Les mutations de l’identité dans la cité de Nîmes à l’époque romaine (ier siècle av. J.-C. – iiie siècle ap. J.-C.)
p. 31-38
Résumé
La richesse de l’épigraphie locale, tant dans la ville de Nîmes que dans le territoire dépendant, permet d’engager avec des données suffisantes des enquêtes sur la dénomination des personnes. Dans cette cité de droit latin, remodelée par Auguste, la partie de la population qui ne dispose pas encore du droit de cité romaine se caractérise par une latinisation précoce de l’anthroponymie, élément essentiel de l’identité.
Texte intégral
1L’intégration de la région dans l’Empire romain, qui s’accentue à partir de la fin du iie siècle av. J.-C., met en contact la langue du monde indigène, une variante du celtique, et le latin, la langue de l’État qui imposait sa présence et sa prépondérance. C’est alors que le peuple des Volques Arécomiques, défini comme une « confédération »1, réunissant une variété de communautés ayant conscience d’une unité qui s’exprimait au moins par le rôle de « métropole » attribué à Nîmes, passa peu à peu de l’influence marseillaise, qui s’estompait progressivement vers l’Ouest lorsqu’on dépassait la région d’Agde, sous l’autorité de la puissance romaine. L’effacement de Marseille est brutal à partir de la guerre civile et de l’échec de cette cité face à César en 49 av. J.-C. Mais dès la fin du iie siècle, peut-être même avant, la puissance romaine (dans le domaine politique) et la puissance italienne (dans le domaine de l’économie et des rapports sociaux) étaient devenues plus marquantes. Le peuple des Volques Arécomiques et Nîmes, grande ville indigène qui jouait un rôle politique et religieux2, était entraîné dans un horizon plus large. Et dans ce nouvel horizon, la langue latine tenait un rôle essentiel.
2Antérieurement s’était diffusée, en incluant la zone arécomique, la pratique de l’épigraphie gallo-grecque, apportant des documents dans lesquels on notait en caractères grecs des mots celtiques, qui avaient un sens dans cette langue, telle qu’elle était parlée localement3. On dispose ainsi des noms de divinités, mais aussi des noms de personnes, car définir l’identité de personnages marquants paraît la raison d’être de ce passage à l’écriture, qui se diffuse progressivement et que l’on peut bien circonscrire spatialement à son apogée. Mais le passage sous la domination de Rome, dans le cadre provincial, qui est un cadre de regroupement, apporte un changement d’échelle à la vie de la communauté. Il favorise l’usage du latin et il produit une documentation latine à divers niveaux de l’organisation sociale. La documentation latine, qui s’ajoute et qui bien vite l’emporte, apparaît dans la perspective d’une continuité4.
3L’intégration du peuple et de ses élites, par l’effet des clientèles et par celui, dérivé, de la participation militaire au développement de la puissance romaine5, favorisa le recours au latin, langue du pouvoir dominant et aussi langue de tous les principaux médiateurs, en plus des « autorités » provinciales et de leurs descendants, les grands aristocrates de la dernière période de la république romaine. Il faut tenir compte aussi des manieurs d’argent, des commerçants, des exploitants des biens de l’État. La province est « pleine » de ces gens venus d’ailleurs, comme le souligne Cicéron avant même l’horizon du Pro Fonteio, qui correspond à la décennie 70, lorsqu’il défend Quinctius pour des affaires qui l’avaient entraîné en Transalpine6. D’autres mots sont utilisés, avec une autre langue. Et peu à peu aussi, une partie de l’élite provinciale joue à son tour le rôle de médiateur, au service des plus puissants. César avait à ses côtés, dans la campagne contre Arioviste, qui ouvre le récit de la Guerre des Gaules, des interprètes helviens, dont le père avait reçu le droit de cité romaine du proconsul C. Valerius Flaccus7. Puis il eut dans son proche entourage, le représentant de l’élite du peuple des Voconces, dont le père et l’oncle avaient gagné par leur bravoure le droit de cité dans les guerres qu’entreprit Pompée contre Sertorius en péninsule ibérique et contre Mithridate en Asie8.
