La pétanque aux Jeux olympiques : la candidature boules-sport aux JO de Paris 2024
Résumé
Reconnue comme « sport de haut niveau » par le ministère des Sports depuis 2003, la pétanque fut candidate aux Jeux olympiques de Paris 2024, associée à deux autres disciplines (sport-boules [la longue lyonnaise] et raffa volo). Le projet semblait tout à fait éligible, mais il fut pourtant rejeté pour des valeurs symétriques et inverses de celles avancées avec confiance par la Confédération mondiale sport boules (CMSB). Cet article reprend l’histoire du rêve olympien des joueurs de boules, analyse la mise en forme de la candidature, les compromis et les ajustements, plus particulièrement ceux qui eurent lieu au sein de la fédération de pétanque et de jeu provençal.
Texte intégral
1Lors de l’appel à contribution du CTHS pour le congrès de 2019 portant sur le virtuel et le réel, il m’a semblé que le projet déjà ancien de hisser les sports de boules au rang des valeurs olympiques permettait de discuter le rapport réel-virtuel à partir de données d’enquête encore inédites que j’avais rassemblées sur le rêve olympien des sports de boules, qui se réifia à l’occasion des jeux de Paris 2024. Cette projection virtuelle dans un halo de lumière médiatique rassembla les énergies autour d’un projet collectif très ambitieux. Au prisme de cette « virtualité » qui produisit des effets structuraux et conjoncturels, l’article expose l’histoire du rêve olympien (avec une focale sur la pétanque), la candidature de la Confédération mondiale sport boules (CMSB) pour les JO de 2024, les compromis et les ajustements que les fédérations ont dû opérer pour présenter un dossier commun. L’échec du projet ramena ce rêve en une réalité sèche et pensée comme injuste.
2En effet, les jeux de boules (pétanque, lyonnaise et raffa volo) sont potentiellement des sports olympiques, mais la candidature aux JO de Paris 2024 déposée par la CMSB1 créée en 1985 pour accompagner ce projet a finalement été recalée. Déjà en 1900, quelques signes montraient la complexité de faire entrer « les boules » dans le cercle olympien. Victimes de la multitude des variantes régionales, de l’éclatement et de l’inégalité des structures associatives, les jeux de boules étaient restés à la marge des jeux de Paris. Inclus, certes, dans la section « Jeux athlétiques » de l’Exposition universelle de 1900, ils n’avaient pas été pour autant reconnus par le CIO à l’instar de « l’automobilisme, la colombophilie, les concours de ballons […], la longue paume, le motonautisme, la pêche à la ligne, le sauvetage et le tir au canon2 ». Pour les JO de 2024, le projet semblait cette fois tout à fait éligible malgré des stéréotypes tenaces qui furent travaillés en amont pour changer l’image de ces sports3, tout particulièrement celle de la pétanque (fig. 1). Mais alors, que s’est-il passé ?
Les boules aux Jeux de Paris de 1900
3Les jeux de boules rêvent depuis longtemps des Jeux olympiques. Ce serait là une extraordinaire occasion de faire valoir les dimensions sportives de ces disciplines au fond mal connues du grand public et de porter haut les valeurs qui leur sont associées. Daniel Mérillon signale dans son rapport sur les concours internationaux d’exercices physiques et de sports, publié en 1901, que la liste des « Jeux Athlétique » arrêtée le 27 mai 1899 dans la section I comprenait quinze jeux dont les jeux de boules, à savoir : la course à pied, l’athlétisme (sauts, lancement du poids et du disque), la marche, le football, le rugby, le lawn-tennis, le jeu de paume, le hockey, le croquet, le cricket, le golf, le jeu de boules, le base-ball, la boxe et canne, la lutte. Les différentes épreuves se sont déroulées sur des terrains dispersés dans tout Paris en raison du manque d’infrastructures :
« Les travaux entrepris à Courbevoie étaient en effet arrêtés […] et nous nous voyions obligés […] de chercher ailleurs les emplacements nécessaires. Le problème ne pouvait être résolu qu’en dispersant les différents concours ; il fallut renoncer au séduisant projet de doter Paris d’une installation sportive modèle à la faveur de l’Exposition, espoir bien légitime de la part des 150 sociétés parisiennes moins favorisées que l’unique et heureux Racing Club de France. C’est à celui-ci que nous demandâmes l’hospitalité pour les courses à pied, tandis que le foot-ball s’arrangeait tant bien que mal de la pelouse du vélodrome de Vincennes élargie à l’aide d’un tapis de paille4. »
4Les jeux de boules (la boule lyonnaise et la boule parisienne) se dérouleront quant à eux sur le boulodrome de Saint-Mandé (dans le Val-de-Marne). Deux tournois seront disputés autour des deux disciplines rassemblant 54 quadrettes, toutes Françaises, soit 216 joueurs.
