Les ostraca de Narmouthis dans le contexte du bilinguisme gréco-égyptien de l’époque romaine
p. 11-18
Résumé
Les archives de Narmouthis, découvertes pendant la campagne de fouilles dirigées par A. Vogliano à Médinet Madi (Égypte) en 1938, contiennent à peu près 1500 ostraca rédigés en égyptien et en grec. Malgré l’existence d’autres archives bilingues en Égypte, les ostraca de Narmouthis sont exceptionnels en raison du grand nombre de textes conservés, de la diversité des types de textes qu’ils contiennent (documents juridiques et administratifs, ordres, exercices scolaires et règles de comportement, comptes et enregistrements, notes cadastrales, notes adressées à une ou à plusieurs personnes, textes astrologiques,… ) et de la variété des langues et des écritures présentes dans les ostraca (grec, égyptien hiéroglyphique, égyptien hiératique, égyptien démotique et « copte ancien »). Dans ce travail, nous abordons la problématique de ces documents dans le contexte du bilinguisme gréco-égyptien de l’époque romaine.
Note de l’auteur
Cet article a été réalisé dans le cadre d’une bourse de Formation de Professorat Universitaire du Ministère de l’Éducation espagnol. Son auteur est attachée au Projet de Recherche FFI2010-21125, subventionné par le Ministère de la Science et de l’Innovation d’Espagne.
Texte intégral
1Les archives du complexe de temples de Narmouthis furent retrouvées sur le site de Médinet Madi pendant la quatrième campagne de fouilles dirigées par Achille Vogliano. Cette campagne de fouilles eut lieu du début avril au 30 juin 1938 et fut notamment effectuée dans les parties nord et intérieure du téménos du temple et dans la partie sud de la voie sacrée méridionale. A. Vogliano nous dit :
« Pendant que l’on achevait l’exploration d’un édifice au bord est du téménos, à la hauteur du vestibule précédant les constructions ptolémaïques du temple, on a mis la main sur les archives d’un haut personnage religieux. On y a trouvé 1555 ostraca, dont beaucoup de grandes dimensions, qui vont de l’époque d’Hadrien à celle de Commode ; une partie est écrite en grec, une autre en grec et démotique, et une troisième en démotique. Il s’agit de documents qui se rapportent au culte du temple, aux fonctions des prêtres, à des querelles judiciaires où quelque personnage du temple est impliqué, à des comptes des biens du temple. D’un document de ces archives il résulterait que le personnage en question avait aussi la juridiction sur les temples de moindre importance de la région et devait en assurer le fonctionnement. S’il est permis d’en tirer quelque conclusion, il faudrait dire qu’à Narmouthis – l’ancienne Madīnet Mādī grecque (on peut l’affirmer maintenant)1 – et à l’île de Soknopaios existaient deux centres religieux importants de l’Arsinoïte (…) »2
2Bien que nous ne disposions que de peu de détails concernant l’endroit exact de la découverte, il y eut des tentatives pour situer cet endroit en suivant les indications du fouilleur3. D’après celles données par A. Vogliano, la strate dans laquelle les ostraca furent retrouvés, à l’intérieur de deux récipients d’argile, était composée de sable, et sur cette strate, il y en avait une autre plus récente4. Les derniers occupants avaient rempli le sol de la chambre de sable afin de pouvoir utiliser la pièce sans éliminer le sol précédent, ainsi la superposition d’une couche de sable sur celle dans laquelle se trouvaient les ostraca a conservé les documents presque intacts. Même si beaucoup d’ostraca avaient été numérotés et placés d’une manière précise, leur ordre ne fut pas enregistré5. De plus, les ostraca qui furent découverts dans les deux récipients d’argile furent mélangés avec d’autres ostraca qui furent trouvés dans la même pièce mais éparpillés par terre6.
3Les fouilles de Narmouthis furent interrompues par la Seconde Guerre mondiale. A. Vogliano, inquiet pour la conservation du matériel trouvé auparavant et conservé jusqu’à ce moment dans l’entrepôt des fouilles, fit deux voyages en Égypte en 1939 et 1940. Pendant ces deux séjours, les objets les plus importants, y compris les ostraca trouvés dans les fouilles et placés dans dix boîtes de bois, furent transportés dans les réserves du Musée du Caire. En mai 1994, pour pouvoir étudier les textes sur les ostraca originaux, P. Gallo retrouva au Musée égyptien du Caire les boîtes en bois qui contenaient les textes. Pendant le premier décompte, réalisé en août 1994, on dénombra 1471 ostraca7, parmi lesquels approximativement 40 % étaient rédigés en égyptien démotique, 40 % en grec et 20 % en démotique et en grec8.
