La chasse aux cygnes dans la vallée de la Somme : du marquage seigneurial au présent échevinal du xive au xviiie siècle
Résumé
Privilège et droit des seigneurs et des puissants, la chasse fut un marqueur social fort durant les périodes médiévale et moderne. Loin des forêts, la chasse aux cygnes (Cygnus sp.) fut pratiquée par les seigneurs de la Somme, entre les villes d’Amiens et Corbie, jusqu’à la veille de la Révolution. Ainsi, à l’occasion d’une chasse annuelle, l’évêque, le doyen du chapitre, les abbés de Saint-Acheul et Corbie et les seigneurs de Rivery, Blangy et Daours se réunissaient, avec des pêcheurs, afin de capturer les jeunes cygnes et les marquer sur le bec aux armes de chacun.
Texte intégral
1Véritable oiseau seigneurial, le cygne fut non seulement préservé et protégé par les seigneurs des eaux, mais il fut également considéré comme un véritable animal d’agrément et lâché, le plus souvent en couple, par ces mêmes seigneurs. Dans ce contexte social, il fut également offert vivant, avec d’autres grands oiseaux aquatiques, à quelques rois, princes, grands seigneurs et ambassadeurs par les maires et échevins de la ville d’Amiens, notamment durant les xve et xvie siècles. Toutefois, il fut également victime d’actes de braconnages volontaires ou involontaires à la grande tristesse de ses grands et puissants protecteurs.
2Dans un bassin fluvial largement aménagé et équipé pour le franchissement, la meunerie, la navigation ou la pêche, l’intérêt pour les oiseaux aquatiques migrateurs et sédentaires fut limité, d’après les sources documentaires, à la capture de grands oiseaux aquatiques, tels les butors (Botaurus stellaris), grues (Grus grus) et hérons (Ardea cinerea). Toutefois, il se manifesta également pour les cygnes (Cygnus olor) au niveau d’une petite portion de la vallée de la Somme, entre les villes d’Amiens et Corbie. Dans un environnement fluvial particulier, il se transforma en une véritable campagne annuelle de chasse pour les grands seigneurs concernés. Fort de cette pratique unique mais bien réelle, cet intérêt pour ces grands oiseaux blancs se transmit également aux autorités échevinales et prit alors la forme d’un signe manifeste de décoration vivante et de fierté, révélatrice d’un signe d’ornement social indiscutable jusqu’à la veille de la Révolution.
Un environnement fluvial spécifique
Des paysages fluviaux multiples et diversifiés pour un oiseau unique
3Avec 245 km de longueur, dont 13 km d’estuaire, la Somme est le plus long fleuve côtier localisé au nord de la Seine. Elle draine également le plus vaste bassin versant naturel du nord de la France avec une superficie de 6 550 km2. Fleuve de plaine1, elle présente un écoulement relativement lent, propice à la navigation fluviale, et une large vallée alluviale humide, favorable à la végétation aquatique. En effet, avec une pente naturelle moyenne de 0,45 ‰, réduite à une pente moyenne au fil de l’eau de 0,1 ‰, et un gradient d’énergie décroissant avec la pente, elle présente nettement un style fluvial à méandres. Avec un écoulement général d’est en ouest, elle subit toutefois plusieurs changements de direction, de la source à l’estuaire, qui participent à une diversité paysagère notable dans un bassin crayeux homogène. Ainsi, à l’échelle de son bassin fluvial, la Somme possède à la fois des méandres encaissés, contraints par le substrat crayeux, des méandres libres et des méandres anastomosés, barrés par des chaussées-barrages2.
4Durant le xviiie siècle, la Somme apparaissait comme un fleuve calme blotti dans une vallée marécageuse. En amont de la ville de Saint-Quentin, elle était formée de quatre étangs successifs, retenus par des digues transversales. En aval et jusqu’au village de Sailly-Laurette, elle était barrée par 31 digues, construites en moellons de craie, qui délimitaient autant de biefs, semblables aux étangs existant en amont. Elle s’apparentait alors plus à une large zone inondée, uniquement franchissable au niveau des digues devenues de véritables chaussées-barrages3. En aval, à partir de la ville de Corbie, point de départ de la portion navigable, elle présentait un cours sinueux avec des méandres dépourvus de bras secondaire. En aval de la confluence avec le cours de l’Avre, au niveau du village de Camon, jusqu’aux limites de la ville d’Amiens, elle se distinguait par une multitude de canaux et d’îles artificielles qui constituaient les hortillonnages4. Au niveau de la ville d’Amiens, elle se ramifiait en douze bras, largement aménagés et équipés au fil des siècles. En aval jusqu’à la ville d’Abbeville, elle présentait un cours relativement rectiligne avec des méandres peu marqués pourvus de bras secondaires. Enfin, dans l’estuaire, en aval d’Abbeville, elle accumulait d’importantes quantités de sables marins, déposés par les flots, qui formaient autant de bancs et hauts fonds, hostiles à la navigation.
5La Somme montre le résultat d’une longue évolution au cours de laquelle elle a creusé, déplacé et modifié son lit mineur, au gré de sa dynamique. Elle s’écoule paisiblement dans un environnement marécageux, gorgé d’eau en permanence, mais dans lequel il est quasiment impossible de distinguer d’anciens bras secondaires remaniés ou d’éventuels bras morts parmi les multiples chapelets de plans d’eau, aux formes incertaines, qui bordent le lit mineur. En fait, en aval de la ville de Corbie, elle est composée de deux espaces : le lit mineur avec ponctuellement quelques bras secondaires, et une bande d’étangs et de marais qui s’inscrit dans la vallée comme le marquage humide et verdoyant d’un lit majeur qui ne serait plus inondé qu’occasionnellement, mais qui constitue une succession de biotopes propices à une avifaune diversifiée. Elle dispose ainsi d’une vaste zone tampon qui absorbe de grandes quantités d’eau et limite ses excès de crue, en période de hautes eaux, ou d’étiage, en période de basses eaux. Elle offre donc une importante diversité et superficie de zones humides pour les oiseaux aquatiques.
