Figures romantiques de la mobilité et de l’immobilité montagnardes : les voyages aux Alpes et aux Pyrénées de Victor Hugo (1825-1843)
Résumé
Entre 1825 et 1843, Victor Hugo accomplit deux voyages aux Alpes et un voyage aux Pyrénées. Au fil de la correspondance qui les accompagne, se dessinent les grandes lignes de l’appropriation, par l’écrivain, de cet espace montagnard au moment où les élites européennes en font leur nouveau terrain de jeu. Destination romantique où continue de se construire le dialogue amorcé par Rousseau entre le paysage intérieur du poète et le paysage extérieur qui s’offre à sa vue, la montagne, en ce premier xixe siècle, constitue aussi le lieu d’expériences sensorielles inédites où s’invente un nouveau rapport du corps à l’espace. Mais si la montagne hugolienne se donne à voir comme le territoire de mobilités multiples, elle n’en constitue pas moins, pour l’écrivain, un espace clos, refermé sur des populations préservées de tout contact avec l’extérieur. Un de ces isolats où la première génération romantique a cru pouvoir saisir les vestiges d’un âge d’or originel et pratiquer cette archéologie de l’étrangeté chère aux celtomanes du début du siècle.
Texte intégral
1L’emboîtement thématique des différentes sections composant ce colloque sur les circulations montagnardes invite à croiser trois problématiques : celle des conditions matérielles de la circulation au sein de l’espace montagnard européen, celle des modalités de la construction des systèmes de représentations de la montagne dans la culture occidentale, celle, enfin, des formes d’expression littéraire qui ont accompagné ce processus.
2Sans doute avons-nous fort peu de mérite à avoir choisi, pour illustrer cette triple articulation, de nous inscrire dans ce temps du romantisme qui est à la fois celui où se parachève le processus, enclenché au milieu du xviiie siècle, d’appropriation par les élites européennes d’espaces jusque-là considérés comme répulsifs – les littoraux et les montagnes – et celui où se forge un modèle de voyage traversé par des enjeux à la fois esthétiques, idéologiques et scientifiques – l’égotisme, le pittoresque, le sublime, la réinterprétation des traditions locales, l’interrogation sur les origines du monde –, enjeux qui, chacun à leur manière, nous ramènent une question littéraire majeure : celle de la spécificité de la poétique qui en accompagne le récit1.
3Les Voyages de Victor Hugo constituent sans aucun doute l’une des illustrations les plus convaincantes de cette articulation entre ce qui relève de la culture matérielle du voyage, de l’imaginaire de l’espace et des contraintes formelles en fonction desquelles se constitue l’écriture viatique. Entre 1825 et 1843, l’écrivain accomplit deux voyages aux Alpes – le premier en 1825 en compagnie d’Adèle, le second en 1839 en celle de Juliette Drouet – et un voyage aux Pyrénées en 1843, qui est en réalité un voyage en Espagne demeuré dans l’historiographie hugolienne comme le voyage au retour duquel il apprend, au hasard d’une halte à Rochefort, la noyade de Léopoldine.
4Les Voyages de Victor Hugo sont constitués de textes de nature très diverse – lettres, réelles ou fictives, fragments de journal ou de carnets, récits, parfois recomposés postérieurement sous la forme épistolaire, albums. Reconstituer les conditions de leur édition n’est pas chose aisée : certains de ces écrits ont été publiés du vivant de l’auteur – comme les Fragments d’un voyage aux Alpes, parus en deux étapes successives, en 1829 dans la Revue de Paris puis, en 1831, dans la Revue des Deux Mondes2 – ; d’autres l’ont été à titre posthume, comme l’ensemble des écrits relatant ses voyages de 1839 dans les Alpes, le midi de la France et la Bourgogne ainsi que celui de 1843 dans les Pyrénées. Les titres attribués à ces différents ensembles ont également pu varier au gré des éditions : ainsi les voyages de 1839 et 1843 ont-ils été regroupés dans une première publication par Paul Meurice chez Hetzel-Quentin en 1890 sous le titre En voyage – Alpes et Pyrénées, puis sous celui Alpes et Pyrénées en 1910 dans l’édition dite « de l’Imprimerie nationale » où on leur a adjoint de nouveaux textes tirés des Albums ainsi que la lettre écrite à l’intention de Louis Boulanger que nous évoquerons plus loin3.
5Au fil des trois voyages accomplis par Hugo entre 1825 et 1843 aux Alpes et aux Pyrénées, se déploie toute une gamme de sensations liées aux modalités spécifiques de la pénétration de la montagne et de l’appropriation de sa verticalité4 : la montée, l’escalade, le dévalement des pentes. Les propriétés géométriques et topographiques de l’espace imposent ici, avec les contraintes matérielles qui leur sont liées, une nouvelle mécanique du regard où vient s’enrichir la quête du pittoresque et s’expérimenter l’abandon à la sublime horreur. Mais si la montagne hugolienne se donne à voir comme le territoire de mobilités multiples, elle n’en constitue pas moins, pour l’écrivain, un espace clos, refermé sur des populations préservées de tout contact avec l’extérieur. Un de ces isolats où la première génération romantique a cru pouvoir saisir les vestiges d’un âge d’or originel et pratiquer cette archéologie de l’étrangeté chère aux celtomanes du début du siècle. Un espace de méditation, surtout, laboratoire privilégié du voyage au-dedans de soi.