4La plupart des ostraca de Narmouthis sont écrits sur une céramique à pâte calcaire, de couleur claire ; les scribes préféraient ce type d’ostraca, puisque l’encre ressortait mieux sur une surface claire ou même blanche. Les ostraca de céramique à pâte rouge nilotique sont moins fréquents dans les archives9. La plupart des ostraca ont été écrits avec de l’encre noire, dont le principal composant est le carbone, mais quelques-uns ont la numérotation ancienne, ou l’une des numérotations anciennes, écrite avec de l’encre rouge. La composition de l’encre noire n’a pas encore été analysée, mais P. Gallo10 distingue deux qualités d’encre, dont l’une contient plus de carbone11. En général, les textes ont été rédigés sur la surface convexe de la céramique, et parfois l’écriture a été effectuée sur toute la surface disponible et les textes ont été écrits sur plusieurs ostraca successifs. Dans quelques cas seulement, la surface disponible n’a pas été utilisée entièrement. Les textes écrits suivent, par conséquent, la forme du support d’écriture12.
5Tous les ostraca de Narmouthis ont été écrits avec le calame grec en roseau réalisé à partir de la plante de Phragmites Communis L. et non pas avec le pinceau égyptien en jonc réalisé à partir de Juncus Acutus L., quelle que soit la langue dans laquelle les textes ont été rédigés13. En effet, à la fin de l’époque ptolémaïque on adopta le calame grec pour la notation de la langue égyptienne, et vers la fin de cette période, celui-ci remplaça complètement le pinceau égyptien. Cette adoption du calame grec pour écrire les documents égyptiens peut être liée à l’hellénisation de l’administration égyptienne. Par conséquent, dans les ostraca de Narmouthis, la paléographie ne permet pas de distinguer l’origine grecque ou égyptienne du scribe14.
6Les scribes des textes démotiques de Narmouthis évitent les groupes plurilittères de signes, montrant une préférence pour les signes « alphabétiques »15. Ce phénomène est caractéristique de l’écriture démotique de l’époque romaine, probablement à cause de l’influence croissante de l’écriture alphabétique grecque et de la difficulté pour les scribes de comprendre et d’utiliser les graphies démotiques traditionnelles. Cependant, étant donné que d’autres documents démotiques provenant de Narmouthis ne sont pas connus pour le moment, il n’est pas possible de suivre l’évolution paléographique des scribes16. Dans les textes grecs l’écriture est bien lisible, majuscule à caractère documentaire, réalisée par des mains assez expérimentées. Par contre, la difficulté la plus importante pour comprendre les textes réside dans l’absence de références aux contextes connus des scribes mais que nous ignorons. Parfois, même si nous pouvons lire et traduire les textes, nous ne pouvons pas vraiment les comprendre à cause des allusions à des toponymes, documents, personnes et situations qui nous sont par ailleurs inconnus17.
7Même si, dans plusieurs cas, les faits auxquels les textes font allusion nous échappent, le contexte de réalisation de quelques ostraca peut être déterminé. Quelques textes des archives de Narmouthis, rédigés en grec et dans les différentes écritures égyptiennes, sont, en effet, de caractère clairement scolaire18. Il s’agit, notamment, des textes démotiques ODN19 I 25-26, ODN II 44, OMM 7020, et probablement ODN II 80, OMM 804 et OMM 933, qui contiennent des règles de comportement. Les textes grecs OGN I 125-126 et OGN I 128-131 semblent être également de caractère scolaire21. D’autre part, les ostraca scolaires ODN II 34-41, écrits en écriture hiéroglyphique, hiératique et démotique, comportent des gloses en alphabet grec avec quelques signes en démotique notant les phonèmes inexistants en grec. Avec ce type d’exercices, les élèves apprenaient les écritures hiéroglyphique et hiératique, en se servant des gloses en grec avec quelques signes démotiques pour pouvoir bien prononcer les expressions écrites.