4Les signes de cette transformation marquent les individus, dans la tenue vestimentaire qui leur permet d’établir leur qualité de citoyen romain, lorsqu’ils l’ont gagnée9, mais aussi dans la dénomination. Ce sont des changements qui s’appuient sur la force des institutions organisant la vie collective. Une loi municipale avait certainement accompagné la création d’une colonie latine par la volonté de César : il est nécessaire de postuler son existence. Elle accompagne l’octroi du droit latin aux communautés provinciales, à l’initiative du même proconsul10. Les effets en sont décisifs, tant pour la communauté qui vivait autour de la grande ville, qui émergeait au cœur de la confédération, que pour les autres communautés, car partout la possibilité de gagner la citoyenneté romaine existait pour les familles de notables, par l’exercice des magistratures. C’était depuis la fin de la guerre sociale (91-89 av. J.-C.) l’un des traits caractéristiques du droit latin, dont le contenu avait été transformé pour devenir un cadre de romanisation des populations en Gaule Cisalpine. Or, l’acquisition de la cité romaine per magistratum est le trait le plus marquant que rappellent les sources antiques à ce propos11. Il faut ajouter que dans le cas des Volques Arécomiques, l’application se réalise dans le contexte d’un émiettement de la vie politique, à l’intérieur de la confédération, car, pour des raisons qui tiennent au développement même de la vie politique dans la période antérieure, la pluralité des cellules qui vivaient d’une manière propre leur destin était une des caractéristiques qui furent préservées, et celle-ci se maintint même pour quelques-uns de ces centres de moindre importance après que la plupart furent rattachés à Nîmes pour former une grande cité12. On peut apprécier le nombre de ces « républiques villageoises » à partir de la mention des vingt-quatre oppida ignobilia chez Pline ou par celle des vingt-quatre « bourgs » ou kômai chez Strabon13. Le rattachement de ces vingt-quatre petites communautés à la colonie latine se produisit peut-être entre 16 et 13, mais on peut aussi mettre l’accent sur la date de 22 av. J.-C., qui fut celle du retour de la province des mains d’Auguste dans celles du peuple romain14. Ainsi pendant plus de vingt ans les élites politiques du peuple des Arécomiques avaient pu recevoir sur une large base le droit de cité romaine, l’émiettement des « républiques » villageoises ayant eu un effet démultiplicateur en ce domaine15. Or, devenir citoyen romain impliquait de renoncer à la dénomination « bi-membre » (l’idionyme complété par le patronyme)16 pour adopter une dénomination civique spécifique, avec un gentilice se transmettant de génération en génération, un praenomen, voire un cognomen, sur le modèle qui s’était généralisé en Italie17. Les premières inscriptions latines enregistrent ce phénomène, en visualisant fortement le statut du personnage : la dénomination constitue l’essentiel du texte.
5Antérieurement, la diffusion du droit de cité romaine avait été marquée, mais quantitativement dans des proportions moindres selon toute vraisemblance, par la diffusion des gentilices des grands personnages représentant la puissance romaine, depuis Marius jusqu’aux Iulii (César, puis Octavien/Auguste)18. Ces noms, liés à la grande histoire de Rome, se retrouvent dans la dénomination des grands personnages de la cité de l’époque du Principat. Ce sont les descendants des aristocrates de la fin de la période proto-historique. Cnaeus Domitius Ahenobarbus avait été un des premiers organisateurs de la province, lors du passage sous la domination romaine : on retrouve son gentilice tant chez le quattuorvir L(ucius) Domitius Axiounus (dont le cognomen conserve une trace d’anthroponymie celtique), que chez Cn. Domitius Afer, consul en 39 ap. J.-C., qui porte pour sa part un cognomen latin19. Il en va de même pour Pompeia Plotina, l’épouse de Trajan : son gentilice renvoie au grand Pompée, dont les clientèles s’étendirent dans toutes les parties de l’Occident20. On peut ainsi détecter dans l’épigraphie des élites la succession des clientèles avec leurs effets, jusqu’à l’époque augustéenne : les sénateurs nîmois qui sont connus se rattachent tous à ce contexte onomastique qui met en évidence l’engagement, notamment militaire, des grands personnages dominant le peuple provincial21.