Des mobilités étagées
6Hugo, comme nombre de ses contemporains, voit d’abord dans les massifs montagneux des barrières dont le franchissement relève du défi. Avant de comparer, en 1843, les Pyrénées à « une grande muraille dressée5 », il convoque, dès son premier voyage aux Alpes de 1825, le souvenir historique des traversées mythiques des cols alpins, celles d’Hannibal et de Bonaparte, se demandant :
« Avec effroi, presque avec incrédulité, comment le lourd attirail d’une armée a pu voyager par des routes qui semblent souvent refuser de l’espace et de la solidité aux pieds aériens du chamois, et comment il a réussi à doubler deux fois ces hauts promontoires qui baignent dans les nuages et plongent si profondément dans le ciel.6 »
7Les massifs qu’il parcourt entre 1825 et 1843 n’en apparaissent pas moins dans ses notes de voyage comme des espaces relativement accessibles pour qui arrive de la plaine, au point de s’ouvrir de plus en plus largement, d’un voyage à l’autre, à la figure nouvelle du « touriste ». C’est en fait le passage du plan horizontal des circulations en plaine à celui vertical de la pénétration au cœur des massifs qui marque le point de rupture entre deux perceptions des mobilités montagnardes. Sous la plume de l’écrivain, l’enfoncement dans la montagne devient une expérience physique et sensorielle inédite, affrontement à des dangers spécifiques qu’accompagne et souligne l’adaptation des moyens de déplacement aux propriétés orographiques du terrain.
Des territoires en voie d’appropriation
8À plusieurs reprises, l’écrivain souligne le bon état relatif des routes conduisant au pied des massifs. Il lui arrive même de constater, d’un voyage à l’autre, les améliorations dont certaines voies de communication ont pu bénéficier :
« Il y a quinze ans, note-t-il lors de son deuxième voyage aux Alpes en 1839, le chemin de Zug à Art était un sentier impraticable où trébuchait le meilleur cheval. C’est maintenant une grande route excellente laquelle ne cahote pas même l’espèce d’omnibus-charrette qui la parcourt avec des cargaisons de voyageurs le sac sur le dos.7 »
9La même année, il écrit à Adèle que, sur la route de Thun à Berne, « son cabriolet à quatre roues trottait sur une route excellente8 ». C’est que les quelque dix-huit années séparant le premier voyage aux Alpes du voyage aux Pyrénées correspondent au début du processus d’investissement touristique de la montagne9, marqué par l’inscription du voyage aux Glacières dans l’itinéraire du Grand Tour, les séjours estivaux des riches anglais dans les hôtels de « Chamouny », le tout début de l’« ascensionnisme » romantique. Dès le premier voyage aux Alpes de 1825, Hugo perçoit les premiers frémissements du phénomène touristique et s’alarme de ce que cela risque de faire perdre à la montagne. Dans la vallée de Chamonix, là où depuis le xie siècle, les chasseurs jouaient de ces échos qui avaient entretenu l’épouvante autour des Monts Maudits, il pointe, non sans nostalgie, la métamorphose de cette tradition en amusement touristique et sa mercantilisation :
« Aujourd’hui, dans ce même lieu, des voyageurs élégants, des femmes parées descendent de leur char à bancs sur une route assez bien nivelée. De petits garçons déguenillés accourent avec un long porte-voix. Ils en tirent des sons aigus qui ressemblent encore à l’ancienne adjuration du chasseur. Une voix des montagnes les répète distinctement sur un ton plus faible et plus lointain. Et puis, si vous demandez à ces enfants : qu’est cela ? ils vous répondent : c’est l’écho, et tendent la main.
– Où est la poésie10 » ?
10Si le touriste n’est pas vraiment le bienvenu dans le paysage chez Hugo, c’est que ce moment, qui est celui de la quasi-invention du terme – Stendhal publie ses Mémoires d’un touriste en 1838, un an avant le second voyage aux Alpes – est aussi celui de sa tournure en dérision. « Contagion inévitable du monde élégant11 » selon Guichardat, le tourisme, que Littré ne va pas tarder à définir comme la pratique « des voyageurs qui ne parcourent des pays étrangers que par curiosité et désœuvrement12 », trouble la quiétude du rêveur et compromet l’esprit des lieux. Lors de son second voyage aux Alpes, en 1839, Hugo s’agace de voir le Rigi-Kulm13 servir de succédané du Mont-Blanc à des hordes de voyageurs suréquipés et raille ces « espèces de don Quichotte des montagnes qui sont déterminés à faire une ascension et qui escaladent cette butte avec tout l’attirail de Cachat-le-Géant14 ». Parvenu au sommet, où l’ampleur de la vue qui le saisit lui inspire une de ses méditations sur les merveilles de la nature dont sont émaillées tant de ses lettres de voyage, il prend soin de distinguer soigneusement sa propre attitude de celle des touristes :
« Le touriste vient y chercher un point de vue ; le penseur y trouve un livre immense où chaque rocher est une lettre, où chaque lac est une phrase, où chaque village est un accent et d’où sortent pêle-mêle comme une fumée deux mille ans de souvenirs.15 »
S’enfoncer dans la montagne
11Mais si le piémont des montagnes est, aux yeux de l’écrivain, de plus en plus facilement accessible, les propriétés topographiques de la montagne – la pente, le ravin, le précipice, l’altitude – dans ces années 1820 à 1840, font encore des hauteurs des lieux périlleux.
