Les combats publics d’animaux à Liège à la fin du xviiie siècle
Résumé
À l’instar de nombreuses villes aux temps modernes, Liège accueille des combats publics dans lesquels s’affrontent différents animaux. Les informations relatives à ces spectacles sanglants figurent dans les petites annonces de la Gazette de Liège, trihebdomadaire dont les éditions sont conservées pour la seconde moitié du xviiie siècle. Se déroulant les dimanches, les combats rassemblent un public difficilement cernable à une période où les sensibilités se modifient dans la perception du monde animal et dans le goût pour la brutalité. Ces spectacles représentent toutefois une forme de divertissement, satisfaisant les curiosités et les fantasmes humains par une irruption de violence et comblant les besoins bien réels de « nature » et de « sauvage » dans la vie urbaine. Ils permettent également à l’homme de s’afficher en tant qu’être dominant le monde naturel.
Texte intégral
1Malgré un engouement notable pour l’étude des animaux dans le champ des sciences humaines et sociales depuis la décennie 19801, force est de constater que l’histoire urbaine de l’animal est un terrain sur lequel les historiens ne se sont penchés « que très exceptionnellement2 ». Même si quelques publications récentes et la tenue d’un colloque international sur le thème de l’animal dans la ville en janvier 20153 témoignent d’un certain dynamisme et amènent à nuancer le bilan historiographique d’Olivier Zeller, ce champ de recherche reste encore largement en friche. Ce constat est valable particulièrement en Belgique, où la place et le rôle de la bête au sein des localités anciennes n’ont été traités que fort brièvement, dans le cadre de travaux plus généraux sur l’histoire urbaine et principalement à travers ceux consacrés à l’hygiène publique.
2Les animaux font pourtant partie intégrante du paysage des villes d’autrefois, prenant part à de multiples aspects de la vie quotidienne des sociétés urbaines, dont le divertissement, qui constitue « une forme majeure de l’économie du rapport homme-animal4 ». À travers l’étude du cas de Liège à la fin de l’Ancien Régime, cet article se propose d’aborder une des facettes de l’utilisation ludique des animaux : les combats publics. Cet aspect est d’autant plus intéressant à creuser qu’il ne fut analysé que succinctement pour la période moderne, prenant souvent place dans le spectre plus large de recherches sur les jardins zoologiques ou les ménageries5. L’historiographie anglaise, au regard de l’importance sociale que semble avoir eu le phénomène dans ce pays, est néanmoins plus abondante6.
3Les spectacles sanglants d’animaux qui se déroulent dans la cité liégeoise s’offrent au chercheur principalement à travers les annonces qui informent de leur tenue. Celles-ci sont consignées dans la presse et plus particulièrement dans la Gazette de Liège, au sein d’une rubrique nommée « avertissement ». Cette partie du journal correspond donc aux petites annonces : s’y retrouvent les maisons à vendre ou à louer, les informations relatives aux denrées alimentaires que certains commerçants débitent, les pertes d’objets dans les villes et à la campagne ou encore les indications sur la tenue de spectacles divers parmi lesquels figurent les affrontements entre divers animaux. Trihebdomadaire, la Gazette paraît vraisemblablement déjà au xviie siècle. Cependant, c’est à partir de l’année 1759 que les éditions du journal sont conservées, marquant dès lors le terminus ante quem d’une recherche s’échelonnant jusqu’à la fin de l’époque moderne7. À côté de la presse de l’époque, la collecte heuristique n’a pas pu s’enorgueillir de données supplémentaires : les sources de la pratique (contrat, autorisation, compte…), les récits éventuels de témoins qui assistent aux combats ainsi que les documents officiels émanant des différentes strates de l’autorité sont muets concernant ce type de spectacle. Le cadre normatif de ce dernier nous échappe donc, tout comme la reconstitution précise de l’ensemble du processus et des acteurs qui y participent de près ou de loin8. Cependant, les informations fournies par la Gazette de Liège sont précieuses. À l’aide d’une source fort riche, cette contribution se donne pour objectif, d’une part d’éclairer un versant de la vie urbaine et des pratiques liégeoises, et d’autre part de déceler les enseignements que l’existence de ce type d’activité peut fournir au sujet de l’homme lui-même.
Les combats : déroulement et spectateurs
4Depuis l’Antiquité, les animaux font les frais de jeux sanguinaires qui consistent en l’affrontement de plusieurs espèces entre elles jusqu’à ce que mort s’ensuive. Au xviiie siècle, ces combats sont devenus presque une institution, découlant notamment de traditions régionales comme les corridas et les jeux taurins en Espagne et dans le Midi de la France ou les combats de dogues, les « cockfighting » et les « bullbaiting » en Angleterre9.
5Ces divertissements étaient auparavant organisés par l’aristocratie, qui finit par les délaisser durant le dernier de l’Ancien Régime ; ils devinrent alors des spectacles publics, organisés et payants10.