6En revanche les nouveaux citoyens, dont le statut dérivait de l’application du droit latin, ne se référaient pas nécessairement à un grand personnage, membre d’une grande lignée romaine. L’acquisition du droit de cité romaine ne se réalisait pas dans le contexte militaire qui mettait en évidence la bravoure du personnage (ob virtutem) et ce n’était plus la volonté d’un général vainqueur qui décidait de cette transformation du statut juridique. La médiation ne renvoyait pas à un grand personnage mais à un processus abstrait. C’était d’habitude le nom individuel qui servait de fondement pour créer un gentilice, par la suffixation en – ius. Cette pratique ne s’écartait pas trop des usages linguistiques du monde indigène, car souvent on adoptait pour donner la filiation, en second élément de la dénomination, au lieu du nom patronymique au génitif, un adjectif tiré de ce dernier, en le suffixant en – akos/acos, en – ikos/icos, en – iknos/icnos, en – ios. Et dans ce dernier cas on se rapprochait du gentilice latin22. On peut d’ailleurs se demander si à Nîmes une des plus anciennes inscriptions religieuses, sur un autel dédié à Nemausus, ne serait pas à expliquer de cette manière23 : C(aius) Andolatius devant être interprété comme C(aius) fils d’Andolate. Andolatius ne serait pas le gentilice d’un citoyen romain, mais l’adjectif patronymique tiré du nom Andolate, qui est attesté par ailleurs, en sorte que le personnage devrait être considéré comme un pérégrin24.
7Quoi qu’il en soit, est alors créé un stock de gentilices qui conservent dans leur composition la marque des noms indigènes, mais qui en transforment l’usage, et qui, de plus, en font perdurer la trace puisque le gentilice se transmet de génération en génération. Il en va ainsi pour le chevalier romain de l’époque flavienne Sex(tus) Adgennius Macrinus. Adgennius dérive d’Adgennus, également connu dans l’anthroponymie de la cité de Nîmes que livrent les inscriptions latines. Mais il était déjà présent dans l’épigraphie gallo-grecque (Adgennos à Nîmes, Adgennorix à L’Isle-sur-Sorgue)25. On pourrait multiplier les exemples en analysant les gentilices de l’élite municipale à l’époque impériale, avec des gentilices tels que Indelvius, Indamius, Indedius26, etc.
8Mais il faut tenir compte que la dérivation du gentilice peut se produire soit à partir d’une dénomination bi-membre dont tous les éléments appartiennent au fonds linguistique local ou bien d’une dénomination plus ou moins contaminée par la substitution de noms latins à des noms celtiques. C’est ce qui explique l’apparition dans le groupe des notables municipaux, et plus généralement dans l’ensemble de la population de gentilices tels que Severius (issu de Severus), Frontonius (issu de Fronto), Secundius (issu de Secundus), etc. Ils apparaissent un peu plus tard, car il faut admettre que leur apparition présuppose un début de latinisation de l’anthroponymie. Mais à peine plus tard27.