Une pétanque discrète au début du xxe siècle
5Les jeux de boules méridionaux n’étaient pas concernés par ces jeux pseudo-olympiques (s’agissant de jeux internationaux à la faveur de l’Exposition universelle). Quant à la pétanque proprement dite, elle n’existait pas encore. Il fallut attendre que passent les deux guerres avant que la fédération nationale, puis la Fédération internationale de pétanque et de jeu provençal (FIPJP) ne se mettent en place.
6Les premiers concours officiels « à pieds fixes » (particularité de la pétanque) furent organisés à partir de 1909 par quelques amicales et comités des fêtes du sud de la France (Var et Bouches-du-Rhône) et selon des règlements locaux dans un premier temps. L’hebdomadaire La vie sportive du 25 juin 1909 annonce par exemple un concours de boules prévu à Giens le 29 juin 1909 dans lequel « les sauts sont défendus » (les sauts étant caractéristiques de la longue provençale). À La Loubière, dans le même numéro, « un concours “de pétanque” aura lieu le lundi 5 juillet au Bar Central ». Le 18 février 1911, toujours dans La vie sportive, il est écrit que « les Joyeux Boulomanes de la Rode » ont fait jouer pour la première fois un championnat dit « de pétanque » (fig. 2, 3 et 4). Le texte publié dans l’hebdomadaire est savoureux et annonce le succès que va connaître la pétanque par rapport à ses spécificités inclusives (notamment l’affrontement de jeunes et d’anciens) au cours du xxe siècle :
« Ce jeu, sans être très pratique, n’en est pas moins intéressant et demande de la part des joueurs beaucoup d’attention et de tactique ; il n’est pas rare de voir un joueur de force moyenne battre un adversaire de force supérieure […]. Fait sans précédent dans les annales de boules, la finale a mis en présence le doyen de la société Meille, âgé de 76 ans, contre le benjamin Riolachi, âgé de 18 ans. La lutte toute courtoise a passionné au plus haut point les nombreux spectateurs qui entouraient les deux joueurs. Le père Maille était superbe d’allure et d’endurance, défendant son jeu avec acharnement ; moins adroit mais beaucoup plus tacticien, il a finalement triomphé de son jeune et redoutable adversaire. Après cet exploit, les Joyeux Boulomanes ont vivement félicité leur sympathique doyen et l’ont porté en triomphe. »
7À la Ciotat, enfin, où s’ancre un récit légendaire concernant « l’invention » de la pétanque sur les terrains de la Boule Étoilée tenus par les frères Pitiot5 (ce qui est à la fois vrai et exagéré), les archives municipales renferment des témoignages attestant d’un premier concours en 1910, mais dont il n’y a pas d’écho dans la presse. Le premier concours de « pétanque » de la ville annoncé officiellement par le Petit Marseillais (le 25 août 2011) fut programmé le samedi 27 août 2011 :
« Après-demain, dimanche, au jeu de boules Beraud, grand concours de boules à pieds joints (dit pétanque).
Prix 10 francs.
Les parties se feront de deux en deux, en 12 points et à la mêlée.
Chaque joueur versera 50 centimes au profit des gagnants. »
8Plus étonnant, le « jeu provençal » n’était pas compris non plus dans les jeux de boules représentés en 1900, alors qu’il était très pratiqué à cette époque comme en témoigne la floraison des cercles et des amicales de boulistes tout au long du xixe siècle dans le Midi de la France6. Les journaux locaux de cette époque annoncent et relatent des concours de boules (c’est-à-dire de jeu provençal) dans toute la Provence. L’explication de l’absence du jeu provençal aux jeux de Paris 1900 tient sans doute au fait qu’il y avait énormément de variantes régionales7 à cette époque et que toutes ne pouvaient être représentées, la faveur étant donnée aux jeux d’ampleur nationale (comme la lyonnaise) ou bien à ceux pratiqués à Paris. En outre, à la fin du xixe siècle, Marseille est très loin de la capitale. L’explication est peut-être aussi simple que cela.
L’ancrage des doutes
9Les recettes des Jeux de Paris ramenés aux différentes disciplines sont à l’image de l’hésitation des organisateurs à l’idée d’intégrer les jeux de boules dans le programme des réjouissances. Il leur semblait (à tort reconnaîtront-ils après coup) que les boules étaient peu spectaculaires. Ils ne firent pas suffisamment de communication à leur propos :
« Les résultats financiers des concours athlétiques ont été honorables sans être brillants (62,30 francs). Ce sont les recettes convenables du rugby qui ont permis d’équilibrer les dépenses, le seul sport qui ait laissé un bénéfice net. Le foot-ball association, pour ses deux matchs, n’a pas atteint 1 000 francs de recettes. Le lawn-tennis a fait près du double […]. Le jeu de boules et le cricket n’ont réalisé ensemble que quelques centaines de francs d’entrées payantes. Rien d’étonnant pour le cricket, sport peu connu en France. Quant au jeu de boules, dans l’ignorance où l’on était de ce que pouvait donner ce concours, premier du genre à Paris, nous n’avons pas osé nous lancer dans des frais de publicité8. »
10L’absence de publicité faite aux jeux de boules que Daniel Mérillon signale dans son rapport confirme le paradoxe de la situation, à savoir un immense succès populaire, mais jugé avec un certain mépris par les institutions sportives malgré l’engagement total de la Société de Boules de Saint-Mandé. En outre, la valeur des prix (argent liquide, objets) ne dépassait pas 1 500 francs, ce qui était peu attractif, alors qu’elle atteignait 10 000 francs lors des grands concours de boules organisés à Lyon et à Marseille par les quotidiens régionaux.
