Délos et l’écriture
p. 96-110
Résumé
Le système d'écriture mis au point en Grèce dans le courant du viiie siècle avant J.-C. aurait pu, dès l'origine, être plus largement utilisé : aucun interdit, aucun problème technique ne s'y opposaient. Puisque l'art égyptien a influencé les premiers pas de la sculpture grecque, pourquoi les Grecs n'auraient-ils pas imité aussi les Égyptiens dans leur emploi de l'écriture qui couvre largement les monuments de la vallée du Nil et qui transcrit des textes en rapport direct avec la religion, les mythes et les rituels ?
On pourrait se demander si, en Grèce, des textes comparables n'étaient pas conservés sur un matériel périssable ? Si l'on se réfère au monde d'Homère, on constate en fait que l'écriture y est presque totalement ignorée, du moins au viiie siècle avant J.-C., période pendant laquelle l'Iliade et l'Odyssée ont été composées. Or le viiie siècle est le moment où l'on situe l'emprunt de l'alphabet phénicien par les Grecs. Quel usage les Grecs ont-ils fait de cette écriture dans les sanctuaires ?
On prendra comme exemple le sanctuaire de Délos qui offre une riche documentation épigraphique depuis le début du vie siècle à travers laquelle on peut poser tous les problèmes du rôle de l'écriture dans les sanctuaires grecs : que transcrit-on, sur quoi et comment ? Quelle est l'évolution à travers les siècles des formes de l'écrit, écriture monumentale et graffiti ? Quelle est l'importance de l'écriture dans le paysage sacré ?
Remerciements
Je remercie Fr. Prost, qui achève la publication de la sculpture archaïque de Délos que lui a confiée P. Lévêque, pour ses suggestions et ses conseils. On se reportera pour la bibliographie, et pour une large mise au point sur tous les problèmes concernés par le sujet à Ros. Thomas, Literacy and Orality in Ancient Greece, 1992. Cf. aussi, J. Svenbro, Phrasikleia, 1988, et M. Detienne éd., Les savoirs de l’écriture en Grèce ancienne, 1988.
Texte intégral
1Le système d’écriture mis au point en Grèce dans le courant du viiie siècle av. J.-C1 aurait pu, dès l’origine, être plus largement utilisé : aucun interdit, aucun problème technique ne s’y opposaient. Puisque l’art égyptien a influencé les premiers pas de la sculpture grecque, pourquoi les Grecs n’auraient-ils pas imité aussi les Égyptiens dans leur emploi de l’écriture qui couvre largement les monuments de la vallée du Nil et qui transcrit des textes en rapport direct avec la religion, les mythes et les rituels ?
2On pourrait se demander si, en Grèce, des textes comparables n’étaient pas conservés sur un matériel périssable ? Certes, si l’on se réfère au monde d’Homère, on constate que l’écriture y est totalement ignorée, mais cette absence n’est peut-être pas historiquement significative : la « civilisation » homérique est une création poétique artificielle, ne correspondant pas, ou peu, aux réalités du viiie siècle avant J.-C., période pendant laquelle l’Iliade et l’Odyssée ont été composées. Il n’est pas exclu que, au même moment, le bronze ou le papyrus aient servi de support pour toutes sortes de textes ; on a même supposé que le choix d’une écriture avec voyelles avait un rapport avec la poésie épique dont les cycles se forment à la même époque2. Rien ne prouve que ces textes, s’ils ont été réellement transcrits, aient été conservés dans les sanctuaires et ils n’étaient sûrement pas gravés sur des supports non périssables ; les seuls mémoriaux dont on ait trace concernent des listes de prêtres ou de vainqueurs aux concours, et, même dans ce cas, il s’agit d’une coutume, ni très répandue, ni très ancienne3. Les sanctuaires apparaissent surtout comme les lieux privilégiés de la transmission orale des savoirs religieux.
3Plutôt que de raisonner sur ce qui nous manque, faisons le choix d’exploiter les documents dont on dispose, en prenant l’exemple du sanctuaire de Délos comme révélateur des transformations dans le temps du rôle de l’écrit. Le contenu des inscriptions monumentales révèle un certain type de messages que les Grecs souhaitaient éterniser en le gravant sur la pierre. Ce type de message est significatif des conditions sociales et politiques de la civilisation grecque.
4J’ai choisi de limiter mon propos au sanctuaire de Délos, à l’époque archaïque parce qu’il présente de nombreux avantages. Entièrement fouillé par les Français entre 1873 et 1914, il a fourni une masse considérable de documents, assez bien publiés4. À Délos même, plusieurs divinités étaient honorées, mais c’est du sanctuaire le plus célèbre dont il sera question, celui d’Apollon, qui concentre l’essentiel de la documentation.