6Dans les grandes villes comme Paris, Londres, Francfort ou Vienne, des espaces particuliers où l’on voit combattre des ours contre des chiens de chasse ou des dogues contre des bœufs sauvages sont créés11. Ces affrontements, permanents ou non, peuvent également prendre place dans les appartements de particuliers ou dans des « arènes » aménagées par ces derniers12.
7Dans ce tableau, Liège ne fait guère figure d’exception. Gouvernée par un prince-évêque, la ville de Liège est la capitale d’un vaste territoire enclavé de manière assez complexe au centre des Pays-Bas : la principauté de Liège. Depuis le xe siècle et jusqu’à l’annexion française de 1795, celle-ci est une région autonome, mais vassale du Saint-Empire germanique13. Cité épiscopale, Liège est également le siège d’une vie de cour et donne l’occasion aux citadins d’assister à des spectacles divers mettant en scène différentes espèces animales. Les avertissements de la Gazette font en effet mention à cinq reprises de combats d’animaux dans la ville entre 1759 et 1795. Ceux-ci peuvent avoir lieu pendant plusieurs jours et mettre en scène différentes espèces, tel celui organisé le dimanche 10 juin 1770 :
« Le Sieur Nicolet donnera le grand combat sanglant du nouveau et furieux taureau avec les chiens Dogues Anglois. De plus, ce sera le combat de la grande force de l’Ours avec les chiens Dogues, suivi du combat d’un furieux Peccata14 d’Espagne, qui fera l’admiration des spectateurs. Tous ces combats seront suivis du combat du loup étranger15[…] »
8Cette série d’affrontements est donnée à nouveau à voir au public une semaine plus tard, le 17 juin16. Cependant, la configuration des combats lors de cette deuxième journée est légèrement différente de la précédente : les animaux ayant succombé le premier jour sont tantôt absents, tantôt remplacés par leur semblable. Ainsi vante-t-on la grande force « d’un nouvel Ours » lors du second cycle de combats. Les animaux présents peuvent également être totalement différents d’un jour à l’autre. En 1788, un ensemble de luttes met en scène un taureau « Navarain », des bouledogues, un chien-loup, un ours de Russie et un « peccata » (âne) turc17. La clôture de l’événement, qui se déroule une semaine plus tard, voit s’affronter des dogues contre des cerfs, des chiens corses contre des chiens turcs, un ours de Pologne ainsi qu’un tesson18. Le taureau et les bouledogues sont néanmoins toujours présents, tandis que le « peccata » est cette fois-ci engagé dans une course « avec plusieurs chats sur son corps19 ».
9Les combats se déroulant à Liège doivent être considérés comme des spectacles à part entière. En effet, contrairement à la corrida, ceux-ci ne prennent pas place dans le cadre d’une fête annuelle ou de la célébration d’un événement particulier20 ; ils ne sont pas ancrés dans un temps de festivité précis, mais se présentent véritablement comme un divertissement payant organisé de manière irrégulière. À l’instar de ce qui est observé en Angleterre, l’événement prend d’ailleurs souvent la forme d’un spectacle total, où les combats sont entrecoupés d’autres types de numéros avec lesquels ils s’entremêlent, créant ainsi de la variété. Cela peut être des courses de chevaux sauvages ou un feu d’artifice, en guise de clôture21. Les affrontements animaliers – certes majoritaires et au centre de l’activité – font donc partie d’un ensemble plus large « visant à recréer une atmosphère de fête populaire22 ».
10Malgré la rareté des combats et donc leur caractère exceptionnel, l’existence de plusieurs journées témoigne de l’intérêt des spectateurs pour ce type d’activité. Le 15 avril 1785, la Gazette annonce l’organisation, la troisième semaine consécutive, d’un grand combat d’animaux « à la demande qui en a été faite par beaucoup d’amateurs23 ». Quels sont ces amateurs ? Selon l’auteur du Voyage en Hongrie, cet événement est :
« Le passe-temps de l’après-midi des dimanches, et il est habituellement rempli d’individus des deux sexes de tous les rangs, qui y accourent en sortant des églises24. »
11À Liège, il est néanmoins légitime de se demander si ces spectacles sont véritablement fréquentés par toutes les classes sociales25. Alors que Baratay et Hardouin-Fugier précisent qu’ils sont dédaignés par la noblesse « à la fois par répulsion sociale et par dégoût26 », l’existence d’un prix d’entrée peut quant à lui décourager les moins nantis. En effet, un des traits caractéristiques de ces divertissements est l’inégalité sociale d’accès. Les places ont un coût, mais « les gens de distinction » n’y sont pas astreints : sans aucune obligation financière, ceux-ci ont le loisir de payer « à leur convenance ». Quant au prix, il varie généralement selon la place occupée par le spectateur. En juin 1770 par exemple, les premières places dans les loges sont à trois escalins, les secondes à deux et les dernières au prix d’un escalin27. Le 8 février 1788, les spectateurs désirant assister à un combat de coqs organisé par un particulier doivent débourser cinq sols28. Que représentent ces montants pour le « petit peuple » ? À titre de comparaison, un pain blanc de quatre livres vaut cinq à huit patards au xviiie siècle ; le revenu journalier d’un ouvrier non qualifié oscille entre six et demi et douze patards, celui d’un charretier est de douze sous tandis que le maître houilleur, couvreur ou maçon gagne environ un florin Brabant-Liège29. Même si le prix du combat de coqs semble abordable, pour un ouvrier, assister à l’événement de 1770 suppose de débourser l’équivalent d’une journée de travail : être en première loge représente pour lui une dépense considérable30.