11L’auteur du rapport de 1901 semble surpris d’apprendre après coup que « ce sport populaire puisse être établi de façon à donner des recettes ». Il précise que c’est « par des journaux, dans un but de publicité, que sont organisés les grands concours du Midi 9 ». Effectivement, déjà à cette époque le concours du « Petit Provençal » était organisé par le journal homonyme, à l’instar du « Mondial la Marseillaise à pétanque » (nom actuel) qui fut mis sur pied en 1962 par le journal La Marseillaise. Ces deux concours existent toujours aujourd’hui. Le « Mondial la Marseillaise à pétanque » est devenu un évènement de dimension internationale. Ce rassemblement a lieu chaque année sur plusieurs jours, au début du mois de juillet. Le nombre d’équipes en lice est aujourd’hui vertigineux. Pour donner un ordre d’idée, 15 000 joueurs venant de 36 pays différents étaient inscrits lors de l’édition 2017, attirant 150 000 spectateurs sur toute la durée de la compétition, à peu près 1 million de téléspectateurs sur France 3, et autant sur les sites Internet retransmettant les parties décisives en direct.
« Boules-sport » recalés : jeunisme et sponsoring
12Les jeux de boules étaient donc déjà bel et bien au programme des Jeux de Paris de 1900, bien que forts discrets (mais ni la pétanque ni la raffa volo). Plus d’un demi-siècle passa dans un silence relatif, puis en 1957, la Fédération Française de Boules (jeu lyonnais) fut admise au Comité olympique français et la candidature « sport-boules »10 fut de nouveau présentée. Peu d’échos restent de cet évènement.
13Après plusieurs décennies de sommeil, totalement restructurée, la candidature des sports de boules est revenue sur le devant de la scène, réveillée par la perspective des Jeux olympiques de Paris 2024. Alors que cette fois tous les espoirs étaient permis11, cette nouvelle tentative fut encore un échec. Le communiqué du président de la Confédération mondiale sport boules, Claude Azéma, publié le 22 février 2019 sur le site de la CMSB, exprime l’immense déception des porteurs de projet des trois communautés boulistes associées pour l’occasion (la pétanque, la lyonnaise, la raffa italienne). Le surf, le skate et l’escalade, déjà proposés par les comités d’organisation des jeux de 2016 et de 2020, furent finalement choisis, ainsi que la break dance remarquée lors des Jeux olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires en juillet 2018.
Communiqué du CMSB
Paris le 22 février 2019,
Mesdames, Messieurs les Présidents, chers amis,
Vous avez certainement appris que le Sport des Boules ne figurait pas dans la liste des quatre sports additionnels diffusée officiellement hier, jeudi 21 février, par le COJO de Paris 2024 et vous pouvez imaginer que ma déception est immense […]. Ma déception est d’autant plus grande que, au fil des mois, […] nous figurions en bonne place parmi les sports favoris pour obtenir ce graal […]
Malheureusement pour nous, les exigences des uns et des autres et des négociations au niveau international ont conduit les responsables du COJO à choisir les trois sports qui avaient été ajoutés en 2016 aux deux qu’avait proposés le Comité d’organisation des JO de Tokyo 2020 – le surf, le skate et l’escalade avec une épreuve chacun en féminines et en messieurs – plus la break dance à la suite des Jeux olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires en juillet dernier où, localement, nous n’avions pu faire entrer la Boccia.
En sport, et quelles que soient les conditions, il faut savoir perdre et je tiens à féliciter les quatre heureux élus, […] Ce rappel me permet de saluer également les représentants d’autres sports méritants qui n’ont pas été retenus non plus, notamment le baseball et le karaté (pourtant présents à Tokyo), le squash, le ski nautique (avec le wakeboard) ou encore le billard.
Je remercie surtout énormément tous ceux qui se sont investis avec ardeur en y laissant beaucoup de temps, d’énergie voire de moyens, ainsi que les millions de personnes qui ont manifesté leur soutien à la candidature, du plus humble des bénévoles aux personnalités les plus marquantes, qu’elles soient sportives, politiques ou artistiques, et dans le monde entier. Sans eux, nous n’aurions pu obtenir ce que je considère tout de même comme une brillante réussite en matière de communication et j’espère qu’ils seront encore à nos côtés dans les prochains mois et les prochaines années.
Tout cela me permet de vous dire que cette annonce relative aux JO de 2024 n’est pas une fin, […] Il s’agit pour nous à la fois de tirer les enseignements de cette campagne méritoire et active pour encore mieux organiser notre sport et l’inscrire dans une perspective de modernité et de conquête ; et de profiter de l’engouement qu’elle a suscité en faisant mieux connaître notre sport aux plus hautes instances du sport mondial et olympique […].