Mythes et oralité
5Ce n’est pourtant pas sur l’écrit, mais sur le mythe que portent les premières interrogations. Il est clair que la création des mythes, véhiculés par voix orale, précède en Grèce l’utilisation de l’écrit. Les premières offrandes anonymes dans le sanctuaire de Délos, comme à Delphes d’ailleurs, remontent à la première moitié du viiie siècle5, alors que les premières traces écrites ne sont pas antérieures au milieu du siècle suivant. Remarquons qu’il n’y a aucun rapport entre ces mythes qui expliquent la présence d’un sanctuaire, et cherchent à l’inscrire dans une histoire sacrée et le contenu des premières inscriptions qui sera étudié ci-dessous.
6Nous ne devrions pas être trop gênés pour reconstituer cette mythologie que nous appellerons primitive, puisque nous disposons d’un Hymne à Apollon, faisant partie du corpus des Hymnes homériques, dont la datation est controversée, mais qui doivent avoir été composés entre 650 et 550 av. J.-C6. Qu’apprend-on dans ce texte sur l’Apollon délien auquel sont consacrés les cent quatre-vingts premiers vers du poème qui en comporte au total cinq cent quarante-six ? Dans les cent premiers vers, le poète met en scène, de façon dramatique, la naissance d’Apollon. Léto cherche un lieu pour accoucher, mais partout où elle passe, elle essuie un refus. Elle parvient en suppliante dans les Cyclades, et engage avec Délos divinisée un dialogue poignant, la déesse montrant quels avantages l’île tirerait de cette naissance, tandis que Délos exprime ses craintes, si elle accepte, de n’être pour Apollon qu’un abri provisoire v.70-73 :
« Je crains, sitôt qu’il verra la lumière du soleil, qu’il ne méprise mon île, à cause de l’âpreté de son sol, et qu’il ne la retourne du pied pour la pousser dans les profondeurs de la mer. »
7D’autres notations font référence au paysage délien, v. 14-18 :
« Salut bienheureuse Létô ! Tu mis au monde ces superbes enfants, le Seigneur Apollon et l’Archère Artémis, elle à Ortygie, et lui dans l’âpre Délos, quand tu vins t’appuyer contre le Cynthe et sa large falaise, tout près du palmier, au bord des ondes de l’Inopos. »
8On sait qu’Ortygie est l’île de Rhénée en face de Délos où se trouvait un Artémision7. À Délos même, le Cynthe, la montagne sacrée, et l’Inopos, un cours d’eau méditerranéen, issu d’une résurgence, sont les deux éléments essentiels qui animent le paysage délien. Des palmiers sacrés sont cités dans les inscriptions de Délos8 : l’arbre est propre à l’Apollon délien, comme le laurier l’est à l’Apollon de Delphes. C’est au palmier de Délos qu’Homère compare Nausicaa dans un vers qui constitue la seule mention de Délos dans l’épopée9.
9Délos accepte finalement de servir de lieu de naissance à Apollon en exigeant de Léto sous serment (v. 80-82) :
« Qu’ici même il (Apollon) fondera un temple magnifique, qui sera l’oracle des hommes, puis de l’humanité entière, tant il aura de renom. »
10La deuxième partie du poème rapporte les premiers pas d’Apollon à Délos, et évoque les sacrifices et les concours qu’instituèrent les Ioniens "aux tuniques traînantes". Le poète attire l’attention sur le chœur des Déliennes (v. 156-164) :
« Il y a le grand prodige dont la renommée ne périra jamais : les filles de Délos, servantes de l’archer… »
11Le prodige dont il est question dans le texte est expliqué quelques vers plus loin ; les filles de Délos semblent s’exprimer dans toutes les langues (v. 163-165) :
« Les langues de tous les hommes et leurs parlers confus, elles savent les imiter ; chacun jurerait que c’est lui-même qui parle. »
12N’est-on pas frappé par la minceur des informations qui nous sont livrées par le poème, alors que, quelle que soit la date exacte de sa composition, il n’est pas postérieur de plus de cent ou deux cents ans aux premiers développements du sanctuaire ? Le poète qui connaît bien la topographie délienne ne trouve à citer, parmi les curiosités, que les performances polyglottes des Déliennes. À croire que rien ne singularise vraiment les mythes ou les rites déliens.
13Le seul intérêt du poème en matière de rituel est de faire explicitement référence à un oracle d’Apollon, chrestérion. De cet oracle, il n’est plus question dans la tradition écrite, sinon dans des témoignages d’époque tardive dont Ph. Bruneau a eu raison de mettre en doute la véracité10. Doit-on supposer que cet oracle n’eut qu’une importance locale, et une durée limitée dans le temps, étouffé qu’il fut par Delphes, le Ptoion et Claros ? En tout cas, Délos ne fait pas partie des hauts lieux où s’exprime la parole apollinienne.
14Pour compléter les mythes et les rites déliens, force est de recourir à des auteurs plus tardifs, comme Hérodote qui passa à Délos au milieu du ve siècle, et Callimaque qui composa un Hymne à Délos au début du iiie siècle. L’intérêt du premier pour les mirabilia, les recherches du second en matière de mythologie, permettent de compléter les récits un peu courts sur l’Apollon délien.