12Est-on donc en droit de nuancer cette forte présence des couches les plus basses de la société dans les combats publics de grande ampleur ? Cela est difficile à dire. Le fait que les spectacles se déroulent systématiquement le dimanche, jour qui n’est pas ouvré et qui permet donc à une grande partie de la population d’y assister, témoigne d’ailleurs d’une volonté d’inclure à part entière les classes populaires qui sont dès lors vraisemblablement demandeuses31. Si l’attrait est sans aucun doute bien présent, le prix élevé des entrées a peut-être constitué un frein pour les moins riches, sans pour autant présenter un obstacle. La situation est différente lors de plus petits combats organisés dans les auberges, dans lesquelles se mesurent des animaux moins onéreux. Toutefois, juger de l’appréciation de ce genre de divertissement est délicat dans un contexte éclairé où les relations humain-animal se modifient considérablement32. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à qualifier ces spectacles d’« odieux », de « cruels », de « misérables » et « qu’aucun peuple policé devrait peut-être tolérer33 ». Des critiques similaires sont formulées dans la presse anglaise34.
La curiosité, la nature et la violence
13Les spectacles ont toujours besoin de publicité. Fonctionnant à la manière d’affiches promotionnelles, les « avertissements » qui annoncent les combats se veulent alléchants, visant à attirer un maximum de spectateurs. Ces petites annonces déploient en effet un grand nombre de termes et d’adjectifs destinés à magnifier le phénomène, à insister sur son caractère spectaculaire. Il est ainsi question du « furieux taureau », d’animaux « cruels », « féroces », d’une « grande force », n’ayant jamais trouvé leurs égaux. Le combat annoncé est « sanglant », « extraordinaire », fera « l’admiration des spectateurs » et « surprendra » ces derniers. En 1788, il est précisé que le taureau « enlèvera les Boules-Dogues jusqu’à 20 pieds de hauteur par la force de ses cornes35 ». Les « avertissements » insistent également sur le destin funeste de certaines espèces, précisant qu’il s’agit d’affrontement « à mort » ou que des animaux risquent de « perdre la vie ». Ils mentionnent aussi fréquemment la provenance des bestiaux, afin de mettre l’accent sur leur origine lointaine et donc « sauvage »36 : l’ours « de Pologne », le Peccata « d’Espagne », ou le Lion « Américain ». Une annonce datée du 29 décembre 1775 signale simplement que se tiendra un combat « de plusieurs animaux étrangers37 ». L’appellation des bêtes à elle seule doit inspirer la crainte et refléter leur caractère sanguinaire : les deux coqs qui s’affrontent le 10 février 1788 répondent par exemple aux noms de « Téméraire » et d’« Indomptable »38.
14Si tous ces procédés contribuent immanquablement à « appâter » le public, le citadin s’y rend toutefois pour satisfaire sa curiosité et un besoin de nature et de « sauvage » bien marqué en milieu urbain39. Même si ce besoin est comblé prioritairement par les exhibitions d’animaux organisées en ville par des montreurs ambulants, les combats donnent aussi à voir des animaux sauvages en ville, dans un contexte certes différent auquel se mêle le plaisir de la violence. Projeter celle-ci sur le monde animal n’est néanmoins pas le dessein principal des hommes du xviiie siècle, pour lesquels il s’agit davantage de « constituer des espaces de défoulement » dans un contexte qui voit s’adoucir les mœurs40. Cependant, même si la mutation des sensibilités qui s’opère au cours du dernier de l’Ancien Régime entraîne un certain recul face à la brutalité, l’existence des combats atteste un goût pour la violence toujours bien présent : ceux-ci mettent en scène des batailles impressionnantes (Taureau versus Lion)41, déséquilibrées (plusieurs dogues contre un ours)42 ou carrément grotesques (présence d’âne jugé « ridicule »)43 dans le but de mieux faire se déchiqueter, s’étriper et se déchirer. La souffrance fascine aussi bien que « l’intensité de la douleur qui précède la mise à mort44 ».