9On aborde ainsi un des chapitres les plus vastes du sujet, car il s’agit de la latinisation de l’anthroponymie locale. Le phénomène peut être étudié de diverses manières, car on découvre une situation très complexe dans l’univers linguistique nîmois, tel qu’il est révélé par les inscriptions et par les indications onomastiques qu’elles livrent. On peut s’intéresser à des groupes bien circonscrits, mais on s’oriente alors vers des perspectives marquées par la stratification sociale, notamment la distinction entre les groupes essentiels de l’élite, les notables municipaux et les sévirs augustaux. Un angle d’attaque significatif peut prendre appui sur les inventaires que permet l’isolement des documents contenant des « dénominations pérégrines », autrement dit les dénominations bi-membres : elles révèlent une population de personnes de condition libre, mais qui n’ont pas encore franchi le seuil du droit de cité. Elles sont enracinées dans une situation juridique qui représente le passé. Il pourrait être éventuellement complété par l’étude, suivie selon les mêmes critères, des personnes qui indiquent la possession du droit de cité romaine, celles qui ont de leur temps, ou dont la famille a dans un passé plus ou moins lointain franchi le cap de la romanisation juridique. Il s’agit aussi d’inscriptions funéraires qui sont à l’écart des processus institutionnels de la vie municipale.
10Un mot d’éclaircissement est nécessaire pour clarifier le problème. Le droit latin est conçu à cette époque comme une voie de transition afin de transformer le statut juridique d’une communauté28. On l’engage dans une voie de manière inéluctable, comme Rome l’avait fait en Cisalpine au lendemain de la guerre sociale. Il y a donc, tendanciellement, un basculement de la population dans la cité romaine, ce qui sera même accéléré un peu plus tard par des décisions prises par Hadrien29. En même temps ont été mis en place des aménagements juridiques destinés à ne pas bouleverser les structures sociales et les structures patrimoniales (notamment le conubium, qui maintient la légitimité des droits paternels, face à la parenté naturelle de la mère)30.
11Par le choix de ce groupe, à l’exclusion des autres pour le moment, on touche une partie de la population que l’on peut considérer comme représentative de la population provinciale qui n’a pas été détachée de sa condition initiale. Les personnages qui constituent le groupe étudié n’ont pas encore profité de la mutation juridique qui fait entrer dans la cité romaine. La définition de l’identité ne résulte pas d’un effet direct des bienfaits de l’appartenance à une cité de droit latin.
12L’abondance du corpus épigraphique nîmois permet un classement chronologique, et des distinctions entre la ville et la campagne. On est ainsi progressivement conduit de la fin du ier siècle av. J.-C. au iiie siècle ap. J.-C. En s’appuyant sur les caractéristiques de l’épigraphie locale on peut répartir les inscriptions en quatre sous-ensembles : 1 – du milieu du ier siècle av. J.-C. à la fin de l’époque augustéenne (soit : -50/20, pour simplifier) ; 2 – de la fin de l’époque augustéenne au début de l’époque flavienne (soit : +20/70) ; 3 – du début de l’époque flavienne à l’époque de Marc Aurèle (soit : + 70 / + 160) ; 4 – du début du règne de Marc Aurèle au cœur du iiie siècle (soit : +160/250). En même temps, chacune de ces inscriptions s’inscrit dans une chronologie propre, qui relève de l’association d’un nom appartenant au passé, celui du père, et d’un nom appartenant au présent, celui de l’enfant : c’est une des particularités qu’apporte l’étude des dénominations bi-membres.
13Le tableau succinct qui est présenté ci-dessous montre la rapidité de la latinisation de l’anthroponymie. Même si le fonds celtique n’a pas été éliminé, il subit une rétraction considérable que l’on peut placer durant la première moitié du ier siècle ap. J.-C.
Évolution de la forme de la dénomination | Période 1 -50/20 | Période 2 +20/70 |
celtique > celtique | 19 | 5 |
celtique > latin | 20 | 22 |
latin > latin | 10 | 34 |
latin > celtique | 3 | 4 |
14On peut aussi tenter d’autres approches à partir du même stock d’information. Si l’on répartit d’une manière plus simple les éléments d’anthroponymie collectés, selon la répartition entre élément indigène et élément latin, et si l’on ajoute la distinction entre la ville et le territoire en fonction de la provenance des inscriptions, on parvient aux résultats suivants, qui viennent concorder avec la mesure précédente.