15Hérodote consacre un long passage au livre IV, 33-35 à la légende des Vierges hyperboréennes. Deux couples de Vierges, Opis et Argé, Hypéroché et Laodiké, seraient venus du Grand Nord, du pays des Hyperboréens, au-delà du pays des Scythes, pour honorer Apollon et lui apporter des offrandes. Elles seraient mortes à Délos, et des cérémonies se déroulaient autour de leurs tombeaux :
« En l’honneur des Vierges dont j’ai parlé, qui étaient venues de chez les Hyperboréens et qui moururent à Délos, jeunes filles et jeunes gens de Délos se coupent les cheveux ; les filles, avant de se marier, retranchent une boucle de leur chevelure, et, après l’avoir enroulée autour d’un fuseau, la déposent sur le tombeau des deux vierges (ce tombeau est à gauche en entrant dans l’Artémision ; il y a poussé un olivier) ; les jeunes Déliens, autant qu’ils sont, tressent de leurs cheveux autour d’une herbe verte, qu’ils déposent aussi sur le tombeau. »
16Au tombeau d’Hypéroché et de Laodiké sont donc liés des rites de passage, bien connus dans tout le monde grec, et réservés ici à la communauté des Déliens. Un autre rituel concernait Opis et Argé : les femmes faisaient en leur honneur des collectes, et chantaient « l’hymne qu’a composé Olen, homme de Lycie ».
17Il est intéressant que des inscriptions du ive siècle av. J.-C. attestent le rituel des offrandes hyperboréennes11, et que l’on ait identifié leurs tombeaux sur le site, même si cette identification soulève plus d’un problème12. Callimaque, dans son Hymne à Délos, évoque lui aussi les offrandes hyperboréennes, mais je ne reviendrai pas sur les différences entre le texte de l’hymne et le récit d’Hérodote, concernant l’itinéraire de ces offrandes. Ces différences n’intéressent pas notre propos. En revanche, Callimaque est le premier à citer des rites curieux qui se déroulaient autour de l’autel d’Apollon et qui étaient certainement encore pratiqués de son temps : on dansait la géranos, ou danse de la grue, autour de l’autel d’Apollon, – coutume qui était liée au mythe de Thésée apportant à Délos l’idole de Cypris –, et des rites propitiatoires, réservés aux marins, consistaient à mordre l’olivier sacré et à faire le tour de l’autel en le flagellant ou en se flagellant (les deux interprétations sont possibles).
18Concluons sur ces mythes. Remarquons tout d’abord qu’ils relèvent certainement de plusieurs strates que l’on ne saurait d’ailleurs ordonner dans le temps. La danse de la géranos est rattachée à Thésée, et doit, d’une façon ou d’une autre, faire partie des mythes liant Athènes à Délos. Les rites autour de l’olivier et de l’autel s’insèrent dans une série de pratiques connues ailleurs, mais restent, depuis l’Antiquité, sans explications. La lyrique grecque – entre le milieu du viie siècle et le milieu du vie siècle –, qui représente déjà une version savante et élaborée du mythe, retient Délos comme lieu de naissance d’Apollon, mais lui attribue un oracle qui ne semble pas avoir eu beaucoup de faveur, s’il a jamais fonctionné. On peut se demander à bon droit si cette mention de l’oracle ne fait pas partie de la nature du dieu plutôt que des réalités déliennes.
19Par contre, tous les textes, de l’Hymne homérique à Callimaque, insistent sur les danses et les chants : danses et chants lors des concours en l’honneur d’Apollon qu’organisent les Ioniens, chants des Déliades imitant toutes les langues humaines, hymne d’Olen entonné par les femmes de Délos lors des cérémonies en l’honneur des Vierges. Si le dieu ne parlait pas par ses oracles, le sanctuaire retentissait des louanges de ceux qui le vénéraient. L’absence de textes sacrés, comme l’était la Bible pour les Hébreux, laissait une large place à la parole des hommes.
20Circule donc par voie orale tout un corpus de mythes, élaborés ou re-élaborés par les poètes, adaptés aux besoins de la communauté locale dont ils constituent l’histoire, et qui s’expriment sous la forme de chants choraux. Il faut reconnaître, non sans surprise, que, disposant de l’écriture et n’hésitant pas à s’en servir sur certains de ses monuments, la civilisation grecque n’en a pas fait usage pour pérenniser les mythes sur les lieux mêmes qui leur servaient de cadre.
Les premières inscriptions du sanctuaire
21Qu’écrivait-on donc dans les sanctuaires ? Ou, plutôt, que désirait-on faire connaître sous une forme durable en l’exposant aux yeux de tous et en le gravant dans des matériaux non périssables ?
22À partir du milieu du viie siècle av. J.-C., l’apparition de l’écriture à Délos est liée à celle des offrandes monumentales. Dans le sanctuaire d’Apollon a été trouvée une soixantaine de statues ou fragments de statues qui appartiennent à la série des kouroi, c’est-à-dire qui représentent des jeunes hommes nus, de taille égale ou supérieure à la normale, en position verticale, les pieds posés à plat sur une plinthe, le pied gauche en avant. Des statues féminines, les korai, sont aussi bien représentées à Délos à partir du milieu du viie siècle dans l’Artémision : ces jeunes filles sont figurées debout, et vêtues de longues tuniques. Je présenterai quelques exemplaires les plus représentatifs de ces séries, en m’intéressant plus particulièrement aux inscriptions gravées sur la statue ou sur sa base. Même si l’on ne dispose que de 23 inscriptions ou fragments d’inscriptions pour un plus grand nombre de statues, on doit admettre, selon toute probabilité, que toutes les offrandes monumentales portaient une dédicace.