12La pénétration des profondeurs des massifs impose des difficultés telles qu’elle constitue, pour le voyageur parisien, un sujet d’étonnement, d’effroi parfois, une expérience physique, toujours, dont il tient à relater les moindres détails. Terrain d’élection de la ligne serpentine, le milieu montagnard constitue, aux yeux de l’écrivain-voyageur, un espace de circulation particulier :
« Les montagnes produisent deux sortes de routes, écrit Hugo en 1843 : celles qui serpentent à plat sur le sol comme des vipères ; celles qui serpentent en ondulant par soubresauts comme les boas.16 »
13Les choses se compliquent lorsqu’à l’occasion des montées – Hugo met lui-même le terme en italiques – on passe de la route au « chemin ». Vieille distinction historique qui renvoie au caminus gaulois, lien de proximité qui, contrairement à la via rupta d’origine romaine tranchant dans le relief, s’adapte aux irrégularités du terrain. Première perception de cette pénétration dans l’inconnu lors du voyage de 1825 sur le chemin qui mène de Servoz à Chamonix où le voyageur expérimente des dangers inédits :
« C’est un chemin étroit et rapide, laborieusement tracé le long d’un escarpement effrayant, auquel rien ne peut se comparer, si ce n’est la pente de la montagne qui borde l’Arve de l’autre côté […] On y glisse à chaque instant sur de larges dalles de granit qui font étinceler les fers des mulets. À droite on doit prendre sur sa tête la racine des grands mélèzes déchaussés par les pluies, à gauche, on peut pousser du pied la tête effilée comme l’aiguille d’un rocher.17 »
14En 1843, lors du voyage aux Pyrénées où l’écrivain semble vivre une confrontation physique à la montagne plus brutale que dans les Alpes, il amplifie, par le recours à l’ironie, le caractère hasardeux du déplacement sur les chemins d’altitude. Empruntant à cheval celui qui mène au cirque de Gavarnie, il note :
« Profondeur effrayante du gave. Mon cheval aime le bord. Je le laisse faire. C’est son genre.18 »
15C’est que, explique-t-il, les espèces autochtones sont adaptées aux conditions spécifiques des circulations montagnardes :
« Les chevaux de montagne sont admirables, patients, doux, obéissants, pleins d’instincts variés. Ils montent des escaliers et descendent des échelles. Ils vont sur le gazon, sur le granit, sur la glace. Ils côtoient le bord extrême du précipice. Ils marchent délicatement et avec esprit comme des chats. De vrais chevaux de gouttières.19 »
16Les figures de l’affrontement de l’écrivain-penseur-voyageur aux périls des déplacements sur les chemins montagnards constituent ici l’hyperbole du topos romantique du face-à-face Paris/province. Sur son « cheval de gouttière » pyrénéen, Hugo symbolise cette inadaptabilité foncière du parisien aux périls des circulations montagnardes :
« Il avait l’air de se dire : ce monsieur est un artiste, un amateur. Il faut lui faire bien voir tout ! Ah ! Tu veux des torrents, Parisien ! Tu veux des gaves, des cascades, des gouffres, des précipices, des émotions ! Eh bien, en voilà. Tiens, regarde, penche-toi, ici, et ici, et ici. En as-tu assez ? Je trottais ainsi en surplomb sur des escarpements de huit cents pieds de profondeur avec un petit gave bleu et sombre sous les yeux […]20 »
Poétique de l’effort et quête de la « sublime horreur »
17Dans le milieu montagnard, dont la pénétration s’ordonne selon les règles de la verticalité, l’adaptation aux contraintes de la déclivité répond à une double logique d’étagement : celle des moyens de transport utilisés mais aussi celle des efforts physiques fournis par le voyageur en quête active d’émotions visuelles. En écho au Rousseau des Confessions – « Il me faut des torrents, des rochers, des sapins, des bois noirs, des montagnes, des chemins raboteux à monter et à descendre, des précipices à mes côtés qui me fassent bien peur21 » –, les pérégrinations alpines et pyrénéennes de Victor Hugo révèlent ainsi toute une gamme d’expériences sensibles engageant le corps dans son entièreté.