Une concentration remarquable de seigneurs des eaux entre deux villes
6Établis sur les bords de la Somme, entre le confluent avec l’Avre vers l’amont, et celui avec la Selle vers l’aval, les habitants de la ville d’Amiens se lièrent par un serment communal et s’opposèrent ainsi au pouvoir comtal durant l’année 1113 puis obtinrent la reconnaissance du pouvoir communal en 11175. Représentés par un maire et des échevins, ils ne disposaient pas du cours du fleuve mais uniquement des larges fossés qui furent creusés autour de l’enceinte urbaine, et qui constituaient néanmoins une zone inondée uniquement utilisée pour la pêche6. Toutefois, en dépit de leur absence de pouvoir sur les eaux de fleuve, ils laissèrent de nombreux documents médiévaux et modernes relatifs aux cygnes.
7En revanche, installés dans un palais épiscopal dominant un bras de l’Avre, appelé le rieu du Hocquet, et une partie des divers bras de la Somme, les évêques successifs de la ville d’Amiens disposaient d’une importante portion du fleuve. En effet, ils détenaient le cours du fleuve et les divers droits associés, dont le droit de pêche, depuis le lieu-dit « l’attache de Montières », situé en aval de la ville, jusqu’à la borne de Camon, plantée à l’extrémité de la Voirie au lieu-dit « Ravine »7. En dépit de cette importante seigneurie des eaux, ils ne laissèrent que peu de documents mentionnant la capture de cygnes.
8Regroupés autour de la cathédrale d’Amiens qui dominait la vallée de la Somme, les religieux du chapitre habitaient le quartier canonial, tourné vers la partie haute de la ville. Concurrents directs de l’évêque en matière de seigneurie des eaux, ils disposaient des eaux du fleuve et des droits associés, dont le droit de pêche, depuis la borne de Camon et donc sur les seigneuries de Camon et Longueau8. De plus, ils détenaient également une portion du cours de l’Avre, en amont du confluent avec le cours de la Somme9. D’après un mémoire, réalisé durant le xviiie siècle, les religieux du chapitre n’avaient pu fournir de titre relatif à l’exercice de la haute justice sur le cours de la Somme, dans l’étendue de la ville d’Amiens, puisque celle-ci appartenait au roi, à cause de la prévôté royale à laquelle la ville était attachée depuis 1597, année durant laquelle cette justice fut retirée au maire et aux échevins pour être confiée au prévôt royal et au lieutenant général. En conséquence, ils disposaient uniquement du courant de l’eau10. Incontestablement, ils produisirent et laissèrent le plus grand nombre de documents relatifs à la chasse aux cygnes durant l’époque moderne.
9Entre les villes d’Amiens et Corbie (fig. 1), les seigneuries laïques de Blangy, Daours et Rivery, comparables par leur territoire à celui des actuelles communes, étaient également traversées par le cours la Somme. Hormis la seigneurie de Daours, elles laissèrent très peu de documents et aucun ne mentionne la chasse aux cygnes.
10Établis sur les bords de la Somme, au niveau de la confluence avec l’Ancre depuis l’année 657, les moines bénédictins de l’abbaye de Corbie jouèrent un rôle politique important durant le règne de Charlemagne. Au fil des siècles, ils ne cessèrent d’accroître leur importance économique, leur pouvoir politique et leur patrimoine foncier. Ainsi, ils possédaient et géraient une très vaste portion des eaux de la Somme qui s’étendait depuis le terroir d’Aubigny11, situé en aval de Corbie, jusqu’au terroir d’Étinehem, situé à la limite du terroir de la ville de Bray12. Durant l’époque moderne, ils confièrent l’exploitation de leurs nombreux droits de pêche et pêcheries fixes, les viers, à des fermiers. En dépit d’un important et riche fonds documentaire, concernant notamment la seigneurie des eaux, ces moines laissèrent très peu de documents relatifs à la chasse aux cygnes.
Une pratique particulière et unique
Un oiseau aquatique unique
11Les cygnes appartiennent à la famille des anatidés, comme les oies et les canards. Sous le genre Cygnus, ils se répartissent en plusieurs espèces : le cygne chanteur (Cygnus cygnus), le cygne tuberculé (Cygnus olor) et le cygne de Bewick (Cygnus columbianus bewickii). Les représentants de ces trois espèces peuplent diverses parties de l’Europe occidentale, pour le deuxième, et septentrionale, pour les deux autres. Reconnaissables par leur plumage d’un blanc immaculé, les cygnes sont pourvus d’un long cou recourbé qui leur donne une allure caractéristique sur l’eau. En opposition avec cette blancheur, ils possèdent de courtes mais puissantes pattes noires, dotées de larges pieds palmés, particulièrement utiles pour l’envol et la nage (fig. 2). Au niveau de la tête, ils arborent des yeux noirs et un bec noir avec des teintes jaune ou orange qui permettent de distinguer les différentes espèces. Ainsi le cygne tuberculé est reconnaissable à son bec rond de couleur orangé recourbé vers le bas à l’extrémité et surmonté d’une protubérance noire sur le front, au-dessous des yeux, qui lui vaut son qualificatif. Le cygne chanteur est doté de petits yeux noirs et d’un bec triangulaire noir avec une insertion jaune qui est beaucoup plus réduite chez le cygne de Bewick.