Avec mes remerciements et toutes mes amitiés – Claude Azéma12
14Pourtant, toutes les planètes semblaient alignées pour que la candidature aux JO de Paris soit couronnée de succès : la coordination entre les différentes fédérations était remarquable ; deux disciplines sur trois étaient emblématiques de l’identité française (la lyonnaise et la pétanque), ce qui semblait un atout ; le développement important à l’international des sports en question ; leur dimension éthique, écologique… Mais ces arguments, contre toute attente, se sont retournés contre le projet.
15Tony Estanguet (président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques & Paralympiques de Paris 2014, le COJO) a publié un message sur son compte twitter le 21 février 2019 à 1 h 28 du matin mettant en avant d’autres critères :
« Voici les 4 nouveaux sports que nous proposons au CIO comme sports additionnels aux jeux de Paris 2024 [sous forme d’images : l’escalade, le surf, le skateboard et le break dance]. Ces sports ont en commun leur jeunesse, l’appel à la créativité, ils sont spectaculaires et exigeants ! »
16Par ce laconique tweet, la candidature des boules-sport a été balayée d’un revers de manche au nom de valeurs symétriques et inverses (la jeunesse, la légèreté, la glisse, le rythme) de celles avancées par les porteurs de projets. Les réactions au message de Tony Estanguet ont déferlé en cascade, superposant humour, colère, dépit, joie, moqueries.
17« Notre meilleure chance, c’est la candidature de Paris » disait Claude Azéma au micro de Arnaud Bevilacqua13 en 2017, mais cela n’a pas réussi à convaincre le comité, à moins que cette représentation ne l’ait même en fait définitivement anéantie. En effet, il semblerait que le comité d’organisation de Paris 2024 ait voulu en finir avec les clichés « vieillots » et stéréotypés qui collent à la peau de l’identité française et qui nuiraient à l’image que l’État veut renvoyer : un pays dynamique tourné vers la modernité et la jeunesse. Dans une interview conduite par Quentin Jeannerat pour le journal Le Temps en mars 2018, Patrick Clastre explique :
« La tradition, l’image franchouillarde, ce n’est pas l’esprit du gouvernement Macron, qui est beaucoup plus tourné vers la modernité et les nouvelles technologies14. »
18Patrick Clastre avait vu juste en disant que « la France de Macron » opterait davantage pour des sports qui attireront un public plus jeune. Même si la candidature boules-sport remplit tous les critères olympiques, celle-ci souffre d’un déficit d’image qui se caractérise par un public relativement âgé alors que le CIO cherche à rajeunir son audience. Patrick Clastre souligne également que le rejet des sports de boules par le COJO de Paris n’est pas seulement lié au jeunisme du CIO, qui tend à exalter les corps sveltes et à en faire un modèle obligé. Cet échec est aussi la conséquence de l’emprise des sponsors, des marques et des parts de marché qui mènent la danse sur la scène olympique. En ciblant une discipline (comme le rugby, le golf…), le CIO fait entrer des partenaires susceptibles de lui permettre de vendre plus cher les retransmissions télévisées et les images d’archives. Les sponsors peuvent exiger en retour des aménagements pour que ce soit plus télévisuel, ce qu’avaient commencé à faire les fédérations de boules concernées en anticipant les choses (matériel plus identifiable, tenues plus conformes à une étiquette sportive…). Derrière chaque sport olympique se cache un enjeu médiatique et financier15.
19Ces retransmissions télévisées ne sont pas un détail. Elles impactent le réel du jeu lui-même, qui doit s’adapter aux formats techniques et esthétiques du visuel. Ce visuel médiatique transforme l’expérience sociale en une « virtualité », en une dématérialisation de la compétition pour le téléspectateur.
Le « plan B »
20Les sports de boules ne figurant pas parmi la liste des « sports additionnels » aux jeux de 2024, l’idée de les faire valoir néanmoins comme sports de démonstration fut évoquée après l’annonce de règles de la candidature. Depuis les Jeux olympiques de Paris 1900, l’habitude fut prise de présenter des disciplines en marge des sports olympiques proprement dits. À partir des jeux de Stockholm de 1912, elles seront qualifiées comme « sports de démonstration » (ce qui induit l’attente du spectaculaire). Cette habitude se prolongea jusqu’en 1992, la plupart des éditions proposant un ou plusieurs sports additionnels de cette façon-là. Il s’agissait la plupart du temps de valoriser une tradition emblématique du pays d’accueil.
21En 1996, l’organisation des sports de démonstration a été suspendue par le CIO, les jeux officiels étant déjà suffisamment complexes à organiser. Néanmoins, certains « arts » ou « jeux » traditionnels ou nationaux furent parfois mis en valeur comme le Wushu (art martial chinois) lors des Jeux de 2008 à Pékin. En 2014, l’idée de présenter un sport hors compétition a resurgi dans « l’agenda olympique 2020 », dont la feuille de route visait à favoriser « la flexibilité et la diversité des futurs JO ». Il a été envisagé, parmi les mesures phares de la réforme, l’introduction tous les quatre ans de nouvelles disciplines et d’un nouveau sport « en démonstration », mais qui n’entrera pas en compte dans les classements officiels à la différence des premiers.