18L’abandon de la voiture pour le char à bancs « attelés de mulets, et formés d’une seule banquette transversale où l’on est assis de côté sous une façon de petit dais en cuir » dont Hugo fait la première expérience en 1825 sur le chemin de Sallanches à Chamonix marque une rupture essentielle :
« Cette nouvelle manière de voyager vous avertit que vous passez, en quelque sorte, d’une nature à une autre. Voici que vous pénétrez dans la montagne. Le sabot rond et plat des chevaux ne convient plus à ces chemins âpres, escarpés et glissants. La roue des voitures ordinaires se briserait dans ces sentiers étroits, à tout moment déchirés par des pointes de rocs et rompus par les torrents. Il faut des chariots légers et solides qui puissent se démonter dans les passages difficiles, et les traverser avec vous sur les épaules des guides et des muletiers.22 »
19Le passage du char à bancs à l’ascension à dos de mulets constitue une deuxième rupture qui confère à l’expérience une dimension sensorielle inédite : « Jusqu’ici, vous n’avez fait que voir les Alpes, maintenant vous commencez à les sentir », note Hugo. Expérience rugueuse du cahot à laquelle ne tarde pas à succéder celle de l’ascension pédestre qui engage plus encore toutes les fonctions physiques, de l’effort musculaire à la physiologie de l’équilibre :
« Vous avancerez encore et alors le vertige, ou quelque autre invincible obstacle, vous forcera de descendre de vos montures et de continuer à pied votre voyage hasardeux, jusqu’à ce qu’enfin vous ayez atteint ces lieux où l’homme lui-même est contraint de reculer, ces solitudes de glace, de granit et de brouillard, où le chamois, poursuivi par le chasseur, se réfugie audacieusement entre les précipices prêts à s’ouvrir et des avalanches prêtes à tomber.23 »
20Sur les pentes des montagnes, s’expérimente ainsi cette culture de l’effort que consacreront à la fin du siècle les écrits des clubs alpins et que récompense, à l’arrivée au sommet, la sidération visuelle du panorama. Il y a dans cet engagement de tout le corps dont Hugo n’est jamais avare d’évocation, quelque chose qui renvoie aux conditions premières de la quête du sublime dans l’Angleterre de la fin du xviiie siècle et dont Baldine Saint-Girons a montré qu’elle supposait un affrontement physique aux éléments de la nature24. Hugo en fait l’expérience bouleversante lors de son ascension du Rigi en 1839 quand, au terme d’une progression de quatre heures, il se retourne, « [se] demandant à quel être supérieur et choisi la nature servait ce merveilleux festin de montagnes, de nuages et de soleil, et, cherchant un témoin sublime à ce sublime paysage25 ».
21Le long et périlleux parcours qui, depuis la plaine, hisse le voyageur jusqu’aux sommets illustre le besoin de confrontation de l’homme du xixe siècle à cette « énergie des vacuités dynamisées26 » évoquée par Alain Corbin à propos de l’apprivoisement romantique du littoral, lequel s’accomplit pratiquement au même moment que celui de la montagne. Gagnées de haute lutte physique, les hauteurs sont regardées par Hugo pour ce qu’elles recèlent d’éléments chaotiques, de traces d’accidents géologiques, de reliefs tourmentés, de violences visuelles et auditives ; pour ces « vacarmes de l’œil » que, lors d’un autre voyage, il évoque devant la Fontaine de Vaucluse et dont se nourrit l’esthétique de la « sublime horreur ». Là encore, c’est au sommet du Rigi, où il va jusqu’à s’aplatir en surplomb du vide pour mieux capter la violente étrangeté du paysage, qu’il trouve à vibrer de tout son être au spectacle d’une nature déchaînée :
« Sur des sommets comme le Rigi-Kulm, il faut regarder, mais il ne faut plus peindre. Est-ce beau ou est-ce horrible ? Je ne sais vraiment. C’est horrible et c’est beau tout à la fois. Ce ne sont plus des paysages, ce sont des aspects monstrueux.27 »
22L’horreur que les romantiques n’hésitent pas à associer à la beauté quand nous-mêmes en avons fait le superlatif de la laideur, doit être comprise comme une forme suprême d’effroi qui suscite une vibration de tout l’être au contact de la violence des éléments. En 1825, sur la route de Sallanches à Chamonix, Hugo salue ainsi « l’horrible beauté » du site sauvage du Nant noir28, « lugubre et désolé », et où, sous des crêtes nues et des rochers en surplomb « les échos …se répètent les hurlements furieux du torrent29 ».
23Beauté « horrible », aussi, que celle qui se dégage de la violente énergie du torrent pyrénéen qui surprend l’écrivain en août 1843 sur le chemin de Gavarnie et qui renvoie à cette esthétique du choc par laquelle l’âme sensible ne demande qu’à se laisser submerger :
« De larges entonnoirs forment de grandes cuves où l’eau saute et bout couverte d’écume comme dans une marmite énorme chauffée à un feu qui ne s’éteint jamais. Des souches d’arbres, monstrueuses, des racines hideuses, décharnées et difformes, roulent dans le torrent comme des carcasses d’hydres.
– L’horrible est partout.30 »
24Mais pour être pleinement aboutie, la quête de la sublime horreur suppose, au terme de l’effort, des formes d’immobilité, des capacités à s’abstraire des fluidités ambiantes – celles de la route, des foules et des circuits déjà trop convenus du pittoresque – pour s’abandonner, dans la solitude la plus absolue, aux transports intérieurs qui font de la montagne un espace de contemplation, un isolat propice à toutes les formes de dépassement du réel, une invitation à regarder « au-dedans de soi ». Un espace où s’expérimentent des formes spécifiques d’immobilité.