15Parmi les espèces, l’intérêt des spectateurs se porte sur les plus féroces, les plus grosses et les plus curieuses, d’où la présence d’un animal étrange nommé « Lebertinor »45 ou d’un lion en décembre 177546. L’utilisation de ce dernier animal, à l’instar de l’ours, n’est pas anodine : il s’agit de bêtes sauvages – il en sera question plus loin –, mais aussi puissantes, impressionnantes, supposées dominer le monde animal. De plus, celles-ci disposent d’une forte valeur dans l’imaginaire. L’abbé de Feller, assistant à Liège à une mise en scène de plusieurs animaux par un montreur ambulant, raconte :
« Les deux lions s’étant mis à rugir, saisirent d’effroi toute l’assemblée : ce cri à quelque chose de si pénétrant, il exprime la férocité et la force à un tel point, qu’en l’entendant, les autres animaux, et l’homme lui-même, ne sauraient se défendre du sentiment de leur impuissance et de leur faiblesse. L’idée des vastes déserts, séjour naturel de ce fier animal, renforce encore la terreur que son rugissement inspire. On est transporté par l’imagination dans les solitudes de l’Afrique, et l’on se peint vivement les dégâts qu’il fait dans sa faim ou dans sa colère47. »
16Voir de telles créatures suscite donc l’admiration, la crainte, marque les imaginations, transpose l’individu ailleurs, le faisant voyager par la pensée, satisfaisant ainsi une curiosité pour le monde sauvage et les espèces exotiques48 – phénomène amplifié par les grandes découvertes et l’expansion commerciale. Dans le contexte des combats, ces impressions sont renforcées par la vision de l’animal en action, faisant croire à la découverte de sa nature même, répondant aux « fantasmes de l’insolite par leur irruption de violence49 ». Si les gens qui y assistent cherchent plus que le fait de « voir » la bête, la curiosité est toutefois un élément à prendre en considération, et l’existence au sein des affrontements d’animaux féroces ou rares contribue sans doute à renforcer leur attractivité. Cependant, la présence de ces derniers est relativement exceptionnelle dans les spectacles liégeois. La raison en est simple : ces animaux sont « trop chers pour qu’on expose franchement leur vie50 ».
17Parmi toutes les espèces qui se mesurent dans l’arène, les chiens sont ceux qui figurent le plus souvent sur la liste des « combattants » : ils se mesurent presque systématiquement à un taureau ou un ours, animaux qui se distinguent par leur force dont l’usage est imprévisible51. À ce sujet, Éric Baratay observe que les affrontements opposent généralement des bêtes sauvages (lion, ours…) à des animaux domestiques (chien, taureau, âne…)52. Il s’agit là de jauger des forces, de les mesurer et surtout de mettre face à face « nature » et « culture », opposition à la base du besoin de différenciation face au monde naturel et allant de pair avec l’anthropocentrisme caractérisant la société53. La victoire des chiens sur un ours ou un lion dont la force est attestée et connue de tous est interprétée comme le triomphe de la culture et donc de l’homme, qui y voit l’occasion de confirmer la domination qu’il exerce sur les autres espèces. La place de l’être humain au sein des vivants se doit d’être confirmée par le biais d’affrontements qui semblent à plusieurs reprises lui donner raison : la présence d’un « nouvel ours » et le remplacement de celui de Russie par le polonais en 1788 semblent démontrer – sous réserve des faiblesses d’un échantillon aussi mince – que cet animal est le plus fréquemment vaincu par les chiens. Robert D. Townson ne mentionne-t-il d’ailleurs pas que les combats, qui « n’annoncent que de la cruauté », voient des ours se faire « déchiqueter » par des dogues54. Certes, plusieurs de ces derniers se font certainement tuer, mais en envoyer parfois huit ou dix n’illustre-t-il pas une volonté de victoire de l’ami de l’homme quoiqu’il arrive55 ? Il s’agit également pour les organisateurs de faire durer le spectacle et d’en venir à l’épuisement progressif de la bête traquée de toutes parts. Par de telles oppositions de forces pouvant se révéler inéquitables, les contemporains semblent vouloir assurer le succès des chiens, êtres vivants domestiqués. Quant au rôle prépondérant de ces derniers, il s’explique par le tempérament féroce de l’animal. Buffon, dans son Histoire naturelle, souligne à plusieurs reprises le danger que représente le chien face aux animaux ennemis, mettant en avant son naturel « ardent » et son courage éclatant « à la guerre »56. Ce sont plus précisément les dogues anglais, les « boules-dogues » qui sont employés dans les combats, car ils répondent davantage à ces critères57. Les affrontements de coqs, encore actuellement pratiqués dans certaines régions du globe, exploitent quant à eux les penchants belliqueux et bagarreurs de l’animal58.