23La plus célèbre d’entre elles, est le colosse des Naxiens13 qui faisait partie du paysage délien avant l’époque des grandes fouilles, puisqu’il est cité par tous les voyageurs, et figure sur les premières gravures qui illustrent les récits des visiteurs14. Dès l’Antiquité, il a connu un certain nombre de malheurs, puisque selon Plutarque (Vie de Nicias, 3), il fut jeté à bas par le palmier en bronze, consacré par le général athénien Nicias. Sa tête a été débitée entre 1655 et 1675, et on ne conserve plus que le torse, le bassin jusqu’à la naissance des cuisses, la main gauche et le pied gauche avec un fragment de plinthe (fig. 1-3). Si ces fragments ont voyagé loin de leur emplacement d’origine, la base a été trouvée contre l’Oikos des Naxiens, sans doute le premier temple d’Apollon. Cette base est composée d’un seul bloc de marbre dans lequel est creusée une cavité destinée à recevoir la statue colossale qui faisait 8,50 m de haut. La base elle-même ne pèse pas moins de 35 tonnes : elle est longue de 5,85 m pour une largeur de 3,48 m, et haute de 75,5 cm.
24Elle porte sur le côté est une inscription énigmatique qui dit :
[τ]ο̑ ἀϝυτο̑ {αὐτο̑}λίθο̄ ε̄̓μὶ ἀνδριὰς καὶ τὸ σφέλας
« je suis de la même pierre, statue et base. »
25Il manque certainement une première ligne qui donnait le nom du dédicant et la divinité à laquelle était faite la consécration. Ce sont ces informations que donne une deuxième inscription sur le côté Ouest :
« Les Naxiens à Apollon. »
26On a depuis longtemps remarqué que la seconde inscription avait été gravée plusieurs siècles après la première. La dédicace originale est contemporaine de la consécration de la statue que l’on attribue, sur critères stylistiques solides, à la fin du viie siècle. La deuxième inscription doit être contemporaine d’une réfection de la statue au ive siècle (on sait par Plutarque, nous l’avons vu, que la statue fut brisée par un palmier en bronze, consacré par Nicias à la fin du ve siècle. Assez curieusement, l’inscription primitive se trouvait dans le dos du colosse qui devait regarder du côté de la mer.
27Statue et inscriptions posent beaucoup de problèmes dans lesquels je n’entrerai pas plus avant. Je retiens pour mon propos les éléments suivants :
il s’agit d’une statue du dieu Apollon, car on peut prouver que les bras de la statue étaient tendus vers l’avant, à la différence des autres statues de kouroi qui ont en général les bras collés au corps : en conséquence, il est raisonnable de supposer que les mains devaient tenir l’arc et les flèches (ou une phiale). Il ne s’agit pas pourtant de la statue de culte, que l’on connaît par les textes et qui devait se trouver à l’intérieur de l’Oikos des Naxiens ;
cette statue parle à la première personne « je suis de la même pierre… », tournure que l’on retrouve sur la plupart des offrandes archaïques15 ;
elle vante le matériau dans lequel elle a été fabriquée, le marbre de Naxos. Je résume ainsi de très nombreuses discussions sur la signification exacte de la dédicace primitive, sans prendre position dans une querelle qui nous entraînerait trop loin.
28Le deuxième exemple que je choisirai est réduit à une base complète en forme de triangle isocèle, et légèrement pyramidante (la hauteur varie de 0,585 à 0,755 m, pour une longueur de 0,85 à 0,905 m ; fig. 4)16. Un tenon d’encastrement recevait la plinthe d’un kouros, conservée dans sa moitié antérieure avec un pied gauche. C’est la seule base qui soit ornée de trois figures apotropaïques : un bélier, un lion et une gorgone. Cette singularité retiendra moins notre attention que l’inscription qui est gravée sur la base :
Εὐ̣θ̣υκαρτίδης ⋮μ’ ἀ⋮νέθε̄κε ⋮ ℎοΝάℎσιος {Νάχσιος} ποιε̄́σας.
« Euthycartidès le Naxien m’a fait et m’a consacré. »
29Il s’agit donc de la signature d’un sculpteur des années 600 av. J.-C. qui est en même temps le dédicant de la statue. Ce n’est pas un fait exceptionnel, puisque nous disposons de trois autres signatures de sculpteur pour l’époque archaïque, dont l’une, de la première moitié du vie siècle, est gravée sur une base.