Figures romantiques de l’immobilité montagnarde
La montagne comme espace de contemplation
25C’est sur le chemin de Sallanches à Chamonix que, lors de son voyage de découverte des Alpes en 1825, Hugo fait une première fois l’expérience de ce passage, au sens métaphysique du terme, dans un monde différent :
« Après avoir gravi péniblement un chemin encombré de pierres roulantes, qui sonnent sous le pied des mulets, on traverse le village de Chède, et on laisse la belle cascade derrière soi, pour s’enfoncer dans la montagne. […] Tout à coup, le taillis s’ouvre et s’écarte comme à plaisir, un spectacle rempli d’un charme inattendu est devant vos yeux […] On se croirait magiquement transporté dans une autre contrée, sous un autre ciel […]31 »
26Cette expérience du « transport », au sens cette fois symbolique du terme – qui renvoie à l’idée, elle aussi duale, d’un « ravissement », c’est-à-dire d’un élan qui à la fois vous charme et vous enlève du réel – nous introduit à la problématique de l’immobilité en ce qu’elle suppose un détachement des contingences matérielles du voyage pour s’abîmer dans la contemplation, laquelle, chez Hugo, n’est jamais loin de la réflexion métaphysique.
27Récompense des efforts de la montée, le panorama polarise la promenade et autorise le repos. Par lui, la montagne hugolienne peut devenir un espace privilégié de méditation. « Comment ai-je passé cette journée au sommet du Rigi ? », feint-il de se demander en 1839 après avoir détaillé les phases de son ascension. « Je ne sais. J’ai erré, j’ai regardé, j’ai songé32 ». Vue des sommets, les lignes organisatrices du paysage sur lesquelles glisse le regard ne sont plus verticales mais horizontales. La vue circulaire permet d’en mesurer la variété des composantes, d’en ordonner, plan par plan, la saisie visuelle comme on le ferait avec un tableau et de laisser, dans la vacuité du temps de la contemplation, remonter les références culturelles à la surface.
28Ce panoptisme, indissociablement géographique et historique, suppose l’immobilité du spectateur. Devant ses évocations paysagères, on pense au peintre Pierre-Henri de Valenciennes qui, apprenant à goûter au panorama, précisait, à la fin du xviiie siècle, que la Nature devait être « envisagée d’un seul coup d’œil ; la tête immobile33 ». « Après une heure passée sur le Rigi-Kulm, écrit Hugo en 1839, on devient statue, on prend racine à un point quelconque du sommet34 ». Sommet où il faut, dit-il, « regarder mais […] ne plus peindre », faire abstraction de toute activité, réaliser en quelque sorte le vœu que, devant le panorama de Riom, avait formulé au siècle précédent Le Grand d’Aussy qui souhaitait, « comme Argus […] en ce moment être tout œil35 ».
29Sur ces points privilégiés de dévoilement de la structure des massifs que sont les « points de vue », le regard de l’écrivain s’arrête sur les détails de la morphologie du paysage. Là encore, Hugo est bien l’enfant d’un siècle que taraudent les interrogations des géologues sur l’origine du monde et qui sonde du regard les falaises et les sommets des montagnes comme autant de conservatoires des « archives de la terre36 ». La vision de l’aspect fantasmagorique des blocs alpins et des gorges pyrénéennes lui inspire questionnements scientifiques et interrogations métaphysiques. Devant le massif du Mont-Blanc qui se révèle à lui en 1825 sur le chemin de Chède à Chamonix, il se pose des questions scientifiques :
« Je ne sais, et nul ne peut dire, comment se déplaça le centre où reposait l’équilibre de ce grand corps ; quelle cause mina la base sur laquelle posaient ses immenses terrasses, ses plateaux, ses dômes, ses pentes, ses aiguilles. Est-ce une convulsion intérieure du globe ? Est-ce une goutte d’eau lentement distillée depuis des siècles ? … Felix qui potuit…37 »
30Lorsque, quatorze ans plus tard, il médite devant le panorama du Rigi, il tente de démasquer, sous les formes qui s’offrent à la vue panoramique, « l’ostéologie colossale des Alpes ». Mais derrière ces reliefs bouleversés dont la vue panoramique lui révèle la sublime violence, Hugo cherche surtout la main du Créateur et ses méditations au sommet se confondent souvent avec la posture de l’action de grâce. Dernier relent du courant physico-théologique qui, dans l’Europe du xviiie siècle, a érigé la nature en spectacle, changé le promeneur en admirateur des bontés infinies d’un Dieu organisateur de l’Univers et l’a invité à l’inventaire insistant des merveilles de la Création38 ? Il y a quelque chose de cela dans les émerveillements hugoliens devant les Alpes et les Pyrénées. Comme, par exemple, dans ceux qu’il éprouve lors de ce premier voyage de 1825 où la vision du massif du Mont-Blanc et de la Mer de glace lui fait considérer la vallée de Chamonix comme :
« Le cabinet de curiosité de la nature […] une sorte de laboratoire divin où la providence tient en réserve un échantillon de tous les phénomènes de la création, ou plutôt […] un mystérieux sanctuaire où reposent les éléments du monde visible.39 »
31De même qu’il voit, en 1839, dans le panorama du Rigi, « un ensemble prodigieux de choses harmonieuses et magnifiques pleines de la grandeur de Dieu40 » ou, en 1843, dans le cirque de Gavarnie, « l’édifice le plus mystérieux du plus mystérieux des architectes41 ».