L’organisation des combats
18Les individus en charge de l’organisation des spectacles sont des particuliers, s’installant soit au sein de manèges, soit dans l’arrière-boutique ou la cour d’une auberge pour exercer leur profession59. Les batailles de 1770 et de 1775 se déroulent au manège, « sur le quai60 »(fig. 1). À partir de 1785, celles-ci ont lieu au « grand manège du Sieur Dujardin », à la porte de Vivegnis, à l’exception du combat de coqs, qui entraîne les visiteurs dans un domicile rue de Pierreuse61. Il est intéressant de constater qu’à Liège, ce divertissement prend presque systématiquement place dans des lieux destinés au dressage des chevaux. Le dénommé Dujardin est désigné comme étant le « Directeur de la ménagerie d’animaux62 ». En l’absence de données supplémentaires, il est difficile de saisir la portée de ce terme : cela signifie-t-il que cet individu dispose d’une ménagerie dans laquelle il puise pour faire combattre des animaux ? N’est-il pas néanmoins envisageable que les princes-évêques de Liège entretiennent une ménagerie et que Dujardin soit la personne en charge de celle-ci ? Il semble en tout cas plus que probable que ce dernier soit l’organisateur « officiel » du divertissement et le possesseur du manège. Il viserait ainsi par l’organisation de combats, la mise en scène d’animaux et leur sacrifice, à symboliser son statut, répondant à l’éthique nobiliaire63.
19Le directeur de la ménagerie demande également l’autorisation au prince-évêque pour la mise en place des affrontements. Même si une telle procédure n’est pas mentionnée explicitement avant 1788 et qu’aucune demande de ce type n’a été localisée dans la liasse du Conseil privé concernant les autorisations pour l’organisation de spectacles en ville64, la demande de l’aval de l’autorité compétente semble tout à fait normale. À Bruxelles, la permission d’organiser ceux-ci est accordée par l’Amman, qui préside le corps du magistrat65.
Asseoir sa domination
20Pourquoi un tel divertissement au terme du siècle des Lumières, à une époque qui enregistre une évolution des sensibilités, un recul de la violence et un adoucissement des mœurs, perceptibles à travers les propos de nombreux auteurs ? L’opposition nature-culture par le biais des espèces qui s’affrontent est-elle le seul élément à rentrer en ligne de compte dans cette volonté humaine de domination ? Pour répondre à ces questions, il convient de rappeler quelques éléments contextuels. Aux temps modernes, la suprématie de l’homme sur la nature est défendue avec véhémence par les théologiens et les intellectuels. Ceux-ci font appel à la philosophie classique ou à la Bible pour justifier la prédominance de l’homme sur les autres espèces. La société, tout comme l’Église, fait preuve d’un esprit fortement anthropocentrique et Descartes relègue l’animal au rang de machine. Buffon, quant à lui, juge l’emprise de l’homme sur les bêtes légitime, car fondée sur des lois « inaltérables » et sur un don de Dieu66.
21À la fin du xviiie siècle, cette vision de l’autre se renforce, sous l’impulsion de la manifestation d’un progrès de la civilisation, d’une prise de conscience par l’homme de sa place au sein de celle-ci67. Norbert Elias stipule que cette perception donne à l’être humain le sentiment de prendre part à une mission visant l’évolution, le développement de la société. Répondre à cet engagement et assurer le progrès du monde dans lequel évolue l’homme passe dès lors par le positionnement de ce dernier en tant qu’être dominant la nature, et donc les animaux68. Assurer l’évolution de la civilisation est en effet inconcevable sans une maîtrise du monde animal et la captation des ressources naturelles. Analysant la place des bestiaux dans l’historiographie de la fin du xviiie siècle, Nathaniel Wolloch montre d’ailleurs comment les auteurs de cette époque – dont Buffon – considèrent l’utilisation des animaux par les hommes comme une condition sine qua non du progrès humain69.
22La bête est donc une espèce inférieure au service de l’être humain dominant la nature70. Pour celui-ci, se rassurer et se conforter dans sa position de maître s’opère notamment par le biais de combats d’animaux. Ils lui permettent de disposer de leurs semblables selon son bon vouloir, et illustrent une scène :
« Où des créatures douées de la raison s’amusent à torturer celles qui sont, dit-on, privées de ce privilège71. »
23Le fait de penser et de raisonner – cette supériorité qui est l’apanage de l’être humain72 – lui donne tous les droits sur les animaux, dont celui de les faire s’entre-tuer dans des manèges. Les mener au combat, y assister, donne le sentiment de les maîtriser, de pouvoir disposer de ces êtres vivants tantôt tournés en dérision – le « Peccata » est qualifié de « ridicule »73 – tantôt tout bonnement déchiquetés à mort. Le phénomène est donc plus qu’un simple divertissement, il témoigne de l’attitude dominatrice de l’homme au sein de la civilisation occidentale, phénomène déjà observé précédemment.