Période 1 | Période 2 | Période 3 | Période 4 | ||
Ville | total des occurrences | 45 | 74 | 134 | 54 |
éléments indigènes | 32 (71,1 %) | 18 (24, 3 %) | 15 (11, 1 %) | 2 (3, 7 %) | |
éléments latins | 13 (28, 9 %) | 56 (75, 7 %) | 119 (88, 8 %) | 52 (96, 3 %) | |
Territoire | total des occurrences | 83 | 88 | 125 | 36 |
éléments indigènes | 35 (42, 3 %) | 22 (25 %) | 11 (8, 8 %) | 6 (15, 1 %) | |
éléments latins | 48 (57, 7 %) | 66 (75 %) | 96 (91, 2 %) | 30 (84, 9 %) |
15En somme, avec des données quantitativement suffisantes, il est possible d’apprécier comment dans un contexte social qui était marqué par l’orientation vers l’acquisition du droit de cité romaine, la latinisation de l’anthroponymie est un phénomène qui s’est déroulé au terme du premier siècle d’existence de la colonie latine. Avant même d’avoir la possibilité d’affirmer l’identité de citoyen romain, le monde indigène a adopté les caractéristiques de l’anthroponymie latine.
16Il est certes possible aussi d’observer que les choix ne signalent pas toujours une grande recherche lexicale. À Lattes par exemple, où le stock documentaire est de haute époque (périodes 1 et 2), on peut constater que dans la population pérégrine les noms latins choisis sont d’une grande banalité (Quartus, Quintio, Secundus, Sextus), alors que chez ceux qui par leur dénomination signalent qu’ils détiennent le droit de cité romaine on relève une plus grande recherche (Rufinus, Marinus, Piperclus, Fortunatus, Moderatus). Mais il est vrai que la série documentaire est plutôt restreinte. Quand on s’élève à l’ensemble de la cité, on constate, dans le groupe de personnes sur lequel se fonde la présente étude, une assez grande diversité des choix, car sur 198 occurrences dans 58 cas le nom n’est attesté qu’une fois.
17En revanche, à l’autre extrémité de la statistique, quelques noms ou groupes de noms se caractérisent par la fréquence des attestations : 139 attestations correspondent ainsi à 29 noms ou noms dérivés. Au-dessus de 4 attestations on trouve Avitus (4), Carus et Carinus (6), Mansuetus (4), Marcellus associé à Marcellinus, à Marcinus et à Marculus (12), Maternus (5), Maximus associé à Maximinus et Maximillus (10), Montanus (4), Paternus (5), Primus associé à Primulus (18), Quartus associé à Quartinus, Quartio et Quartulus (11), Sabinus (7), Secundus associé à Secundinus et Secundilla (28), Servatus (5), Severus associé à Severinus (14), Verus associé à Verinus (6).
18En somme, c’est la rapidité de la latinisation de l’anthroponymie qui doit être soulignée : elle est acquise à l’entrée de l’époque flavienne lorsque Pline le Naturaliste émet son jugement élogieux sur la province. L’exemple de la cité de Nîmes, cité de droit latin, montre la profondeur du phénomène au-delà du monde des notables, et au-delà du seul cadre urbain. C’est l’ensemble de la cité, ville et territoire, qui avancent à peu près à même allure à partir du milieu du ier siècle ap. J.-C. Et, d’autre part, l’épigraphie permet d’aborder la diffusion du phénomène dans les niveaux moyens de la population, tant urbaine que rurale. On peut même envisager que l’expression épigraphique, qui est réductrice, conduirait parfois, lorsque l’anthroponymie révèle une situation de continuité linguistique, à en surévaluer la signification. Il ne s’agit en réalité que d’une persistance dans la dénomination de personnes. Si on a la chance de disposer d’un texte un peu plus expressif, notamment par les références au testament ou au droit de la tombe, on constate que ce sont les usages romains, ceux d’Italie, qui apparaissent31. En somme, le phénomène de latinisation n’effaça pas brutalement tout le fonds anthroponymique local, puisque l’on en décèle même des traces dans la dénomination des notables, surtout aux premières périodes, mais à terme, en s’imposant de plus en plus, il en menaçait la survie.