Μ̣ικκ̣ι̣ά̣[δηι τόδ’ ἄγα]λμα καλ<ὸ>ν [ἐργασμένον ℎυιο̑]
[Ἀ]ρχέρμο σο[φ]ίε̄ισιν ℎ(ε)κηβό[λε δέξαι ἄνασσα]
[τ]ῶι Χίωι, Μέλ̣α̣[ν]ος πατρώιον ἄσ[τυ λιπόντι].
30Deux restitutions de l’inscription gravée sur cette base (ID 9) ont été proposées. Certains veulent lire :
« Apollon qui frappes au loin, agrée cette statue, l’une des belles œuvres due à l’habileté d’Archermos, faite pour Mikkiadès de Chios qui habite dans sa ville natale, celle de Mélas. »17
31Mais je préférerais la seconde interprétation :
« Déesse, qui frappes au loin, agrée cette belle statue qu’a faite, avec l’habile secours de son fils Archermos, Mikkiadès de Chios, après avoir quitté sa ville natale, celle de Mélas. »
32Comme on le constate, il y a incertitude sur la divinité qui fait l’objet de la dédicace, Artémis ou Apollon, qui, tous deux, « frappent au loin », et sur les rapports de parenté entre Mikkiadès et Archermos, plus clairs dans la deuxième version que dans la première. Retenons pour notre propos que le nom du sculpteur de Chios qui vante son savoir-faire, sophiai, est associé à la dédicace, et que le dédicant célèbre la généalogie mythique de sa patrie, dont un certain Mélas était le fondateur, fils de Poséidon et d’une Nymphe. Pline (XXXVI, 11) n’hésitait pas à faire de Mélas l’ancêtre de cette famille de sculpteur, et considérait Mikkiadès comme le père d’Archermos. On a parfois rapproché de cette base la statue d’une Niké trouvée à Délos, car une scholie d’Aristophane attribue l’invention des Nikés à un sculpteur du nom d’Archermos (fig. 5)18.
33Terminons cette présentation par une statue de femme qui occupe une place à part dans la série des korai, puisqu’elle est considérée comme l’un des exemplaires les plus anciens du genre (fig. 6)19. Sculptée dans un marbre à gros grains de Naxos, elle mesure 1,74 m et présente toutes les caractéristiques du style dit dédalique : visage triangulaire et coiffure en « perruque », les cheveux se répartissant à l’avant en longues mèches et tombant à l’arrière en nappe sur le dos. Les formes sont à peine esquissées et les volumes à peine soulignés. Cette figure représenterait la déesse Artémis, car deux trous ronds percés dans ses mains laissent supposer qu’elle disposait d’attributs, et qu’elle tenait en laisse des animaux, ce qui l’inscrit dans la série des divinités maîtresses des animaux, ou Potnia Thérôn. Sur le côté gauche de la statue, que l’on date des années 630 av. J.-C., on lit l’inscription suivante :
Νικάνδρη μ’ ἀνέθε̄κεν ℎ(ε)κηβόλο̄ι ἰοχεαίρηι | ϟο̄́ρη {κούρη} Δεινο-
δίκη̆ο̄ το̑ Ναℎ3σίο̄ {Ναχσίου} ἔℎ3σοχος {ἔχσοχος} ἀλ(λ)ή̆ο̄ν | Δεινομένεος δὲ κασιγνε̄́τη
Φℎράℎσο̄ {Φράχσου} δ’ ἄλοχος μ[ήν ?].
« Nikandré m’a consacrée à la déesse qui lance les traits et frappe au loin – la fille du Naxien Deinokidès, éminente entre toutes, soeur de Deinoménès, aujourd’dhui femme de Phraxos. »
34Si le nom du sculpteur est cette fois laissé dans l’ombre, par contre la famille naxienne de la dédicante est bien mise en valeur, puisque le père, le frère et le mari sont cités, et le statut social de Nikandré est souligné par l’expression, « éminente entre toutes »20.
Sens des dédicaces archaïques : le rôle des aristocrates
35Nous pouvons nous arrêter là pour tirer quelques conclusions de ces exemples qui sont représentatifs de tous les types de dédicaces monumentales de la haute époque archaïque.
36Soulignons tout d’abord qu’il s’agit d’offrandes et non pas de statues de culte. Même lorsque l’on est sûr que la figure était celle d’un dieu, le contenu de l’inscription ne varie pas. L’utilisation de kouroi et de korai comme monuments funéraires donne la preuve que jeunes hommes nus et jeunes filles aux longues tuniques – qui rappellent les Ioniens aux longues tuniques de l’hymne homérique – ne sont pas systématiquement des substituts de la divinité21.
37D’ailleurs, les dédicaces n’insistent pas sur les pouvoirs ou les vertus de la divinité, puisque les épithètes utilisées pour qualifier les dieux sont banales et empruntées à la poésie lyrique ou épique. Elles sont si peu expressives, qu’elles s’appliquent aussi bien à Artémis qu’à Apollon, dont on ne dit rien de plus, sinon qu’ils lancent au loin les traits. L’écriture, à la différence des hymnes contemporains qui étaient récités, même s’ils pouvaient être transcrits, n’est pas au service d’une histoire sacrée. On ne donne pas à lire les louanges adressées aux dieux, on ne dresse pas des catalogues de bienfaits, comme le seront plus tard les arétalogies en l’honneur d’Isis.