12Les cygnes vivent dans des milieux tempérés de la région paléarctique et présentent un comportement migratoire total, pour le cygne chanteur et le cygne de Bewick, ou partiel, pour le cygne tuberculé. Ainsi, les individus des deux premières espèces, totalement migratrices, occupent rarement le nord de la France, plus couramment les îles britanniques et les Pays-Bas en hiver, mais peuplent les zones septentrionales de toundra en été, notamment pour la reproduction et la nidification. En revanche, les cygnes tuberculés présentent des comportements migratoires en fonction de leur zone d’habitat, les populations les plus septentrionales du Danemark seront ainsi plus sujettes aux migrations hivernales que les populations du Val de Loire.
13Les cygnes ne présentent pas de dimorphisme sexuel, mais les mâles sont généralement plus grands et plus lourds que les femelles. À l’âge adulte, les cygnes tuberculés peuvent atteindre 10 à 23 kg pour 1,45 à 1,55 m de longueur et 2,16 à 2,36 m d’envergure. Les cygnes chanteurs, plus petits que les précédents, varient de 7 à 12 kg pour 1,25 à 1,50 m de longueur et 2,10 à 2,50 m d’envergure. Enfin, les cygnes de Bewick, également appelés cygnes nains, sont les plus petits et pèsent 3 à 8 kg pour 1,07 à 1,22 m de longueur et 1,86 à 1,93 m d’envergure. Les cygnes tuberculés, concernés par ce travail de recherche, sont les plus grands représentants de la famille des anatidés et figurent parmi les plus grands oiseaux volants. Avec un régime alimentaire majoritairement herbivore, ils se nourrissent de feuilles, racines, tiges et tubercules de plantes aquatiques immergées, mais remontent également brouter sur les rives ; ils avalent inévitablement divers insectes, larves et mollusques aquatiques.
14Monogames, les cygnes tuberculés peuvent vivre et rester en couple plusieurs années, voire à vie. Une fois en couple, ils construisent, sur le sol mais à proximité de l’eau, un nid, formé de roseaux entrelacés, qui atteint généralement un mètre de diamètre, et dans lequel la femelle dépose 4 à 7 œufs13, entre la fin du mois de mars et le mois de mai. Contrairement à la majorité des espèces d’anatidés, les cygnes assurent l’incubation des œufs en couple durant 34 à 45 jours. Durant la nidification, ils sont particulièrement agressifs et défendent leur nid puis leurs poussins avec force et acharnement. Il convient de souligner qu’en dépit de leur taille, les petits des cygnes sont qualifiés de poussins et sont recouverts d’un duvet gris à brun (fig. 3).
15Au milieu du xvie siècle, seul le cygne tuberculé fut identifié et décrit par Pierre Belon du Mans. Il était alors connu par les termes cygnos en grec, olor en latin et cygne en français. Désigné comme le plus grand des oiseaux de rivière, il était facilement reconnaissable par son bec rond, surmonté d’une bosse noire. Qualifié d’oiseau exquis, le cygne n’était que très rarement mangé, excepté lors de festins publics ou à la table des grands seigneurs14. Pour Georges Louis Leclerc de Buffon, le cygne décorait et embellissait tous les lieux qu’il fréquentait (fig. 4). Considéré comme un véritable oiseau d’ornement, il décorait les bassins des maisons royales, fossés des châteaux et la plupart des rivières dont celles de la capitale :
« Le cygne règne sur les eaux à tous les titres qui fondent un empire de paix, la grandeur, la majesté, la douceur ; avec des puissances, des forces, du courage et la volonté de n’en pas abuser, et de ne les employer que pour la défense. Il sait combattre et vaincre, sans jamais attaquer ; roi paisible des oiseaux d’eau, il brave les tyrans de l’air ; il attend l’aigle sans le provoquer, sans le craindre ; il repousse ses assauts, en opposant à ses armées la résistance de ses plumes, et les coups précipités d’une aile vigoureuse qui lui sert d’égide, et souvent la victoire couronne ses efforts15. »
16Pour ce naturaliste, le cygne tuberculé, qualifié de domestique, se distinguait du cygne chanteur, qualifié de sauvage, par la taille mais surtout par la forme et la couleur du bec. Il présentait une chair noire et dure, servie comme un plat de parade lors de festins16. Il convient de souligner cette distinction entre un cygne domestique et un cygne sauvage. Avec des comportements migratoires, il n’était pas possible de capturer des jeunes cygnes chantants puisque les géniteurs passaient l’hiver dans des contrées tempérées et se reproduisaient dans des zones de toundra. De ce fait, seuls des jeunes cygnes tuberculés pouvaient être capturés et utilisés comme oiseaux d’ornement sur différents plans d’eau, en ayant pris soin toutefois de leur couper les plumes des ailes afin qu’ils ne puissent plus voler.
Une capture annuelle pour un marquage particulier
17D’après un registre d’inventaire des titres et papiers de l’évêché d’Amiens, fait entre 1744 et 1746, la chasse aux cygnes fit l’objet de procédures au bailliage d’Amiens entre les officiers du spirituel de l’évêché d’Amiens et ceux de l’abbaye de Corbie durant l’année 1453. Elle se pratiquait sur le cours de la Somme, depuis la ville de Corbie, vers l’amont, jusqu’au Grand pont, construit dans la partie septentrionale de la ville d’Amiens17. Pour Louis-François Daire, cette chasse seigneuriale qui appartenait à l’évêque d’Amiens, au doyen du chapitre de la cathédrale d’Amiens, à l’abbé de Corbie, au vidame d’Amiens à cause de la baronnie de Daours, au seigneur de Rivery et au seigneur de Blangy n’était pas une véritable chasse. Elle rassemblait toutefois une foule de seigneurs ou leurs représentants et divers participants au point de couvrir la Somme de bateaux chargés de personnes18. À partir du 31 juillet 1528, cette chasse annuelle fit l’objet d’un procès-verbal qui listait notamment tous les participants : seigneurs ecclésiastiques et laïcs ou leurs représentants et leurs pêcheurs respectifs19.