8L’existence de ce type de textes dans les archives prouve que, dans le complexe de temples de Narmouthis, il y avait un « lieu d’enseignement ». En effet, l’éducation et l’apprentissage des écritures de la langue égyptienne avaient lieu traditionnellement, en grande partie, dans les temples22. La « Maison de vie », pr-ʿnḫ, jouait un rôle important dans la transmission de la culture égyptienne. Même si cette institution ne peut pas être considérée comme une école ou une université, il s’agissait, d’après les sources égyptiennes, d’un endroit en relation avec les livres relatifs à la religion et avec les scribes, c’est-à-dire d’un scriptorium23, comme le montre le titre « scribe de la Maison de vie », sš pr-ʿnḫ, dans les textes égyptiens ; ces scribes apparaissent nommés en démotique comme nȝ sḫw pr-ʿnḫ, et en grec comme ἱερογραμματεῖς24. Attestée à partir du Moyen Empire25, l’expression égyptienne qui désignait l’endroit spécifique d’apprentissage était ʿt sbȝ, littéralement « chambre d’apprentissage »26. Ce terme, présent dans ODN II 44, a été conservé en démotique et en copte pour désigner l’« école ». Même si ce mot indique qu’il y avait des lieux spécifiques où l’éducation était donnée, il reste difficile d’identifier ces endroits. L’éducation démotique avait lieu, en effet, dans les temples27, mais l’endroit exact est difficile à déterminer28.
9Pendant la période romaine, l’utilisation de l’écriture égyptienne hiéroglyphique et hiératique était limitée, semble-t-il, à la copie des anciens textes religieux. La plupart des papyrus en hiéroglyphique et en hiératique qui datent de cette époque sont des fragments de rituels religieux, magiques ou funéraires. Il s’agit, en général, des textes écrits auparavant, qui étaient recopiés par les scribes des temples ; ce ne sont pas des créations de l’époque, mais des tentatives de compilation des connaissances d’une culture millénaire qui était menacée29. La méconnaissance progressive des systèmes d’écriture hiéroglyphique et hiératique et l’utilisation de la langue grecque d’une manière croissante s’observent dans l’emploi de l’alphabet grec dans les gloses des textes de Narmouthis pour assurer la prononciation correcte des mots écrits en égyptien et, par conséquent, l’efficacité des formules magiques30 ; il s’agit, effectivement, de la naissance du copte ancien.
10La situation de l’écriture démotique à l’époque romaine s’avère plus complexe que celle du hiéroglyphique et du hiératique. Déjà avant l’arrivée des Romains en Égypte, l’administration préférait le grec pour les témoignages dans les actes juridiques et pour la rédaction des contrats, mais les documents rédigés en démotique pouvaient être aussi valables. À l’époque de Ptolémée Ier Sôter (ca. 305-285 av. J.-C.) et de Ptolémée II Philadelphe (ca. 385-246 av. J.-C.), les contrats privés rédigés en démotique pouvaient être enregistrés dans les archives officielles. À l’époque romaine, en revanche, seuls les documents rédigés en grec pouvaient être enregistrés dans le bureau appelé βιβλιοθήκη ἐγκτήσεων31. De la même manière, à la période ptolémaïque, il existait en Égypte deux tribunaux différents pour les procès grecs et égyptiens, mais, pendant l’époque romaine, cette organisation juridique bipartite fut éliminée et dans les tribunaux, comme dans d’autres organes de gouvernement, seul le grec pouvait être employé32. Pour ces raisons, dans le cas des documents légaux et notariaux, le démotique est rarement utilisé à l’époque romaine33.
11En revanche, les textes littéraires et religieux en écriture démotique sont relativement abondants pendant les deux premiers siècles de la période romaine. À cette époque, l’activité littéraire et scientifique dans les temples égyptiens est attestée par une grande quantité de textes religieux, magiques, médicaux, mathématiques et scolaires, et le démotique fut utilisé aussi dans les documents privés rédigés par les prêtres pour un usage limité aux temples34. Cependant, à partir de la fin du iie siècle, l’utilisation de l’égyptien démotique, limitée au milieu religieux et littéraire, se réduisit progressivement, même si le clergé continua à s’en servir pour la rédaction de quelques documents. Les ostraca des archives de Narmouthis, dont au moins la moitié a été rédigée en démotique35, montrent que, de l’époque d’Hadrien à la période de Commode36, le démotique était non seulement enseigné, mais aussi largement utilisé pour la rédaction de textes dans un milieu religieux.