22Encouragés par cette éventualité, l’idée que les sports de boules soient « en démonstration » lors des Jeux olympiques de Paris de 2024 restait encore dans les esprits des porteurs de projet après l’annonce du rejet de la candidature. Claude Azéma (le président de la CMSB) et Patrick Grignon (le directeur des règlements de la Fédération internationale de pétanque et jeu provençal – FIPJP) avaient déjà évoqué ce « plan B »16, comme Joseph Cantarelli, l’actuel président de la FIPJP qui espérait également une présentation des sports de boules lors des JO de Paris :
« Il semble que la promotion de notre sport pourrait être assurée au cours des JO de Paris sous des formes à définir. Dans un tel cas, nous répondrons présents17. »
Boules-sport : un sport, trois disciplines
23Les candidatures successives des sports de boules aux Jeux olympiques ont nécessité une importante coordination qui n’allait pas d’elle-même dans l’histoire des fédérations. Chaque variante a dû faire des compromis pour ne garder au final que quelques spécialités qui, rassemblées sous un même fanion, sont dorénavant nommées « boules-sport » (sport au singulier), terme accompagné du slogan « un sport : trois disciplines ». Ces modifications et renoncements nécessaires pour pouvoir poser une candidature unique laisseront sans doute des traces dans l’histoire des différentes fédérations et auront un impact dans la transformation des pratiques de jeu : les épreuves de tir notamment, plus spectaculaires, prenant de plus en plus de place.
24En quoi ces différents jeux, très proches les uns des autres, diffèrent-ils ?
25La pétanque est pratiquée sur des terrains plats, relativement « naturels » et gravillonnés. L’objectif consiste à rapprocher les boules le plus près possible du but en « pointant » et en « tirant » les boules de l’adversaire de « plein fer » ou à la « rafle ». Le joueur a les pieds immobiles dans un cercle dont le diamètre varie de 35 à 50 centimètres (ce qui en fait sa spécificité par rapport aux autres jeux de boules). Il existe aussi des épreuves de tir de précision. Les parties opposent des équipes de 1, de 2 ou de 3 joueurs.
26La boule lyonnaise (j’utilise l’ancienne appellation, car la nouvelle est trop proche de la candidature olympique et cela induit des confusions) oppose quant à elle des équipes de 2 ou de 4 joueurs. Elle se joue sur des champs rectangulaires en terre battue, recouverts d’une légère couche de sable. Comme à la pétanque, les joueurs doivent rapprocher leurs boules le plus près possible du but, mais la boule de l’adversaire ne peut être frappée qu’avec un seul tir. Les boules sont métalliques et légèrement plus grosses que celle de la pétanque. De nouvelles épreuves de tirs sont également venues enrichir les compétitions.
27La raffa volo quant à elle est d’origine italienne. Elle est pratiquée avec des boules en matière synthétique et colorées qui diffèrent nettement des deux jeux précédents. Ce sport est pratiqué généralement sur de la moquette ou de la terre battue.
28Aucune de ces trois disciplines n’avait l’envergure de porter seule le projet olympien. Les fédérations18 se sont donc réunies le 21 décembre 1985 à Monaco pour poser une candidature commune. C’est ainsi que la « Confédération mondiale sports boules » (CMSB)19 fut créée afin de donner une légitimité au projet, qui fut reconnu à Lausanne le 15 octobre 1986 par le Comité International Olympique (CIO).
La Confédération mondiale sport boules (CMSB)
29Le premier travail de la Confédération mondiale sport boules fut de sélectionner les épreuves et de poser une première candidature comme sport de démonstration aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992 (en vain). La CMSB resta relativement silencieuse pendant une vingtaine d’années, puis déposa de nouveau un dossier le 12 octobre 2015, forte de son expérience passée, pour les JO de 2024 croyant cette fois au succès du projet. Claude Azéma, président de la CMSB, écrit sur le site de la confédération :
« L’objectif est ambitieux […]. Pour l’atteindre, nous allons agir sur l’ensemble des paramètres nécessaires pour nous faire connaître, nous présenter, défendre notre dossier et passer d’éligible à élu. »
30La synthèse des arguments avancés qui semblaient être (du moins à ce moment-là) autant d’atouts fait ressortir six axes principaux :
- Boules-sport est présents sur tous les continents, 165 pays au total rassemblant 262 fédérations, pratiqués par près de 200 millions de personnes à travers le monde ;
- Boules-sport est inscrit dans un processus compétitif de haut niveau. Il figure d’ores et déjà dans de nombreux évènements sportifs20, notamment aux Jeux mondiaux qui font partie des critères d’évaluation pour la sélection des nouveaux sports olympiques21 ;
- Boules-sport est « propre ». Sa pratique s’intègre dans l’ensemble des infrastructures sportives existantes avec un impact environnemental quasi nul. Il respecte les règles concernant la lutte et la prévention contre le dopage ;
- Boules-sport relève du « sport santé », caractéristique très prisée dans certains pays notamment au Japon, car ses bienfaits sont multiples en termes de socialisation, d’apports moteurs, sensoriels, intellectuels et affectifs ;
- Boules-sport est une activité sportive fraternelle, inclusive, accessible à tous quel que soit l’âge, le sexe, l’origine et la religion ;
- Les sports de boules sont enfin des activités de loisir qui permettent à des millions d’amateurs de pratiquer à leur niveau et de se sentir donc potentiellement concernés par les Jeux olympiques.