La montagne comme isolat
32Taraudé, au fil de ses trois voyages aux Alpes et aux Pyrénées, par un incessant questionnement sur les mystères de l’ordonnancement des merveilles de la nature, Hugo postule l’étrangeté absolue du monde auquel introduit l’altitude. À la dynamique des successions paysagères toujours renouvelées, découvertes à la faveur des fameuses « montées », succède, sous la plume du voyageur parvenu au cœur des massifs, la vision statique d’un milieu montagnard conçu comme un isolat, le conservatoire d’une primitivité préservée, un laboratoire de l’étrange.
33Cela se lit d’abord dans la proximité qui continue de lier, dans une écologie élémentaire, les populations montagnardes à la nature qui les environne. Étrangeté des corps et des esprits autochtones, qui, dans un subtil jeu d’analogies mâtinées de déterminisme, se fondent dans celle du paysage. Au sommet du Rigi, face à la sidération visuelle du panorama, où tout n’est qu’un « chaos d’exagérations absurdes et d’amoindrissements effrayants », Hugo convoque la démesure des propriétés géométriques de l’espace alpin pour expliquer les troubles physiques et mentaux de populations quotidiennement confrontées à une expérience visuelle hors norme. Il écrit :
« Le paysage est fou. En présence de ce spectacle inexprimable, on comprend les crétins dont pullulent la Suisse et la Savoie.42 »
34Le constat de la fréquence des anomalies physiques chez les populations montagnardes n’est pas fondamentalement nouveau à l’époque où Hugo parcourt les Alpes. Montaigne s’en était, en son temps, déjà fait l’écho et, depuis le début du xixe siècle, nombre de voyageurs – de Huchet de La Bédoyère43 à Albert Montémont en 182144 – s’étaient effrayés de la « grosse gorge » des Valaisans et des Savoyards. La vieille idée hippocratique selon laquelle le corps de l’homme serait une composante de l’univers trouve matière à une vigoureuse réactualisation dans le contexte d’un romantisme attentif au genius loci, à la diversité infinie de la nature, au sens du relatif et du particulier. Ainsi, en 1839, Hugo peut-il affirmer que, si « les Alpes font beaucoup d’idiots », c’est qu’« il n’est pas donné à toutes les intelligences de faire ménage avec de telles merveilles et de promener du matin au soir sans éblouissement et sans stupeur un rayon visuel terrestre de cinquante lieues sur une circonférence de trois cent45 ».
35Marque d’une primitivité préservée aussi, la pérennité des superstitions que Hugo rattache aux données esthétiques de l’environnement. Ainsi, peut-il, à l’occasion de sa découverte en 1825 du Torrent noir46 dans les environs de Chamonix, lier, dans la représentation qu’il construit de ce lieu, sa curiosité pour le merveilleux à la jouissance esthétique que lui a procurée la vision lugubre de l’endroit :
« J’avouerai cette infirmité de mon esprit, il aurait manqué pour moi quelque chose à l’horrible beauté de ce site sauvage, si quelque tradition populaire ne lui eût empreint un caractère merveilleux. Je me suis arrêté avec complaisance sur ces détails, parce que j’aime les superstitions : elles sont filles de la religion et mères de la poésie.47 »
La montagne comme laboratoire des figures romantiques de la promenade intérieure
36Juxtaposition statique de « tableaux » invitant à la méditation, territoire de l’étrange, la montagne hugolienne se donne également à voir comme le laboratoire où s’expérimentent les figures de la promenade romantique. En 1843, Hugo écrit à Louis Boulanger depuis Cauterets :
« Figurez-vous, Louis, que je me lève tous les jours à quatre heures du matin, et qu’à cette heure sombre et claire tout à la fois je m’en vais dans la montagne. Je marche le long d’un torrent, je m’enfonce dans une gorge la plus sauvage qu’il y ait, et sous prétexte de me tremper dans de l’eau chaude et de boire du soufre, j’ai tous les jours un spectacle nouveau, inattendu, merveilleux […]48 »
37Entre la plaine où l’écrivain est encore pris dans la cinétique de la route et contraint à subir l’inconfort d’un voisinage forcé avec des « touristes » toujours plus nombreux et la solitude absolue des sommets où il fait l’expérience de la sublime horreur, viennent ainsi s’intercaler les espaces intermédiaires de la promenade. Niveau accessible au « villégiaturiste » en quête de calme, les rives des torrents et les chemins pastoraux accrochés aux flancs des montagnes lui permettent de se laisser ravir par des spectacles d’un autre ordre et qui ramènent à la moyenne montagne rousseauiste.