12Les ostraca de Narmouthis constituent le reflet de la situation linguistique, culturelle, religieuse et sociale des habitants de ce village pendant la deuxième moitié du iie siècle après J.-C. Cette communauté pratiquait à cette époque les cultes religieux conformément aux croyances égyptiennes traditionnelles, dans lesquelles l’astrologie jouait un rôle important. Dans l’école qui se trouvait dans le complexe de temples, les élèves apprenaient les écritures démotique, hiéroglyphique, hiératique et grecque, ainsi que des règles de comportement en grec et en démotique. Les gloses en grec dans les textes écrits en hiéroglyphique et hiératique montrent, en effet, que les écritures démotique et grecque étaient apprises en premier et que l’égyptien hiéroglyphique et le hiératique étaient enseignés seulement ensuite. Les gloses en alphabet grec, grâce auxquelles la prononciation correcte des textes hiéroglyphiques et hiératiques et, par conséquent, des formules magiques, était assurée, sont les premiers témoignages du « copte ancien ». L’utilisation de l’alphabet grec pour ces gloses, ainsi que l’emploi du calame grec en roseau réalisé à partir de la plante de Phragmites Communis L. au lieu du pinceau égyptien en jonc réalisé à partir de Juncus Acutus L. pour la rédaction des textes en égyptien, témoignent d’une situation linguistique de diglossie dans laquelle la langue grecque prédominait clairement sur la langue égyptienne au moment de la formation des archives de Narmouthis.
Bibliographie
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10.2307/600648 :Annexe
Illustrations
Notes de bas de page
1 L’existence d’une ancienne ville grecque appelée Narmouthis était déjà connue depuis longtemps grâce à quelques papyrus (cf., par exemple, P. Lund. II 5, P. Ryl. II 226, P. Ryl. II 236, P. Tebt. II 393, P. Tebt. II 400, P. Tebt. IV 1099 ou P. Wisc. II 87) et à la Notitia Dignitatum (XXVIII, 46), datée du règne de Valentinien III (ca. 425-455). B. P. Grenfell et A. S. Hunt identifiaient Médinet Madi avec la ville connue comme Ἰβιὼν Εἰκοσιπενταρούρων dans les papyrus, mais A. Vogliano proposa en 1938 l’identification de Médinet Madi à Narmouthis. Il détermina aussi qu’il s’agissait de la ville qui était nommée Ḏȝ à l’époque pharaonique. Malgré l’identification définitive de Médinet Madi à Narmouthis grâce aux ostraca trouvés lors des fouilles italiennes, il reste encore à élucider la question de l’identification d’autres toponymes du Fayoum et, notamment, de la ville appelée Ἰβιὼν Εἰκοσιπενταρούρων.
2 A. Vogliano, « Madinet Madi. Fouilles de l’Université Royale de Milan », p. 88 (communiqué du Service des Antiquités).
3 Pour plus de détails sur l’analyse des indications d’A. Vogliano, cf. P. Gallo, Ostraka demotici e ieratici dall’archivio bilingue di Narmouthis II (34-99), p. XXXII-XXXVI.
4 A. Vogliano, « Rapporto preliminare della IVa campagna di scavo a Madînet Mâdi (R. Università di Milano) », p. 543.
5 Il n’est pas possible actuellement de reconstruire les archives grâce à la numérotation ancienne parce qu’elle se répète souvent. En plus, la numérotation récente établie pour les textes est complètement fortuite, sans relation avec la numérotation ancienne.
6 Cf. P. Gallo, Ostraka demotici e ieratici dall’archivio bilingue di Narmouthis II (34-99), p. XXXVII.
7 Cf. Ibid., p. XL. Conformément à ce décompte, 84 textes furent perdus.
8 D’après E. Bresciani, S. Pernigotti, M. C. Betrò, Ostraka demotici da Narmuti I (nn. 1-33), p. 2, plus de 600 ostraca sont écrits complètement en démotique, presque 500 en grec, approximativement 350 sont démotico-grecs et 70 gréco-démotiques, et une dizaine contient des signes en écriture hiéroglyphique, hiératique et démotique, avec des tentatives de transcription de la langue égyptienne avec des caractères grecs, constituant des gloses en copte ancien.