31Pour Claude Azéma, boules-sport porte toutes les valeurs propres à l’olympisme :
« Il est l’un des plus aptes à favoriser le rassemblement des hommes et des femmes quels que soient leurs âges, leurs origines, leurs différences géographiques, religieuses, sociales ou professionnelles. »
32Frédéric Ruis, Président de la FIB (Fédération Internationale de Boules), ajoute dans le même communiqué :
« Force sera de donner à notre discipline (le jeu lyonnais) tout le rayonnement nécessaire et toutes les conditions (sportives, techniques…) pour l’adapter à une pratique respectueuse, moderne, internationale capable de séduire et recruter les jeunes générations tout en conservant son âme et ses racines. »
33Cette adaptation « moderne », « capable de séduire », sera aussi le leitmotiv de la fédération internationale de pétanque et de jeu provençal et de la fédération de raffa volo italienne qui, à partir de 2015, vont également mettre « tout en œuvre » pour répondre aux critères de sélection. Cette longue liste d’arguments avait pour but de relier les sports de boules aux critères d’éligibilité du CIO, et faisait écho à certains usages dans les labellisations internationales qui, pour accéder à la reconnaissance, nécessitent de se plier à une indispensable uniformisation des valeurs et des pratiques22.
Tenue correcte exigée
34Ce travail sur le réel absolument indispensable (selon les normes olympiques) pour faire spectacle, « démonstration », est repérable dans les ajustements qui eurent lieu dernièrement sur les terrains de pétanque. Les modifications apportées au règlement23 afin d’éviter toutes situations ambiguës d’arbitrage sont particulièrement tangibles.
35Les cercles (qui évitent de dessiner le « rond » au sol) doivent être dorénavant marqués avant le lancement du but et il est interdit de les ramasser alors que les partenaires disposent encore de boules ; la distance du but est ramenée à 50 cm dans les parties en temps limités (et non plus à un mètre) de la limite du terrain la plus proche sauf pour la ligne de fond de jeu ; le poids des buts sera dorénavant compris entre 10 et 18 grammes. On trouve aussi quelques précisions sur le ramassage des boules et la manière de gérer l’absence (momentanée) des équipes ou des joueurs obligés de sortir du terrain. Les degrés des sanctions sont passés de 5 à 6, et la notion « d’avertissement » a été précisée.
36Les ajustements les plus intéressants, cela dit, par rapport à l’olympisation de la pétanque se trouvent sans nul doute dans l’article 39 : « Mauvais comportement ». Seule la fin de cet article a été modifiée et précise ce qui est entendu par « tenue correcte exigée ». Ces détails peuvent apparaître à première vue bien anodins, tout sport dit « moderne24 » ayant une tenue réglementaire, mais il s’agit néanmoins d’une petite révolution dans les milieux boulistes, en France comme dans tous les pays où la pétanque ne s’embarrasse pas de codes vestimentaires rigidifiés. Les commentaires de Jean-Claude Dubois, le président de la commission nationale des Règlements et de l’Arbitrage, qui signe une des premières mises à jour du règlement le 19 février 2015, montrent qu’ils avaient bien conscience de toucher à des valeurs cardinales difficiles à négocier, notamment à l’idée très ancrée de « liberté » qui animent les représentations d’un grand nombre de boulistes :
« Seule la fin de cet article est modifiée » […] « mais les modifications apportées vont nous demander beaucoup de tact et de diplomatie pour les faire appliquer. Il nous faudra certainement assez de temps avant que les joueurs y adhèrent25. »
37Les ajouts au règlement précisent ce qui est entendu par « tenue correcte » et par comportements adéquats. Il est interdit de jouer torse nu et les joueurs doivent notamment pour des mesures de sécurité porter des chaussures fermées, dessus, devant et derrière. Il est interdit de fumer sur les terrains, y compris les cigarettes électroniques. Il est également interdit d’utiliser un téléphone portable durant les parties. Tout joueur qui n’observerait pas ces prescriptions serait exclu de la compétition s’il persistait après un avertissement de l’arbitre. Jusqu’alors, une « tenue correcte » était exigée sans plus de précision, quant au tabac, il n’était pas officiellement proscrit des terrains de jeu, ce qui nuisait considérablement à l’image de la pétanque qui cherchait depuis 2015 à être considérée comme un sport moderne de haut niveau susceptible de séduire la jeunesse (et les parents).