24À travers l’étude de l’animal s’entrevoit la société humaine en elle-même, ses paradoxes, ses pratiques, ses usages et ses perceptions74. Cet élément bien mis en avant par des auteurs comme Erica Fudge ou Harriet Ritvo trouve un terrain d’application tout à fait pertinent dans l’étude des combats publics d’animaux. Pour les citadins de la seconde moitié du xviiie siècle, ceux-ci représentent avant tout un spectacle, satisfaisant les curiosités et les fantasmes humains par une irruption de violence, et comblant les besoins bien réels de « nature » et de « sauvage » dans la vie urbaine. Les combats font également croire en la découverte des bêtes, mettant en avant leur comportement nécessairement féroce, mais ils permettent aussi à l’homme de s’afficher en tant qu’être dominant les autres espèces. Ce processus de maîtrise de la nature s’accomplit tout d’abord à travers la victoire des animaux domestiqués par l’homme sur des bêtes sauvages. Ensuite, le simple fait de disposer des animaux et de les faire s’affronter pour le plaisir illustre cette volonté de domination. Celle-ci est d’autant plus forte sur les animaux grands, forts et rebelles comme le taureau ou l’ours. Avec les combats publics mettant en scène différentes espèces animales, l’homme se divertit en même temps qu’il se conforte dans sa position de maître incontesté de la nature, satisfaisant ses besoins au détriment d’espèces inférieures sur lesquelles il s’arroge tous les droits.
Bibliographie
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Wolloch Nathaniel, « Animals in Enlightenment Historiography », Huntington Library Quarterly, no 75, vol. 1, 2012, p. 53-68.
Zeller Olivier, « L’animal dans la ville d’Ancien Régime : quelques réflexions », Cahiers d’histoire, no 3-4, 1997, p. 543-554.
10.4000/ch.308 :Notes de bas de page
1 Un véritable chantier se constitue à partir de cette période, notamment avec les travaux pionniers de Robert Delort (Les animaux ont une histoire), la publication de l’article de Maurice Agulhon relatif à la protection des animaux (M. Agulhon, « Le sang des bêtes. Le problème de la protection des animaux en France au xixe siècle », p. 81-110), et la parution de la revue Anthropozoologica, qui encourage l’interdisciplinarité dans l’étude de l’homme et des bêtes.
2 O. Zeller, « L’animal dans la ville d’Ancien Régime : quelques réflexions », p. 544.
3 J.-L. Laffont (1998) ; C. Hodak (1999) ; P. Atkins (2012) ; H. Velten (2013) ; colloque organisé par la Société française d’histoire urbaine : « L’animal dans la ville, de l’Antiquité à l’époque contemporaine ».
4 J.-L. Laffont, « L’animal dans la ville à l’époque moderne. Le cas de Toulouse », p. 214.
5 Notamment : É. Baratay, É. Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe siècle) ; H. Liebrecht, Comédiens français d’autrefois à Bruxelles ; D. Lievoix, B. Van den Abeele, « Une ménagerie princière entre Moyen Âge et Renaissance. La Cour des Lions à Gand de 1421 à 1641 », p. 77-107. Dans la mesure où cette étude se focalise sur les combats d’animaux entre eux, nous ne prenons pas en compte les différents ouvrages relatifs à l’affrontement de l’homme face à l’animal, comme c’est le cas par exemple de la tauromachie.
6 Notamment : O. Spina, « De la cour à la ville : les combats d’animaux sauvages à Londres sous les derniers Tudor », p. 91-107 ; H. Velten (éd.), Beastly London. A history of Animals in the City; K. Kete, « Animal and Ideology: The Politics of Animal Protection in Europe », p. 19-34.
7 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 1759-1760 ; 1764-1795. Les éditions de la Gazette de Liège sont notamment conservées, à partir de l’année 1759, à la bibliothèque Ulysse Capitaine (Liège). Les années 1761-1763 sont néanmoins manquantes.
8 On aurait pu espérer recueillir davantage d’informations sur les « coulisses » du spectacle, notamment sur le(s) circuit(s) d’intégration des animaux dans la ville de Liège, sur l’éventuelle sélection et élevage d’espèces pour les affrontements ou encore sur le sort des animaux après le combat : les naturalistes ou les savants profitent-ils des dépouilles des bêtes mortes, comme cela s’observe en France ?.
9 J.-L. Laffont, « L’animal dans la ville à l’époque moderne. Le cas de Toulouse », p. 216-217 ; B. Bennassar, Histoire de la tauromachie : une société du spectacle ; K. Kete, « Animals and Ideology: The Politics of Animals Protection in Europe », p. 21 ; É. Baratay, É. Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe siècle), p. 34 ; H. Velten (éd.), Beastly London. A history of animals in the City, p. 104.