9 P. Gallo, Ostraka demotici e ieratici dall’archivio bilingue di Narmouthis II (34-99), p. LIII.
10 Ibid., p. LIII.
11 L’existence de deux types différents d’encre utilisés sur les papyrus, un basé sur le carbone et l’autre sur des éléments métalliques, a été vérifiée grâce à l’utilisation de la technique PIXE (« Particle-Induced X Ray Emission ») sur quelques papyrus de la collection de l’Institut Papyrologique « G. Vitelli » de Florence. Cf. I. Andorlini, F. Lucarelli, P. A. Mandò, « Particle-Induced X Ray-Emission for the Analysis of Writing and Painting Materials on Papyri and Textiles from Graeco-Roman Egypt », p. 51-64. On avait constaté aussi que pendant la période ptolémaïque principalement les textes démotiques étaient écrits avec une encre dont le principal composant était le carbone et les textes grecs étaient écrits avec une encre réalisée à base d’éléments métalliques. Cf. E. Delange, G. Grange, B. Kusko, E. Menei, « Apparition de l’encre métallo-gallique à partir de la collection de papyrus du Louvre », p. 213-217.
12 Cf. R. Pintaudi, P. J. Sijpesteijn, Ostraka greci da Narmuthis (OGN I), p. 17.
13 Nous ne sommes pas d’accord avec P. Gallo, Ostraka demotici e ieratici dall’archivio bilingue di Narmouthis II (34-99), p. LIII, qui affirme que la plupart des textes grecs, démotiques ou démotico-grecs des archives de Narmouthis ont été écrits avec le « calamo egiziano », fait qui montrerait que les scribes de Narmouthis étaient de formation et de langue indigène égyptienne, et que les textes démotiques écrits avec le « stilo greco » sont encore peu fréquents à Narmouthis. L’utilisation de l’expression « calame égyptien » est, d’autre part, une contraditio in terminis, étant donné que l’outil d’écriture égyptien était le pinceau de jonc (Juncus Acutus L.), et l’outil caractéristique grec était le calame de roseau (Phragmites Communis L.).
14 Cf. W. Clarysse, « Egyptian Scribes Writing Greek », p. 188-201 ; W. J. Tait, « Rush and Reed : the Pens of the Egyptian and Greek Scribes », p. 477-481.
15 Cf. W. J. Tait, « Uniconsonantal Signs and Patterns of Change : Exploring the Orthography of the Demotic Script », p. 127-143.
16 P. Gallo, Ostraka demotici e ieratici dall’archivio bilingue di Narmouthis II (34-99), p. LIV.
17 Ibid., p. XLI.
18 Nous ne sommes pas d’accord avec E. Bresciani, S. Pernigotti, M. C. Betrò, Ostraka demotici da Narmuti I (nn. 1-33), p. 2-3 ; E. Bresciani, R. Pintaudi, « Textes démotico-grecs et greco-démotiques des ostraca de Medinet Madi : Un problème de bilinguisme », p. 123, qui considèrent que la plupart des ostraca de Narmouthis sont de caractère scolaire et que les archives sont « fictives ».
19 Dans cet article, les ostraca de Narmouthis ont été cités en suivant la façon traditionnelle de citation : ODN (ostracon démotique de Narmouthis), OGN (ostracon grec de Narmouthis) et OMM (ostracon de Médinet Madi).
20 Les textes démotiques ODN I 25-26 contiennent des maximes de sagesse ; OMM 70 a un exercice mathématique et dans ODN II 44, l’expression tȝ ʿn-sbȝ « le lieu d’enseignement » est attestée. Cf. P. Gallo, Ostraka demotici e ieratici dall’archivio bilingue di Narmouthis II (34-99), p. 22.
21 Ils contiennent notamment des noms de divinités, des lettres de l’alphabet grec, des maximes morales et des trimètres iambiques. Cf. aussi l’ostracon sans numéro d’inventaire contenant un exercice d’écriture dans G. Nachtergael, « Ostraca de la ‘Maison des ostraca’« , p. 76-77.
22 Le rôle des prêtres en ce qui concerne l’enseignement des écritures de la langue égyptienne et l’astrologie est mentionné par Diodore de Sicile (I, 81). D’autre part, l’importance de l’astrologie dans le complexe de temples de Narmouthis est attestée par le grand nombre de textes de caractère astrologique, rédigés en grec et en démotique, présents dans les archives.