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Notes de bas de page
1 C. Jullian, Histoire de la Gaule, II, p. 3-36 ; G. Barruol, Les peuples préromains, p. 185-391 ; P. Thollard, La Gaule selon Strabon, p. 76-90, p. 142-144, p. 147-189.
2 On peut ainsi envisager d’expliquer le terme de « métropole » qu’apporte Strabon : B. Puech, « Des cités-mères aux métropoles », p. 388-389. On ajoutera l’observation de P. Thollard, La Gaule selon Strabon, p. 172-173 : le mot renvoie à une situation pré-romaine.
3 M. Lejeune, Recueil des inscriptions gauloises, I, p. 1-5 ; P.-Y. Lambert, La langue gauloise, p. 14-19 ; M. Bats, « La logique de l’écriture », p. 142-147. Sur l’inclusion de la zone arécomique, carte de M. Lejeune, ibid., I, p. 2, améliorée par M. Bats, ibid., p. 146.
4 On peut envisager qu’il n’y a pas succession des deux formes épigraphiques, mais que l’épigraphie gallo-grecque se prolonge quelque peu au delà du début du ier siècle av. J.-C. D’autre part, la continuité implique des chevauchements d’usages : M. Bats, « La logique de l’écriture », p. 146-147.
5 Chr. Goudineau, Regard sur la Gaule, p. 53-63.
6 M. Christol, Une histoire provinciale, p. 41-86.
7 Cés., Bell. Gall., I, 47 et I, 53, cf. VII, 65 ; Chr. Goudineau, Regard sur la Gaule, p. 139-140.
8 Just. Epit. 48, 5, 11. E. Badian, Foreign clientelae, p. 305 ; P.-M. Duval, La Gaule jusqu’au milieu du ve siècle, I, p. 310-313.
9 Selon l’interprétation des représentations statuaires du mausolée de Glanum : voir note 21.
10 M. Christol, Chr. Goudineau, « Nîmes et les Volques Arécomiques », p. 92.
11 D. Kremer, Ius Latinum, p. 121-127, à propos du commentaire d’Asconius (in Pis. 3 C), ce qui est confirmé à une date ultérieure par Strabon (Géogr., IV, 1, 12) puis par la loi d’Irni : ibid., p. 146-148.
12 M. Christol, Chr. Goudineau, « Nîmes et les Volques Arécomiques », p. 97-98 ; M. Christol, « La formation d’une élite municipale », p. 78-80.
13 Strab., Géogr., IV, 1, 12 ; Plin., NH, 37. Etat de la question : P. Thollard, La Gaule selon Strabon, p. 172-185. On ne doit pas occulter la réflexion sur les réalités territoriales, surtout vers l’Ouest : ibid., p. 155-156 et p. 172.
14 M. Christol, Chr. Goudineau, « Nîmes et les Volques Arécomiques », p. 99 et 102 ; nuances par M. Christol, « La formation d’une élite municipale », p. 77-78.
15 On pourrait même évaluer à près de 500 le nombre de bénéficiaires de ce privilège juridique : M. Christol, « La formation d’une élite municipale », p. 81.
16 M. Lejeune, Recueil des inscriptions gauloises, I, p. 453 ; A. Chastagnol, « L’onomastique de type pérégrin », p. 573-593 ( = La Gaule romaine et le droit latin, p. 51-71).
