrais au temps des révolutions.
33 Ibid., p. 93-128.
34 P-Ph. U. Thomas, De l’affranchissement des Noirs dans les colonies intertropicales.
35 Bibl. mun. Le Havre, imprimé 33 738. Mélange intitulé Affranchissement des Noirs. Le volume place le texte de Thomas à côté de : Émancipation commerciale et politique, Saint-Genis ; Des Noirs et de leur situation dans les colonies ; « De l’esclavage des Noirs » par Victor Schœlcher, 1833 ; Esclavage de la race noire de Charles Levavasseur, 1840 ; Émancipation immédiate et complète des esclaves de G. de Félice, 1846.
36 J.-F. Begouën de Meaux, Précis sur l’importance des colonies, et sur la servitude des Noirs, suivi d’Observations sur la traite des Noirs.
37 P. Ève et É. Saunier (dir.), « Gouverner l’Île Bourbon au temps de l’esclavage (1817-1824). Regards croisés ».
38 H. Chabannes et B. Obitz-Lumbroso (éd.), Le Barbier d’Ingouville ou le Retour du Barbier de Séville. Une comédie inédite de Louis-Augustin Pinel composée en 1776.
39 É. Saunier, « Écrire contre l’esclavage : un art de la négociation ».
40 É. Saunier, « Les révoltes dans les ports maritimes normands au xviiie siècle ».
41 Les migrants des colonies sont présents dans plus de la moitié (11) des corporations havraises, au nombre de 19.
42 Voir les parcours de Pierre-Etienne Norois et de Louis Kaincouta, dans S. Barot, « Présence noire au Havre sous l’Ancien Régime : première approche à partir des apports des sources locales ».
43 J. Duprat, Présences noires à Bordeaux : passage et intégration des gens de couleur à la fin du xviiie siècle.
44 AMH, fonds de la Marine, série HH 3-45.
45 Peur dont la montée suit le mouvement d’arrivée des navires, comme le montrent les dénonciations contre « le nègre né Georges s’étant rendu […] coupable d’excès punissables » puis contre « la négresse mademoiselle Charlotte se trouvant en France, en contravention aux règlements […] s’étant rendue coupable d’excès », en juillet et en novembre 1788, année du pic des esclaves traités par les négociants du Havre. AMH, fonds de la Marine, série HH 3-45, 51 (Marine, colonies, Traite des noirs, 1771-1788).
46 On connaît les professions pour 189 individus, dont 153 pour la seule ville du Havre.
47 É. Saunier, « Les Protestants du Havre au temps de la Révocation de l’Édit de Nantes entre intégration et méfiance », p. 7-17.
48 Fl. Caillot, Les équipages des navires de traite havrais au temps des négriers (1775-1788).
Auteur
Maître de conférences en histoire moderne, université Caen Normandie, Maison de la Recherche en Sciences Humaines (MRSH), Laboratoire Histoire, Territoires, Mémoires (HisTeMé) (EA 7455)
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2016