23 Cf. A. H. Gardiner, « The House of Life », p. 175 ; R. J. Williams, « Scribal Training in Ancient Egypt », p. 220-221. L’institution de la « Maison de vie » comme une sorte de scriptorium plutôt que comme une école ou une université apparaît dans l’inscription qui se trouve sur le dos de la statue d’Oudjahorresne (statuette naophore du Vatican 158 ; cf. G. Posener, La première domination perse en Égypte. Recueil d’inscriptions hiéroglyphiques, p. 21-25) : Ỉw wḏ n.ỉ ḥm n(y) nsw-bỉty Ndrỉwṯ -ʿnḫ.(w) ḏt - ỉỉ.ỉ r Kmt ỉs ḥm.f m ʿrm ỉs nsw m ỉty ʿȝ n(y) ḫȝst nb(t) ḥkȝ ʿȝ n(y) Kmt r smn ḫȝ n(y) pr-ʿnḫ, « La Majesté du roi de la Haute et de la Basse Égypte Darius, qu’il vive éternellement, m’ordonna de retourner en Égypte, – tandis que Sa Majesté se trouvait en Élam, alors qu’elle était grand roi de tous les pays étrangers et grand souverain de l’Égypte –, pour remettre en état l’établissement du pr-ʿnḫ » (traduction de G. Posener). Le mot ḫȝ, « bureau », est aussi en relation avec un centre d’études dans d’autres attestations (cf. Ibid., p. 23).
24 Cf. A. H. Gardiner, « The House of Life », p. 170. Le grec ignore la présence de l’expression pr-ʿnḫ en égyptien et la remplace par l’adjectif ἱερός, « sacré » ; cf. Ibid., p. 172.
25 R. J. Williams, « Scribal Training in Ancient Egypt », p. 215.
26 L’éducation des personnes proches du roi avait lieu, semble-t-il, dans les palais royaux, comme on peut déduire à partir de la stèle d’Ikhernofret (Berlin 1204), du Moyen Empire. Cf. Ibid., p. 216.
27 Les documents trouvés dans d’autres villes du Fayoum, comme Soknopaiou Nesos et Tebtynis, montrent aussi l’existence d’écoles démotiques associées au temple local. Cf. R. Cribiore, Gymnastics of the Mind. Greek Education in Hellenistic and Roman Egypt, p. 22-23.
28 Il est difficile de déterminer si, dans le complexe de temples de Narmouthis, la pièce où l’éducation était donnée est la même que celle où les ostraca furent retrouvés. D’après A. Vogliano, « Rapporto preliminare della IVa campagna di scavo a Madînet Mâdi (R. Università di Milano) », p. 537, la pièce dans laquelle les ostraca furent trouvés aurait été le bureau d’un haut dignitaire religieux. D’après R. Cribiore, Gymnastics of the Mind. Greek Education in Hellenistic and Roman Egypt, p. 22, le vestibule du temple d’Hathor à Dendera, par exemple, semble avoir été un endroit où l’apprentissage avait lieu. Cf. aussi F. Daumas, Dendara et le temple d’Hathor. Notice sommaire, p. 34 ; C. Leblanc, « L’école du temple (ât-sebaït) et le per-ânkh (maison de vie). À propos de récentes découvertes effectuées dans le contexte du Ramesseum », p. 93-101 ; et C. Leblanc, « L’éducation, la formation des scribes et les institutions d’enseignement dans l’Égypte ancienne », p. 28-30.
29 P. Gallo, Ostraka demotici e ieratici dall’archivio bilingue di Narmouthis II (34-99), p. XXVI.
30 Selon la conception égyptienne, les textes magiques n’étaient efficaces que s’ils étaient prononcés conformément à la manière dont les ancêtres les prononçaient. Dans la plupart des cas, les formules magiques devaient être utilisées dans leur langue originale pour conserver intact le principe magique ; on considérait que la traduction de cette sorte de textes pouvait éliminer l’effet magique des formules. Les conséquences des traductions et des modifications des textes magiques sont abordées par Jamblique (VII, 4-5). Cf. C. Préaux, « De la Grèce classique à l’Égypte hellénistique : traduire ou ne pas traduire », p. 372-376.
31 N. Lewis, « The Demise of the Demotic Document : When and Why », p. 279.
32 Ibid., p. 279-280.
33 On a constaté, en effet, l’existence de traductions grecques de documents légaux démotiques pendant cette période, comme dans le cas du papyrus P. Oxy. XLVI 3285. Cf. Ibid., p. 280-281.
34 Cf. P. Gallo, Ostraka demotici e ieratici dall’archivio bilingue di Narmouthis II (34-99), p. XXVIII.
35 Cf. note 9.
36 A. Vogliano, « Madinet Madi. Fouilles de l’Université Royale de Milan », p. 88 (communiqué du Service des Antiquités).
Auteur
Doctorante à l’Université catholique de Louvain
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016