38En revanche, deux points sans rapport avec une quelconque histoire mythologique des divinités honorées sont mis en valeur : la qualité des dédicants et celle des statues qui sont dédiées.
Qualité des dédicants
39Le dédicant, que ce soit une cité, comme pour le kouros des Naxiens, ou plus généralement un particulier, dans le cas des dédicaces qui sont conservées, tient à inscrire son nom, et au-delà, celui de ses proches. Ce mode d’expression renvoie à un type de société qui engendre et valorise la compétition entre les cités et, à l’intérieur des cités, entre les grandes familles. L’écriture est au service de cette compétition en éternisant dans la pierre le nom du dédicant. Rappelons que Naxos domine Délos du milieu du viie siècle jusqu’au milieu du vie siècle, au point que tous les kouroi jusqu’à cette date peuvent être attribués aux ateliers de la grande île, comme l’a montré Fr. Prost dans un mémoire encore inédit22. On doit à Naxos tout l’aménagement de la partie Sud-Ouest du sanctuaire : le temple primitif d’Apollon, connu sous le nom d’Oikos des Naxiens, et le portique de marbre entourant une place où devait se dresser un grand nombre de kouroi, et peut-être, dans un premier état, le kouros des Naxiens lui-même. De toute façon, l’inscription de la base ajoute un élément aux modes d’expression de la puissance naxienne.
40De son côté, Nikandré illustre le souci de paraître des grandes familles au pouvoir dans la cité hégémonique. Elle exprime la fierté d’être naxienne en citant le nom de sa patrie, la fierté d’être bien née en citant le nom de son père et de son frère, la fierté d’être bien mariée, en donnant le nom de son époux. Quant au dieu, il n’est désigné que par une simple épiclèse « qui lance les traits et frappe au loin » et il faut souligner que les trois quarts de l’inscription concernent la dédicante et sa famille, non pas la divinité.
41Seul manque dans la dédicace de Nikandré le nom du sculpteur. Pourtant, les signatures d’artistes font leur apparition très tôt sur la céramique23. La base d’Euthykartidès, celle de Mikkiadès et d’Archermos prouvent que non seulement les sculpteurs signent leurs œuvres, mais qu’ils en sont aussi les dédicants.
42Un double problème se pose. Du point de vue social, quelle est la place de ces artistes et, du point de vue des mentalités, que signifie ce besoin de signer des œuvres ?
Les sculpteurs et leurs œuvres
43On a du mal à croire que les sculpteurs ou les peintres, qui signent très tôt leurs œuvres, appartenaient aux couches supérieures de la société archaïque, mais rien ne s’y oppose non plus vraiment, pour certains d’entre eux au moins24. Solon, au début du vie siècle, énumérant les métiers et les arts, apporte une réponse à la question que nous nous posons :
« L’un labourant chaque année la terre riche en arbres… ; l’autre gagne sa vie en ayant appris les travaux d’Athéna et d’Héphaistos qui savent beaucoup de technai, un autre parce qu’il est instruit des muses de l’Olympe, sachant la mesure de la sophia ; un autre le seigneur Apollon en fait un devin… ; d’autres tiennent, médecins, l’ouvrage de Paiôn aux nombreux remèdes. »25
44Or le sculpteur dispose d’une techné, et Athéna a quelque lien avec la sculpture, puisqu’on la voit modeler un cheval sur un vase d’époque classique. Au-delà même de la techné, comme pour le poète, la main de l’artiste est guidée par la sophia, ou les sophiai, comme l’indique expressément la dédicace d’Archermos. Même lorsqu’il se nomme et se vante de ses créations, le sculpteur ne fait que manifester ce que lui ont enseigné les dieux ; c’est pourquoi, sans céder à l’hybris, il peut vanter la beauté de ses créations26. Il n’y a pas de contradiction à haute époque entre la création et le statut social : comme l’a montré Alain Duplouy, les voies de l’entrée dans le cercle aristocratique étaient multiples, être capable d’un exploit artistique qualifiait autant que l’exploit athlétique27.
45L’écriture est donc bien au service de la glorification des familles et des artistes, mais quand elle exalte la beauté des œuvres, elle est moins éloignée qu’on ne pourrait croire d’un service sacré : la statue elle-même est, par étymologie, un agalma, terme utilisé pour désigner tout ce qui réjouit le cœur. Si l’on souligne sa beauté, (le terme le plus fréquent est perikallès agalma) c’est qu’elle est par essence ce qui va réjouir le cœur des dieux dans l’offrande qui leur est faite, et qu’elle est le résultat des dons et des savoirs, les sophiai, transmis aux hommes par les dieux28.