10 É. Baratay, « Le Zoo : un lieu politique (xvie-xixe siècle) », p. 24. Les combats d’animaux se multiplient dans la seconde moitié du xviie siècle du fait d’un enrichissement permettant à des individus de se rendre à ces spectacles ou de les organiser. É. Baratay, « La promotion de l’animal sensible. Une révolution dans la Révolution », p. 142.
11 R. D. Townson, Voyage en Hongrie […].
12 É. Baratay, É. Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe siècle), p. 28.
13 G. Hansotte, « Liège », p. 851-852.
14 Selon le Dictionnaire de l’Académie, ce terme populaire désigne un âne dans les combats publics d’animaux. « Peccata », dans Dictionnaire de l’Académie française (5ème édition), 1798.
15 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 8 juin 1770.
16 Ibid., 15 juin 1770.
17 Ibid., 23 juin 1788.
18 Blaireau. « Tesson », dans Antoine Furetière, Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes, et les Termes de toutes les sciences et des arts, 1690.
19 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 27 juin 1788.
20 B. Bennassar, Histoire de la tauromachie : une société du spectacle, p. 27.
21 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 23 et 27 juin 1788 ; Ibid., 8 juin 1770. Un feu d’artifice a également lieu le 15 juin de la même année en clôture des combats.
22 O. Spina, « De la cour à la ville : les combats d’animaux sauvages à Londres sous les derniers Tudor », p. 106.
23 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 15 avril 1785.
24 R. D. Townson, Voyage en Hongrie, t. 1, p. 20-21. Gaston Sévrette signale aussi ce mélange social dans le public des combats : G. Sévrette, Les animaux de cirque, de course et de combat, p. 157.
25 À souligner qu’il n’a pas été possible de savoir si ces affrontements donnent lieu à des paris.
26 É. Baratay, É. Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe siècle), p. 82.
27 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 8 juin 1770.
28 Ibid., 8 février 1788.
29 1 florin d’or = 5 florins Brabant-Liège = 100 patards = 100 sous = 400 liards. L’escalin a quant à lui la valeur de 10 sous au xviiie siècle. N. Haesenne-Peremans, La pauvreté dans la région liégeoise à l’aube de la révolution industrielle : un siècle de tension sociale (1730-1830), p. 354 et 480-483 ; J.-F. Angenot, Mille ans de commerce à Liège, p. 45, 47.
30 Cette situation est différente de celle observée plus tôt à Londres. O. Spina, « De la cour à la ville : les combats d’animaux sauvages à Londres sous les derniers Tudor », p. 104.
31 Cela est également constaté par Spina pour l’Angleterre. Ibid., p. 102.
32 M. J. Henninger-Voss, « Introduction », p. X ; K. Thomas, Dans le jardin de la nature. La mutation des sensibilités en Angleterre à l’époque moderne (1500-1800), p. 14.
33 R. D. Townson, Voyage en Hongrie […], t. 1, p. 20-22.
34 K. Kete, « Animals and Ideology: The Politics of Animals Protection in Europe », p. 22.
35 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 23 juin 1788.
36 L’origine lointaine de plusieurs animaux est logique : on ne les trouve pas – ou plus – dans nos régions.
37 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 29 décembre 1775.
38 Ibid., 8 février 1788.
39 R. Delort, Les animaux ont une histoire, p. 471.
40 É. Baratay, É. Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe siècle), p. 29.
41 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 29 décembre 1775.
42 Ibid., 23 juin 1788.
43 Ibid.
44 L. Ferry, Le nouvel ordre écologique. L’arbre, l’animal et l’homme, p. 108.
45 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 15 juin 1770. Il n’a pas été possible d’identifier cet animal.
46 Ibid., 29 décembre 1775. Sur les Lions captifs et au combat, voir notamment : D. Lievoix, B. Van den Abeele, « Une ménagerie princière entre Moyen Âge et Renaissance. La Cour des Lions à Gand de 1421 à 1641 », p. 83-84, 102.
47 F.-X. de Feller, Itinéraire, ou voyages de Mr. l’abbé Defeller en diverses parties de l’Europe : en Hongrie, en Transylvanie, en Esclavonie, en Bohême, en Pologne, en Italie, en Suisse, en Allemagne, en France, en Hollande, aux Pays-Bas, au Pays de Liège etc., Ouvrage posthume dans lequel se trouvent beaucoup d’Observations et de Réflexions intéressantes, t. 2, p. 305.
48 Le terme « exotique » apparaît vers 1845. L’utilisation de celui-ci, qui désigne les mondes étrangers, est donc ici anachronique. É. Baratay, « Le frisson sauvage : les zoos comme mise en scène de la curiosité », p. 33.
49 É. Baratay, É. Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe siècle), p. 81.