38Dès 2010, dans son pamphlet, Christian Chale questionne :
« A-t-on vu des sportifs et sportives olympiens, golfeurs, lutteurs, escrimeurs, handballeurs fumer une petite cigarette en pleine action tout en passant un petit coup de fil26 ? »
39Si l’habit ne fait pas le moine, il permet néanmoins de l’identifier. Les réformes ont commencé à voir le jour progressivement dès les années 2004 quand des dispositions officielles ont déjà été mises en place (fig. 5). Lorsque Christian Chale tire la sonnette d’alarme, il se réjouit de constater que le jeu se joue le plus souvent maintenant dans des cadres bien délimités et que les arbitres sont mieux formés pour « veiller au grain » :
« Plus question de mordre le rond (grâce à un cercle en plastique) ; on ne fume pas dans les cadres ; on n’y utilise pas son téléphone portable ; pas de palabres inutiles27. »
40Les modifications au règlement de 2015 ont été accompagnées de notices complémentaires, notamment sur les tenues, qui sont extrêmement intéressantes : les tenues doivent être parfaitement uniformes à un certain niveau de compétition ; les bermudas et les shorts sont refusés sauf pour les concours régionaux et départementaux ; les pantacourts et pantalons sont acceptés à l’exception des jeans bleus ; les débardeurs (épaules dénudées), les chaussures ouvertes de type claquettes, mules ou sandalettes sont interdites. La prohibition de la couleur bleue a fait beaucoup de bruit sur les boulodromes et en a laissé pantois plus d’un. « Pourquoi les jeans bleus, et pas noirs, ou beiges » ai-je souvent entendu ? « Pourquoi préférer un jogging informe à un des jeans contemporains élégants et stylés28 ??? ».
41À quels modèles sportifs cela renvoie-t-il ? Il semblerait, d’après ce que j’ai compris en questionnant à ce propos quelques responsables que le mot d’ordre était la sportivisation. Les blue-jeans étaient associés à un « urban style » et à une certaine désinvolture. À la vue des sports qui ont réussi leur qualification, le skateboard et le break dance notamment, ce n’était peut-être pas la meilleure idée…
« On entend par tenue correcte, les vêtements non troués, tagués, cloutés, pailletés, bariolés, rafistolés, coupés, déchirés ou délavés. Les tenues de forme excentrique […] sont interdites, tels que les maillots de bain, déguisement, etc.29 »
Skateboard et break dance, des cousins éloignés
42Les réformes réglementaires et disciplinaires entreprises en vue des JO n’ont donc pas suffi à convaincre le COJO, mais il fallait les faire indépendamment du projet olympien selon Joseph Cantarelli (président de la FIPJP), car « il s’agit surtout de l’image que notre sport doit donner ». L’échec de la candidature tient à d’autres raisons, beaucoup plus structurelles, identitaires, sur lesquelles les fédérations ne pourront pas faire grand-chose. Joseph Cantarelli a constaté après coup l’importance de « l’image spectaculaire », « télévisuelle », et avec elle la puissance des sponsors qui ne financent que s’ils sont certains de l’audimat :
« La seule chose qu’on n’avait pas prise en compte, c’est le dernier critère qui vient d’être avancé et qu’on ne connaissait pas : le succès télévisuel auprès des jeunes. Ce que je peux regretter, c’est que notre implantation historique et notre potentiel de licenciés n’aient pas suffi à nous faire choisir. De ce que je sais, on était en balance avec la break dance. C’était eux ou nous30. »
43Le nouveau cadre réglementaire, les compromis et ajustements, étaient sans doute nécessaires pour la reconnaissance des jeux de boules comme sport de haut niveau, mais à tout bien regarder, les sports additionnels qui ont été choisis sont des cousins éloignés des jeux de boules. Ils préfèrent eux aussi la rue aux stades et la liberté à tout cadre imposé (comme à la pétanque)31. À travers le skateboard et le break dance plus particulièrement32, c’est aussi un peu des jeux de boules qui entrent aux JO de Paris 2024.
44La projection virtuelle des jeux de boules dans un halo de lumière olympique rassembla les énergies autour d’un projet collectif très ambitieux, mais aussi extrêmement politisé. Le prix de la candidature fut l’adaptation de trois disciplines dans un système de valeurs standardisées, une normalisation des comportements, une identification à des sports pensés comme modèles au risque de se perdre. Tous ces efforts pour être en lice se confrontèrent à l’implacable réalité de la virtualité, notamment à l’image télévisuelle qui transforme la réalité du terrain.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Depuis 2020, la CMSB s’appelle la « World Pétanque and Bowls » ou « Fédération Mondiale Boules & Pétanque ». La WPBF/FMBP est une organisation internationale qui gère les disciplines de boules reconnues par le CIO. Son siège social se trouve à la Maison communale de Prilly – 40 route de Cossonay à Prilly (Lausanne, Suisse).