46Nous venons de parler des fabricants et des dédicants, intéressons-nous maintenant à la forme des dédicaces. Elles sont placées indifféremment sur la base ou sur la statue, surtout à haute époque. Remarquons tout d’abord la très grande variété dans la disposition des dédicaces, placées devant ou derrière la statue pour le Colosse des Naxiens, sur une base zoomorphe pour Euthycartidès ou assez fréquemment sur le corps de la statue comme c’est les cas de la Nikandré (autre inscription sur un kouros29). Une inscription de la fin du vie siècle était inscrite sur une colonne (ID, 15). Cette diversité est propre à l’époque archaïque.
47Comment penser qu’un sculpteur aurait laissé défigurer une œuvre, s’il avait pensé que l’écriture n’en rehaussait pas le prestige, ou n’appartenait pas de façon intrinsèque à l’œuvre d’art. Il est possible que l’on ait attribué à l’écriture une valeur plastique, étant donné le soin que l’on prenait à graver les inscriptions30. L’alphabet était aussi une marque d’origine qui singularisait les cités, et pouvait avoir même valeur qu’un ethnique.
48Je poserai une dernière question : pourquoi les statues parlent-elles à la première personne ? « Euthykartidès le Naxien m’a fait et m’a consacré ». Les Anciens ne croyaient certainement pas que les objets d’art avaient une âme, et ce n’est pas en imaginant une survivance de croyances animistes qu’il faut résoudre ce problème de formulaire31 : c’est d’ailleurs la même formule que l’on retrouve souvent sur les vases, qui ne sont pourtant pas anthropomorphes : « un tel m’a consacré ou m’a fait ». Il n’y a donc pas de rapports entre la représentation humaine et la parole. Les croyances animistes éliminées, peut-être faut-il aller chercher l’explication du côté de la poésie. De nombreuses dédicaces sont en effet en vers (celle du kouros des Naxiens comme celle de Nikandré, pour les exemples que j’ai choisis), car la forme versifiée est le mode normal d’expression des histoires divines. En faisant parler les offrandes à la première personne, les Grecs utilisent peut-être un procédé poétique : ainsi, Homère décrit les scènes du bouclier d’Achille en leur donnant la même vie que celle qu’il prête aux récits des hauts faits de ses héros. Remarquons que le « je » ou le « moi » réintroduisent la parole au cœur de l’écrit, en créant un rapport vivant entre le dédicant et l’offrande, entre le créateur et sa création, entre le lecteur et l’objet devant lequel il passe : le passant curieux du sens de l’inscription devait la lire à voix haute, et renouvelait ainsi la formule de consécration.
49L’usage de l’écrit se limite donc à des formules courtes pendant toute la période archaïque. Les formules mêmes, en utilisant la première personne, se rapprochent de la parole vivante, et, en se coulant dans un rythme poétique, révèlent leur filiation, en tout cas formelle, avec les hymnes des poètes en l’honneur des dieux. Le domaine de l’écrit est donc étroitement circonscrit, mais l’écriture sert, en même temps que les dieux, les intérêts de la cité et des familles qui la dominent. Elle pérennise des noms, noms des dieux, des cités ou des hommes, mais n’explicite en rien leur histoire, sacrée ou profane.
50Nous ne nous cachons pas que le sanctuaire de l’Apollon délien n’est pas nécessairement représentatif de tous les usages de l’écriture en Grèce à l’époque archaïque. En effet, dès le milieu du viie siècle, les Crétois gravent sur la pierre d’un temple le premier document public32. Cette coutume ne fait pas son apparition à Délos avant le ve siècle av. J.-C., mais elle va se développer assez rapidement. Quant aux Syracusains ils ont permis aussi à l’architecte du temple d’Apollon de graver son nom et de signaler l’exploit qu’il fit en plaçant une frise dorique sur le premier temple en pierre au tout début du vie siècle33.
Annexe
Illustrations
Notes de bas de page
1 Les cinq lettres grecques d’Osteria dell’Osa sont les plus anciennes et datent de la première moitié du viiie siècle, mais elles sont inintelligibles cf. A. M. Bietti Sestieri, The Iron Age Community of Osteria dell’Osa, 1992, p. 184 ; le premier texte intelligible est celui que porte une kotylé de Pythécuses et date du dernier quart du viiie siècle, cf. en dernier lieu D. Ridgway, The First Western Greeks, 1992, p. 55-57.
2 Sur ce point, cf. les réflexions d’un historien, A. Snodgrass, Archaic Greece, 1980, p. 82-83. Sur l’origine de l’écriture en Grèce, cf. L. H. Jeffery, Greek Alphabetic Writing, CAH, III 1, 1982, p. 819-833.
3 Cf. les remarques de L. H. Jeffery, LSAG, p. 59-61 et Ros. Thomas, Oral Tradition and Written Record in Classical Athens , 1989, p. 287-288.
4 Delphes aurait pu servir d’exemple, mais ne sera cité ici qu’à titre de comparaison.
5 Sur les premières offrandes à Délos, Cl. Rolley, « Bronzes géométriques et orientaux à Délos », BCH Suppl. I (1973), p. 491-524.