18Ainsi, chaque année, le 1er mardi du mois d’août, après l’indiction, faite par l’abbé de Corbie, en qualité de seigneur des eaux, et la réception de l’indiction, certifiée par l’évêque d’Amiens, la chasse aux cygnes pouvait commencer. Au niveau de la ville d’Amiens, vers 9 heures du matin, elle débutait par le rassemblement des seigneurs ou de leurs baillis dans leurs bateaux, vraisemblablement au niveau du port du Don aménagé en contrebas de la cathédrale, afin de passer sous le pont du Cange, qui matérialisait la sortie orientale de la ville d’Amiens, et de remonter le courant à l’aviron vers la ville de Corbie (fig. 5). Au niveau de cette ville, vraisemblablement à la même heure, elle débutait par le départ du bateau de l’abbé de Corbie qui descendait le courant afin de retrouver, vers 11 heures du matin, les autres bateaux au niveau du village de Lamotte-Brebières, en amont du village de Camon. À cet endroit, elle se poursuivait par un procès-verbal, présidé par le bailli de l’abbé de Corbie, dans lequel les pêcheurs de chaque seigneur prêtaient serment sur la présence et le nombre de cygnes nouvellement couvés. Une fois ces formalités remplies, la chasse aux cygnes se poursuivait activement avec la capture des jeunes oiseaux.
19En fonction de la marque repérée sur le bec de chacun des parents du couple, les jeunes cygnes étaient attribués à un ou deux seigneurs propriétaires des oiseaux. En cas de couple appartenant à deux seigneurs, les jeunes étaient répartis entre les deux seigneurs par moitié ; en cas de nombres impairs, un des seigneurs pouvait alors être redevable d’un demi-cygne à un autre à la fin de la journée. En fonction de la marque visible sur le bec de chaque parent, les poussins étaient également marqués sur le bec avec un fer chaud, à savoir une crosse sur le côté droit pour l’évêque Amiens, une croix de long et de travers pour le doyen du chapitre, une clef pour l’abbé de Corbie, un écusson des deux côtés pour le vidame et seigneur Daours, une barre en travers pour le seigneur Rivery et un écusson du côté gauche pour le seigneur de Blangy. Ainsi marqués comme leurs géniteurs, les jeunes les cygnes étaient ensuite remis à l’eau après que l’extrémité d’une de leurs ailes ait été coupée. Ainsi empêchés, ils ne pouvaient s’envoler et restaient dans cette portion du fleuve, sous la protection des seigneurs des eaux20.
20Cette grande chasse aquatique devait livrer un spectacle surprenant et unique puisqu’elle conduisait les plus grands seigneurs des eaux, ecclésiastiques et laïcs, sur les eaux du fleuve dans des bateaux de pêcheurs ; la présence d’un évêque ou d’un abbé bénédictin en habits religieux devait être particulièrement surprenante. Cette activité singulière imposa l’utilisation d’embarcations dont la forme et la taille demeurent malheureusement inconnues alors que la fonction première était la pêche fluviale. Afin de réaliser de telles captures, elle imposait le déplacement sur les eaux du fleuve et des multiples rieux qui singularisaient les hortillonnages, en amont de la ville d’Amiens, ainsi que la capture d’oiseaux. De ce fait, elle appelait logiquement la participation des pêcheurs d’eau douce qui disposaient à la fois des bateaux pour les déplacements et des filets pour les captures.
21Préposés à la capture de poissons, les pêcheurs étaient également sous l’autorité des seigneurs, soit en qualité d’habitants de la seigneurie, soit en qualité de fermiers des droits de pêche. Ils pouvaient être appelés ou sollicités, à discrétion, pour capturer ou pêcher de jeunes cygnes, comme ce fut indiqué dans quelques documents de l’époque moderne. Durant les xviie et xviiie siècles, les preneurs des baux de droits de pêche dans les eaux de la Somme étaient tenus d’utiliser leurs bateaux pour conduire les seigneurs à la chasse aux cygnes tous les ans et sans rémunération supplémentaire. Ainsi, d’après les baux à ferme du droit de pêche dans les seigneuries de Camon et Longueau, datés des 28 novembre 1637, 27 février 1649, 28 janvier 1667 et 8 novembre 1683, les pêcheurs étaient tenus de transporter les officiers des religieux du chapitre21. Selon un dernier bail de ce droit de pêche dans la Somme, daté du 2 novembre 1765, le fermier, poissonnier de son état, devait toujours remplir cette obligation, payer une redevance annuelle de 300 livres et entretenir la montée du Pré Porus22.
22Activité seigneuriale, la capture des cygnes fut conduite chaque année sur les eaux de la Somme entre les villes d’Amiens et Corbie23. Cependant, le 31 juillet 1683, dans l’attente de la confirmation du décès de la reine, la chasse aux cygnes, prévue 3 jours plus tard, soit le 1er mardi d’août, fut suspendue et les préparatifs de ce divertissement collectif, qui se faisaient alors au niveau du Don, furent interdits par les échevins. Le 2 août, une fois le décès confirmé, la chasse aux cygnes, prévue le lendemain, fut effectivement interdite sauf pour les 5 ou 6 seigneurs qui étaient obligés d’y aller afin de marquer les jeunes cygnes mais qui, une fois leurs fonctions faites, devaient revenir et rentrer dans la ville24. D’après le compte des revenus de l’église d’Amiens du 1er octobre 1787 au 30 septembre 1788, cette pratique occasionnait le paiement de 10 livres aux enfants de chœur du chapitre25. Le 1er août 1789, la chasse aux cygnes, connue et reconnue comme une fête organisée le 1er mardi de chaque mois d’août, fut unanimement interdite par une ordonnance publiée le même jour et conformément à celle qui avait également été publiée le 14 août 178126.