50 R. D. Townson, Voyage en Hongrie […], t. 1, p. 21.
51 G.-L. Leclerc, comte de Buffon, Histoire naturelle. Quadrupèdes, t. 1, p. 166. Le choix de l’ours s’explique également parce qu’il est considéré comme un excellent combattant au vu, notamment, de son maintien sur ses pattes arrière. O. Spina, « De la cour à la ville : les combats d’animaux sauvages à Londres sous les derniers Tudor », p. 98.
52 É. Baratay, É. Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe siècle), p. 29.
53 H. Ritvo, « At the Edge of the Garden: Nature and Domestication in Eighteenth-and Nineteenth-Century Britain », p. 364. Actuellement, Philippe Descola montre que cette division du monde entre deux entités dénommées « nature » et « culture » n’est que faiblement partagé par la société, dans le sens ou le concept de « nature » est une pure construction humaine qui n’existe pas aux yeux de nombreux contemporains. P. Descola, Par-delà Nature et Culture. Voir également G. Massard-Guilbaud, « Pour une histoire environnementale de l’urbain », p. 11-12.
54 R. D. Townson, Voyage en Hongrie […], t. 1, p. 20-21.
55 Les dogues participant au combat contre un ours le 29 juin 1788 sont au nombre de dix (Gazette de Liège…, 27 juin 1788). R. D. Townson signale que ceux-ci peuvent être également une petite dizaine contre un taureau dans les combats auxquels il a assisté. R. D. Townson, Voyage en Hongrie […], t. 1, p. 22.
56 G.-L. Leclerc, comte de Buffon, Histoire naturelle. Quadrupèdes, t. 1, p. 277, 279, 281.
57 Valmont de Bomare précise que ces chiens sont les plus hardis, les plus nerveux et les plus vigoureux de tous. J.-C. Valmont de Bomare, Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle […], t. 1, p. 629. Précisons qu’aucune autre espèce animale ne dispose de fonctions aussi variées et ne connait d’aussi forte diversité entre les races. R. Delort, Les animaux ont une histoire, p. 449-450.
58 Voir à ce sujet M. Pignolet, « La symbolique du Coq », p. 81-104.
59 Dans ce dernier cas, il s’agit d’espèces qui ne sont pas trop « encombrantes ». À Bruxelles, les forains devaient payer un droit, d’ailleurs souvent onéreux, pour pouvoir montrer leurs spectacles en ville. Aucune information à ce sujet n’a été trouvée pour Liège.
60 Il s’agit vraisemblablement de la place des chevaux, où la noblesse à le loisir d’y « exercer l’art du manège ». Même si la place est avant tout destinée à « l’exercice des chevaux » (au moins jusqu’en 1765), elle est aussi utilisée comme un lieu où se déroulent plusieurs festivités ainsi que des « amusements curieux ». T. Gobert, Liège à travers les âges : les rues de Liège, t. 4, p. 175-176 ; Ibid., t. 10, p. 120-121 ; P. L. de Saumery, Les délices du païs de Liège ou description des monuments sacrés et profanes, t. 1, p. 160. Le combat de 1770 est organisé par un certain Sieur Nicolet.
61 Les cartes et les plans de la ville n’ont malheureusement pas permis une localisation précise du « grand manège ».
62 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 23 juin 1788.
63 É. Baratay, É. Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe siècle), p. 29.
64 A.E.L., Conseil privé, no 1107.
65 H. Liebrecht, Comédiens français d’autrefois à Bruxelles, p. 184. Les archives du magistrat liégeois – résolutions, suppliques et comptabilité – ne contiennent aucune trace des combats ni de demandes pour les organiser.
66 G.-L. Leclerc, comte de Buffon, Histoire naturelle. Quadrupèdes, t. 1, p. 2.
67 N. Elias, The Civilizing Process.
68 N. Wolloch, « Animals in Enlightenment Historiography », p. 55.
69 Idem, p. 56.
70 K. Thomas, Dans le jardin de la nature. La mutation des sensibilités en Angleterre à l’époque moderne (1500-1800), p. 19-20 ; É. Baratay, Bêtes de somme : des animaux au service de l’homme, p. 93, 102.
71 R. D. Townson, Voyage en Hongrie […], t. 1, p. 22.
72 Voir à ce sujet : É. Fudge, Brutal reasoning. Animals, Rationality, and Humanity in Early Modern England.
73 Bibliothèque Ulysse Capitaine, Cap. 10 360, « Gazette de Liège, avec privilège », 23 juin 1788.
74 « The human is only ever meaningful when understood in relation to the not-human ». É. Fudge, « A Left-Hand Blow. Writing the Historyof Animals », p. 8-10. Voir également : H. Ritvo, « Animal Planet », p. 204-220.
Auteur
Assistant/doctorant en histoire, université catholique de Louvain, Faculté de Philosophie, Arts et Lettres
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
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