6 Homère, Hymnes, trad. J. Humbert, 1936. p. 61-101 pour l’hymne en l’honneur d’Apollon. Pour sa date, voir en dernier lieu, W. Burkert, “The making of Homer in the Sixth Century B. C.: Rhapsodes versus Stesichoros”, dans Papers on the Amasis Painter and his World, 1987, p. 43-62, particulièrement p. 53-54.
7 Sur ce point , cf. J. Tréheux, Recueil Plassart, 1976, p. 175-204 et M.-Th. Couilloud-Le Dinahet, BCH 102 (1978), p. 874-877 ; J. Tréheux, « Archéologie délienne : l’Artémision en Nésôi, localisation et histoire », Journal des Savants, 1995, p. 187-207.
8 Cf. Ph. Bruneau, CDH, p. 677, Index s. v. Palmier.
9 Homère, Odyssée, z 162.
10 PH. Bruneau, CDH, p. 142-160.
11 Cf. J.H. Tréheux, « La réalité des offrandes hyperboréennes », Studies D.M. Robinson, II (1953), p. 754-774 et Ph. Bruneau, CDH, p. 38.
12 Cf. GD, 32 et 41.
13 Sur ce kouros, J. Marcadé éd., Sculptures déliennes,1996, n° 8, p. 28. Sur tous les problèmes posés par ce kouros, cf. GD, 9, en attendant la publication du mémoire de Fr. Prost, Corpus de la sculpture de Délos, I, Les Couroi qui sera cité ici, Couroi.
14 Cf. par exemple, L. Gallois, EAD III, p. 64 et fig. 51, dessin de Seger de Vries, avant 1673.
15 Cf. M. Burzachechi, « Ogetti parlanti nelle epigrafi greche », Epigraphica 24 (1962), p. 3-54.
16 J. Marcadé éd., Sculptures déliennes, 1996, n° 13, et Fr. Prost, Couroi.
17 La première version est celle donnée par L. H. Jeffery, LSAG,1961, p. 294-295, mais sans référence à A. Plassart, ID , 9. Je suis plutôt le texte de A. Plassart, et la traduction de F. Durrbach, Choix d’inscriptions de Délos,1921, n° 4, p. 4-5, car, dès l’Antiquité,Mikkiadès est donné comme le père d’Archermos.
18 J. Marcadé éd. Sculptures déliennes, 1996, n° 12, p. 38.
19 Ibid., n° 1, p. 14 ; pour l’inscription, A. Plassart, ID, 2.
20 Pour C. Talamo, « Le Cicladi e l’anfizionia di Delo », dans E. Lanzillotta et D. Schilardi éds., Le Cicladi e il modo egeo, p. 240-241, Nikandré était une des Déliades.
21 Sur la fonction de substitution du kouros, cf. J. Ducat, « Fonction de la statue dans la Grèce archaïque : kouros et kolossos », BCH 100 (1976), p. 239-245.
22 Cf. ci-dessus, n. 1. Fr. Prost, Couroi tire toutes les conséquences historiques de cette importante découverte.
23 Cf. G. Siebert, « Signatures d’artistes, d’artisans et de fabricants dans l’Antiquité classique », Ktéma, 1978, p. 111-131.
24 Cf. pour les potiers, les opinions exprimées par Dyfri Williams « Potter, Painter and Purchaser », dans Culture et cité, éd. A. Verbanck-piérard et D. Viviers, 1995, p. 139-160 et A.-F. Laurens, « Les ateliers de céramique », ibid., p. 161-183.
25 Solon, Élégies, I, v. 47-58, éd. M.I. West, 1980. et le commentaire de Cl. Rolley, La sculpture grecque, I, 1994, p. 54.
26 Cf. les analyses très fines de Chr. Karouzos, “Perikallès agalma”, Epitymbion Chr. Tsountas, 1946, p. 535-578.
27 A. Duplouy, Le prestige des élites, Recherches sur les modes de reconnaissance sociale en Grèce entre les xe et ve siècles av. J.-C., 2006.
28 Ibid. ,p. 543 sq. sur la sophia et les sophiai.
29 G. Gruben, “Naxos und Delos, Studien zur archaischen Architektur der Kykladen”, ArchAnz, 1997, p. 282-287.
30 Sur le rôle esthétique de l’écriture, cf. Ros. Thomas, Literacy and Orality in Ancient Greece, 1992, p. 78 ; pour la céramique, cf. L. Rebillard, « La coupe d’Archiklès et Glaukytès. L’écrit dans l’image », BCH 116 (1992), p. 501-540.
31 Ros. Thomas, op. cit. n. 2, p. 63-64.
32 C’est la « loi constitutionnelle de Dréros », cf. H. van Effenterre et Fr. Ruzé, Nomina, Recueil d’inscriptions politiques et juridiques de l’archaïsme grec, 1994, p. 306-309.
33 Je ne suis pas d’accord avec les restitutions proposées pour cette inscription et je publierai ailleurs mes propositions : cf. H. Svenson-Evers, « Die griechischen Architekten archaischer und klassischer Zeit », Archäologische Studien 11 (1996), p. 461-469.
Auteur
Professeur émérite d'archéologie classique, Université Panthéon-Sorbonne
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016