2 A. Drevon, Les Jeux olympiques oubliés : Paris 1900, p. 30-33.
3 V. Feschet, « L’être et le paraître des joueurs de pétanque : entre jeu traditionnel et sport de haut niveau », p. 247-264. V. Feschet, « La pétanque et la fête. Ancrage et diffusion d’un jeu emblématique de l’identité provençale », p. 175-190.
4 D. Mérillon (dir.), Rapports : Concours Internationaux d’exercices physiques et de sports.
5 M. Pilate, La véritable histoire de la Pétanque. La légende des frères Pitiot, p. 11-13.
6 J.-C. Gauguin, Jeux, Gymnastique et sports dans le var (1860-1940).
7 Voir à ce propos H. et A-M. Reesink, Jeux de boules. 3 000 ans d’histoire et histoires, 2004 et J-L. Tornatore, « Notes sur la dramaturgie du jeu de boules », p. 623-627.
8 D. Mérillon (dir.), Rapports : Concours Internationaux d’exercices physiques et de sports, t. 1, p. 73.
9 Ibid.
10 Le nouveau nom du jeu lyonnais à ne pas confondre avec le « boules-sport » qui est le nom du regroupement des sports de boules dans le cadre du projet olympien 2024.
11 « Très prisées en France, mais aussi en Asie [en Afrique et en Amérique], les boules comptent près de 200 millions de pratiquants dans le monde. Ce sport, qui demande stratégie et précision, revendique 262 fédérations dans 165 pays » (« JO 2024 : la pétanque, le squash et le billard pourraient figurer au programme », Le Parisien, 13 septembre 2017, S. C.). Les chiffres ne sont pas vérifiés. Il s’agit ici de montrer l’enthousiasme confiant du journaliste.
12 La Confédération mondiale des Sports de boules avait été créée tout spécialement pour la candidature olympique. Le site n’est plus en ligne.
13 A. Bevilacqua, « La pétanque voit plus loin que la Provence », La Croix, 14 avril 2017, p. 21.
14 Q. Jeannerat, « La pétanque rêve du destin du curling », Le Temps, 9 mars 2018.
15 P. Clastre, « La pétanque candidate aux JO 2024 : comment un sport devient-il olympique ? ». P. Clastre, Jeux Olympiques, un siècle de passion.
16 Entretiens conduits à l’occasion du Mondial la Marseillaise à Pétanque de 2018.
17 Communiqué AFP repris par le journal Le Point, 6 mai 2019.
18 Confederazione Boccistica Internazionale (Raffa bocce) CBI ; Fédération internationale de boules (FIB sport-boules ou longue lyonnaise) ; Fédération internationale de pétanque et jeu provençal (FIPJP).
19 Intitulé un peu confus puisque l’une des trois disciplines s’appelle aussi « Sport-Boules » (le jeu lyonnais)…
20 Jeux Méditerranéens, Jeux d’Asie Indoor, S.E.A Games, Jeux Africains, Jeux du pacifiques, Jeux du Commonwealth, Jeux des îles, Asian Beach Games.
21 Les Jeux Mondiaux (World Games) regroupent des sports qui ne sont pas (ou plus) inscrits aux Jeux olympiques. Ils sont organisés par l’Association internationale des Jeux mondiaux (International World Games Association – IWGA), sous la tutelle du CIO, depuis 1981.
22 C. Bortolotto, Le patrimoine culturel immatériel. Enjeux d’une nouvelle catégorie.
23 Règlement officiel pour le sport de pétanque, adopté par le Comité Exécutif le 4 décembre 2016 pour application au 1er janvier 2017.
24 S. Darbon, « Introduction. La diffusion des sports : confrontations disciplinaires et enjeux méthodologiques », p. 581-592.
25 Jean-Claude Dubois, 19 février 2015.
26 C. Chale, Le livre rouge de la pétanque, autoédition, p. 148-149.
27 Ibid., p. 89-90.
28 Enquête de terrain 2009-2010.
29 Communiqué de la Fédération internationale de Pétanque et de jeu provençal (FIPJP) du 18 décembre 2018 sur la réglementation des tenues vestimentaires.
30 « Pas de pétanque aux JO : la déception du Lorrain Joseph Cantarelli, président de la FFPJP », L’Est Républicain, 21 février 2019.
31 La pétanque est un jeu résolument urbain, sans tenues spécifiques ni infrastructures lourdes, un ancien « jeu de voyou » comme me le disait un de mes interlocuteurs newyorkais, aujourd’hui bouliste engagé, à qui l’on interdisait de jouer à la pétanque quand il était adolescent lors des visites à la famille restée en France dans les années 1970. (Voir V. Feschet, « Pétanque in New York », p. 115-130).
32 Voir les travaux de C. Calogirou et M. Touché, « Sport-passion dans la ville : le skateboard », p. 37-48, et C. Calogirou, « Réflexions autour des Cultures urbaines », p. 263-282.
Auteur
Maître de conférences en ethnologie – Aix-Marseille université, membre de l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (IDEMEC, UMR 7307/MMSH/CNRS)
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2016