38L’équilibre pictural de la beauté classique prend ici le pas sur la violence des codes du sublime. Il y a dans cette poétique de l’adoucissement de toute chose, très clairement perceptible chez Hugo, quelque chose qui renvoie à L’art de se promener publié l’année même de la naissance de l’écrivain par Karl Gotllob Schelle, lequel définissait la promenade comme un art de vivre caractérisé par le sens de la mesure49. Hugo peut ainsi décrire à Louis Boulanger, la « vie obscure et charmante » qui animait le flanc ténébreux des montagnes en ce matin d’août 1843 :
« Pas un nuage, pas une vapeur […] on y distinguait l’herbe, les fleurs, les pierres, les bruyères, dans une sorte de fourmillement doux et joyeux. Le bruit du gave n’avait plus rien d’horrible ; c’était un grand murmure mêlé à ce grand silence.50 »
39À ce modèle de déambulation où le promeneur se fait accueillant à l’esprit du lieu, préside le principe de liberté51. Nous le voyons clairement, chez Hugo s’opposer à la dynamique de la « quête » qui guide ses ascensions vers les limites de la sublime horreur. En 1843, il évoque à l’intention d’Adèle cet abandon absolu du promeneur au hasard, à la digression, dans l’indécision totale d’un itinéraire que l’écrivain revendique de n’avoir pas choisi :
« Une route s’était présentée, je l’avais acceptée au hasard, et j’allais. Je marchais dans la montagne sans trop savoir où j’étais.52 »
40Il y a, on l’aura compris, dans cette volontaire déstructuration de l’espace montagnard en une série aléatoire de chemins dont on ne sait où ils mènent, un procédé littéraire qui transforme la promenade en déambulation hors-sol. Hasard du choix de la direction qui, par une coquetterie rhétorique, fait croire au caractère fortuit de la découverte. Le paysage n’est plus ici, comme dans les codes du pittoresque53, « surprise au détour du chemin », mais lente instillation dans l’âme du promeneur. « Le spectacle d’un paysage se dévoilant peu à peu est pour l’esprit un plaisir particulier » écrivait Schelle en 180254. C’est que le promeneur romantique marche en quête des subtiles harmonies qui relient son âme à la nature et aux météores. Hugo narre à Louis Boulanger deux promenades effectuées dans les environs de Cauterets. L’une, effectuée au lendemain d’une nuit pluvieuse où le cri du torrent lui paraît « hideux et terrible » et où tout lui paraît « ténébreux et pensif » autour de lui ; l’autre, au lendemain d’une nuit sereine où il fait l’expérience de « cette fraîcheur, cette grâce, cette transparence mélancolique et inexprimable du matin55 ». « Il me semble, mon ami, que ces choses-là sont plus que des paysages56 », écrit-il. Elles sont l’expression de ce retournement du regard évoqué par l’écrivain à propos de la promenade effectuée en 1843 aux environs de Saint-Sébastien et dont il s’ouvre à Adèle en ces termes bien connus :
« Peu à peu le paysage extérieur que je regardais vaguement avait développé en moi cet autre paysage intérieur que nous nommons la rêverie ; j’avais l’œil tourné et ouvert au-dedans de moi, et je ne voyais plus la nature, je voyais mon esprit.57 »
41Forme suprême d’immobilité qui mène à cette abolition des réalités physiques déjà expérimentée par le Rousseau de la cinquième Promenade :
« De quoi jouit-on dans une pareille situation ? De rien d’extérieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence, tant que cet état dure on se suffit à soi-même comme Dieu.58 »
42Le principal mérite des passages des Voyages de Hugo consacrés aux Alpes et aux Pyrénées est sans doute de révéler cette variété des formes de mobilité inspirées par l’espace montagnard : le déplacement en voiture, la montée en char à bancs, la chevauchée, l’ascension pédestre. Il est aussi de décliner les formes d’immobilité dans lesquelles le penseur s’abîme – la méditation, la rêverie, la réflexion scientifique – et où la montagne s’enferme – la résistance à la marche de l’histoire, le repli des communautés pastorales, l’immuabilité des traditions, la fatalité de la transmission des tares.
43Mais il est peut-être aussi de mettre en évidence, entre ces deux extrêmes, des coulées par lesquelles s’insinuent des mouvements intermédiaires, des formes subtiles de mobilité – la promenade, l’errance, la déambulation sans but – qui font de la montagne un de ces territoires d’élection des « sentiers vagabonds faits pour les pensées flâneuses et les causeries à arabesques » évoqués par Flaubert59.
44Considérée en tant que source d’inspiration, la montagne – cela se voit très fort chez Hugo – pose la question de l’autonomie du récit de voyage en tant que genre littéraire et des interactions qu’il entretient avec d’autres formes artistiques, notamment picturales. La dynamique qui guide la quête, inscrite dans la verticalité, de la sublime horreur, la recherche de la surprise pittoresque au détour du chemin, l’ordonnancement du regard panoptique encadré dans les limites du panorama, témoignent que la montagne est aussi le lieu où le premier xixe siècle fait l’apprentissage d’une nouvelle culture de la visualité, toute entière inscrite elle-même dans cette dialectique de la mobilité et de l’immobilité qui, de toute évidence, excède largement le champ historique et littéraire.