17 D. van Berchem, Les routes et l’histoire, p. 155-164 ; A. Chastagnol, « Considérations sur les gentilices des pérégrins », p. 169-181 ( = La Gaule romaine et le droit latin, p. 157-162).
18 M. Christol, Une histoire provinciale, p. 87-99.
19 Sur le magistrat : CIL, XII, 3215. Y. Burnand, Domitii Aquenses, p. 29-40, p. 223-225.
20 PIR2 P 679 ; M.-Th. Raepsaet-Charlier, Prosopographie des femmes, I, p. 511-512, notice 631 ; Y. Burnand, Primores Galliarum, II, p. 314-315. Il faut insister aussi sur les travaux de R. Syme : The Provincial at Rome, p. 32-124 passim ; Tacitus, I, p. 327-328.
21 C’est ce qu’éclaire à Glanum le monument des Iulii avec son décor : P. Gros, « Le mausolée des Julii », p. 68-69, p. 70-72, p. 75-80.
22 M. Lejeune, Recueil d’inscriptions gauloises, I, p. 453-454 ; P.-Y. Lambert, La langue gauloise, p. 30-31.
23 CIL, XII, 3093.
24 On connaît ainsi, mais depuis peu le nom féminin Andolata Ateponis f(ilia) : M. Christol, Inscriptions antiques, p. 21-26, n° 4 (sur ce nom, p. 25). Il s’agirait donc d’épigraphie gallo-latine : M. Lejeune, Recueil des inscriptions gauloises, II, 1, p. 57-59 ; P.-Y. Lambert, La langue gauloise, p. 91-92. Sur la chronologie précoce qu’il faut adopter pour cette sorte d’inscription, M. Bats, » La logique de l’écriture », p. 145-146.
25 CIL, XII, 3175 ; Y. Burnand, Primores Galliarum, II, p. 259-261 ; sur les noms qui se rapprochent dans l’épigraphie gallo-grecque, M. Lejeune, Recueil des inscriptions gauloises, I, p. 181-187 (G– 147) et p. 289-291 (G– 208) ; sur l’ensemble de la documentation épigraphique nîmoise : M. Christol, « La formation d’une élite municipale », p. 81-82 ; à Lattes, dans la partie occidentale du territoire de la cité on trouve Illuana Adgonneti (AE, 1972, 331).
26 Ensemble de références à propos de la publication d’une inscription Q(uintus) Caranto, Endami f(ilius) : M. Christol, Inscriptions antiques, p. 24-25. Panorama de l’ensemble du monde des notables par M. Christol, « Du peuple celtique à la colonie latine », p. 78-83.
27 L’ensemble épigraphique provenant de la nécropole de Lattes permet de prendre la mesure à haute époque des débuts de la latinisation de l’anthroponymie dans toute sa complexité : E. Demougeot, « Stèles funéraires », p. 110-116 ; M. Christol, « Epigraphie et onomastique », p. 29-32.
28 M. Humbert, « Le droit latin impérial », p. 217-226 ; D. Kremer, Ius Latinum, p. 180-189.
29 A. Chastagnol, « L’empereur Hadrien et la destinée du droit latin provincial au iie siècle », p. 220-225.
30 M. Christol, « Le droit latin en Narbonnaise », p. 73-75.
31 Comme le montre la mention du testamentum : témoignage précoce publié par J. Charmasson, M. Christol, M. Janon, dans M. Christol, « Inscriptions antiques de la cité de Nîmes », p. 79-95. Une inscription récemment publiée (et non encore reprise par l’Année épigraphique) est analysée par M. Christol, « Une histoire provinciale », p. 199-206. La datation proposée (vers la fin du ier siècle ap. J.-C.), pourrait être rehaussée jusqu’au milieu de cette période : Sex(to) Smeri f(ilio) / exs testamento / h(eredes) rogati / f(ecerunt).
Auteur
Professeur émérite à l’Université de Paris-I
École antique de Nîmes
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2016