Un intérêt manifeste pour les cygnes dès le Moyen Âge
Des présents offerts aux rois ou leurs représentants de passage
23La veille de Pâques 1438, un jeune cygne, payé 12 sols, 6 oisons gras et 12 poussins, payés 44 sols, furent offerts par les échevins de la ville d’Amiens au bailli de la ville ; celui-ci avait déjà reçu 2 butors, 6 chapons et 6 lapins (Oryctolagus cuniculus) durant le mois de février de l’année précédente27. À l’occasion de son passage dans la ville d’Amiens, entre les 20 et 27 mai 1493, 12 cygnes ainsi que 12 paons (Pavo cristatus), 12 faisans (Phasianus colchicus), 12 grues, 12 butors et 12 hérons rouges, qui pourraient être identifiés comme des hérons pourprés (Ardea purpurea), furent offerts vivants par les échevins de cette ville au roi de France, Charles VIII28. En revanche, le 6 avril 1510, 2 cygnes seulement ainsi que 6 lièvres (Lepus europaeus), 2 faisans, 12 lapins, 24 poussins, 6 chapons gras et 2 paons furent présentés en cadeau de bienvenue à l’abbé de Fécamp, lors de son passage dans la ville à son retour d’Angleterre ; il était alors accompagné des ambassadeurs du roi de France, pour un traité de paix et d’alliance avec le roi d’Angleterre29.
24Il convient d’évoquer deux situations comparables : en mai 1510, soit 2 mois après le passage des ambassadeurs du roi de France, seuls 4 hérons, 4 butors, 4 bihoreaux (Nycticorax nycticorax), 12 chapons gras et 12 lapins furent offerts à la mère du lieutenant général du roi en Picardie30, et de même, au cours de l’année 1536, seuls 6 hérons, 5 douzaines et demie de cailles (Coturnix coturnix), 6 levrauts (Lepus europaeus) et un butor furent présentés vivants aux ambassadeurs d’Écosse, lors de leur arrivée dans la ville d’Amiens31. Il semble donc que les présents de cygnes, oiseaux nobles dans la description de Buffon, soient limités et réservés aux rois de France ou leurs représentants directs.
25Ainsi, lors de son séjour dans la ville d’Amiens, entre les 17 et 19 juin 1517, des cygnes, hérons, faisans et autres volatiles, malheureusement sans précision de quantité, furent placés dans 16 cages et présentés, par les échevins de la ville32, au roi de France33 François 1er. D’après une délibération de l’échevinage d’Amiens, en date du 14 juin 1565, 2 cygnes ainsi que 4 faisans, 4 hérons, 4 aigrettes (Egretta garzetta), 4 bihoreaux, 4 gros chapons, 4 perdrix, 4 levrauts, 4 oisons gras, 2 paons et 2 coqs d’Inde, à savoir des dindons (Meleagris gallopavo)34, et 24 cailles devaient être présentés dans des cages et offerts au prince de Condé lors de son arrivée dans la ville prévue le 20 du mois35. De même, en prévision de la prise de fonction du duc de Longueville, à la tête du gouvernement de Picardie en septembre 1570, deux vieux cygnes furent achetés à Lille avec d’autres volatiles afin de lui offrir. Toutefois, en raison de son absence, ils furent offerts à monseigneur de Piennes, lieutenant général du roi dans ce gouvernement et furent conduits, à sa demande, à Lannoy36.
26En 1578, 2 cygnes, à savoir un mâle et une femelle, furent pêchés dans la Somme par plusieurs hommes, dont un pâtissier, avec l’autorisation des religieux du chapitre d’Amiens. Ils furent ensuite envoyés à Chantilly afin d’être offerts à monseigneur le maréchal de Montmorency par les échevins de la ville d’Amiens37. Durant l’été de l’année 1591, 2 autres cygnes furent capturés dans les fossés de la ville par 2 sergents du guet de nuit et 6 autres hommes puis offerts à la duchesse d’Aumale38. Le 18 août 1594, 6 cygnes, 6 faisans, 6 hérons, 6 paons, 6 coqs d’Inde, 6 aigrettes, 6 butors, 6 cigognes, 6 douzaines de cailles, 6 gros chapons, 36 perdreaux et autant de bécassines furent offerts par les échevins au roi Henri IV lors de son entrée dans la ville d’Amiens39.
27Au début du mois de janvier 1612, 2 couples de cygnes furent livrés à Paris par un marchand de volailles à la demande des échevins de la ville d’Amiens40. En 1620, lors de sa venue dans la ville d’Amiens, 2 cygnes, ainsi qu’un couple de paons, 2 coqs d’Inde, 2 faisans, 2 hérons et plusieurs autres oiseaux furent présentés et offerts au marquis d’Albert et duc de Luynes. Le 7 juin 1625, 6 cygnes, 6 paons, 6 faisans, 12 dindons et divers autres oiseaux par douzaines furent présentés à la reine d’Angleterre, Henriette de France, qui passa par la ville d’Amiens afin de regagner l’Angleterre ; à la demande du roi de France, elle fut reçue avec les égards dus à un roi de France et était accompagnée de la reine de France, la reine mère, le frère du roi41.
28Ce florilège de présents, largement constitués d’oiseaux et notamment de grands oiseaux aquatiques dont les cygnes, montre l’intérêt constant pour ce grand oiseau blanc, du deuxième tiers du xve siècle au premier quart du xviie siècle. Il indique également le niveau d’importance des visiteurs, gratifiés de provisions dignes d’un roi, mais également l’investissement financier des maires et échevins de la ville qui, en fonction des dignitaires optaient pour la diversité, la quantité, la rareté ou la taille des oiseaux et des poissons42. À l’image des événements précédents, il livre des informations précieuses sur l’avifaune aquatique d’une partie du bassin de la Somme, durant cette période. Il fournit également, des accumulations particulièrement prestigieuses d’oiseaux aquatiques, forestiers et exotiques puisque le faisan, introduit en Europe durant le Moyen Âge, était originaire d’Asie et le dindon, introduit en Europe au début du xvie siècle, d’Amérique.