Bibliographie
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Rousseau Jean-Jacques, Les rêveries d’un promeneur solitaire, Paris, H. Rodier éd., Classiques Garnier.
Notes de bas de page
1 A. Guyot, Ch. Massol, Voyager en France au temps du romantisme. Poétique, esthétique, idéologie, 2003, p. 11-16.
2 Et repris tels quels par Madame V. Hugo en 1863 dans le Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie [chapitre XLII].
3 Pour plus de détails sur les avatars de la publication de ces textes, on se reportera aux notices de l’édition de C. Gély, dans Œuvres complètes, notamment celle de Alpes et Pyrénées, p. 1262-1263. C’est à cette édition que sont empruntées toutes nos citations.
4 O. Parsis-Barubé, « Un combat, deux géants. Dialogues de la mer et de la montagne dans les Voyages de Hugo », p. 259-272.
5 V. Hugo, O.C. Voyages, p. 845.
6 Ibid., p. 508.
7 Ibid., p. 661.
8 Ibid., p. 671.
9 On se reportera sur ce sujet aux travaux de Marc Boyer, Histoire de l’invention du tourisme xvie-xixe siècle. Origine et développement du tourisme dans le Sud-est de la France, p. 225-238.
10 V. Hugo, O.C., Voyages, p. 513-514.
11 Cité dans Marc Boyer, Histoire de l’invention du tourisme xvie-xixe siècle, p. 191.
12 Ibid., p. 191.
13 Sommet des Alpes suisses culminant à 1 797 m au bord du lac de Lucerne.
14 V. Hugo, O.C., Voyages, p. 673.
15 Ibid., p. 677-678.
16 Ibid., p. 821.
17 Ibid., p. 512.
18 Ibid., p. 856.
19 Ibid., p. 856.
20 Ibid., p. 856.
21 J.-J. Rousseau, Les Confessions, livre IV.
22 V. Hugo, O.C., Voyages, p. 507.
23 Ibid., p. 507.
24 B. Saint-Girons, Le sublime de l’Antiquité à nos jours. Sur l’esthétique du sublime comme code d’appréciation du paysage à l’époque romantique, on relira aussi avec profit les pages pénétrantes d’Alain Corbin, L’homme dans le paysage, p. 86-90. Voir aussi, du même auteur, Le territoire du vide. L’Occident et le désir de rivage, p. 148.
25 V. Hugo, O.C., Voyages, p. 676.
26 A. Corbin, Le territoire du vide. L’Occident et le désir de rivage 1750-1850, p. 190.
27 V. Hugo, O.C., Voyages, p. 662.
28 Il prend sa source aux Avanchers (Savoie) à 1 500 m et forme dans sa partie haute une gorge étroite et roule à certaines périodes d’orage une forte lave qui lui vaut cette dénomination.
29 Ibid., p. 510.
30 Ibid., p. 881.
31 Ibid., p. 509.
32 Ibid., p. 679.
33 Cité dans A. Corbin, L’homme dans le paysage, p. 164, d’après P. H. Valenciennes, p. 340.
34 V. Hugo, O.C., Voyages, p. 677.
35 Le Grand d’Aussy, Voyage d’Auvergne, p. 10.
36 A. Corbin, L’homme dans le paysage, p. 115-127.
37 V. Hugo, O. C., Voyages, p. 511.
38 Sur ce sujet, on se reportera avec profit à la synthèse donnée par A. Corbin, Le territoire du vide, p. 34-44.
39 V. Hugo, O. C., Voyages, p. 516.
40 Ibid., p. 676.
41 Ibid., p. 860.
42 Ibid., p. 677.
43 La Bédoyère et Huchet, Voyage en Savoie et dans le Midi de la France en 1804 et 1805.
44 A. Montémont, Voyage aux Alpes et en Italie, ou Lettres en prose et en vers.
45 V. Hugo, O. C., Voyages, p. 677.
46 Autre appellation du Nant noir.
47 Ibid., p. 510.
48 Ibid., p. 851.
49 Ph. Antoine, « Une rhétorique de la spontanéité : le cas de la promenade », p. 131-146.
50 V. Hugo, O. C., Voyages, p. 851.
51 Ph. Antoine, « Une rhétorique de la spontanéité : le cas de la promenade », p. 132.
52 V. Hugo, O. C., Voyages, p. 791.
53 J.-P. Lethuillier, O. Parsis-Barubé (dir.), Le pittoresque. Métamorphoses d’une quête dans l’Europe moderne et contemporaine.
54 Cité par Ph. Antoine, p. 132.
55 V. Hugo, Voyages, p. 851.
56 Ibid., p. 851.
57 Ibid., p. 791.
58 J.-J. Rousseau, Les rêveries d’un promeneur solitaire, p. 71.
59 G. Flaubert, Par les champs et par les grèves, p. 219.
Auteur
Maître de Conférences HDR en histoire contemporaine, Université de Lille, membre associé du laboratoire IRHiS (CNRS UMR 8529), membre du CTHS, section Histoire contemporaine et du temps présent
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