29Si les espèces introduites comme le dindon, le faisan ou le paon faisaient très vraisemblablement l’objet d’un élevage attentif et onéreux, mais propice à un approvisionnement immédiat, les espèces sauvages aquatiques devaient faire l’objet d’une chasse et d’une capture au filet en pleine période de nidification. Principalement destinés aux banquets, festivités et réceptions, les oiseaux de grande taille, particulièrement imposants sur une table et révélateurs de l’importance de l’occasion, indiquaient non seulement le prestige du repas, mais également le prestige des hôtes ; au point de conduire des particuliers peu fortunés à des dépenses et des excès inconsidérés. Dans ce contexte et afin d’éviter les abus, divers gibiers et sauvagines, dont les aigrettes, butors, cygnes, grues cendrées, pluviers, sarcelles et vanneaux, furent interdits à la vente chez les cabaretiers et pâtissiers au début de l’année 1465 ; une autre ordonnance de l’échevinage d’Amiens fut prise, afin de limiter les dépenses excessives des habitants, au début de l’année 155843. Il convient de souligner que ces mesures préventives, sur le plan financier, pourraient également être associées à des difficultés d’approvisionnement en oiseaux et en petits gibiers dans un environnement en pleine mutation.
Un signe social d’ornement manifeste
30Capturés, marqués et protégés par des seigneurs des eaux soucieux de les préserver, les cygnes constituaient indéniablement un signe social fort, représentatif de la puissance seigneuriale. De ce fait, lorsque l’un des cygnes des religieux du chapitre fut blessé par un tir d’arquebuse et en mourut le 3 janvier 1573, les sergents des chanoines furent envoyés au village de Camon afin de perquisitionner dans toutes les maisons et saisir les différentes armes à feu44. Il convient de souligner que divers édits interdisaient la détention de ces armes, mais qu’elles étaient paradoxalement utilisées pour chasser des bécasses, bécassines et canards sur le fleuve, notamment sur autorisation du cellérier des eaux de l’abbaye de Corbie45. Ainsi défendus et protégés des menaces humaines par leur seigneur, les cygnes prenaient une importance sociale particulière et voyaient croître leur prestige ornemental.
31En 1581, moyennant 2 écus, une femelle cygne fut livrée aux échevins de la ville d’Amiens par un pourvoyeur. Elle fut relâchée au fossé de la Porte de la Hautoie en vue d’un accouplement avec un cygne mâle46. En 1593, 2 cygnes de cette ville furent recherchés jusqu’au village de Montières par 5 hommes répartis dans 2 bateaux. Peu de temps après, un autre cygne de la ville fut capturé par 4 des 5 hommes, partis le chercher avec un bateau au village de Dreuil47. Enfin, durant l’année 1595, les cygnes fugueurs furent empêchés d’escapade vers l’aval par la construction et l’installation d’une claie dans le bras de rivière qu’ils peuplaient48. Le 17 août 1605, 2 cygnes portant la marque de l’évêque d’Amiens furent lâchés au niveau du pont du Cange, vers 4 heures de l’après-midi. Le lendemain, 2 autres cygnes marqués furent également lâchés par le seigneur de Daours alors que le cellérier de Corbie faisait connaître son avis pour le jour de la chasse annuelle. Le 2 août de l’année suivante, les officiers du seigneur de Blangy donnèrent leur avis afin d’effectuer la chasse aux cygnes le mardi suivant, à savoir le 8 août, selon la manière habituelle49.
32Véritables icônes des seigneurs des eaux entre ces deux villes, les cygnes faisaient non seulement l’objet de toutes les attentions de la part de ces seigneurs, mais ils faisaient également l’objet de présents ornementaux voire de transfert entre échevinages. Dans une lettre du 2 août 1757, M. Ducrocquet demanda en post-scriptum à l’intendant de Picardie s’il souhaitait qu’il lui fasse pêcher 2 cygnes pour son beau canal, car il croyait que cela y ferait bien. Dans une autre lettre du 6 août suivant, il évoqua l’envoi de 4 cygnes. Enfin, dans une dernière lettre du 8 août, il lui livra quelques renseignements sur l’éducation des cygnes50.
33Par une lettre datée du 15 avril 1773, les officiers municipaux d’Amiens remercièrent le maire et les échevins de Lille pour l’envoi d’un cygne, mis avec leur vieux cygne. Ils précisèrent toutefois l’absence de rapprochement entre les deux oiseaux et qu’en fait le cygne envoyé était un mâle et non une femelle. Ils terminèrent en indiquant leur besoin d’obtenir une femelle. Le même jour, ils envoyèrent également une lettre au maire et aux échevins d’Hesdin. Ils leur expliquèrent que les bords de la Somme, autrefois si peuplés de cygnes, étaient alors réduits à un seul mâle et qu’ils désiraient lui donner société. Ils leur rappelèrent qu’ils avaient déjà eu la bonté de leur faire offrir un couple de leurs cygnes et demandèrent l’envoi d’un jeune mâle et d’une jeune femelle afin de constituer une nouvelle génération. Le 10 mai suivant, ils reçurent une réponse indiquant que malgré les efforts réitérés du batelier, il lui était impossible d’en prendre, mais que plusieurs femelles couvaient et que deux petits seraient envoyés dès qu’ils seraient assez forts pour supporter le voyage. Le 26 décembre 1773, ils les remercièrent pour leur présent de 2 jeunes cygnes qu’ils avaient eu la bonté de leur envoyer et qui paraissaient se plaire dans les canaux51.
34Le 4 juin 1774, les officiers municipaux d’Amiens informèrent les officiers municipaux de Lille que le jeune cygne qu’ils leur avaient envoyé était un mâle et non une femelle et qu’il avait déserté les rives de la ville. En conséquence, ils leur demandèrent un couple en remplacement. Le 20 juin suivant, ils les remercièrent et exprimèrent toute leur reconnaissance pour le couple de jeunes cygnes qu’ils leur avaient envoyé52. Enfin, d’après le registre d’ordre de l’intendance de Picardie, le 16 mars 1784, le baron de Courville donna avis d’un envoi de cygnes sauvages et chantants pour monsieur de Villedeuil53. Ces derniers exemples d’envois de cygnes restituent, une fois encore l’importance de ces oiseaux comme présent et signe d’ornement pour les grands et puissants jusqu’à la veille de la Révolution.
35Sur les eaux de la Somme, entre les villes d’Amiens et Corbie, plusieurs seigneurs se partagèrent la possession des animaux et des droits. Ainsi, non contents de pouvoir exercer la justice et affermer les droits de pêche dans les eaux en se réservant les plus belles prises, ils pratiquèrent une chasse singulière incontestablement liée à la particularité et l’unicité du plus grand oiseau aquatique du royaume : le cygne tuberculé. En faisant capturer et marquer sur le bec les jeunes oiseaux, ils affirmaient et garantissaient ainsi leurs possessions respectives y compris sur des êtres vivants capables de voler et donc de quitter leurs terres ou plus exactement leurs eaux.
36Utilisés comme présents pour les rois, princes et hauts dignitaires du royaume, en association avec d’autres grands oiseaux aquatiques durant le xve siècle, les cygnes tuberculés furent également associés à des oiseaux exotiques, originaires d’Asie ou des Amériques durant l’époque moderne. De grande taille, ils étaient, comme les autres mammifères oiseaux et poissons, présentés en vie dans des cages, généralement construites pour l’occasion. Par leur blancheur immaculée, ils symbolisaient incontestablement la pureté et la supériorité, associées à l’hôte prestigieux de la ville.
37De ce fait, ces oiseaux remarquables furent protégés par les seigneurs, utilisés comme oiseaux d’ornement et artificiellement déplacés afin de les accoupler ou de remplacer des populations clairsemées. Recherchés par les échevins de la ville d’Amiens, des cygnes furent ainsi installés sur les plans d’eau artificiels, notamment dans les fossés de la Hautoie. Ils constituèrent de nouvelles populations dans une ville baignée par les eaux du fleuve, mais dépourvue de droits seigneuriaux sur eux. Ayant fait l’objet de captures annuelles durant plusieurs siècles, les cygnes tuberculés de la moyenne vallée de la Somme furent les acteurs involontaires d’un événement festif particulier et unique. Toutefois, avec d’autres cygnes, offerts par les échevinages d’Hesdin ou Lille, ils peuplèrent et ornèrent finalement des plans d’eau de l’échevinage d’Amiens durant le xviiie siècle.
Bibliographie
Belon Pierre, L’histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, & naïfs portraicts retirez du naturel, Paris, impr. Corrozet, 1555.
Cloquier Christophe, Clavel Benoît, « La consommation d’animaux aquatiques dans le bassin de la Somme durant les périodes médiévale et moderne », dans Demeulenaere-Douyère Christiane (dir.), Tous à table. Repas et convivialité, 138e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Rennes, 22-27 avril 2013, Paris, éd. du CTHS, 2015, p. 83-98.
Cloquier Christophe, Les installations fluviales médiévales et modernes du cours de la Somme : approche archéologique et documentaire, thèse de doctorat en archéologie, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2012, (3 vol.).
Cloquier Christophe, « Les hortillonnages d’Amiens : un site unique aménagé par une communauté de maraîchers au fil des siècles », dans Woronoff Denis (dir.). Travail et paysages, 127e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Nancy, 15-20 avril 2002, Paris, éd. du CTHS, 2007, p. 39-59.
Cloquier Christophe, Les pratiques halieutiques fluviales dans le bassin de la Somme entre Noyelles-sur-Mer et Péronne du xiie au xviiie siècle : approche archéologique et documentaire, thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe, École nationale des chartes, 2004 (3 vol.).
Daire Louis-François, Histoire de la ville d’Amiens, t. 1, Paris, impr. veuve Delaguette, 1757.
Leclerc de Buffon Georges-Louis, Histoire naturelle des oiseaux, t. IX, Paris, impr. royale, 1783.
Notes de bas de page
1 La Somme prend sa source à 85 m d’altitude, sur le territoire de Fonsommes, dans l’Aisne.
2 Attestées durant le Moyen Âge et l’époque moderne, ces constructions particulières témoignent d’un équipement ancien du lit mineur pour la meunerie et la pêche. C. Cloquier, Les installations fluviales médiévales et modernes du cours de la Somme : approche archéologique et documentaire, t. III, p. 526-528.
3 Entre 1725 et 1770, la plupart des moulins établis sur ces chaussées barrages avaient contribué, au niveau de leurs seuils, à l’exhaussement du niveau de l’eau de plus de 3 pieds, soit un peu moins d’1 m, et donc à l’augmentation de la surface inondée d’un tiers.
4 C. Cloquier, « Les hortillonnages d’Amiens : un site unique aménagé par une communauté de maraîchers au fil des siècles », p. 39-59.
5 R. Hubscher (dir.), Histoire d’Amiens.
6 C. Cloquier, Les pratiques halieutiques fluviales dans le bassin de la Somme entre Noyelles-sur-Mer et Péronne du xiie au xviiie siècle : approche archéologique et documentaire, t. II, p. 262 et p. 392-393.
7 Arch. dép. Somme, 4 G 1 365.
8 Arch. dép. Somme, 4 G 1 357 et 4 G 1 693.
9 Arch. dép. Somme, 4 G 2 271.
10 Bibl. nat. de France, Picardie 93, fol. 1.
11 Arch. dép. Somme, 9 H 514 et 9 H 522.
12 Actuelle commune de Bray-sur-Somme.
13 G.-L. Leclerc de Buffon, mentionne 5 à 8 œufs mais plus communément 5 à 6, Histoire naturelle des oiseaux, p. 11.
14 P. Belon, L’histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions, & naïfs portraicts retirez du naturel, p. 151-152.
15 G.-L. Leclerc de Buffon, Histoire naturelle des oiseaux, t. IX, p. 2-3.
16 G.-L. Leclerc de Buffon, Histoire naturelle des oiseaux, t. IX, p. 22-23.
17 Arch. dép. Somme, 3 G 650, fol. 194.
18 L.-F. Daire, Histoire de la ville d’Amiens, t. 1, p. 501-502.
19 Arch. dép. Somme, 4 G 1691, de 1528 à 1632 avec toutefois des absences pour les années 1545, 1547 et 1553 à 1569.
20 L.-F. Daire, Histoire de la ville d’Amiens, t. 1, p. 501-502.
21 Arch. dép. Somme, 4 G 1 693. Ces baux furent passés pour des redevances annuelles croissantes de 45, 70, 120 puis 140 livres. D’après le dernier bail, le preneur devait utiliser une allège, couramment employée pour décharger tout ou partie des gribanes qui transportaient des marchandises sur ce fleuve entre le port de Saint-Valery et la ville d’Amiens.
22 Arch. dép. Somme, 4 G 1 698. La montée à poissons ou vier était une structure fixe en pieux destinée à la capture des poissons, notamment migrateurs comme l’anguille (Anguilla anguilla), comparable aux gords ou pêcheries fixes établies dans le cours de la Dordogne ou de la Saône. Voir C. Cloquier, Les installations fluviales médiévales et modernes du cours de la Somme : approche archéologique et documentaire, t. III, p. 505-509.
23 Arch. dép. Somme, 4 G 1 691, de 1528 à 1632 avec toutefois des absences pour les années 1545, 1547 et 1553 à 1569.
24 Arch. mun. Amiens, BB 75, fol 57 v et 58 repris par L.-F. Daire, Histoire de la ville d’Amiens, t. 1, p. 436.
25 Arch. dép. Somme, 4 G 2 989, p. 33.
26 Arch. mun. Amiens, BB 98, fol. 155 v.
27 Arch. mun. Amiens, CC 29, fol. 56 v.
28 Arch. mun. Amiens, BB 16, fol. 242 v.
29 Arch. mun. Amiens, CC 87, fol. 100v-101.
30 Arch. mun. Amiens, CC 87, fol. 102v-103.
31 Arch. mun. Amiens, CC 128, fol. 82. Pour cette occasion, les échevins de la ville avaient reçu des consignes de monseigneur de Vendôme pour recevoir honorablement ces ambassadeurs.
32 Arch. mun. Amiens, CC 94, fol. 195.
33 Arch. mun. Amiens, CC 94, fol. 195.
34 En plein milieu du xvie siècle, le dindon (Meleagris gallopavo), récemment introduit du Nouveau Monde, était considéré comme un oiseau très prestigieux et donc comme un marqueur social très élevé. En revanche, à partir du xviie siècle, il perdit ce prestige avec la multiplication et la démocratisation de son élevage.
35 Arch. mun. Amiens, BB 37, fol. 67 v.
36 Arch. mun. Amiens, CC 192, fol. 76 v. Ces cygnes furent fournis et transportés par un pâtissier.
37 Arch. mun. Amiens, CC 208, fol. 75 v.
38 Arch. mun. Amiens, CC 231, fol. 31. Ces hommes, qui disposaient d’un bateau pour cette capture, furent également chargés de la capture et du marquage de 9 jeunes cygnes.
39 L.-F. Daire, Histoire de la ville d’Amiens, t. 1, p. 336-337. Sans précision de date, il indiqua également que 6 cygnes, 6 paons, 6 faisans, 12 dindons et divers autres oiseaux étaient habituellement offerts par les échevins aux rois de France de passage dans la ville, t. 1, p. 89-90.
40 Arch. mun. Amiens, CC 254, fol. 70.
41 L.-F. Daire, Histoire de la ville d’Amiens, t. 2, p. 91-92 et t. 1, p. 411. Une lettre du roi de France, datée du 15 mai 1625, avait annoncé le passage de cette fille de France et la nécessité de lui rendre les honneurs dus à son rang royal.
42 C. Cloquier, B. Clavel, « La consommation d’animaux aquatiques dans le bassin de la Somme durant les périodes médiévale et moderne », p. 83-98.
43 Arch. mun. Amiens, AA 12, fol. 50 v et AA 14, fol. 127 v.
44 Arch. dép. Somme, 4 G 1 688.
45 Bibl. nat de France, lat. 17 760.
46 Arch. mun. Amiens, CC 213, fol.70v.
47 Arch. mun. Amiens, CC 233, fol. 70 et fol. 70 v. Les échevins payèrent également ces hommes pour la construction d’un nid, destiné aux cygnes qui séjournaient dans le grand fossé de la Hautoie.
48 Arch. mun. Amiens, CC 237, fol. 73. Les échevins payèrent 2 écus à un des 4 hommes précédemment chargés des captures pour cette installation.
49 Arch. dép. Somme, 4 G 1 690.
50 Arch. dép. Somme, 1 C 807. Ces lettres avaient pour objet principal le prix des blés et un vaisseau de froment, chargé à La Rochelle pour un des ports de la Manche.
51 Arch. mun. Amiens, AA 27, fol. 65v-66, AA 33, fol. 94 v et AA 27, fol. 88 v.
52 Arch. mun. Amiens, AA 27, fol. 121 et fol. 122 v.
53 Arch. dép. Somme, 1 C 11, fol. 6.
Auteur
Conservateur en chef de la bibliothèque centrale du service de santé des Armées, chercheur associé au Lamop, Umr 8589, université Paris I – Panthéon-Sorbonne/CNRS
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